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27 novembre 2024
Santé
PLAIDOYER POUR LA DÉCENTRALISATION DES SOINS DANQ LE CADRE DE LA PRISE EN CHARGE DE L'HEMOPHILE
Le Directeur du Centre national de transfusion sanguine (CNTS), Professeur Saliou Diop, a plaidé, dimanche, pour une décentralisation des soins dans le cadre de la prise en charge de l’hémophilie
Dakar, 17 avr (APS) - Le Directeur du Centre national de transfusion sanguine (CNTS), Professeur Saliou Diop, a plaidé, dimanche, pour une décentralisation des soins dans le cadre de la prise en charge de l’hémophilie, soulignant que la première difficulté reste l’insuffisance du nombre de cas diagnostiqués.
’’Il faut que les efforts puissent être renforcés pour le nombre de cas diagnostiqués et décentralisés, les médicaments qui sont disponibles de même que toute la logistique qui est nécessaire’’, a t-il soutenu.
Pr Diop s’exprimait lors de la cérémonie de célébration de la Journée mondiale de lutte contre l’hémophilie dont le thème était : ’’Accès pour tous : partenariats, politiques et progrès’’.
La rencontre était organisée par l’Association sénégalaise contre l’hémophilie, au Centre national de transfusion sanguine, en partenariat avec l’USAID et Breakthrough Action.
’’Nous faisons beaucoup d’efforts pour décentraliser les soins quand il y a suffisamment de patients dans une région, en formant les médecins et mettons aussi à disposition le produit (les facteurs)’’, a souligné Pr Saliou Diop.
’’Mais, malheureusement, a t-il ajouté, pour un patient qui habite dans une zone rurale, il y a des difficultés à ce que le produit soit disponible dans son domicile ou dans la structure de santé la plus proche 24 heures sur 24’’.
Le Directeur du CNTS a rapppelé que l’hémophilie est une maladie caractérisée par le manque de protéines qui ’’sont très importantes pour permettre au sang de coaguler’’
’Une petite blessure peut entrainer des saignements allant de 24 à 48 heures. C’est une malade hémorragique’’, a t-il expliqué.
Selon lui, ’’il faut que les efforts puissent être renforcés pour le nombre de cas diagnostiqués et décentralisés, les médicaments qui sont disponibles de même que toute la logistique qui est nécessaire’’.
Concernant l’accessibilité du traitement, ’’nous avons une carte des lieux d’habitation de tous nos patients’’, a indiqué le Directeur du CNTS.
’’C’est beaucoup plus facile pour ceux qui vivent dans les grandes villes et c’est beaucoup plus difficile pour ceux qui vivent dans les zones rurales’’, a t-il relevé.
’’Grâce à la fédération mondiale de l’hémophilie, nous avons des médicaments pour prendre en charge les patients actuellement. Mais il se pose un problème de pérennité’’, a-t-il souligné.
Pr Diop a affirmé que ’’la première difficulté’’ dans le cadre de la prise en charge de cette maladie est liée à ’’l’insuffisance du nombre de cas diagnostiqués’’.
’’Au Sénégal, on devrait s’attendre à 1700 cas d’hémophiles et dans nos registres, il n y a que 340 qui sont dépistés. Cela veut dire qu’il y a beaucoup d’hémophiles qui sont traités pour autre chose, qui décèdent avant d’être diagnostiqués’’, a t-il indiqué.
Selon lui, ’’il y a beaucoup d’efforts à faire pour permettre au corps médical d’être mieux sensibilisé sur l’existence de cette maladie mais également, sensibiliser les populations pour que devant tout enfant qui saigne de façon anormale, qu’on pense que c’est un patient qui peut souffrir d’hémophilie’’.
Dans ce sillage, Abdoulaye Loum, président de l’Association sénégalaise contre l’hémophilie (ASH), a souligné que leur objectif c’est ’’d’améliorer la qualité de vie des hémophiles, faire du plaidoyer auprès du gouvernement pour l’accès et la disponibilité des médicaments qui sont coûteux’’.
’’Nous travaillons aussi à ce que les populations connaissent mieux la maladie. Notre combat, c’est d’avoir une prise en charge gratuite des patients souffrant d’hémophilie’’, a-t-il ajouté.
Venu présider la cérémonie, Docteur Malick Anne, chef de la Division de la lutte contre les maladies non transmissibles a souligné que ’’l’hémophilie est une priorité’’ pour le ministère de la Santé.
’’Depuis deux ans, nous travaillons pour avoir un schéma de distribution +des facteurs+, les médicaments contre l’hémophilie’’, a t-il assuré.
’’Nous espérons que ces médicaments, inscrits dans la liste des médicaments essentiels, auront très bientôt un circuit pour couvrir les malades sur le plan géographique et faire en sorte que le médicament soit disponible à tous les niveaux’’, a déclaré Dr Anne.
LE DIRECTEUR DE L’HOPITAL NE PEUT PAS ÊTRE CONDAMNÉ
Le décès de la dame, Astou Sokhna, à l’hôpital Amadou Sakhir Mbaye de Louga continue de défrayer la chronique. Les autorités étatiques, qui présument une certaine négligence de la part des agents sanitaires de garde le jour des faits, ont pris des mesures
Le décès de la dame, Astou Sokhna, à l’hôpital Amadou Sakhir Mbaye de Louga continue de défrayer la chronique. Les autorités étatiques, qui présument une certaine négligence de la part des agents sanitaires de garde, le jour des faits, ont pris des mesures conservatoires. Entre autres, le limogeage du directeur de l’hôpital, Amadou Gueye Diouf.
Interrogé sur cette affaire à l’émission JDD, sur Iradio, Colonel Massamba Diop dit ne pas commenter cette décision qui relève du pouvoir discrétionnaire du chef de l’Etat. « Le dossier est en cours d’instruction. Ce sont les conclusions du magistrat instructeur qui permettront au juge de trancher. Sur ce plan, je me réserve le droit de commenter. Le directeur a été relevé de ses fonctions. Cela relève des prérogatives du président de la République. La décision de suspendre les autres agents peut aussi être considérée comme une mesure conservatoire en attendant d’y voir plus clair », a-t-il signalé.
Mais il estime tout de même que la responsabilité pénale est individuelle. « Le directeur d’un hôpital est le responsable de la régularité et du bon fonctionnement de l’hôpital. Il suffit qu’il y ait un dysfonctionnement de l’hôpital, avant que l’on analyse les causes de celui-ci, c’est lui, le premier à être interpellé. Sur le plan administratif, c’est le directeur qui répond au nom de l’hôpital devant les instances judiciaires si l’hôpital intente un procès. Pareil si on porte plainte contre l’hôpital. Mais ça ne signifie pas qu’il est responsable des faits. Ça, c’est dans le cadre du droit civil des relations entre les tiers. Dans le cadre pénal, la responsabilité n’est pas partagée. Elle est individuelle. Elle repose sur les épaules de l’auteur du fait incriminé. Par exemple, la mort d’une personne, l’homicide volontaire, la non-assistance d’une personne en danger…, s’ils se traduisent au tribunal, à mon avis, juridiquement, on ne peut pas condamner le directeur de l’hôpital », a indiqué Colonel Massamba Diop.
À LOUGA, LES LANGUES SE DÉLIENT SUR LES VIOLENCES GYNÉCOLOGIQUES ET OBSTÉTRICALES
Badiane Diop a perdu son bébé le mois dernier après avoir attendu plus de 5 heures que des sages-femmes se préoccupent de sa situation critique. « Comme toutes les autres, au moment de porter plainte, la famille s’est opposée donc j’ai laissé tomber…»
Au Sénégal, l’émotion est encore vive suite au décès d’Astou Sokhna. La femme enceinte de 9 mois est décédée après 20 longues heures de souffrance à l’Hôpital régional de Louga - à 200 kilomètres au nord du Sénégal. Sa famille a porté plainte pour « négligence » et « non assistance à personne en danger ». Une affaire révélatrice des violences faites aux femmes dans les établissements de santé.
Assise au milieu de ses sœurs et voisines, Maimouna Ba tient entre ses mains un album rempli de photos de sa fille Astou Sokhna, décédée la semaine passée. C’est elle qui accompagnait la jeune femme enceinte de neuf mois à l’hôpital alors que celle-ci appelait en vain le personnel de santé pour soulager ses fortes douleurs au ventre.
« Ma colère est adressée au personnel soignant de l’hôpital, car ils ont été négligents. Ils n’ont aucune considération envers l’être humain », dit Maimouna. « Astou les avait même menacés : “vous me négligez, quand je vous appelle vous ne me répondez pas. Quand je serai rétablie, j’irai vous dénoncer à la direction”. Les sages-femmes lui ont répondu : “c’est parce que tu souffres que tu es en train de délirer”. Astou ne savait pas qu’elle allait mourir là… » Le personnel de l’hôpital rejette la thèse de la négligence et pointe plutôt du doigt leurs conditions précaires de travail.
Mais à Louga, les langues se délient et d’autres femmes commencent à témoigner. Badiane Diop, 26 ans, vient de perdre son bébé le mois dernier après avoir attendu plus de cinq heures que des sages-femmes se préoccupent de sa situation critique. « Comme toutes les autres, au moment de porter plainte, la famille s’est opposée donc j’ai laissé tomber… mais au fond de moi je ne leur pardonnerai jamais ce qu’ils m’ont fait et ce qu’ils ont fait à mon bébé », affirme Badiane.
DES MEDIATIONS POUR LA REPRISE DES ACTIVITES A L'HOPITAL REGIONAL DE LOUGA
La famille Omarienne a entamé une médiation à l’hôpital Amadou Sakhir Mbaye de Louga pour permettre la reprise des activités de soins à la maternité paralysée par un mouvement des travailleurs, a appris l’APS.
Louga, 16 avr (APS) - La famille Omarienne a entamé une médiation à l’hôpital Amadou Sakhir Mbaye de Louga pour permettre la reprise des activités de soins à la maternité paralysée par un mouvement des travailleurs, a appris l’APS.
’’Je suis intervenu auprès des travailleurs de l’hôpital pour leur prier de surseoir à leur grève. La médiation est en cours et nous avons bon espoir qu’une issue favorable sera trouvée’’, a déclaré Serigne Cheikh Tall, fils du Khalife de la famille Omarienne.
Il s’exprimait en marge d’une cérémonie de récital du Coran et de prières organisée par l’Association ’’Fataliku Wayu Dawloyi’’ (en souvenir des défunts), aux cimetières Toll Pérot de Louga dans le quartier Thiokhna.
L’intersyndicale des travailleurs de l’hôpital a dénoncé, jeudi, les "mesures conservatoires" prises par le ministère de la Santé envers le personnel dont la responsabilité serait engagée dans l’affaire du décès en couches de la patiente Astou Sokhna.
En réponse à ces mesures, elle a décidé de suspendre toutes "les participations aux activités de soins à la maternité qui ne répondent pas aux normes qualitatives requises".
Depuis le début de ce mouvement d’humeur, ’’13 femmes ont été évacuées à Saint-Louis pour bénéficier de soins médicaux’’, a déploré Serigne Cheikhou, relevant que tout le monde n’a pas les moyens de se payer des soins dans les cliniques.
’’Le personnel médical et les habitants de Louga sont une seule et même famille. Les agents de santé ont toujours à cœur de soigner leurs patients. Mais, il arrive que dans l’exercice d’une fonction, des erreurs surviennent’’, a t-il dit.
Selon lui, ’’même s’il est avéré que le tort est du côté médical, le peuple doit être en mesure d’être tolérant et revenir à la raison’’.
Astou Sokhna est décédée en couches, le 1er avril. Une disparition qui a ému de nombreux Sénégalais. Sa famille, accusant le personnel médical de l’hôpital de négligence, a déposé une plainte devant le procureur de Louga.
S’appuyant sur une enquête administrative, la tutelle a, dans la foulée, pris des mesures conservatoires à l’encontre de six agents de santé dont la responabilité serait engagée dans ce décès tragique.
Au même moment à Louga, l’intersyndicale des travailleurs de l’hôpital observait un sit-in pour dénoncer l’empressement avec lequel certains de leurs collègues ont été suspendus.
Mercredi, dans la soirée, le directeur de l’hôpital Amadou Sakhir Mbaye de Louga, a été relevé de ses fonctions lors de la réunion hebdomadaire du Conseil des ministres.
Jeudi, le ministre de la Santé et de l’Action sociale, Abdoulaye Diouf Sarr, a indiqué que le décès d’Astou Sokhna pouvait être évité si une bonne évaluation du risque et une surveillance optimale avaient été mises en avant.
Des centaines de personnes ont manifesté, vendredi, à Louga pour exiger la lumière sur la mort d’Astou Sokhna.
DES CARTONS DE MEDICAMENTS PROHIBES D'UNE VALEUR DE 546 MILLIONS SAISI A THIAROYE GUEDJ
La brigade haute mer de la subdivision maritime des douanes a saisi 18 colis contenant 67 cartons de faux médicaments d’une contre-valeur de 546 millions de francs CFA, vendredi matin, à Thiaroye Guedj (ouest)
Dakar, 15 avr (APS) - La brigade haute mer de la subdivision maritime des douanes a saisi 18 colis contenant 67 cartons de faux médicaments d’une contre-valeur de 546 millions de francs CFA, vendredi matin, à Thiaroye Guedj (ouest), annonce un communiqué de la division de la communication et des relations publiques des douanes.
La saisie a eu lieu à 4 heures, dans la zone maritime, non loin du débarcadère de ce quartier de la ville de Pikine, précise la même source.
Elle explique que la stratégie combinée de surveillance maritime et de patrouille, le long de la berge, a permis aux agents engagés dans l’opération de déjouer une tentative de déversement frauduleux des médicaments.
La marchandise, acheminée d’abord par voie maritime sur une embarcation artisanale, était sur le point d’être chargée dans un véhicule de transport en commun Ndiaga-Ndiaye, ajoute le texte.
L’inventaire de la marchandise frauduleuse a permis de constater que les cartons contenaient une grosse quantité de divers types de médicaments, selon la division de la communication et des relations publiques des douanes.
Elle précise que les médicaments saisis sont composés d’antalgiques, d’aphrodisiaques, d’antihistaminiques et de produits vétérinaires. Quatre cartons de 50 pots de 1.000 comprimés de chlorpheniramine font aussi partie de la marchandise prohibée.
Les comprimés ont été testés positifs à la kétamine, un produit anesthésiant souvent détourné de son utilisation stricte en milieu hospitalier pour être vendu et consommé à des fins psychotropes, selon le communiqué.
L’évaluation effectuée par des membres du Syndicat national des pharmaciens du Sénégal conclut à une contrevaleur totale de 546.141.000 de francs CFA, compte non tenu de la kétamine non encore évaluée, indique la division de la communication et des relations publiques des douanes.
Elle signale que deux individus ont été appréhendés, et que l’enquête suit son cours.
LES OFFICINES BAISSENT LES RIDEAUX LE 22 AVRIL PROCHAIN
Affaire de la Grande Pharmacie Dakaroise, les pharmacies seront fermées. Une décision prise lors de leur dernière Assemblée générale et dont le syndicat a fait part hier, vendredi 15 avril au cours d’un point de presse.
L’affaire de la Grande pharmacie Dakaroise continue de faire parler d’elle. Pour manifester leur désaccord face à la direction de la Grande pharmacie nationale de retirer le droit de transfert à la propriétaire de la pharmacie Dakaroise sur son ancien site déjà occupé par une autre officine, les pharmaciens membres du syndicat des pharmaciens privés du Sénégal ont décidé de baisser les rideaux le 22 avril prochain. A cet effet, de 08h à 15h, les pharmacies seront fermées. Une décision prise lors de leur dernière Assemblée générale et dont le syndicat a fait part hier, vendredi 15 avril au cours d’un point de presse.
Selon Ibrahima Élimane Kane, 2ème vice-président du Syndicat des pharmaciens privés du Sénégal (Spps), «cette décision sera renouvelée autant de fois que nécessaire pour une durée de 24 heures et ceci jusqu’à satisfaction de leurs revendications». Et d’inviter tous les pharmaciens d’officine du Sénégal à être mobilisés, solidaires, et à respecter le mot d’ordre lancé pour le vendredi 22 avril, « afin de pousser l’État au respect des lois et règlements de la profession ». Si l’État ne fait rien pour rétablir Dr Aïcha Goundiam Mbodji, de la Grande Pharmacie dakaroise dans ses droits, les pharmaciens comptent poursuivre la lutte. « Seul le rétablissement de Dr Aïcha Goundiam Mbodji par l’autorité peut nous pousser à arrêter la grève », a-t-il averti.
Pour rappel, Dr Aïcha Goundiam Mbodji occupait le site appartenant à la Grande pharmacie Dakaroise depuis 1953. Mais en 2020, la Direction de la pharmacie et du médicament (Dpm) avait pris la décision jugée « illégale », selon les pharmaciens privés du Sénégal, d’instruire un dossier de transfert de la Pharmacie Nation sur le même site. Ce qui a suscité pas mal d’indignation.
IL FAUT REPENSER L'ACCOUCHEMENT
Socio-anthropologue, Cheikh Ibrahima Niang a participé à plusieurs études sur la maternité et la santé néo-natale au Sénégal et en Afrique. Il plaide, dans cet entretien, pour repenser la gestion de la grossesse en tenant compte du patrimoine culturel
Socio-anthropologue, Dr Cheikh Ibrahima Niang a participé à plusieurs études sur la maternité et la santé néo-natale au Sénégal et en Afrique. Il plaide, dans cet entretien, pour repenser l’accouchement et la gestion de la grossesse en tenant compte de notre patrimoine historique et culturel.
Beaucoup de plaintes et de complaintes sont notées à chaque fois venant des femmes qui accouchent sur les sages-femmes. En tant que socio-anthropologue, comment analysez-vous ces faits ?
L’accouchement, la gestion de la grossesse, le fait de donner naissance, tout cela s’intègre dans des cultures, des valeurs, des sociétés. Cela a une dimension sociale et culturelle très importante qu’il faut prendre en considération. Nous avons hérité d’un système colonial de gestion de la maternité avec des rapports de pouvoir au profit du monde médical avec l’utilisation de la force, l’intimidation, les attitudes autoritaires. Tout cela est hérité de la colonisation. Si nous regardons bien comment cela se fait dans le système traditionnel d’accouchement, la femme est accompagnée et suivie. Il y a surtout un partage d’empathie entre la femme et sa belle-mère, ou sa mère et les femmes les plus âgées. Si nous regardons comment cela marche avec des moments où la femme récite les « Ya Latif », ce sont des moments d’empathie, de solidarité très forts qui sont culturellement enracinés avec des valeurs spirituelles extrêmement importantes. Donc il faut tenir compte de ce patrimoine historique et culturel pour repenser l’accouchement, la gestion de la grossesse.
Comment faire pour en arriver là ?
Apparemment là, il y a un déficit d’empathie, d’humanisme, de relations humaines, du sens humain à partir desquels il faut reconstruire et analyser. Il faudrait introduire ces dimensions de manière très forte dans le système de santé. Cela va supposer qu’il y ait des formations continues sur ces questions-là et les recherches en sciences sociales alimentent la production de cette empathie, de la transformation de nos structures de santé en des structures amicales avec la disparation de la confidentialité et de la solidarité. C’est cette révolution, tant dans les approches et des connaissances au plan de la manière de voir des choses, c’est à niveau qu’il faut sécréter le débat pour éviter la répétition de ce phénomène, parce que cela fait longtemps qu’on le dénonce et assez de fois. On revient sur les mêmes dénonciations alors des solutions et approches ont été proposées par les sciences sociales. Améliorer les plateaux techniques, équiper les structures de santé, c’est bien, mais nous avons vu avec ce cas que c’est un facteur humain qui est important. C’est donc peut-être le déficit de ressources humaines techniquement disponibles. C’est aussi le stress du personnel de santé. C’est aussi les problèmes que les sages-femmes rencontrent dans leurs maisons et qu’elles transposent souvent dans les espaces professionnels. C’est aussi les situations de stress qu’elles vivent à l’intérieur du système et elles n’ont pas d’espace cathartique où elles puissent parler, libérer ce qu’elles ont dans le cœur. Il n’y a pas d’espaces pour les amener à se réconcilier avec les exigences sociales, culturelles, empathiques de notre société. Il n’y a pas de discussions, de forums où elles peuvent se lamenter. Dans la population aussi, les femmes qui sont confrontées à ces problèmes n’ont pas d’espaces d’expression et de revendications de leurs droits. Être bien accueilli, avoir une bonne prise en charge dans une maternité, c’est un droit. Si ce droit est violé, il n’y a pas d’espaces pour se plaindre et anticiper. Ce n’est pas à partir des évènements malheureux qu’il faut se plaindre, mais dès le départ quand il y a des manquements. Mais on ne trouve pas à qui s’adresser. C’est l’ensemble de ces questions qui nous amènent à imaginer d’autres systèmes de prise en charge et d’accompagnement de la grossesse à la naissance.
Que faut-il de plus pour que ces problèmes ne reviennent plus ?
Si énormément d’argent est investi pour améliorer les plateaux techniques, rendre les césariennes disponibles, il faudrait améliorer les ressources humaines en qualité et en disponibilité. Ensuite, améliorer la communication et accompagner les processus d’appropriation de tout cela par les femmes. Il faut que les femmes sachent que la maternité, c’est pour elles. Donc elles ont le droit d’exiger un accompagnement et des soins de qualité qui soient concertés. Il faut que les femmes soient intégrées dans les discussions du début de la constitution de la maternité. Quelques fois, les maternités sont conçues dans des espaces qui font peur aux femmes. Elles n’y vont pas parce qu’il n’y a pas de « sutura » (discrétion). Cela pose problème. Il y a des moments où les femmes attendent jusqu’au dernier moment pour aller dans la maternité. Ce n’est pas le cas de la défunte Astou Sokhna. Apparemment, elle est venue très tôt. Il faut qu’on se rende compte que le facteur humain et la perception sont extrêmement importants dans la résolution de ce problème. Le même phénomène se retrouve aussi dans plusieurs pays africains où il y a les mêmes types de comportements. Il faut réactualiser les travaux de l’Organisation mondiale de la Santé, les études sur les santé néonatale et maternelle réalisées, il y a une dizaine années, avec le Professeur Anta Tal Dia et une équipe d’anthropologues. On ne tient pas compte des recommandations, des réponses qui ont été suggérées par les sciences sociales, les sociologues, les psychologues, les anthropologues. Cette dimension n’est pas prise en compte et on ne voit que les aspects techniques, matériels, institutionnels dans le sens de comment fonctionne l’institution et tout cela est élaboré en dehors des femmes. Quand on vous dit que celui qui doit faire l’opération n’est pas venue, etc., vous n’y pouvez rien. On n’adapte pas l’offre au temps des femmes et à leur propre disponibilité. Les femmes sont déjà surchargées à la maison et elles viennent à des heures qui ne correspondent pas. Il y a des améliorations qui ont été faites, mais cela reste encore. C’est ce travail-là qui est, à mon sens, aussi important que le fait de chercher un équipement technique pour faire le suivi de la grossesse ou réaliser des césariennes. C’est aussi important que les réponses techniques.
IL FAUT DÉPLORER UNE DÉSHUMANISATION COMPLÈTE DANS L'OFFRE DE SOINS
Libéralisation des écoles de formation des sages-femmes, pléthore des effectifs, non-respect des normes… La sage-femme d’État Marième Fall passe en revue une profession dont les comportements de certaines actrices sont de plus en plus décriés
Pendant longtemps, la gynécologie-obstétrique a travaillé sur les trois retards causes de mortalités maternelle et néonatale au moment de la grossesse et de l’accouchement. Marième Fall, sage-femme d’État et ancienne présidente de l’Association nationale des sages-femmes d’État du Sénégal (Ansfes), rappelle que le premier est relatif à « la décision de la femme enceinte ou en travail d’aller consulter en cas de problème du fait qu’elle subit les décisions plus qu’elle ne les prend ». Le deuxième retard concerne « la disponibilité des moyens logistiques pour se rendre dans la structure sanitaire. Il s’y ajoute que l’itinéraire thérapeutique liée à la tradition et aux croyances impacte ce deuxième retard », ajoute Mme Fall, par ailleurs ancienne présidente de la Fédération des associations des sages-femmes de l’Afrique de l’Ouest et du Centre (Fasfaco). À son avis, le cas de la dame Astou Sokhna, décédée au Centre hospitalier régional de Louga, alors qu’elle y était pour accoucher, relève du troisième retard et qui a trait à la prise en charge à l’hôpital. En effet, cette parturiente est restée dans cet Établissement public de santé (Eps) pendant 20h (de 9h à 5h du matin). Plusieurs facteurs combinés sont à l’origine de ce drame, lance la sage-femme d’État Marième Fall. En effet, « il est à noter une négligence inacceptable de la part des soignants », déplore-t-elle. À cela s’ajoute « une déshumanisation complète dans l’offre de soins ». De l’avis de Marième Fall, « la sage-femme doit être empathique, elle doit offrir des soins bienveillants et disposer d’une compétence notoire des gestes qui sauvent des vies ». Elle ajoute que c’est aux responsables des structures d’apprécier les besoins en agents de santé qui doivent être affectés et d’assurer le renforcement continu des compétences de ces derniers. « Il faut aussi des supervisions formatives », préconise-t-elle.
Par ailleurs, Marième Fall souligne que « ne pas disposer d’une équipe complète de garde dans une maternité d’un hôpital régional reste inadmissible. Plus grave encore est « l’incapacité de détecter des signes d’alerte et d’en aviser son supérieur ». Il était impensable, où moment elle exerçait, de ne pas avoir une équipe complète de garde pour assurer le travail dans les maternités. « En plus de la sage-femme, l’équipe était constituée du médecin de spécialité en gynécologie, d’un interne des hôpitaux, d’un anesthésiste, de l’assistant du professeur agrégé et des gynécologues », souligne l’ancienne présidente de l’Ansfes qui fait constater que « maintenant on ne trouve, dans la plupart des maternités, que la sage-femme et le médecin de garde ». Et dans la majorité des cas, ce personnel est constitué de stagiaires, regrette-t-elle. « Ceci atteste de la dégradation de la chaîne de soins dans les structures sanitaires, particulièrement en maternité », estime Marième Fall. Toutefois, la sage-femme d’État se réjouit qu’à l’Institut d’hygiène sociale (ex-Polyclinique) et de l’hôpital Dalam Diam de Guédiawaye, on trouve encore des équipes complètes de garde. En outre, la sage-femme d’État et ancienne présidente de l’Ansfes et de la Fasfaco estime qu’il y a aujourd’hui « une carence dans la communication aidante qui permet de soulager la patiente, mais aussi les accompagnants et d’améliorer la relation interpersonnelle ».
Formation et incidents notés dans les maternités
Existe-t-il une corrélation entre ce qu’il s’est passé à Louga et la formation reçue par les sages-femmes ? Sur ce point, l’ancienne présidente de l’Association nationale des sages-femmes d’État du Sénégal est d’avis que la corrélation pourrait être faite entre la formation et les nombreux incidents notés dans les maternités. Marième Fall estime cependant qu’une évolution a été notée dans la formation. En effet du point de vue de leur admission, il faut maintenant avoir le Bac, suivi de trois années de formation ; contrairement aux premières professionnelles à qui on exigeait le Bfem+3. « Le contenu de la formation a aussi évolué », précise-t-elle, soulignant que c’est le curricula de l’Organisation ouest-africaine de la santé (Ooas) qui est appliqué dans tous les pays de la zone Cedeao.
Pléthore d’écoles de formation pas toutes aux normes
La sage-femme d’État Marième Fall regrette la libéralisation des écoles de formation des sages-femmes, avec une pléthore d’établissements qui ne respectent pas souvent les normes dans le profil des enseignants, le ratio étudiant/encadreur et la quasi inexistence de missions d’inspection. Ce faisant, l’ancienne présidente de l’Association nationale des sages-femmes d’État du Sénégal (Ansfes) estime nécessaire de « revoir le système de recrutement pour qu’il soit basé sur les compétences ». Elle plaide aussi pour qu’à chaque niveau, les responsabilités puissent être situées. Selon Marième Fall, le premier élément sur lequel il faut agir est le recrutement du personnel qui doit être basé sur « des tests techniques et psychologiques ».
Ensuite, elle est d’avis qu’il faut assurer le renforcement continu des capacités des compétences en cours. Elle estime aussi qu’il faut évaluer le travail fait et assurer le suivi de la performance des sages-femmes. Marième Fall milite également pour une « supervision régulière afin d’identifier les gaps et d’appréhender des solutions ». « Aujourd’hui il y a une pléthore d’écoles de formation de sages-femmes », dénonce-t-elle, soulignant que parmi ces instituts, « moins de 5% seulement sont reconnus par l’Anaq-Sup (Autorité nationale d’assurance qualité de l’enseignement supérieur, Ndlr) ».
L'HEURE DE DIAGNOSTIQUER LE SECTEUR DE LA SANTE
La Plateforme des acteurs non étatiques (ANE) de Louga a appelé, jeudi, à "un diagnostic sans complaisance" du secteur de la santé afin de favoriser l’amélioration de la prise en charge sanitaire des populations.
Louga, 15 avr (APS) - La Plateforme des acteurs non étatiques (ANE) de Louga a appelé, jeudi, à "un diagnostic sans complaisance" du secteur de la santé afin de favoriser l’amélioration de la prise en charge sanitaire des populations.
"La relance du débat sur le secteur de la santé nécessite l’intégration d’un diagnostic sans complaisance, dans une approche de prospective territoriale articulée aux objectifs du Plan national de développement sanitaire et social ", a dit son coordinateur régional, Moctar Sow.
S’exprimant lors d’une conférence de presse, Sow a évoqué l’importance de la participation de tous acteurs de la société civile dans le processus d’évaluation du secteur de la santé.
Il a déploré "le laxisme" dans les établissements publics qui a ’’engendré de "grandes disparités" en matière d’accès à la santé.
"Cette situation fragilise le système de santé public pour encourager le développement de structures de santé privées. Et les groupes vulnérables en sont les premières victimes", a-t-il regretté.
Le coordinateur de la plateforme des Acteurs non étatiques de Louga a souligné, dans ce contexte, la nécessité pour la Société civile de contribuer à la mobilisation pour lutter contre l’absence de déontologie dans le secteur.
Aussi, il a demandé aux acteurs de la Société civile d’intégrer les Conseils d’administration des hôpitaux et de contribuer à la mise en place de cellules de communication capable de gérer les situations de crises.
Cette sortie médiatique de la plateforme des acteurs non-étatique s’inscrit dans le concert de réactions sucitées par le décès en couches d’Astou Sokhna à l’hôpital de Louga. La famille de la défunte pointant du doigt le personnel médical pour ’’sa négligence’’.
UN LIMOGEAGE, ET APRÈS ?
Un an après le limogeage du docteur Abdou Sarr à l’hôpital de Linguère, suite à la tragédie des bébés morts brûlés, l’histoire se répète avec le limogeage d’Amadou Guèye Diouf, suite au décès atroce d’Astou Sokhna à l’hôpital de Louga
Un an après le limogeage du docteur Abdou Sarr à l’hôpital Magatte Lo de Linguère, suite à la tragédie des bébés morts brûlés, l’histoire se répète avec le limogeage d’Amadou Guèye Diouf, suite au décès atroce d’Astou Sokhna à l’hôpital Amadou Sakhir Mbaye de Louga. Mais dans le fond, rien ne bouge dans le système de santé toujours agonisant.
Le président Macky Sall n’avait peut-être pas besoin de ce nième scandale dans les hôpitaux. Lui qui semblait dans les nuages, depuis le triomphe des Lions à la dernière Coupe d’Afrique des nations de football, en début d’année. Descendu de son piédestal, le président Sall multiplie les actes pour tuer dans l’œuf l’affaire de l’hôpital Amadou Sakhir Mbaye de Louga. Hier, en Conseil des ministres, il a tout bonnement limogé le désormais ex-directeur Amadou Guèye Diouf. Remplacé par Mouhamed Abdallah Guèye, Administrateur hospitalier. Macky Sall a aussi réaffirmé, une nouvelle fois, sa volonté de moderniser le système hospitalier, avec une intensification du programme de dotation des structures de soins d’imagerie médicale de dernière génération.
Ainsi, l’histoire se répète. Le hasard a voulu que cela se passe dans la même région de Louga, où quatre nourrissons avaient été morts brûlés dans un incendie au niveau du Service néonatalogie de l’hôpital Magatte Lo de Linguère. Le hasard a aussi voulu que ça se passe un mois d’avril, à quelques jours seulement du premier anniversaire de ce drame que bon nombre de Sénégalais avaient déjà jeté aux oubliettes. C’était il y a à peine un an.
Dans le Conseil des ministres ayant suivi cette tragédie, le président de la République remplaçait l’alors directeur Dr Abdou Sarr par le Dr Abibou Cissé. Il avait aussi recommandé des mesures draconiennes pour une réforme profonde du système. ‘’Le chef de l’Etat demande au ministre de la Santé et de l’Action sociale de faire toute la lumière sur cette affaire, qui révèle des dysfonctionnements notables des services, mais également l’impératif de procéder à des réformes urgentes et en profondeur du système de santé dans toutes ses dimensions…’’. Demandant un audit sur les infrastructures et les installations, Macky Sall insistait également sur la nécessité de ‘’sanctionner rigoureusement les manquements constatés et de déployer toute l’assistance psychosociale requise aux parents endeuillés’’.
Un an après, rien ne semble avoir bougé dans les hôpitaux. Et la mort atroce d’Astou Sokhna dans la même région est là pour le faire constater de la plus cruelle des manières.
Les deux cas sont certes localisés dans la même aire géographique, Louga. Mais cela aurait pu se passer à Ziguinchor, à Sédhiou, à Kolda, à Kédougou, à Kaolack, à Thiès et même à Dakar. Cela aurait pu se passer dans n’importe quel hôpital du Sénégal.
Témoignages unanimes
D’ailleurs, les commentaires et les témoignages sont quasi unanimes. Les mésaventures dans les structures hospitalières sont le lot quotidien des Sénégalais. Qu’ils soient du Nord, du Sud, de l’Est, de l’Ouest ou du Centre. Souvent dans la plus grande omerta et le fameux refuge de la volonté divine.
L’adage en est venu à l’assertion suivante, difficilement contestable. ‘’Tomber malade dans ce pays sans sou, c’est synonyme d’un billet direct vers l’au-delà’’. D’autres ajouteront que même avec les sous, pour se soigner, c’est la croix et la bannière. Avec des plateaux techniques peu adaptés dans la plupart des structures de soins, des personnels qualifiés insuffisants un peu partout sur le territoire, des médecins parfois dépourvus de toute humanité, plus prompts à aller chercher de l’argent que de sauver des vies.
Le professeur Abdoul Kane, éminent cardiologue, avait pourtant averti dans son livre ‘’L’éthique, le soignant et la société’’. Il disait : ‘’L’absence de soins palliatifs dignes de ce nom mène à des drames où des patients, abandonnés à leur agonie, souffrent le martyre devant des soignants désarmés et désabusés. L’hôpital fait de la rentabilité son crédo. Il devient, par ricochet, une entreprise où les praticiens et administrateurs pèsent davantage au profit qu’à l’humanisme que requiert la pratique de la médecine.’’
Il regrettait, en même temps, le manque d’écoute des praticiens vis-à-vis de leurs patients.
Même les prescriptions de l’éminent cardiologue semblent plutôt être tombées dans les oreilles de gouvernants sourds. Comme en 2021, le directeur risque d’être l’agneau du sacrifice. Guy Marius Sagna n’a, lui, aucun doute là-dessus.
Dans un communiqué, le leader de Frapp/France dégage peste : ‘’Le système de santé est en état de putréfaction avancée depuis des années… Limoger le directeur ne vise qu’à calmer la fureur, l’indignation et la mobilisation populaires contre cette transformation des structures de santé publique en mouroirs. Le problème est plus grave, plus profond, plus structurel et dépasse la personne d’un directeur d’hôpital ou d’un hôpital. S’attaquer à un lampiste ne règlera rien et ne fait que montrer l’absence de volonté politique réelle de prendre en charge le grave cancer qui s’est emparé de tout le système de santé…’’
Paradoxalement, le Sénégal est réputé comme une terre de référence en matière de formation de médecins de grande qualité. Pas plus tard qu’hier, ‘’EnQuête’’ mettait en exergue cette renommée de la faculté de Médecine de l’université Cheikh Anta Diop, reconnue un peu partout dans le continent et au-delà.
En vérité, le mal est surtout dans le système, avec des rafistolages à n’en plus finir, des autorités sanitaires plus soucieuses de leur carrière politique que de la qualité des soins à garantir aux Sénégalais, quelles que soient leurs ressources.
Le chroniqueur de la TFM, Abdoulaye Cissé, a tout le mérite de rappeler ce cas dramatique d’Ousseynou Diagne, mort dans les bras de son jumeau Assane, après avoir été rejeté dans plusieurs structures hospitalières, publiques comme privées. Son cri du cœur est assez révélateur du niveau de dégradation du système.
En fait, rappelle-t-il, Ousseynou avait fait un accident sur l’autoroute avec une voiture appartenant à la gendarmerie. Il avait une fracture à la jambe et une hémorragie. ‘’Les sapeurs-pompiers, rappelle le chroniqueur, l’ont récupéré et l’ont emmené au CTO. Ils ont dit qu’ils n’avaient pas le plateau pour le prendre en charge. Ils l’ont emmené à Principal ; ils ont dit qu’ils n’ont pas de place. Ils leur ont demandé de l’emmener à Le Dantec. Là-bas, on les renvoie à la clinique Madeleines qui est une structure privée. Les responsables ont demandé une caution d’un million. Même les pompiers étaient indignés. Ils sont retournés à l’hôpital, puisque la famille n’avait pas le million. On leur a conseillé d’aller au commissariat central pour des documents. Là-bas, on leur dit d’aller à la gendarmerie Thionk, puisque c’est un accident avec un véhicule de la gendarmerie…’’.
Et ce n’est pas fini ; à Thionk, on leur dit d’aller au niveau de la brigade de gendarmerie du ressort duquel a eu lieu l’accident. Et c’est en cours de route que le bonhomme de 39 ans a rendu l’âme, sous le regard impuissant de son jumeau. Tout au plus, souligne le journaliste, il n’y a eu qu’une circulaire du ministre pour souligner que désormais, les transferts de malades ne se feront que par ambulance, donc de structure à structure. Un vœu resté pieux à ce jour. Sans aucune volonté de se donner les moyens de son application.
Ils sont nombreux, les Sénégalais, à craindre le même sort pour ce nième scandale dans les structures hospitalières.
Au-delà même de ce scandale qui mettait à nu nos carences, la pandémie à coronavirus est encore venue montrer combien le système est désarmé pour prendre en charge sérieusement la santé des Sénégalais. Tout le monde avait espéré que la mobilisation de mille milliards F CFA aurait pu être un excellent moyen pour renforcer l’offre technique en matière de santé publique.
Aujourd’hui encore, malgré toute cette manne financière, le système est resté plongé dans un gouffre profond.
CONSEQUENCES DRAME HOPITAL DE LOUGA : Les exigences du président de la République
Le directeur de l’hôpital Amadou Sakhir Mbaye de Louga a été limogé hier en Conseil des ministres. Le président de la République ne s’est pas limité à cette décision. Il a donné des instructions au ministre de la Santé dont l’amélioration de l’accueil.
BIGUE BOB
La mort d’une jeune femme, Astou Sokhna, en couches à l’hôpital de Louga, continue d’alimenter les débats. En attendant une marche de protestation vendredi pour exiger que toute la lumière soit faite sur cette affaire, le président de la République a pris les devants. Hier, en Conseil des ministres, il a mis fin aux fonctions du directeur de l’hôpital Amadou Sakhir Mbaye de Louga.
‘’Monsieur Mouhamed Abdallah Guèye, Administrateur hospitalier, est nommé directeur de l’hôpital Amadou Sakhir Mbaye de Louga, en remplacement de Monsieur Amadou Guèye Diouf’’, lit-on dans le communiqué du Conseil des ministres d’hier.
Une décision consécutive surement aux premiers résultats de l’enquête menée par une équipe envoyée d’urgence par le ministère de la Santé et de l’Action sociale. D’après des informations publiées hier par le quotidien ‘’Libération’’, les déclarations du personnel soignant et administratif sont fausses. La famille les accuse de négligence. La défunte, enceinte, est arrivée à l’hôpital en souffrant. Sous prétexte qu’elle n’était pas programmée pour une césarienne, elle n’a pas reçu de soins appropriés. Une plainte a été déposée par la famille.
En conférence de presse après des interviews de membres de la famille, le désormais ex-directeur de l’hôpital de Louga avait tout mis sur le compte de la volonté divine. Il persistait également sur la non-programmation d’Astou Sokhna pour une césarienne, ce jour-là. Trop gros pour les Sénégalais qui n’ont, depuis, eu de cesse à dénoncer les manquements dans les établissements de santé.
Les autorités semblent aujourd’hui en avoir pleine conscience avec ce drame de trop. En effet, en réunion hebdomadaire avec les membres du gouvernement hier, il a invité le ministre de la Santé et de l’Action sociale ‘’à veiller à l’amélioration qualitative de l’accueil et de l’accompagnement professionnel des patients dans les structures sanitaires’’. Mais cela seulement ne suffirait pas.
Ainsi, le chef de l’Etat a demandé également à Abdoulaye Diouf Sarr ‘’d’intensifier le programme de dotation des structures sanitaires départementales, régionales et nationales, d’équipements d’imagerie médicale de dernière génération, en veillant à la maintenance adéquate du matériel et à son exploitation optimale à la satisfaction des patients et des personnels de santé dédiés’’, indique-t-on dans le communiqué.
En attendant que ces instructions soient mises en œuvre, le président de la République exige que toute la lumière soit faite sur le décès d’Astou Sokhna. D’ailleurs, le ministre de la Santé avait pris les devants, en envoyant trois missions à Louga. Il avait même prévenu que les responsabilités vont être situées et les ‘’mesures appropriées prises’’. Celle annoncée hier en Conseil des ministres donne la tonalité. Le procureur également promet de faire toute la lumière sur ce dossier, comme le président de la République l’exige d’ailleurs.