Le décès de l’ancien ministre Mamadou Moustapha Bâ est en train de prendre une tournure inattendue. Le procureur, qui a ordonné l’autopsie, fait savoir que les résultats ont révélé plusieurs éléments «qui sont de nature à attester que la mort n’est pas naturelle». Conséquence : l’inhumation, qui était prévue hier, a été reportée à une date ultérieure pour les besoins de l’enquête complémentaire.
La levée du corps de l’ancien ministre des Finances et du budget, Mamadou Moustapha Bâ, qui devait se faire hier pour un enterrement dans son terroir, n’a pas eu lieu. Le procureur de la République, qui a ordonné une autopsie samedi, à la veille de l’inhumation du ministre décédé en France, renseigne dans un communiqué que «les résultats de l’autopsie ordonnée tendant à déterminer les causes du décès ont révélé plusieurs éléments qui sont de nature à attester que la mort n »est pas naturelle». Partant de ce fait, le procureur fait savoir dans le même document que «pour les besoins des investigations qui nécessitent des actes d’enquête complémentaires, les formalités liées à la procédure de levée du corps et d’inhumation sont renvoyées à une date ultérieure».
En ordonnant que cette autopsie soit réalisée, le Parquet a évoqué les «dispositions de l’article 66 du Code de procédure pénale» et fait état de «renseignements reçus sur les circonstances du décès», comportant «des éléments qui justifient que des diligences soient menées en vue de déterminer les causes de la mort».
Me El Hadji Diouf, qui a parlé au nom de la famille du défunt Mamadou Moustapha Bâ, a fustigé l’attitude du procureur. D’après l’avocat, le procureur a cité l’article 66 du Code de procédure pénale, qui ne s’applique pas dans ce cas de figure.
D’après Me Diouf, il n’y a pas de plainte de la famille pour que le procureur puisse se saisir du dossier, il n’y a pas eu de découverte de cadavre, il n’y a pas de meurtre. Et il cite l’article en question : «En cas de découverte d’un cadavre, qu’il s’agisse ou non d’une mort violente, mais si la cause en est inconnue ou suspecte, l’officier de Police judiciaire qui en est avisé informe immédiatement le procureur de la République, se transporte sans délai sur les lieux et procède aux premières constatations. Le procureur de la République se rend sur place s’il le juge nécessaire et se fait assister de personnes capables d’apprécier la nature des circonstances du décès. Il peut, toutefois, déléguer aux mêmes fins un officier de Police judiciaire de son choix. Les personnes ainsi appelées prêtent, par écrit, serment de donner leur avis en leur honneur et conscience. Le procureur de la République peut aussi requérir information pour rechercher les causes de la mort.» Pour Me El Hadji Diouf, rien n’indique qu’on soit dans cette situation, avec le décès de l’ancien ministre des Finances. Il a ainsi plaidé pour que le corps du défunt soit restitué à la famille pour qu’il soit inhumé et qu’il puisse reposer en paix.
Avec cette sortie du procureur de la République près du Tribunal de grande instance hors classe de Dakar, plusieurs zones d’ombre entourent cette affaire. Comment ces suspicions ont-elles pu échapper à des médecins dans un hôpital en France où il est décédé le 4 novembre dernier ? Par ailleurs, la procédure enclenchée par le procureur de la République au Sénégal nécessitera de lancer une commission rogatoire aussi bien en France, où le défunt a fait escale, qu’en Angleterre, où il a séjourné dernièrement. Sans ces mesures, on peut douter que la vérité puisse éclater juste à la suite d’une enquête qui serait limitée au territoire sénégalais.
SONKO ACCUSÉ D'INTIMIDATION
Me Elhadji Amadou Sall dénonce une attitude jugée hostile envers toute forme de critique. "Il menace tout le monde, il ne laisse personne, dès qu'il ne supporte pas d'être attaqué, il passe son temps à attaquer"
Me Elhadji Amadou Sall, ancien ministre de la Justice et membre de la coalition d'opposition Takku Wallu Senegal, a vivement critiqué ce dimanche le comportement du Premier ministre Ousmane Sonko lors de l'émission "Objection" sur Sud FM.
L'avocat dénonce particulièrement l'attitude du leader de Pastef envers ses détracteurs : "Il menace tout le monde, il ne laisse personne, dès qu'il ne supporte pas d'être attaqué, il passe son temps à attaquer", a-t-il déclaré, rappelant notamment les récentes confrontations avec Madiambal et l'ancien président Macky Sall.
Me Sall pointe du doigt ce qu'il considère comme un manque de retenue incompatible avec la fonction de Premier ministre : "C'est un homme d'État à qui est confié la responsabilité de diriger l'exécutif de notre pays [...] Quoique sur le terrain politique, il peut s'exprimer politiquement, mais il y a la retenue de sa fonction."
L'ancien ministre évoque également le passé d'opposant d'Ousmane Sonko, rappelant "beaucoup d'outrages à l'endroit des journalistes, des militaires, des policiers, des gendarmes, des magistrats, des fonctionnaires, des juges, des avocats."
Concernant la plainte déposée contre Anta Babacar Ngom, Me Sall prédit que le Premier ministre ne se présentera pas s'il est convoqué par la justice : "Il n'y a qu'une seule chose qu'il craint, c'est de répondre à la justice. Et on le sait, on l'a vu. C'est dans son ADN."
TRUMP ÉLU, LES AMÉRICAINS CHERCHENT LA SORTIE
En moins de 24 heures, des dizaines de milliers d'Américains ont cherché comment quitter leur pays. Le Canada, l'Australie et la Nouvelle-Zélande sont les destinations privilégiées par ceux en quête d'exil afin d'échapper à la gouvernance du Républicain
(SenePlus) - La perspective d'un second mandat de Donald Trump semble provoquer une onde de choc chez de nombreux Américains, comme en témoignent les données de Google analysées par Reuters. Dans les 24 heures suivant la fermeture des bureaux de vote sur la côte Est, les recherches pour "déménager au Canada" ont bondi de 1.270%, tandis que celles concernant la Nouvelle-Zélande et l'Australie ont grimpé respectivement de 2.000% et 820%.
Le phénomène prend une ampleur inédite : le site de l'Immigration néo-zélandaise a enregistré 25.000 connexions d'utilisateurs américains le 7 novembre, contre seulement 1.500 à la même date l'année précédente.
Les professionnels de l'immigration sont submergés de demandes. "Nous recevons une nouvelle demande par email toutes les demi-heures", confie à Reuters Evan Green, associé gérant du plus ancien cabinet d'avocats spécialisé en immigration du Canada, Green and Spiegel.
Cette vague rappelle celle observée après la victoire de Trump en 2016, mais le contexte apparaît plus tendu. Selon les sondages de sortie des urnes d'Edison Research, près des trois quarts des électeurs américains estiment que la démocratie américaine est menacée.
"Trump est évidemment le déclencheur, mais c'est aussi sociétal", analyse Evan Green. "La majorité des Américains a voté pour lui et certaines personnes ne se sentent plus à l'aise de vivre dans ce type de société. Les gens ont peur de perdre leurs libertés."
Sur Reddit, le groupe "r/AmerExit" devient un forum d'échange actif où les Américains partagent conseils et destinations potentielles. Cependant, comme le souligne Heather Bell, consultante en immigration au cabinet vancouvérois Bell Alliance, peu de ces projets se concrétisent : "Immigrer au Canada n'est pas facile, particulièrement maintenant que le gouvernement réduit le nombre de migrants temporaires et permanents."
DÉMANTÈLEMENT D’UN SITE D’ORPAILLAGE CLANDESTIN À SEKHOTO
Les éléments militaires en patrouille ont saisi un important matériel utilisé pour l’exploitation illégale de l’or : 37 pompes, plusieurs groupes électrogènes...
La Zone militaire n°4 a procédé le 9 novembre au démantèlement d’un site d’orpaillage clandestin dans la localité de Sekhoto, située au bord de la Falémé, dans le cadre d’une opération de sécurisation. « Les éléments militaires en patrouille ont saisi un important matériel utilisé pour l’exploitation illégale de l’or : 37 pompes, plusieurs groupes électrogènes, des motos ainsi que divers équipements » selon la Direction de l’information et des relations publiques des Armées sénégalaises (DIRPA) sur son compte X.
Ces patrouilles, organisées de manière régulière, ont pour objectif de sécuriser cette zone frontalière sensible et de faire respecter le décret interdisant toute activité minière à proximité de la rivière Falémé. Les autorités s’inquiètent en effet des conséquences de l’orpaillage clandestin sur l’environnement et les ressources hydriques, la Falémé étant une source précieuse pour les communautés locales.
Cette nouvelle saisie témoigne de la détermination des forces de sécurité à lutter contre l’exploitation minière illégale qui menace l’écosystème local et constitue un défi pour le maintien de l’ordre. Les autorités rappellent leur engagement à renforcer la surveillance et à poursuivre les actions de démantèlement des sites clandestins, en sensibilisant les populations locales aux risques liés à l’exploitation irrégulière des ressources naturelles.
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SIX ÉGALITÉS POUR UN SÉNÉGAL
Vu Égal-e Vu Égalité propose une transformation radicale de la société : de la nationalisation des secteurs stratégiques à la révolution écologique, du rééquilibrage régional à l'égalité hommes-femmes, dans une perspective progressiste et panafricaine
SEEN ÉGAL-E SEEN ÉGALITÉ Projet de société de la PPP - Plateforme Progressiste Panafricaine Section Sénégal
Législatives 2024 : Infléchir les décisions vers le progrès social panafricain
See égal-e Seen égalité et sa plateforme progressiste panafricaine, demeure fidèle à sa position initiale lors des présidentielles. Nous l'avions offerte aux partis, coalitions de gauche et à toutes les bonnes volontés progressistes qui pourraient se l'approprier ou infléchir leurs programmes ou conception. Ainsi, 7 partis dont 6 candidats à la présidentielle avaient endossé sa plateforme et s'étaient engagés à s'en inspirer pour leur programme.
Seen Égal-e Seen Égalité ne présentera pas de liste aux législatives mais, soucieux de l'intérêt général et de rompre avec l'ère néo-coloniale, recommande à toutes et tous nos compatriotes de consulter son projet de société et de réclamer ces options aux 41 coalitions et aux candidat-es à la députation. Nous enjoignons les sénégalaises et sénégalais de s'en inspirer pour l'avènement d'une troisième république et un développement autocentré progressiste panafricain, écologiste et féministe.
Seen Égal-e Seen Égalité escompte la reviviscence de l'espoir révolutionnaire, encore fort ou diffus dans plusieurs tranches de notre population. Cette convergence fait aussi écho aux espérances de nos masses défavorisées, de voir résolues leurs aspirations essentielles et fondamentales et l'avènement d'une ère harmonieuse et prospère.
Le projet Seen Égal-e, Seen Égalité, pour rompre avec les structures néocoloniales, prône une assemblée constituante pour l'avènement d'une troisième république. Cette assemblée est le moyen le plus démocratique de transformation de notre société pour affronter les défis du 21e siècle et surmonter nos dysfonctionnements et déséquilibres institutionnels. Seenegal-e endosse les fondements institutionnels des Assises nationales du Sénégal, et la Charte de Gouvernance Démocratique. Cependant une nouvelle constitution améliorerait celle de 2001, et sera davantage en phase avec les aspirations populaires en intégrant, entre autres, le droit à l'eau, les droits économiques, sociaux et culturels et des modes de régulations traditionnels pour le vivre ensemble et contre le despotisme.
Cette assemblée constituante accélérera l'unification politique panafricaine, mettra fin à l'hyperprésidentialisme et permettra l'avènement d'une démocratie parlementaire résolument africaine, avec une séparation patente des pouvoirs législatif, judiciaire et exécutif républicains. Le parlement ne doit être constitué que de député-es, sans cumul d'autres fonctions. 10 % des député-es peuvent même être issue-es d'un tirage au sort national. Quiconque, dès sa majorité, devrait pouvoir être conseiller-e municipal-e ou député-e et apprendre le décorum de l'Assemblée. Nous pourrions y introduire des mécanismes délibératifs et décisionnels et diverses catégories juridiques issus de nos traditions et coutumes, tout en sauvegardant le caractère laïc de la République. Il faudrait aussi amender la loi organique de 1992, qui énonce les compétences du Conseil constitutionnel, et s'assurer que l'indépendance de ses membres relève exclusivement de prérogatives hors de l'exécutif qui ne pourra nullement s'immiscer dans leur désignation et leurs décisions.
Cette gouvernementalité originale doit garantir la séparation des pouvoirs et la protection des droits et libertés des citoyen-nes. Ce mode de gouvernement est au service d'un développement national et populaire de rupture avec le dispositif néo-colonial. Il nous faudra rompre aussi avec l'adoption aveugle du principe de compétition électorale capitaliste qui impose un consensus tronqué, excluant l'imaginaire d'une autre société, fondée sur l'altruisme, l'égalité et la solidarité.
Soyons conscient-es, lucides et responsables face aux promesses incantatoires. Poursuivons la transition de rupture, en revendiquant les enjeux fondamentaux d'égalité contenus dans notre option. Ils sont préalables à tout changement qualitatif de notre développement durable.
Notre projet de société repositionnera notre pays dans une Afrique plus souveraine et contribuera audacieusement à son unité.
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LES CHANTIERS DE TAKKU WALLU
L'ancien ministre Elhadji Amadou Sall évoque ce dimanche dns l'émission "Objection" de Sud FM, une refonte complète du système judiciaire, allant de la limitation de l'inamovibilité des juges à la digitalisation des services
L'ancien ministre de la Justice, Me Elhadji Amadou Sall, a présenté ce dimanche 10 novembre sur Sud FM les axes majeurs du programme de la coalition Takku Wallu Sénégal pour les législatives du 17 novembre.
Dans un entretien à l'émission "Objection", le ténor du barreau a détaillé une série de réformes institutionnelles ambitieuses, particulièrement dans le domaine judiciaire. Au cœur des propositions : une refonte de la représentation au sein des instances judiciaires, l'ouverture des postes de responsabilité à la concurrence, et une limitation de l'inamovibilité des magistrats à cinq ans.
La modernisation de l'État figure également parmi les priorités, avec un accent particulier sur la digitalisation des services et le renforcement de l'expertise parlementaire. Me Sall propose notamment la réintroduction des assistants parlementaires pour doter les députés d'une administration et d'une expertise technique à la hauteur de leurs missions.
Sur le terrain, la coalition privilégie une « campagne de proximité » en rupture avec les caravanes politiques traditionnelles. "Cette élection se gagnera par la capacité à aller voir les gens chez eux, à leur parler, à leur expliquer", a souligné l'ancien ministre.
Takku Wallu, qui regroupe plusieurs forces de l'opposition, a déjà noué des alliances stratégiques dans plusieurs départements, notamment à Dakar et Guédiawaye, en vue du scrutin.
À DAKAR, LE VÉLO S'IMPOSE MALGRÉ LE CHAOS URBAIN
Malgré la pollution et le danger, les cyclistes gagnent du terrain dans la capitale sénégalaise. Mais le manque d'infrastructures et l'indiscipline routière freinent encore cet élan vers une mobilité plus durable
(SenePlus) - À 58 ans, le docteur Philip Moreira brave quotidiennement les embouteillages et le smog de Dakar sur son vélo électrique pour se rendre à l'hôpital. "Entre les voitures qui vous coupent la route et celles qui klaxonnent sans relâche, ça peut être très difficile", confie-t-il à Reuters, évoquant une récente frayeur avec un bus.
Cette détermination illustre l'émergence d'une nouvelle culture cycliste dans la capitale sénégalaise, rapporte l'agence de presse. Le club "Vélo Passion" de Moreira a vu ses adhésions doubler en cinq ans, dépassant aujourd'hui les 500 membres.
Pourtant, selon Reuters, la majorité des cyclistes dakarois ne s'aventurent dans les rues que le week-end, quand la circulation est plus fluide, craignant le manque d'infrastructures et la conduite imprudente.
Alors que les dirigeants africains réclament plus de financements pour le climat avant la COP29, les militants sénégalais voient dans le vélo une solution économique pour atteindre les objectifs d'émissions. "On ne pourra peut-être pas convaincre les gens habitués à la climatisation de leurs SUV", déclare à Reuters le militant Baye Cheikh Sow, "mais on peut cibler la nouvelle génération."
L'agence Reuters souligne qu'un rapport 2022 du Programme des Nations Unies pour l'environnement (PNUE) place l'Afrique en tête de la mobilité douce mondiale, avec 56 minutes de marche et de vélo par personne et par jour, contre une moyenne mondiale de 43,9 minutes.
Face à cette demande croissante, l'agence de transport urbain de Dakar (CETUD) projette la construction d'un réseau de 175 kilomètres de pistes cyclables d'ici 2035. Mais Reuters note que l'ouverture du premier tronçon de 12 kilomètres accumule les retards, alimentant le scepticisme de la communauté cycliste.
Le CETUD a reconnu par email à Reuters l'insuffisance des infrastructures actuelles et l'absence de politique gouvernementale encourageant le vélo urbain. Une situation qui freine des cyclistes comme Guisse Mohammed, pharmacien de 39 ans : "J'ai pensé à acheter un vélo de ville", confie-t-il à Reuters. "Avoir plus de pistes cyclables pourrait être une motivation."
LE MYSTÈRE S'ÉPAISSIT AUTOUR DE LA MORT DE MOUSTAPHA BA
L'ancien argentier national n'est pas mort de causes naturelles selon les résultats de l'autopsie cités par le Parquet de Dakar. Une révélation qui pousse la justice sénégalaise à geler toute procédure d'inhumation
(SenePlus) - Dans un nouveau rebondissement, le Parquet de Dakar a révélé ce 10 novembre que la mort de l'ancien ministre des Finances n'était pas naturelle. Les résultats de l'autopsie, pratiquée suite au décès survenu en France de Mamadou Moustapha Ba, ont mis en évidence "plusieurs éléments" troublants, selon le communiqué du Procureur de la République.
Face à ces découvertes, les autorités judiciaires sénégalaises ont décidé de poursuivre leurs investigations. Les formalités de levée du corps et d'inhumation sont suspendues jusqu'à nouvel ordre, le temps de mener des "actes d'enquête complémentaires".
Cette annonce intervient 24 heures après l'ouverture d'une enquête par le Parquet de Dakar. Le 9 novembre, alerté par "des renseignements reçus sur les circonstances du décès", le Procureur avait ordonné une autopsie, conformément à l'article 66 du code de procédure pénale sénégalais.
Le corps de l'ancien ministre décédé cette semaine à Paris est arrivé à Dakar, samedi.
par Ousseynou Nar Gueye
HOMOSEXUELS ? RESTONS-EN AU STATU QUO ANTE
Il est tragique que l'on vive un Sénégal contemporain où l'on déterre les morts "soupçonnés" ou "avérés" avoir été homosexuels pour les brûler. Un pays où le leadership presque unanimement ne dit pas à la populace :"Tolérez ces gens, vivez votre vie'"
Oui, restons-en au statu quo ante en ce qui concerne les homosexuel(le)s : celui d'un Sénégal d'antan ou ils étaient tolérés et seulement gentiment chahutés; admis et non bannis. Celui du Sénégal de mon enfance, il y a quarante ans. Quand j'avais douze ans. Ceci est mon point de vue personnel et non pas celui de la Coalition candidate à la députation à laquelle j'appartiens.
Mais, je suis très peiné quand j'entends tous ces leaders de coalitions pour ces législatives, à qui mieux mieux, (à qui pis pis ?) en appeler à la criminalisation du délit d'homosexualité : Ousmane Sonko "Ouvrier Spécialisé"; mon ami et frère Bougane Gueye Dani; l'homme d'affaires analphabete-francophone-par-force Serigne Mboup...N'en jetez plus, la coupe est pleine !
Il est tragique que l'on vive un Sénégal contemporain où l'on déterre les morts "soupçonnés" ou "avérés" avoir été des homosexuels durant leur vie terrestre, pour les brûler et les jeter aux chiens. Un Sénégal où le leadership presque unanimement ne dit pas à la populace :"Tolérez ces gens, vivez votre vie et laisse-les vivre'. live and let live. Ce devrait être le mot d'ordre et le consensus de la classe politique, si elle était civilisée dans son ensemble. Mais il y aura toujours des histrions pour se singulariser en appelant à pis que pendre contre les "pédés", les "deux puces", les "borom niari tur yi" les goordjiguénes.
Justement, s'il y a un mot dans nos langues pour les désigner et s'ils sont mentionnés aussi bien dans la Bible que le Coran qui les condamnent et les vouent à la Géhenne éternelle, c'est parce que les homosexuels ont existé de tout temps, y compris au Sénégal. Ce n'est pas une importation des Toubabs dans ce pays. Faisons-nous en une religion : ils ont toujours été là et sont là pour y rester.
Parlant de livres sacrés, cette tendance sénégalaise à ne stigmatiser que les homosexuels hommes et à en appeler à leur empalement en place publique , montre le caractère sauvage, essentialiste et bestial de cette homophobie : on n'a pas peur des homosexuelles femmes, des lesbienness, dont on pense que le saphisme est juste une lubie temporaire de femmes qui ne trouvent pas d'hommes, de chaussures à leur pied, de mâles "pour leur faire prendre leur pied" (excuse my French...!) et qui en seront vite guéries, de ces jeux érotiques, dès qu'elles se (re)marieront tout naturellement.
Non, l'ennemi, c'est l'homosexuel homme, celui la qui est capable de pénétrer l'orifice honni et interdit ("Soubhannallah!' et "Jésus, Marie, Joseph!" horrifiés de tout ce beau monde, qui n'a d'autres occupations que de s'occuper de la vie privée des autres).
Grande tristesse et grande désolation, oui, devant cette psyché collective tribale et tripale.
Dans mon enfance, les gordjiguénes bénéficiaient d'un "tata ' devant leur prénom masculin et en étaient fiers. Dans les cérémonies familiales, engoncés dans leurs boubou amidonné en indigo, tie and dye ou autres teintures traditionnelles et s'activaient dans la preparation des mets en cuisine, tournant dimmenses ecumoires dans les imposantes marmites (les mbanas).Ensuite, ils faisaient passer les plats dans l'assemblée des convives. Dans les yebbi, ils faisaient le jottali réciproque des présents en concurrence. Dans les Tanneber et sabars, auxquels seuls étaient admis les enfants des deux sexes en bas âge, eux aussi, les homos, étaient admis, à regarder les femmes danser des sarabandes endiablées (et diaboliques?) en montrant leurs sous-vêtements de l'entre-jambe (ou bien plus).
Oui, restons-en au statu quo ante : nul, à commencer par moi, ne demande la légalisation totale de l'homosexualité au Sénégal (meme si le Cap-Vert voisin l'a fait) ; encore moins leur droit au mariage et à l'adoption d'enfants, ou qu'il soit toléré qu'ils se roulent des french kiss et se tripotent le corps en pleine place de l'Indépendance.
Mais quand ils vivent leur orientation sexuelle dans l'intimité, la pudicité, l'opacité aux autres de leurs préférences sexuelles et le silence social, ne les trouvez pas dans leurs derniers retranchements pour les en débusquer. Ce ne sont pas des rats, diantre ! Ce sont des êtres humains, comme nous, "dignes de dignité". Pour autant, je le dis haut et fort : "Jikko Sénégalais yi, yakkuwunniu !".
Personne ne se souhaite des enfants homosexuels. Aucun père de famille. Et j'en suis un, avec quatre bouts de bois de Dieu à mon actif. Ne serait-ce que pour la raison subjective de la perpétuation de son nom de famille et la raison objective de la perpétuation de la race humaine. Toutefois, si votre enfant devait se révéler etre homosexuel : après avoir tenté de le guérir à coups de bains mystiques, de coups de fouets, de ligotements en milieu domestique ou d'internements psychiatriques, allez-vous tout simplement, à la mode des papas fouettards quand ils nous soupçonnaient de vouloir dévier dans la voyoucratie majeure, les mettre à terre comme des moutons de Tabaski et menacer de les égorger fissa, à moins qu'ils ne viennent derechef à résipiscence ? Eh bien, non! J'espère bien que non !
Vous l'aurez compris, je me réclame politiquement du centre droit : de gauche, pour ce qui est des valeurs sociétales ; et libéral, pour ce qui est des options économiques et de développement humain.
Alors vivons seulement, et laissons vivre, car ce monde est formidable, de sa diversité justement. En ces temps de Biennale où l'Art adoucit les mœurs comme la musique le fait, art qui, comme la foi religieuse, donne un sens à la vie autre que la simple existence au jour le jour, j'espère être entendu, à tout le moins d'un nombre critique de mes compatriotes, d'ici et d'ailleurs. Et par un certain nombre de dirigeant.e.s politiques.
Ousseynou Nar Gueye est éditorialiste-communicant-écrivain, homme politique.
LES BERGERS DE LA RÉPUBLIQUE
Un jour dans l'opposition, le lendemain au pouvoir. Les élus sénégalais excellent dans l'art du grand écart politique. Une étude universitaire décortique le phénomène de la transhumance qui transforme l'arène politique en marché aux bestiaux
(SenePlus) - Dans un mémoire universitaire minutieusement réalisé en 2005-2006 à l'Université Cheikh Anta Diop de Dakar, M. Tiensigué Diabaté analyse un phénomène qui gangrène la vie politique sénégalaise depuis l'avènement du multipartisme : la transhumance.
"Le matin, le 'nomade' politique flirte avec l'opposition, l'après-midi, il se laisse séduire par le pouvoir. Puis, déçu de ne pas avoir été bombardé ministre, il renoue avec ses premières amours, qu'il délaissera à la première occasion pour les allées du pouvoir", décrit avec acuité le journaliste Francis Kpatindé dans Jeune Afrique, cité en introduction du document.
Cette pratique se manifeste sous diverses formes : "scissions au sein des formations politiques, défections, démissions de militants ou responsables d'un parti politique pour rejoindre un autre, organisations de meetings de ralliement, actes de fusion, migration des élus vers d'autres partis", énumère l'auteur.
Les racines du mal
L'étude identifie plusieurs causes profondes de ce phénomène. "Les conditions de vie précaires et l'état de pauvreté des populations constituent un facteur favorisant la transhumance", note le document citant une étude du R.A.D.I. Le chercheur souligne également que "l'absence d'une forte tradition idéologique dans l'énonciation du politique et l'analphabétisme d'une bonne partie de la population font que le rapport entre le militant et son parti est moins un rapport idéologique que personnel."
Le phénomène a pris une ampleur particulière après l'alternance politique de 2000. "Ceux du PS, après quarante ans de régime socialiste semblent avoir mal vécu le sevrage que leur a imposé l'alternance. Ils sont pour la plupart aujourd'hui au parti libéral du président Abdoulaye Wade", observe Tiensigué Diabaté. Les chiffres sont éloquents : le Parti Socialiste étaient alors passé de 93 députés sous son règne à seulement 10 représentants après son passage dans l'opposition.
Face à ce phénomène, le législateur sénégalais a tenté de réagir. L'article 60 de la Constitution sanctionne la transhumance des députés, une disposition que le constitutionnaliste Ismaëla Madior Fall qualifie de "progrès historique dans la marche vers la civilisation politique". Toutefois, son application reste limitée en l'absence d'une loi organique précisant les conditions de remplacement des élus "transhumants".
L'étude met en lumière les effets dévastateurs de ces pratiques sur la vie démocratique. "La transhumance travaille à pervertir les esprits et à dégrader les caractères", souligne l'auteur. Le phénomène contribue également à la "déliquescence des mœurs politiques" et au "culte de l'impunité", les auteurs de mauvaise gestion échappant à toute poursuite judiciaire dès qu'ils rejoignent le parti au pouvoir.
Solutions proposées
Le mémoire suggère plusieurs pistes pour lutter contre ce fléau : renforcer le dispositif constitutionnel, lutter contre la corruption, mais aussi et surtout investir dans l'éducation politique des citoyens. "L'éducation, la formation politique et civique doivent guider les partis politiques afin que la donne change. Ainsi, le temps viendra où l'on votera par conviction", préconise Tiensigué Diabaté.
En conclusion, cette recherche universitaire rappelle, citant Rousseau, que "le peuple pense être libre ; il se trompe fort, il ne l'est que durant l'élection des membres du parlement ; sitôt qu'ils sont élus, il est esclave, il n'est rien." Une citation qui résonne particulièrement dans le contexte politique sénégalais.