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22 avril 2025
Société
APPLE DIT AVOIR SUSPENDU SES APPROVISIONNEMENTS EN MINERAIS EN PROVENANCE DE LA RDC ET DU RWANDA
Apple « conteste fermement » les allégations contenues dans les plaintes déposées contre ses filiales en France et en Belgique, les 16 et 17 décembre, par des avocats mandatés par la République démocratique du Congo (RDC)
Après le dépôt de plaintes en France et en Belgique contre ses filiales pour recel de crimes de guerre, blanchiment de faux et tromperie des consommateurs, la société californienne annonce avoir instruit ses fournisseurs dans ces deux pays de cesser leurs exportations.
Apple « conteste fermement » les allégations contenues dans les plaintes déposées contre ses filiales en France et en Belgique, les 16 et 17 décembre, par des avocats mandatés par la République démocratique du Congo (RDC), qui l’accusent de recel de crimes de guerre, blanchiment de faux et tromperie des consommateurs.
L’entreprise indique par ailleurs avoir pris soin d’informer ses fournisseurs qu’ils « devaient suspendre l’approvisionnement en étain, tantale, tungstène et or en provenance de la RDC et du Rwanda », mais sans préciser clairement quand ces instructions ont été données, expliquant seulement l’avoir fait « alors que le conflit dans la région s’intensifiait plus tôt cette année ». « Nous avons pris cette mesure car nous craignions qu’il ne soit plus possible pour les auditeurs indépendants ou les mécanismes de certification du secteur d’effectuer les contrôles requis pour respecter nos normes élevées », explique le communiqué de la firme de Cupertino.
Cette décision d’un des géants des nouvelles technologies pourrait avoir un effet considérable sur le secteur. La RDC et le Rwanda sont parmi les principaux producteurs de certains des minerais essentiels à la fabrication des composants électroniques des ordinateurs et téléphones portables. Mais extraits dans l’est de la RDC, frontalier du Rwanda, zone de guerre depuis près de trente ans, ceux-ci portent l’étiquette infamante de « minerais de sang » car leur commerce alimente les groupes armés.
Avant de déposer plainte, les avocats de l’Etat congolais avaient mis en demeure Apple aux Etats-Unis et en France en avril sur les mêmes faits. Le 3 juin, Apple disait déjà prendre ses « responsabilités » et des mesures « lorsque nos normes strictes ne sont pas respectées » et expliqué avoir retiré quatorze fonderies et raffineries de sa chaîne d’approvisionnement. Il n’était pas encore question de suspendre son approvisionnement dans toute cette région.
« SATISFACTION ET PRUDENCE »
Les conseils de l’Etat congolais, les cabinets Amsterdam, Bourdon et Marchand, accueillent donc la dernière déclaration d’Apple « avec satisfaction et prudence » et parlent d’un « revirement déclaré ». Ils demandent que cette annonce soit vérifiée « dans les faits, sur le terrain, chiffres à l’appui ». « Les déclarations d’Apple ne changent rien au passé et aux crimes qui auraient été commis », commentent-ils encore dans un communiqué commun.
En Belgique, la plainte a déjà réuni les conditions de recevabilité, ajoute Me Christophe Marchand. « Désormais, nous sommes sûrs qu’un juge d’instruction belge mènera une enquête à laquelle les parties civiles pourront contribuer », souligne ce dernier.
Jean-Claude Mputu, porte-parole de la coalition anticorruption « le Congo n’est pas à vendre », est aussi d’avis que cette annonce d’Apple « n’exonère pas » la société. « Cela fait des années que la société civile interpelle Apple et les autres entreprises sur leurs responsabilités dans les crimes en RDC sans qu’elles agissent », insiste-t-il, appelant l’entreprise américaine à rendre public la liste de tous ses fournisseurs.
Depuis 2021 surtout, le système de certification des minerais dits 3 T – étain, tantale, tungstène – mis en place mis en place par l’association mondiale des producteurs d’étain, l’Initiative internationale de la chaîne d’approvisionnement de l’étain (Itsci), fait l’objet de nombreuses mises en cause des Nations unies et d’ONG. Global Witness l’a ainsi qualifié de « blanchisseuse ».
MENACE D’UN EMBARGO
« Apple aurait dû réagir. La leçon à tirer pour les autres entreprises est que la diligence raisonnable implique de prendre des mesures appropriées lorsque de nouvelles informations sont révélées, et non de garder le silence et d’espérer que tout ira pour le mieux », juge Gregory Mthembu Salter, un ancien du groupe d’experts de l’ONU, chargé d’enquêter sur l’exploitation illégale des ressources naturelles congolaises. Il ajoute que la décision d’Apple pourrait être suivie par d’autres sociétés, entraînant un « embargo de facto mais qui sera difficile à maintenir » sur les exportations venues de RDC et du Rwanda, du fait des richesses minérales de ces deux pays.
« Pour l’étain et le tungstène, c’est possible de s’approvisionner ailleurs, mais la contribution congolaise dans la production de tantale est plus déterminante sur le marché, même si elle reste surestimée dans le discours public », explique Christophe Vogel, un autre ancien expert de l’ONU, tout en précisant que chaque embargo « impacte les communautés de certains territoires car il y a toute une économie qui découle de cette exploitation artisanale et qui ne bénéficie pas qu’aux groupes armés ».
La menace d’un embargo inquiète de nombreux opérateurs économiques en RDC. L’un d’eux explique avoir déjà entendu parler de cette mesure conservatoire d’Apple il y a quelques mois, suite à la mise en demeure des avocats de l’Etat congolais et, plus encore, après un communiqué du département d’Etat américain en juillet exprimant ouvertement sa préoccupation au secteur privé sur la fraude entourant cette chaîne d’approvisionnement. « Il n’y a pas qu’Apple qui ne veut plus acheter. Au niveau des fonderies et raffineries, il n’y a plus d’engouement sur les minerais 3 T de notre région à cause de toutes les accusations publiques », relate la source précédemment citée.
Soucieux de préserver son image, le géant de la tech affirme que désormais « la majorité des minerais utilisés dans les produits Apple sont recyclés, y compris le tungstène recyclé à 99 % dans tous les produits et (…) du cobalt recyclé à 100 % dans les batteries conçues par Apple sur toute la gamme d’iPhone 16 ».
L'ACCÈS UNIVERSEL À L'EAU, SI PROCHE, SI LOIN
L'eau est partout autour d'eux, mais pas une goutte n'est potable. Chaque jour, les insulaires sénégalais traversent les flots en pirogue à la recherche du précieux liquide bleu, loin des statistiques officielles
Ignace NDEYE, Moussa DRAME, Yves TENDENG, Abdoulaye FALL et Samba Niébé BA |
Publication 20/12/2024
Le Sénégal travaille activement pour l’atteinte du sixième point des Objectifs de développement durable (ODD6), visant à garantir l’accès de tous à l’eau et à l’assainissement et assurer une gestion durable des ressources en eau. Donc un accès universel et équitable à l’eau potable, à l’hygiène et à l’assainissement d’ici 2030, en particulier pour les populations vulnérables mais également une gestion durable de cette ressource et la réduction du nombre de personnes souffrant de la rareté de l’eau. Cet objectif intègre la notion de gestion transfrontalière de cette ressource, essentielle à la gestion durable mais aussi favorable à la paix et à la coopération. Ainsi, dans le sous-secteur de (l’accès à) l’eau potable, le Sénégal affiche, depuis 2022 déjà, un taux d'accès en milieu urbain de près de 99%, il «est passé de 98% en 2013 à 98,8%», soit plus de 6.374.796 personnes desservies par branchements domiciliaires et plus de 594.870 par bornes fontaines, contre un taux en milieu rural de 96,9% en 2022. Même si notre pays peut se targuer d’être sur la bonne voie, il est encore loin des cibles en matière d’accès universel à l’eau. En effet, au-delà de ces statistiques globales qui cachent mal d’énormes disparités à l’échelle nationale, la réalité sur le terrain, notamment à l’intérieur du pays et particulièrement en zones rurales et reculées, est toute autre. Non seulement elles n’ont pas accès au liquide précieux, mais des populations de certaines localités qui en sont pourvues sont obligées de prendre en charge les coûts des branchements et autres matériels pour le raccordement au réseau d’adduction d’eau. Quid de la cherté du mètre-cube et des factures élevées ? Aussi le Sénégal doit-il relever le défi de la qualité, de la disponibilité (avec les baisses de pressions et coupures fréquentes) et de la sécurité de la denrée. Tour d’horizon à Kaolack, Mbour, Saint-Louis, Sédhiou et Ziguinchor permet de corroborer ces constats.
Ziguinchor - l’accès au liquide précieux, une véritable problématique - Le paradoxe d’une région bien arrosée qui manque d’eau potable...
Ziguinchor, pourtant région la plus arrosée du pays, fait partie des régions qui ont le plus faible taux d’accès à l’eau potable. Un paradoxe qui trouve sa justification dans la problématique de l’accès à l’eau potable dans plusieurs localités de la région. Dans plusieurs localités, l’eau potable reste une denrée rare, comme dans les iles où les populations, les pieds dans l’eau, continuent de réclamer de l’eau potable. L’image que présentent les insulaires de la région qui souffrent de l’approvisionnement en eau potable est assez patente. Ces populations de ces îles des département de Bignona et d’Oussouye sont obligées de faire de kilomètre, très loin, pour trouver le liquide précieux .
Dans plusieurs localités de la région de Ziguinchor, l’accès universel à l’eau et à l’assainissement d’ici 2030 reste un simple slogan ou vœux des autorités. Le pari est encore loin d’être atteint. Si dans les zones urbaines la situation est quasi résolue, avec l’approvisionnement en eau potable assuré par la Société des Eaux, dans certaines localités, le pari d’un accès universel est loin d’être atteint. Si ce ne sont pas des ONG qui viennent au chevet des populations, par l’érection de forages, des fois ces dernières se rabattent sur les puits parfois infectés et sources de maladies.
Toutefois la lancinante question des difficultés des branchements sociaux dans des délais inexplicables et l’extension du réseau reste une véritable contrainte pour certaines populations en zone urbaine ; ces dernières qui se contenter des puits ou des forages forés dans les maisons, avec tous les risques et dangers dans la consommation de ces eaux. La plupart des forages ne sont pas mis à niveau. …
Les insulaires, les pieds dans l’eau, réclament de l’eau potable
Mais aujourd’hui, s’il y a des populations qui souffrent plus de cette problématique de l’accès à l’eau potable ce sont bien les insulaires de la région de Ziguinchor. L’eau reste encore et toujours une denrée rare dans ces îles de la région où les populations, les pieds dans l’eau, souffrent du manque du liquide précieux. Elles sont à côté de l’eau, mais n’ont pas d’eau pour boire.
Dans les îles Bliss-Kassa, dans le département de Bignona, la situation est beaucoup plus lancinante. Niomoune, Hiitou, Haer, Diogué sont des îles où les populations sont obligées de parcourir des kilomètres pour trouver le liquide précieux. A bord de pirogues et munis de bidons, ces insulaires s’approvisionnent en eau potable dans certaines localités de la terre ferme. Une dure épreuve qui n’a toujours pas trouvé de solution, malgré les nombreuses complaintes des populations et promesses des autorités
Les îles du Kassa, dans le département de Bignona, ne sont pas également épargnées par ce manque d’eau crucial. A Windaye, Njikine, Karabane, la situation est pratiquement la même que dans les îles précitées. Sur place, ces insulaires profitaient de l’hivernage pour recueillir l’eau de pluie qu’ils conservent. Mais, quelques semaines suffisent, après la fin de la saison des pluies, pour voir tarir toutes ces réserves en eau dans ces îles
Outre ces îles, d’autres localités de la région de Ziguinchor restent confrontées à ce manque d’eau potable. L’exemple le plus patent demeure la situation au Capskiring, une station balnéaire, où il a fallu des «émeutes de l’eau» pour que la lancinante question du manque d’eau potable resurgisse. Si les sites hôteliers s’approvisionnent par les forages, dans le village du Capskiring, les populations ont recours aux puits, avec tous les risques de maladies, du péril fécal. Il a fallu des émeutes pour que les branchements pour l’adduction d’eau démarrent dans cette cité balnéaire qui avait été secoué par des tensions estampillées «les émeutes de l’eau»
Autre difficulté qui s’adjoint à ce manque d’eau potable, c’est la gestion de cette eau dans certaines localités. La volonté de dessaisir les Comités de la gestion des forages pour les confier à une autre société suscite des grincements de dents chez les populations de certains villages comme Tendouck, dans le département de Bignona.
Les populations s’étaient d’ailleurs signalées, pour leur désapprobation de voir leur comité perdre la gestion de du forage. Pour elles, le prix au mètre-cube revient plus cher avec la nouvelle société préposée à la gestion de l’eau. «Inadmissible et inacceptable… », avait alors pesté ces populations qui, rappelons-le, avaient même organisé une marche en son temps pour décrier une telle situation. Les populations qui s’expliquent difficilement une telle décision de l’Etat. Certaines ONG essaient de transcender cette difficulté d’eau potable, dans la région ; mais le passif est tellement grand. La région pourtant bien arrosée manque d’eau potable à plusieurs endroits ; un véritable paradoxe.
Sedhiou- progression lente de la couverture en eau potable 43% de réalisation, avec des disparités énormes
La région de Sédhiou peine jusque-là à atteindre la moitié des besoins prioritaires en matière d’accès à l’eau potable. Jusqu’au mois de mars 2024, le taux de réalisation était de 43% d’accès, selon le document de présentation de l’Agence régionale de développement (ArD) de Sédhiou. Ces chiffres cachent mal des disparités surtout en milieu rural et reculé où les populations éprouvent d’énormes difficultés à accéder à ces services sociaux de base. Le défi est grand et la progression lente dans une zone où la priorité n’est plus à démontrer.
L ’accès à l’eau potable en quantité et en qualité est un droit universel. Dans la région de Sédhiou, il existe jusque-là plusieurs localités qui peinent à disposer d’une eau de qualité, même si beaucoup d’actions ont été menées dans l’amélioration de la couverture en eau potable, surtout à partir de 2015.
Le document de synthèse traitent de l’accès aux services sociaux de base dans la région de Sédhiou, qui est élaboré par le Comité technique régional restreint et sous la coordination de l’Agence régionale de développement de Sédhiou (ARD), renseigne que le niveau d’accès global à l’eau potable dans la région de Sédhiou reste faible et tourne autour d’une moyenne de 43%.
Cependant, il existe des disparités entre les départements. «Le département de Sédhiou a un taux d’accès aux infrastructures.
hydrauliques égal à celui de Bounkiling et se situe à 47%. Par contre, celui Goudomp est à seulement 35%», indique le document. «Les programmes et projets tels que le PUDC, l’I2AE, le PEPAM/UE, USAID/ ACCES, le Projet AADEPA, etc. ont contribué à une amélioration sensible de l’accès à l’eau potable», lit-on dans ce document.
Des disparités selon les départements
Les points d’accès à l’eau potable dans la région de Sédhiou sont les forages, les puits modernes et les bornes fontaines. Il ressort que le département de Sédhiou dispose de plus d’infrastructures hydrauliques que les autres départements. On y dénombre 34 forages fonctionnels, 299 puits modernes et 77 bornes fontaines. Toutefois, sur 313 localités que compte le département, moins de la moitié (147) sont dotées d’une infrastructure hydraulique. Dans le département de Bounkiling, il est dénombré 37 forages dont 02 non fonctionnels dans les communes de Ndiamalathiel et Diaroumé, 157 puits modernes et 510 bornes fontaines. Ces infrastructures couvrent 193 localités sur 441 que compte le département ; soit 47% de taux d’accès à l’eau potable. Toutes les communes urbaines du département de Bounkiling ont accès à l’eau potable, à l’exception de celle de Madina Wandifa où le réseau de distribution est défectueux, et la potabilité de l’eau douteuse.
Dans le département de Goudomp, il a été dénombré 22 forages dont 01 non fonctionnel à Kolibantang, 123 puits modernes et 56 bornes fontaines. Goudomp est le seul département de la région où une seule commune urbaine a un accès universel à l’eau potable ; il s’agit de Diattacounda.
Saint-Louis : Un taux de couverture autour de 84,5% avec des disparités dans les départements, selon le Directeur de l’ARD
La région de Saint-Louis est caractérisée par des avancées assez significatives en matière d’accès à l’eau potable, comparée à la situation il y a 10 ans, pour ainsi reprendre les propos du Directeur de l’Agence régionale de Développement (ArD), Ousmane Sow, qui dit constater que le niveau d’accès aujourd’hui est assez satisfaisant.
Pour l’accès universelle à l’eau potable, Saint-Louis avoisine une moyenne régionale de 84,5% de taux de couverture dont 93% dans le département de Saint-Louis ; 78% dans le Podor et 70% dans le Dagana. «En milieu rural, on serait un peu en deçà de cela parce qu’à part quelques collectivités locales dans le département de Podor, où on a une partie Diéry très fournie en établissements humains dispersés. Là, on a encore des taux d’accès ou de couverture qui sont autour de 60 voire 70%. Mais, si on s’en réfère à l’accès par rapport à la population qui est touchée, on serait véritablement à une moyenne autour de 80%. Ce qui me semble être une avancée notoire, comparée à la conférence d’harmonisation qu’on avait organisée en 2009 où le milieu rural dans la région était en deçà de 60% pour la plupart des cas», a fait savoir Ousmane Sow, le Directeur de l’Agence Régionale de Développement (ARD), rappelant qu’il y a certes des avancées importantes mais qu’il y a également encore des défis à relever. Ces défis, a-t-il rappelé, c’est de dépasser aujourd’hui cette appréciation selon seulement l’existence d’un point d’eau au niveau de la localité. «Les défis, c’est faire de sorte que, dans chaque ménage, on puisse avoir un branchement particulier. Et, à ce niveau-là, il y a encore des efforts à faire et les dernières estimations ou enquêtes que nous avons faites nous montrent que dans la région, beaucoup de ménages ne sont pas encore raccordés au réseau de distribution d’eau. On peut même prendre le cas de la ville de Saint-Louis où le problème de l’accès à l’eau se pose aujourd’hui surtout en ce qui concerne la continuité du service car il y a des moments où nous avons des coupures d’eau ou des baisses de pression, etc. C’est lié aussi à l’augmentation de la demande et que les travaux pour booster les capacités ne sont pas encore achevés. Donc, c’est ce qui justifie la situation que nous vivons ; mais nous espérons que nous la dépasserons bientôt», a dit M. Sow. Le Directeur de l’ARD reconnaît que la question de l’eau reste une problématique dans la région de Saint-Louis. «Par rapport à l’accès à l’eau, il y a des avancées notoires. Par rapport au service de qualité de desserte, il y a encore des défis à relever, surtout en milieu rural où il y a encore des gaps notamment dans le département de Podor où environ 06 collectivités locales n’ont pas encore de taux qui atteignent les 70%. Dans le département de Dagana aussi, bien que le taux d’accès est autour de 70%, n’empêche il y a beaucoup de localités telles que Ngnith, Mbane, Bokhol où il y a des efforts à faire. La situation est identique dans le département de Saint-Louis, précisément à Fass-Ngom et Ndiébène-Gandiol», a-t-il expliqué.
Kaolack : Le calvaire des fermiers
Le débat autour de l'accès des populations à l'eau potable se pose avec acuité en ville comme dans les villages situés dans la région de Kaolack
Malgré la tenue de concertations profondes entre acteurs du secteur de l’eau, les 21, 22 et 23 novembre derniers à Kaolack et les conclusions prometteuses tirées de ces assises, la question de l’accès à l'eau se pose toujours chez les populations des cités urbaines et rurales. Selon les dernières études relativement menées sur l'accès des populations à l’eau potable, 98,41% des personnes sont aujourd'hui approvisionnées. Dans les régions de Kaolack et de Kaffrine, les chiffres ont donné 1,5 millions d'usagers pour 279 forages. Certes, des statistiques réconfortantes, mais qui ne reflètent pas la réalité sur le terrain car, si en ville, la majorité des consommateurs sont contestataires des coupures incessantes d’eau du réseau d’approvisionnement, dans les villages, c'est plutôt la problématique des factures élevées ou parfois la qualité de l'eau qui se pose.
Relations tendues entre usagers et fournisseurs, l'équation des fermiers
Depuis l'arrivée des fermiers aux commandes, la distribution d'eau potable dans les villages est souvent perturbée par de contestations çà et là, au sein des mouvements populaires. Si ce n'est pas la qualité de l'eau distribuée qui est décriée, c'est le montant des factures qui provoque souvent la réaction des populations et les vagues de soulèvement populaire qui s’en suivent à chaque fois qu'elles sont remontées. Ces contestations, pour la plupart du temps, s'expliquent par l'hostilité des populations vis-à-vis des fermiers qui ont repris la gestion des forages ruraux, avec des coûts au mètre-cube jugés très élevés, comparés aux ceux pratiqués en milieux urbains. Ce qui fait que, dans la plupart des contrées rurales, les populations ne veulent plus de fermiers dans la gestion de l'eau dans leurs villages. Leur volonté est surtout de restituer la gouvernance de la filière eau aux Associations des usagers des forages (Asufor) qui en avaient, jusque-là, la responsabilité. Histoire de surmonter, elles-mêmes, les nombreux défis auxquels elles sont confrontées.
Au-delà des besoins déjà cités, les usagers résidant dans les villages déplorent, pour autant, les charges qui leur sont imputées dans les opérations de branchement domiciliaire. Plus le tuyau central du réseau d’adduction est loin, plus le coût du branchement est cher. Il varie de 50 à 90.000 FCFA. Quant à la facture qui est amortie de deux (2) à un (1) mois, elle est souvent estimé à 5000 FCFA pour les ménages moyens et moins de 5000 FCFA pour les petites familles. Il faut cependant ajouter que, souvent, à travers leurs plateformes revendicatives, les populations rurales réclament les importantes sommes déposées auprès des banques, avant la décision de l'État de leur retirer la gestion des forages ruraux au profit des fermiers.
Mbour : Des communes en souffrent encore
Le département de Mbour compte 16 communes aux fortunes diverses par rapport à l'accès à l'eau potable. Si certaines communes comme Mbour, Saly-Portudal, Malicounda, Ngaparou connaissent un niveau acceptable d’approvisionnement en liquide précieux, tel n'est pas le cas pour d'autres contrées comme Diass, la Somone, Fissel, Nguéniène et Sessène. Malgré les efforts faits du côté des autorités gouvernementales et des opérateurs pour un meilleur accès à l'eau potable. Une revue de l'accès à l'eau potable dans le département de Mbour, pour faire le point dans certaines localités, permet de corroborer ce constat.
Cheikh Issa Sall, le maire de la commune de Mbour, interrogé sur la question, a fait part des efforts de son équipe municipale. Selon lui, en 2022, à son arrivée à la tête de la commune, la seuls 18 quartiers sur les 42 que compte la ville de Mbour avaient accès à l'eau potable. De nos jours, ce constat est devenu un vieux souvenir : la commune a procédé à la pose de 87 kilomètres de tuyauterie pour faciliter l'accès l’eau potable à certains quartiers périphériques. Cette volonté affichée sera renforcée en avril 2024, car les plans remis par la Sen’Eau devant permettre la connexion au réseau et faciliter les branchements sociaux. Non loin de Mbour, la commune frontalière de Malicounda s'illustre par un accès universel à l'eau potable. Autre municipalité, autre réalité. A Diass, le maire Mamadou Ndione a rappelé le raccordement de sa commune au grand projet KMS3. Et, par conséquent, a-t-il déclaré : «Diass ne peut plus dépendre de l'opérateur Aquatech, du fait des difficultés d'accès à l'eau potable de certains villages».
Pour Ciré Dia, le secrétaire municipal de la Somone, la commune est en grande partie engagée pour l'accès à l'eau potable pour tous. A cette fin, la municipalité est un taux de couverture effectif de 90 pour cent. Par contre, la commune de Fissel souffre le martyr en matière d'accès à l'eau potable. Selon une source municipale, une dizaine de villages n'ont pas accès à l'eau potable. Les localités de Mbédap, Mbidine, Ndiop, Ndiassane, Ndamndam, Ngonenne et certains hameaux polarisés font partie de celles souffrant du manque d'eau potable. La baisse de pression allant jusqu'au manque d'eau total s'invite dans certaines contrées comme Khawoul et Sob. Les robinets y sont à sec. Ces faits évoqués ont poussé la commune de Fissel à s'investir pour amoindrir le mal, en dégageant 100 millions de FCFA pour le matériel, la mise en réseau. L'appel d'offres est lancé et l'espoir est permis, selon notre source. Tout de même, le soutien des autorités gouvernementales est souhaité.
LES INSCRIPTIONS AU HAJJ OUVERTES LE 24 DÉCEMBRE
A travers un communiqué publié hier, jeudi 19 décembre, la Délégation générale au pèlerinage aux lieux saints de l'Islam informe le public du démarrage des préinscriptions, pour l'édition 2025 du Hajj
Les inscriptions pour le pèlerinage à La Mecque de 2025 seront entamés ce 24 décembre 2024. La délégation générale au pèlerinage en a fait l’annonce dans un communiqué publié hier, jeudi 19 décembre. Les candidats au Hajj sont aussi appelés à faire un dépôt de 4 millions en attendant le coût du package.
A travers un communiqué publié hier, jeudi 19 décembre, la Délégation générale au pèlerinage aux lieux saints de l'Islam informe le public du démarrage des préinscriptions, pour l'édition 2025 du Hajj. Elles sont prévues à partir du 24 décembre 2024. Ces préinscriptions sont ouvertes auprès de la Banque Islamique du Sénégal (BIS) sur l'ensemble du territoire national.
La délégation générale informe également qu'un versement provisoire de quatre millions (4 000 000) de francs CFA est exigé, en attendant package 2025. Le hajj 2025 devrait débuter aux alentours du 4 juin 2025 et prendre fin vers le 9 juin. Rappelons que les autorités saoudiennes ont pris des mesures strictes pour cette édition. Les personnes de plus de 65 ans ou souffrant de maladies chroniques (problèmes cardiaques, rénaux ou respiratoires, diabète et aux femmes enceintes) d’envisager de reporter leur pèlerinage.
Tous les voyageurs en provenance de pays ou de zones à risque de fièvre jaune doivent présenter un certificat de vaccination attestant que la personne a été vaccinée au moins dix jours et au plus dix ans avant son arrivée à la frontière.
Un vaccin contre la méningite est aussi demandé. Pour les ressortissants de pays comme le Sénégal, le Mali et la Côte d’Ivoire, une chimioprophylaxie à base de comprimés de ciprofloxacine (500 mg) sera administré au port d’entrée. Il est conseillé de se faire vacciner contre la grippe saisonnière avant leur arrivée en Arabie saoudite, en particulier ceux qui présentent un risque élevé de complications graves liées à la grippe.
Cette année 2024 près de 1000 pèlerins sont décédés à La Mecque. L’âge avancé des pèlerins et les fortes températures sont indexés comme étant les causes de cette perte en vie humaine.
DAKAR, VILLE REBELLE
Alors que certains pensaient voir un calme relatif avec l’arrivée de figures comme Sonko et Diomaye, les récentes tensions liées à Barthélemy Dias rappellent que la capitale est un territoie où le pouvoir s’exprime et se conteste bruyamment
Dakar, ville capitale, bastion politique et centre économique du Sénégal, demeure un terreau fertile de contestation. Depuis l'époque coloniale jusqu’à nos jours, elle n’a cessé d’être le théâtre des luttes sociales et politiques. Alors que certains pensaient voir un calme relatif avec l’arrivée de figures comme Ousmane Sonko et Bassirou Diomaye Faye, les récentes tensions liées à Barthélemy Dias rappellent que Dakar est une ville où le pouvoir s’exprime et se conteste bruyamment.
Ces derniers jours, les événements l'ont encore prouvé. Le maire sortant de Dakar, Barthélemy Dias, a vu ses activités une nouvelle fois entravées. Son point de presse prévu à la mairie de Dakar, hier mercredi, a été interdit par les forces de l’ordre, l’obligeant à chercher refuge dans un magasin voisin, avec le soutien de Bougane Guèye Dany. Ce scénario, où la police bloque un accès administratif, n’est pas nouveau. Vendredi déjà, un dispositif similaire avait empêché une autre rencontre.
Ces interdictions révèlent un climat tendu et soulignent le rôle central de Dakar comme arène de confrontations politiques et sociales. Dans un entretien accordé à ‘’Jeune Afrique’’, à la veille des élections locales de 2022, Ibrahima Kane, analyste d’Osiwa, rappelait : ‘’Dakar a toujours été une ville rebelle, depuis le temps du PS. C’est dans la capitale que se déroule l’essentiel de l’activité économique et sociale. Les problèmes y sont multipliés par dix et cela joue toujours contre le pouvoir en place.’’
Cette dynamique historique persiste : Dakar s’érige souvent contre les régimes dominants, symbolisant la contestation nationale.
Un bastion de l’opposition depuis Khalifa Sall
La rupture a eu lieu en 2009, avec l’élection de Khalifa Sall comme premier maire de l’opposition. Après des décennies d’hégémonie du Parti socialiste sous Léopold Sédar Senghor et Abdou Diouf – malgré des secousses majeures comme mai 1968 et février 1994 – le président Abdoulaye Wade perd cette forteresse stratégique. Les Dakarois, fatigués par une gestion marquée par l’inflation, les coupures d’électricité et la vie chère, infligent une défaite cuisante au régime du Sopi.
Cette victoire n’est pas anodine. Dakar a toujours été perçue comme un tremplin politique : être maire de la capitale, c’est souvent avoir une stature présidentielle. En 2009, Wade espérait faire de son fils, Karim Wade, un dauphin politique en remportant Dakar. Le résultat en fut tout autre.
En 2014, Macky Sall tente à son tour de reprendre la capitale en envoyant Aminata Touré, alors Première ministre, affronter Khalifa Sall. Malgré des changements dans le mode de scrutin et les moyens déployés, Mimi Touré subit une défaite humiliante. Quelques mois plus tard, elle est remerciée par Macky Sall, conséquence directe de ce revers.
Khalifa Sall consolide alors son ancrage, défiant le pouvoir central jusqu’à ce que des accusations de mauvaise gestion aboutissent à son emprisonnement. Cette manœuvre, perçue comme un moyen de l’écarter de la Présidentielle de 2019, renforce le ressentiment des Dakarois envers le régime. À son départ, les conseillers municipaux, dans un geste symbolique, choisissent Soham Wardini, proche de Khalifa Sall, pour lui succéder, rejetant ainsi le candidat proposé par le pouvoir.
La mainmise de l’opposition sur Dakar se consolide en 2022, lorsque Barthélemy Dias, candidat de la coalition Yewwi Askan Wi, humilie Abdoulaye Diouf Sarr, un des rares maires ‘’aperistes’’ victorieux aux Locales de 2014. Cette élection symbolise une sanction directe contre le régime de Macky Sall, mais aussi une reconnaissance de la longévité et du poids de l’opposition dans la capitale.
Pourtant, malgré cette victoire, Barthélemy Dias traverse aujourd’hui une zone de turbulence marquée par la perte de la mairie de Dakar et de son siège de député. Ce revers politique, doublé de tensions avec les forces de l’ordre, remet sur le devant de la scène la capacité de Dakar à se rebeller et à résister.
Une capitale stratégique et contestataire
Dakar reste unique au Sénégal. Selon l’ANSD, la capitale concentre l’essentiel du tissu économique et industriel du pays. Avec plus de 7 500 habitants au kilomètre carré, les problématiques d’infrastructures, de transport et de vie quotidienne pèsent lourdement sur les habitants, nourrissant frustrations et colère.
C’est dans ce contexte que s’inscrit la particularité de cette ville cosmopolite : un poumon économique et un bastion politique où les oppositions s’organisent pour contester les régimes dominants. De Khalifa Sall à Barthélemy Dias, Dakar n’a cessé d’incarner cette résilience face aux pouvoirs successifs.
Lors de la crise préélectorale de 2024, Dakar s'est une fois de plus imposée comme le principal épicentre des manifestations, enregistrant le plus grand nombre de victimes dans un climat politique tendu. La capitale a donné le ton à la contestation nationale, réaffirmant son statut de bastion historique de la résistance sociale et politique.
La place de la Nation : un sanctuaire de la contestation
Depuis 2011, la place de la Nation (ex-Obélisque) s'est érigée en lieu symbolique des rassemblements populaires. C'est sur cette esplanade que se sont écrites certaines des pages les plus marquantes des luttes sociales et politiques du pays, notamment avec les mouvements emblématiques comme Y en a marre, le M23 et une large frange de l'opposition. La place est devenue l'épicentre des manifestations contre les abus du pouvoir, les injustices sociales et les atteintes aux libertés.
L'influence de Dakar ne s'arrête pas aux frontières nationales. Ses figures et ses combats résonnent à travers tout le pays et même au-delà, inspirant d'autres mouvements sociaux dans la sous-région.
Le mouvement Y en a marre, né à Dakar en janvier 2011, a joué un rôle prépondérant dans la mobilisation citoyenne contre les dérives politiques. Il a non seulement structuré la contestation interne, mais a également inspiré d'autres mouvements similaires en Afrique, comme le Balai citoyen au Burkina Faso. Ce dernier a été un acteur clé dans les événements ayant conduit à la chute de Blaise Compaoré en 2014.
Ainsi, Dakar s'affirme comme un véritable laboratoire de résistance populaire où les idées citoyennes et les luttes pour la démocratie prennent racine avant de se propager. Son épanouissement intellectuel et son effervescence sociale font partie de son charme unique.
Dans le passé, Dakar a joué un rôle central dans la formation de l'élite africaine, grâce notamment à ses institutions d'enseignement de renommée mondiale, comme l'université Cheikh Anta Diop ou William Ponty. La capitale a été un terreau fertile pour les intellectuels et les leaders politiques du continent, contribuant à la construction d'une Afrique consciente et engagée.
Par ailleurs, le rôle de contre-pouvoir de la presse dakaroise est un autre signe majeur de la contestation. Véritable pilier démocratique, la presse a activement participé à l'éveil des consciences et à la diffusion des idées contestataires. Les médias, par leurs reportages, éditoriaux et enquêtes, ont permis de mettre en lumière les dérives du pouvoir, tout en servant de relais aux préoccupations de la population. Cette posture critique a non seulement renforcé la transparence, mais a aussi contribué à amplifier les luttes sociales et politiques à Dakar.
Un rappel historique : la bataille de Dakar
L'histoire de Dakar est également marquée par des épisodes d'une importance internationale. La bataille de Dakar, ou l’opération Menace a eu lieu du 23 au 25 septembre 1940 pendant la Seconde Guerre mondiale. Cette attaque navale, menée par la Royal Navy britannique et accompagnée du général de Gaulle et des Français libres, avait pour but de rallier l'Afrique-Occidentale française (ÀOF) à la France libre.
Toutefois, les forces armées fidèles au gouvernement de Vichy, dirigées par Pierre Boisson, ont réussi à repousser l'offensive au large de Dakar et sur la presqu'île du Cap-Vert. Cet épisode reste un symbole de la résilience militaire et stratégique de Dakar.
Dakar demeure un symbole de lutte, de résistance et de résilience. Que ce soit par son rôle historique, sa capacité à mobiliser la société civile ou son influence sur le reste de l'Afrique, la capitale joue un rôle majeur dans l'évolution politique et sociale du pays. Chaque crise, chaque manifestation et chaque contestation qui y naissent écrivent une nouvelle page de son histoire, confirmant son statut de cœur battant du Sénégal et de la sous-région.
Aujourd’hui encore, les événements récents rappellent que Dakar est une ville rebelle où la société civile et les acteurs politiques s’expriment sans détour. Barthélemy Dias, malgré les obstacles, incarne cette tradition de lutte.
Si Dakar reste le baromètre politique du Sénégal, elle montre aussi que les soubresauts de la capitale sont souvent annonciateurs de changements profonds à l’échelle nationale.
Dans les rues de Dakar, l’histoire se réécrit sans cesse, mais toujours avec le même message : la capitale ne se soumet jamais.
LE SECTEUR MINIER AU SCANNER
La Société des Mines du Sénégal lance un audit financier de toutes les sociétés opérant dans le pays. L'initiative intervient après le constat alarmant d'une sous-valorisation chronique des participations de l'État dans ces entreprises
(SenePlus) - La Société des Mines du Sénégal (SOMISEN) vient d'annoncer le lancement d'un audit financier approfondi de l'ensemble des sociétés minières opérant dans le pays, selon un communiqué de presse publié le 19 décembre 2024 à Dakar.
Cette initiative s'inscrit dans le cadre des prérogatives conférées à la SOMISEN par la loi n°2020-31 du 06 novembre 2020, qui lui confie notamment la gestion et l'évaluation des participations de l'État dans le secteur minier. Une première phase d'analyse, entamée en juin 2024, a permis d'identifier 14 sociétés minières dans lesquelles l'État détient des parts.
Le panorama révélé est particulièrement instructif : l'État sénégalais possède des participations de 10% dans la majorité des sociétés, notamment dans six sociétés aurifères, deux entreprises de phosphates, et deux cimenteries. Une exception notable est sa participation de 98% dans la Société des Mines de fer du Sénégal Oriental (MIFERSO), et de 15% dans les Industries Chimiques du Sénégal (ICS).
Le constat établi par la SOMISEN est préoccupant : malgré ces participations, l'État ne perçoit que peu ou pas de dividendes de ces exploitations minières. Face à cette situation, l'organisme a sollicité l'ensemble des documents nécessaires auprès des sociétés concernées pour mener son audit.
Cette démarche s'inscrit dans une volonté de valoriser le patrimoine minier national, conformément à l'article 25-1 de la Constitution qui stipule que "les ressources naturelles appartiennent au peuple." Un premier rapport d'évaluation, assorti de recommandations stratégiques, sera prochainement soumis aux autorités pour améliorer la gouvernance et la rentabilité du portefeuille minier de l'État.
Cette initiative marque une étape importante dans la nouvelle politique de gouvernance des ressources naturelles du Sénégal, visant à optimiser les retombées économiques du secteur minier au bénéfice de la population.
MODERNISATION DES COMMUNES, ENTRE DÉFIS FONCIERS ET HARMONISATION ARCHITECTURALE
Abdou Karim Sakho, architecte et urbaniste, souligne que le principal frein à la concrétisation de projets comme le programme des 100 000 logements sociaux reste la gestion du foncier, un défi crucial pour une urbanisation harmonieuse et durable.
Lors du dernier conseil des ministres, le chef de l’État a mis l’accent sur la politique d’urbanisme, d’architecture, d’habitat, et de promotion du logement. Dans ce contexte, Abdou Karim Sakho, architecte et urbaniste, a partagé son expertise sur les véritables enjeux de cette modernisation lors d’une intervention au journal parlé de Radio Sénégal.
Pour Abdou Karim Sakho, le principal obstacle à la réalisation des ambitions gouvernementales, notamment le programme des 100 000 logements sociaux, reste le foncier.
« Avant de parler d’architecture, il faut d’abord parler du foncier. Aujourd’hui, au Sénégal, le foncier pose un problème. Pour construire les cent mille logements, il faut d’abord un foncier aménagé, une très bonne planification et des moyens conséquents pour y parvenir. Depuis 2019, on en parle, mais jusqu’à présent, les gens traînent les pieds. Nous ne sommes pas vraiment au bout de nos efforts. »
Selon l’urbaniste, une planification rigoureuse et des ressources adaptées sont indispensables pour concrétiser ce projet ambitieux. Abdou Karim Sakho a rappelé l’héritage architectural des quartiers tels que SICAP, Point E ou Fann, construits à l’époque coloniale. Ces zones se distinguent par leur aménagement harmonieux et leur conformité aux normes. Aujourd’hui, l’urbanisation galopante, marquée par une forte densité démographique et une prolifération anarchique des constructions, met à rude épreuve l’harmonie urbaine.
« Une redynamisation est possible, mais il faut contextualiser. À l’époque du président Léopold Sédar Senghor, Dakar n’avait pas un tel taux démographique, ni autant de désordre. Il avait la latitude de construire ce qu’il voulait. Mais avec une volonté collective, nous pouvons faire mieux que ce qui se passe ailleurs. »
Interrogé sur la législation en matière d’urbanisme et de construction, Sakho a affirmé que le Sénégal dispose d’une réglementation parmi les meilleures en Afrique. Le problème réside dans son application.
« Ce n’est pas un problème de législation. Nous avons les meilleures réglementations en Afrique. Le problème, c’est comment faire pour que tout le monde respecte cette réglementation. Aujourd’hui, des gens construisent sans permis, sans consulter un architecte pour des plans. Cela pose un problème d’éducation des masses. Il faut que les citoyens respectent l’administration et suivent les procédures. »
La modernisation des communes sénégalaises passe non seulement par une gestion optimale du foncier, mais aussi par une sensibilisation accrue des populations au respect des normes urbanistiques. Pour l’architecte, cette étape est cruciale pour atteindre l’objectif d’une urbanisation harmonieuse et durable.
Si le défi du foncier et du respect des normes est relevé, le Sénégal pourra aspirer à une architecture moderne et fonctionnelle, tout en préservant l’héritage urbain qui fait sa singularité. La vision présidentielle, combinée à une mobilisation des techniciens et des citoyens, pourrait redessiner le visage des villes sénégalaises pour les rendre plus attractives et vivables.
LA MISS LITTERATURE SENEGAL CONNUE
L’élève Sokhna Aminata Fall, du lycée d’excellence Mariama Ba de Gorée a été désignée, mercredi, ‘’Miss littérature Sénégal’’ à l’issue de la phase finale de ce concours littéraire organisé au Grand théâtre, Doudou Ndiaye Coumba Rose
L’élève Sokhna Aminata Fall, du lycée d’excellence Mariama Ba de Gorée a été désignée, mercredi, ‘’Miss littérature Sénégal’’ à l’issue de la phase finale de ce concours littéraire organisé au Grand théâtre, Doudou Ndiaye Coumba Rose, a constaté l’APS.
Pour cette première édition, mademoiselle Fall a remporté la couronne du concours après une rude compétition littéraire mettant en lice dix jeunes filles venues d’écoles et d’universités différentes du Sénégal.
Sokhna Aminata Fall va ainsi représenter le Sénégal à la grande finale internationale prévue au Bénin en juillet 2025.
La présidente du jury, l’écrivain et professeur André-Marie Diagne Bonané, a souligné que ‘’ces jeunes filles ont du mérite’’, même si elle déplore leur manque de culture générale.
Elle a indiqué que Sokhna Aminata Fall a remporté plus de points, soit 129 au total contre 127,75 points pour Ndèye Thioro Badiane de l’université Alioune Diop de Bambey et 127,05 points pour Ndella Cissé, élève au lycée des Parcelles assainies de Dakar. Elles sont respectivement 2e et 3e dauphines.
Les dix candidates ont été évaluées sur la cohérence de leur discours, le langage, la grammaire, la logique, l’orthographe, la littérature sénégalaise et africaine, le résumé et l’intérêt de la visite effectuée au musée de la Femme Henriette Bathily, et du livre de la marraine ‘’Rouge silence », entre autres.
Marraine du concours ‘’Miss littérature Sénégal’’, l’écrivain et professeur de français Fatimata Diallo Ba s’est réjouie de l’initiative et a félicité les candidates.
‘’Ce concours, permet de mettre en pratique l’intellect et la créativité de nos jeunes filles à travers l’écriture’’, dit-elle ajoutant qu’une nouvelle génération de femmes écrivaines est née et va assurer ‘’la relève de la littérature sénégalaise’’.
Initiatrice de ce concours, la journaliste culturelle, Salamata Ousmane Diallo, précise qu’au-delà de la compétition, ‘’Miss Littérature Sénégal’’ se veut une plateforme de promotion du livre, en particulier le livre écrit par des femmes.
Dans un souci de faire un maillage du territoire national lors des échéances à venir, elle a suggéré, de ‘’décentraliser les présélections, en les organisant dans plusieurs régions du pays’’.
‘’Cela permettra de donner une véritable chance à chaque jeune fille de révéler son talent et partager sa passion pour la culture’’, explique-t-elle.
Le concours ‘’Miss littérature Sénégal’’, a enregistré au départ 95 candidatures. Une présélection de 60, puis de 30 et enfin de 10 candidates a permis d’en arriver aux finalistes de ce concours lancé cette année au Sénégal.
DIOMAYE FAYE LANCE UNE FEUILLE DE ROUTE
Le Sénégal devrait se doter sous peu d’une nouvelle feuille de route dans le domaine de l’aménagement du territoire avec la redéfinition d’une nouvelle politique d’urbanisme, d’architecture, d’habitat et de promotion du logement.
Le Sénégal devrait se doter sous peu d’une nouvelle feuille de route dans le domaine de l’aménagement du territoire. C’est la volonté affichée hier par le Président de la République qui a interpellé son Gouvernement sur la redéfinition d’une nouvelle politique d’urbanisme, d’architecture, d’habitat et de promotion du logement.
« La politique d’urbanisme, d’architecture, d’habitat et de promotion du logement, dans la perspective de la matérialisation de la Vision Sénégal 2050, révèle l’urgence d’accélérer l’aménagement du territoire, le développement de nos terroirs ainsi que la modernisation de nos communes et villes à partir des Pôles » a indiqué le président Bassirou Diomaye Faye hier en conseil des ministres. Il a demandé au Ministre de l’Urbanisme, des Collectivités territoriales et de l’Aménagement des Territoires de veiller à l’actualisation et/ou à la généralisation des plans directeurs d’urbanisme dans toutes les communes et villes du Sénégal. « Cet exercice impératif de planification, est fondamental pour maitriser le développement urbain et accélérer dans la cohérence et la rigueur des aménagements la mise en œuvre de la politique d’habitat et de promotion de logements sociaux en particulier » de l’avis du président de la République. Alors dans ce sillage, il a instruit le Ministre de l’Urbanisme, des Collectivités territoriales et de l’Aménagement des Territoires, de veiller à l’application stricte des règles d’architecture harmonisées dans chaque commune et ville du Sénégal. A cet égard, il a invité le Gouvernement à travailler avec l’Ordre des architectes pour proposer un nouveau cadre légal et réglementaire de mise en œuvre de la nouvelle politique d’architecture du Sénégal. Dans l’optique d’une dynamique de refondation de la politique d’urbanisme, de construction et du logement, le Président de la République a engagé le Gouvernement à poursuivre les efforts de promotion des constructions aux normes des habitations, bâtiments et édifices avec l’application rigoureuse des codes de l’urbanisme, de la construction, de l’assainissement et de l’environnement principalement, la maitrise des aménagements et occupations du littoral, la mise à contribution du Laboratoire national de référence des Bâtiments et Travaux publics qui assure l’homologation des matériaux et produits utilisés dans le secteur des BTP et garantit la qualité et la conformité des constructions, l’intégration d’une exigence d’aménagement paysager et d’espaces verts dans les quartiers et les habitations et la formation professionnelle initiale et continue des acteurs du bâtiment dans des écoles et instituts spécialisés.
Déploiement en urgence des programmes de promotion de logements sociaux
Par ailleurs, le Chef de l’Etat a indiqué l’urgence d’accélérer le déploiement national des programmes de promotion de logements sociaux. A cet effet, il a demandé au Premier Ministre de relancer les programmes de construction de logement sociaux dans les zones adaptées soutenus par des lotissements, des plans d’aménagement et des titres d’occupation officiellement validés après les audits fonciers et immobiliers en cours. Le Gouvernement devra aussi proposer des solutions soutenables pour accélérer la promotion d’un habitat décent à travers la conception de plans consensuels de restructuration et de rénovation urbaine et s’atteler à moderniser l’habitat en milieu rural. Il a invité le Premier Ministre et le Gouvernement à faire du logement décent une cause nationale à partir de l’année 2025.
Le Ministre de l’Urbanisme et le Secrétaire d’Etat au Logement feront le point mensuel en Conseil des Ministres sur la mise en œuvre de la politique du logement. Dans cet esprit, il a demandé au Premier Ministre et au Ministre en charge l’Urbanisme de fixer, pour lestrois(3) prochaines années, la lettre de mission et le cadre d’intervention de la Société d’Aménagement Foncier et de Restructuration urbaine (SAFRU), entité qui doit disposer de ressources foncières et financières adaptées à partir d’un modèle économique viable. Au demeurant, il convient d’évaluer le Fonds de Garantie pour l’accès Logement (FOCALOG) et l’application de la loi d’orientation n° 2016- 31 du 08 novembre 2016 sur l’habitat social avec le dispositif du Fonds pour l’Habitat social (FHS). Le Gouvernement s’attèlera aussi à la relance des pôles urbains et des zones d’aménagement concerté pour faciliter l’accès à la propriété foncière et immobilière avec le concours des 3 banques et établissements financiers (CDC en particulier…). Dans cette lancée, une importance primordiale sera accordée au développement prioritaire du pôle urbain de Diamniadio et du Lac Rose qui commencent à accueillir des infrastructures hôtelières de classe mondiale.
MAMADOU DIA AVAIT DEJA REGLE LA QUESTION DE LA REVISION DE SON PROCES
Sur la question agitée de la révision du procès, Bamba Ndiaye dépoussière les positions du concerné : de son vivant, le président Mamadou Dia disait que le peuple l’avait déjà réhabilité.
Propos recueillis par : El Hadji SOW |
Publication 19/12/2024
Bamba Ndiaye reste un acteur clé de l’histoire politique des dernières années du président Mamadou Dia. Donc un témoin de l’histoire ! L’ancien député, et actuel leader politique du Parti des Libéraux et Démocrates (PLD) d’Oumar Sarr fut un compagnon proche du président Mamadou Dia jusqu’à même en être le coordonnateur de sa formation politique le Mouvement pour le Socialisme et l’Unité (Msu). Bamba Ndiaye porta même le titre de “second Mawdo” alors que son mentor était appelé “Premier Mawdo”. Si les routes politiques des deux hommes se sont séparées par la suite, Bamba Ndiaye n’en revendique pas moins l’héritage politique de son mentor dont il reconnait avoir véritablement façonné sa trajectoire politique. Bamba Ndiaye dit qu’il ne reprocherait à personne de s’inspirer de la vision souverainiste du président Mamadou Dia. Il ne s’agira pas de contemplation de l’œuvre de son guide, mais plutôt une invite à l’actuel régime de prendre en charge les idées positives du président Mamadou Dia. Sur la question agitée de la révision du procès, Bamba Ndiaye dépoussière les positions du concerné : de son vivant, le président Mamadou Dia disait que le peuple l’avait déjà réhabilité. Et qu’il n’avait pas besoin d’un procès pour cela. Notre interlocuteur déclare alors que « Mamadou Dia avait parfaitement raison de se sentir réhabilité par l’histoire et par le peuple sénégalais »
Le Témoin : En tant que compagnon du président Dia, comment allez-vous témoigner à « décharge » pour les événements de décembre 62 ?
Effectivement, j’ai eu l’avantage d’accompagner le président Mamadou Dia dans ses activités politiques pendant plus de 15 ans à partir de 1983. Même si les vicissitudes politiques ont fini par nous séparer, je suis très fier de ce compagnonnage. Il a beaucoup contribué, et positivement, à ma formation en tant que jeune d’une trentaine d’années qui a eu la chance de réfléchir et d’agir avec le véritable père de notre indépendance. Nous nous étions retrouvés dans l’opposition au régime de Abdou Diouf, au cours des luttes pour une alternance démocratique ayant abouti à la grande victoire du 19 mars 2000. Avant de le rencontrer et de m’attacher à lui, j’avais déjà eu un parcours politique d’une dizaine d’années dans la gauche sénégalaise. C’est en toute conscience politique que j’avais choisi de l’accompagner, même si j’étais plus proche sur le plan social du professeur Cheikh Anta Diop. Maintenant, pour en venir directement à votre question, il me semble que la crise de décembre 1962 a été une véritable sortie de piste pour le Sénégal nouvellement indépendant. Le pouvoir de Dia voulait transformer l’indépendance formelle concédée par la France du Général De Gaulle en une véritable souveraineté politique et économique. Et il était en passe de le réussir, notamment dans le domaine de l’agriculture. C’est pourquoi il a été combattu et éliminé. Eliminer, le mot n’est pas de trop pour un témoignage à décharge ! Pour preuve, dès l’élimination politique du Président Dia, le Sénégal a rejoint le cercle des néo-colonies françaises comme le voulaient les autorités parisiennes. Les grands chantiers de Dia comme ceux concernant le Franc CFA ou les bases militaires ont été mis sous le boisseau pendant presque 40 ans. Très peu de gens osaient évoquer ces questions qui ont été la cause de l’engagement de notre génération dans les rangs de la gauche. De sorte que l’impact négatif de cette éviction de Mamadou Dia a fait dévier la trajectoire de toute l’Afrique occidentale.
D’aucuns estiment que le président Dia est ressuscité par le souverainisme incarné par l’actuel régime. Quelle lecture faites-vous de ce débat ?
C’est un débat que je suis avec beaucoup d’attention. Vous savez, si ce régime ou un autre cherche à retrouver le chemin tracé par Mamadou Dia, ce n’est certainement pas Bamba Ndiaye qui va le leur reprocher. Bien au contraire. Il ne s’agit pas d’être dans une contemplation du passé mais de s’inspirer des grandes leçons positives et des riches enseignements de son action. Ces leçons portent d’abord, à mon sens, sur le style de gouvernance. Dia a voulu servir son pays et non s’enrichir. D’ailleurs, il a quitté le pouvoir après 15 ans d’exercice sans même posséder une maison. Dans son action à la tête de l’Etat, il a voulu mettre en avant les intérêts vitaux de nos populations africaines, sans jamais baisser la tête devant les puissances de ce monde. Il savait se faire respecter de tous, y compris le Général De Gaulle. Concernant l’autre aspect de votre question, voyons voir, comme disait l’autre.
Que pensez-vous de la réouverture du procès de Mamadou Dia ? Objectivement y a-t-il des éléments nouveaux qui concourent à cette demande générale ?
Une très bonne question qui vient à son heure ! Mais je préfère m’en tenir à la dernière position exprimée par Mamadou Dia de son vivant. En effet, il avait fait savoir que le peuple sénégalais l’avait déjà réhabilité. Et qu’il n’avait pas besoin d’un éventuel procès visant à le réhabiliter. Maintenant, est-ce que cette prise de position du principal concerné peut lier les mains de Dame Justice ou alors faire taire des nouvelles générations ? Ce n’est pas à moi de le dire. Mais cela ne m’empêche pas de penser que Dia avait parfaitement raison de se sentir réhabilité par l’histoire et par le peuple. Pendant de longues années, beaucoup de gens n’osaient même pas prononcer son nom, sauf pour l’injurier. Les choses ont commencé à changer dans les années 1970, quand les jeunesse sont intéressés à ce pan alors méconnu de notre histoire. L’un des grands moments de cette réhabilitation a été le pré-symposium qui a été organisé sur son œuvre en 1996 et dont j’ai eu l’honneur de coordonner le comité préparatoire. A cette occasion, nos plus grands professeurs, comme le philosophe Djibril Samb, l’économiste Makhtar Diouf ou l’historien Mamadou Diouf, avaient disséqué son œuvre tant politique qu’intellectuelle et conclu qu’elle devait et pouvait constituer une source d’inspiration pour bâtir un meilleur avenir de nos pays. Les Actes de ce pré-symposium avait été publiés sous forme de livre. Espérons qu’il sera organisé un jour le Symposium international sur son œuvre qui avait été envisagé à l’époque.
Ousmane Camara dans une publication en tant que Procureur au procès de 1962 avait publiquement réhabilité le président Dia, cela n’est-il pas suffisant ?
Il me semble que la réhabilitation politique et intellectuelle a une portée plus grande qu’une réhabilitation judiciaire. Toutefois, les prises de position du président Ousmane Camara ont une grande signification. Déjà, lors du procès de 1963, il avait été très nuancé dans ses réquisitions. Il faut dire que les principaux protagonistes de cette crise comme le Général Jean-Alfred Diallo, le président Magatte Lo et bien d’autres ont tenu à blanchir Mamadou Dia des accusations de coup d’Etat portées contre lui. Certains sont même devenus plus-tard ses amis personnels.
A un moment donné, vous étiez l’héritier politique du président Dia à travers le MSU. Pourquoi vous étiez-vous éloigné de l’homme ? Bamba Ndiaye revendique-t-il toujours son héritage politique ?
Il faut dire simplement que le rajeunissement du MSU, qui avait été décidé à l’initiative du président Dia en 1996, n’a pas donné les résultats espérés. Étant élu Coordonnateur Général du MSU, j’ai pris mes responsabilités dans des moments cruciaux pour notre pays. Ce que je peux déplorer, c’est le déficit de communication qui avait permis à certains acteurs de réussir à nous diviser. Mais je ne regrette pas les combats que j’ai menés en ces moment-là. Un jour peut-être, je pourrais revenir sur cette période de façon détaillée. Je dois également préciser que ce n’était pas une rupture de nos relations personnelles. Je peux vous révéler par exemple que, quand je suis devenu député en 2001, le président Dia a organisé chez lui une séance de prières à mon bénéfice. Quelques années plus tard, je suis allé lui rendre visite et je dois dire que nous nous sommes quittés en bons musulmans, comme il se doit. Bien sûr, je revendique ma part dans l’héritage politique du Président Dia. C’est ce que j’ai toujours dit. Lui, il était Premier Mawdo du MSU et vos confrères de l’époque me surnommait le Deuxième Mawdo. C’est un passé que je ne saurais renier mais que je porte avec fierté. Je ne suis pas son seul héritier politique bien sûr mais, encore une fois, je revendique et je porte ma part d’héritage.
Que reste-t-il justement de l’héritage politique du président Dia ?
Lors de son procès de 1963, un de ses avocats avait dit ceci : « les noms des juges de Socrate ont été oubliés mais le nom de Socrate est resté dans l’histoire ». Plus de 60 ans après, on peut dire la même chose de Mamadou DIA. Ces derniers jours, il fait la une de la presse nationale. Le Building administratif dont il avait été chassé porte son nom suite à une décision du président Macky Sall. Le président Wade avait engagé une procédure de révision de son procès. Peut-être le pouvoir actuel posera-t-il aussi des actes symboliques comme, par exemple, la réhabilitation du Général Amadou Fall, premier chef d’étatmajor de notre Armée nationale, que Dia souhaitait avec force. Mamadou Dia est plus connu et plus célébré aujourd’hui que de son vivant. Je peux en témoigner. Ses idées n’ont jamais été aussi discutées qu’actuellement. Espérons seulement que les uns et les autres pourront en tirer des inspirations utiles et profitables au grand bénéfice de nos peuples.
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NATHALIE VAIRAC : NAÎTRE ET NE PAS ÊTRE
Pas le « bon » nez ni les « bons » cheveux pour être reconnue comme Indienne. Pas non plus assez « bâtie » pour être perçue comme une Noire authentique. Quel crime cette comédienne a-t-elle donc commis pour être ainsi toisée, ballottée entre deux cultures
Pas le « bon » nez ni les « bons » cheveux pour être reconnue comme Indienne. Pas non plus assez « bâtie » pour être perçue comme une Noire authentique. Quel crime cette comédienne a-t-elle donc commis pour être ainsi toisée, ballottée entre deux cultures - celle d’un père guadeloupéen et celle d’une mère indienne ?
La richesse apparente de la double culture, ou du métissage, dissimule souvent les douleurs que vivent en silence de nombreuses personnes métisses. Et que dire lorsque, dès le départ, un mariage n’est pas accepté, surtout s’il implique un ou une conjoint(e) perçu(e) comme « casté(e) » ? L’histoire de Nathalie Vairac illustre parfaitement cette réalité. En effet, le mariage de ses parents, célébré dans les années soixante, a été mal accueilli par une partie de la famille maternelle. Une Indienne qui ose épouser un Noir ?
Guadeloupéenne par son père et Indienne par sa mère, Nathalie a vu l’amour de ses parents se heurter à des résistances de part et d’autre des deux familles. Cette « union interdite », vécue comme un sacrilège du côté maternel, s’est alourdie du poids des incongruités coloniales. Sous l’influence de la politique d’assimilation, certains de ses très lointains ancêtres, arrière-arrière-grands-parents, avaient renoncé officiellement à leur identité, dans l’espoir fallacieux d’accéder à un statut « supérieur » et aux avantages supposés qui y étaient attachés. Une manipulation qui n’a fait qu’accroître le poids des douleurs et des souffrances que Nathalie a portées durant des années, hantée par cette question constante : « Qui suis-je ? ».
Le temps, cependant, a fait son œuvre, et Nathalie a peu à peu trouvé le chemin de la guérison. Comédienne chevronnée, avec plus de trente ans d’expérience sur les planches, elle s’est ouverte à d’autres formes d’expressions artistiques, notamment la performance.
C’est ainsi que, dans le cadre de la 15e édition de Dak’Art, Nathalie a présenté le projet « Mutikkap Patate » au Raw Material Company, situé au Point E. À travers cette œuvre, elle a partagé son histoire et les résonances de son parcours. Grâce au théâtre, qui favorise la rencontre et l’introspection, ainsi qu’à la psychanalyse et à d’autres démarches de compréhension de soi, Nathalie a entrepris un travail de réconciliation intérieure. Elle a refusé de couper les liens avec sa famille, qu’elle soit paternelle ou maternelle, malgré le lourd héritage familial et colonial.
Son retour en Afrique, en tant qu’Afrodescendante, a également joué un rôle clé dans ce processus de guérison. Bien que son père n’ait peut-être jamais eu de connexion avec ce continent, Nathalie y a trouvé un sens profond et apaisant. Après quatre ans passés au Kenya, elle vit depuis dix ans au Sénégal, où elle semble avoir trouvé un équilibre.
Son histoire reflète celle de milliers, voire de millions de métisses confrontés aux questions identitaires, au racisme et aux séquelles d’un passé colonial pesant. En définitive, malgré les avancées de la civilisation, l’humanité persiste à nourrir des comportements teintés d’obscurantisme, d’intolérance et d’inhumanité.