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22 avril 2025
Société
BELLI DIALLO, VILLAGE DE LA RÉSILIENCE
Sinistré par la crue, ce village dans la région de Matam, incarne la résistance face à l'adversité. Relogés dans un site de fortune, ses habitants, entre espoir et précarité, s'efforcent de reconstruire leur quotidien
Le village de Belli Diallo, dans la région de Matam (nord), comme toutes les localités sinistrées de la crue du fleuve Sénégal, est un symbole de résilience. Ses habitants, relogés sur un site de recasement, tentent de retrouver une vie normale, avec l’espoir de retourner bientôt dans leurs maisons envahies par les eaux.
Situé à environ trois kilomètres de la commune de Matam, Belli Diallo ressemble toujours à un village fantôme. Et pour cause, en octobre dernier, la crue du fleuve Sénégal avait contraint ses habitants à quitter leurs habitats gagnés par la montée des eaux du fleuve Sénégal.
Trois mois plus tard, le décor n’a pas encore changé. Des vestiges de maisons détruites par la furie des eaux accueille le visiteur. Certaines éventrés, d’autres dépourvues de toit, d’autres encore totalement rasées.
Leurs anciens occupants vivent désormais de l’autre côté du village, sur la route menant vers les champs du Walo, sur les terres réservées à la culture de décrue. Ici, vingt-quatre familles vivent dans des conditions précaires, dans des cases qui ne protègent ni de la poussière, ni du vent, ni du froid.
»Depuis que les eaux ont envahi notre village, nous habitons ici, dans cet espace, avec nos familles. C’est ici que nous faisons tout. Nos habitations n’ont pas résisté », confie Mamadou Sy, un bûcheron qui essaie de retrouver tant bien que mal une vie normale.
Non loin de ce qui lui sert aujourd’hui de maison, il a timidement recommencé son travail. »Cela ne ressemble en rien avec notre maison en banco, où j’ai passé presque toute sa vie », dit Mamadou, multipliant les coups de hache appuyés contre de grosses branches de bois mort. Son fils de trois ans, lui, n’a que la conscience de son âge, est occupé à jouer à côté de la case. Un abri fait de bric et de broc : de paille, de bois, de morceaux de tissus, de toile et de nattes.
Mamadou Sy vit désormais, ici, avec sa petite famille. En attendant le retrait des eaux et la reconstruction de son ancienne maison, il s’agit d’un moindre mal.
Durant les premiers jours de la crue du fleuve, les maisons étaient littéralement envahies par les eaux et s’étaient totalement vidées de leurs occupants devenus des sans-abris en l’espace de quelques heures.
La famille de Mamadou Sy et les vingt-trois autres du village de Belli Diallo a été contraintes d’aménager des cases de fortune. Posté devant sa case de fortune, il symbolise toute la résilience des habitants de Belli Diallo. La plupart continue de vaquer à leurs occupations comme si de rien n’était, en attendant des lendemains meilleurs.
Une vie de village est en train de se créer. A côté de chaque case, des ustensiles de cuisine sont posés à même le sol ou accrochés. Des motos et charrettes, des sacs de ciment couverts par des bâches ajoutent un charme ordinaire à ce tableau familial.
Des promesses et un semblant de vie normale
A cette heure où presque toutes les femmes de ce site de recasement sont parties vendre du poisson au marché de Matam, une dame sort de sa case. Malgré sa petite taille, elle est obligée de se courber pour se retrouver dehors. Vêtue d’un boubou multicolore, le visage marqué par le froid qui sévit depuis quelques jours, Aminata Diallo désespère de voir perdurer la situation de précarité dans laquelle vivent les habitants de son village.
»Toutes les promesses qui nous avaient été faites ne sont toujours pas satisfaites. Depuis deux mois, nous vivons ici avec toutes nos familles », dit-elle. Le maire de Ogo, une commune voisine, avait promis de reconstruire tout le village de Belli Diallo, mais pour l’instant, rien de tel n’a été concrétisé, ajoute Aminata Diallo, aux yeux de qui le plus important est la reconstruction des anciennes habitations.
Mamadou Abdoulaye Camara, le chef du village, abonde dans le même sens. »La reconstruction de Belli Diallo est devenue urgente », au regard de la situation de précarité dans laquelle se trouvent ses habitants, lance-t-il.
Pour l’heure, les vingt-quatre familles installées sur le site de recasement essaient de retrouver leurs habitudes dans un nouveau cadre marqué par des scènes de la vie ordinaire. Les adultes poursuivent au quotidien leurs activités principalement axées sur la pêche, le commerce et l’agriculture de décrue.
Des groupes d’enfants, dans leur insouciance, continuent de courir partout et de sautiller, poussant des cris audibles à plusieurs mètres à la ronde. Une ambiance est joyeuse, signe que tout n’est pas perdu malgré les difficultés.
L’APIX AU CŒUR DE LA TRANSFORMATION ÉCONOMIQUE DU SÉNÉGAL
Dans un entretien exclusif accordé au magazine Forbes Afrique, Bakary Séga Bathily, directeur général de l'APIX, revient sur le rôle stratégique de l’agence dans le développement économique du Sénégal.
Dans un entretien exclusif accordé au magazine Forbes Afrique, Bakary Séga Bathily, directeur général de l’Agence pour la Promotion des Investissements et des Grands Travaux du Sénégal (APIX), revient sur le rôle stratégique de l’agence dans le développement économique du Sénégal. Nommé à la tête de l’APIX depuis le 13 mai 2024, ce spécialiste en management de projets, profondément ancré dans l’histoire de cette institution, détaille les axes prioritaires de l’Agenda national de transformation « Sénégal 2050 » et les réformes nécessaires pour dynamiser l’investissement direct étranger (IDE) et renforcer les partenariats stratégiques avec le secteur privé local.
Sous l’impulsion du Président Bassirou Diomaye Faye, le Sénégal a lancé le 14 octobre 2024 l’Agenda national de transformation « Sénégal 2050 ». Ce référentiel repose sur quatre axes stratégiques : Économie compétitive, capital humain de qualité et équité sociale, aménagement et développement durable, bonne gouvernance et engagement africain.
Ces piliers visent à faire du Sénégal un État souverain et prospère, en répondant aux grands défis du moment. Parmi eux figurent le développement d’un modèle économique endogène, la promotion de l’innovation technologique et la bonne gouvernance.
« APIX joue un rôle central dans la mise en œuvre de cet agenda, en formulant des réformes pour améliorer le cadre des affaires, accompagner le secteur privé local et attirer davantage d’investissements étrangers », explique Bakary Séga Bathily.
L’une des initiatives phares pilotées par l’APIX est la création des Zones Aménagées pour l’Investissement (ZAI). Ces zones visent à soutenir les petites entreprises agricoles, commerciales et industrielles en leur garantissant un accès au foncier sécurisé.
« Les ZAI seront des fers de lance pour une économie sénégalaise endogène et souveraine », précise M. Bathily. Ces zones, développées en partenariat avec l’Agence nationale de l’aménagement du territoire (ANAT), favoriseront la création d’emplois locaux et l’exploitation des potentialités économiques des différentes régions.
L’APIX met également l’accent sur des réformes clés pour dynamiser l’investissement. Parmi elles : La révision du code des investissements pour intégrer les orientations stratégiques de « Sénégal 2050 ». La mise à jour de la loi sur le contenu local afin de mieux encadrer les partenariats avec les entreprises nationales. L’opérationnalisation des partenariats public-privé (PPP) pour financer de grands projets. L’amélioration du code du travail pour attirer davantage d’investisseurs.
Ces réformes, combinées à des initiatives comme le Programme d’Amélioration de la Compétitivité des Territoires et des Entreprises (PACTE), offriront un cadre de dialogue renforcé entre l’État et le secteur privé.
APIX continue de jouer un rôle de premier plan dans les grands projets d’infrastructure du pays, notamment le Train Express Régional (TER) et les zones économiques spéciales (ZES).
En parallèle, une stratégie spécifique est en cours de finalisation pour promouvoir les opportunités dans le secteur des hydrocarbures, considéré comme un moteur de croissance à haute valeur ajoutée.
L’APIX travaille également à simplifier les démarches administratives pour les investisseurs dans le secteur agricole, tout en facilitant l’accès au foncier. Une plateforme de mise en relation entre entrepreneurs locaux et investisseurs étrangers est en cours de développement pour maximiser les opportunités de coentreprises.
Pour conclure, Bakary Séga Bathily invite les investisseurs à considérer le Sénégal comme une terre d’opportunités. « Fort de sa stabilité politique, de son engagement en faveur des réformes et de son infrastructure moderne, le Sénégal se positionne comme une destination incontournable pour des investissements à forte valeur ajoutée », affirme-t-il.
L’APIX, pilier de la transformation économique du pays, se tient prête à accompagner chaque projet, renforçant ainsi la trajectoire d’un Sénégal souverain, juste et prospère guidé par l’Agenda national de transformation « Sénégal 2050 ».
DIOMAYE FAYE, AFRICAIN DE L’ANNEE 2024 SELON ALM
En même temps que Bassirou Diomaye Faye nominé Africain de l’année, d’autres éminentes personnalités devraient se retrouver à Casablanca, capitale économique du Maroc, qui va abriter la cérémonie de remise des distinctions prévue les 27 et 28 février 2025
En même temps que Bassirou Diomaye Faye nominé Africain de l’année, d’autres éminentes personnalités devraient se retrouver à Casablanca, capitale économique du Maroc, qui va abriter la cérémonie de remise des distinctions prévue les 27 et 28 février 2025.
Le président du Sénégal, Bassirou Faye, a été désigné Africain de l’année 2024 par le magazine African Leadership (ALM), pour “son rôle de leader au service du progrès africain.” Cette distinction, annoncée dans un communiqué parvenu ce lundi à APA, résulte d’un processus de sélection rigoureux incluant nominations publiques, présélection par un comité éditorial, et un vote en ligne qui a mobilisé un nombre record de participants à travers le continent et au-delà.
Le président Bassirou Faye partage cette reconnaissance avec d’autres figures d’envergure telles que le président malgache Andry Rajoelina, sacré Leader politique africain de l’année, et João Lourenço, président de l’Angola, désigné Leader africain de la paix et de la sécurité.
Dans sa déclaration, le Dr Ken Giami, éditeur en chef d’African Leadership, a salué les contributions exceptionnelles des lauréats, qualifiant leur leadership de « force positive sur le continent« .
« Chaque nominé est un gagnant, mais ces lauréats se sont démarqués par leur engagement indéfectible à faire progresser l’Afrique. Nous sommes fiers de célébrer leur impact« , a-t-il déclaré.
Pour Bassirou Faye, cette reconnaissance vient confirmer sa vision et ses efforts pour propulser le Sénégal comme un modèle de développement et d’intégration régionale.
Le président sénégalais a récemment renforcé son positionnement sur les questions d’autonomisation économique et de sécurité alimentaire, des domaines salués par le magazine comme étant cruciaux pour le progrès du continent.
Les distinctions seront officiellement remises lors de la 14ᵉ édition annuelle de la cérémonie des Personnalités de l’année (POTY) d’African Leadership, prévue les 27 et 28 février 2025 à Casablanca, au Maroc.
L’événement, qui rassemble chaque année des leaders du secteur public et privé, sera marqué par des tables rondes de haut niveau, des présentations sur les opportunités d’investissement, et des sessions de réseautage.
Avec plus de 400 participants attendus, cette rencontre s’impose comme une plateforme unique pour célébrer un leadership panafricain axé sur les solutions aux défis majeurs du continent.
Un palmarès prestigieux
Outre Bassirou Faye, d’autres figures africaines ont été honorées dans différentes catégories :
Robinah Nabbanja, Première ministre ougandaise, co-lauréate dans la catégorie Femme leader africaine de l’année.
Mandefro Nigussie, PDG de l’Agence de transformation agricole d’Éthiopie, reconnu comme Leader en développement agricole.
Bridgette Motsepe-Radebe, entrepreneuse sud-africaine, sacrée Industrielle de l’année.
LES DEFIS LIES A L’EAU ET L’ASSAINISSEMENT TRANSCENDENT LES FRONTIERES NATIONALES
La vision Sénégal 2050 reconnait que les défis liés à l’eau et l’Assainissement ‘’transcendent les frontières nationales’’, a déclaré lundi à Sangalkam, Cheikh Tidiane Dièye, ministre de l’Hydraulique et de l’Assainissement.
La vision Sénégal 2050 reconnait que les défis liés à l’eau et l’Assainissement ‘’transcendent les frontières nationales’’, a déclaré lundi à Sangalkam, Cheikh Tidiane Dièye, ministre de l’Hydraulique et de l’Assainissement.
‘’En effet, la Vision Sénégal 2050 reconnaît que nos défis, notamment ceux liés à l’eau et à l’assainissement, transcendent les frontières nationales’’, a-t-il indiqué lors de la cérémonie de clôture d’un atelier de l’Alliance d’Afrique Francophone pour l’eau et l’Assainissement (AAFEA), axée sur les droits humains d’accès à l’eau et à l’assainissement en Afrique de l’Ouest et du Centre.
Neuf organisations de la société civile d’Afrique de l’Ouest et du Centre, regroupées au sein de l’AAFEA, se sont réunis du 11 au 16 décembre 2024, au Lac Rose, dans le département de Rufisque, pour échanger sur la problématique de l’effectivité des droits humains à l’eau et à l’assainissement, notamment en Afrique subsaharienne
Cet atelier illustre ‘’parfaitement’’ la capacité collective de cette alliance et des Etats membres à travailler ensemble pour atteindre les objectifs communs, notamment ceux des ODD (Objectifs de développement durable), a-t-il indiqué.
Il a souligné que notre engagement est la meilleure garantie de notre capacité à impacter positivement nos communautés, surtout si nous réfléchissons et agissons ensemble. »Votre engagement collectif renforce notre foi en une Afrique solidaire et unie, capable de construire son avenir sur la base de la coopération et du partage’’, a lancé Cheikh Tidiane Dièye.
Dans une déclaration lue à la fin des travaux de l’atelier, les collectifs de l’AAFEA ont rappelé que ‘’les Organisations de la Société Civile (OSC) jouent un rôle essentiel non seulement pour garantir la reconnaissance effective du droit à l’eau et à l’assainissement en tant que droits humains fondamentaux par les États (sur le plan politique et juridique à l’échelle nationale), mais aussi s’assurer de la concrétisation de ces droits au niveau national et local’’.
Ces collectifs membres de l’AAFEA ont formulé plusieurs messages à l’endroit des décideurs pour rendre effectifs les droits humains à l’eau et à l’assainissement.
L’AAFEA rassemble les collectifs de la société civile du secteur Eau et Assainissement de 10 pays d’Afrique de l’Ouest et du Centre (Bénin, Burkina Faso, Cameroun, Guinée, Mali, Mauritanie, Niger, Sénégal, Tchad et Togo). Elle œuvre pour que les droits humains à l’eau et à l’assainissement soient une réalité universelle, notamment en Afrique francophone
L’INTERNET DOIT AVOIR UN IMPACT POSITIF POUR L’HUMANITE
Le numérique doit être un service universel avec un impact positif pour le changement de l’humanité, a plaidé, lundi, la coordonnatrice du Fonds pour le développement du service universel des télécommunications au Sénégal (FDSUT), Ndèye Fatou Blondin Diop
Le numérique doit être un service universel avec un impact positif pour le changement de l’humanité, a plaidé, lundi, la coordonnatrice du Fonds pour le développement du service universel des télécommunications au Sénégal (FDSUT), Ndèye Fatou Blondin Diop.
« Aujourd’hui, tout le monde se soucie [de voir] l’introduction de l’Internet dans la vie de tous les jours [induire] un changement positif pour l’humanité. Cela interroge la collecte de données, la confidentialité, l’éthique des données », a-t-elle déclaré.
Cette question concerne aussi « la réduction des écarts et des inégalités de genre », le développement durable, mais aussi les écarts entre le monde rural et celui urbain, le Nord et le Sud, a-t-elle ajouté dans un entretien avec l’envoyée spéciale de l’APS à la 19ᵉ réunion annuelle du Forum sur la gouvernance de l’Internet (IGF, en anglais).
« Construire notre avenir numérique multipartite » est le thème de cette rencontre, qui se tient à Riyad, la capitale saoudienne.
Selon Ndèye Fatou Blondin Diop, le numérique doit être « un service universel avec un impact positif pour le changement de l’humanité ».
Mais « que ce soit l’inclusion numérique ou la connectivité, on change de paradigmes dans le monde et l’on rapporte des nouveaux qui ne sont pas sans risques », a-t-elle.
D’où la nécessité de s’interroger « sur les besoins des populations, notamment une meilleure santé, une gouvernance locale digitalisée, un accès à l’administration », entre autres problématiques.
Tout cela « nécessite l’inclusion, la formation, la confidentialité », afin que les gens mesurent qu’Internet est un « outil formidable, mais qu’il faut utiliser avec précaution » pour qu’il ait un effet positif, a fait observer la coordonnatrice du Fonds pour le développement du service universel des télécommunications au Sénégal.
Avec trois opérateurs, une couverture de l’essentiel des grandes villes et une opérabilité entre les différents services, « le Sénégal enregistre de grandes avancées » dans ce domaine.
« Néanmoins, nous devons travailler les tarifs, les qualités de services, mais aussi l’inclusion numérique à travers le service universel. Nous avons encore du chemin à faire, car c’est un secteur pourvoyeur d’emplois », a-t-elle relevé.
La question principale, c’est d’arriver à faire en sorte que les jeunes, « avec leur génie et leurs capacités, puissent utiliser ces outils », a insisté Ndèye Fatou Blondin Diop. L’État doit donner à ces jeunes les moyens leur permettant d’avoir accès au marché l’emploi et de disposer d’un carnet de commandes en tant qu’entrepreneurs, a ajouté Mme Diop.
« C’est là où le Sénégal a des challenges. Le président de la République, à travers ses déplacements à l’étranger, met cela en avant comme préoccupation, dans le but de construire un Sénégal digitalisé dans une ère de modernisation. Nous sommes prêts pour aller vers cet agenda 2050 », a poursuivi Ndèye Fatou Blondin Diop.
Elle est revenue sur les missions du Fonds pour le développement du service universel des télécommunications, notamment en ce qui concerne la gestion des zones appelées « grises » où les opérateurs ne vont pas, car n’ayant pas un retour sur investissements à court terme.
Elle a rappelé que cela a conduit l’État du Sénégal à constituer un Fonds alimenté par une contribution des opérateurs, une partie étant destinée à subventionner l’arrivée de la connectivité dans les zones rurales.
« En plus, il y a tout ce que l’on appelle l’inclusion numérique, notamment les services aux établissements publics, l’administration locale, aux structures de santé. Tout cela est inclus dans l’inclusion numérique, en plus de la réduction de la pauvreté avec les femmes, le monde rural », a signalé Mme Diop.
Le Fonds pour le développement du service universel des télécommunications a également pour mission de nouer des partenariats validés par l’État, a-t-elle précisé, évoquant à ce sujet la collaboration avec la Banque mondiale ou d’autres institutions ou Fonds qui aident « à accélérer ce processus de connectivité du territoire », afin que « dès 2025, certaines localités soient couvertes » par le réseau Internet.
« C’est la raison de notre présence à ce Forum sur la gouvernance de l’Internet (IGF), a expliqué Ndèye Fatou Blondin Diop.
UNE MÉMOIRE NATIONALE EN DANGER
Depuis leur création en 1913, les Archives nationales n'ont jamais bénéficié d'infrastructures à la hauteur de leur mission de préservation. Le cas des documents relatifs au massacre de Thiaroye, dont on commémore les 80 ans, illustre l'urgence d'agir
Entre manque d’infrastructures et documents en souffrance, le patrimoine historique du Sénégal risque de disparaître.
À l’occasion de la commémoration du massacre de Thiaroye de 1944, un panel organisé au Musée des Civilisations noires a mis en lumière un sujet préoccupant : l’état critique des archives au Sénégal. Ces révélations, portées par M. Makhone Touré, directeur des Archives nationales du Sénégal, soulignent un manque criant d’infrastructures et des documents essentiels en souffrance depuis des décennies. Ce constat alarmant s'inscrit dans un contexte où la mémoire nationale risque de s’effacer si des mesures urgentes ne sont pas prises.
Un patrimoine sous la menace
Depuis leur création en 1913, les Archives nationales du Sénégal peinent à disposer de locaux adaptés. De leurs premières installations dans les caves de Fann au sous-sol du Building administratif jusqu'à leur relocalisation en 2014 pour cause de réfection du Building, au Central Park, situé sur l’avenue Malick Sy, les conditions de stockage restent inadéquates pour assurer la préservation à long terme des documents. Cette situation expose les archives à des risques multiples : humidité, parasites, catastrophes naturelles, et parfois même des destructions délibérées. À cela s’ajoute une dispersion des fonds et des locaux saturés depuis plus de quatre décennies, entravant la réception des archives contemporaines.
Des tresors historiques inaccessibles
Les fonds d’archives sénégalaises comprennent des documents inestimables tels que ceux du Sénégal colonial, de l’Afrique-Occidentale française (AOF) et des documents numériques transmis par la France. Parmi ces trésors, des informations essentielles sur le massacre de Thiaroye en 1944, les tirailleurs sénégalais et d'autres pans majeurs de l'histoire du pays. Cependant, leur exploitation reste limitée, non seulement à cause des infrastructures défaillantes, mais aussi par manque de financement et de stratégie globale de conservation.
Une transmission en péril
L’absence de collecte systématique des archives orales et des fonds privés aggrave encore la situation. Ces archives, qui témoignent de la richesse culturelle et historique du pays, restent largement inexploitées. Selon les experts présents au panel, la postérité pourrait se retrouver dépourvue de tout héritage si des actions concrètes ne sont pas rapidement mises en œuvre.
La maison des archives : une solution urgente
La création d’une « Maison des Archives » est évoquée comme une solution majeure pour pallier ces défis. Ce projet, bien qu’ambitieux, constitue une nécessité pour centraliser, protéger et valoriser les archives nationales. Sans cela, toute politique nationale en matière d’archives est vouée à l’échec, quelle que soit la richesse des fonds ou la compétence des archivistes. Les archives sénégalaises, véritables gardiennes de la mémoire nationale, traversent une crise profonde. Elles sont essentielles non seulement pour la recherche historique, mais aussi pour garantir les droits des citoyens et assurer une gouvernance transparente. Le massacre de Thiaroye, commémoré 80 ans après, illustre la fragilité de notre mémoire collective face à l'oubli. Il est impératif de réagir maintenant pour que ce patrimoine unique ne tombe pas dans l’oubli.
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IL S’EST RESSENTI UN BESOIN D’ADAPTATION AUX CONTEXTES CULTURELS VARIES DE LA PART DE NOS CONCEPTEURS LOCAUX
«Le milieu détermine l’individu», dit-on. Les jouets et jeux déterminent également l’individu …de demain. C’est ce qu’explique Dr Tatiana Mbengue, sociologue-chercheure à l’Université Gaston Berger de Saint-Louis.
«Le milieu détermine l’individu», dit-on. Les jouets et jeux déterminent également l’individu …de demain. Ils participent à la construction de l’enfant car ils jouent sur la perception identitaire. C’est ce qu’explique Dr Tatiana Mbengue, sociologue-chercheure à l’Université Gaston Berger de Saint-Louis.
Entretien
-Quel impact peut avoir les jouets dans la construction sociale de l’enfant ?
Au cours de la socialisation primaire, l’enfant acquiert un rôle social en vue d’intégrer la société face aux attentes de cette dernière et de devenir pleinement un acteur social. Ce processus d’intériorisation des normes et valeurs devant permettre à l’enfant de vivre en société et de créer des liens sociaux au risque de passer pour un marginal, se fait par le biais de trois canaux : l’injonction, l’imitation (des adultes y compris les parents, des amis), et l’interaction. Et pour multiplier et diversifier les interactions sociales, l’enfant peut se servir des jouets/ jeux pour construire son identité. Ainsi, le jouet participe pleinement de cette socialisation. Quel que soit le milieu social, les jouets jouent un rôle important dans le développement social de l’enfant et ce, dès les premiers âges.
Pour vous donner un exemple, à l’aide des jeux de société, l’enfant apprend à gérer les conflits, à respecter les règles, à faire preuve de patience dans l’attente de son tour, à se familiariser avec l’empathie, la collaboration, la créativité, et à gérer sa frustration en cas de défaite etc. ; des valeurs indispensables devant permettre à l’enfant de se maintenir dans son groupe social d’appartenance. En somme, les jouets comme outils de socialisation, aident l’enfant à développer ses compétences sociales.
Aussi, les jeux de l’enfance peuvent avoir une influence sur la vie d’adulte. Dans le jeu, il se donne à voir, le métier que l’enfant pourrait embrasser plus tard. A titre d’illustration, certains enfants qui aimaient jouer à la maitresse ou au soignant le sont devenus à l’âge adulte faisant ainsi intervenir la loi de l’imitation de TARDE rappelant ainsi que les expériences dans le jeu sont des apprentissages de la vie d’adulte. Ceci démontre la pertinence de la confection de jouets liés au métier. Les jouets respectent également la logique de la socialisation différenciée entre le garçon et la fille.
Pouvons-nous donc dire que le choix du jouet/ jeu est important ?
L’impact n’est pas toujours positif sur le développement de l’enfant si la vigilance des adultes n’est pas de mise. Voir l’enfant jouer continuellement seul n’est pas sans danger, car il lui faut nécessairement une interaction avec les autres quand bien même certains jeux peuvent se jouer seul. Un autre danger à ne pas occulter reste le type de jouets qui est mis à sa disposition contribuant à la banalisation de la violence chez l’enfant. Sous un autre registre, d’aucuns estiment que les jouets reconduisent ainsi les stéréotypes de genre, qui pourraient conduire à la reproduction de certaines inégalités sociales. Il s’agira donc d’opérer un choix éclairé lors de son acquisition. L’utilité sociale du jouet est qu’il participe de l’assimilation des règles de vie en société car le jeu est pleinement une activité sociale du fait des interactions notées au cours de son déroulement.
Cette utilité sociale a justement fait naitre chez des entrepreneures un désir de transmission. Quelle appréciation sociologique faites-vous de cela ?
Il s’agit d’un processus de déconstruction-reconstruction qui est enclenché. Parce que le jouet est loin d’être un objet neutre, il s’est ressenti un besoin d’adaptation aux contextes culturels variés de la part de nos concepteurs locaux. Au-delà du divertissement, il y a toute une charge symbolique. Prenons le cas des poupées, nous pouvons mettre en lumière le phénomène des « black dolls » ou poupées noires habillées en pagne wax, aux cheveux crépus, qui diffèrent des « babies noires » qui n’ont de noire que la couleur de peau. Pour une fillette noire, jouer avec une « poupée blanche » ou « domu tubab » ne collerait pas avec la construction qu’elle pourrait opérer à travers un processus d’identification à cet objet qui ne lui ressemble pas. L’objectif affiché par ces concepteurs est de valoriser l’estime de soi chez la fille africaine, l’acquisition d’un esprit d’ouverture des autres enfants non noirs, conduisant au respect de la différence et à l’intégration de la diversité. Poussés par ce vent de promotion de l’acceptation de l’autre et l’intégration de tous dans la société, certains sont même allés jusqu’à concevoir des poupées albinos.
Par conséquent, la démarche de reconstruction, passerait par la mise en valeur auprès des petites filles de la multiplicité de la beauté pour espérer s’affranchir des codes esthétiques venus d’ailleurs et tendre vers un changement progressif dans les standards de beauté. C’est un pari qui n’est pas encore gagné du fait du pouvoir grandissant des réseaux sociaux.
Concernant les jeux de société, au soubassement de ces pratiques commerciales à travers l’émergence de ces jeux de société africains ; où on apprend, on se divertit, on réfléchit par exemple en wolof et en français, subsiste aussi la transmission de valeurs. Celle-ci devrait permettre à l’enfant de retrouver son identité culturelle et linguistique principalement pour les enfants issus de la diaspora afin de ne pas leur faire oublier leurs racines, ou alors, pour les autres enfants, maintenir leur identité intacte. Ces pratiques commerciales à travers l’émergence de ces jeux de société africains devraient permettre à l’enfant de retrouver son identité culturelle et linguistique principalement pour les enfants issus de la diaspora afin de ne pas leur faire oublier leurs racines, ou alors, pour les autres enfants, maintenir leur identité intacte. Leurs concepteurs sont pleinement conscients de l’existence d’interactions fortes entre l’enfant et l’objet que constitue le jouet. On en revient toujours à la lancinante question de la transmission des valeurs telles que le respect des différences, la tolérance grâce à l’outil de socialisation qu’est le jouet. Le principe de l’identification et de l’appropriation, de l’acceptation de soi et de l’autre seraient au cœur de ces initiatives que leurs auteurs considèreraient au final comme une contribution ludique au vivre-ensemble.
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JEUX ET JOUETS DE CHEZ NOUS : QUAND LES ENTREPRENEURES JOUENT DANS LA COUR DES GRANDS
L’industrie du jouet et des jeux a longtemps été dominée par Mattel- Les Sénégalais changent les règles du jeu en proposant des articles qui nous ressemblent.
L’industrie du jouet et des jeux a longtemps été dominée par Mattel, une entreprise américaine connue pour son célèbre jeu Scrabble Mattel ou encore ses poupées Barbie et Ken. Mais, depuis quelques années, ça ne joue plus ! Les Sénégalais changent les règles du jeu en proposant des articles qui nous ressemblent.
Marième Pouye a grandi en jouant avec des poupées barbies, cadeaux de sa mère. Ces figurines habillées en roses, aux yeux bleus et aux cheveux lisses ont longtemps tenu compagnie la jeune femme. Elle s’amusait à les coiffer et à les habiller à sa guise en compagnie de ses amies. Ces «Domu toubab» (poupées de blancs) ont pris une place de choix dans la vie de la jouvencelle. «Je voulais les ressembler. Mais avec le temps, je me suis rendue compte que cela n’était pas possible », témoigne l’enseignante remontant dans ses souvenirs. Aujourd’hui, elle a dépassé l’âge de jouer à la poupée. Mais la maman d’une petite fille veut changer les règles du jeu. Pour Marieme Pouye, il est important que son enfant joue avec des jouets qui reflètent notre réalité. «Je lui ai acheté des dinettes avec de petites marmites, des fourneaux afin qu’elle se familiarise le plus avec sa culture », affirme-t-elle.
«Les jeux de chez nous sont absolument nécessaires pour leur développement», soutient Awa Seck, designer. La maman de deux enfants initie ses enfants au wure, jeu de stratégie composé d’un long plateau de bois de 2 rangées de 6 trous avec de petites billes en guise de pions. Une façon pour elle de mieux faire connaitre ce jeu bien de chez nous.
Fatoumata Kane et Awa Diop sont également mères de famille. A travers la toile et le bouche à oreille, elles ont connu Alyfa, une boutique sénégalaise de jouets. Entrepreneure dans le domaine de l’enfance et maman d’une fille, Awa Diop reconnait qu’il est important que sa fille connaisse sa culture et d’où elle vient. «Ces jouets stimulent sa créativité, sa confiance en soi en plus de lui apprendre sa culture», affirme-t-elle. Fatoumata Kane est également du même avis. La maman de trois enfants affirme qu’il est important pour ses bambins de mieux connaitre leur pays à travers les puzzles, poupées et cartes géographiques.
Les mamans «superwoman» des jeux et des jouets
Alyfa toys est le cadre idéal pour retomber en enfance. La boutique de jouets située à la Cité Biagui sur la route de l’aéroport est propice pour réveiller l’âme d’enfant des plus sceptiques. D’entrée de jeu. La panoplie de jeux disposés sur des étagères attire l’attention. Le visiteur est plongé dans un autre univers où se mêle innocence et insouciance. Sur des étagères sont soigneusement rangés des livres pour enfant revenant sur l’histoire du Sénégal, des jeux de société, des cars rapides en miniature, des figurines de lutteurs, des puzzles ‘ndoumbelane’… Trois étagères plus loin, c’est le coin « girly» avec des poupées aux coiffures afro et aux tenues inspirées des tissus africains et des dinettes africaines. Les autres étagères sont remplies de têtes à coiffer avec des peignes, chouchous….
Alyfa Toys offre ainsi une panoplie de jouets de chez nous depuis 2015 avec des prix variant entre 5.000FCfa et 25.000FCfa. «J’ai mûri l’idée en 2013 en pleine grossesse. Je voulais absolument des jouets représentatifs de son environnement», a fait savoir Racky Daffé. C’est de là qu’est née Alyfa Toys. L’entrepreneure commence avec la confection de figurines de lutteurs sénégalais. «Je voudrais vraiment que l’enfant puisse avoir un outil où il peut se voir et le jeu est le meilleur moyen de faire passer des messages », soutient la mère de deux enfants. Cette dernière travaille entre le Sénégal et l’étranger pour tout ce qui est fabrication.
L’histoire de Ndèye Awa Gaye est semblable à quelques différences près à celle de Racky Daffé. « La marque l’abeille rose est née deux ans après la naissance de ma fille. J’ai été inspirée par le besoin de créer des jouets représentant la diversité pour les enfants », informe Ndèye Awa Gaye.
L’entrepreneure explique que ce projet est aussi né de sa propre expérience en tant que maman confrontée au manque de jouets reflétant la diversité ethnique et culturelle. « Le jouet est bien plus qu’un simple divertissement. C’est un outil d’apprentissage qui peut permettre à façonner la perception de soi et les standards de beauté de nos enfants », soutient-elle. Malgré cette « lutte sans merci pour la diversité », l’entrepreneure se heurte à de nombreux défis. A l’en croire, la plus grande difficulté est de trouver des fabricants locaux capables de produire les jouets selon nos spécifications. La marque propose des imagiers Wolof/Français et des poupées noires pour plus de diversité.
Les poupées, ces reflets identitaires
La célèbre poupée «Barbie», apparue dans les années 60, a connu un succès fulgurant et continue de faire parler d’elle d’années en années. La preuve, le film éponyme, réalisé par Greta Gerwing, sorti en juillet 2023, a battu tous les records. Après seulement 17 jours en salle, il a atteint la barre du milliard de dollars de recettes au box-office mondial. Le Sénégal n’en est pas encore là. Mais les entrepreneurs ont décidé d’entrer dans le jeu.
Un enfant noir assis à une table est face à quatre poupées. Deux de ces figurines ont la peau brune et les cheveux noirs, tandis que les deux autres sont blanches aux cheveux blonds. Le psychologue pose alors une série de questions à l’enfant, chacune visant à comprendre ses préférences et perceptions. Une majorité d’entre eux choisissent les poupées blanches. 67 % préfèrent jouer avec la poupée blanche, 59 % la trouvent «sympa », tandis que seulement 17 % pensent que la poupée blanche avait mauvaise mine. À l’inverse, 59 % des enfants qualifient la poupée brune de «moche». Ce sont là les résultats du «test des poupées» du couple de psychologues noirs, Mamie et Kenneth Clark réalisé en 1954 pour combattre les préjugés raciaux chez les enfants. Cela suffit pour faire tilt chez Rokhaya Diop, fondatrice de la marque Urbidolls.
« Le nom est la contraction de ‘Urbi (princesse en égyptien) et dolls (poupées en anglais). Les Urbidolls sont des poupées noires et métisses avec des cheveux aux textures variées », a expliqué Rokhaya Diop. Ses poupées ont la particularité d’avoir des couleurs de peau différentes, des textures de cheveux variées comprenant des boucles, des frisettes et des cheveux crépus. Elles sont vêtues de manière très tendance, avec des tenues en wax, en bogolan, en bazin, etc. Une manière pour l’entrepreneur basée en France «d’apporter plus de diversité dans le monde des jouets ».
Une poupée habillée en grand boubou jaune avec un ‘moussor ‘ bien attaché, une poupée habillée en wax tenant une calebasse ou encore portant son enfant sur le dos sont, entre autres, les articles signatures de Fabinta Lo. La fondatrice de ‘Keurdomusagar ‘ou la maison des poupées africaines veut également jouer sa partition. Professeur d’espagnol à la retraite, elle s’est reconvertie en fabricante de poupées africaines noires en chiffons. Ces poupées de chiffons aux grands yeux sont le résultat d’un savoir-faire appris en Italie en 2006. De retour au bercail, Fabinta Lo crée cet univers axé sur les poupées avec des thèmes qui renvoient à la culture sénégalaise. Elles sont destinées aux petites filles et surtout leur rapport avec leur identité. Du ‘domu tubab’ (poupées de blancs) ou du ‘domu sagar’ (poupée en chiffons), faites vos jeux !
«Ndatte Yalla» ou encore «Aline Sitoe » sont les noms attribués à ces poupées. Elles sont livrées avec des fiches explicatives. Les prix varient selon les tailles. Les grandes qui mesurent un mètre peuvent coûter 75.000FCfa .Les poupées déco de presque 50 cm coutent 15.000FCfa et les jouets sans le fil de fer entre 12.500 et 15000FCfa. «Notre objectif est d’inculquer à nos enfants la bravoure, l’abnégation que l’on retrouvait chez ces vaillantes femmes et aussi l’estime de soi», a fait savoir Fabinta Lo tout en soulignant le rôle des parents dans ce sens. «Ils ont leur rôle à jouer dans la construction identitaire des enfants car tout commence à ce stade. Il est important que les enfants se retrouvent dans ces poupées», estime-t-elle.
«Je pense que tout commence quand on est jeune et l’univers des jouets a aussitôt fait tilt. Car le manque de diversité est flagrant», regrette à son tour Rokhaya Diop. Cette maman de deux enfants soutient qu’il est important que les enfants noirs s’identifient lorsqu’ils lisent des livres, qu’ils jouent ou regardent la télévision. « La représentation est d’une grande importance car elle façonne notre identité et notre futur», relève la fondatrice de Urbidolls. La marque crée en 2018 est destinée aux enfants de 3 ans et plus. « La beauté de mes poupées joue un rôle important dans le développement de l’estime de soi des enfants», dit-elle d’un tantinet fière. L’entrepreneure ajoute qu’il est primordial que les enfants se persuadent qu’ils ont la capacité de devenir ce qu’ils souhaitent! Astronaute, médecin, ingénieur et pour cela ils sont besoin de rêver.
Urbidolls est «un moule exclusif » et réalisé par la fondatrice. Le dessin du visage, sa sculpture et sa fabrication ont été effectuées en Espagne. Cependant la marque de jouets collabore avec un atelier à Dakar pour la création des vêtements.
« Nous avons pour objectif de poursuivre le développement en Afrique, tandis qu’en Europe, nous nous efforçons de faire en sorte que nos poupées soient implantées dans tous les pays », ambitionne Rokhaya Diop. Une manière de montrer que les Sénégalais ont également leur rôle à jouer dans ce rendez-vous du donner et du recevoir.
Waalo, le premier jeu de société inspiré de notre histoire
Waalo est le tout premier jeu de société édité sous la marque «Les jeux du Sénégal ».Conçu par Yambaye Marieme Seck, c’est un jeu asymétrique dans lequel chaque joueur a une mission qui lui est propre. Le premier à accomplir sa mission remporte la partie! Tous les coups (ou presque) sont permis : attaquer, acheter, vendre, troquer, négocier, trahir, bluffer etc. Il est composé de cartes, de dés et de jetons. « Waalo est un jeu de société qui revisite l’esclavage et les péripéties des débuts de la traite négrière », a fait savoir Yambaye Marieme Seck.
Diplômée de l’Institut Supérieur d’Interprétation et de Traduction (ISIT), Yambaye Marieme Seck choisit de rentrer au Sénégal en 2013 et de filialiser son entreprise de traduction, Linguaspirit, dont elle est la fondatrice et directrice. Passionnée des enfants et de lecture, elle fonde BD passion Dakar, une bibliothèque jeunesse. Elle conçoit également « Waalo » qui permet de « revisiter notre histoire et notre culture et est un excellent moyen de promouvoir notre patrimoine culturel sénégalais et de le faire découvrir » à travers les jeux du Sénégal. « Les Jeux du Sénégal, comme son nom l’indique édite des jeux 100 % sénégalais. Nous proposons une gamme de jeux éducatifs, ludiques et graphiques, une véritable alternative face aux jeux venus d’ailleurs », a fait savoir la fondatrice.
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Tatiana Mbengue, sociologue chercheure
« Il s’est ressenti un besoin d’adaptation aux contextes culturels variés de la part de nos concepteurs locaux »
«Le milieu détermine l’individu», dit-on. Les jouets et jeux déterminent également l’individu …de demain. Ils participent à la construction de l’enfant car ils jouent sur la perception identitaire. C’est ce qu’explique Dr Tatiana Mbengue, sociologue-chercheure à l’Université Gaston Berger de Saint-Louis.
-Quel impact peut avoir les jouets dans la construction sociale de l’enfant ?
Au cours de la socialisation primaire, l’enfant acquiert un rôle social en vue d’intégrer la société face aux attentes de cette dernière et de devenir pleinement un acteur social. Ce processus d’intériorisation des normes et valeurs devant permettre à l’enfant de vivre en société et de créer des liens sociaux au risque de passer pour un marginal, se fait par le biais de trois canaux : l’injonction, l’imitation (des adultes y compris les parents, des amis), et l’interaction. Et pour multiplier et diversifier les interactions sociales, l’enfant peut se servir des jouets/ jeux pour construire son identité. Ainsi, le jouet participe pleinement de cette socialisation. Quel que soit le milieu social, les jouets jouent un rôle important dans le développement social de l’enfant et ce, dès les premiers âges.
Pour vous donner un exemple, à l’aide des jeux de société, l’enfant apprend à gérer les conflits, à respecter les règles, à faire preuve de patience dans l’attente de son tour, à se familiariser avec l’empathie, la collaboration, la créativité, et à gérer sa frustration en cas de défaite etc. ; des valeurs indispensables devant permettre à l’enfant de se maintenir dans son groupe social d’appartenance. En somme, les jouets comme outils de socialisation, aident l’enfant à développer ses compétences sociales.
Aussi, les jeux de l’enfance peuvent avoir une influence sur la vie d’adulte. Dans le jeu, il se donne à voir, le métier que l’enfant pourrait embrasser plus tard. A titre d’illustration, certains enfants qui aimaient jouer à la maitresse ou au soignant le sont devenus à l’âge adulte faisant ainsi intervenir la loi de l’imitation de TARDE rappelant ainsi que les expériences dans le jeu sont des apprentissages de la vie d’adulte. Ceci démontre la pertinence de la confection de jouets liés au métier. Les jouets respectent également la logique de la socialisation différenciée entre le garçon et la fille.
Pouvons-nous donc dire que le choix du jouet/ jeu est important ?
L’impact n’est pas toujours positif sur le développement de l’enfant si la vigilance des adultes n’est pas de mise. Voir l’enfant jouer continuellement seul n’est pas sans danger, car il lui faut nécessairement une interaction avec les autres quand bien même certains jeux peuvent se jouer seul. Un autre danger à ne pas occulter reste le type de jouets qui est mis à sa disposition contribuant à la banalisation de la violence chez l’enfant. Sous un autre registre, d’aucuns estiment que les jouets reconduisent ainsi les stéréotypes de genre, qui pourraient conduire à la reproduction de certaines inégalités sociales. Il s’agira donc d’opérer un choix éclairé lors de son acquisition. L’utilité sociale du jouet est qu’il participe de l’assimilation des règles de vie en société car le jeu est pleinement une activité sociale du fait des interactions notées au cours de son déroulement.
Cette utilité sociale a justement fait naitre chez des entrepreneures un désir de transmission. Quelle appréciation sociologique faites-vous de cela ?
Il s’agit d’un processus de déconstruction-reconstruction qui est enclenché. Parce que le jouet est loin d’être un objet neutre, il s’est ressenti un besoin d’adaptation aux contextes culturels variés de la part de nos concepteurs locaux. Au-delà du divertissement, il y a toute une charge symbolique. Prenons le cas des poupées, nous pouvons mettre en lumière le phénomène des « black dolls » ou poupées noires habillées en pagne wax, aux cheveux crépus, qui diffèrent des « babies noires » qui n’ont de noire que la couleur de peau. Pour une fillette noire, jouer avec une « poupée blanche » ou « domu tubab » ne collerait pas avec la construction qu’elle pourrait opérer à travers un processus d’identification à cet objet qui ne lui ressemble pas. L’objectif affiché par ces concepteurs est de valoriser l’estime de soi chez la fille africaine, l’acquisition d’un esprit d’ouverture des autres enfants non noirs, conduisant au respect de la différence et à l’intégration de la diversité. Poussés par ce vent de promotion de l’acceptation de l’autre et l’intégration de tous dans la société, certains sont même allés jusqu’à concevoir des poupées albinos.
Par conséquent, la démarche de reconstruction, passerait par la mise en valeur auprès des petites filles de la multiplicité de la beauté pour espérer s’affranchir des codes esthétiques venus d’ailleurs et tendre vers un changement progressif dans les standards de beauté. C’est un pari qui n’est pas encore gagné du fait du pouvoir grandissant des réseaux sociaux.
Concernant les jeux de société, au soubassement de ces pratiques commerciales à travers l’émergence de ces jeux de société africains ; où on apprend, on se divertit, on réfléchit par exemple en wolof et en français, subsiste aussi la transmission de valeurs. Celle-ci devrait permettre à l’enfant de retrouver son identité culturelle et linguistique principalement pour les enfants issus de la diaspora afin de ne pas leur faire oublier leurs racines, ou alors, pour les autres enfants, maintenir leur identité intacte. Ces pratiques commerciales à travers l’émergence de ces jeux de société africains devraient permettre à l’enfant de retrouver son identité culturelle et linguistique principalement pour les enfants issus de la diaspora afin de ne pas leur faire oublier leurs racines, ou alors, pour les autres enfants, maintenir leur identité intacte. Leurs concepteurs sont pleinement conscients de l’existence d’interactions fortes entre l’enfant et l’objet que constitue le jouet. On en revient toujours à la lancinante question de la transmission des valeurs telles que le respect des différences, la tolérance grâce à l’outil de socialisation qu’est le jouet. Le principe de l’identification et de l’appropriation, de l’acceptation de soi et de l’autre seraient au cœur de ces initiatives que leurs auteurs considèreraient au final comme une contribution ludique au vivre-ensemble.
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LE SÉNÉGAL COURT APRÈS SES RÊVES
Au moment où l'Assemblée nationale examine le budget 2025, Ndongo Samba Sylla pointe du doigt l'absence criante de souveraineté monétaire. Une situation qui pourrait condamner le pays à rester spectateur de son propre développement
Le Sénégal nourrit des ambitions économiques généreuses à travers sa Vision 2050, mais se heurte à des contraintes financières majeures qui pourraient freiner ses projets. C'est ce qu'a expliqué lundi l'économiste Ndongo Samba Sylla sur la TFM, alors que s'ouvre le marathon budgétaire à l'Assemblée nationale pour l'adoption du budget 2025.
L'expert souligne que cette vision, bien qu'allant dans la bonne direction, est confrontée à une réalité implacable : le pays ne dispose pas des instruments nécessaires à son développement. "Il n'y a aucun exemple de développement économique à la périphérie sans que l'État n'assume un rôle de plus en plus grand", explique-t-il, citant les expériences historiques de la Grande-Bretagne, des États- Unis, du Japon et plus récemment de la Chine.
Le problème fondamental, selon l’économiste, réside dans l’absence de souveraineté monétaire. "Quand vous avez votre propre monnaie, vous n'avez pas de contrainte financière dans celle-ci", précise-t-il, ajoutant que "un État qui dit qu'il n'a pas d'argent est un État qui ne comprend pas comment faire fonctionner le système monétaire et financier".
Cette situation se reflète dans les chiffres alarmants de la dette publique. En 2025, le service de la dette atteint 2900 milliards de FCFA, soit les deux niveaux des recettes fiscales. Sur les cinq prochaines années, le pays devra débourser au minimum 11 000 milliards de FCFA pour honorer ses engagements financiers.
Pour Ndongo Samba Sylla, la domestication de l'économie voulue par l'État, bien qu'ambitieuse, risque de se heurter à ces contraintes structurelles. Sans les instruments fondamentaux du développement, notamment le contrôle du secteur monétaire et financier, la Vision 2050 pourrait rester un vœu pieux, malgré ses intentions louables.
LES AVOCATS SÉNÉGALAIS, SENTINELLES HISTORIQUES DE LA DÉMOCRATIE
Des pionniers comme Valdiodio Ndiaye aux ténors actuels El Hadji Diouf et Ciré Clédor Ly, le barreau transcende le simple cadre judiciaire. Face à une justice souvent instrumentalisée, ces "bulldozers" du droit demeurent un contre-pouvoir essentiel
(SenePlus) - La figure de l'avocat au Sénégal incarne une tradition démocratique unique en Afrique de l'Ouest. Dans les couloirs des tribunaux de Dakar, ils ne sont qu'environ quatre cents à porter la robe noire, majoritairement des hommes, mais leur influence sur la vie politique et institutionnelle du pays s'avère considérable depuis l'indépendance.
"Au Sénégal, le pouvoir utilise souvent la justice pour frapper ses opposants", explique Maître Moussa Sarr dans les colonnes du Monde, soulignant ainsi le rôle crucial des avocats comme "défenseurs de la démocratie". Cette position s'illustre particulièrement à travers des figures emblématiques comme Maîtres El Hadji Diouf et Ciré Clédor Ly, dont les plaidoiries retentissantes dépassent souvent les frontières nationales.
L'histoire de cette profession au Sénégal se confond avec celle de la République elle-même. Comme le rappelle Céline Sow, journaliste et documentariste, "plusieurs des premiers hauts fonctionnaires et dirigeants du pays portaient la robe". Le cas de Valdiodio Ndiaye, premier ministre de l'Intérieur du Sénégal indépendant, symbolise cette époque pionnière où les avocats sénégalais ont commencé à s'imposer dans un milieu alors dominé par les Français.
Cette tradition s'est perpétuée jusqu'à la présidence, avec Abdoulaye Wade (2000-2012), longtemps connu comme "Maître Wade" avant d'accéder à la magistrature suprême. Sa défense historique de Mamadou Dia en 1963, bien qu'infructueuse, avait déjà forgé sa réputation. Le quotidien français rapporte également la présence régulière d'avocats dans les gouvernements successifs, notamment sous la présidence de Macky Sall (2012-2024), avec des figures comme Aïssata Tall Sall, Sidiki Kaba, ou Omar Youm.
Le rayonnement des avocats sénégalais s'étend bien au-delà des frontières nationales. Maître El Hadji Diouf, qui se décrit lui-même comme un "bulldozer", et son "meilleur ami au barreau" Maître Clédor Ly, plaident régulièrement devant les tribunaux de la sous-région et la Cour de justice de la Cedeao. Leur influence s'explique, selon Amadou Sall, ancien ministre cité par Le Monde, par "la démocratie sénégalaise [qui] permet aux avocats d'adopter un ton libre et de revenir dans leur pays sans crainte".
Cette liberté de ton se transmet aux nouvelles générations, à l'image de Bamba Cissé, figure montante du barreau de Dakar, formé dans le cabinet de Clédor Ly. Elle s'accompagne d'une vigilance constante sur l'état des institutions, comme en témoigne la récente prise de position de Maître Clédor Ly contre "une justice expéditive", rapportée par Le Monde, alors même que son ancien client Ousmane Sonko occupe désormais le poste de Premier ministre.
Ainsi, le barreau sénégalais continue d'incarner un contre-pouvoir essentiel, perpétuant une tradition d'engagement pour l'État de droit qui remonte aux premières heures de l'indépendance.