SenePlus | La Une | l'actualité, sport, politique et plus au Sénégal
23 avril 2025
Société
LE TEMPS DE LA VÉRITÉ SUR THIAROYE 44
Plus de 130 députés français s'apprêtent à faire la lumière sur cet épisode, l'un des plus sombres de l'histoire coloniale française à travers la mise en place d'une commission d'enquête
Le Sénégal vient d’organiser avant-hier, dimanche 1er décembre 2024, une cérémonie grandiose marquant commémorationdu80eanniversairedumassacredesTirailleursSénégal, le 1er décembre 1944, par des Forces de l’Armée coloniale française au camp militaire de Thiaroye-Gare, pour l’histoire. Contre l’oubli, et pour la manifestation de la vérité, et la justice pour restaurer la mémoire et la dignité des anciens combattants, plus de 130 députés français ont pris l’initiative de lancer une commission d'enquête sur le massacre de Thiaroye 44.
S’achemine-t-on vers la levée « effective» de toutes les zones d’ombre pour l’éclatement de vérité sur le «massacre» des Tirailleurs Sénégalais, par des éléments de l’Armée et de la Gendarmerie coloniales françaises au camp militaire de Thiaroye-Gare, le 1er décembre 1944. Alors que, le Sénégal vient de commémorer le 80e anniversaire de ce drame, le dimanche 1er décembre 2024, «plus de 130 députés français vont lancer une commission d'enquête sur le massacre de Thiaroye 44», a annoncé Aurélien Taché, député de la 10e circonscription du Val d'Oise, dans un post sur ces réseaux sociaux. Cette initiative intervient quelques jours après que le président français, Emmanuel Macron, eut affirmé, le jeudi 28 novembre dernier, que «la France se doit de reconnaître» qu’il y a eu un «massacre» dans le camp militaire de Thiaroye, en périphérie de Dakar, le 1ᵉʳ décembre 1944, perpétré par des troupes coloniales françaises.
«Le 1er décembre 1944, plusieurs centaines de tirailleurs sénégalais y sont assassinés par l'Armée française, pour avoir réclamés le paiement de leur solde. Si Emmanuel Macron a enfin reconnu ce massacre, la vérité est loin d'être établie. Bassirou Diomaye Faye a d'ailleurs lancé "un appel à tous les acteurs étatiques et non étatiques, y compris français, à aider le Sénégal à établir la vérité". C'est précisément le sens de la commission d'enquête que nous lançons, à mon initiative et celle de ma collègue Colette Capdevielle, avec plus de 130 députés », lit-on dans un post sur les réseaux sociaux de Aurélien Taché, député de la 10e circonscription du Val d'Oise. La parlementaire française avait d’ailleurs pris part à Dakar, avec son collègue Aly Diouara, à la cérémonie de la commémoration du 80e anniversaire du massacre des Tirailleurs Sénégalais au camp militaire de Thiaroye, par l’Armée coloniale française, le 1er décembre 1944, pour avoir réclamé leur dû.
La France appelée à faire son travail d'introspection par rapport à ce crime colonial et enfin regarder son passé en face
Cet acte de mémoire a été présidé par le Président de la République, Bassirou Diomaye Diakhar Faye qui, déjà dans une interview à France 2, jeudi dernier, avait révélé qu'Emmanuel Macron reconnaissait dans une lettre qu'il lui avait adressée, le «massacre» de Tirailleurs Sénégalais par les Forces coloniales françaises dans le camp militaire de Thiaroye, le 1ᵉʳ décembre 1944. Ainsi, pour la première fois, dans un courrier officiel, rédigé quelques jours avant les cérémonies commémorant les 80 ans du drame au Sénégal, le chef de l'État français a écrit : «la France se doit de reconnaître que ce jour-là, la confrontation de militaires et de tirailleurs qui exigeaient que soit versé l'entièreté de leur solde légitime, a déclenché un enchaînement de faits ayant abouti à un massacre. Il importe d'établir autant que possible les causes et faits ayant mené à cette tragédie.»
De son côté, Bassirou Diomaye Faye a salué «un pas consistant qui doit ouvrir la porte à une collaboration pour la manifestation de la vérité sur ce douloureux événement». Selon lui, «tant la vérité ne sera pas totalement faite», ce massacre restera «une plaie béante» dans l’histoire que la France et le Sénégal ont en partage. «La France va pouvoir faire son travail d'introspection par rapport à ce crime colonial et enfin regarder son passé en face.»
Des pièces d’archives mises à disposition du Sénégal par la France en 2014 restent muettes sur les zones d’ombre du crime
En attendant, des zones d’ombres persistent toujours. En effet, parmi les pièces centrales qui manquent aux archives qui ont été versées en 2014 par la France, la liste des appelés le matin du 1ᵉʳ décembre, mais aussi le nombre exact de tirailleurs qui ont débarqué à Dakar après leur démobilisation, une carte indiquant où les tirailleurs tués ont été enterrés, ou encore une liste des victimes, essentielle pour répondre à cette «inconnue» du nombre exact de morts. Et dans le cadre du 80e anniversaire de ce douloureux événement, une mission d’historiens, de documentalistes et d’archivistes sénégalais a séjourné en France, pendant deux semaines, durant le mois de novembre dernier, pour prendre connaissance des fonds documentaires existants. Les Tirailleurs, enrôlés par l’Armée française en 1939-1940 pour faire face à l’invasion nazie dans l’Hexagone, étaient originaires de 16 pays d’Afrique subsaharienne francophone, comme le Sénégal, le Mali (alors appelé Soudan français), la Guinée, le Bénin, le Togo, la Haute Volta (actuel Burkina Faso)…Ils ont participé à la bataille de France, livrée entre le 10 mai et le 22 juin 1940, au cours de laquelle, plus de 2000 tirailleurs sur plus de 3000 ont été portés disparus fin juin 1940. Plusieurs ont été faits prisonniers en France et contraints par les Allemands aux travaux forcés. Dans son discours lors de la commémoration de 80 ans du massacre, le président Diomaye Faye a annoncé plusieurs mesures pour préserver la mémoire de ces anciens combattants qui méritent aussi le statut de «Morts pour l’Afrique», selon le Professeur Mamadou Diouf, historien, et la transmettre aux générations futures.
LA QUINZIÈME LÉGISLATURE DÉVOILE SA STRUCTURE DIRIGEANTE
Sous la direction du président Malick Ndiaye, l'institution met en place une équipe dirigeante composée de dix-sept membres, répartis entre la présidence, les vice-présidences, le secrétariat et la questure
L’Assemblée nationale du Sénégal, dirigée par le député Malick Ndiaye, a élu lundi un nouveau bureau à la suite d’intenses débats au cours d’une longue journée d’installation de la quinzième législature, a constaté l’APS.
Voici la composition du nouveau bureau de l’Assemblée nationale
L'ancien député Abass Fall est nommé ministre du Travail, tandis que Yankhoba Diémé hérite du portefeuille des Transports. Cette nouvelle configuration préserve la stabilité d'un gouvernement toujours sous la conduite du Premier ministre Ousmane Sonko
Le président de la République a procédé à un réaménagement du gouvernement consistant à nommer l’ancien député Abass Fall ministre du Travail, de l’Emploi et des Relations avec les institutions, en remplacement de Yankhoba Diémé, lequel va s’occuper désormais des Infrastructures, des Transports terrestres et aériens.
M. Diémé remplace Malick Ndiaye, qui été élu président de l’Assemblée nationale, lundi.
Voici la liste des membres du nouveau gouvernement :
monsieur Ousmane Sonko, Premier ministre ;
monsieur Ahmadou Al Aminou Lo, ministre, secrétaire général du gouvernement ;
madame Yassine Fall, ministre de l’Intégration africaine et des Affaires étrangères ;
Général Birame Diop, ministre des Forces armées ;
monsieur Ousmane Diagne, ministre de la Justice, Garde des Sceaux ;
Général Jean Baptiste Tine, ministre de l’Intérieur et de la Sécurité publique ;
monsieur Birame Souleye Diop, ministre de l’Énergie, du Pétrole et des Mines ;
monsieur Abdourahmane Sarr, ministre de l’Économie, du Plan et de la Coopération ;
monsieur Cheikh Diba, ministre des Finances et du Budget ;
monsieur Yankhoba Diémé, ministre des Infrastructures, des Transports terrestres et aériens ;
monsieur Daouda Ngom, ministre de l’Environnement et de la Transition écologique ;
monsieur Amadou Moustapha Njekk Sarré, ministre de la Formation professionnelle (Porte-parole du Gouvernement) ;
monsieur Cheikh Tidiane Dièye, ministre de l‘Hydraulique et de l’Assainissement ;
monsieur Alioune Sall, ministre de la Communication, des Télécommunications et du Numérique ;
monsieur Elhadj Abdourahmane Diouf, ministre de l’Enseignement supérieur, de la Recherche et de l’Innovation ;
monsieur Serigne Guèye Diop, ministre de l’Industrie et du Commerce ;
madame Fatou Diouf, ministre des Pêches, des Infrastructures maritimes et portuaires ;
madame Maïmouna Dièye, ministre de la Famille et des Solidarités ;
monsieur Abass Fall, ministre du Travail, de l’Emploi et des Relations avec les institutions ;
monsieur Balla Moussa Fofana, ministre de l’Urbanisme, des Collectivités territoriales et de l’Aménagement des territoires ;
monsieur Moustapha Mamba Guirassy, ministre de l’Éducation nationale ;
monsieur Ibrahima Sy, ministre de la Santé et de l’Action sociale ;
monsieur Olivier Boucal, ministre de la Fonction publique et de la Réforme du Service public ;
madame Khady Diène Gaye, ministre de la Jeunesse, des Sports et de la Culture ;
monsieur Mabouba Diagne, ministre de l’Agriculture, de la Souveraineté alimentaire et de l’Élevage ;
monsieur Alioune Dione, ministre de la Microfinance, de l’Économie sociale et solidaire ;
monsieur Mountaga Diao, ministre du Tourisme et de l’Artisanat ;
monsieur Amadou Chérif Diouf, secrétaire d’État aux Sénégalais de l’extérieur ;
monsieur Ibrahima Thiam, secrétaire d’État au Développement des PME/PMI ;
monsieur Momath Talla Ndao, secrétaire d’État à l’Urbanisme et au Logement ;
monsieur Alpha Ba, secrétaire d’État aux Coopératives et à l’Encadrement paysan ;
monsieur Bacary Sarr, secrétaire d’État à la Culture, aux Industries créatives et au Patrimoine historique.
VIOLENCES ÉLECTORALES À SAINT-LOUIS, LE PROCUREUR REQUIERT DE LOURDES PEINES
Le procureur a requis cinq ans de prison ferme contre 23 personnes identifiées comme les auteurs directs des agressions et des actes de violence ayant perturbé l’ordre public à Sor.
Le procès des 80 personnes arrêtées à Saint-Louis pour violences électorales survenues au marché de Sor se poursuit ce lundi 2 décembre, avec un réquisitoire sévère du procureur. Cette affaire, qui a suscité une vive attention nationale, illustre la gravité des tensions qui ont marqué les récentes échéances politiques.
Le procureur a requis cinq ans de prison ferme contre 23 personnes identifiées comme les auteurs directs des agressions et des actes de violence ayant perturbé l’ordre public à Sor. Ces individus, décrits comme des acteurs majeurs des affrontements, sont accusés de multiples infractions, notamment d’agressions physiques et de destructions de biens publics et privés.
Pour un autre groupe de prévenus, poursuivis pour détention illégale d’armes et participation indirecte aux échauffourées, le procureur a demandé des peines de deux ans de prison, dont un an ferme. Ces accusés sont jugés comme ayant joué un rôle moindre dans les événements, mais leur implication reste problématique aux yeux de l’accusation.
Dans un geste de discernement, le procureur a demandé la relaxe pour plusieurs autres prévenus, principalement des communicants digitaux et influenceurs. Ceux-ci, bien qu’impliqués sur le plan médiatique, n’ont pas été identifiés comme ayant participé directement aux actes de violence. Leur libération montre une reconnaissance de leur rôle limité dans les affrontements.
Après ces réquisitoires, c’est au tour des avocats de la défense de plaider. Ces derniers entendent démontrer que les accusés n’ont pas tous eu des responsabilités égales dans les violences et espèrent obtenir des allégements de peines, voire des acquittements pour certains. La délibération est fixée au 06 janvier 2025.
LE MONDE DÉNONCE L'AVEUGLEMENT FRANÇAIS EN AFRIQUE
Dans un éditorial cinglant, le journal souligne l'inadéquation de la réponse française face aux évolutions du continent, critiquant notamment la nomination tardive d'un envoyé spécial dont le rapport vient d'être rendu caduc
(SenePlus) - La France vient d'essuyer un double revers diplomatique majeur en Afrique, révélateur des limites de sa stratégie sur le continent. Comme le rappelle l'éditorial du Monde du 2 décembre 2024, le Tchad et le Sénégal ont simultanément signifié leur volonté de mettre fin à la présence militaire française sur leur territoire, marquant ainsi un tournant historique dans les relations franco-africaines.
D'après le quotidien français, la coïncidence des annonces est particulièrement significative. Le Tchad a rompu son accord de défense avec la France le 28 novembre, tandis que le Sénégal exprimait sa volonté de voir partir les militaires français. Le Monde souligne que les deux pays invoquent des motivations similaires, citant notamment les autorités tchadiennes qui souhaitent "affirmer leur souveraineté pleine et entière", faisant écho aux propos du président sénégalais Bassirou Diomaye Faye qui s'interroge : "Pourquoi faudrait-il des soldats français au Sénégal ? Cela ne correspond pas à notre conception de la souveraineté et de l'indépendance."
L'éditorial du Monde pointe particulièrement les défaillances de la stratégie française. Le journal met en cause "la politique de petits pas peu lisible d'Emmanuel Macron" et son incapacité à "tirer les enseignements de cette mondialisation du continent." Le quotidien du soir souligne que la France "s'est trop longtemps sentie 'chez elle'" dans ses anciennes colonies, négligeant l'émergence de nouvelles influences, qu'elles soient "américaine, russe, chinoise, turque, saoudienne ou israélienne."
La critique du Monde envers l'exécutif français est particulièrement sévère concernant sa gestion récente de la situation. Le journal relève que plutôt que d'opter pour "la perspective claire de retrait négocié qu'impose la situation", le président Macron a choisi de "gagner du temps" en nommant un envoyé personnel, Jean-Marie Bockel, dont le rapport, qualifié de confidentiel, vient d'être "largement balayé par les décisions de Dakar et de N'Djamena."
Le quotidien conclut son analyse en formulant un avertissement clair : l'exécutif français doit désormais "gagner en clairvoyance, en clarté et en cohérence", sous peine de continuer à avoir "un temps de retard sur les réalités africaines" et de voir son influence décliner au profit des nouveaux acteurs qualifiés de "prédateurs du continent."
Ce double revers diplomatique apparaît d'autant plus significatif qu'il concerne deux pays aux profils très différents : le Tchad, décrit par Le Monde comme "un régime militaire autoritaire", et le Sénégal, présenté comme "une démocratie dirigée par un duo panafricaniste 'antisystème'." Cette convergence, malgré des modes de gouvernement distincts, souligne l'ampleur du défi auquel la France doit désormais faire face dans sa politique africaine.
LE SOUDAN POUSSE LE TCHAD À LARGUER PARIS
La rupture des accords militaires entre le Tchad et la France masque des tensions autour de la guerre au Soudan. Les autorités françaises, qui pressaient N'Djamena d'adopter une position neutre dans ce conflit, se sont heurtées au refus de Déby
(SenePlus) - La rupture des accords de coopération militaire entre le Tchad et la France, annoncée le 28 novembre, révèle des tensions diplomatiques profondes, principalement cristallisées autour de la guerre au Soudan. Selon Jeune Afrique (JA), cette décision a pris Paris totalement de court, intervenant quelques heures seulement après la visite du ministre français des Affaires étrangères, Jean-Noël Barrot, à N'Djamena.
D'après les informations rapportées par le média panafricain, cette rupture trouve son origine dans des désaccords concernant la position tchadienne vis-à-vis du conflit soudanais. Une première friction serait apparue lors d'une rencontre à Paris début octobre entre les présidents Emmanuel Macron et Mahamat Idriss Déby Itno. Le chef d'État français aurait alors évoqué "le rôle des Émirats arabes unis dans ce conflit", ces derniers étant "accusés de soutenir Mahamat Hamdan Dagalo, dit Hemetti, notamment via des livraisons d'armes passant par le Tchad", précise JA.
La situation s'est particulièrement tendue lors de la visite de Jean-Noël Barrot au Tchad. Selon le journal, l'échange entre le ministre français et le président tchadien a été "houleux", notamment lorsque le premier a réitéré "l'appel d'Emmanuel Macron pour une neutralité tchadienne dans la guerre au Soudan". Le lendemain, lors de sa visite à Adré, à la frontière soudanaise, le ministre français dénonçait "la main invisible de certaines grandes puissances" dans le conflit soudanais, une référence à peine voilée à la Russie et aux Émirats arabes unis.
L'enjeu soudanais apparaît d'autant plus crucial que, comme le souligne Jeune Afrique, "plusieurs milliers de combattants tchadiens, entre autres menés par l'opposant à Mahamat Idriss Déby Itno, Ousmane Dillo Djerou, combattent aujourd'hui aux côtés de l'armée soudanaise d'Abdel Fattah al-Burhan contre les hommes du général Hemetti".
Cette rupture intervient dans un contexte de rapprochement entre N'Djamena et Abou Dhabi. Jeune Afrique révèle qu'après sa rencontre tendue avec Emmanuel Macron, le président tchadien s'est rendu aux Émirats arabes unis, où une aide de "300 milliards de francs CFA" lui a été octroyée par le Fonds d'Abou Dhabi pour le développement.
Un ancien conseiller du président tchadien, cité par le journal, analyse cette décision comme "un message" double : "Il dit aux Français que le Tchad n'a pas à être sermonné en ce qui concerne le Soudan. Et il dit aux Tchadiens, à quelques semaines des législatives, qu'il est capable de taper du poing sur la table". Toutefois, cette même source précise que cette rupture pourrait davantage viser à renégocier les accords "pour qu'ils correspondent davantage aux intérêts tchadiens" plutôt qu'à expulser les forces françaises.
Face à cette situation, le Quai d'Orsay s'est pour l'instant contenté de "prendre acte de la décision tchadienne", conclut Jeune Afrique.
UN INCENDIE EMPORTE UNE MÈRE ET SES ENFANTS À MBOUR
C’est un drame qui a eu lieu au quartier du «11 novembre» de Mbour ce lundi. Six personnes ont perdu la vie dans un incendie qui s’est déclenché dans leur domicile.
C’est un drame qui a eu lieu au quartier du «11 novembre» de Mbour ce lundi. Six personnes ont perdu la vie dans un incendie qui s’est déclenché dans leur domicile.
À Mbour, une dame et ses enfants ont perdu la vie dans un incendie dans leur domicile. Le feu s'est déclaré vers 4h 45 minutes. Malheureusement, à l’arrivée des pompiers, il était trop tard.
Ces derniers ont récupéré les corps aux alentours de 6 heures du matin.
Les corps inanimés ont été acheminés à la morgue de l’hôpital Thierno Mouhamadoul Mansour Barro de Mbour. Pour l"instant, le bilan fait état de six morts.
À SAINT-LOUIS, OUVERTURE DU PROCÈS DES 80 PERSONNES ARRÊTÉES LORS DE LA CAMPAGNE ÉLECTORALE
Ces prévenus, des préposés à la sécurité de la caravane de Sam Sa Kaddu, une des coalitions qui étaient en lice pour les élections législatives de 17 novembre dernier, avaient été placés sous mandat de dépôt après avoir été inculpés pour vol avec violence
Le procès de 80 personnes arrêtées à la suite de violences ayant émaillé le passage de la caravane d’une coalition d’opposants à Saint-Louis lors de la campagne électorale des législatives de novembre dernier, s’est ouvert ce lundi, a constaté l’APS.
Cette audience spéciale initialement prévue à la salle d’audience du tribunal de grande instance de Saint-Louis, jugée exiguë, a été délocalisé à la Chambre de commerce, d’industrie et d’agriculture de la ville.
A l’ouverture du procès, les avocats de la défense ont demandé l’annulation de la procédure. Ils estiment que les prévenus n’avaient pas été informés au moment de leur arrestation de leur droit d’être assistés par un conseil.
Le procureur a rejeté cette demande soulignant que cet acte a été mentionné sur leurs procès-verbaux d’audition.
Ces prévenus, des préposés à la sécurité de la caravane de « Sam Sa Kaddu, une des coalitions qui étaient en lice pour les élections législatives de 17 novembre dernier, avaient été placés sous mandat de dépôt après avoir été inculpés pour vol avec violence, port d’armes sans autorisation et violation de l’arrêté du 22 octobre du ministre de l’Intérieur.
Ils sont suspectés d’avoir attaqué des commerçants qui scandaient le nom d’Ousmane Sonko, la tête de liste du parti au pouvoir, au passage de leur caravane. Des blessures graves avaient été enregistrées dans les rangs des commerçants du marché de Sor, à Saint-Louis.
Par Hamidou ANNE
MOUSTAPHA DIAKHATÉ, RÉPUBLICAIN OMBRAGEUX
J’ai deux nouvelles pour ceux qui veulent lui imposer le diktat de la terreur : Moustapha ne se taira pas, ensuite il ne connaît pas ce sentiment qu’est la peur. Il porte la liberté dans son Adn, qu’il gardera toujours intacte, même au fond d’une geôle
Nous nous retrouvions les jeudis très tôt sur le parking de la Maison d’arrêt et marchions ensemble, sésame rose en main. L’accueil au portail n’était guère joyeux, il était même rude. Des hommes en uniforme passaient et repassaient faire les achats pour le petit déjeuner ; certains chahutaient les habitués de ce lieu qui, à force de venir voir des proches, étaient devenus des visages connus, des détenus laissés libres. Nous étions tous les deux frappés par les hommes et les femmes que l’on côtoyait le matin, dont on voyait qu’ils venaient tous des quartiers lointains, là où vit le petit peuple dont les enfants sont gardés -souvent en attente de procès- derrière ces murs hauts de la citadelle du silence. Moustapha se moquait tous les jours de ma mine grise du matin ; je déteste me lever tôt. A l’intérieur, au fond de la grande allée, trône un bâtiment plutôt neuf. A l’intérieur, nous nous asseyions sur les bancs, dans une salle où chacun gardait le silence, comme si nous étions tous des détenus, attendant que le haut-parleur au son difficilement audible annonce nos noms. Nous allions ensemble voir notre ami au parloir. Moustapha avait toujours des mots tendres et rassurants pour cet ami jugé et condamné, sans jamais verser dans l’optimisme béat ou le maslaa. Je sais en plus qu’il a assuré une présence utile aux côtés de la famille du concerné.
J’étais frappé par son humanité que je connaissais déjà, mais surtout par son dégoût de l’injustice que peuvent vivre les plus précaires frappés par les violences morales et physiques que les logiques de domination imposent. En cela, je peux dire que je n’ai jamais rencontré un homme aussi humaniste que Moustapha. Il me fait penser au mot de Sartre : «Pour aimer les hommes, il faut détester violemment ce qui les opprime.»
Quand on gravite autour de la politique sénégalaise, on connaît forcément Moustapha Diakhaté. Verbe haut, convictions ancrées, constance dans le combat politique et défiance vis-à-vis des dogmes, des appareils politiques, des puissants, et méfiance vis-à-vis des adhésions aveugles et irraisonnées. Je le suis depuis l’initiative «Wacco ak alternance», un groupuscule de militants du Pds, déçus par la tournure du Sopi, qui ont décidé de porter le combat de la rectification de la ligne au sein de leur formation politique. Tout de suite, j’ai été séduit par le courage de ce débatteur hors pair, par sa maîtrise du verbe et par son habileté à défendre ses positions avec hargne. Puis, il y a eu la rupture avec les Wade et l’adhésion à l’Apr. J’avais de temps à autre les récits de ses aventures via mon ami Abdoulaye Fall, membre fondateur du parti. Bien des années après, j’ai enfin rencontré Moustapha, en mars 2021, dans la foulée des événements consécutifs à la sordide histoire que tout le monde connaît. Quand j’ai vu Moustapha, il m’a dit une chose qui m’a plu, glacé et fait frémir en même temps. Il me dit : «Tu sais, je crois en trois choses : la République, la démocratie et la liberté.» Tout de suite, l’estime, le respect, l’affection et l’amitié. Moustapha est mon ami, et cette phrase n’est guère banale. Nous nous sommes vite rapprochés ; entre 2021 et 2023, j’ai presque vu Moustapha tous les jours, au même endroit, pour commenter l’actualité politique africaine et internationale. Nous parlions aussi souvent de nos lectures, car Moustapha est un grand lecteur. Il se lève tôt et lit jusqu’en fin de matinée, avant de commencer ses activités.
Depuis ce premier jour de rencontre, nous nous parlons au téléphone au minimum trois fois par jour ; nous avons la même haine des populismes, des racismes, et le même engagement contre le fascisme. Nous rêvons d’un nouveau printemps de la démocratie et du progrès partout sans jamais nous limiter à l’Afrique, considérant l’universalité du genre humain. A chaque fois que quelqu’un perd espoir devant la défaite des courants progressistes et l’avancée des extrémismes et des nationalismes, Moustapha a toujours le mot juste pour dire que l’histoire n’est jamais finie, qu’il ne faut jamais cesser de croire en la raison et en la capacité par la parole et l’action créatrice de changer la face du monde et surtout la vie des gens. Il est très sisyphéen dans ce sens.
Moustapha est un militant au sens noble du terme, c’est-à-dire un porteur de cause, un homme écorché, vif, engagé et fondamentalement démocrate. C’est l’exemple du républicain affirmé qui considère qu’au-dessus de la République, il n’y a rien ni personne. Celle-ci a été le moteur de son engagement, car chez lui, la République n’est pas chose désincarnée, aérienne, qu’on rappelle dans de grandes envolées lyriques sans matérialité concrète. La République chez Moustapha est une essence, une spiritualité telle qu’elle a été imaginée par les grands penseurs républicains. Mais elle est aussi et surtout pour lui, une exigence à bâtir des sociétés humaines équitables, moulues dans le savoir qui libère l’individu des dogmes qui enferment et de l’obscurantisme qui nuit.
Je me refuse depuis son arrestation, à sortir des phrases toutes faites comme «Moustapha ne mérite pas la prison». Il déteste ce type de phrases de toute façon, car convaincu me dit-il souvent «Gauche -oui, Moustapha ne prononce jamais mon prénom, il m’appelle toujours ainsi- je ne fais que mon devoir. Il faut toujours faire ce qu’on a à faire. Le Sénégal n’appartient à personne, nous qui y habitons aujourd’hui en sommes juste des locataires non permanents, d’autres étaient là avant nous et d’autres générations viendront après nous».
Moustapha savait qu’il allait être arrêté et emprisonné. Il s’y est préparé et avait préparé ses proches. Mais j’ai deux mauvaises nouvelles pour ceux qui veulent lui imposer le diktat de la terreur : Moustapha ne se taira pas, ensuite il ne connaît pas ce sentiment qu’est la peur. Mieux, c’est un homme insensible aux honneurs, car sachant que ceux-ci, pour la plupart, sont fugaces et insincères. De sa première grève en tant qu’élève contre l’attitude d’un directeur d’école dont il était en même temps le… répétiteur des enfants, à ses activités syndicales à la Bceao, qui ont abouti à son licenciement, en passant par son départ du Pds, son exclusion de l’Apr, il est devenu un homme endurci et un militant ayant atteint le degré le plus élevé du militantisme, celui où tu n’agis ni pour les nominations ni pour les élections, mais au nom du tribunal suprême de la conscience.
Abdel Hamid Kichk avait dit un jour : «Le paradis est dans ma poitrine, je le porte partout où je vais.» Je dirais la même chose de Moustapha, qui porte la liberté dans son Adn, et qu’il gardera toujours intacte, même au fond d’une geôle.
Un jour, des livres d’histoire raconteront le rôle de Moustapha Diakhaté pour le retour de la paix civile en mars 2021 et ses efforts manifestes pour la préservation de la République entre mars 2021 et avril 2024. Je ne sais pas tout, mais j’en sais un rayon, entre ce qu’il a bien voulu me confier et ce que j’ai glané d’autres sources crédibles, et que par humilité et pudeur, lui n’a pas voulu me révéler. Moustapha est un patriote sincère, un républicain ombrageux et un démocrate authentique, et c’est un homme profondément bon, généreux et attachant.
Un des matins qui arrivent, j’irai voir Moustapha. Je me réveillerai difficilement le matin, la mine triste, je laisserai ma voiture au parking de la prison. Je ferai le pied de grue devant cet immense portail en fer vert, et à l’ouverture je me hâterai au milieu des gens pour rejoindre la salle des haut-parleurs au son difficilement perceptible. J’entendrai mon nom et j’irai voir Moustapha… s’il daigne bien me recevoir, car je connais mon ami, il ne fait jamais rien comme les autres.
MAMADOU DIOUF PLAIDE POUR UNE RECONNAISSANCE DU STATUT DES TIRAILLEURS
Le massacre des Tirailleurs Sénégalais, longtemps ignoré et minimisé par les autorités françaises, a fait l'objet de nombreuses discussions parmi les historiens, les intellectuels et les politiques
Le massacre des Tirailleurs Sénégalais, longtemps ignoré et minimisé par les autorités françaises, a fait l'objet de nombreuses discussions parmi les historiens, les intellectuels et les politiques. À l'occasion du 80e anniversaire de ce tragique événement, le Sénégal a pris des mesures importantes pour honorer la mémoire de ces tirailleurs, en veillant à ce que leur sacrifice ne soit jamais oublié.
Dans la matinée du 1er décembre 1944, une répression sanglante s’est abattue sur les Tirailleurs Sénégalais de retour de la France, pour avoir réclamé leurs droits. Des éléments de l’Armée et de la Gendarmerie françaises, soutenues par des véhicules blindés et des chars, ont ouvert le feu sur des hommes qui n'étaient ni armés ni en état de se défendre. Selon le Professeur Mamadou Diouf, qui préside le Comité scientifique mis en place dans le cadre de cette commémoration, le bilan officiel, qui a minimisé l'ampleur du massacre, faisait état de 35 morts ; mais les estimations plus réalistes avancent un chiffre de 300 à 400 victimes. Les archives militaires et administratives françaises ont été largement falsifiées, dissimulant ainsi la vérité et effaçant l'ampleur de la répression.
A en croire l’historien qui milite pour que «le statut de 'morts pour l’Afrique'» soit accordé aux victimes, le massacre de Thiaroye reste une douloureuse cicatrice dans l’histoire des Tirailleurs Sénégalais et de l’histoire coloniale. Les autorités françaises ont longtemps cherché à minimiser l’événement, qualifiant l’incident de «mutinerie» pour justifier la violence. Mais les survivants et les témoins, ainsi que les chercheurs et historiens, ont insisté pour que la vérité éclate sur cet acte brutal.
En 2014, l’ancien président français, François Hollande, a reconnu la responsabilité de la France dans le «massacre» des Tirailleurs, affirmant que «des balles françaises avaient tué les Tirailleurs». Il a qualifié l’acte de commémorer pour l’éclatement de la vérité de «réparation de l’injustice» et a déclaré que l’intervention de l’Armée française avait été «épouvantable et insupportable». Toutefois, cette reconnaissance ne semblait pas aller au-delà d’un acte symbolique, sans offrir de véritable réparation pour les victimes. Le 21 novembre 2024, dans un discours marquant, l’ancien président français a de nouveau évoqué le drame en qualifiant les événements de «massacre à la mitrailleuse», un terme qui a permis de mettre enfin des mots sur la brutalité de l’acte.
Quelques jours après, le 28 novembre 2024, le président français, Emmanuel Macron, a aussi pris la parole pour reconnaître la gravité de ce «massacre», dans une lettre adressée au président sénégalais Bassirou Diomaye Diakhar Faye, marquant un pas important dans la reconnaissance officielle de la répression sanglante de Thiaroye.
Le Professeur Mamadou Diouf, coordonnateur du Comité pour la Commémoration du 80e anniversaire du massacre, a insisté sur l'importance de «lever le voile» sur cette tragédie. Dans ses interventions, il a souligné que cette reconnaissance par la France n’était qu’un premier pas : «Lever le voile sur le massacre, contre les manœuvres de dissimulation de la vérité, est, aujourd’hui, un impératif catégorique». Il a ajouté que le Sénégal et l'Afrique doivent reprendre le contrôle de leur narration historique. «Prendre l’initiative relativement à la production du récit portant sur ce moment de notre histoire, c’est retourner l’évènement à l’Afrique», a-t-il déclaré.
Le gouvernement sénégalais, sous l’impulsion du président Bassirou Diomaye Faye, a pris plusieurs initiatives pour rendre hommage aux Tirailleurs Sénégalais et garantir que leur sacrifice soit honoré. Il y a, entre autres, l’institution du 1er décembre comme la Journée nationale des Tirailleurs, en souvenir de leur contribution et de leur lutte pour la justice, et le projet d’érection d’un mémorial à Thiaroye pour rendre hommage aux victimes et rappeler aux générations futures cette page sombre de l’histoire coloniale.
Le Professeur Diouf, coordonnateur du Comité de commémoration, a exprimé sa satisfaction par rapport à ces mesures prises par le gouvernement sénégalais. «Une vaste entreprise ; une Jean-Noël Barrot, ministre de l’Europe et des Affaires étrangères de la République française, a pris la parole lors de la cérémonie pour marquer un tournant historique. «C'est la raison pour laquelle le Président de la République (française, ndlr) vous a écrit, Monsieur le Président (du Sénégal, ndlr), pour vous dire que la France se doit de reconnaître que ce jour-là s’est déclenché un enchaînement de faits ayant abouti à un massacre», a-t-il déclaré, soulignant la reconnaissance par la France de cette tragédie. Il a rappelé que la France, en acceptant de reconnaître cette vérité, agissait aussi pour elle-même, pour réparer l’injustice qui a entaché son histoire. «Et si la France reconnaît ce massacre, elle le fait aussi pour elle-même, car elle n'accepte pas qu'une telle injustice puisse entacher son histoire», a fait savoir le diplomate. LIRE SUITE PAGE 7 entreprise difficile mais ô combien passionnante». Selon lui, ces initiatives sont essentielles pour produire un récit historique partagé et pour éduquer les générations futures sur l’importance de l’unité et de la justice sociale en Afrique. Le massacre de Thiaroye a acquis une nouvelle signification avec les commémorations actuelles, devenant un symbole de la lutte pour la dignité des peuples africains. En reconnaissant ce massacre, le Sénégal et l'Afrique affirment leur droit à une histoire partagée, à une mémoire authentique et à un avenir unifié.
Comme l’a écrit le premier président sénégalais, Léopold Sédar Senghor, depuis 1948 déjà, dans son poème «THIAROYE» (1944), cet événement fait partie intégrante de l’histoire d’une Afrique «éternelle», mais aussi d’une Afrique qui aspire à un «monde nouveau». Le Professeur Diouf a conclu en soulignant l’importance de ce moment historique pour l'Afrique : «Thiaroye est, pour nous Sénégalais, l’occasion aussi dramatique que majestueuse d’accorder aux victimes du massacre le statut de 'morts pour l’Afrique' et pour l’esprit panafricain», a plaidé ce dernier.
Ainsi, le 80e anniversaire du massacre des Tirailleurs Sénégalais à Thiaroye n’est pas qu’un acte de mémoire, mais il incarne une revendication pour la reconnaissance du rôle de ces héros oubliés et pour l’unité et la réconciliation africaines.