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23 avril 2025
Société
LE PLAN DE SAUVETAGE DE PRES D’UN MILLION D’ADOLESCENTES A RISQUE
Au Sénégal, 988.163 adolescentes courent le risque d’être données en mariage avant l’âge adulte, c’est-à-dire moins de 18 ans, avec une forte probabilité de contracter des grossesses précoces.
Au Sénégal, 988.163 adolescentes courent le risque d’être données en mariage avant l’âge adulte, c’est-à-dire moins de 18 ans, avec une forte probabilité de contracter des grossesses précoces. Dans ces cas-là, certaines ne vont pas au-delà du cycle de primaire de l’Education nationale et d’autres n’achèvent pas celui du moyen-secondaire, selon l’étude Camber. Elles sont reparties entre onze (11) régions du pays que sont Sédhiou, Kolda, Matam, Kédougou, Kaolack, Tambacounda, Kaffrine, Diourbel, Thiès, Saint-Louis et Dakar. L’acuité de ces risques identifiés est plus accentuée dans ces zones et plus encore dans les régions du centre et de l’ouest.
Pour mettre hors de danger ces filles et dégager pour elles les voies de la d’un épanouissement, des actions fortes sont entreprises par le Sénégal. Le pays a, en effet, intégré en 2023 la dynamique du Projet d'Autonomisation des Femmes et du Dividende Démographique en Afrique Subsaharienne Plus (SWEDD+, en anglais) couvrant la période 2024-2028. L’ambition du Gouvernement, par une approche multisectorielle, est de renforcer le capital humain qui consiste à améliorer les apprentissages et la productivité et accélérer la transition démographique en s’appuyant sur le développement de la jeunesse, y compris parmi les segments les plus vulnérables de la population.
Le projet SWEDD + Sénégal sera ainsi mis en œuvre dans les 11 régions citées plus haut. La population directement visée est celle des adolescentes âgées de 10 à 19 ans avec une possibilité d’élargissement jusqu’à 24 ans pour les activités d’autonomisation économique des femmes. Et pour s’assurer d’une bonne couverture de la cible, les régions frontalières avec la Mauritanie, le Mali, la Guinée et la Gambie sont sélectionnées pour assurer le continuum de l’intervention avec les projets SWEDD desdits pays. Déjà, le projet couvre dans ses phases 1 (2015-2019) et 2 (2020- 2024) neuf (09) pays de l’Afrique de l’Ouest et du Centre à savoir le Bénin, le Burkina Faso, le Cameroun, la Côte d’Ivoire, la Guinée, le Mali, la Mauritanie, le Niger et le Tchad.
UN MONTANT DE 100 MILLIONS DE DOLLARS ENGAGÉ
Le Sénégal a bénéficié d’un financement de 100 millions de dollars américains (plus 62 milliards FCFA) du groupe de la Banque Mondiale. Un budget qui servira à poursuivre les objectifs des cinq sous-projets générés lors d’un atelier tenu à Saly, du 25 au 29 novembre dernier, en présence de plusieurs ministères sectoriels. Lesquels sont placés sous le lead du ministère de la Famille et des Solidarités. C’était en marge des 16 jours d’activisme pour la promotion et le respect des droits des filles et des femmes dans le monde.
Des informations obtenues de l’Unité de gestion du projet (UGP) SWEDD+ Sénégal coordonnée par Birahim Sidibé, on peut retenir, entre autres enjeux paris que ledit projet se fixe : l’amélioration des taux de réussite et d’achèvement de 100 mille filles dans l’enseignement élémentaire, moyen et l’enseignement secondaire général et technique au niveau 250 établissements. Il est aussi question de mettre en place un dispositif fonctionnel de gestion des violences faites aux filles en milieu scolaire par à travers le renforcement des observatoires de la vulnérabilité et des décrochages scolaires (OVDS) dans 190 établissements ; de soutenir les associations de mères d’élèves engagées dans la réalisation des services pour la prise en charge des filles dans les écoles choisies (renforcement des comités de gestion des écoles, accompagnement des cellules Genre) pour un environnement favorable à « l’autonomisation des filles dans les lycées et collèges du Sénégal».
A cela s’ajoutent l’élargissement des opportunités économiques de 13500 adolescentes et jeunes filles âgées de 15 à 24 ans vulnérables ou survivantes de violence basée sur le genre (VBG) ; l’accompagnement à la création de 1350 unités économiques polarisant 13500 filles primo-entrepreneures et à l’élaboration de business plans ; l’appui à la formalisation de 390 unités économiques ; la mise en place de 2250 espaces sûrs/clubs des jeunes filles dans les communautés et le renforcement des capacités de 337 500 adolescentes et jeunes filles scolarisées, déscolarisées et/ou non scolarisées, en leadership, en compétences de vie, en santé de la reproduction et en alphabétisation fonctionnelle. Ce, en faisant le lien avec les espaces sûrs ; impliquer les hommes /adolescents pour une masculinité positive à travers 1350 Écoles des Maris (EDM) et des futurs maris en vue de l'égalité des sexes et de l’autonomisation des filles et des femmes et la mise en place d’Activités génératrices de revenus (AGR).
Il est prévu de renforcer les capacités de 2480 acteurs de prise en charge (agents de santé, acteurs de la chaîne judiciaire, travailleurs sociaux, etc.) ; d’équiper les onze (11) centres d’accueil et d’hébergement pour la prise en charge holistique de 18 000 filles et femmes survivantes de violences et le déploiement de personnel compétent ; de réinsérer socio-économiquement 6 665 survivantes de VBG ; de mettre à disposition des kits de prise en charge de 10 000 Pep-kit et un accompagnement juridique.
PRES DE 1,5 MILLIARD D’HECTARES DE TERRES A RESTAURER D’ICI A 2050
Le secrétaire exécutif du secrétariat de la Convention des Nations unies sur la lutte contre la désertification (CNULCD), Ibrahima Thiaw, a déclaré, mercredi, que l’humanité doit restaurer 1,5 milliard d’hectares de terres d’ici à 2050 ...
Le secrétaire exécutif du secrétariat de la Convention des Nations unies sur la lutte contre la désertification (CNULCD), Ibrahima Thiaw, a déclaré, mercredi, que l’humanité doit restaurer 1,5 milliard d’hectares de terres d’ici à 2050 pour nourrir une population mondiale croissante.
« Nous avons dégradé 40% des terres productives de cette planète. Donc on a 1,5 milliard d’hectares de terres en réserve que nous pouvons restaurer pour produire les aliments dont nous avons besoin », a dit M. Thiaw dans une vidéoconférence publiée sur la télévision des Nations unies.
Il intervenait lors d’une conférence de presse organisée dans le cadre de la seizième session de la Conférence des Parties (COP16) de la CNULCD, qui se tient à Riyad, en Arabie saoudite du 2 au 13 décembre 2024.
« La restauration de ces terres est importante parce que l’humanité doit produire deux fois plus d’aliments à partir de maintenant jusqu’en 2050 pour nourrir une population en croissance et une classe moyenne croissante », a-t-il ajouté, en présence d’Osama Ibrahim Faqeeha, vice-ministre de l’Environnement, de l’Eau et de l’Agriculture de l’Arabie Saoudite ainsi que d’autres officiels.
Ibrahima Thiaw s’est demandé comment l’humanité pourrait réaliser cet objectif « si nous avons déjà perdu 40% des terres productives de la planète ».
« Nous devons donc, restaurer les terres », a insisté le Mauritanien, par ailleurs conseiller spécial du Secrétaire général des Nations unies pour le Sahel.
Cette première COP de la CNULCD organisée à Ryad, en Arabie Saoudite, est axée sur le thème : « Notre terre, Notre avenir ».
Coïncidant avec le 30e anniversaire de la CNULCD, la COP16 sera « la plus grande conférence des Nations unies sur la terre à ce jour et la première COP de la CNULCD organisée dans la région du Moyen-Orient et de l’Afrique du Nord, qui connaît de première main les impacts de la désertification, de la dégradation des terres et de la sécheresse », selon un communiqué de presse.
Pour la CNULCD, elle représente également « un moment décisif pour accroître l’ambition mondiale et accélérer l’action en matière de résilience des terres et de la sécheresse grâce à une approche centrée sur les personnes ».
La Convention des Nations unies sur la lutte contre la désertification est l’un des trois principaux traités des Nations unies connus sous le nom de Conventions de Rio pour le climat et la biodiversité.
La Conférence des Parties (COP) est le principal organe décisionnel des 197 parties (pays), à savoir 196 pays et l’Union européenne, à la Convention des Nations unies sur la lutte contre la désertification.
LA PREMIÈRE MICRO-USINE DE RECYCLAGE DE DÉCHETS INSTALLÉE À GANDON
L’infrastructure, inaugurée mardi 3 décembre, sera fonctionnelle le 30 janvier prochain. Il est prévu l’implantation progressive de dix micro-usines de recyclage dans les régions du pays.
La commune de Gandon abrite la première micro-usine de recyclage de déchets plastiques du Sénégal. L’infrastructure, inaugurée mardi 3 décembre, sera fonctionnelle le 30 janvier prochain. Il est prévu l’implantation progressive de dix micro-usines de recyclage dans les régions du pays.
Mise en place par l’entreprise Banco, en collaboration avec l’ambassade de France au Sénégal, cette micro-usine entre dans le cadre du programme « Sunu Plastic Odyssey ». « C’est une initiative locale innovante portée par l’association Plastic Odyssey dont le programme vise l’implantation progressive de dix micro-usines de recyclage dans plusieurs régions du pays, avec pour mission de transformer les déchets plastiques en ressources utiles », lit-on dans le communiqué de presse. Il s’agit donc dans ce projet Branco de former des jeunes dans les nouveaux métiers de recyclage des déchets plastiques, de lutter contre la pollution de l’environnement. Il est question de traiter le plastique afin de permettre sa réutilisation palliant ainsi l’utilisation excessive du bois.
« Il s’agit de créer une usine pour traiter le plastique et en faire autre chose que du déchet. Avec cette matière on peut faire énormément de choses, notamment des planches qui peuvent être utilisées à l’intérieur comme à l’extérieur des maisons, pour faire des palissades comme n’importe quelle planche en bois », a expliqué Patrick Parmentier, représentant de l’ensemble des investisseurs sénégalais et européens du projet Branco.
Financée à hauteur de 130 millions de FCfa, l’usine qui sera mis en fonction le 30 janvier 2025, a une capacité de production d’une tonne par jour avec une ambition d’aller à 300 tonnes. L’ambassadrice de France au Sénégal a assisté à l’inauguration de l’usine. Christine Fage a souligné le rôle de cette nouvelle usine dans lutte contre la pollution plastique. « L’inauguration de cette usine est une incitation à innover pour que ce défi se transforme en opportunité, à la fois pour protéger l’environnement, former les populations mais aussi pour redorer le blason des filières de recyclage du plastique. L’objectif est de faire en sorte que les jeunes maitrisent ces technologies et puissent transformer ces déchets plastiques en des produits qui seront utilisés et vendables dans la société », a affirmé Mme Fage.
Le préfet du département de Saint-Louis a, pour sa part, relevé l’importance de prendre des mesures pour limiter l’impact des déchets plastiques sur l’environnement revenant ainsi sur la loi de 2015 luttant contre les déchets plastiques. Pour Abou Sow, cette usine est une nouvelle étape dans la lutte qui allie plusieurs choses : la formation des jeunes dans les nouveaux métiers de recyclage des déchets plastiques, l’employabilité, entre autres. L’installation de cette micro-usine va générer 12 emplois directs et 60 emplois indirects.
LE SÉNÉGAL CHAMPION AFRICAIN DE LA DETTE
Le pays consacre plus du tiers de ses recettes d'exportation au seul remboursement de sa dette, contre moins de 20% pour la plupart de ses voisins. Avec une dette représentant 133% de son RNB et 545% de ses exportations, Dakar bat des records
(SenePlus) - La Banque mondiale vient de publier son rapport sur la dette internationale 2024, et les chiffres concernant le Sénégal interpellent. Avec une dette extérieure culminant à 39,95 milliards de dollars fin 2023, le pays s'impose comme l'un des États africains les plus endettés proportionnellement à ses capacités économiques.
L'analyse comparative révèle une situation alarmante : la dette sénégalaise représente 545% des exportations du pays, un ratio qui pulvérise les moyennes régionales. Cette proportion dépasse largement celle des autres économies majeures du continent : la Côte d'Ivoire (203%), le Ghana (257%), ou encore le Nigeria (163%). Même des pays traditionnellement considérés comme fortement endettés présentent des ratios plus modérés, à l'instar du Maroc avec 180%.
Le poids du service de la dette illustre la gravité de la situation : 37% des recettes d'exportation sont englouties par les remboursements, contre 21% pour la Côte d'Ivoire et 19% pour le Cameroun. Ce fardeau représente 9% du Revenu National Brut (RNB) sénégalais, compromettant sérieusement les capacités d'investissement public dans les secteurs essentiels du développement.
Une dépendance marquée aux créanciers multilatéraux
La structure de l'endettement sénégalais révèle une autre vulnérabilité : la prédominance des créanciers multilatéraux, qui détiennent 50% de la dette. Cette proportion, nettement supérieure à celle observée au Nigeria (33%) ou au Maroc (38%), traduit une forte dépendance aux institutions financières internationales. La Banque mondiale-IDA (23%) et la Banque africaine de développement (10%) figurent en tête des créanciers.
Malgré ces indicateurs préoccupants, le Sénégal continue d'attirer les capitaux. Les flux nets atteignent 10 milliards de dollars en 2023, dont 7,36 milliards de dette nouvelle et 2,64 milliards d'investissements directs étrangers. Ces chiffres, supérieurs à ceux du Nigeria (2,5 milliards) ou du Ghana (0,8 milliard), suggèrent une confiance persistante des investisseurs internationaux.
La situation s'inscrit dans un contexte particulièrement défavorable : hausse globale des taux d'intérêt, ralentissement économique post-Covid, et volatilité des marchés internationaux. La Banque mondiale souligne que ces conditions affectent particulièrement les pays fortement endettés comme le Sénégal.
Un défi crucial pour l'avenir
Cette position de "champion" de la dette pose un défi majeur pour le Sénégal. Le pays doit impérativement augmenter ses capacités d'exportation et diversifier ses sources de financement pour réduire sa vulnérabilité financière. Sans une stratégie efficace de gestion de la dette, le risque d'une spirale d'endettement pourrait compromettre les perspectives de développement du pays.
La comparaison avec d'autres nations africaines montre que le Sénégal a atteint un niveau critique d'endettement qui nécessite des mesures urgentes. Le rapport de la Banque mondiale sonne comme un avertissement : sans correction de trajectoire, le pays pourrait faire face à des difficultés croissantes pour honorer ses engagements financiers.
PAR Less Salla
JUB-JUBAL-JUBBANTI OU LE PARACHÈVEMENT DU SOPI
EXLCUSIF SENEPLUS - Les similitudes sont frappantes entre ces deux mouvements qui ont promis une transformation radicale de la société. Mais le nouveau pouvoir, fort de sa double victoire électorale, semble avoir retenu les leçons de l'échec du PDS
Le rideau vient de tomber sur les élections législatives anticipées du 17 novembre, avec une victoire écrasante du parti au pouvoir Pastef les Patriotes qui rafle 130 députés sur les 165 sièges de l’hémicycle. Ce succès vient couronner celui de la présidentielle du 24 mars qui avait porté le candidat Bassirou Diomaye Faye à la tête du pays, et conforter le parti et ses sympathisants dans leur plébiscite. Le Sénégal a encore une fois montré sa maturité démocratique en se prononçant sans heurt, le jour du scrutin après une campagne teintée de violence et de provocations et dérapages multiples. Avec l’installation de la nouvelle législature le 2 décembre, l’heure est désormais au travail.
Neuf mois après son accession au pouvoir, le Pastef a désormais les coudées franches pour matérialiser son agenda national de transformation Sénégal 2050 présenté à la communauté nationale et internationale le 14 octobre dernier. Cette période de gestation a accouché d’un bébé bien portant et selon la formule consacrée « le bébé et la maman se portent bien ». Maintenant, il faut que le bébé grandisse en bonne santé, soit bien éduqué, et se réalise pleinement dans les 25 prochaines années que représente l’horizon fixé par le référentiel 2050.
La maman Pastef a déjà annoncé que l’éducation de son bébé de projet devra se faire suivant les valeurs du Jub-Jubal-Jubbanti qui incarne la rupture ou changement radical d’avec les modes de gouvernance passés. Cela n’est pas sans rappeler le mouvement Sopi de Maitre Abdoulaye Wade comme dépositaire des frustrations et revendications du peuple, qui avait entretenu l’espoir de transformer le Sénégal en une terre de valeurs partagées comme socle de rayonnement et d’émergence. Malheureusement, ce ne fut pas le cas. De plus, la soi-disant deuxième alternance de 2012 qui émanait des flancs des libéraux, à l’ombre du patriarche Wade a très vite montré ses limites, incapable de changer en profondeur le mode de gouvernance et de gestion de la chose publique pourtant annoncée sobre et vertueuse.
Aujourd’hui, l’avènement des pastéfiens au pouvoir, après une longue lutte faite de multiples rebondissements douloureux et énigmatiques, mettant fin à douze ans de mackyavélisme, fait renaitre l’espoir d’une rupture qui rappelle bien celle qui était attendue de la première alternance sous la déferlante bleue du Sopi.
Nous écrivions à ce sujet, dans une tribune intitulée L’insoutenable légèreté de Maître : Discours de la méthode, publié dans l'édition du vendredi 2 décembre 2005 du journal Le Quotidien : « Pour tous les Sénégalais, désormais actionnaires de l’alternance, l’accession de Maître Abdoulaye Wade au pouvoir inaugurait une nouvelle ère de rupture d’avec l’ancien système socialiste et ses méthodes décriées sous tous les fronts, par les politiques, la société civile et les différentes couches de la population qui réclamaient un nouveau leadership. La demande sociale rimait avec un appel à l’espoir par le changement profond des méthodes jusque-là appliquées. Le slogan Sopi, que l’on traduit à tort et de manière réductrice par le substantif « changement », était plus que jamais d’actualité pour le peuple qui vivait une véritable « révolution » pacifique et ordonnée. Mais le Sopi, plus qu’un changement de personnes auquel l’opinion l’avait faussement réduit (« tout le monde sauf Diouf »), veut en réalité dire « Changeons !» L’impératif ici contraste avec le substantif statique « changement », en ce que le verbe appelle à une double action d’introspection et de mutation vers un Sénégal régénéré à travers un nouveau contrat social qui affranchirait ses citoyens des gabegies et pratiques clientélistes des socialistes usés par le pouvoir à l’aube du troisième millénaire. Le peuple sénégalais venait ainsi de signer un chèque à blanc à Maître Wade et rempli d’espoir, avait misé sur le vieil homme pour renvoyer les pratiques du dinosaure socialiste à la préhistoire. »
Nous retiendrons ici que le « Sopi » traduit mécaniquement par « changement » avait été dévoyé de sa portée transformatrice. En réalité, le « Sopi » comme slogan fait appel à l’action et devrait être plutôt traduit par « Changeons ! » Et là se posent les questions suivantes : changer qui ? quoi ? comment ? Pour répondre à ces interrogations, il faudrait disséquer les trois dimensions que renferme le concept même de Sopi. Tout d’abord au niveau individuel, le Sopi comme transformation de soi, c’est-à-dire de sa manière de voir et d’être qui a longtemps été théorisé comme le nouvel homo-senegalensis, affranchi des pesanteurs du post-colonialisme et conscient de sa propre responsabilité dans son émancipation. Ensuite, vient la dimension Sopi comme l’appel à changer sa manière de faire vis-à-vis de son entourage. Et enfin, la dimension du Sopi vu comme l’injonction de changer les habitudes et les modes opératoires et de gouvernance au niveau collectif.
Changeons ! La première étape du Sopi est donc celle de la transformation personnelle, se changer soi-même, comme premier gage de rupture car il nécessite de remplacer notre logiciel intérieur par une prise de conscience et un dépassement personnel. Une fois ce travail accompli, changeons nos comportements pour impacter positivement les choses autour de nous et transformer notre environnement direct. Puis, changeons notre action collective et corrigeons les erreurs du passé pour sortir du statu quo ante, et réaliser nos aspirations légitimes en tant que peuple. Toutefois, le PDS et son leader Maitre Wade une fois au pouvoir ont péché sur le « comment ? ». Comment transformer cette manne du Sopi en ciment fédérateur d’une société avide de changement et de dépassement ?
Pour comprendre cet échec, il faut se rappeler, qu’en s’installant au palais, les premiers mots du président Wade étaient : « nos problèmes de sous sont terminés », son premier directeur de cabinet, Idrissa Seck dixit (d’ailleurs on attend toujours le livre « Lui et moi » qu’il nous avait promis). Quel message envoie-t-on à sa jeunesse, à son peuple qui aspire au changement et à une gestion rigoureuse des maigres deniers publics, avec une déclaration pareille ? L’accession au pouvoir et faire de la politique d’une manière générale était désormais vue comme un moyen de s’enrichir rapidement. De plus, c’est sous le magistère de Maitre Wade que nous avons entendu dire que « xalis da niu key lijenti » une sorte d’hymne à la roublardise légitimée par certains actes des proches et sympathisants du président et autres arrivistes qui engraissaient la thèse de l’enrichissement illicite. Dès lors, la vertu qui devait être érigée comme soubassement du Sopi pour porter la rupture tant désirée, était absente.
Comment changer soi-même, son entourage et son mode de fonctionnement de manière durable si l’attitude et le comportement donnés par le leadership au sommet du pays ne sont pas louables ? La suite du magistère de Maitre Wade est assez révélatrice du désenchantement de la population devant les pratiques affairistes, clientélistes et dérives antidémocratiques du pouvoir libéral qui fut sanctionné aux urnes en 2012, faute d’avoir su répondre de manière satisfaisante à la demande sociale, malgré quelques réalisations notables au plan des infrastructures.
La situation actuelle ressemble fort à celle de la première alternance en matière d’engouement populaire mais surtout par le parcours des deux figures politiques et chefs de partis emblématiques du PDS et du Pastef qui ont porté leurs mouvements respectifs au sommet, à savoir Maitre Abdoulaye et Ousmane Sonko. Ils ont des traits de personnalités et des trajectoires similaires à bien des égards. Le charisme et l’aura des deux personnages, leur côté populiste, la nature de leur combat contre un establishment décrié par le peuple appelant à la rupture, et leur panafricanisme affiché, sont autant de points communs qu’ils partagent allègrement.
Toutefois, la différence majeure qui pourrait voir le parti Pastef porter et parachever le combat jadis entamé par le PDS à travers le Sopi, est dans la manière de gérer le pays une fois au pouvoir. Là où le PDS a rencontré des difficultés à transformer le Sopi en action par manque de repères et valeurs partagées, le Pastef a, aussitôt arrivé au pouvoir, élevé la droiture ou « jub » comme valeur cardinale de son action. Ainsi, le triptyque Jub-Jubal-Jubbanti (ou Se redresser-Redresser-Dresser) a été érigé comme la colonne vertébrale qui va soutenir la réalisation du projet de société de Pastef tel qu’il a été présenté aux Sénégalais et théorisé à travers le référentiel 2050.
Jub ou « Se redresser » : c’est se tenir droit, c’est être honnête. C’est un appel à s’assumer, à changer soi-même, comme l’a été la première étape du Sopi, au niveau individuel après une prise de conscience. Le Sénégalais, à l’instar des ex-colonisés a longtemps marché courbé, la tête en bas, ignorant le plus souvent ses droits les plus élémentaires et subissant la loi du plus fort. Le temps est venu de se redresser, de relever la tête et de marcher droit.
Jubal que l’on peut traduire par redresser, mettre sur le droit chemin, vise à changer les comportements et impacter positivement son entourage, correspondant à la deuxième étape du Sopi décrite plus haut. C’est faire ce qui est juste et faire son devoir.
Jubbanti ou Dresser, veut dire littéralement « remettre à la verticale », c’est-à-dire détordre ce qui est tordu ou rectifier ce qui est hors champs, ou encore mettre sur les rails c’est-à-dire ramener sur le droit chemin. Il y a là, la notion de corriger les choses, pour le bien commun. En fait, toutes ces actions du Jub-Jubal-Jubbanti sont mues par le désir de rendre compte, à soi-même et à son peuple. Le pouvoir en place a donc donner le la.
En effet, les premières mesures de reddition des comptes sont en phase avec les promesses de campagne et combat du Pastef depuis sa création, laissent espérer que la démarche est logique et soutenue. Le discours de la méthode pastéfienne est jusque-là cartésien, donc rationnel. Les moyens de mettre en œuvre leur projet de société, le référentiel 2050, sur base de rupture, sont déployées au fur et à mesure de l’évolution de leur trajectoire allant de la conquête à l’exercice du pouvoir. C’est ce que le PDS n’a pas pu réussir avec la déconnexion entre la lutte vers le sommet et la réalité des faits dans l’exercice du pouvoir. L’aurait-il réussi que Macky Sall ne serait certainement pas arrivé au sommet de l’État, pour en plus décevoir les espoirs de tout un peuple à qui il avait promis la patrie avant le parti.
Aujourd’hui, le Pastef a une belle occasion de réaliser la vraie deuxième alternance du Sénégal, à travers le Jub-Jubal-Jubbanti, en instaurant un mode de gouvernance basé sur la droiture avec des atouts tangibles de faire de l’équité sociale une réalité. En effet, qui dit droiture invoque les valeurs d’honnêteté, de dignité, de liberté, et de fierté. Le jub-Jubal-Jubbanti appelle les Sénégalais à se tenir droit, libres et à marcher ensemble vers la prospérité et le développement. Pour cela, il faudrait que la justice soit là pour tout le monde. La réussite du projet exige que le nouveau leadership se tienne droit et s’applique les règles qu’il invite les citoyens à adopter. Ce n’est qu’ainsi que la population qui s’érige désormais en sentinelle de la démocratie et de la justice sociale, pourra accompagner et veiller sur la mise en œuvre du référentiel Sénégal 2050. La page des compromissions devra être définitivement tournée, et une nouvelle s’ouvrir. Le futur du Sénégal sera écrit par les dignes fils et filles du pays ou ne sera pas.
En réalité, le Jub-Jubal-Jubbanti est voué à réussir là où le Sopi a buté, c’est-à-dire sur l’affranchissement de tout un peuple qui désormais relève la tête et décide de prendre son destin en main. Le renouveau du Sénégal est en marche et se caractérise déjà à l’interne par la reddition des comptes, et la mise en place d’un pool judiciaire financier, la séparation effective des pouvoirs avec l’indépendance affirmée de la justice, l’assainissement du secteur galvaudé de l’audiovisuel, l’exigence du paiement des impôts en souffrance auprès des entreprise, les actions prises en vue régler le secteur de l’immobilier et mettre fin à la gabegie foncière du patrimoine national. A l’externe, déjà, nous observons la redéfinition des relations avec les institutions de Bretton Woods, la renégociation des contrats d’affaires désavantageux pour le pays, le suivi alerte de l’exploitation de notre énergie pétrolière et gazière, mais aussi le départ annoncé des troupes étrangères stationnées sur le territoire sénégalais dont celle de l’ancienne métropole particulièrement, qui représenterait urbi et orbi, une étape importante dans l’affirmation de notre souveraineté nationale. La commémoration ce 1er décembre, des 80 ans de la tragédie des tirailleurs sénégalais du camp de Thiaroye en 1944, qui a vu la France reconnaitre ce massacre, en est belle une illustration.
Toutefois, le chèque à blanc signé par le peuple en faveur du pouvoir n’est pas dépourvu de conditionnalités intrinsèques. Nul n’a envie de revoir les pratiques abusives d’un passé récent se reproduire, et les leaders du Pastef en sont certainement conscients et sont donc avertis. La période de grâce est terminée, place à l’action : Sopi ak Jub-Jubal-Jubbanti !
LA FRANCE ENTRE RÉACTION ET RÉINVENTION, UN MOMENT DE VÉRITÉ
L’intérêt de Paris repose désormais sur la capacité à écouter, à comprendre et à accompagner, sans chercher à diriger. Il ne s’agit pas seulement d’un choix stratégique, mais d’une exigence morale pour garder un minimum de pertinence en Afrique
Le double revers diplomatique infligé à la France par le Sénégal et le Tchad, analysé dans l’éditorial du Monde du 2 décembre 2024, marque une étape critique dans les relations franco-africaines. Ces deux décisions souveraines, bien que portées par des contextes distincts, soulignent un rejet grandissant de l’ordre néocolonial par les nations africaines. Ce moment historique pose une question fondamentale : la France continuera-t-elle de s’accrocher à une posture réactive, dictée par le maintien de ses intérêts stratégiques et économiques, ou bien adoptera-t-elle une approche proactive et transformatrice, axée sur la reconnaissance des aspirations africaines ? Ce choix déterminera si Paris peut encore prétendre à un rôle significatif sur le continent.
Depuis les indépendances des années 1960, les relations entre la France et ses anciennes colonies africaines se sont construites sur des bases pour le moins déséquilibrées et à bien des égards abusives. Si les indépendances ont officiellement marqué la fin de la domination coloniale, la réalité a été toute autre. À travers des dispositifs institutionnels comme le franc CFA, des accords de défense unilatéraux et une politique étrangère paternaliste, la France a maintenu une emprise économique, politique et culturelle sur les pays de la zone francophone.
Le franc CFA, instauré dès 1945, est emblématique de cette continuité néocoloniale. Contrôlé par le Trésor français, il lie les économies africaines à une monnaie dont les priorités ne reflètent pas leurs besoins. Ce système a permis à la France de garantir la stabilité et la croissance de ses opérations économiques multiples et de préserver ainsi son influence économique, tout en maintenant les pays africains dans un état de dépendance structurelle. En parallèle, les accords de défense conclus après les indépendances ont permis à la France de maintenir son influence militaire sur le continent, en échange de garanties sécuritaires largement perçues comme illusoires et avant tout destinées à protéger des régimes impopulaires et autocratiques, alignés sur les intérêts français.
Cependant, ces mécanismes, qui ont longtemps servi les intérêts français, s’effritent sous la pression d’une jeunesse africaine affranchie et des rivalités géopolitiques croissantes. Des puissances comme la Chine, la Russie, la Turquie, les pays du Golfe et même les États-Unis d’Amérique ont investi dans des partenariats stratégiques en Afrique, offrant des alternatives à une domination française perçue comme obsolète.
Le projet de l’Eco, monnaie ouest-africaine censée remplacer le franc CFA, illustre la maladresse de la France dans sa tentative de réformer son héritage néocolonial sans en abandonner les fondements. En décembre 2019, lors d'une visite à Abidjan, Emmanuel Macron et Alassane Ouattara, président de la Côte d’Ivoire, avaient annoncé la transition vers l’Eco. Présentée comme une réponse aux critiques croissantes contre le franc CFA, cette initiative devait incarner une avancée historique.
Mais le projet a rapidement été discrédité. L’Eco, tel que proposé, maintenait une parité fixe avec l’euro et dépendait toujours du Trésor français pour sa garantie. Ce qui devait être un symbole d’émancipation s’est révélé être une simple réinvention cosmétique du système existant. Pour de nombreux Africains, ce projet représentait une tentative de sauvegarder l’influence française sous une autre forme. Les critiques ont fusé de toutes parts, y compris de la Communauté économique des États de l'Afrique de l'Ouest (CEDEAO), qui travaille depuis des années sur une véritable monnaie régionale.
L’Eco, dans sa version franco-ivoirienne, n’a toujours pas vu le jour. Cet échec souligne une leçon essentielle : la France ne peut plus imposer de réformes de haut en bas en Afrique dans la continuité néocoloniale. La stratégie de Macron, consistant à réformer sans bouleverser l’ordre établi, a montré ses limites. Toute initiative future devra être pilotée par les Africains eux-mêmes, avec, éventuellement, la France dans un rôle d’accompagnement technique et non de leadership.
Une souveraineté africaine portée par les jeunesses
La montée en puissance des aspirations souverainistes en Afrique, portée principalement par les jeunesses, représente un défi majeur pour la France. Ces générations connectées et informées rejettent les cadres hérités de la colonisation et exigent des relations internationales fondées sur l’égalité et le respect mutuel. Ce souverainisme moderne, loin d’être une simple réaction à des frustrations passées, incarne une volonté de transformation profonde.
Dans des pays comme le Sénégal et le Tchad, cette revendication s’exprime de manière variée, mais elle converge autour de principes communs : autonomie économique, contrôle des ressources nationales et respect des choix politiques locaux. La France, en tant qu’ancienne puissance coloniale, est souvent perçue comme l’obstacle principal à ces aspirations.
La persistance des relations néocoloniales est contre-productive pour toutes les parties. Elle perpétue des déséquilibres économiques et politiques en Afrique, alimentant les frustrations populaires et les mouvements anti-français. Pour la France, ce modèle est devenu un fardeau diplomatique. Il ternit son image et limite sa capacité à nouer des partenariats authentiques avec des acteurs africains émergents.
Décoloniser ces relations implique :
Une autonomie monétaire totale. Le franc CFA et toute tentative similaire doivent être abandonnés. La France doit clarifier qu’elle n’a aucun rôle à jouer dans la gestion des monnaies africaines, tout en offrant un soutien technique, si demandé, pour faciliter une transition autonome.
Des partenariats économiques équitables. Les termes des contrats doivent être revus pour refléter les intérêts des nations africaines. Cela inclut des clauses garantissant que les bénéfices des industries extractives profitent davantage aux populations locales.
Une approche diplomatique horizontale. La France doit traiter les nations africaines comme des égaux, sans interférence dans leurs affaires intérieures. Cela inclut le respect des choix politiques et des orientations stratégiques définis par les Africains eux-mêmes.
Le moment est venu pour la France de réinventer ses relations avec l’Afrique. Il ne s’agit pas seulement de préserver ses intérêts économiques ou stratégiques, mais de redéfinir sa place dans un monde multipolaire. Une rupture franche avec le passé néocolonial permettra de construire des partenariats fondés sur la confiance et le respect mutuel, à l’image de ceux que la France entretient déjà avec des pays anglophones comme le Ghana ou le Nigeria.
Ce repositionnement exigera du courage politique et une vision à long terme. Mais c’est également une chance pour la France de se réconcilier avec son histoire et de jouer un rôle positif dans l’émergence d’une Afrique souveraine et prospère. C’est à travers une telle transformation que Paris pourra prétendre à un rôle d’allié respecté, et non de puissance déclinante accrochée à un passé révolu.
L’avenir des relations franco-africaines repose désormais sur la capacité de la France à écouter, à comprendre et à accompagner, sans chercher à diriger. Il ne s’agit pas seulement d’un choix stratégique, mais d’une exigence morale face aux aspirations légitimes de millions d’Africains. La balle est dans le camp de Paris.
par l'éditorialiste de seneplus, Amadou Elimane Kane
RÉINVENTER NOTRE ROMAN AU PLURIEL
EXCLUSIF SENEPLUS - Le Sénégal doit se saisir de la construction d’un récit commun qui commence par la connaissance de son histoire car le récit est au confluent de plusieurs disciplines qui se rencontrent dans l’union et la symphonie des peuples
Amadou Elimane Kane de SenePlus |
Publication 04/12/2024
Quiconque détient le récit d’un peuple détient son âme.
Réimaginer notre récit, c'est s'approprier et se réapproprier de manière perpétuelle l’équilibre fragile de notre vivre en commun
Si le récit, dans son sens premier, est une présentation (orale ou écrite) d'événements (réels ou imaginaires), il incarne aussi une action de rapporter des faits. On peut souligner que tout est récit, tout est narration et que c’est la fondation solide d’une culture donnée qui en fait la beauté et la singularité.
C'est pourquoi je suis de ceux qui pensent qu’il est essentiel, je dirai même vital, de construire notre propre récit africain. Un récit construit en tant que mode de pensée, mais aussi en tant qu’expression de la manière dont une culture considère le monde. C’est essentiellement au travers de nos récits que nous construisons une conception de ce que nous sommes dans l’univers, c’est au travers des récits qu’une culture fournit à ses membres des modèles d’identité et d’action.
Il faut porter notre récit et pas seulement celui des autres. Non pas que ceux-là ne comptent pas mais ils constituent un ailleurs ; si on fait sien un récit extérieur qui ne relève pas de notre canevas historique et culturel, on demeure dans l’imitation. C’est pourquoi je pense qu’il faut en finir avec toute cette imagerie qui est malheureusement encore transmise, et qui consiste à dire que l’Afrique serait née de l’Occident. Le récit africain existe de manière fondatrice et bien avant l’arrivée de l’envahissement occidental.
Toutefois, un récit n’est jamais figé, il est en perpétuel mouvement, en constante métamorphose. Investir notre imaginaire fleuri, c’est réimaginer notre socle culturel qui est vivant et qui constitue nos entrailles identitaires.
Pour cela, il existe plusieurs leviers qu’il nous faut investir de manière pérenne, sans avoir peur de nos référents historiques, culturels et linguistiques. Cela s’articule autour de l’éducation, de l’unité politique et sociale, de la citoyenneté et des médias de communication qui tous doivent porter un discours qui nous ressemble.
L’école, le premier lieu de socialisation, doit mieux utiliser les récits qui, dans la culture humaine, sont le principal support de la construction et de la transmission du sens. Ici, l’éducation est la tentative complexe d’adapter une culture aux besoins de ses membres et d’adapter ses membres et leurs manières d’apprendre aux besoins de la culture. De même, les outils modernes le permettent amplement avec le numérique, la télévision, la radio, la presse pour faire que cette transmission existe et demeure.
L’Afrique, et le Sénégal en particulier, doit partager une narration collective faisant émerger, par un discours sûr de lui, un passé, un présent, un avenir pour construire une société plus juste et plus prospère. Le Sénégal doit écrire son roman au pluriel en faisant chanter ses voix de connaissances et de savoirs et ses visions multiples.
Le Sénégal doit se saisir de la construction d’un récit commun qui commence par la connaissance de son histoire car le récit est au confluent de plusieurs disciplines qui se rencontrent dans l’union et la symphonie des peuples. C’est à nous, citoyens sénégalais, d’élaborer, de concevoir notre propre récit, notre propre discours sur nous-mêmes, pour nous-mêmes et par-delà pour l’humanité.
Bâtir notre propre récit à partir de notre mémoire, de nos référents culturels et historiques, de notre imaginaire pour proposer une vision du continent africain, celle d’un regard juste qui est à la fois singulier et universel.
C’est aussi dans ce sens que je défends la construction des Etats-Unis d’Afrique autour de valeurs solides et citoyennes. C’est de cette cohérence que nous arriverons à cheminer dans l’harmonie, de creuser le chemin de la terre africaine. Il nous faut façonner notre empreinte culturelle qui sera celle de l’Afrique renaissante, d’une Afrique souveraine et debout.
Il s'agit pour nous d’écrire notre propre récit, formant une narration collective qui permette la réhabilitation définitive de notre patrimoine et de nos empreintes culturelles et sociales. De faire vivre cette narration collective permettra non seulement de partager notre histoire commune mais aussi de redessiner les perspectives du futur, de nos besoins, de nos stratégies, en matière d’éducation, de droit, de politique unitaire et de citoyenneté. Nous aurons alors une symétrie libre ayant du sens pour répondre à nos véritables besoins sociaux, éducationnels et humains.
Réinventer notre roman au pluriel, c'est aussi faire face au tempérament fragile de notre vivre ensemble, qui peut accepter toutes les trajectoires plurielles à partir du moment où elles s’inscrivent dans l’égalité et l’équité humaines. Pour cela, nous devons nous saisir de notre héritage patrimonial, celui d’être dans la Maat, la justice, l’équilibre et le beau.
Amadou Elimane Kane est enseignant, poète, écrivain et chercheur en sciences cognitives.
L’ONU FAVORABLE A LA CREATION D’UN ETAT PALESTINIEN
L'Assemblée générale des Nations unies a plaidé, mardi, pour la fin de l'occupation israélienne des territoires palestiniens et la création d'un État palestinien.
L'Assemblée générale des Nations unies a plaidé, mardi, pour la fin de l'occupation israélienne des territoires palestiniens et la création d'un État palestinien.
Elle a ‘’réaffirmé son appui indéfectible, conforme au droit international, au règlement prévoyant deux Etats, Israël et la Palestine, vivant côte à côte dans la paix et la sécurité, à l’intérieur de frontières reconnues sur la base de celles d’avant 1967’’, rapporte le quotidien Le Monde.
L’organe consultatif de l’Onu a adopté mardi une résolution en ce sens par 157 voix pour, huit contre (dont Etats-Unis, Israël, Hongrie) et sept abstentions dans le cadre de l’examen annuel de la question palestinienne.
L’Assemblée a décidé de convoquer pour le mois de juin à New York une ‘’conférence internationale de haut niveau pour le règlement pacifique de la question de la Palestine et la mise en œuvre de la solution des deux Etats’’, qui sera coprésidée par la France et l’Arabie saoudite.
Le texte de la résolution appelle les parties à ‘’agir de façon responsable’’ afin d’inverser ‘’les tendances négatives, y compris toutes les mesures prises sur le terrain qui contreviennent au droit international’’. L’Assemblée exige une nouvelle fois que ‘’les droits inaliénables du peuple palestinien, au premier rang desquels viennent le droit à l’autodétermination et le droit de créer un Etat indépendant, soient réalisés’’, ajoute le texte cité par Le Monde.
Rappelant les récentes décisions de la Cour internationale de justice, elle demande également qu’Israël ‘’mette fin à sa présence illicite dans le territoire palestinien occupé dans les plus brefs délais’’ et cesse toute colonisation. L’Onu considère l’ensemble des territoires palestiniens – Cisjordanie, Jérusalem-Est et Gaza –, comme occupés.
‘’L’occupation doit cesser’’, a insisté l’ambassadeur palestinien à l’Onu, Riyad Mansour, accusant le gouvernement Netanyahu de vouloir ‘’détruire et déplacer la population pour annexer la terre’’.
C’est une résolution de l’Assemblée générale de 1947 qui avait partagé la Palestine, alors sous mandat britannique, en deux Etats indépendants, l’un arabe, l’autre juif, et une zone internationale autour de Jérusalem. Cependant, seule la création d’Israël avait alors été proclamée, le 14 mai 1948, provoquant une guerre entre le nouvel Etat et plusieurs pays arabes.
LES ÉCLAIRAGES DE L’ANACIM SUR LES PLUIES D’HORS SAISON À DAKAR
Depuis le mardi 3 décembre, de faibles pluies inhabituelles pour la saison sont observées à Dakar et dans plusieurs régions du Sénégal. Mor Kébé, ingénieur prévisionniste, explique les origines de ce phénomène et alerte sur les précautions à prendre.
Depuis ce mardi 03 décembre, de faibles pluies sont notées à Dakar. Une situation qui a tendance à interpeller de nombreuses personnes, pas habituées à voir des pluies au mois de décembre.
Mor Kébé a apporté des éclairages sur cet état de fait. Ainsi, l’ingénieur prévisionniste à l’Agence nationale de l’aviation civile et de la météorologie (ANACIM) indique qu’ « il s’agit d’une situation qui a été prévue par l’ANACIM depuis le lundi dernier et qui se caractérise par une forte couverture nuageuse et une baisse notable des températures et de fortes précipitations touchant principalement les régions du Nord comme Saint-Louis, Louga, Linguère, et de l’Ouest aussi comme la région de Dakar, Thiès et une partie de Mbour. Et dans une moindre mesure ces précipitations ont touché Podor, Diourbel… Ce phénomène météorologique est typique de la période de fraicheur, et nous l’appelons souvent pluie d’hors saison puisque ce n’est pas causé par la dynamique des pluies qu’on a l’habitude d’observer pendant la période des pluies ».
Toujours selon le prévisionniste, « c’est également connu comme ‘‘pluie de mangue’’ en wolof. Cette appellation s’explique par le fait que l’apparition de ces pluies accélère le murissement des grappes de mangue qui sont accrochées aux branches », nous explique-t-il.
Mor Kébé ajoute par la suite que ces pluies sont dues à un conflit de masses d’air venant d’Europe qui descend pour trouver une masse d’air chaud et sec localisé sur le continent africain.
Leur mélange au-dessus de l’Afrique de l’Ouest conduit à la formation de nuages qui se développent progressivement, entrainant ainsi des précipitations sous les régions du Nord et de l’Ouest.
Par ailleurs, il apporte des précisions concernant la dangerosité des conséquences de ces pluies qui avaient fait des ravages il y a quelques années au Sénégal.
« Ce type de phénomène s’observe le plus souvent pendant les périodes de fraicheur et peut parfois avoir des conséquences dramatiques sur les populations. On se rappelle la situation du 9 au 11 janvier 2002 qui a été marquée par des quantités extrêmes de pluie et une fraicheur intense dans les régions du Nord et de l’Ouest. C’est un phénomène qui avait causé la mort de plusieurs personnes et de nombreux animaux, en plus de pertes agricoles importantes. C’est pourquoi maintenant les alertes météorologiques sont pour faire face à ce genre de phénomènes. Elles permettent aux populations de prendre les mesures de précaution pour éviter les dangers. En termes de perspectives, on peut dire que cette situation risque de nous intéresser aujourd’hui jusqu’au jeudi soir. C’est pourquoi nous demandons aux populations de se mettre à l’abri pour éviter les coups de fraicheur mais aussi de protéger le bétail et les récoles ».
LE VOL DE BETAIL PROVOQUE PLUS DE 2 MILLIARDS DE FRS DE PERTES CHAQUE ANNEE
Chaque année, plus de deux milliards de frs Cfa de pertes liées au vol de bétail sont notées au Sénégal. Ceci, dans un contexte où l’élevage contribue à hauteur de 4% au PIB dans l’économie nationale.
Baye DIAGNE Correspondant permanent à Saint-Louis |
Publication 04/12/2024
Chaque année, plus de deux milliards de frs Cfa de pertes liées au vol de bétail sont notées au Sénégal. Ceci, dans un contexte où l’élevage contribue à hauteur de 4% au PIB dans l’économie nationale.
L’atelier régional organisé à SaintLouis par l’Organisation des Nations Unies pour l’Alimentation et l’Agriculture (FAO) sur le thème de « Réflexion sur le secteur de l’élevage en Afrique de l’Ouest et au Sahel face à la problématique du vol de bétail : Quelles solutions pour une prévention et une lutte efficace ? » a permis aux acteurs multidisciplinaires de discuter des opportunités de réflexion stratégique autour de cette problématique sectorielle. Les participants ont, durant deux jours, abordé les différentes facettes du vol de bétail en vue de trouver des solutions endogènes et dégager des perspectives. Il faut noter que des délégations venues du Mali, de l’université Gaston Berger et de l’université des Sciences, Techniques et Technologiques de Bamako ont pris part à cette rencontre. Astou Fall , conseillère technique, coordonnatrice de la cellule contre le vol de bétail au ministère de l’Agriculture, de la souveraineté alimentaire et de l’Elevage a, au nom du ministre M. Mabouba Diagne, estimé que cette rencontre est capitale. « Le vol du bétail est un fléau qui gangrène le secteur de l’élevage. Des offres de solutions sont là avec des échanges de technologie avec le Mali. Il faut des solutions innovantes, parce que le vol de bétail est un mal qui est là, malgré le vote de la loi pour sa criminalisation et malgré des tentatives de dissuader les voleurs », a- t-elle déclaré. Avec le panel, l’Ugb et l’université de Bamako vont apporter leurs contributions, à travers les nouvelles technologies de même que les startups Sénégalais qui vont également présenter des offres de solutions.
Le vol de bétail, un phénomène complexe
Concernant les statistiques, Astou Fall a affirmé que chaque année, plus de deux milliards de frs Cfa de pertes liées au vol de bétail sont notées au Sénégal. Ceci, dans un contexte où l’élevage contribue à hauteur de 4% au PIB dans l’économie nationale. Le représentant du coordonnateur sous régional de la FAO pour l’Afrique de l’Ouest, le Docteur Ibrahima Thiane, a indiqué que la FAO a pris l’initiative d’organiser cette rencontre en invitant le Mali qui vit également la même problématique de vol de bétail que le Sénégal. « Les pertes liées au vol du bétail sont énormes, deux milliards pour le Sénégal, 32 millions de dollars pour le Mali et 432 millions de dollars au Nigéria. C’est pourquoi le vol du bétail est un phénomène complexe qui transcende les frontières et qui mérite des actions au niveau national et international en terme de politique publique, d’aspects juridiques et en terme technique », a-t-il déclaré.
Dr Ibrahima Thiane a informé qu’il est prévu d’utiliser des drones et d’autres outils qui vont aider à tracer le bétail. « Un bétail volé au Mali peut être retrouvé au Sénégal, au Togo, Nigéria etc., d’où l’importance des technologies avec les partenaires comme les universités. Nous espérons qu’au sortir de cette rencontre, nous aurons un panel et un ensemble de solutions qui permettront de prendre en compte ce fléau en Afrique de l’Ouest », a- t-il affirmé avant de préciser que l’approche inclusive permet d’associer les populations, les communautés qui sont les principales victimes. Pour lui, les comités locaux de lutte contre le vol du bétail sont pertinents, mais il faut aller au-delà du domaine technique avec le système national d’identification. Il prône la mise en place d’une coalition sous régionale qui va permettre de mettre en relation les organisations des éleveurs pour mieux échanger et combattre ce fléau. Venu participer à cet atelier, le directeur national des productions et des industries animales du Mali a déclaré que cette rencontre est capitale et que le vol du bétail a fait perdre à l’Etat malien plus de 32 millions de dollars. Ce qui explique sa présence dans cette rencontre. « Nous allons parler d’une seule voix pour aider les acteurs dans la prise de décisions. Le vol du bétail est un problème socio-économique pour le Mali, en ce sens que les éleveurs ont peur d’élever les animaux seuls. Le vol est très organisé, en groupe ou en individuel. Les voleurs utilisent le butin comme source de revenus pour financer d’une part les adhérents et d’autre part s’équiper en armes afin de nuire aux Etats» a indiqué le représentant du Mali. Le président national de l’Association de lutte contre les vols de bétail a magnifié la tenue de cet atelier. Elhadj Aboubacar Biteye affirme que « depuis des années, son association lutte contre le vol du bétail, en collaboration avec les comités mis en place au niveau des régions…. Les pertes évaluées après la présentation des rapports sortis annuellement sont énormes. Il faut des solutions. C’est pourquoi des comités de veille sont mis en place. Il faut un maillage dans les 557 communes du Sénégal pour identifier le bétail. Ce qui va faciliter le travail », a-t-il conclu