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23 avril 2025
Société
MULTIPLE PHOTOS
TROUBLES DE MÉMOIRE(S)
Entre politique mémorielle officielle et appropriations populaires, la question reste ouverte : comment le passé colonial façonne-t-il les imaginaires contemporains ?
Au Sénégal, la répression sanglante des tirailleurs sénégalais cantonnés dans le camp de Thiaroye le 1er décembre 1944 est un événement marquant dans l’histoire collective. Elle est une expression vive des violences coloniales qui soutiennent le système colonial. Ce qui devait être un retour au pays natal après des années de guerre et de captivité en Europe tourne à la tragédie. Ce drame, où des dizaines de tirailleurs sénégalais furent massacrés après avoir réclamé leurs droits, s’inscrit dans un contexte politique complexe, marqué par la Seconde Guerre mondiale, la montée des revendications anticoloniales et les incertitudes et ambiguïtés du pouvoir colonial. La violence extrême dont est empreinte la répression de Thiaroye signe tout à la fois, une prise de conscience politique et sociale des vétérans de la guerre, qui mettent en œuvre les leçons tirées de la guerre, l’appropriation des valeurs associées à la liberté, à l’égalité et la volonté de secouer le joug de la domination coloniale.
Aujourd’hui, Thiaroye 44 est à la fois une tâche dans la mémoire coloniale française et une interrogation sur les mémoires, africaine et nationale. Entre politique mémorielle officielle et appropriations populaires, la question reste ouverte : comment le passé colonial façonne-t-il les imaginaires contemporains ?
L'analyse de la mémoire de Thiaroye révèle qu'elle s'est construite au fil des décennies à travers de multiples prismes : historiographique, culturel, juridique, commémoratif et ethnographique. Chacun de ces filtres a contribué à forger un canon mémoriel qui reflète non seulement les aspirations collectives mais aussi les tensions inhérentes à toute entreprise de remémoration. Ces couches successives donnent à cette mémoire une profondeur qui dépasse les simples faits historiques, la transformant en un objet de réflexion sur la transmission, les héritages, les identités et les contours et la communauté.
Tirailleurs sénégalais ! Dans un article intitulé « Origines et historique sommaire des unités de Tirailleurs sénégalais et soudanais », le Général de Boiboissel écrit : « Il n’est pas possible et il ne serait pas équitable d’écrire une histoire même abrégée de l’Afrique occidentale française, sans faire leur place, une place digne de leurs mérites et des services qu’ils ont rendu à la France, aux Tirailleurs et Spahis sénégalais. Ils portent comme un fanion depuis Faidherbe qui les créa, ce titre désormais anachronique, mais chargé de passé et de gloire. Certes, il ne s’adapte plus à la réalité géographique et ethnique. Mais qu’importe une exégèse grammaticale. Une modification d’état-civil n’enterre pas une histoire ».
Plongés dès août 1914 dans les combats les plus meurtriers de la Première Guerre Mondiale, (l’idée de leur utilisation s’est posée en France dès 1908) les Tirailleurs sénégalais ont été des acteurs majeurs de la défense française. Arrachés à leurs terres africaines, souvent sans préparation adéquate, ces soldats ont payé un lourd tribut aux conflits mondiaux. Le ballet poème « Aube Africaine » est une chronique musicale, chantée et dansée d’un tirailleur, de son recrutement aux effets néfastes sur le village, à la violence incroyable des exercices de l’entrainement militaire, terrible dans le bataillon, son départ pour le front européen, son emprisonnement dans les geôles en Allemagne et en France occupée, sa libération, son rapatriement et sa mort sous les balles françaises, à Thiaroye. Un ballet-poème, adapté et mis en scène, par Mamadou Traore dit Seyba, au Grand Théâtre Doudou Ndiaye Coumba Rose. En écho, le poème de Léopold Sédar Senghor, « Tyaroye », est une litanie pour dénoncer la France qui « n’est plus la France » et annoncer le retour de l’Afrique éternelle. Une tragédie qui annonce une ère nouvelle. Une prise de conscience qui réinvente une Afrique qui sort de la guerre, en quête d’émancipation. Considérés à tort comme très résistants physiquement, leur utilisation est une erreur dramatique, aggravée par un encadrement souvent défaillant. Si des ajustements surviennent, comme l'amélioration de leur formation ou l'ajout d'infrastructures adaptées, ils restent cantonnés à des rôles de « chair à canon ». A la fin de la guerre ils sont embrigadés dans des « équipes militaires de travail» chargées de travaux publics (routes, ponts...) À leur retour, beaucoup présentent des stigmates de cette guerre : estropiés, brisés psychologiquement, ou emportés par des maladies contractées sur le front.
L'image des tirailleurs sénégalais est façonnée par une propagande ambiguë. Tantôt glorifiés comme des guerriers féroces, tantôt caricaturés sous des traits infantiles, ils sont soumis à un racisme ordinaire qui a perduré bien après l'armistice. Ces stéréotypes, véhiculés par les médias et des campagnes publicitaires, illustrent la perception paternaliste et condescendante de l'époque (Y a bon banania !)
Leur sort ne s'améliore guère pendant la Seconde Guerre mondiale. En 1940, victimes d'une idéologie raciste exacerbée, des tirailleurs prisonniers sont exécutés sommairement par les troupes nazies. Leur rôle, au service de la France, dans les guerres coloniales ultérieures reste déterminant. Certains deviendront par la suite des dirigeants de territoires africains devenus indépendants. Le 1er décembre 1944, au petit matin, des tirailleurs rassemblés dans le camp par leurs supérieurs expriment leurs doléances. Enrôlés pour défendre la France, ils espéraient un traitement digne à leur libération en France et au retour, en Afrique. Après des années de captivité en Allemagne et en France occupée, beaucoup reviennent brisés, mais leur loyauté envers la France reste intacte. Ils revendiquent et réclament leur traitement et un respect équivalents à ceux accordés aux soldats français.
En effet, une réglementation précise avait été mise en place, pour encadrer le paiement des soldes des ex-prisonniers de guerre, mais son application soulève des questions cruciales sur la justice et la transparence. La circulaire n°2080 du ministère de la Guerre, datée du 21 octobre 1944, stipulait que ces soldats devaient percevoir l'intégralité de leur solde de captivité avant de quitter la métropole. Un quart de cette somme devait leur être versé en métropole, tandis que les trois quarts restants étaient dus à leur arrivée. Cette directive, confirmée par une note du ministère des Colonies du 25 octobre 1944, garantissait également aux soldats, un certificat attestant des montants encore à percevoir. Cependant, à Dakar, lors du rapatriement, la réalité fut tout autre : les trois quarts restants de leur solde ne leur ont pas été versés. Cette situation a engendré un sentiment d'injustice parmi les 500 tirailleurs destinés à rejoindre Bamako. Refusant de quitter la caserne de Thiaroye, ils réclamaient leur dû conformément aux termes établis. Ils sont soutenus par leurs camarades. Les tirailleurs avaient compris, que revenus dans leurs équipes, ils seraient éparpillés en petits groupes, puis seraient des victimes des commandants de cercle, les rois de la brousse.
L'intransigeance des autorités civiles et militaires, pourtant informées de leurs obligations, a exacerbé les tensions. Leurs revendications légitimes étaient qualifiées de mutinerie dans une circulaire. Une approche perçue comme une tentative de réprimer et d'effacer les protestations des soldats, cache probablement un éventuel détournement de fonds. Officiellement, les rapatriés étaient censés avoir perçu l'intégralité de leur rente avant leur départ de métropole, mais les faits sur le terrain racontent une toute autre histoire. Les revendications se heurtent au mur de l’administration politique et militaire françaises. La hiérarchie militaire répond par la force. Des mitrailleuses sont déployées, et les tirs éclatent. En quelques minutes, des dizaines de tirailleurs sont tués. Les estimations varient, mais le bilan officiel, qui avance 35 tués, 24 blessés, 34 traduits en justice, souvent contesté, reste inférieur à la réalité. Armelle Mabon, Enseignante-chercheure et Maîtresse de conférences en histoire contemporaine à l'Université de Bretagne-Sud, preuves à l’appui a contesté le bilan officiel établi par la France et a par ailleurs, au cours d’un colloque organisé à Dakar les 18 et 19 décembre 2018 identifié pour la première fois, les fosses communes ayant servi de tombeaux dans lesquels les tirailleurs ont été enterrés à la va vite. Son dernier ouvrage « Le Massacre de Thiaroye 1er décembre 1944, histoire d'un mensonge d'État » vient de paraître. Les promesses françaises de reconnaissance et d'intégration n'ont jamais été pleinement réalisées. Si certains anciens combattants ont accédé aux postes de pouvoir dans les colonies, beaucoup ont été relégués à l'oubli. L'injustice perdure, comme en témoigne le cas d'Abdoulaye Ndiaye, dernier tirailleur des Dardanelles, mort en 1998 à la veille de recevoir la Légion d'honneur.
Un contexte explosif
Le contexte politique à Dakar en 1944 est celui d'une Afrique occidentale française (AOF) en transition. Après la chute du régime de Vichy, les espoirs de démocratisation suscités par la France libre sont rapidement contredits par le maintien d'une administration coloniale conservatrice. La répression à Thiaroye reflète ces tensions : d'un côté, une autorité coloniale jalouse de son pouvoir, de l'autre, des soldats noirs qui, forts de leur expérience en Europe, réclament des droits longtemps bafoués. Au-delà des questions de solde, les revendications des tirailleurs témoignent d'un changement profond. Ayant côtoyé leurs camarades français sur le champ de bataille, ces hommes exigent une égalité de traitement et la reconnaissance de leur rôle dans la défense de la France. Leur retour en Afrique, marqué par des humiliations et des injustices, attise un sentiment de révolte que les autorités métropolitaines sont incapables de comprendre ou d'accepter.
Un tournant politique
La répression de Thiaroye ne se limite pas au massacre. Moins de quatre mois plus tard, en mars 1945, un procès expéditif est organisé pour juger les survivants. Trente-quatre tirailleurs sont condamnés pour rébellion et refus d'obéissance. Les autorités coloniales justifient ces condamnations en les associant à une soi-disant influence de la propagande allemande. Ce procès, marqué par des irrégularités flagrantes et une absence totale de confrontation des preuves, sert avant tout à protéger l'institution militaire et à légitimer l'usage de la force. En 1945, les premières élections législatives d’après-guerre permettent à Lamine Guèye et Léopold Sédar Senghor de siéger à l'Assemblée constituante française. À Paris, ces députés font de Thiaroye un symbole de l'injustice coloniale.
Pour Lamine Guèye, député du Sénégal et avocat des tirailleurs au procès de mars 1945, ce massacre incarne l'échec de la France à tenir ses promesses. « Tuer des hommes pour une question de soldes est abominable », déclare-t-il en 1946 devant l'Assemblée constituante française, dénonçant ce qu'il qualifie de « crime de droit commun ». Puis, il interpelle directement le gouvernement : « Comment voulez-vous que les représentants de ces régions n'éprouvent pas un sentiment de dégoût et d'écœurement ? »
Quant à Senghor, jusque-là inconnu sur la scène politique sénégalaise, il commence à structurer une critique intellectuelle et politique de l'ordre colonial. Pour lui, Thiaroye illustre non seulement l'échec du modèle colonial, mais aussi la nécessité de redéfinir les relations entre l'Afrique et la métropole. Dans la colonie du Sénégal, la répression militaire est suivie d'une surveillance accumulée des tirailleurs et des élites politiques. Les correspondances sont interceptées, les rassemblements surveillés, et toute tentative de commémoration du massacre est réprimée. En France, des mouvements de gauche et des syndicats s'emparent de l'affaire, demandant la formation d'une commission d'enquête. Le massacre des tirailleurs sénégalais à Thiaroye, s'inscrit également dans une série de violences coloniales qui accélèrent la montée en puissance des dirigeants politiques africains. Cette tragédie renforce l'idée que l'autonomie, voire l'indépendance, est le seul chemin viable pour les colonies. Elle dévoile les tensions latentes dans l'empire colonial français. Elle soulève des questions sur la viabilité d’un empire qui repose sur la répression et l’exploitation. Pour les autorités, il s'agit de contenir une contagion politique : empêcher que l'exemple de Thiaroye n'encourage d'autres mouvements de révolte. Pour les Africains, le massacre devient une balise dans la lutte pour leurs droits. Les élites politiques, à l'instar de Guèye et Senghor, utilisent cette tragédie pour démontrer que les réformes coloniales sont insuffisantes. En Afrique, il nourrit une prise de conscience collective parmi les élites et les populations. La décolonisation, encore impensable pour certains en 1944, devient alors une certitude.
Éclat médiatique
Dans l'immédiat après-guerre, la mémoire du massacre de Thiaroye est fragmentée et contrôlée par les autorités coloniales. Les archives militaires et administratives cherchent à minimiser l'événement, décrivant des tirailleurs comme influencés. Au Sénégal, cette mémoire prend d'abord une forme discrète. Quelques archives racontent qu’à l’époque les habitants de Thiaroye-sur-Mer, traumatisés, chuchotent sur les événements. Cette transmission orale, nourrie par la peur et le respect pour les morts, constitue le premier socle d'une mémoire collective vivante, qui se transmet.
A quelques exceptions près, ce n'est que bien après les indépendances africaines des années 1960, que Thiaroye commence à trouver une place dans les récits historiques et/ou les œuvres culturelles. L'événement devient un sujet central dans la littérature et le cinéma, où il est réinterprété pour dénoncer les abus du colonialisme et célébrer la résistance.
Lors de sa première célébration en août 2004, « La Journée de commémoration des tirailleurs sénégalais » a connu un éclat médiatique. Une profusion d’articles amorce un virage dans les représentations de ces derniers. Le Populaire titrait : « Enfin l’hommage aux Tirailleurs ». Dans le corps de l’article, l’auteur écrit : « Étonnant ! Les révélations des historiens et anciens combattants sur les affres de la Deuxième Guerre mondiale ont de quoi nous glacer le sang dans les veines […]. Mais où ont-ils pu tirer l’énergie nécessaire pour faire face aux soldats allemands qui, loin s’en faut, n’étaient pas des enfants de chœur ? », le Journal met à sa Une : « Les vétérans tirent sur la France » et Wal Fadjri avance sur 4 colonnes : « Ce que Senghor et Abdou Diouf auraient dû faire. Le président Wade souhaite ainsi réaliser un événement d’envergure ». Un décret est publié qui stipule que l’après-midi de cette Journée est déclarée « chômée et payée ». Avec l’instauration de la Journée du Tirailleur, un autre décret est promulgué, articulé en deux articles. Le premier déclare que « le cimetière de Thiaroye où sont enterrés les Tirailleurs sénégalais morts au cours de la répression coloniale du 1er décembre 1944, est déclaré Cimetière national », tandis que le 2ème stipule : « le 23 août suivant son élection, le président de la République rend les honneurs aux victimes. Le 23 aout de chaque année, le Premier ministre y dépose une gerbe de fleurs (décret no 2004-1220). Mais à ce jour, l’emplacement des dépouilles reste inconnu : charnier à l’intérieur ou tombes dans le cimetière militaire ?
Sous la présidence d'Abdoulaye Wade, cette mémoire a pris une place centrale dans le paysage national. Discours, cérémonies, monuments, spectacles et mêmes initiatives législatives ont été déployées avec un volontarisme marqué. Cette mobilisation mémorielle visait non seulement à rendre justice aux victimes de Thiaroye, mais aussi à inscrire leur histoire dans une continuité plus large. Pour Wade, ces actions constituaient un moyen de fédérer et de forger une identité commune autour d'un passé partagé. L'exaltation de la mémoire des tirailleurs s'inscrivait dans une stratégie plus étendue : celle d'une monumentalisation du passé. Projets architecturaux ambitieux, reconstitution historique et rénovation de symboles comme la statue Demba et Dupont, illustraient cette volonté. Pourtant, ces initiatives, souvent présentées pour leur caractère spectaculaire, n'ont pas toutes abouti, révélant les limites d'une politique culturelle parfois perçue comme opportuniste.
Le relatif désintéret sous Macky Sall
En octobre 2012, le président François Hollande en visite à Dakar, marque une étape dans la reconnaissance des épisodes sombres de l'histoire coloniale française. En évoquant le massacre de Thiaroye comme une « répression sanglante », il rompt avec la présentation dominante de cet événement qui jusqu'alors, était décrit comme une mutinerie ou une rébellion armée menée par d'anciens prisonniers de guerre, justifiant une réponse armée.
Sous la présidence de Macky Sall, les commémorations initiées par Wade ont été progressivement reléguées au second plan. Ce repli pourrait s'expliquer par la difficulté d'assumer pleinement un héritage mémoriel aussi dense et consensuel, malgré l'unanimité qu'avaient tirée ces initiatives. Ce changement soulève des interrogations sur la manière dont le pouvoir politique d’alors envisageait la transmission de l'histoire et sa place dans l'élaboration de la mémoire collective.
Cette politique de mémoire s'inscrit également dans un contexte mondialisé où les récits historiques sont souvent marqués par la concurrence. Cependant, l'approche sénégalaise a cherché à dépasser les conflits d'interprétation pour offrir une vision plus unifiée et pédagogique de l'histoire des tirailleurs. Elle interroge les représentations dominantes et les différentes lectures de l'événement, tout en posant la question de l'éthique face à ce passé complexe.
Déséquilibre mémoriel
La littérature, le cinéma et la musique permettent au massacre de Thiaroye de rester vivant dans les imaginaires, mais les tensions subsistent. Si en Afrique, Thiaroye est un cri de résistance, en France, il reste un épisode largement méconnu, éclipsé par d'autres récits de guerre. Cependant, le massacre de Thiaroye est progressivement intégré dans le débat sur la mémoire coloniale. Les associations, les universitaires et les artistes redécouvrent cet épisode pour en faire un levier de réconciliation et d'introspection. Les commémorations, bien qu'encore rares, se multiplient, témoignant de la persistance de cette blessure dans l’imaginaire. Ce déséquilibre mémoriel reflète les défis d'un dialogue postcolonial encore inabouti.
L'événement de Thiaroye n'est pas seulement un souvenir du passé, mais un moteur pour les réflexions et luttes contemporaines. Depuis les années 1980, des artistes sénégalais ont intégré cette mémoire dans leurs créations. La musique, en particulier, devient un lieu de résistance et de revendication, transformant la douleur historique en une voix collective. Dès 1984, des figures comme Ousmane Diallo (Ouza) ont abordé ce thème, donnant une dimension populaire et émotive à la révolte des tirailleurs et Didier Awadi, intègre des références à Thiaroye dans ses compositions, mêlant histoire et engagement.
L'un des artistes les plus influents de cette vague est Baaba Maal, qui, avec sa chanson « Thiaroye » en 2000, incarne un hommage à ces anciens combattants. Sa chanson, poignante, interroge ce massacre, tout en établissant la responsabilité du pouvoir colonial et sénégalais. À travers un appel direct, Baaba Maal a mis en lumière l'injustice subie par les tirailleurs, tout en dévoilant l'impasse politique et mémorielle autour de cet événement.
Marcel Salem, d'origine sénégalaise et sérère, poursuit dans cette même veine en 2003 avec son album « Carroye 44 », où il évoque le massacre en des termes percutants et spirituels. Il présente Thiaroye comme un crime impardonnable, inscrivant la mémoire des tirailleurs dans un cadre religieux et militant, et suggère une douleur partagée par toute une communauté. La répétition du terme « grands-parents » dans ses paroles, souligne le lien entre générations et la continuité du combat contre l'injustice. Disiz la Peste, de son vrai nom Serigne Mbaye Guèye, rappeur franco-sénégalais, apporte une autre dimension au récit de Thiaroye dans une de ses productions. Il fait le lien entre la guerre mondiale et la révolte des tirailleurs, tout en soulignant la violence de la répression française. À travers sa chanson, il dénonce l'impasse politique de l'époque et l'inhumanité du traitement réservé aux combattants africains, tout en établissant un parallèle entre l'histoire coloniale.
Le phénomène ne s'arrête pas à la musique. Dans la sphère politique, des mouvements comme « Y en a marre » au Sénégal, et le « Balai citoyen » au Burkina Faso, se sont emparés de cette mémoire, pour mobiliser les jeunes contre les injustices sociales et politiques. Ces mouvements utilisent l'héritage des tirailleurs comme une référence à l'honneur et à la lutte pour la reconnaissance.
Ousmane Sembène et Thierno Faty Sow, mettent à l’affiche « Camp de Thiaroye » (primé à la Mostra de Venise et au Fespaco), à travers des personnages symboliquement nommés Niger, Gabon ou Sahara, évoquant les différents territoires où les tirailleurs furent recrutés. Le casting est composé d'acteurs issus de toute l'Afrique francophone, incarnant l'héritage de cette mémoire collective. Parmi eux, le Burkinabé Gustave Sorgho, dont le père a lui-même été tirailleur et impliqué dans les événements tragiques de Thiaroye, bien qu'absent lors du drame, étant en permission. Les Sénégalais Ibrahima Sané, dans le rôle du sergent Diatta, et Ismaël Lô, qui assure un rôle mineur tout en composant la bande originale, ajoutent une touche locale et authentique. Le casting est enrichi par le Congolais Zao, également musicien, connu pour son célèbre morceau « Ancien Combattant » , véritable hymne des vétérans africains. Cependant, celui qui s'impose véritablement à l'écran est l'Ivoirien Sidiki Bakaba, l'un des rares professionnels du casting à l'époque du tournage. Son interprétation magistrale du personnage de Pays illustre l'âme même de ce film.
La littérature s'empare de l'histoire pour en faire un outil de mémoire collective : un poème, « Tyaroye » (publié dans « Hosties noires » en 1948 mais composé en décembre 1944) de Léopold Sédar Senghor, « Aube de sang » de Cheikh Faty Faye (2005) et « Thiaroye, terre rouge » de Boubacar Boris Diop. Senghor dépeint le massacre comme un « sacrifice » des tirailleurs, marquant leur oubli par la France malgré leur rôle crucial dans sa libération. Faye inscrit Thiaroye dans une réflexion plus large sur les relations entre colonisateurs et colonisés, en la liant au destin du continent africain tandis que Diop adopte une posture militante, dénonçant avec virulence la brutalité coloniale.
Ces œuvres démontrent que l'interprétation des faits historiques est toujours plurielle, oscillant entre dénonciation, commémoration et célébration des héros. Elles participent à une nécessaire réévaluation de l’histoire coloniale, tout en invitant à une réflexion critique, chacune de ces œuvres reflétant à la fois la vision de son auteur et l'époque de sa création.
Histoire, identité et mémoire collective
Malgré des efforts institutionnels, la transmission de Thiaroye 44 reste encore en grande partie, tributaire d'initiatives individuelles et de la société civile.
En 2008, le président Abdoulaye Wade a annoncé l'intégration de l'histoire des tirailleurs dans les programmes scolaires, soulignant la nécessité de combattre l'oubli. Des manuels spécifiques étaient prévus pour les élèves de l'élémentaire, et le massacre de Thiaroye intégré aux leçons du secondaire. Cependant, des enseignants déplorent le manque de ressources locales, qui les obligent à composer eux-mêmes du contenu pédagogique. Des initiatives personnelles, comme celle d'André Sarr à Fimela ou celle de Samba Diop à Thiaroye, ont émergé pour pallier ces lacunes, incluant des visites sur les lieux.
Dans l’enseignement supérieur, des institutions comme la FASTEF (Faculté des Sciences et Techniques de l’Education et de la Formation), ou l'université Cheikh Anta Diop (UCAD) jouent un rôle clé dans la préservation et la redéfinition de cette mémoire. Depuis les années 2000, une série de mémoires académiques a exploré les parcours individuels des anciens combattants, élargissant la perspective aux guerres d'Indochine et d'Algérie.
L’enjeu de ces commémorations va au-delà de la simple reconnaissance historique. En réhabilitant les tirailleurs, l'État sénégalais cherche aussi à consolider la cohésion nationale pour revendiquer une souveraineté manifeste. Les récits glorifiant leur courage et leur sacrifice nourrissent un imaginaire collectif exaltant des valeurs telles que l'honneur et la résilience. Ces figures héroïques, convoquées par des responsables politiques, s'adressent à la jeunesse et à l'armée actuelle, en appelant à s'inspirer de leur exemple.
Toutefois, cette mémoire officielle n'échappe pas aux controverses. La présence forte de l'État dans la narration historique pose la question d'un éventuel « roman national » imposé, au détriment d'une réflexion critique et de récits pluriels d’une communauté imaginée. Jusque-là, la marginalisation des historiens universitaires et la simplification du discours autour des tirailleurs témoigne de ce que certains qualifient de « sensationnalisme mémoriel ». L'ambition de réhabiliter ces oubliés de l'histoire s'accompagne ainsi d'une tension entre mémoire et histoire, entre célébration et analyse critique. Depuis quatre-vingt ans maintenant, cet événement reste un nœud pour interroger les relations entre l’histoire, l’identité et la mémoire collective. La mémoire de Thiaroye révèle également les tensions entre l’État, les institutions éducatives et l’armée dans la transmission de l’histoire coloniale. Cette pluralité d’acteurs reflète une élaboration complexe du récit national, où se superposent différentes strates de discours et d’expériences. Au-delà des commémorations officielles, c’est dans les interactions sociales du quotidien, que se joueront les véritables processus de remémoration. Il faudra trouver les moyens pour construire une mémoire collective qui soit à la fois inclusive, critique et porteuse de sens pour les générations futures.
IL S'AGIT D'HISTOIRE PARTAGÉE
Mamadou Diouf expose les enjeux de la célébration du 80e anniversaire du massacre de Thiaroye, qui dépasse le cadre strictement mémoriel. L'historien y voit l'occasion d'une réflexion approfondie sur les relations franco-africaines dans la durée
Le 1er décembre 1944, des Tirailleurs sénégalais démobilisés et renvoyés en Afrique après leur service, sont tués àThiaroye, par l’armée française alors qu’ils réclamaient le paiement deleurs indemnités et le versement du pécule qui leur était promis depuisdes mois par les autorités politiques et militaires de la France. La commémoration du 80eme anniversaire du «massacre de Thiaroye» a lieu demain, dimanche, sous la présidence du chef de l’Etat Bassirou Diomaye Faye et en présence de nombreuses délégations étrangères.
Quel est le symbole de cette cérémonie de commémoration du massacre de Thiaroye, près d’un siècle plus tard ?
Thiaroye est un signe fort envoyé par le nouveau régime sénégalais qui s’écarte de ses prédécesseurs pour souligner son engagement souverainiste et interroger la relation avec la France depuis l’indépendance. La décision de commémorer Thiaroye et à la fois un retour sur une répression sanglante, un massacre colonial dans le contexte de la « Libération » et de la reconstruction d’une France occupée par l’Allemagne et soumise à la collaboration du régime de Vichy, après la débâcle de 1940. Elle restaure, dans la joie, l’allégresse et l’euphorie de la « Libération », l’Ideal français. Les Africains eux, en étaient exclus. Ils étaient sommés de retourner à leur place, y compris par le recours à la force. Thiaroye devient ainsi un lieu de mémoire pour toutes les possessions françaises d’Afrique, pas seulement de la colonie du Sénégal, où avaient été recrutés les tirailleurs. C’est aussi la revendication et la production d’un récit africain hors de l’histoire impériale de ses mensonges et des falsifications pour rétablir les faits. C’est aussi une mémoire et un récit pour l’histoire à venir de la communauté pan africaine, régionale et continentale
En quoi était-ce urgent de mettre en place ce comité que vous dirigez et quelle est sa mission concrète ?
Le travail de mémoire est toujours urgent car il consacre un récit qui construit un imaginaire au service d’une communauté. « Une communauté imaginée » pour reprendre Benedict Anderson (Imagined Communities: Reflections on the Origin and Spread of Nationalism, 1983). Dans le contexte de la région du Sahel avec les violences et soubresauts de la présence française, les effets de celle-ci dans plusieurs registres, une autre démarche est initiée par le nouveau régime sénégalais, d’analyser, dans la longue durée les relations franco-africaines et d’initier un travail de re-imagination des relations internationales du Sénégal. Il ne s’agit plus de privilégier l’étranger, non-africain (l’ouverture) mais de « s’arcbouter » sur les voisins (l’enracinement). L’illustration est de recentrer, par un ajout à « Ministère des Affaires Étrangères » pour donner, « Ministère de l’Intégration Africaine et des Affaires Étrangères.
En célébrant ainsi le passé, au-delà de la mémoire n’êtes-vous pas en train de surfer sur la résurgence d’un nationalisme en vogue auprès des jeunesses africaines ?
Probablement mais c’est un nationalisme qui redéfinit la nation et la sort du cadre des territoires circonscrits par la partition de l’Afrique à la Conférence de Berlin de 1884-1885. C’est un travail d’imagination d’une communauté hors de l’histoire impériale. Il peut porter une nouvelle carte et des innovations politiques et administratives qui libèrent l’Afrique des entraves et détours de « la structure colonisatrice » et de la « bibliothèque coloniale » (V. Y. Mudimbe, L’invention de l’Afrique. L’Invention de l’Afrique. Gnose, philosophie et ordre de la connaissance. Paris, 2021).
Certains disent que le massacre de Thiaroye est une affaire franco-française, notamment parce que les régiments de l’armée coloniale qui servaient la France et ont été des auteurs d’exactions brutales au Cameroun, en Algérie et à Madagascar ?
Bien sûr que le massacre est exécuté dans un territoire précis, l’empire français, distribué en une métropole et des colonies, des maitres colonisateurs et des subalternes africaines. Un rapport de force et une exploitation économique qui se déclinent dans une structure précise faite de trois éléments : la conquête territoriale, l’incorporation des économies africaines dans l’économie métropolitaine grâce au pacte colonial et enfin, la « réforme de l’esprit du colonisé » (l’aliénation). Enfin, un recours systématique à la violence magistralement analysé par JP. Sartre (Situations V. Colonialisme et néocolonialisme, 1964 et F. Fanon, Peau noir, masque blanc, 1952).
Dans ce contexte précis, on ne peut nullement établir une équivalence entre ceux qui ont le monopole de la violence, de la coercition et de l’exploitation et leurs victimes, même si, parmi les victimes se manifestent la résistance, la collaboration et le déploiement de la violence par procuration.
Très tôt, une africaine de la diaspora, Paulette Nardal dès 1930 exhorte la France de ne pas déployer les tirailleurs sénégalais en Indochine, contre les nationalistes indochinois. Fanon souligne leurs exactions en Algérie et à Madagascar (Peau noir…) et Abdoulaye Ly publie Mercenaires noirs, notes sur une forme de l'exploitation des africains . Paris, 1957). Il me semble que la deuxième partie du titre d’Abdoulaye Ly répond à votre question. Les tirailleurs étaient au service de la France.
Quel sens d’avoir invité le président Macron aux commémorations ? Sommes-nous sortis de l’histoire coloniale à toujours demander la présence de la France ?
Je pense que l’approche adoptée par le gouvernement privilégie l’engagement et la collaboration avec la France sur cette question précise, un massacre qui est une crise qui a secoué l’empire et tâché la réputation d’une France des Droits de l’Homme, de la Philosophie des Lumières, de la Liberté, de l’Egalité et de la Fraternité, La France idéale et « sans race » chantée par Césaire, Senghor et Fanon, toujours remise à la question, par la France historique de la violence et de l’exploitation coloniale qu’ils dénonçaient en même temps. Le président Macron a été invité parce qu’il s’agit comme le précise la lettre d’invitation du président sénégalais au président Macron, d’une « histoire partagée ». Il s’agit de la traiter ensemble, dans la diversité de nos questionnement, intérêts, méthodologies et bien sûr, présence dans le monde.
À quand des fouilles sur le sol sénégalais pour établir la vérité sur le nombre exact de victimes sans attendre les archives de la France ?
La démarche adoptée pour traiter de cette question est de travailler au rassemblement et à l’exploitation des archives, des études et des témoignages disponibles pour ensuite envisager des sondages et fouilles archéologiques. Il y a des conditions à réunir avant d’élaborer et d’exécuter un programme de fouilles. Les préalables : une cartographie des sites d’exécution et d’enterrement des victimes.
par Abdoul Aziz Diop
DE QUELLE LIBERTÉ D’EXPRESSION PARLE-T-ON ?
Ce dont Moustapha Diakhaté est accusé n’est pas plus grave que ce dont avaient été accusés les « proscrits » d’hier. Pape Alé peut tenir sa mémoire de « journaliste persécuté » sous Macky pour responsable de la discrimination des acteurs en lice
Dans un post publié sur le réseau professionnel LinkedIn, le Directeur de la Radiotélévision sénégalaise (RTS), Pape Alé Niang, se prononce, sans mentionner le nom, sur la convocation de l’éveilleur de conscience Moustapha Diakhaté par la trop zélée Division spéciale de la cybersécurité (DSC) et sa garde à vue abusive qui précéda sa scandaleuse condamnation à deux mois de prison ferme par le tribunal des flagrants délits de Dakar pour les chefs d’accusation fantaisistes portant sur le vocabulaire utilisé par le prévenu dans un entretien en langue nationale ouolof accordé à une journaliste. Dans son parti pris, M. Niang écrit d’emblée : « Dire que le Sénégal est sous une dictature où l'on assiste à des dérives autoritaires dans ce pays, c’est être de mauvaise foi. » Se passe alors de commentaire la question que le patron de la RTS pose dans la foulée : « Qui ose comparer le Sénégal d’aujourd’hui à celui de l’ère Macky Sall où la répression et la persécution, avec des méthodes barbares, ont été érigées en mode de gouvernance ?» Pape Alé répond lui-même : « Aucune liberté d’expression n’est menacée dans le Sénégal sous la présidence de Bassirou Diomaye Diakhar Faye. Bien au contraire. » Pour avoir tranché le débat sur la liberté d’expression avant même de l’avoir posé comme il se doit, Pape Alé Niang délibère pour son compte personnel et celui du nouveau régime en s’appuyant sur les idées de « responsabilité » et d’« auto-censure » du sujet qui s’exprime librement.
De la responsabilité et de l’auto-censure
Sur la responsabilité irrévocable, sur l’irrépressible auto-censure et sur l’importance de cette deuxième notion pour la première, le Directeur de la RTS s’efforce de convaincre sans donner le sentiment d’être gêné par son parti pris antérieur à son raisonnement. Voici in extenso ce qu’écrit Pape Alé Niang : « La liberté d'expression est un droit fondamental qui permet aux individus d'exprimer leurs opinions, leurs idées et leurs croyances sans crainte de répression ou de persécution. Mais cela signifie-t-il s’arroger le droit d’insulter, de calomnier, de diffamer en toute impunité ? La liberté d’expression n'est pas absolue et doit être encadrée par la responsabilité.
La responsabilité joue un rôle clé dans l'encadrement de la liberté d'expression. Chaque individu doit comprendre que ses paroles et ses écrits peuvent avoir des conséquences sur les autres et qu'il doit être prêt à en assumer la responsabilité. La conscience de cette responsabilité individuelle contribue à promouvoir un dialogue sain, constructif et respectueux.
Rivaliser d’ardeur à travers des déclarations fracassantes, le plus souvent idiotes, croyant faire le buzz, c’est manquer carrément de discernement. Car l’homme politique averti, l’analyste ou le chroniqueur est celui qui a l’intelligence situationnelle. C’est-à-dire cette capacité à comprendre une situation, à décrypter sa complexité pour s’y adapter à travers un discours dépouillé et perspicace.
Pour cela, l'autocensure consciente est essentielle. L'autocensure est la capacité d'un individu à réfléchir sur ses propres paroles et à choisir de ne pas diffuser des informations ou des opinions qui seraient préjudiciables ou nuisibles. L'autocensure consciente repose tout simplement sur la volonté individuelle de ne pas heurter et de respecter l’autre.
Autrement dit, même si la liberté d'expression est un droit fondamental, il est essentiel de l'encadrer par la responsabilité. Et être responsable, c’est se faire respecter.»
Si l’auteur de ce plaidoyer s’était abstenu de pendre parti dès le début de son texte, sa réflexion sur la liberté d’expression aurait eu le mérite de correspondre à la liberté limitée de celui qui s’exprime par celle de celui à qui la parole est adressée. La liberté d’expression d’untel ou d’untel s’arrête alors - postulat kantien - là où commence la liberté d’impression d’autrui. Mais, il y a beaucoup mieux, correspondant au passage d’une liberté de l’individu limitée par une responsabilité individuelle au nom d’une censure individuelle appelée autocensure.
De l’individu au collectif national
La faiblesse du post de Pape Alé Niang est de n’avoir invoqué la liberté d’expression en ne songeant qu’à l’adversaire qui s’exprime, oubliant l’autre partie maintenant aux commandes et totalement exemptée de tout abus de pouvoir bien qu’elle se soit autorisée à parrainer une police du vocabulaire des communications politiques.
En procédant de la sorte, Pape Alé Niang discrimine les trois acteurs, tous légitimés à se prononcer sur la chose politique. Ces acteurs sont les hommes politiques, les journalistes et le grand public à qui plus rien - ni même le dernier document de la haute administration - n’échappe.
Le Directeur de la RTS peut lui-même tenir sa mémoire de « journaliste persécuté » sous Macky Sall pour responsable de la discrimination, dans son post, des acteurs en lice. Imaginons alors ce que serait son texte si le journaliste se faisait violence en se neutralisant. Sa salve serait du coup celle qui renvoie dos à dos pouvoir et opposition au nom d’une responsabilité collective qui embrasse tout le corps social. À cet instant précis, l’homme des médias aurait fait don de sa personne pour revendiquer une réflexion qui fait autorité.
Quel intérêt aurait notre tribune si nous nous y efforçions seulement de montrer que ce dont Moustapha Diakhaté est accusé aujourd’hui n’est pas plus grave que ce dont avaient été accusés les « proscrits » d’hier ? Aucun vraiment du fait du dialogue de sourds que nous aurions délibérément choisi au lieu de débattre vraiment du sujet d’intérêt général !
Parce qu’il concerne tout le collectif national, l’intérêt général fait appel à la responsabilité collective, elle-même tributaire de la neutralisation collective qui déteint sur chaque individu pris séparément. Il en résulte une liberté d’expression réalisée - postulat hégélien - plus étendue que la liberté d’expression limitée dont Pape Alé fait l’apologie en choisissant, hélas, sa chapelle politique.
L’idée que nous avons une liberté d’expression à réaliser collectivement suppose, pour que nous y arrivions, que personne, vraiment personne, ne soit inquiétée à ce stade de la nouvelle conquête démocratique.
Tous donc libres ! Moustapha Diakhaté compris.
En faisant appel de la condamnation de l’éveilleur de conscience à deux mois de prison ferme, les avocats de l’ancien président de groupe à l’Assemblée nationale donnent une occasion inattendue à tous les partis de participer à la décrispation générale sans perdre la face. Le début de la nouvelle législature, la quinzième du genre, dans une atmosphère détendue en dépend aussi.
Moustapha Diakhaté libre !
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LA FRANCE N'EST PLUS L'INVITÉE PRIVILÉGIÉE DE L'AFRIQUE
L'échec de la politique africaine d'Emmanuel Macron apparaît au grand jour. " C'est encore toujours cette impression de paternalisme en pensant que depuis l'Élysée vous allez pouvoir changer ce continent ", observe Antoine Glaser
"Les présidents africains ont aujourd'hui le monde entier dans leur salle d'attente", affirme Antoine Glaser sur TV5 Monde. Cette observation du spécialiste de l'Afrique résume la nouvelle dynamique qui bouleverse les relations franco-africaines, alors que le Tchad et le Sénégal viennent d'annoncer leur volonté de mettre fin à la présence militaire française sur leur territoire.
Cette diversification des partenariats militaires et stratégiques révèle les limites de l’approche française. Seiddik Abba, expert du Sahel, souligne que la France n'a pas su adapter sa politique à la transformation du continent. Le cas tchadien est particulièrement révélateur : alors que le pays accueillait la plus importante base française en Afrique et servait de point de réponse après l'éviction des forces françaises du Niger, il se tourne désormais vers d'autres partenaires comme la Turquie, les États -Unis ou les Émirats arabes unis.
L'échec de la politique africaine d'Emmanuel Macron apparaît au grand jour. "C'est un peu triste maintenant quand on pense à Macron en bras de chemise en train de monter les cartes du Sahel... C'est encore toujours cette impression de paternalisme en pensant que depuis l'Élysée vous allez pouvoir changer ce continent ", observe Antoine Glaser. La tentative de réorientation vers l'Afrique anglophone, symbolisée par le prochain sommet au Kenya, ne convainc pas les experts.
Il ne reste désormais que 900 soldats français en Côte d'Ivoire et 300 au Gabon. Cette présence, autrefois considérée comme une « assurance-vie » pour certains régimes selon Seiddik Abba, apparaît aujourd'hui comme le vestige d'une époque révolue. La France paie le prix de sa difficulté à comprendre que l'Afrique a changé et qu'une relation fondée sur la présence militaire et l'influence exclusive n'est plus viable à l'heure où les nations africaines affirment leur souveraineté et diversifient leurs alliances.
par Djibril Ndiogou Mbaye
LETTRE OUVERTE À MACRON
Dans tous les cas, le massacre de Thiaroye sera un jour reconnu par un président français. Soyez ce grand président, le 1er décembre 2024 en les réhabilitant tous. Honorez-vous, honorez la France !
Reconnaissez le massacre de Thiaroye comme tel en rétablissant la vérité inaliénable de ces faits historiques douloureux et injustifiables.
Annoncez par la même occasion une décision de faire entrer au panthéon les tirailleurs africains, le 1er décembre 2024 au Sénégal.
La tribune de la commémoration du 80ème anniversaire du massacre de Thiaroye est pour vous une occasion exceptionnelle. Un rendez-vous avec la grande histoire des tirailleurs africains dans cette dernière guerre mondiale que vous n’avez connue qu’à travers des livres d’histoire qui n’ont pas dit toute la vérité sur les milliers de tirailleurs africains qui ont sacrifié leur vie pour libérer la France et le monde.
Le président de la République sénégalaise M. Diomaye D. Faye, en vous invitant à la commémoration du 80e anniversaire du massacre de Thiaroye, vous a grandement ouvert les portes de l’histoire des grands hommes d’Etat. Ceux qui changent le monde et le destin des hommes, en rendant aux peuples et aux hommes victimes d’injustices leur dignité dont ils ont longtemps été frustrés.
Martin Luther King a fait un rêve que Barack Obama a en partie réalisé. Frédérik De Klerk eut la hauteur de convier Nelson Mandela à des négociations nocturnes qui ont permis de mettre un terme à la longue et affreuse politique de développement séparé entre noirs et blancs d’un même pays.
Alors que nous attendons avec impatience la rencontre d’un grand Israélien et d’un grand Palestinien pour mettre un terme à un embrasement inutile et sceller une paix durable entre deux États frères et libres, voilà que ce grand destin vous tend la main. Cela n’arrive que rarement dans l’histoire d’un homme politique. Saisissez-la !
C‘est le moment de reconnaître le massacre des tirailleurs africains à Thiaroye.
Le timing est parfait, c’est maintenant ! Vous n’avez plus aucune excuse !
Les faits sont avérés et confirmés par tous les historiens sérieux et honnêtes. « Les faits sont têtus », ce n’est pas moi qui l’ai dit.
Le 1ᵉʳ décembre 1944, des tirailleurs Sénégalais mais aussi des Soudanais (actuels Maliens), des Voltaïques (aujourd'hui Burkinabè), des Ivoiriens tout juste rentrés de France où ils avaient combattu, ont été exécutés sur ordre d’autorités françaises, alors qu'ils réclamaient le paiement de leur solde de guerre.
Ces faits ont été récemment confirmés par votre prédécesseur François Hollande qui, dès 2014 reconnaissait à demi-mot en utilisant le langage « diplomatique » et pudique de « répression sanglante ».
Aujourd’hui, il va plus loin en confirmant, lui qui a eu comme vous certainement, accès aux archives classées, secret défense : « En fait, oui, c'est un massacre puisque ce n'est pas simplement une répression comme on en connaît dans des manifestations qui débordent. Là, il s'agit d'un massacre à la mitrailleuse. Les mots doivent être mis là où ils sont nécessaires et là où ils correspondent à une réalité, c'est à dire il y a eu un massacre à Thiaroye ».
Le moment est venu ! (ils sont presque tous morts, nos braves aïeux. Il ne reste plus que leur mémoire à honorer et nos cœurs à apaiser. Faites ce que vos prédécesseurs n’ont pas fait).
M. le président, je ne vous apprends rien en vous disant qu’il y a une crise entre la France et une frange de la jeunesse et des nouveaux dirigeants africains.
Vous n’avez plus rien à perdre car vous n’avez plus de grands enjeux devant vous, à part sortir en beauté. Justement, cette célébration en terre africaine est un tapis rouge déroulé sur le chemin de la grandeur. Ne marchez pas à côté. Je ne pense pas que le peuple français soit contre.
Faites de ce voyage une entreprise de charme au succès quasi garanti envers les nouvelles autorités du Sénégal et de l’Afrique qui cachent encore leur amour pour la France. Mais tendez aussi la main à la jeunesse africaine qui avance en regardant dans le rétroviseur de l’histoire. Elle n’a pas fait le deuil de l’esclavage et de la colonisation.
Cette jeunesse, sénégalaise et africaine, grand expert-comptable de notre histoire commune, ne saurait passer cette terrible créance au compte de pertes et profits. Cet épisode regrettable, inscrit dans le passif de nos relations, nous le vivons comme un omni-niant crachat dans notre chair, notre dignité et sur la mémoire de nos aïeux tirailleurs. Tirailleurs aux sacrifices longtemps méprisés. Leurs faits d’armes n’ont pas rempli les livres d’histoire et leur mémoire n’a pas été chantée par les poètes français, « Car les poètes chantaient les fleurs artificielles des nuits de Montparnasse, Ils chantaient la nonchalance des chalands sur les canaux de moire et de simarre.
Ils chantaient le désespoir distingué des poètes tuberculeux.
Car les poètes chantaient les rêves des clochards sous l’élégance des ponts blancs.
Car les poètes chantaient les héros, et {leur} rire n’était pas sérieux, {leur} peau noire pas classique ». L. S. Senghor.
Dans tous les cas, ce massacre sera un jour reconnu par un président français. Soyez ce grand président, le 1er décembre 2024 en les réhabilitant tous.
M. le président, la seconde demande que je vous ferais sera de profiter de cette occasion pour annoncer la « Panthéonisation » du tirailleur africain. Ce terme pouvant englober tous les tirailleurs africains. Une marque de reconnaissance, comme la France l’a récemment accordé à Missak Manouchian et ses camarades d’origine arménienne, pour leurs actions de Résistance.
Aujourd’hui, nous savons que les grands hommes d’État, qui ont marqué l’histoire de l’humanité, l’ont été par leur courage de reconnaître et de défendre la vérité des faits contemporains ou historiques.
Le président de la République sénégalaise vient de vous tendre un stylo en or et la page encore blanche du livre d’histoire que liront les générations actuelles et à venir, pour que vous puissiez y inscrire, vous-même votre propre histoire politique.
Je ne suis pas un mémorialiste, mais il y a la moindre des choses que la gratitude, le savoir-vivre ou la politesse, des vertus certes humaines mais que les États empruntent souvent pour s’élever au-dessus de leur ego et humilier la condescendance.
Honorez-vous, honorez la France. Vous êtes le mieux placé pour redorer le blason de ce grand pays-ami et redonner une nouvelle impulsion à la relation France-Afrique.
L’ARMÉE ANNONCE LA MANŒUVRE NATIONALE « SALOUM 2024 »
Dans le cadre de leur calendrier opérationnel, les Forces Armées organisent, du 2 au 8 décembre 2024, cet exercice national autour du thème : « Forces de défense et de sécurité : résilience et synergie d’action face aux menaces multiformes ».
La direction de l’information et des relations publiques des armées annonce, l’organisation de la manœuvre nationale « SALOUM 2024 », par les Forces Armées du pays dans les régions de Kaolack et de Fatick, du 2 au 08 décembre 2024, dans le cadre de son calendrier opérationnel.
Le thème de cette année, « Forces de défense et de sécurité : résilience et synergie d’action face aux menaces multiformes », souligne l’importance de la coopération entre les différentes entités de sécurité pour faire face aux défis contemporains, a indiqué la DIRPA dans un communiqué.
Selon la même source, l’exercice militaire sera basé sur un scénario conçu pour « tester les capacités opérationnelles des Armées ainsi que leur interopérabilité avec les autres forces de sécurité ».
L’objectif est de mettre en œuvre le concept de défense nationale en réponse à des crises majeures.
En parallèle des activités militaires, des actions civilo-militaires seront également menées.
La DIRPA renseigne par ailleurs que des consultations médicales gratuites seront organisées à Sokone, et des travaux de réfection de l’école primaire de Taiba NEMANDING seront réalisés, témoignant ainsi de l’engagement des Forces Armées envers les communautés locales.
En plus la journée VIP, marquant un temps fort de cette manœuvre, prévue pour le samedi 07 décembre 2024, à partir de 09 heures, au Centre d’Entraînement Tactique Capitaine Abdoulaye NGOM de Toubacouta sera l’occasion de présenter les résultats de l’exercice et de renforcer les liens entre les forces armées et la population.
LA COLONIALE TIRE SA RÉVÉRENCE
Derrière le départ des troupes françaises du Tchad et du Sénégal se cache une réalité plus nuancée, selon François Soudan : celle d'États africains capables de décider par eux-mêmes. Une autonomie que Paris peine encore à reconnaître
(SenePlus) - Le 28 novembre 2024 restera gravé comme une date charnière dans l'histoire des relations franco-africaines. En ce jour symbolique, le Tchad et le Sénégal ont simultanément signifié leur volonté de voir partir les troupes françaises de leur territoire. Une décision historique qui signe la fin d'une époque et marque l'aboutissement d'un processus de désengagement militaire français du continent africain.
"L'armée française est présente de façon permanente au Sénégal depuis plus de deux siècles, précisément depuis la 'récupération' de Saint-Louis sur les Britanniques en 1814", rappelle François Soudan, Directeur de la rédaction de Jeune Afrique, dans son éditorial. Au Tchad, cette présence remonte à "la bataille de Kousseri et la mort au combat du sultan Rabah, le 22 avril 1900".
La rupture intervient de manière spectaculaire : le gouvernement tchadien annonce la fin de l'accord de coopération militaire avec la France, tandis que le président sénégalais Bassirou Diomaye Faye réclame le départ des soldats français, jugeant leur présence incompatible avec la souveraineté nationale.
Cette double annonce s'inscrit dans un mouvement plus large de retrait militaire français du continent. Comme le souligne l'éditorialiste, "après la Centrafrique en 2015, le Mali en 2022, le Burkina Faso et le Niger en 2023, l'armée française est donc en passe de quitter ce qui lui restait de positions dans cette bande sahélo-soudanaise qui lui a si longtemps servi de bac à sable pour entraîner ses troupes".
Au Tchad, la décision trouve une motivation particulière. Selon François Soudan, "le président Mahamat Idriss Déby Itno n'a jamais digéré l'absence de réaction du contingent français lors de l'assaut des rebelles sur N'Djamena, en février 2008". Cette rancœur personnelle s'ajoute à un sentiment anti-français grandissant dans la population.
Les bases militaires de Ouakam au Sénégal et de N'Djamena au Tchad, derniers vestiges d'une présence militaire post-coloniale, s'apprêtent donc à fermer leurs portes. Une présence qui, selon l'éditorial, constitue "une anomalie à laquelle les présidents Faye et Déby Itno avaient toutes les raisons de vouloir mettre un terme".
L'éditorialiste met en garde contre une lecture simpliste de ces événements : "Plaquer sur ces derniers la grille de lecture de l'influence russe, devenue le kit prêt à l'emploi des services de renseignement français en Afrique [...] n'a guère de sens". Il souligne qu'il est possible de "vouloir le départ de l'armée française sans pour autant se jeter dans les bras d'un maître de substitution".
Ce retrait militaire n'est qu'une première étape. La France doit maintenant affronter d'autres "chiffons rouges" de son passé colonial. L'éditorial évoque notamment "le massacre de Thiaroye, la sanglante répression des révoltes malgache et camerounaise, le génocide des Tutsis du Rwanda, la guerre d'Algérie".
Seul Djibouti conserve une justification stratégique pour maintenir des bases militaires françaises, celles-ci constituant selon François Soudan "une assurance-vie existentielle contre les convoitises de voisins qui estiment que ce petit État n'aurait jamais dû exister".
Cette rupture historique ouvre la voie à une nécessaire refondation des relations franco-africaines. Plus qu'une humiliation, ce départ forcé devrait être vu comme l'opportunité de construire un nouveau partenariat, débarrassé des vestiges de la colonisation et basé sur une véritable égalité entre les nations.
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THIAROYE : LA VÉRITÉ SORT DES ARCHIVES
Une délégation d'historiens sénégalais, dépêchée en France, a mis au jour des actes de décès jusqu'alors inconnus. Ces documents révèlent que le nombre de victimes dépasse largement les chiffres officiels communiqués par l'administration coloniale
Lors d’une conférence de presse, la commission technique chargée de commémorer le 80e anniversaire de cette tragédie a annoncé la découverte de documents inédits, notamment des actes de décès de tirailleurs sénégalais, dans les archives françaises.
Une délégation composée de six historiens sénégalais, en mission en France du 19 au 28 novembre 2024, a eu l’opportunité d’accéder à ces archives. Ces documents corroborent non seulement la réalité du massacre des tirailleurs sénégalais, mais révèlent également un bilan de victimes bien supérieur à celui communiqué par l’administration coloniale française.
La commission technique a affirmé que les recherches se poursuivront dans d’autres pays afin de lever toutes les zones d’ombre entourant les événements tragiques survenus au camp de Thiaroye en 1944. Cette annonce fait suite à la reconnaissance officielle du massacre par le président français Emmanuel Macron, une étape jugée cruciale par les membres de la commission.
Le président du comité a souligné que les préoccupations soulevées par les chercheurs et la population, concernant cet événement longtemps enveloppé de silence, sont désormais au cœur des débats. Pendant plus de huit décennies, l’oubli a été systématiquement orchestré, débutant avec l’inspecteur des colonies Louis Mera, qui, deux mois après les faits, avait conclu que cet « événement très grave » devait être absorbé dans l’oubli. Il a plaidé pour une construction du silence autour de cette tragédie.
La non-divulgation des archives et l’impossibilité d’accès des chercheurs à ces documents ont longtemps entravé la compréhension de cet évènement. Néanmoins, grâce à la détermination de certains chercheurs, des avancées significatives sont en cours. Le gouvernement du Sénégal a pris une décision judicieuse en constituant un comité chargé de faire la lumière sur cette affaire.
Cependant, l’effort ne s’est pas limité à la recherche de documents en France. Le comité a été composé d’universitaires, de journalistes, d’artistes et d’autres individus capables d’apporter une contribution au décryptage des événements tragiques de Thiaroye. Cette approche holistique permet de rassembler une palette d’informations qui facilitent la compréhension historique de cette question.
La mission en France ne s’est pas uniquement concentrée sur les documents que les autorités françaises étaient prêtes à partager. Les membres de la délégation ont exploré plusieurs centres d’archives et ont également élargi leurs recherches dans les communes afin de retracer la mémoire des Sénégalais. Cette initiative a permis de collecter des documents et des informations supplémentaires, enrichissant ainsi la base de connaissances sur cette tragédie.
Les historiens sont rentrés de leur mission avec de précieux documents qui apportent des éclaircissements sur de nombreuses questions restées sans réponse pendant tant d’années. Ces avancées sont susceptibles de faire évoluer significativement la compréhension des événements qui ont eu lieu à Thiaroye en 1944, en rendant hommage à la mémoire de ceux qui ont été victimes de cette iniquité.
Cette mission représente un tournant dans la quête de vérité et de justice pour les tirailleurs sénégalais, et marque un pas important vers la réécriture d’une histoire trop longtemps silencieuse.
PROCÈS ADAMA GAYE, DÉLIBÉRÉ ATTENDU LE 6 DÉCEMBRE
Attrait devant la barre du tribunal des Flagrants délits pour diffusion de fausses nouvelles dans la mort de l’ancien ministre Mamadou Moustapha Ba, le journaliste a changé de discours devant le juge. Il a présenté ses excuses pour sa déclaration.
Le journaliste Adama Gaye va devoir attendre encore une semaine avant de connaître sa sentence. A l’issue de son procès en Flagrants délits, le juge a renvoyé en délibéré le 6 décembre prochain. Le journaliste est rentré libre du tribunal comme il a comparu ce matin.
Le procureur a requis 6 mois de prison avec sursis et une amende de 500.000 FCFA.
Attrait devant la barre du tribunal des Flagrants délits pour diffusion de fausses nouvelles dans la mort de l’ancien ministre Mamadou Moustapha Ba, Adama Gaye a complètement changé de discours devant le juge. Il a présenté ses excuses pour sa déclaration.
«La leçon à retenir pour cette affaire est que j’aurais pu faire preuve de plus de prudence dans mes propos. Je bats ma coulpe sur ma poitrine. Je n’ai pas le complexe de faire amende honorable et de reconnaître que j’ai failli », déclare-t-il.
A noter que Adama GAYE a comparu libre au tribunal puisqu’il a obtenu une liberté provisoire.
LES AUTORITÉS APPELÉES À PRENDRE DES MESURES FERMES CONTRE LES AUTEURS DE VIOLENCES BASÉES SUR LE GENRE
Selon la Directrice régionale de la Famille, les violences sont fréquentes à Matam, citant le cas de Dieynaba Sangaré, violentée par son époux, et d’une fille vivant avec un handicap victime de viol à Ourossogui.
La Directrice régionale de la Famille, Bany Touré Dramé, a invité, les autorités à prendre des décisions "assez fortes" pour décourager les auteurs de viols et de violences basées sur le genre.
« Nous voulons que des décisions institutionnelles assez fortes soient prises afin de décourager les prédateurs qui font du mal aux femmes. Nous pensons aussi qu’il faut mettre en place un établissement pouvant accueillir des femmes victimes de viol et de violences au sein de leur foyer’’, a plaidé la Directrice régionale de la Famille, Bany Touré Dramé.
Mme Dramé prenait part, jeudi, à une marche organisée à Matam à l’initiative de plusieurs organisations de la société civile locales, avec la participation de l’Association des juristes sénégalaises (AJS) et de Sahel 3000.
Selon elle, cette marche entre aussi dans le cadre des seize jours d’activisme contre les violences faites aux femmes.
Elle a laissé entendre qu’à Matam, les viols et violences basées sur le genre y sont fréquents, citant le cas de Dieynaba Sangaré, violenté par son époux, et d’une fille vivant avec un handicap victime de viol à Ourossogui.
‘’C’est un fléau que nous vivons dans la région de Matam. C’est pourquoi, nous avons décidé de tenir une marche pour sensibiliser les populations sur les viols et les violences faites aux femmes’’, a-t-elle expliqué.
Fatou Sarr Bakhoum, juriste, membre de l’AJS, a rappelé que cette rencontre est initié par le projet dénommé Institut des inégalités, en partenariat avec huit organisations de la société civile basées à Matam.