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29 novembre 2024
Société
LE DIRECTEUR DU CHEDS DEPLORE LA SCISSION DE LA CEDEAO
«Souverainetés et sécurité en Afrique de l’Ouestet au Sahel:pour des solutions durables».C’est le thème d’une Colloque international organisé, les 26 et 27 novembre 2024, à Dakar, par le Centre des hautes études de défense et de sécurité (CHEDS)
«Souverainetés et sécurité en Afrique de l’Ouestet au Sahel:pour des solutions durables».C’est le thème d’une Colloque international organisé, les 26 et 27 novembre 2024, à Dakar, par le Centre des hautes études de défense et de sécurité (CHEDS).Dans son discours à l’ouverture de conclave, le Directeur général du CHEDS), le Général de Brigade Jean Diémé, a déploré la scission de la CEDEAO,avec la création de l’Alliance des Etats du Sahel (AES).De son côté, le ministre des Forces Armées,le Général Birame Diop,convaincu que,face aux menaces sécuritaires aucun Etat ne peut «agir isolément», insiste sur l’impérieuse nécessité de la sécurité collective qui appelle «à transcender nos frontières pour assurer une stabilité durable».
«Il apparait clairement que la gestion de la sécurité humaine au sein des États, qui est une compétence régalienne, a des ramifications transnationales et communautaires», a dit le Directeur général du Centre des hautes études de défense et de sécurité (CHEDS), le Général de Brigade Jean Diémé. Pour lui, «celles-ci font écho à une plus grande responsabilité et à un engagement accru de la part de ces États. Autrement dit, il s’agit là, de la prise en main du destin sécuritaire de l’Afrique par l’Afrique elle-même».
L’officier supérieur s’exprimait hier, mardi 26 novembre 2024 à Dakar, lors de la cérémonie d’ouverture du Colloque international organisé par le (CHEDS). Le thème général de cette édition 2024 porte sur : «Souverainetés et sécurité en Afrique de l’Ouest et au Sahel : pour des solutions durables». Le Directeur général du CHEDS déplore que, «l’unité des États africains, tant souhaitée par les fondateurs de l’Union africaine et de la CEDEAO, est affectée parla scission de la CEDEAO et la création, en septembre 2023, de l’Alliance des États du Sahel (AES)». Et ce, à son avis, «malgré la réconciliation des cœurs, des peuples et des États, pour le bien de tous et pour une Afrique unie, résiliente et prospère».
Le Général de Brigade Jean Diémé rappelle «qu’au sein de l’Afrique de l’Ouest, la conscience de la nécessité d’instaurer une union pour faire face aux différents défis, qui ne manqueraient pas de se poser aux États nouvellement affranchis de la tutelle coloniale, a conduit à la création de la CEDEAO, le 28 mai 1975». Il relève que «les débats n’ont cessé depuis lors de saluer cet effort de solidarité entre États confrontés aux mêmes préoccupations de développement économique, tout en relevant les limites et les insuffisances de ce projet».
FACE AUX MENACES SÉCURITAIRES : «EXPLORER DES SOLUTIONS AUDACIEUSES ET INNOVANTES… SANS SACRIFIER LES ASPIRATIONS SOUVERAINISTES DE NOS PEUPLES»
Axée sur le thème : «Souverainetés et sécurité en Afrique de l’Ouest et au Sahel : pour des solutions durables», le colloque du CHEDS qui se tient sur deux jours, les 26 et 27 novembre 2024, à Dakar, trouve toute sa pertinence selon le ministre des Forces Armées, le Général Birame Diop. «Nous devons explorer des solutions audacieuses et innovantes, qui renforcent notre capacité collective à faire face aux menaces sécuritaires sans sacrifier les aspirations souverainistes de nos peuples. Cependant, il reste beaucoup à faire pour harmoniser nos aspirations nationales avec les exigences d’une coopération régionale efficace». Le ministre des Forces Armées, Général Birame Diop, regrette une métastase de l’extrémisme violent et du terrorisme qui sévit dans le Sahel. «Ces fléaux transnationaux, qui se propagent du Sahel aux États côtiers, exploitent les faiblesses et divisions de nos États, créant une instabilité persistante. Face à ces menaces, nous ne pouvons agir isolément. La sécurité collective est aujourd’hui une impérieuse nécessité, un appel à transcender nos frontières pour assurer une stabilité durable», affirme-t-il.
par Koor Mayé
COP29 : UN PROGRÈS APPARENT, MAIS UN SYSTÈME À REPENSER
L'universalisme actuel, fondé sur des rapports de force déséquilibrés, doit être remplacé par un multilatéralisme inclusif, équitable et respectueux des différences
La Conférence des Nations Unies sur le changement climatique (COP29) qui s'est déroulée au cours des deux semaines précédentes à Bakou en Azerbaïdjan s'est conclue avec l'adoption, entre autres, de nouveaux engagements financiers pour les pays en développement, marquant une avancée notable sur le papier. Le triplement des financements publics pour atteindre 300 milliards de dollars à partir de sources publiques par an d'ici 2035, ainsi que l'ambition d'accumuler 1300 milliards de dollars US par an à partir de sources publiques et privées, sont salués comme des victoires.
300 milliards en 2025 vaudraient 210 milliards en 2035
Bien que les 300 milliards de dollars par an sur une période de 10 ans représentent une avancée sans précédent le financement climatique, il faut souligner qu'en 2035 ce montant n'aura pas la même valeur qu'en 2025 en raison de l'inflation projetée. Par exemple avec une inflation de 3%, les 100 milliards de dollars qui auraient été déjà débloqués dans le cadre de l'accord précédent en 2020, auront en 2035, le même pouvoir d'achat que 155 milliards de dollars, avec un taux d'inflation annuel modeste de 3%. Selon le site Bloomberg, avec un risque d'inflation plus élevé, 300 milliards de dollars en 2035 pourraient ne même pas doubler, à plus forte raison tripler le montant du financement climatique reçu par les pays en développement aujourd'hui.
Le triplement tant loué ne l'est donc que pour 2025; En effet, chaque année qui passe, il faut soustraire 9 milliards de ce montant du fait de l'inflation.
Par ailleurs, au-delà de ce grand montant, l'on peut s'interroger sur la qualité du processus ayant abouti aux engagements dans les négociations climatiques, comme d'ailleurs dans d'autres négociations internationales ainsi que sur leur effectivité. Bref, la question du caractère démocratique du processus et de certaines décisions qui en sortent reste entière.
Des négociations climatiques : un cercle vicieux ?
Les dialogues multilatéraux sur le climat, malgré quelques progrès indéniables, semblent souvent prisonniers d'une mécanique de compromis éternel, où chaque pas en avant est suivi d'attentes frustrantes. Faut-il pour autant les abandonner ? Laisser la planète s'emballer sous le poids de l'inaction ? Ou continuer à participer à un cirque hypocrite qui dissimule les vrais enjeux derrière des accords de façade ?
Le cœur du problème réside dans la réticence persistante des grandes puissances, principales responsables historiques des émissions de gaz à effet de serre, à assumer leur rôle. Les discours sur la transition énergétique et les promesses de financement sont souvent contrecarrés par une absence de volonté réelle de transférer des ressources financières et des technologies aux pays du Sud, ceux-là mêmes qui subissent les pires impacts climatiques.
Un universalisme impérialiste à combattre
Ces négociations, il faut le rappeler, s'inscrivent dans un cadre plus large, celui d'un universalisme vertical et impérialiste. Les normes, les priorités et les visions de l'Occident continuent d'être imposées au reste du monde, créant une asymétrie flagrante dans les décisions et les responsabilités. Cette domination des valeurs occidentales ignore les besoins, les priorités et les visions des peuples du Sud, réduisant ainsi le multilatéralisme à un outil de contrôle plutôt qu'à un espace d'inclusion et de justice.
Si les négociations sur le climat doivent réellement servir à construire un avenir durable, il est impératif de renverser ce modèle. L'universalisme actuel, fondé sur des rapports de force déséquilibrés, doit être remplacé par un multilatéralisme inclusif, équitable et respectueux des différences.
Le besoin d'une alternative radicale
Ce qui frappe, c'est l'aliénation collective dans laquelle nous sommes plongés. Nous avons été conditionnés à célébrer des miettes comme des victoires historiques. Pourtant, des alternatives existent. Enda Tiers Monde et d'autres organisations engagées depuis des décennies nous rappellent qu'un autre chemin est possible. Il ne s'agit pas seulement d'obtenir plus de financement, mais de repenser les structures mêmes de ces négociations pour sortir de cette impasse hypocrite.
La solution ne réside pas dans des réformes mineures mais dans un réveil collectif. Ce réveil doit venir de ceux qui comprennent que les enjeux climatiques ne se résument pas à des objectifs chiffrés, mais touchent aux fondements mêmes des systèmes économiques, financiers et politiques mondiaux.
Vers un multilatéralisme inclusif
L'urgence est de susciter un vaste mouvement mondial capable de remettre en question les fondements actuels des négociations climatiques. Ce mouvement doit œuvrer à l'établissement d'un multilatéralisme inclusif, où chaque pays, chaque peuple, et chaque voix auront un poids égal. Ce n'est qu'en enterrant l'universalisme vertical et en construisant un système basé sur la coopération et la justice climatique que nous pourrons espérer des avancées significatives.
Un chemin à tracer. La COP29 aura marqué une étape, mais le véritable défi reste entier. La planète ne peut plus attendre, et les populations les plus vulnérables ne peuvent plus subir. Il est temps de transformer ces dialogues en véritables actes de justice, portés par un mouvement inclusif et mondial, qui fera enfin passer l'humanité avant les intérêts étroits des grandes puissances.
Koor Mayé est Docteur en géographie, Spécialiste en planification, financement et gestion du développement sobre en carbone et résilient au changement climatique.
L'AFRIQUE FRANCOPHONE SE DOTE D'UN BILLBOARD POUR SA MUSIQUE
Africa Music & Charts, qui sera lancé le 28 novembre à la Biennale de Dakar, promet de révolutionner l'industrie musicale du continent en instaurant un système transparent de certifications et de classements
(SenePlus) - Une initiative majeure vient combler un vide crucial dans l'industrie musicale africaine. Africa Music & Charts, qui sera officiellement lancé ce 28 novembre 2024 lors de la Biennale de Dakar, ambitionne de devenir la référence en matière de certifications musicales et de classements en Afrique francophone, selon un communiqué de presse parvenu à notre rédaction.
Ce projet répond à un besoin pressant dans une région où la scène musicale est en pleine effervescence. Portée par une population jeune et connectée, l'Afrique francophone voit émerger de nouveaux talents tandis que son patrimoine musical historique connaît une seconde vie grâce aux plateformes de streaming comme YouTube. Pourtant, jusqu'à présent, ce succès restait difficile à quantifier.
Africa Music & Charts entend changer la donne en instaurant un système de certifications basé sur des critères précis : ventes physiques, écoutes en streaming et téléchargements. Une approche qui vise à apporter plus de transparence et de crédibilité à l'industrie musicale africaine, tant au niveau régional qu'international.
La structure bénéficie du soutien d'un conseil de professionnels impressionnant, réunissant des figures majeures de l'industrie musicale africaine issues de labels prestigieux comme Universal Music, Sony Music, Warner Music, mais aussi d'acteurs plus récents tels que Believe, IDOL, Keyzit, Bomayé Musik et Hoside.
"Le lancement d'Africa Music & Charts envoie un message beau et fort", déclare Diadame Diaw, présidente de l'organisation. "Notre mission est de rassembler, valoriser et soutenir cette industrie en pleine expansion. En unissant nos forces nous pourrons structurer notre secteur et révéler au monde la diversité et la richesse de notre musique africaine."
Cette initiative marque une étape importante dans la professionnalisation de l'industrie musicale en Afrique francophone. En offrant enfin des données fiables et une reconnaissance officielle, Africa Music & Charts pourrait bien devenir un outil indispensable pour accroître la visibilité des artistes africains sur la scène internationale.
par Tekhe Gaye
L'ÉVEIL NÉCESSAIRE
L’impunité tuerait ce qu’il reste de notre conscience collective. Imaginez des écoles où les pensées de Cheikh Anta, de Ki-Zerbo.. résonneraient. Un changement durable nécessite de démanteler des sous-systèmes - ENTRETIEN AVEC MAHAMADOU LAMINE SAGNA
C’est un honneur de vous présenter cet entretien avec le Professeur Mahamadou Lamine Sagna, figure incontournable des sciences sociales en Afrique. Alliant rigueur académique et engagement militant, il a marqué par son travail auprès des communautés sénégalaises aux Etats-Unis, en Afrique, et en Amérique et sa participation active aux Assises nationales pour repenser la gouvernance du Sénégal.
Aujourd’hui, malgré sa réserve habituelle, il nous livre son analyse sur le phénomène Ousmane Sonko et Pastef, un mouvement qui a transformé le paysage politique sénégalais. Cet échange, organisé en trois axes, explore le contexte de son émergence, ses stratégies politiques et les enjeux de souveraineté.
Cet entretien se veut non seulement une analyse des événements politiques actuels, mais aussi une réflexion plus large sur les aspirations de notre peuple et le futur de notre nation. Je vous invite donc à plonger dans cet échange riche, lucide, et passionnant avec le Professeur Mahamadou Lamine Sagna, un esprit brillant et engagé, qui nous éclaire sur les enjeux essentiels de notre époque.
Tu as été une figure très active du débat public dans les années 2000 et 2010, et c’est un immense plaisir de te retrouver aujourd’hui pour cet entretien, après tout ce temps. Actuellement, tu enseignes à l’Université WPI (Worcester Polytechnic Institute), une institution principalement axée sur les sciences, la technologie, l’ingénierie et les mathématiques (STEM). Comment un sociologue de ton calibre s’est-il retrouvé dans un environnement aussi technique ? Par ailleurs, beaucoup ignorent que tu as également eu un parcours de militant politique. Pourrais-tu nous en dire plus sur cet engagement et sur le cheminement qui t’a conduit là où tu es aujourd’hui ?
MLS : Avant de répondre à tes questions, je tiens à te rendre hommage. Ce mot traduit l’admiration que j’ai pour ton parcours et ton engagement. Tu as su faire résonner la voix de notre diaspora à New York, portant avec constance les luttes de nos compatriotes, ici et ailleurs, comme un flambeau inextinguible.
Je suis témoin de ton engagement, notamment lors des Assises nationales. Tu as diffusé sans relâche le rapport sur la gouvernance dans les médias, éclairant nos compatriotes et transformant cette initiative en une cause collective. Merci, Tekhe, pour ce lien précieux que tu maintiens entre la diaspora et notre terre.
Concernant mon engagement militant, il a commencé très tôt, à 16 ans, lorsque j’ai rejoint le parti de Cheikh Anta Diop, le Rassemblement National Démocratique (RND). Ce fut une véritable école de vie. J’ai appris à sensibiliser, à m’organiser, et à aller à la rencontre des populations rurales, vendant des journaux comme Siggi et Takhaw. Ces expériences m’ont formé à comprendre les réalités sociales du Sénégal et à développer une conscience critique.
Guidé par des figures comme Jean François Diouf et Jules Conaré, et inspiré par Cheikh Anta Diop, ce militantisme a profondément influencé ma vision du monde. Pour comprendre le monde, il faut écouter les gens, vivre leurs réalités – une leçon fondamentale que je porte encore aujourd’hui.
Pour répondre à ta question de savoir comment je me suis retrouvé à enseigner dans une institution orientée STEM. Je dirai qu’enseigner dans une université STEM comme WPI prolonge mon engagement dans l’éducation en intégrant les sciences humaines aux STEM pour aborder les défis actuels. Mes cours, tels que l’Introduction à la Sociologie, Social Justice, Ethics et Engineering, et AI and Ethics, permettent de sensibiliser les étudiants aux impacts éthiques et sociaux de leurs innovations, les préparant à contribuer à une société plus juste et durable. Bref je suis un pont entre différentes disciplines
Est-ce ce besoin constant de dialogue avec toutes les couches de la population, cette capacité d’écoute et d’apprentissage sans distinction, qui t’a guidé tout au long de ton parcours ? On se souvient que quand tu enseignais à Princeton tu te rendais chaque week-end à New York pour rencontrer la communauté. Était-ce ta manière de rester connecté, de maintenir un lien profond avec tes racines ?
Oui comme dans la philosophie Ubuntu « je suis parce que nous sommes ». Je crois profondément qu’il faut rendre à la communauté ce qu’elle nous a donné. Si je suis ce que je suis aujourd’hui, c’est parce que ma famille, ma communauté, et mon pays ont investi en moi. Ils m’ont formé, soutenu, et ont cru en moi. Il y a un devoir de réciprocité qui m’habite. Je dois essayer, dans la mesure de mes capacités, de redonner ce que j’ai reçu. Que ce soit à travers mes enseignements, mes recherches, ou simplement en restant engagé avec les gens, je veux contribuer, ne serait-ce qu’un peu, à leur rendre ce qu’ils m’ont offert.
C’est aussi pour ça que je privilégie toujours un engagement qui va au-delà de la salle de classe, en discutant avec les gens, en restant à l’écoute. La connaissance ne doit pas être une tour d’ivoire, mais un pont.
Puisqu'on en parle de pont, j'aimerais que tu me parles d'un grand homme avec qui tu étais proche : feu Amadou Mahtar Mbow. Tu as écrit un livre d’entretiens avec lui, Amadou Mahtar Mbow, Une légende à raconter – Entretiens avec un Éclaireur du siècle. Peux-tu nous en dire un peu plus sur la relation que tu entretenais avec lui ?
Oui Ahmadou Mahtar Mbow était un pont entre nous et les ancêtres. Mais aussi un éclaireur. Concernant le livre, je me souviens de ce jour comme si c’était hier. Nous marchions dans les rues de Paris, enveloppés par une lumière dorée et un calme presque irréel. Soudain, il me prit doucement par la main et, d’une voix empreinte de sagesse, il déclara : “Lamine, beaucoup veulent écrire sur moi, mais j’ai décidé que ce sera toi.” Ces mots bouleversèrent ma vie.
Pris de court, j’exprimai mes doutes, mais son regard, chargé d’assurance tranquille, balaya mes hésitations : “Si, tu peux. Tu le feras.” Ce moment devint pour moi une mission, un testament à retranscrire, un pont entre les générations.
Pendant des semaines, nous nous retrouvions chez lui ou dans un café qu’il affectionnait. Chaque rencontre était une plongée dans ses combats, ses rêves, et ses déceptions, un voyage dans la mémoire vivante d’un homme ayant traversé les âges avec une dignité inébranlable. Ses récits portaient le poids d’un continent en quête d’identité et d’un siècle en mutation.
Amadou Mahtar Mbow m’a enseigné que la grandeur réside dans la générosité d’un cœur qui donne sans compter. Ce livre, je voulais qu’il soit une offrande, un héritage gravé dans la pierre, car des hommes comme lui ne disparaissent jamais vraiment. Ils continuent d’éclairer et d’inspirer, bien après que leurs pas se sont tus.
En 2023, tu as lancé une grande pétition aux côtés d'intellectuels comme Wole Soyinka, Noam Chomsky et Cornel West. Peux-tu nous parler de cet engagement et de son impact ?
J’ai pris cette initiative parce que l’attaque contre la vitre de la voiture d’Ousmane Sonko représentait, à mes yeux, une atteinte grave aux principes de l’État de droit et de la démocratie. Ce geste symbolisait une rupture profonde dans notre pacte démocratique, révélant la fragilité de nos institutions face à des dérives autoritaires.
Face à cette situation, j’ai ressenti une responsabilité morale d’agir. J’ai proposé une déclaration collective pour dénoncer cette violation des valeurs fondamentales et rassembler des soutiens. J’ai élargi cet appel à des intellectuels internationaux, défenseurs des droits humains, et à des figures sénégalaises respectées comme Amadou Tidiane Baba Wone et René Lake. Leur engagement témoignait de l’importance de cette cause, à la fois nationale et universelle.
Mon objectif était double : mobiliser les forces vives pour défendre nos acquis démocratiques et envoyer un message clair que l’indifférence face à ces dérives n’est pas une option. La démocratie, pour survivre, nécessite des citoyens engagés prêts à se lever pour la protéger. Cette déclaration devait incarner cette volonté collective de défendre les principes de justice, de liberté et d’équité.
Cet incident a-t-il été, selon vous, le déclencheur de votre réflexion sur ce qu’on pourrait qualifier de "phénomène Sonko" ?
Non, je ne le pense pas. Bien que cet incident ait amplifié l’indignation populaire, le phénomène Ousmane Sonko plonge ses racines bien plus profondément. Les soulèvements de 2021, expression d’un ras-le-bol généralisé face à des injustices sociales, économiques et politiques, ont déclenché toute une série de questions. J’ai compris que ces manifestations marquaient un tournant où une jeunesse marginalisée a réclamé justice et opportunités. Puis j’ai compris qu’Ousmane Sonko, avec son discours percutant et son image d’homme intègre, s’imposera comme le porte-voix de cette révolte, l’incarnation crédible de l’espoir d’un renouveau politique devant un système perçu comme corrompu et déconnecté. L’incident de la vitre brisée a renforcé mon intuition et mon analyse de cette dynamique, mais il n’en est pas l’origine.
Essentiellement, qu’avez-vous découvert à travers votre observation et votre analyse ?
J’ai découvert en Ousmane Sonko une combinaison rare d’intellect, de vision stratégique et d’engagement. Dès ses débuts, sa capacité d’analyse et son discours accessible m’ont frappé. À l’époque, certains intellectuels trouvaient que je surestimais son potentiel, mais le temps a prouvé qu’il s’imposait comme une figure centrale, capable de cristalliser espoirs et frustrations.
Cela dit, je ne suis pas militant de son parti. Mon engagement dépasse les affiliations : je lutte avant tout contre les injustices, surtout celles qui touchent à la dignité humaine. Sonko et son mouvement incarnent une aspiration à une société plus juste et souveraine, en proposant des alternatives claires face aux défis du Sénégal.
Cependant, je crois que le combat pour la justice et l’équité dépasse les individualités. Il demande une mobilisation collective autour de valeurs universelles. Mon soutien va donc aux causes qui défendent ces principes, bien au-delà des partis ou des leaders.
Quelle est ta position sur le débat autour de la nécessité de juger les auteurs d'actes répréhensibles, tels que les tueries, les tortures, et autres violences commises contre le peuple sénégalais ?
Juger les auteurs de ces crimes odieux n’est pas une option, mais une obligation morale et historique. Avec 86 vies brisées, des dizaines d’âmes torturées, et des centaines d’individus emprisonnés pour avoir simplement réclamé leurs droits, nous sommes face à une tragédie nationale qui transcende les chiffres. Ce ne sont pas des incidents isolés, mais les signes d’une dérive profonde, d’un système qui, par son silence, menace de légitimer l’inacceptable.
Je ne parviens pas à effacer de mon esprit cette image insoutenable : celle d’un jeune garçon abattu, son seul crime ayant été de brandir avec fierté notre drapeau. Cet acte d’une cruauté inqualifiable est le symbole de l’abîme moral dans lequel nous risquons de sombrer. Si ces crimes restent impunis, nous trahirons non seulement la mémoire de ces victimes, mais aussi l’essence même de notre nation. L’impunité tuerait ce qu’il reste de notre conscience collective et réduirait notre avenir à un pacte avec l’injustice.
Chaque jour où la vérité reste enfouie, c’est l’âme du Sénégal qui s’éteint un peu plus.
Cette responsabilité n’est pas celle d’une seule génération. Elle est un devoir partagé, un poids que chaque Sénégalais conscient doit porter. Si nous n’agissons pas, nous transmettrons à nos enfants un héritage de peur, de honte et d’injustice. Nous les condamnerons à vivre sous l’ombre de crimes non expiés, incapables de bâtir une société juste et unie.
Restaurer la dignité du Sénégal exige que nous affrontions cette sombre réalité avec gravité et détermination. La vérité doit éclater, la justice doit être rendue, et les responsables doivent répondre de leurs actes. Sans cela, nous ne serons plus qu’un peuple sans mémoire, une nation sans avenir. Agir aujourd’hui, c’est sauver non seulement notre présent, mais l’espoir de générations à venir. C’est une lutte pour l’âme même de notre pays, une lutte que nous ne pouvons pas, que nous ne devons pas, perdre.
Mais comment Sonko a pu mobiliser autant ? Autrement dit, comment décrirais-tu le contexte politique, social et économique dans lequel Ousmane Sonko et le mouvement Pastef ont émergé ?
Je vais te livrer une analyse que j’ai faite il y a trois ans. Le contexte dans lequel Ousmane Sonko et le mouvement Pastef ont émergé était marqué par une forte tension sociale, des injustices récurrentes, et une attente interminable d’un véritable changement. Pour mieux comprendre cette dynamique, nous pouvons faire un détour par une analyse d'Alain Badiou sur la lecture de Jean-Paul Sartre concernant la Commune de Paris.
Badiou illustre cette révolte en comparant la situation à un groupe de personnes attendant un bus qui n’arrive jamais. Cette attente crée une situation dite "sérielle", où chaque individu est passif et isolé dans sa frustration. Puis, l’un d’eux décide de protester et entraîne les autres à le suivre. À ce moment, une "fraternité conquérante" se forme : une solidarité enthousiaste naît, chaque individu devient porte-parole du groupe, et ensemble, ils marchent jusqu’à la direction de la compagnie des bus pour exiger des comptes. Au fil de leur marche, d’autres personnes rejoignent le mouvement, renforçant leur dynamique collective.
Finalement, ils réussissent à prendre le contrôle de la société des bus. C’est la victoire.
Après la victoire, n‘est-ce pas donc la fin de la fraternité conquérante ?
Oui, après la victoire, une nouvelle phase s’engage. Sartre évoque le passage de la "fraternité conquérante" à la "fraternité-terreur", où les rôles se figent et la critique devient rare, par crainte d’être perçue comme une trahison. Cette rigidité peut freiner l’expression démocratique et engendrer des tensions internes.
L’intelligence stratégique de Sonko et de ses compagnons réside dans leur capacité à éviter cet écueil. Ils semblent comprendre que pour répondre aux attentes du peuple, le "bus" – métaphore de l’État et de ses institutions – doit fonctionner en continu. Cela exige une gestion efficace tout en restant connecté aux aspirations populaires.
Ainsi, Bassirou Diomaye Faye gère l’institution (la société de bus), veillant à son bon fonctionnement sur le plan institutionnel, tandis que Sonko, à intervalles réguliers, reprend symboliquement le volant. Ce geste lui permet de rester en phase avec le peuple et d’incarner un leadership accessible.
Tant qu’ils maintiennent cette alternance entre gestion rigoureuse et mobilisation populaire, ils renforcent leur légitimité et leur solidité. Leur capacité à naviguer entre ces deux dimensions est leur véritable force.
Waw ! Fascinant. Peut-on espérer voir d'autres études sociologiques de ta part à l'avenir ?
Peut-être plus tard. C’est juste le point de vue d’un citoyen. Le chercheur que je suis ne fait pas des analyses universitaires à chaud. Il faut de la distance, du temps.
Mais Tu es en train de dire que Sonko et les membres de Pastef sont des stratèges d’exception ? Mais que penses-tu de ceux qui les qualifient de populistes ?
La notion de populisme est souvent galvaudée, utilisée pour discréditer quiconque remet en question l’ordre établi. Pourtant, dans son essence, le populisme consiste à parler au nom du peuple et à défier des élites perçues comme déconnectées des réalités.
Qualifier Sonko et le Pastef de "populistes" dépend de la définition adoptée. Certes, ils défient un système néolibéral jugé injuste et captent le ras-le-bol général. Mais plus qu’un simple populisme, leur approche reflète une stratégie visant à redonner une voix aux marginalisés.
Historiquement, des figures comme Sankara ou certains mouvements en Amérique latine, souvent taxés de populistes, ont restauré une dignité perdue. Le populisme devient problématique lorsqu’il verse dans la démagogie, mais s’il sert à représenter les oubliés du système, peut-on vraiment le condamner ? Ce terme, trop souvent une arme rhétorique, nécessite une distinction claire entre populisme destructeur et populisme porteur de transformation sociale.
Donc, selon toi, Sonko aurait-il conçu une stratégie authentiquement révolutionnaire pour défier et transformer le système sénégalais ?
Ousmane Sonko et ses compagnons ont opposé au système sénégalais un anti-système structuré, fondé sur une analyse stratégique des fabriques, mécanismes et structures qui normalisent les inégalités et favorisent les élites. Ils ont su dénoncer les institutions, médias et lois qui perpétuent l’oppression, ainsi que les rouages de censure et de dépendance des citoyens qui maintiennent le contrôle du pouvoir. Mais, pour un changement durable, ils devront démanteler les sous-systèmes qui soutiennent ces injustices : réformer une administration gangrenée par la corruption, promouvoir des médias indépendants et pluralistes, et mettre fin aux réseaux d’affairistes qui exploitent les failles du système. C’est en s’attaquant à ces bases que leur vision d’un Sénégal équitable et souverain pourra se concrétiser.
Parlons un peu de la diaspora à laquelle tu appartiens. Comment expliquer la mobilisation extraordinaire de la diaspora sénégalaise dans la mobilisation politique ?
En tant qu'analyste, je vois cette mobilisation comme le résultat d’un lien profond entre la diaspora et le Sénégal. Ces Sénégalais, bien qu’établis à l’étranger, restent intimement connectés à leur pays, vivant ce que l’on pourrait résumer par : « La diaspora n’habite plus le Sénégal, mais le Sénégal les habite. » Cette vision, proche de l’esprit Ubuntu – « Je suis parce que nous sommes » – traduit un attachement collectif à leur communauté et à l’avenir du pays.
Un facteur clé de cette mobilisation est Internet et les technologies numériques, qui ont aboli les distances. Grâce aux réseaux sociaux et plateformes de communication, la diaspora reste connectée en temps réel, s’organise efficacement, et amplifie ses voix critiques à l’échelle internationale.
De plus, la diaspora joue un rôle central dans l’économie sénégalaise par les transferts de fonds, renforçant sa légitimité à peser sur le débat politique. Des mouvements comme Pastef ont su capter cette énergie, en proposant des idées alignées avec les aspirations des Sénégalais vivant à l’étranger, notamment une gouvernance plus juste et inclusive.
Enfin, les jeunes générations, mieux connectées et formées, portent cette dynamique. Elles aspirent à réconcilier leur double identité culturelle et à bâtir un Sénégal moderne tout en restant enracinées dans leurs valeurs.
En somme, cette mobilisation illustre une citoyenneté mondiale qui reste solidement ancrée dans le local.
Comment envisages-tu l’avenir de cette mobilisation populaire ? Quelle est ton analyse de l’idéologie de souveraineté portée par Pastef, et quelle vision ce parti propose-t-il pour la gestion de l’État sénégalais ?
La vision de Pastef, notamment leur projet 2050, relance les idées de souveraineté et de développement endogène portées par Cheikh Anta Diop et Mamadou Dia. Ce projet prône un développement autocentré et auto-entretenu, basé sur la maîtrise des ressources et des choix économiques.
Leur discours sur la souveraineté résonne fortement, non seulement au Sénégal mais à l’échelle africaine, appelant à un véritable changement de paradigme. Il s’inscrit dans la continuité des combats menés par des figures comme Senghor, Nkrumah ou Cheikh Anta Diop, qui ont lutté pour une émancipation totale, souvent compromise par des pressions externes ou internes.
Voir de jeunes leaders comme ceux de Pastef recentrer ce combat est porteur d’espoir. En tant qu’héritier de l’école de pensée de Cheikh Anta Diop, je salue cette démarche, essentielle pour que l’Afrique contrôle ses ressources et bâtisse un développement véritablement souverain.
Mais concrètement, comment cette quête de souveraineté se traduit-elle sur le plan programmatique et quelles en sont les priorités ?
Le discours de souveraineté de Pastef aborde des enjeux économiques, politiques et culturels majeurs. Il interroge sur l’incapacité du Sénégal, riche en ressources naturelles, à garantir la prospérité de son peuple et sur sa dépendance aux aides étrangères. Pastef prône la valorisation des ressources nationales, la lutte contre la corruption et une gestion rigoureuse des finances publiques.
Cette quête de souveraineté nécessite de reconstruire les institutions, repenser les modèles de développement et investir dans l’éducation pour armer la jeunesse face aux défis futurs. Portée par un souffle nouveau, elle pourrait ouvrir la voie à un développement plus autonome et équitable pour le Sénégal et l’Afrique.
La vision Sénégal 2050, bien conçue et ambitieuse, repose sur une analyse claire des enjeux et propose des stratégies pour bâtir une nation souveraine, prospère et fière de ses ressources et talents.
Quelles sont, selon toi, les réformes clés à mettre en œuvre pour garantir une souveraineté pleine et durable au Sénégal ?
La souveraineté, en vérité, prend racine dans l'esprit et s'épanouit dans le cœur. Et c'est par l’éducation, cette flamme inextinguible, que nous allumerons les lumières de notre émancipation. Avant que ne naissent les réformes politiques ou économiques, c’est l’âme même de nos peuples qu’il faut libérer des chaînes invisibles laissées par l’histoire. Ces chaînes, forgées dans les brasiers de la colonisation, étouffent encore trop souvent notre confiance, notre fierté, et notre audace à rêver grand.
Ce que nous appelons "décolonisation des esprits" n’est pas un simple concept ; c’est un cri du cœur, une urgence. Elle invite à briser les complexes d’infériorité, à réapprendre à marcher debout, fiers de nos langues, de nos histoires, de nos héros. Car un peuple qui doute de lui-même ne peut jamais tracer son propre destin.
Et dans cette quête, l’éducation est la clé. Imaginez des écoles où les pensées de Cheikh Anta Diop, d’Amadou Hampâté Bâ, de Joseph Ki-Zerbo résonneraient dans chaque salle de classe. Imaginez des universités devenues des temples de savoir, des lieux où nos jeunes apprendraient non seulement à penser, mais à rêver, à créer, à reconstruire le monde. Hélas, aujourd’hui, même dans les institutions qui portent leurs noms, ces géants restent en marge, leurs idées reléguées à des murmures au lieu de devenir des chants.
C’est un gâchis que nous ne pouvons plus accepter. Nos écoles doivent devenir des sanctuaires de la mémoire et des laboratoires de l’avenir. À travers des séminaires, des dialogues, des enseignements vibrants, nos étudiants doivent être invités à dialoguer avec ces figures lumineuses, à se nourrir de leurs luttes, à puiser dans leurs rêves la force de bâtir une Afrique souveraine.
Mais ce projet dépasse l’intellect. Il s’agit aussi d’éveiller les âmes, de restaurer l’estime de soi, de libérer nos jeunes des ombres du passé pour qu’ils imaginent un avenir sans limites. Chaque mot qu’ils apprendront, chaque histoire qu’ils redécouvriront, sera une pierre posée dans l’édifice d’une souveraineté vraie.
Cette souveraineté que nous cherchons à construire ne peut se limiter à des institutions ou à des frontières. Elle doit devenir un feu intérieur, une conviction profonde que notre culture, notre histoire, nos langues sont des trésors inestimables. C’est une renaissance que nous appelons de nos vœux, une élévation collective. Et pour cela, il faut travailler sans relâche, avec passion et foi, pour que chaque esprit, chaque cœur, se nourrisse de la grandeur de notre patrimoine et ose rêver l’avenir.
En tant qu'auteur de Monnaie et Société, quel est votre point de vue sur la question fondamentale de la souveraineté monétaire et la sortie du Franc CFA, en particulier à la lumière des propositions défendues par le mouvement Pastef ?
La monnaie est bien plus qu’un simple outil économique : elle incarne la culture, l’histoire et le pouvoir. La question du Franc CFA dépasse donc les enjeux monétaires pour s’inscrire dans une réflexion politique et symbolique. Elle représente un enjeu de souveraineté nationale et de dignité collective, car elle perpétue une domination post-coloniale, même après des décennies d’indépendance.
Le Franc CFA, symbole d’une tutelle française persistante, maintient les pays africains dans une subordination économique. Par son existence, il entrave l’autonomie des décisions stratégiques, laissant les économies locales sous influence extérieure. Dans ce contexte, parler de souveraineté politique sans contrôle monétaire est illusoire.
Rompre avec le Franc CFA, comme le défend Pastef, n’est pas seulement une démarche économique, mais aussi un acte d’émancipation mentale et morale. Cependant, cette transition exige des prérequis : une monnaie nationale ou régionale qui inspire confiance, une discipline budgétaire et des structures financières solides pour éviter l’inflation ou la fuite des capitaux.
Au-delà de l’économie, la souveraineté monétaire repose sur une souveraineté mentale. Tant que nous resterons convaincus que notre développement dépend de l’extérieur, nous resterons captifs de schémas de dépendance. La monnaie, dans ce sens, devient un levier pour affirmer notre capacité à gérer nos affaires et tracer notre propre voie.
Une sortie réfléchie du Franc CFA pourrait être un tournant historique pour les nations africaines, marquant la réappropriation de leur destin économique et politique. Mais cela nécessite une refonte des systèmes éducatifs, une valorisation des savoirs endogènes et une mobilisation citoyenne massive. La monnaie n’est que la partie visible d’un enjeu plus vaste : une souveraineté économique, culturelle et mentale indispensable pour écrire l’avenir du continent en toute liberté.
Merci infiniment, Professeur Mahamadou Lamine Sagna, pour vos réponses d’une rare profondeur. Vous avez éclairé des enjeux cruciaux avec une lucidité remarquable, tout en rappelant la responsabilité morale qui nous incombe. C’est un privilège d’avoir échangé avec vous. Vos paroles inspirent et insufflent un souffle d’engagement et de dignité, essentiels pour bâtir un Sénégal plus juste. Votre parcours, mêlant rigueur intellectuelle et militantisme, est une véritable source d’espoir et un guide dans ces temps troublés.
Merci, Tekhe, pour cet espace d’expression. Tu es bien plus qu’un journaliste : un citoyen engagé, un défenseur de la diaspora et un militant infatigable pour la justice sociale. Par ton travail, tu éveilles les consciences, bâtis des ponts et rappelles l’importance de ne jamais céder au silence.
J’espère que le Sénégal saura tirer parti de ta vision et de ta passion. Ton engagement est une inspiration, et je suis convaincu qu’avec des acteurs comme toi, notre nation surmontera ses défis tout en restant fidèle à ses idéaux d’équité et de solidarité.
DES DÉPUTÉS FRANÇAIS RÉCLAMENT UNE COMMISSION D’ENQUÊTE SUR LE MASSACRE DE THIAROYE
Il s’agit de parlementaires de l’opposition de gauche, principalement de La France insoumise (LFI) et de quelques députés du camp présidentiel.
Cinq députés français ont déposé mardi une demande de constitution d’une commission d’enquête chargée de faire la lumière sur le massacre à Thiaroye, dans la banlieue de Dakar, par l’armée française de soldats africains ayant combattu sous ses ordres à la guerre mondiale, a-t-on appris de source médiatique.
Il s’agit de parlementaires de l’opposition de gauche, principalement de La France insoumise (LFI) et de quelques députés du camp présidentiel, a par exemple souligné le site d’information de Radio France internationale (RFI).
Cette demande introduite cinq jours avant la commémoration du 80e anniversaire de cet épisode de l’histoire coloniale de la France en Afrique devra toutefois être approuvée par la commission compétente au sein du parlement français.
La proposition de résolution visant à mettre en place une telle commission porte symboliquement le nom d’Ousmane Sembène, figure du cinéma et de la littérature sénégalais et ancien Tirailleur.
Des dizaines de soldats africains ayant combattu pour la France lors de deuxième guerre mondiale ont péri dans le massacre de Thiaroye survenu le 1er décembre 1944.
Ils ont été tués après avoir réclamé le paiement au même titre que les Français de souche de leur dû.
LANCEMENT D’UNE COMPÉTITION NATIONALE POUR LE QUARTIER LE PLUS PROPRE
Selon Balla Moussa Fofana, l’objectif est d’innover en créant non seulement un cadre urbain propre, mais aussi en apportant des améliorations esthétiques qui répondent aux aspirations des habitants.
Le ministre de l’Urbanisme, des Collectivités territoriales et de l’Aménagement des territoires, Balla Moussa Fofana, a annoncé une compétition nationale visant à récompenser le « quartier le plus propre » du Sénégal.
Cette initiative s’inscrit dans le cadre de la 7ème journée de nettoiement, prévue pour le 7 décembre prochain.
Lors d’une déclaration faite à l’issue d’une journée de travail consacrée à la préparation de cet événement, le ministre a précisé : « Nous lançons un challenge, une compétition entre les différents quartiers du Sénégal. Et au soir du 7 décembre, à l’occasion de la journée de Setal Sunu Gox, nous verrons quel est le quartier qui a présenté les plus belles améliorations au niveau de son parcours ».
Cette édition, qui se déroulera sous le thème « Ensemble pour des quartiers propres et embellis», vise à mobiliser les citoyens autour de l’importance de la propreté et de l’embellissement des espaces urbains.
Selon Balla Moussa Fofana, l’objectif est d’innover en créant non seulement un cadre urbain propre, mais aussi en apportant des améliorations esthétiques qui répondent aux aspirations des habitants.
Le ministre a souligné que cette journée de mobilisation citoyenne est une occasion de renforcer l’engagement collectif pour un environnement sain et agréable.
LA MORT CERTAINE DE LA VILLE DE RUFISQUE ACTÉE
Le maire Dr Oumar Cissé, qui avait prédit cette "mort lente" de la ville, se retrouve avec un budget de 3 milliards dont 2,5 milliards uniquement pour la masse salariale
La nouvelle a sonné comme un «tremblement de terre financier» pour ne pas dire un tsunami financier qui aura la conséquence directe et cash d’une année budgétaire noire. Pourtant, le député-maire de la ville de Rufisque, en son temps, avait alerté.
Le Dr Oumar Cissé avait même prédit, devant le ministre des collectivités territoriales Mamadou Talla lors de son passage à l’Assemblée nationale, une «mort lente» de la ville lorsque le gouvernement de Macky Sall avait réduit le montant de cette contribution économique locale sur la valeur ajouté de 1 758 918 833 francs Cfa en 2020 à 1 215 626 075 francs Cfa en 2021, 427 537 773 francs Cfa en 2022 et 832 901 738 franc Cfa en 2023.
En plus de cette alerte, le maire de Rufisque a adressé une correspondance à la tutelle pour lui faire part de ses inquiétudes et préoccupations sur cette tendance baissière de la Cel/va. Aujourd’hui, l’avenir lui donne raison après la publication de l’arrêté de répartition de la Cel/va pour l’année 2024. Le montant alloué à la ville de Rufisque s’élève à 17 231 396 francs Cfa soit une baisse drastique de 1 741 687 437 francs Cfa en cinq ans.
La mairie de ville qui tire son budget de trois entités dont la grande part de la Cel/va va tout droit au mur puisque l’on signale du côté de l’institution municipale de la vieille ville que cette contribution constitue 30% du budget. Avec ce montant, l’équipe municipale de Dr Oumar Cissé se retrouve avec 3 milliards dont 2,5 milliards de masse salariale et tout juste 500 millions d’investissements. Conséquence : «de la morte lente, Rufisque va vers une mort certaine».
Le maire convoque un bureau municipal d’urgence suivi d’un Conseil municipal extraordinaire
Face à l’urgence, Dr Oumar Cissé a convoqué le bureau municipal en session d’urgence suivi d’un Conseil municipal extraordinaire.
L’objectif est d’apprécier la situation avant d’adopter une posture qui permettra à la ville de Rufisque de recouvrer ses droits. Le maire promet de réagir après avoir consulté qui de droit.
DAKAR-PARIS, LA RUPTURE À BAS BRUIT
Alors que les pays voisins du Sahel chassent violemment la France, le Sénégal cultive une opposition plus mesurée. Les Français installés sur place ne ressentent pas d'hostilité particulière et se sentent en sécurité
(SenePlus) - Une enquête du quotidien La Croix révèle la montée d'une rhétorique hostile à la France au Sénégal, sur fond de changements politiques majeurs dans la région. Si le discours se durcit, notamment du côté du parti au pouvoir, la situation reste très différente de celle des pays voisins du Sahel.
"Le Sénégal n'est plus la chasse gardée des Français", affirme sans détour Oumar Alioune Kane, responsable de la communication du Pastef, le parti au pouvoir. Dans un entretien accordé à La Croix, il dénonce "une relation de paternalisme" et revendique des "relations d'égal à égal". Plus radical encore, il lance : "On en a marre que l'Occident essaie de nous civiliser !"
Ce discours n'est pas isolé. Selon un rapport récent de l'association Tournons la page et du Centre de recherches internationales de Sciences Po, cité par La Croix, le rejet de la politique française en Afrique est "massif, presque unanime". L'étude, basée sur plus de 500 entretiens dans six pays d'Afrique francophone, pointe plusieurs griefs : manque de fiabilité sécuritaire, pillage des ressources, collusion avec les élites corrompues.
Du côté français, on relativise. "Qu'il y ait des incompréhensions, des questions, des critiques, cela fait partie de la vie du monde", confie une source diplomatique française à Dakar au quotidien. "Il y a du populisme partout, y compris ici. Comme nous faisons partie du paysage, nous sommes associés aux critiques."
Les tensions se sont manifestées concrètement : entre mars 2021 et juin 2023, 39 magasins Auchan ont été vandalisés lors de manifestations pro-Ousmane Sonko, rapporte La Croix. Pourtant, un étudiant proche du Pastef, Mamadou, nuance : "Cela a été instrumentalisé par les médias. Jusqu'à présent, on n'a vu aucun Français se faire immoler..."
Le chercheur d'Amnesty International Ousmane Diallo, interrogé par La Croix, offre une analyse éclairante : "Le discours des putschistes sur la souveraineté, sur le changement de paradigme par rapport à la France a circulé dans la région et suscité, au moins dans un premier temps, un fort engouement à Dakar. Puis, lorsque les Sénégalais ont vu ce que devenait le Mali, le Niger, le Burkina Faso, ils ont mesuré leurs propos."
Un point de friction particulier émerge autour des droits LGBT. Le Premier ministre Ousmane Sonko a prévenu que ce sujet pourrait devenir un "casus belli". La source diplomatique française répond : "Il n'y a pas d'imposition de valeurs. Tous les projets ici sont portés par des Sénégalais", tout en admettant que "ces partenaires locaux peuvent eux-mêmes avoir des valeurs différentes de leur population."
Malgré ces tensions, l'enquête de La Croix souligne que les Français installés au Sénégal ne ressentent pas d'hostilité particulière et se sentent en sécurité, contrairement à la situation dans les pays voisins du Sahel. Une différence notable qui suggère que le Sénégal, malgré une rhétorique parfois agressive, maintient une relation complexe mais stable avec son ancien colonisateur.
BARA SALL APPELLE À UNE SOLUTION URGENTE POUR LE SECTEUR DES DÉCHETS
Le coordinateur de la communication du groupe de concessionnaires était l’invité de l’émission « Salam Sénégal » de Radio Sénégal Internationale
Bara Sall, coordinateur de la communication du groupe de concessionnaires était l’invité de l’émission « Salam Sénégal » de Radio Sénégal Internationale (RSI). Il a annoncé un point de presse prévu pour aujourd’hui, lors duquel il exposera la situation actuelle et attendra le procès-verbal des autorités concernées. Selon lui, si des solutions concrètes et convaincantes sont proposées, il sera possible de suspendre leur mouvement pendant deux jours pour permettre le décaissement des paiements. Dans le cas contraire, l’arrêt de travail se poursuivra.
« Nous sommes en arrêt de travail depuis cinq jours, car nous faisons face à une impasse critique. Cela fait neuf mois que nous n’avons pas été payés, et cette situation complique considérablement notre quotidien », a-t-il déclaré. Bara Sall a aussi fait part des difficultés rencontrées avec leurs fournisseurs : « Ils nous ont bloqués à cause des dettes que nous leur devons. Certains de nos employés n’ont pas reçu de salaire depuis quatre mois. Nous sommes environ 2000 agents travaillant à la Sonaged. Actuellement, l’État nous doit 18 milliards de francs, sans compter le paiement du mois en cours. »
Avant d’en arriver à cette extrémité, Bara Sall a expliqué qu’ils avaient alerté toutes les parties prenantes, envoyé des lettres et sollicité des rencontres avec les autorités, mais sans obtenir un retour favorable. Ce manque de réponse a entraîné leur décision d’arrêter le travail.
Il a toutefois noté qu’au cours de leur première action, le ministre en charge avait accepté de les rencontrer. « Nous avons discuté des problèmes soulevés, et le ministre a exprimé son accord. Cependant, en raison des tensions budgétaires, Bala Moussa Fofana s’est engagé à collaborer avec le ministre des Finances pour trouver une solution. Malheureusement, jusqu’à présent, il n’y a pas eu d’engagement concret de sa part, et nous restons en attente d’informations. »
Concernant les discussions récentes avec le directeur de la Sonaged et le Directeur général du budget, Bara Sall a indiqué que, bien qu’il y ait eu des esquisses de solutions, rien de tangible n’a été mis en place. « Si nous avions les moyens nécessaires, nous reprendrions immédiatement le travail, mais ce n’est pas le cas », a-t-il ajouté.
Le Coordinateur a également critiqué la tendance de l’État à confier la gestion des déchets à des entreprises étrangères, affirmant que celles-ci avaient échoué dans ce secteur. Il a souligné l’importance de faire confiance aux entreprises nationales : « Chaque année, la quantité de déchets augmente de 3 %, et il est crucial que l’État accorde sa confiance aux entreprises locales. Nous espérons que ce nouveau régime nous permettra de gérer ce secteur efficacement. »
Pour conclure, Bara Sall a plaidé pour une révision de la gestion des déchets au Sénégal. « Mbeubeuss n’a plus sa raison d’être ; les déchets ménagers doivent être correctement traités et recyclés. La transformation de ces déchets peut avoir un impact très positif pour notre pays », a-t-il insisté.
L’ARTP RAPPELLE LA RÉGLEMENTATION DU SECTEUR POSTAL
Dans un communiqué publié mardi 26 novembre, l’Autorité de régulation des télécommunications et des postes (ARTP) rappelle l’obligation de disposer d’une licence pour exercer une activité postale et met en garde contre les sanctions en cas d’infraction
Dans un communiqué publié mardi 26 novembre, l’Autorité de régulation des télécommunications et des postes (ARTP) rappelle l’obligation de disposer d’une licence pour exercer une activité postale et met en garde contre les sanctions prévues en cas d’infraction.
L’Autorité de régulation des télécommunications et des postes (ARTP) a rappelé ce mardi au public, en particulier aux entreprises émettrices de documents tels que les banques et les compagnies d’assurances, que l’exercice des activités postales nécessite l’obtention préalable d’une licence, conformément aux articles 27 et 28 du Code des postes.
L’article 27 dispose que tout opérateur postal, à l’exception de l’opérateur chargé du service postal universel, doit obtenir une licence pour réaliser des opérations ou prestations postales. Cet opérateur doit être constitué en société commerciale de droit sénégalais et répondre aux exigences techniques et financières définies par les textes législatifs et réglementaires en vigueur.
L’article 28 précise que la licence d’exploitation, accompagnée d’un cahier des charges, est accordée par arrêté du ministre chargé des postes, après avis conforme de l’institution de régulation, en l’occurrence l’ARTP.
L’ARTP a également informé que seules certaines entreprises, telles que La Poste, EMS, DHL, Flash Car, Speedex, Coudou, Africa Global Logistics, Globex, Rapidos, Tiak Tiak, Tex Courrier, Unipax, 2W Logistics, Carapide, Paps, Kaz Logistics et Africa Courier Central, sont actuellement autorisées à effectuer des prestations postales, notamment la collecte, le tri, l’acheminement et la distribution du courrier.
En outre, l’ARTP a souligné que les services relatifs aux envois nationaux et internationaux pesant moins de 500 grammes, ainsi que certains envois affranchis dans des limites spécifiques, sont réservés exclusivement à La Poste, qui est désignée prestataire du service postal universel.
L’autorité a averti que toute infraction à ces dispositions expose les contrevenants à des sanctions sévères. En effet, quiconque exerce une activité postale sans licence risque une amende de 10 à 30 millions de francs et une peine d’emprisonnement de 2 à 3 ans, ou l’une de ces peines seulement. Les contrevenants aux articles 19 et 20 du Code des postes concernant les services réservés risquent également une amende de 10 à 30 millions de francs et une peine d’emprisonnement de 3 mois à 3 ans, ou l’une de ces peines uniquement.
Ce rappel vise à garantir un développement harmonieux du secteur postal au Sénégal, avec des services sécurisés, de qualité et accessibles à tous. Le directeur général de l’ARTP, Dahirou Thiam, a souligné l’importance de respecter ce cadre réglementaire afin de maintenir une concurrence saine et loyale.