Les cafards du régime de Macky ressortent
La décision de Sa Ndiaganiao de rendre publics les rapports des corps de contrôle de ces cinq dernières années a créé un grand engouement sur les réseaux sociaux où les internautes sénégalais discutent depuis hier des rapports 2019-2020-2021 de l’Office national de Lutte contre la Corruption (OFNAC), même si ces trois rapports ont été publiés sous l’ère Macky Sall. Ainsi, certains dont les populations avaient oublié les scandales ont vu leurs dossiers resurgir sur la place publique. C’est le cas de Diop Sy et de sa fille, épinglés par le rapport de l’OFNAC de 2021. L’affaire des 94 milliards dans laquelle est cité Mamour Diallo a aussi refait surface. Il faudra donc s’attendre dans les jours à venir à des révélations sur la manière dont l’argent des Sénégalais a été géré, puisqu’à côté de ceux de l’OFNAC, les rapports des cinq dernières années de l’IGE et de la Cour des Comptes seront rendus publics. Et les mauvais élèves sous le magistère de Macky Sall vont devoir se justifier devant le tribunal de l’opinion et risquent des poursuites judiciaires s’ils sont accusés de faits graves. En tout cas, si Diomaye ne met pas le coude sur les rapports comme l’avait fait son prédécesseur, les ministres et autres directeurs généraux véreux de l’ancien régime doivent penser à chercher de bons avocats, car ça risque de chauffer pour eux.
Mourides, Catholiques et Tidjanes célèbrent ensemble Bamba
Mont-Rolland, dans le département de Tivaouane, est une commune à majorité catholique, mais avec une bonne présence des communautés mourides et tidjanes. C’est d’ailleurs ce qui fait le charme de la commune où, selon le Maire Yves Lamine Ciss, le dialogue islamo-chrétien est vécu dans les cœurs, les esprits et les familles depuis la nuit des temps. En effet, toutes ces communautés se retrouvent dans la même famille, quand il s’agit de décès, de mariage, de baptême, etc. Mais c’est aussi dans cette même cohésion qu'elles viennent de célébrer la journée internationale dédiée à Cheikh Ahmadou Bamba Mbacké, fondateur du mouridisme. Ainsi, les mourides, les catholiques, les tidjanes ont marché ensemble de Mont-Rolland fief des catholiques à Ndiaye Bop celui des mourides. L’édition 2024 de cet évènement inscrit dans l’agenda de la commune a été rehaussée par la présence de Serigne Cheikhouna Mbacké. Selon Abdou Khadre Faye, Président du comité d’organisation, l’idée d’organiser cette journée internationale, qui est à sa 5e édition, est venue d’une discussion entre 5 amis.
Arrestation du présumé meurtrier du tailleur Dioufa Guèye
Fin de cavale pour le présumé meurtrier de Pape Malick Cissé. Il aurait tué le tailleur Dioufa Guèye au quartier Baye Laye de la commune de Wakhinane-Nimzaat. Selon nos sources, Pape Malick Cissé a été interpellé vers le canal de Gueule Tapée près du lycée Delafosse par les hommes du Commissaire Abdou Sarr de la Police de Médina avant d’être mis à la disposition au poste de Police de Wakhinane-Nimzaat. Le mis en cause a été déféré hier au parquet pour meurtre. Pour rappel, c’est à la suite d’une altercation dans une gargote située devant un bar que Pape Malick a asséné des coups de couteau à Dioufa Guèye. Ce dernier a succombé à ses blessures.
Mort de deux élèves par noyade à la plage Gadaye
Deux élèves qui étaient partis mercredi à la plage de Gadaye pour se baigner ont été emportés par les vagues. Il s’agit de Fatou Sy et Cheikh Samb. Selon nos sources, leurs corps ne sont pas encore retrouvés. Les sapeurs-pompiers continuent les recherches.
Manif-éclair des marchands à Grand Yoff
Sommés de déguerpir des lieux pour les travaux de pavage initiés par la mairie de Grand-Yoff, les marchands ambulants des Hlm Patte d’Oie établis au niveau de la passerelle, de la station Shell et aux alentours du marché Grand-Yoff, ont refusé de quitter. D’ailleurs, ils ont organisé une manifestation spontanée hier en bloquant la circulation et brûlant des pneus. Il a fallu l’intervention très rapide des limiers de Grand-Yoff pour les disperser à coups de grenades lacrymogènes. Les commerçants ont d’ailleurs dénoncé leur déguerpissement par la mairie qui est soutenue par les populations qui accusent les marchands d’être à l’origine de l’insécurité dans le quartier. Des marchands accusent le maire de Dakar Barthélémy Dias d'être à l’origine de leur déguerpissement.
Manif-éclair des marchands à Grand Yoff (bis)
La ville de Dakar n’a pas perdu de temps pour démentir fermement les vidéos circulant sur internet prétendant que les opérations de déguerpissement aux Parcelles Assainies et à Grand Yoff ont été organisées par la mairie de Dakar. Selon le texte, ces allégations sont totalement fausses et infondées. Dans le document, les opérations de déguerpissement sont menées conformément aux processus édictés par la loi, et les municipalités concernées ont notre plein soutien dans leur travail visant à assurer l'ordre et la légalité dans leurs juridictions respectives. Barth et ses collaborateurs rappellent à tout le monde l'importance de respecter les lois et les procédures en vigueur, et condamnent toute tentative de propager des informations erronées ou trompeuses. Ils précisent qu’ils restent engagés à garantir la sécurité, la dignité et les droits de tous les citoyens, tout en veillant au respect des normes légales établies.
Serigne Cheikh Diop condamné à deux ans de prison ferme
C'est dans sa cellule à la maison d'arrêt et de correction (Mac) de Diourbel que le jeune marabout de trente-neuf ans, Serigne Cheikh Diop, devra méditer sur ses actes pendant deux ans. En effet, le jeune guide notoirement connu dans le milieu mouride, notamment dans la cité religieuse de Touba, a été reconnu hier coupable des chefs d'extorsion de fonds et de chantage et condamné à deux ans de prison ferme. Délits pour lesquels il a comparu devant le tribunal des flagrants délits de Diourbel après avoir été extrait de prison pour la deuxième fois. Militant du parti Pastef, Serigne Cheikh Diop a fait la connaissance à Touba de l'étudiante Mariama Ndiaye lors des collectes de parrainages pour l'élection présidentielle. Mais quelques semaines plus tard, le jeune marabout convainc la jeune femme de ses talents de faiseur de miracles. Et au fil du temps, il finit par gagner la confiance de Mariama Ndiaye pour qui il effectue des prières et confectionne des gris-gris. Tout se passait à merveille pour les deux amis jusqu'au 8 février 2024. Cette fameuse matinée, Serigne Cheikh Diop utilise son second numéro de téléphone pour envoyer par WhatsApp une vidéo à caractère pornographique à Mariama Ndiaye. Celle-ci entre dans une colère noire et décide automatiquement de bloquer le numéro de téléphone. Le lendemain matin, le jeune marabout revient à la charge pour cette fois-ci inviter la jeune femme à le rejoindre dans une maison inhabitée. Comme envoûtée, l'étudiante le rejoint. Dès qu'elle arrive sur le lieu du rendez-vous, il se jette sur elle et la déshabille de force. Ensuite, le jeune marabout tente de la pénétrer. Mais constatant qu'elle est toujours vierge, Serigne Cheikh Diop la sodomise, lui occasionnant des blessures sérieuses.
La gendarmerie interpelle 23 candidats à l’émigration
La lutte contre l’émigration clandestine ne faiblit pas. La gendarmerie continue de traquer les passeurs et les candidats à l’émigration. A cet effet, les pandores ont renforcé leurs dispositifs sécuritaires le long du littoral et multiplient ses opérations de sécurisation. C’est dans ce sens que la brigade de proximité de Nianing a interpellé 23 candidats à Mballing. Il s'agit notamment de 22 candidats de nationalité gambienne et un sénégalais. Les gendarmes ont mis la main sur un convoyeur et l’organisateur du voyage qui encaissait entre 400 000 et 500 000 Fcfa par personne.
Dix individus arrêtés pour détention de drogue
Restons avec la gendarmerie, qui, dans le cadre d’un contexte spécifique marqué par la recrudescence de trafic de stupéfiants, multiplie les patrouilles sur les grandes voies de communication. Celles-ci ont permis l'interpellation de 28 individus dont 10 pour détention de chanvre indien et 01 pour vente de drogue (ecstasy). Les pandores ont saisi à Kaolack et Ouakam 99 cornets de chanvre Indien, 14 comprimés (ecstasy), 02 motos, 03 ciseaux et la somme de 12 000 FCFA.
CESAR ATOUTE BADIATE A PERDU LE CONTROLE DE LA FACTION DE KASSOLOL…
César Atoute Badiate, ex-chef de l’aile militaire du Mouvement des forces démocratiques de Casamance (Mfdc), a connu des heures de gloire dans le maquis casamançais.. erre le long de la frontière bissau--guinéenne
Jean Diatta, Correspondant permanent à Ziguinchor |
Publication 19/04/2024
César Atoute Badiate, ex-chef de l’aile militaire du Mouvement des forces démocratiques de Casamance (Mfdc), a connu des heures de gloire dans le maquis casamançais. Il a été pendant près de deux décennies le chef incontesté du front sud (frontière bissau-guinéenne) de Atika, la branche armée du mouvement indépendantiste.
Il a réussi à y créer un véritable bastion après avoir chassé Salif Sadio, le chef d’état major du mouvement, devenu son ennemi juré. Il a fait face à toutes les tentatives de le déstabiliser et les a déjouées. À un moment donné, il a failli perdre son trône. En réalité, certains sages de l’aile civile s’étaient activés pour le retour dans le maquis de feu Ousmane Niantang Diatta, un des fondateurs de Atika qui était revenu à la vie civile suite à des frustrations. Ces sages avaient estimé que c’était un énorme gâchis que ce vieux briscard (Gnantang) prenne sa retraite alors qu’il disposait de pouvoirs mystiques inégalés au sein du Mfdc. Ils voulaient donc à tout prix le faire revenir. Un retour que le vétéran avait accepté tout en exigeant ‘être intronisé chef du front sud à la place de César Badiate, une fois revenu dans le maquis. Ce dont ce dernier n’avait pas voulu entendre. Cette fin de non recevoir opposée à la principale exigence d’Ousmane Gnatang Diatta avait retardé ce retour de plusieurs années.
Création d’une nouvelle faction pour César
Finalement, ceux qui menaient campagne pour le faire revenir trouveront une formule consistant à créer une nouvelle faction placée sous son commandement. C’est ainsi que naquit la faction de Sikon (dans la zone du Balantakounda) sous la houlette de Niantang qui avait comme principaux collaborateurs Kompasse Diatta et Adama Sané. Cette faction, bien que n’ayant jamais eu des démêlées avec les éléments de César, ne les piffait pas non plus. Gnantang dirigera cette faction de Sikon jusqu’aux années 2010, année où il est tombé gravement malade. Il fut alors exfiltré discrètement du maquis par des proches parents qui le conduiront à Bissau où il avait pris l’avion à destination de Dakar avec l’aide des émissaires du président Wade lui-même sollicité par feu Ansoumana Badji, le secrétaire général du Mfdc de l’époque. Malgré les traitements reçus à Dakar, son état continuait à s’aggraver. Finalement, il fut transféré en Espagne avec l’aide de l’Etat. Après un an de traitement, il finit par retrouver une santé relative. Mais entre- temps, ses éléments, qui l’accusaient de trahison, avaient déjà pris la décision de le faire remplacer par Kompasse Diatta.
Ancien proche collaborateur de Salif Sadio
Pour ceux qui ne le connaissent pas encore, César Atoute Badiate est originaire du Kassa (département d’Oussouye), il est natif du village d’Emaye situé dans la commune de Oukout. Avant son enrôlement dans le maquis, il exerçait le métier de maçon. Il a participé à la construction de l’actuelle SOMIVAC de Ziguinchor qui abrite plusieurs services publics et particulièrement de développement rural. Il faisait partie des proches collaborateurs de Salif Sadio avant de déserter le maquis pour aller se réfugier en Guinée-Bissau suite à un conflit qu’il a eu avec ce dernier. C’est en 2000 qu’il est revenu dans le maquis avec la complicité de l’abbé Diamacoune Senghor. Ce dernier voulait évincer Salif Sadio de la tête du maquis. C’est ainsi qu’il avait effectué un séjour secret à Bissau entre les deux tours de l’élection présidentielle sénégalaise de 2000. Il tiendra plusieurs réunions avec des officiels bissau-guinéens, César et des compagnons de ce dernier à l’hôtel du 28 septembre à Bissau pour préparer une expédition contre Salif qui régnait en maître tout le long de la frontière bissau-guinéenne. Ce qui était perçu comme une menace par le régime de Coumba Yala, fraîchement élu président de la République dans une Guinée-Bissau qui n’était pas encore complètement sortie de la guerre civile qui opposait le président Nino Vieira et son ancien chef d’Etat major de l’armée, Ansoumane Maneh. En fait, Salif Sadio avait prêté main forte à Maneh qui, en retour, l’avait fortement armé après la guerre. Coumba Yala craignait donc que Salif retourne ses armes contre lui, d’autant que son allié Ansoumane Maneh refusait de reconnaître son autorité après son élection à la tête de la Guinée-Bissau. Donc, il était de l’intérêt du président Yala que Salif soit affaibli. C’est ainsi qu’il a décidé de soutenir le projet de l’abbé Diamacoune visant à destituer Salif Sadio qui lui tenait tête. Et c’est César Atoute Badiate qu’il choisira pour conduire cette mission. L’expédition partit de Bissau avec une impressionnante logistique fournie par les autorités de Bissau avec comme principal objectif d’arracher le commandement du maquis des mains de Salif Sadio. Un groupe de combattants armés jusqu’aux dents conduits par César et épaulés par l’armée bissau-guinéenne se dirigera vers Kassolol par voie maritime et s’emparera de cette base stratégique de Salif Sadio.
Prise de Kassolol de Salif Sadio
Cela s’est passé le 28 décembre 2000 à l’aube, après d’âpres affrontements qui ont duré plusieurs heures. La prise de cette base permettra de libérer certains chefs de guerre du Mfdc, faits prisonniers par Salif et qui devaient être exécutés. Dans ce groupe des prisonniers figurait un certain Mathieu Assine alias Youri Gagarine, très redouté à l’époque. Cet assaut de la base de Kassolol sera suivi d’autres violents affrontements qui vont durer plusieurs semaines entre les deux camps ennemis.
Au finish, César, qui bénéficiait d’un fort soutien de l’armée bissau-guinéenne, réussira à chasser les fidèles de Salif de Kassolol pur devenir maître des lieux. De nouveaux affrontements éclatèrent encore entre les deux frères ennemis dans le courant de l’année 2006. Mais, comme en 2000-2001, César et ses hommes, qui avaient encore l’appui de l’armée bissau-guinéenne, en sortirent vainqueurs, obligeant Salif et ses troupes à se replier dans la zone de Binjaloum non loin de Barakamandjioka, située dans le secteur de Boutoupa Camarakunda. Quelques semaines après, Salif rejoint le nord-Sindian, près de la frontière gambienne, où il a créé un nouveau quartier général. Et depuis cette dernière confrontation, César règne en maître à Kassolol et au niveau de ses bases satellites. Mais ces heures de gloire sont désormais à conjuguer au passé. En effet, il a perdu le commandement de Kassolol, depuis quatre ans maintenant, apprend ton de sources sûres. Les raisons ? Ses hommes qui le soupçonnaient d’être en intelligence avec les émissaires de l’Etat l’ont vomis. Pour eux, cela est une haute trahison. C’est ainsi que Henrique Diédhiou, un adversaire déclaré du natif d’Emaye, a profité de cette atmosphère confuse pour prendre le commandement de Kassolol qu’il dirige depuis lors. Badiate et un petit groupe de fidèles parmi lesquels un certain Rambo errent aujourd’hui sans base le long de la frontière bissau-guinéenne. La signature des accords de paix entre le gouvernement sénégalais et certaines franges du Mfdc le 13 mars 2022 à Bissau à laquelle il avait pris part l’a davantage éloigné de ses anciens fidèles. Ces derniers affirment aujourd’hui à qui veut l’entendre qu’il a paraphé ces accords en leur nom sans, au préalable, les informer. Cela est une autre trahison, estiment-ils. Mieux, disent-ils, César les a toujours utilisés pour ses intérêts personnels. À propos des accords de Bissau, ils disent qu’il les a signés pour tenter de se soustraire de la justice sénégalaise qui l’a condamné à la perpétuité dans le cadre de la tuerie de Boffa Bayottes et sous peine d’être contraint de quitter le territoire bissau-guinéen parle président Umaro Sissoko Embalo. Bref, selon ces combattants, ces accords signés par leur ancien chef César Atoute Badiate ne les engagent pas. Signalons qu’avant lui, ses anciens principaux lieutenants, Daouda Simendaou et Antoine Diamacoune (un neveu de l’abbé Diamacoune) avaient été désavoués par les combattants quand ils avaient accepté de se rendre à Dakar pour discuter avec les représentants du président Maître Abdoulaye Wade. Des informations non confirmées qui avaient circulé à l’époque indiquaient qu’ils avaient reçu des passeports diplomatiques afin de se rendre en Espagne. Étaient-ils partis ou pas ? Mystère et boule de gomme ! En tout cas, ils ne sont jamais revenus dans le maquis et aujourd’hui personne ne sait où ils se trouvent. Selon une source, dont nous n’avons pas pu faire confirmer les dires, des sages du Mfdc essaieraient de rétablir les ponts entre Badiate et ses anciens fidèles. Il y aurait eu, à ce propos, des discussions qui auraient permis de trouver une entente sur le fait que Badiate serait libre de retourner à Kassolol. D’après la même source, jusque-là, l’ancien chef du front sud vivrait toujours loin du groupe. Selon nos informations, lui et son lieutenant, Rambo, vivent reclus quelque part à la frontière bissau-guinéenne.
UN COURANT DE GAUCHE RADICALE EN GESTATION !
Moribond, le Parti socialiste (Ps) au bord de l’implosion pour cause Au soir du scrutin présidentiel du 25 mars dernier, l’Alliance pour la République (Apr) du président Macky Sall a entrainé dans sa très lourde chute partis alliés, mouvements ralliés
Au soir du scrutin présidentiel du 25 mars dernier, l’Alliance pour la République (Apr) du président Macky Sall a entrainé dans sa très lourde chute partis alliés, mouvements ralliés et courtisans transhumants. Sous les décombres, entre autres cadavres celui d’un éléphant politique aux pieds d’argile nommé Parti socialiste (Ps). A défaut de ressusciter la vieille formation politique du président Senghor, une résurrection qui doit forcément passer par la destitution de Mme Aminata Mbengue Ndiaye, les rares cadres rescapés des jeunesses socialistes ont décidé de créer un courant de gauche radicale. Un nom est même avancé pour ce courant en gestation : Parti socialiste pour la Renaissance (Psr).
Le dimanche 24 mars dernier, le Sénégal a connu un réel séisme politique au cours duquel les piliers de l’Apr faits de bric et de broc ont cédé tandis que l’immeuble de la « grande » coalition Benno Bokk Yaakar (Bby) s’est effondré dans un grand fracas. Comme toujours dans ce genre de catastrophe, tous les occupants à savoir les propriétaires, ralliés, alliés, transhumants, souteneurs, courtisans, dialogueurs et autres intrus ont été pulvérisés par l’obus « Pastef » tiré par les artificiers Diomaye-Sonko !
Parmi les victimes des déflagrations, le Parti socialiste (Ps) de Léopold Sédar Senghor. Malheureusement, tous ces acteurs politiquement morts ou blessés devront encore attendre cinq ans sous les décombres le temps que les secouristes extraient d’abord les populations sénégalaises de la cherté de la vie et de la corruption avant de songer à les extirper des montagnes de gravats et de ferraille. Cinq ans sous les décombres ? Certains jeunes cadres socialistes ne veulent pas en entendre parler. L’un d’entre eux, rencontré par « Le Témoin », n’arrive toujours à digérer la défaite de la coalition « Bby » au soir du 25 mars dernier. Une coalition dont la remorque était l’APR tandis que, parmi les wagons, on trouvait le Ps. «Oui, c’est une défaite cuisante dont tout jeune cadre socialiste a du mal à se remettre. Parce que ces dinosaures à la tête de notre parti comme Aminata Mbengue Ndiaye, Serigne Mbaye Thiam, Alioune Ndoye et consorts n’ont rien à perdre, eux, dans cette débâcle ! Car ils ont été personnellement bien servis et nourris par le président Macky Sall contre les intérêts du Parti socialiste.
Après 24 ans d’échecs depuis que le président Abdou Diouf a quitté le pouvoir (2000), et 12 ans d’opposition timorée au régime du président Abdoulaye Wade, le Ps a accepté de se faire remorquer comme un wagon parle président Macky Sall. Sauf à un moment donné où l’ancien secrétaire général feu Ousmane Tanor Dieng tentait de résister, par principe, dans l’opposition en essayant d’incarner l’idée de la reconquête du pouvoir. A preuve par l’élection présidentielle de 2012 où le candidat du Ps Ousmane Tanor Dieng, de nature timide et effacé, s’était débarrassé de son manteau de diplomate impassible pour haranguer les foules et mobiliser ses militants. Avant cela, il s’était déjà porté candidat à la présidentielle de 2007. Depuis lors plus rien ! Au contraire, l’actuelle secrétaire générale Mme Aminata Mbengue Ndiaye et son bureau politique ont hypothéqué le Ps comme dans une opération commerciale de « fusion- absorption » entraînant la dissolution de notre formation au profit de l’Apr du Président Macky Sall. Tout cela pour quelques postes de prestige sur fond de dividendes financiers octroyés aux vieux dinosaures ayant à leur tête Mme Aminata Mbengue Ndiaye et Serigne Mbaye Thiam. Ayant fait défection un moment pour suivre Khalifa Sall, Barthélémy Dias et autres, Alioune Ndoye est revenu pour lui aussi prendre sa part du gâteau. Pendant ce temps, les jeunes cadres socialistes et les militants de base que nous sommes, souffrent dans la rue. Allez faire un sondage dans le paysage politique, les rares militants socialistes ont honte de se réclamer du Ps… » s’offusque ce jeune cadre, membre du bureau politique du Ps.
« Ps », une formation obsolète !
Traumatisés parla cuisante défaite de la coalition Bby à travers son candidat Amadou Ba face à «Diomaye-Président », les responsables socialistes et militants sont plus que jamais divisés au point que certains jeunes cadres ont décidé de créer un courant de gauche radicale pour tenter d’assurer la survie politique de leur parti. « A défaut de débarquer l’actuelle secrétaire générale Mme Aminata Mbengue Ndiaye ou de la pousser à la démission, nous allons créer un courant de gauche radicale voire un mouvement révolutionnaire comme le Pastef. Parce que les idéologies politiques qui s’articulent autour du libéralisme, du conservatisme, du socialisme et du communisme ne font plus recette ! Car les peuples de plus en plus conscients et éveillés suivent les mouvements révolutionnaires qui répondent à leurs problèmes concrets sur le terrain c’est-à-dire la lutte contre le chômage, la cherté de la vie, la corruption, les inégalités sociales ou judiciaires etc. Mieux dans un pays comme le Sénégal où les plus de 70 % de la population électorale sont des jeunes, seul un mouvement révolutionnaire peut convaincre ces derniers. En tout cas, nous sommes en train de réfléchir sur un nom porteur d’enjeux symboliques et d’idées révolutionnaires et contestataires. Pourquoi pas Parti socialiste pour le Renouveau (Psr) ou Parti socialiste pour la Renaissance (Psr) et autres ? Parce que vous n’êtes pas sans savoir que le nom Parti socialiste (Ps) ne fait plus courir l’électorat pour ne pas dire qu’il est devenu obsolète. Il a fait son temps puisque les jeunes d’aujourd’hui ne connaissent pas le Ps et ne s’identifient pas à leurs leaders comme Mme Aminata Mbengue, Serigne Mbaye Thiam etc. puisqu’ils ne sont pas de la même génération qu’eux » explique ce jeune cadre socialiste rencontré par « Le Témoin »
En politique, c’est l’ambition qui prime sur la loyauté !
Il est vrai que le vieux Parti socialiste (Ps) a fait les frais de sa loyauté envers Benno Book Yaakar (Bby). Mais Mme Aminata Mbengue Ndiaye et consorts ont oublié qu’en politique, c’est l’ambition qui prime sur la loyauté. Membres fondateurs de Bby, les responsables socialistes ont fait perdre au Ps son identité en échange d’une poignée de postes ministériels et de mandats de députés. Des avantages qui pèsent peu par rapport à la dimension du Parti de Colobane. Un parti dont les jeunes ont, malgré les désaccords, accepté de faire preuve de discipline pour prouver leur attachement aux valeurs de la social- démocratie. Mais voici qu’ils ont au final sûrement fait face à une machine anthropophage dévorant ses propres enfants. On se souvient des épisodes Moustapha Niasse, Djibo Ka, puis il y a quelques années les Barthélemy Dias, Khalifa Sall, Bamba Fall etc. La nouvelle génération de cadres pourrait-elle survivre à une fronde ? En tout cas, les décisions venant du sommet semblent être imposées aux militants sans concertation avec les bases. Que dire des cadres bien formés qui par loyauté et admiration ont conservé leur loyauté envers un parti qui a fait ses preuves dans la gestion sobre de l’Etat en créant des instruments comme les Hlm, les Sicap, des magasins comme la Sonadis etc. Ou encore de grandes industries pour la transformation de nos ressources comme la Sonacos ou les Ics. Malheureusement tous les projets socialistes sont aujourd’hui en perdition. Pourtant, l’espoir de faire renaitre le Ps est permis avec cette nouvelle génération composé de brillants cadres tels que les Fakha Touré, Alpha Baila Gaye, Alain Sambou, Karim Bagou pour ne citer que ceux-là. Nous sommes convaincus que si ces jeunes politiquement compétents et « ambitieusement » limités élèvent une quelconque voix dissidente, ils seront tous sacrifiés sur l’autel des intérêts particuliers d’un cercle de décideurs égoïstes.
Une chose est sûre et constatée, le Ps est la seule Armée au monde qui, en temps de guerre, tue ses propres jeunes soldats.
KAYAMA - Par Moussa KAMARA
PASTEF
La rupture ayant été actée le jour du vote, les hommes du changement continuent d’être choisis. Beaucoup de Sénégalais s’attendent à des bouleversements très profonds de notre économie, de notre diplomatie, de notre société, de notre éducation.
La rupture ayant été actée le jour du vote, les hommes du changement continuent d’être choisis. Beaucoup de Sénégalais s’attendent à des bouleversements très profonds de notre économie, de notre diplomatie, de notre société, de notre éducation, bref, de nos conditions de vie. Voilà tout ce qui faisait le charme du ‘’Projet’’.
Un projet concocté et proposé par un ou des fils du pays. Après avoir bien observé nos problèmes, les avoir analysés et trouvé des solutions, le « Projet » a charmé autant que faire se peut la majorité des Sénégalais. Surtout la jeunesse. Un parti politique né il y a dix ans a réussi à prendre démocratiquement le pouvoir.
A part la parenthèse de l’Apr qui a duré douze ans, et qui a été rendue possible par la volonté de dévolution monarchique du pouvoir de Wade et les bisbilles entre Tanor et Niass, le pouvoir a toujours été conquis par de grands partis.
Après donc l’Ups-Ps et le Pds, voici le temps du Pastef. Si ce parti gère bien le pays, il n’y aura aucune raison de ne pas s’en accommoder des décennies encore. Comme le voulait Me Wade avec les Libéraux au pouvoir…
Par tous moyens, démocratiques ou non, rester au pouvoir mais le peuple qui aimait pourtant bien Wade, ne l’a pas suivi. Et la montée en puissance de Sonko et du Pastef s’est manifestée à partir des dernières législatives et communales. Tous les candidats parrainés par Sonko, ont triomphé dans les grandes villes. Et l’éclatement de Yewwi, une coalition entre Khalifa Sall et Ousmane Sonko, a permis de savoir lors de la dernière présidentielle qui était le véritable leader de l’opposition. C’est bien sûr Sonko qui a porté au pouvoir son poulain.
Pour la première fois au Sénégal, un candidat invalidé désigne un membre de son parti pour participer à la compétition à sa place. Le leader incontesté de Pastef a vu toutes ses idées partagées et bénies par les électeurs. Avec le Pastef, c’est une nouvelle façon de faire la politique. Fini les transports en masse de militants pour peupler les meetings. Le militant devient un acteur incontournable du changement.
Sonko est l’homme qui symbolise le Pastef. Comme écrit récemment, le changement ne va pas se faire automatiquement. Il faut donner aux nouveaux maîtres du pays le temps de s’imprégner et de dérouler leur politique. Les hommes et femmes choisis comme ministres ne peuvent pas débuter le travail avec le même rythme que leurs prédécesseurs.
La rupture s’impose à eux tous et ils se sentent épiés et surveillés par la nouvelle opposition, par la presse et par tous ceux qui aspirent au bien-être des Sénégalais.
Par Kaccoor Bi
VILLE BALAFRÉE
Faire régner l’ordre. C’est un impératif pour que la rupture prônée par les nouvelles autorités soit effective. C’est une tautologie de dire que la ville de Dakar est bordélique. Elle ne respire pas et manque d’oxygène.
Faire régner l’ordre. C’est un impératif pour que la rupture prônée par les nouvelles autorités soit effective. C’est une tautologie de dire que la ville de Dakar est bordélique. Elle ne respire pas et manque d’oxygène. La faute à tous ces gens qui viennent imposer leur loi sous prétexte qu’il leur faut gagner leur vie.
Sur et sous le pont de la Patte d’Oie, par exemple, on peut croiser toute la misère de cette capitale. Ce qui renseigne sur le niveau de pauvreté à Galsen pendant que l’on nous gargarise d’infrastructures coûteuses ayant peu de rapport avec les besoins d’une ville qui s’asphyxie.
Dans l’univers glauque de la capitale et jusque dans sa banlieue, qui accueille tous les déchets humains, pour reprendre l’heureuse formule du roman de la grande royale des lettres sénégalaises, Mme Aminata Sow Fall, « La grève des bàttu», les questions environnementales semblent être peu dignes d’intérêt. Dakar est un repoussoir, elle n’attire plus et n’a plus d’âme. Son patrimoine classé est en péril. On peut même dire qu’il n’existe plus et l’on assiste impuissant à un des plus grands carnages architecturaux de l’histoire des villes.
Ces questions de patrimoine ne semblent préoccuper personne si bien que le Dakar Plateau de jadis est aujourd’hui complètement balafré par le béton de constructions anarchiques initiées par des gens qui se fichent d’esthétique. Leur préoccupation est de se faire le maximum de blé chez les nègres que nous sommes.
En effet, ceux qui balafrent la Cité viennent d’ailleurs et ont déjà fini de coloniser le centre-ville de Dakar. Nos rues et ruelles portent le visage hideux de l’anarchie avec des trottoirs occupés par des marchands venus du monde rural et aussi par des voitures qui les ont transformés en parkings. Privant ainsi les piétons d’espaces. Gare à ceux qui essaieraient faire dégager ces squatteurs. Ils se disent protégés par des politiques ou des marabouts. Nos rues, en plus d’être encombrées, sont sales.
La faute à l’Autorité et à toutes ces personnes qui protègent ces hors-la-loi. Il faut en finir sans état d’âme avec ces gens qui veulent imposer le désordre. Personne ne doit avaliser que des marchands ambulants occupent de façon irrégulière et anarchique des espaces piétons. Il faut restaurer l’ordre quoi que cela puisse coûter au pouvoir du président Bassirou Diomaye Faye. Toutes les rues de la ville ne doivent pas être dévolues à la vente.
En finir également avec tous ces mécaniciens, ces menuisiers mais aussi ces vendeurs de pacotille qui occupent impunément nos rues sous prétexte qu’ils veulent gagner leur vie. Que les rigueurs de la loi leur soient appliquées pour mettre fin à l’anarchie
QUATRE HOMMES, UN ETAT – Par Henriette NIANG KANDE
ABDOULAYE WADE, AU NOM DU PERE ET DU FILS
Acteur principal de la première alternance politique à la tête de l’Etat sénégalais, le président Abdoulaye Wade suscita un grand espoir de changement de mœurs politiques, plus de démocratie et de transparence, après 40 ans de règne d’un Parti socialiste
Acteur principal de la première alternance politique à la tête de l’Etat sénégalais, le président Abdoulaye Wade suscita un grand espoir de changement de mœurs politiques, de plus de démocratie et de transparence, après 40 ans de règne d’un Parti socialiste devenu impopulaire, malgré le système politique pluraliste. Celui qui s’était opposé pendant 26 ans avant d’accéder à la magistrature suprême géra cependant le pays et son parti comme son patrimoine en étant la « seule constante », s’abandonna dans une présidentialisation accrue du pouvoir, anoblit la transhumance, mit très souvent les institutions en question et s’enferra dans un projet de « dévolution monarchique » du pouvoir avant de passer la main, suite à l’échec d’une troisième candidature à la magistrature suprême. En emportant avec lui l’espoir d’une consolidation du système démocratique par le rétrécissement de l’extrême concentration des pouvoirs entre les mains du Chef de l’Etat.
Le 19 mars 2000, quand Maître Abdoulaye Wade arrive au pouvoir à 74 ans, il avait atteint toutes les majorités. L’appui massif de l’opposition qui est allée le chercher à Paris à la veille de l’élection, aida à faire basculer le Sénégal dans l’alternance. Désargenté, il fait sa campagne électorale au rythme de « la marche bleue », au cours de laquelle il culmine dans le port de bretelles (un accessoire vestimentaire que les suiveurs ont copié), les doigts en V de la victoire. Improbable télégénie de la tradition « zazou » et de l’espoir. Contemporain de ces générations de l’après deuxième guerre mondiale, il pensait mordicus que sa génération avait conduit les pays africains à la ruine et qu’il était de son devoir de réparer cette faute.
De Senghor à Diouf, il avait traversé des périodes de complicité avec ses prédécesseurs. Excluant de façon régulière ses principaux lieutenants dans sa marche vers l’Avenue Roume, il a géré son parti comme son patrimoine en étant la « seule constante ». Comme Sisyphe il a toujours remis l’ouvrage sur le métier et a opéré dans le pays, après des absences régulières plus ou moins longues, des retours spectaculaires, refusant ainsi d’être confronté à son propre effacement. Un réflexe chez lui.
Le titre d’opposant qu’il avait porté pendant 26 ans, il le devait à Senghor, pas peu fier d’inaugurer en Afrique, le multipartisme. Dès ce moment, Abdoulaye Wade fait de la rue son bastion et son tréteau, pendant un quart de siècle. Son habilité, sa ruse, très tôt décelées par Senghor, l’ont fait assimilé à « leuk-le-lièvre »
Son ascension fut longue. Il lui fallut beaucoup d’opiniâtreté, de ténacité pour être élu sur la promesse de ramener le prix du riz à 60 francs le kilo, de régler le problème casamançais en 100 jours, de trouver du travail à tous ces jeunes qui avaient levé la main lorsqu’il avait demandé qui n’en n’avait pas. Pour certains, Abdoulaye Wade était l’évidence même, parce qu’il est un autre homme. Celui qui prendra le Sénégal à pleine main, comme le boulanger travaille sa pâte, la malaxe, la pétrit pour lui redonner une forme humaine après tant d’années perdues dans les calamités socialistes.
L’alternance de 2000 a été un grand espoir, après 40 ans de règne d’un Parti socialiste devenu impopulaire, même s’il avait maintenu le Sénégal dans la paix et organisé un système politique pluraliste, ce qui était une « curiosité », sinon une exception dans cette partie de l’Afrique.
LA CONQUETE
De Maître Wade, tout a été étudié : l’espoir incarné par le « sopi », celui d’un espoir de changement de mœurs politiques vers plus de démocratie et de transparence, les détours de la construction du pouvoir politique de l’alternance qu’il a incarnée, les malentendus qui ont balisé la composition de la coalition qui l’a fait élire et qui a été mise au ban, l’exercice du pouvoir et sa confiscation, ses interventions multiples et intempestives, les institutions mises très souvent en question, les nouveaux adhérents, ces transhumants, les féaux, le projet de « dévolution monarchique », son fils Karim, incarnant cette singulière aventure familiale qui a donné la trame d’une tragédie politique unique, le spectre des images de la vieillesse perçue comme un éventail de pertes. Dans l’opposition, il ne se voyait jamais vaincu des suffrages. En majesté, tous pouvoirs en main, régnant sur un peuple acquis à sa cause et une Assemblée nationale à sa botte, il continue de plonger dans des batailles procédurières face à des juges, surtout ceux du Conseil constitutionnel.
Une fois arrivé au pouvoir, il ne s’étouffa pas de principes et se montra plus politicien qu’homme d’Etat. Comme Appolon, il disperse la nuit et accompagne la course du soleil. « L’homme le plus diplômé du Caire au Cap » apporte la modernité, la force même en faisant fi de toutes les résistances.
L’ascension de Abdoulaye Wade et de son parti, le PDS, s’est faite graduellement. L’homme a bâti sa carrière sur une cuirasse. Increvable. Aux élections présidentielle et législatives de 1978, Senghor est déclaré vainqueur avec 82% des suffrages et Wade est crédité d’un peu plus de 17%. Mais ce qui est d’une toute nouveauté, c’est qu’à l’Assemblée nationale, l’Union Progressiste Sénégalaise (UPS) devenue Parti socialiste pour la première fois dans l’histoire politique du pays, partage désormais les sièges avec un parti d’opposition.
Cinq années plus tard, en 1983, les élections présidentielle et législatives « débrident » Abdou Diouf, qui en en sortant vainqueur, n’est plus « l’homme de Senghor » arrivé à la tête du pays par une technique constitutionnelle. Entre temps, l’Assemblée nationale est passée de 100 à 120 députés. Le Parti socialiste au pouvoir obtient 111 sièges, le PDS 8. A la proclamation des résultats, l’étendue de la victoire du PS fit hurler l’opposition qui accuse le parti au pouvoir de fraudes massives.
Communicateur talentueux, Abdoulaye Wade lance, en février 1988, à quelques jours de la présidentielle, le journal Sopi. Ce n’était pas la première fois qu’il créait un journal. A ses débuts dans l’opposition, il publie en juillet 1974, le « Démocrate » qui cesse de paraitre en 1979. Puis, Takussan voit le jour en 1983, pour dit-il, « équilibrer » le Soleil, le quotidien progouvernemental. Aux élections présidentielle et législatives du 28 février 1988, la bipolarité PS/PDS se confirme et Abdoulaye Wade continue à creuser sa voie : Abdou Diouf 73,20% et Abdoulaye Wade, 25,80%. A l’Assemblée nationale, le rapport de force est encore inégal : 103 sièges pour le Parti socialiste, 17 au PDS.
Les résultats proclamés sont suivis de manifestations monstres qui firent prendre à Abdou Diouf, la décision d’instaurer l’état d’urgence sur toute l’étendue de la région de Dakar et le couvre-feu à partir de 21 heures. Abdoulaye Wade, quelques-uns de ses proches, ainsi que Amath Dansokho et Abdoulaye Bathily furent arrêtés. La tension était si forte que le 4 avril, jour de l’anniversaire de l’indépendance, la fête fut réduite à une prise d’armes. Abdou Diouf remanie son gouvernement sans tenir compte des manifestations post-électorales.
Le procès de Maître Wade s’ouvre le 21 avril 1988 dans une ambiance d’extrême tension et devant une opposition remobilisée à bloc. Abdoulaye Wade s’était déclaré élu des Sénégalais avec 56% des suffrages et récusait toutes les charges retenues contre lui, contre ses collaborateurs et contre ses alliés. Au terme du procès, et après des médiations, une libération graduelle de Wade et de ses alliés favorise un rétablissement de l’ordre social et politique, même si l’opposition réunie au sein de la Conapco, continue à contester la régularité de l’élection présidentielle, demande l’organisation de nouvelles élections, la réforme du code électoral, l’accès aux médias d’Etat… Le souci de pacification présageait la cooptation de l’opposition et l’entrée de Wade dans un « gouvernement de majorité présidentielle » en 1991.
Un nouveau code électoral est adopté en 1992, mais qui, à terme n’a rien changé aux élections de 1993. Au contraire, elles sont les plus contestées. Tout le monde en prend pour son grade : le pouvoir, l’opposition, les magistrats en charge de l’arbitrage car les fraudes sont manifestement opérées par tous et dans tous les camps. Le contentieux traine en longueur. Dans la foulée, Kéba Mbaye, le Président du Conseil Constitutionnel démissionne et son Vice-président assassiné le 15 mai, donnant ainsi lieu à de nombreuses polémiques. Plusieurs personnes dans le camp du PDS sont arrêtées suite à ce meurtre dont le mobile semble politique. Diouf sort vainqueur de cette élection et Wade réalise son meilleur score mais reste, avec l’opposition sur l’exigence de la création d’un observatoire des élections. Malgré le spectre du magistrat assassiné, Wade revient en 1995 jusqu’en 1997, dans le gouvernement de Habib Thiam. Il y occupe le même poste de ministre d’Etat auprès du Président de la République, sans domaine de compétence, occupé à ce qu’il sait faire : la politique. Était-il contraint d’accepter les règles du jeu tout en contestant ceux qui mènent le jeu ?
En 1997, deux généraux de l’Armée sont nommés. Lamine Cissé, ministre de l’Intérieur, chargé d’organiser les élections législatives de mai 1998 (il aura les mêmes charges lors de l’élection présidentielle de 2000) et Mamadou Niang, à qui la présidence de l’ONEL est confiée, qui met un point d’honneur à procéder à la vérification du fichier électoral. Ce casting avait sorti le pays des débats et « arbitrages » de politiciens retors et des violences postélectorales de 1983, 1988 et 1993. Les règles du jeu étaient devenues un peu plus transparentes, les composantes politiques et la gouvernance de l’administration plus rassurantes dans le système démocratique en construction. Sous l’Etat de droit, se profilait une alternance qui naitra de la nécrose puis de l’implosion du Parti socialiste, suite à la mise en orbite de Ousmane Tanor Dieng DéSéqUILIbRES Mars 2000. Les premières actions de Me Abdoulaye Wade après la « marche bleue » triomphale, donnent le ton d’une présidentialisation accrue du pouvoir, centrée autour de l’allégeance personnelle au nouveau président. Le 1er avril, lors de sa prestation de serment, il fait passer l’hymne national officiel pardessus les murs du stade Léopold Sédar Senghor et fait faire résonner son « hymne à l’Afrique », parce que avait-il soutenu, le « pincez tous vos koras », dont les paroles avaient été écrites par Senghor, était rythmé sur la musique de « Printania », une chaine française de supermarchés, tout en insistant sur la nécessité de se focaliser sur le travail pour développer le pays : « Il n’y a pas de secret. Il faut travailler. Beaucoup travailler. Toujours travailler ». Or, c’est sans doute dans cette perspective que le rêve de changement a le plus déçu. Le régime de la première alternance s’est inscrit dans une remarquable continuité par rapport aux lignes de force du système politique sénégalais antérieur, en en amplifiant tous les travers.
En janvier 2001, Maître Wade organise un référendum, (le 3ème depuis l’indépendance), qui pose les jalons des législatives anticipées d’avril 2001. Le référendum proposait, dans ses grandes lignes, de réduire le futur mandat présidentiel de 7 à 5 ans, d’élargir les prérogatives du Président de la République qui peut désormais, dissoudre l’Assemblée nationale. Il ne faut pas oublier que l’une des revendications de l’opposition qui vient d’accéder au pouvoir, a été la mise en place d’un « régime parlementaire ». Le débat institutionnel se trouve ainsi d’emblée placé au cœur du projet politique des nouveaux gouvernants.
La nouvelle Constitution est adoptée, dont on escompte qu’elle évitera les dérives de l’ancienne. Le nombre de députés passe de 140 à 120. Le Sénat est supprimé – il sera rétabli en 2007 –de même que le Conseil économique et social. La présidentialisation poussée passe par la marginalisation du Premier ministre, ramené au poste de super directeur de cabinet. Dans une ferveur primatoriale , il en a nommé six en douze ans. En comparaison, Senghor en a eu deux en 20 ans (si Mamadou Dia est considéré comme tel), Abdou Diouf, trois en vingt ans, et Macky Sall, cinq en douze ans). La Constitution de 2001, qualifiée de meilleure que ces devancières, était une illusion. L’illusion qu’il suffit d’avoir de bons textes pour avoir une bonne pratique des institutions. Comme jamais dans notre histoire, notre Loi Fondamentale n’a paru aussi compromise dans des querelles partisanes, voire personnelles. Entre 2001 et 2012, elle a été modifiée quinze fois (la seizième n’ayant pas abouti). Elle perd de sa solennité, tant les réformes de circonstances en ont tué sa majesté. Si l’objectivité commande de reconnaître que certaines révisions ont pu procéder d’une vision au service de l’approfondissement de la démocratie, on doit admettre que d’autres changements ont, au contraire affaibli l’Etat de droit dont la stabilité constitutionnelle peut être la marque.
En juin 2007, fait inédit dans une République, il fait jurer le nouveau gouvernement mis en place après sa victoire au 1er tour de la présidentielle ce qui avait amené beaucoup d’observateurs à dénoncer une personnalisation accrue du pouvoir, centrée sur l’allégeance au chef de l’Etat. Cette décision de faire prêter serment n’était pas seulement anecdotique, ni folklorique. Loin de là. Elle aggravait très sérieusement les déséquilibres d’un système que Wade qualifiait de dangereux, avant lui. Avec lui, il le sera tout autant. Sinon plus.
Un pouvoir économique et financier s’était constitué en dehors des sites légitimes de l’exercice du pouvoir : l’administration et les assemblées représentatives.
Il s’est aussi arrogé le privilège de choisir et de marquer de son empreinte, voire de son nom, un Monument de la Renaissance africaine, révérence et référence aux antiques mégalomanies de tous les tyrans de l’histoire. Sous prétexte qu’il en est l’auteur, il récupère 35% des recettes touristiques générées par le Monument. A cela, il faut ajouter les opérations foncière et financière opaques ayant permis l’édification du monument. Sa recherche obstinée d’une historicité « restaurait » t-elle la continuité avec le Poète-président ? Il est important de rappeler que Wade avait, sous les yeux d’un Abdou Diouf présent sur les lieux des funérailles de Senghor qu’on venait enterrer à Dakar, mais qui ne brilla que par son silence, littéralement récupéré, « l’héritage senghoriste ». On peut insérer dans ce même chapitre, le Festival mondial des Arts nègres (le 1er avait été initié par Senghor en 1966) qui n’était pas un projet du peuple sénégalais mais la volonté du président lui-même.
Pour son égo, la relecture de la mémoire coloniale l’amène à une orchestration, une mise en scène autour de lui-même, de son panafricanisme, de sa culture populaire, les valeurs du mouridisme. Il propose une réforme territoriale qui érige les départements en provinces et baptise les collectivités selon les « réalités historiques du pays ». N’ayant trouvé un écho favorable ni dans la presse, ni un accord des populations concernées qui ne se sont pas entendues sur le nom des différentes provinces, le projet fut vite enterré.
La statue de « Demba et Dupont » qui trônait en face de l’Assemblée nationale, puis remisée par Abdou Diouf, a été ressuscitée lors de la commémoration de la « Journée du Tirailleur », lancée en pleine polémique sur la « cristallisation des pensions » tenue par d’anciens combattants de la Deuxième guerre mondiale. Il en profite pour capitaliser les revendications des concernés, et entendait immortaliser et réhabiliter leurs efforts de participation des Tirailleurs à la libération de la France de l’emprise de Hitler
Si Senghor et Diouf s’étaient laissés aller par opportunisme politique, aux liaisons avec les pouvoirs religieux, ils ne se sont pas moins soucié des équilibres de la République et se sont gardé d’abjurer leur serment de fidélité à l’Etat. On pourrait penser que c’est un élément essentiel de la consolidation des bases de notre Nation. Abdoulaye Wade lui, par populisme a posé des actes attentatoires à la cohésion nationale, tenu des propos qui ont profondément choqué des composantes de la Nation, entretenu une attitude ostentatoirement confrérique et anti-laïque.
C’est un homme plein de contradictions et parfois dans une insondable démagogie marquée d’une forte instabilité par de fréquents changements de gouvernement. Mais quoiqu’on dise, c’est lui, Abdoulaye Wade qui a rompu une règle jusque-là observée par ses prédécesseurs. La nomination d’une femme au poste de Premier ministre. Il brise cette « tradition » jusque-là appliquée : le poste, depuis l’indépendance, avait été occupé par des hommes, de confession musulmane et de culture wolof. Il a également fait réaliser un progrès notable : la suppression de la peine de mort. On lui doit l’instauration de la parité homme-femme dans les fonctions électives après que des résultats d’un plaidoyer dans ce sens lui a été soumis. Il s’est battu farouchement et son rôle a été décisif dans le débat relatif à la fracture numérique en Afrique. Le 3 avril 2004, lors du traditionnel message à la Nation de la veille de la fête de l’indépendance, il propose une nouvelle forme non violente de revendication, s’inspirant « du modèle japonais » : arborer un ruban rouge en guise de protestation. Plus tard, il reprocha à ceux qui appliquaient la méthode à son endroit, d’en faire un usage abusif ! Il fait également adopter une loi octroyant le droit de vote des militaires. Si l’intégration des femmes au sein de la Police (1981), de l’administration pénitentiaire (1984) et de l’Armée sénégalaise s’est faite progressivement (intégration à l’Ecole militaire de santé en 1984), la mixité dans les casernes militaires a fait l’objet d’un décret en 2007.
LE JOOLA ET LA CASAMANCE
En septembre 2002, la côte maritime sud du pays est devenue le funérarium de 1863 personnes de douze nationalités par le naufrage du bateau « le Joola », surchargé, qui assurait depuis 1991, la liaison maritime Dakar-Ziguinchor et retour. Le rapport d’enquête indiquait que « Le Joola ne disposait d’aucun titre de sécurité depuis 1996 et de navigation depuis 1998 ». En 2001, les avaries de propulsion et les arrêts techniques se multiplient et le bateau est mis en cale sèche pendant un an. Il reprend ses rotations en septembre 2002, malgré les doutes et les avertissements de journalistes-reporters, embarqués. Abdoulaye Wade manœuvre à tel point qu’en fin de compte, en aout 2003, l’Etat sénégalais décide de classer l’affaire sans suites pénales. La responsabilité du naufrage a été « portée » par le commandant du bateau, lui-même disparu au cours de ce même naufrage !
Une des promesses de campagne de Wade a été le « règlement du conflit casamançais en 100 jours ». Au pouvoir, il pose des actes forts : nomination d’un ministre des Forces armées issu du terroir, réception à Dakar de l’Abbé Diamacoune Senghor à qui il a rendu visite (ce que Diouf n’a fait qu’en 1999, soit 17 ans après le début de la rébellion). C’est en comptant sur l’assise déjà ancienne du PDS dans la région qu’il signe en 2001, un cessez-le feu, après trois autres paraphés sous Diouf, sans aucun effet, du fait essentiellement de désaccords internes au MFDC.
La crispation du pouvoir sur ce dossier avait amené le pouvoir d’expulser du pays, une journaliste française qui avait interviewé une faction hostile à Diamacoune. En 2004, le délai des 100 jours largement dépassé, la signature d’un accord portant sur « la renonciation définitive à la lutte armée » par Diamacoune Senghor est remise en cause par l’aile dure du mouvement qui ne le considère plus que comme « président d’honneur » depuis le mois de septembre de la même année en raison de son « incapacité objective » à occuper des postes de direction opérationnelle. Le texte, objet de la signature de 2004, avait été interprété par les observateurs comme le pari de Wade qui avait compris que c’est en développant économiquement la Casamance qu’il espérait pacifier cette région instable. En effet le texte prévoyait l’engagement de 19 bailleurs de fonds internationaux à débloquer 94 millions d’euros pour financer la reconstruction des villages, la démobilisation des combattants et le déminage du territoire, la construction du quai du port de Ziguinchor…
« LE PLUS DIPLOME DU CAIRE AU CAP »
Pressé de mettre en œuvre ses innombrables projets, il se méfie des services de l’Etat, contourne les ministères en multipliant les agences ad hoc – 27 dans le gouvernement de novembre 2006 - et assouplit le fonctionnement de l’administration en l’informalisant. Au plan politique et institutionnel, il fait preuve d’un zèle dévastateur au point de nourrir des controverses quant à sa participation à la présidentielle de 2012, pour un 3ème mandat, légitimée par les juges du Conseil constitutionnel, tous nommés par lui.
Il investit aussi des chantiers géostratégiques en délogeant les bases françaises installées sur la presqu’ile du Cap Vert. Plus tard, on comprendra que ce n’était que pour des calculs fonciers.
Au plan sous-régional, et africain, il regarde de haut les chefs d’Etat ouest-africains avec qui pourtant il faut travailler pour continuer à construire la sécurité et l’espace économique de la CEDEAO et de l’UMOA. Vexé de n’avoir été invité à la conception du Millenium African Plan (Map) aux côtés de l’Algérien Bouteflika, du Nigérian Obasanjo et du Sud Africain Mbeki, lui, « l’Africain le plus diplômé du Caire au Cap » propose un plan Omega. Plus tard, les deux plans sont fusionnés pour donner naissance au NEPAD. Au plan local, la GOANA est lancée en grandes pompes. Mais les improvisations sur des spéculations hasardeuses ont fait qu’elle a fait long feu.
LA FAMILLE
Le premier mandat d’Abdoulaye Wade a vu l’émergence progressive de son fils Karim qui devient peu à peu, la figure incontournable de la gestion patrimoniale du pouvoir, ce qui préfigurait, pour quelques observateurs une succession héréditaire biologique. La préférence s’est faite à la faveur d’un double processus dans deux familles distinctes. Dans la famille nucléaire d’abord. Sindjély, la fille est nommée conseillère de son père dans le domaine des arts, des sports et de la culture. Elle est très active dans la participation de son père au Sommet de Davos en 2001, et dans la Tanière des Lions du football lors de la Coupe du Monde en 2002. Pour la 3ème édition du Festival mondial des Arts Nègres, elle nommée déléguée adjointe. En 2013, elle est citée dans le rapport de l’Inspection Générale d’Etat et les 400 millions de francs injustifiés ont été miraculeusement remboursés à l’Etat du Sénégal. Il y a ensuite la mère. Madame Wade, devenue, Madame la Présidente en 2000, dispose d’un cabinet faisant partie de la Présidence de la République. Elle s’investit dans l’éducation et la santé et fait construire un hôpital inauguré en 2003, à Ninéfécha à plus de 700 km de Dakar. En 2013, l’hôpital ferme ses portes. Aujourd’hui, c’est un poste de santé intégré dans le système sanitaire de la région de Kédougou. Il est essentiel de rappeler que jusque-là Mesdames Senghor et Diouf ont toujours été et encore aujourd’hui, appelées Madame Colette Senghor et Madame Elisabeth Diouf.
Le fils Karim est en miroir, sur le plan politique et administratif, de l’implication de la mère et de la fille. Sur ce plan politique, la lutte pour la succession l’opposera, selon différentes configurations au cours des deux mandats de Wade à Idrissa Seck, puis à Macky Sall, qui, en réaction à la destitution de leur filiation politique, créeront chacun leur parti politique, en vue de l’élection présidentielle de 2012.
Dès la prise de fonction de son père, il est nommé conseiller personnel dans l’ombre. Mais il est très vite sous les feux des projecteurs lorsqu’il est nommé à la tête de l’Agence nationale de l’Organisation de la Conférence islamique, chargée de la 11ème tenue de l’OCI en 2008. Les rideaux tombés sur le sommet, des accusations de gestion opaque des fonds et d’affairisme se font jour.
Il entre au PDS par le biais d’un mouvement appelé « la génération du concret » qui devient le cœur d’une stratégie politique, qu’il co-anime avec celui qui a été son directeur exécutif à l’Anoci. Aux élections locales de 2009, la Génération du Concret présente Karim Wade à un mandat électif mais il est battu. La Gc explose en 2012 et c’est le début des poursuites judiciaires contre Karim Wade.
Malgré la défaite du fils le père n’hésite pas à le porter à des postes nominatifs : ministre de la coopération internationale, du développement régional, des transports aériens et des infrastructures, ce qui le fait qualifier de « ministre du ciel et de la terre ». LE bAROUD D’HONNEUR Réélu au premier tour en 2007, Wade ressuscite le Sénat. Pour d’aucuns, la conjugaison de quatre éléments principaux explique, l’ampleur de la victoire d’Abdoulaye Wade : le temps, le vide offert par l’opposition qui s’était présentée en ordre dispersé, l’« achat de conscience » dès la proclamation provisoire des résultats, le rêve et … quelques réalités. Parmi elles, le meilleur positionnement du pays, suite à la désaffection des investisseurs étrangers vis-à-vis de la Côte d’Ivoire, qui traversait une crise profonde. Dans le domaine fiscal, des réformes ont concouru à une meilleure maîtrise de la Tva, ce qui a permis l’octroi de bourses à tous les étudiants, puis quelques mois avant la présidentielle la gratuité des soins aux personnes âgées. L’Etat a également considérablement investit dans la construction de collèges et de lycées et les grands travaux répondant aux besoins de fluidité urbaine ont été opportunément inaugurés. Le succès en 2007 s’explique aussi par une meilleure situation économique. Des économistes annoncent un taux de croissance supérieur à 5% de 2000 à 2005, avant de connaitre un fléchissement en fin 2006. Si le transfert des émigrés contribue pour beaucoup à huiler les rouages du système social, l’origine de la circulation monétaire est alimentée également par l’aide extérieure très diversifiée que le régime a su capter, mais aussi celles des monarchies du monde arabe et de la Chine, ces dernières se caractérisant par une certaine opacité de nature à élargir les marges de manœuvre politiques du régime.
Une contestation majeure nait, confirmée par la tenue des Assises nationales dont l’objectif premier était de dresser un état des lieux de la crise politique et institutionnelle par une « refonte de l’Etat et de la Nation ». En juin 2011, un projet de double réforme institutionnelle est lancé : ticket présidentiel et élection à 25% des voix. Une vive opposition dénonce une tentative de « dévolution monarchique du pouvoir », la contestation craignant que Wade puisse démissionner en cours de mandat pour faire la place à son fils. portait également sur la production des cartes nationales d’identité et d’électeur. La réponse politique, face au « manque de crédibilité de Ousmane Ngom » est la nomination d’un ministre chargé des élections
Ses talents de communicateur ont fait la différence de Abdoulaye Wade d’avec ses prédécesseurs. Dans la rhétorique du pouvoir jusque-là confinée au « Sénégal émergent », et les mises en scène qu’il écrit lui-même, il en fut en tantôt l’acteur, tantôt le réalisateur qui renouvelait ses hommes afin d’assurer la représentation de sa pièce, confiant le récit à Abdoulaye Mbaye Pekh. Le pouvoir de Wade a trouvé en cet homme, le chantre de sa propagande, « le griot de l’alternance ». Ce passionné de chevaux et de courses hippiques, n’a rencontré Wade qu’au second tour de l’élection présidentielle de 2000. N’étant allé ni au daara, ni à l’école française, Abdoulaye Mbaye Pekh, n’a également ni la culture, ni l’expérience de El Hadj Mansour Mbaye dont le parcours a permis de connaitre les hommes qui ont participé à l’exercice du pouvoir. Mbaye Pekh lui, sans séduction, sans technique oratoire, ne tient que des propos laudatifs très souvent qualifiés de dérapages et de bavardages. Wade méritait-il quelques années de plus, malgré son grand âge ne serait-ce que pour terminer les nombreux chantiers entamés ? L’homme avait capitalisé sur son endurance et son énergie. Pour tenter un ultime assaut, un mélange d’incantation et de bricolage ne donneront pas au président la maîtrise de l’élection de 2012, qui a été au mieux pour lui, l’année du baroud d’honneur.
HENRIETTE NIANG KANDÉ
C’EST UNE DIRECTIVE PRESIDENTIELLE QU’IL FAUT RENFORCER, AMPLIFIER ET SUIVRE
Elimane Kane, président de Legs Africa approuve la publication des rapports des organes de contrôle. Mais, pour lui, ce qui est plus important, c’est surtout la suite qui va être donnée à ces différents rapports
Le président de la République Bassirou Diomaye Faye a ordonné la publication des rapports des corps de contrôle de l’Etat pour ces 5 dernières années. Une décision qui a été approuvée par les organisations de la société civile. Selon le président de Legs Africa Elimane Haby Kane, c’est une directive présidentielle qu’il faut renforcer, amplifier et suivre. Il pense qu’au-delà de demander la publication de ces rapports dont lui-même dispose, il doit prendre des décisions administratives relatives aux recommandations formulées dans ces rapports.
Lors de la deuxième réunion du Conseil des ministres du nouveau gouvernement, le président de la République Basirou Diomaye Faye a ordonné la publication des rapports des organes de contrôle de l’Etat de ces 5 dernières années. Cette mesure a été appréciée par les organisations de la société civile sénégalaise qui ont toujours lutté pour une gestion transparente des deniers publics. Joint au téléphone par la rédaction de Sud Quotidien hier, jeudi 18 Avril, le président de Legs Africa Elimane Haby Kane pense que c’est une directive présidentielle qu’il faut renforcer, amplifier et suivre. « Pour moi, il s’agit d’un rappel à la régularisation d’une situation qui était anormale. Parce que la loi organique portant création de ces corps de contrôle prévoit la publication des rapports d’activités de chaque année. Donc, ces organes n’étaient pas en règle en réalité. Depuis un certain temps, on a constaté qu’il y a une irrégularité dans la publication des rapports. Souvent, les arguments fournis ne sont pas acceptables. Par exemple, le problème d’imprimerie qui a été évoqué dernièrement par la Cour des comptes ne se justifie pas parce que les rapports peuvent être d’abord publiés sur le site avant d’être imprimés. D’autres disent qu’ils n’avaient pas encore présenté les rapports au président Macky Sall qui tarde à les recevoir », soutient-il. Selon lui, le fait que le président ait insisté sur ça est pris comme une volonté de sa part de renforcer la politique de promotion de la transparence et de la recevabilité en demandant à ces organes de contrôle de ne pas hésiter à faire leur travail. Car, soulignet-il, la publication des rapports permet aux citoyens d’être informés sur la qualité de gestion des affaires publiques. Mais, pour lui, ce qui est plus important, c’est surtout la suite qui va être donnée à ces différents rapports.
« IL FAUT DES MECANISMES OPERATOIRES DE SUIVI DE CES RAPPORTS »
« Nous avons constaté depuis des années que l’impunité règne dans ce pays. La recevabilité citoyenne n’est pas facilitée par l’absence de l’accès à l’information liée à la rétention de certains rapports. Maintenant, ce que nous souhaitons, c’est que le président aille audelà de demander la publication de ces rapports dont lui-même dispose. Il doit prendre des décisions administratives relatives aux recommandations formulées dans ces rapports. Donc le premier niveau de suivi concerne le président et son gouvernement. Le deuxième niveau de suivi, c’est au niveau du parquet », préconise-t-il. Selon M Kane, il y a des actes encore à poser par le chef de l’Etat par exemple à lier systématiquement le parquet surtout maintenant nous avons le pôle financier au parquet et pour que les dossiers soient diligentés. Il propose des mécanismes très opératoires de suivi de ces rapports une fois publiés. « Il faut cette suite soit réglementée dans le temps et que des délais soient prescrits entre la soumission des rapports et leur prise en charge. Il faut aussi voir comment permettre aux citoyens de pouvoir saisir directement les juridictions sur la base de ces rapports ou d’autres faits établis dont ils ont les preuves au-delà de l’alerte des organisations de la société civile», a-t-il suggéré
LE GOUVERNEMENT DE SONKO ENGAGE UN VASTE CHANTIER
Les appels à plus de probité dans la fonction publique se succèdent. Mais les précédents échecs interrogent sur la détermination réelle du gouvernement. Moderniser l'administration sera-ce enfin une priorité plus qu'un vœu pieux ?
Le nouveau régime veut un changement de comportement à tous les niveaux. L’abandon des mauvaises pratiques devrait commencer par les agents de l’Etat, ce qui justifie la lettre du président de la République, Bassirou Diomaye Faye et de son Premier ministre, Ousmane Sonko. Toutefois, on note que ce n’est pas une première qu’un gouvernement milite pour un service public de qualité. Des initiatives dans ce sens, il y en a eu notamment avec le précédent régime de Macky Sall, sans que les résultats escomptés ne soient atteints.
Quelques jours après sa prise de fonction, le président de la République, Bassirou Diomaye Faye, a écrit à tous les agents de l’administration sénégalaise, sans exception, pour les inviter «à incarner pleinement les principes de Jub, Jubal, Jubanti et que la droiture, la probité et l’exemplarité commandent chacun de leurs actes». Mieux, il les a invités au culte de servir le citoyen sénégalais. Un appel matérialisé plus tard par des mesures de pointage dans quelques services publics, un exercice auquel le nouveau ministre de la Fonction publique, Olivier Boucal, s’est prêté.
L’invite du président de la République a été suivie d’une directive de son Premier ministre, Ousmane Sonko, qui, lui aussi, exige une administration beaucoup plus performante. Dans une correspondance qualifiée de très urgente, le 12 avril dernier, il a donné l’ordre, «afin d’assurer une prise de connaissance et une ferme appropriation des directives du président de la République, Bassirou Diomaye Faye, que sa lettre soit diffusée dans toutes les administrations et qu’un compte rendu lui soit fait dans les plus brefs délais»
Rappelons que malgré son expertise et sa vaillance, des qualité reconnues, l’administration sénégalaise est très critiquée par les usagers. A titre d’exemple, l’accueil dans les hôpitaux, les Sénégalais s’en plaignent. Il s’y ajoute les absences dans de nombreuses structures ou encore le non-respect des horaires de travail. Il ya aussi les longues et lourdes procédures administratives pour disposer de certains documents et le manque d’interlocuteurs dans plusieurs services. Des Sénégalais qui ont des problèmes avec la justice s’offusquent souvent des conditions de la garde à vue et de l’accueil dans les Commissariats de Police et Brigades de Gendarmerie…
Certains services publics sont minés par des pratiques peu orthodoxes qui favorisent la corruption. Des rabatteurs s’infiltrent dans la délivrance de casiers judiciaires, certificats de nationalité et autres documents d’état civil ou des permis de conduire, rendant les irrégularités multiples. Ces exemples ne sont pas des cas isolés, car les mauvais comportements dans les structures publiques sont nombreux. Reste maintenant à voir si le gouvernement du président de la République, Bassirou Diomaye Faye, saura redresser la baraque ?
LE PAMA DE MACKY POUR LA MODERNISATION DE L’ADMINISTRATION DANS LE DUR
En effet, les directives n’ont pas manqué du temps de son prédécesseur, l’ancien président de la République, Macky Sall, sans qu’un véritable changement ne soit noté. En avril 2016, lors du Forum National sur l’Administration à Diamniadio, il avait demandé aux agents du service public, «de s’adapter aux exigences des citoyens et de faire preuve de simplicité, de disponibilité et d’efficacité»
Mieux avait-il trouvé, «l’administration est, à bien des égards, obligée d’apporter les changements nécessaires aux fins d’actualiser son organisation, ses méthodes et ses procédures». L’ancien président de la République, étant convaincu de «l’impérieuse nécessité d’élaborer et de mettre en œuvre un nouveau modèle d'administration publique», lors de ce forum, il avait en outre jugé «qu’il fallait également engager la refondation des structures, des procédures et du management des ressources humaines de l’Administration».
Dans cette optique de la réforme de l’Administration, en vue d’améliorer la qualité des services rendus aux usagers, le président Macky Sall a procédé, le 05 août 2019, au lancement du Programme d’Appui à la Modernisation de l’Administration (PAMA), qui a pour but de contribuer à l’action de modernisation de l’Administration du Sénégal. «Le principal objectif du PAMA est de faire tenir à l’Administration son rôle de moteur dans le processus d’émergence à l’horizon 2035».
Selon le ministère de la Fonction publique et de la Transformation du Service public d’alors, chargé de conduire la réforme de l’Administration, «Le PAMA comporte trois composantes : L’optimisation du cadre organisationnel de l’Administration qui adresse les problèmes de structuration des organisations, de déconcentration et de décentralisation des centres de décisions publics ; L’amélioration de la qualité des services aux usagers qui concourt à renforcer la gestion axée sur les résultats, la transparence, la bonne gouvernance et la qualité des services rendus aux populations ; La professionnalisation de la gestion des ressources humaines qui vise à renforcer les capacités des agents et à promouvoir les principes et les valeurs du service public dans la conduite des politiques publiques et la délivrance des services publics de tous les jours». Constatant toujours peu d’avancées, il a demandé à son gouvernement, en Conseil des ministres du 26 avril 2023, «de prendre toutes les mesures nécessaires pour toujours assurer la continuité́ et la qualité́ du Service public dans l’ensemble des secteurs, en faisant respecter les règles de déontologie».
LES DERNIÈRES FRASQUES DE MACKY SALL
Avant de quitter le pouvoir, l'ancien président a multiplié les décisions controversées. De l'extension des passeports diplomatiques aux marchés publics suspects, son bilan de fin de règne sème le trouble
A quelques jours de la fin de son mandat, l’ancien président de la République, Macky Sall, et ses collaborateurs ont fait naître de nouvelles controverses dans la gestion des affaires publiques. Comme si la bonne gouvernance ne pouvait cesser d’être un vœu pieux, même après douze années de villégiature dans le «Macky». Entre signature de décret élargissant considérablement la liste des bénéficiaires des passeports diplomatiques, recrutements massifs dans les ministères, contrat problématique de dessalement de l’eau de mer et octroi tendancieux de la concession de chantier naval au groupement DakarnavaL/OZata/SHipyard, entre autres scandales ou couacs, la polémique s’est installée.
La controverse a enflé à la fin de règne de l’ancien président de la République, Macky Sall. Entre signatures de décret et de contrat de marchés en catimini, le régime sortant a fini par mettre le président nouvellement élu, Bassirou Diomaye Diakhar Faye, et son gouvernement dans une situation peu confortable du moins pour certains des engagements pris par Macky Sall et ses hommes, à quelques encablures de la passation de pouvoirs avec le président nouvellement élu. En effet, tout dernièrement, il y a eu l’affaire des passeports diplomatiques, avec la signature du décret du 28 mars 2024, élargissant la liste des bénéficiaires à tous les anciens ministres et leurs conjoints, les ambassadeurs émérites, les ambassadeurs à la retraite, entre autres. Le décret n°2024-843 remplaçait ainsi l’article premier du décret n°90-934 du 27 août 1990.
Autre fait décrié, des recrutements «massifs» ont aussi été signalés au niveau de certains ministères, avec des ordres de service antidatés de six mois avant. Selon le député Guy Marius Sagna, «39 nouveaux recrutements ont été effectués, entre le mercredi 27 et le jeudi 28 mars 2024, bénéficiant de CDI (Contrats à durée indéterminée, ndlr) directs». Aussi, ajoutera-t-il que «205 personnes sont nouvellement incorporées dans les rangs des ASP (Agents de sécurité de proximité-ndlr) entre ces mêmes dates à la Direction générale de l'Agence d'assistance à la sécurité de proximité».
L’ancien ministre de l’Education nationale, Cheikh Oumar Anne, est aussi accusé d’avoir recruté des centaines d’enseignants avant son départ de la tête de ce ministère. «Des centaines d’enseignants ont été recrutés récemment par Cheikh Oumar Anne, ancien ministre de l’Education nationale. C’est du banditisme d’Etat. Vous n’êtes pas sans savoir que toutes les organisations syndicales se sont battues pour qu’on puisse normer le recrutement des enseignants. C’est le seul secteur où, pour y accéder, il faut nécessairement passer par un concours, dans le but d’avoir des enseignants de qualité», avait déclaré l’ancien Secrétaire général du Sels-Authentique, Abdou Faty, dans une radio de la place.
Autres scandales et maladresses hérités du « Macky »
A ces actes qui suscitent moult interrogations sur la volonté prétendue ou non de mettre des bâtons dans les roues du nouveau régime, s’ajoute le problématique contrat de dessalement de l’eau de mer signé avec les Saoudiens, à la veille de l’élection présidentielle. Récemment, des experts du secteur de l’eau ont sorti un communiqué pour dénoncer la signature du contrat et interpeller les nouvelles autorités. «A l’ombre des projecteurs politiques, un contrat de 450 milliards de FCFA a été signé, par entente directe, avec une entreprise privée étrangère, pour l’achat d’eau sur 35 ans, à partir d’une usine de dessalement d’eau de mer de 400.000 m3/j à construire sur la Grande-Côte des Niayes», lit-on dans une tribune qui nous est parvenue, de la part de ces acteurs certifiés du secteur de l’eau. La même source d’ajouter : «Si ce contrat, dont l’ampleur et les implications socioéconomiques suscitent moult interrogations, était confirmé, la réalisation du projet Canal du Cayor serait de facto compromise, car les deux opérations ne peuvent manifestement pas être exécutées sur le même horizon temporel, pour des raisons économiques évidentes». Alors que la polémique est encore loin de s’estomper sur ces dits contrats, décrets et autres décisions pris par l’ancien président de la République, Macky Sall, y compris le changement du président de la Cour suprême, à quelques jours seulement de son départ du Palais, (mesure annulée aussitôt par le président Diomaye Faye), c’est l’affaire de l’attribution des chantiers de réparations navales qui revient au-devant de l’actualité. La concession de DakarNave pour 25 ans à une société turque, en catimini, a été cassée par l’Autorité de régulation de la commande publique (ARCOP), dans sa décision du 12 avril dernier dont Sud Quotidien a obtenu copie.
Le régulateur de la commande publique accède ainsi à la demande du groupement DAMEN/ATMAR/MARITALIA qui avait saisi d’un recours contentieux l’ARCOP, concernant l’octroi de la concession de chantier naval au groupement DAKARNAVAL/OZATA/SHIPYARD par l’ancien ministre des Pêches et de l’Economie maritime , Pape Sagna Mbaye, et la Direction de la Société des Infrastructures de Réparation Navale de Dakar (SIRN), en mars 2024. Ainsi, le processus de renouvellement de la concession de DakarNave, qui prend fin le 24 juin 2025, sonnait comme un scandale du fait de la violation «flagrante» des règles de passation de marché public. Suffisant pour que le Chef de l’Etat, Bassirou Diomaye Faye donne des instructions, en Conseil des ministres qu’il a présidé le mercredi 17 avril 2024, pour que lumière soit faite sur cette affaire. Ces actes posés par Macky Sall et ses collaborateurs, à la fin de son mandat, viennent s’ajouter à la longue liste des scandales présumés qui accablent la gouvernance socio-économique du Sénégal, durant ces douze dernières. Une gouvernance où les « scandales » ont fait florès et parmi ceux-ci le non moins grave détournement de 6 milliards du Fonds Force Covid-19, en pleine crise sanitaire confinant tous les Sénégalais et paralysant Gorgorlu dans ses activités quotidiennes de survie au point de recevoir des aides alimentaires de la part des pouvoirs publics.
UN TOMBEAU POUR KINNE GAAJO
Porté par la puissance de l’écriture de Boubacar Boris Diop, il jette un regard acerbe sur des pratiques sociales plombées par la légèreté, l’irresponsabilité et dont la tragédie du bateau le Joola est un stigmate, un objet-témoin.
Rempli à presque quatre fois plus que sa capacité normale, le bateau le Joola qui assurait la liaison Dakar/Ziguinchor/Dakar a coulé dans les profondeurs océanes par une nuit d’orage, entre Ziguinchor et Carabane, avant que l’aurore ne s’éveille. Les secours avaient tardé, alors que pris au piège les passagers s’étaient débattus jusqu’à n’en plus pouvoir, pour finir par s’épuiser et s’effondrer dans les entrailles du bateau le joola.
Avec un lourd bilan estimé à 1884 vies fauchées, cette catastrophe pire que celle du navire de croisière réputé insubmersible le Titanic (1500 morts), survenue en 1912, a par la force des choses, transformé le bateau en un tombeau pour ces corps privés de sépulture donc d’humanité. Une possibilité offerte par contre à celles et ceux qui n’avaient pas « été avalés par l’océan » et ont été rejetés sur la plage. Le drame s’est produit le 26 septembre 2002.
Et dans ce roman plein de douleur et de tendresse on y voit la mort, dans son appétit insatiable, revêtir le visage de Kinne Gaajo, journaliste et écrivaine talentueuse. Ainsi donc, l’amie de toujours, des jours heureux et malheureux, femme immensément libre, était dans le bateau. Iconoclaste, tordant le cou aux choses convenues , suivant son instinct, elle a su par l’impertinence de sa plume , rayonner un peu partout dans le monde et dans son propre pays, en participant à des colloques et autres conférences.
Pour son alter ego, Njeeme Pay, autre personnage central du roman, « le mot naufrage » n’avait plus « le même sens selon qu’il a emporté des milliers d’inconnus ou une plus-que-sœur telle que l’avait été Kinne Gaajo pour moi-même ». Sortie de l’anonymat, palpable, en chair et en os, la mort avait cessé d’être « un évènement abstrait et lointain ». Comment alors protester contre l’absence sinon en la présentifiant, en faisant revenir à la surface un vécu, des rencontres, des échanges avec l’être cher, désormais disparu.
En se jouant ainsi de l’oubli voire de l’abîme qui avait avalé Kinne Gaajo, il ne restait plus à Njeeme Pay qu’à convoquer les souvenirs pour immortaliser le parcours d’une fille, une autre elle-même, que la pauvreté avait malmenée jusqu’à impliquer son corps dans un commerce de survie.
Du fait de blessures secrètes, cette femme immensément libre s’était retrouvée sans enfant, abîmée par une vie dissolue qui l’incitait à s’abandonner dans des bras de hasard. Là-bas à Thiaroye, dans son quartier de NettiGuy, avec ses rues encombrées de jeunes filles en quête de revenus, proposant des sachets d’eau ou de bissap aux passants. A travers cette figure attachante qui irradie le roman ce sont les visages de toutes les autres victimes qui nous reviennent et emportent notre compassion. Avec Kinne Gajoo qui « irrigue désormais ce chiffre (1884 morts) de son sang » la tragédie du « Joola » acquiert « une véritable signification humaine ».
Traduit du wolof par son auteur, « Bàmmeelu Kocc Barma », devenu en français du fait de la centralité du personnage, « le Tombeau de Kinee Gaajo », est un roman structuré autour de réminiscences agitées dans des flash- back où se revivent des scènes de joie, de douleur. Ses affres, ses déchirures, ses interrogations. Porté par la puissance de l’écriture de Boubacar Boris Diop, il jette un regard acerbe sur des pratiques sociales plombées par la légèreté, l’irresponsabilité et dont la tragédie du bateau le Joola est un stigmate, un objet-témoin.