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25 février 2025
Par Mamadou Bodian
RENEGOCIER LE CONTRAT SEXUEL AU SENEGAL
La récente annonce de la composition du nouveau gouvernement au Sénégal, marquée par une faible présence de femmes (seulement quatre parmi vingt-cinq membres), a exacerbé les critiques au sein d’une frange du mouvement des femmes
La récente annonce de la composition du nouveau gouvernement au Sénégal, marquée par une faible présence de femmes (seulement quatre parmi vingt-cinq membres), a exacerbé les critiques au sein d’une frange du mouvement des femmes, qui perçoit cette sous-représentation non seulement comme le reflet d’une lacune immédiate dans le nouvel Exécutif, mais également comme l’indicateur d’un recul en termes de reconnaissance de la place des femmes dans les sphères de pouvoir.
Certain.e.s sont allé.e.s plus loin, qualifiant la transformation du ministère de la Femme en ministère de la Famille et des solidarités, de dilution des enjeux de genre au profit d’une approche matrimoniale réductrice, susceptible d’éclipser les politiques essentielles permettant de lutter contre les inégalités structurelles en faveur des femmes. Je comprends les alertes qui soulèvent des questions fondamentales sur les relations hommes-femmes dans une société sénégalaise qui, empreinte d’un imaginaire patriarcal, voit l’Etat sous les traits d’un père protecteur et ordonnateur. Cette omniprésence masculine imprégnée sous-tendue par la religion fait craindre une perpétuation du «contrat social sénégalais» tel que décrit par Cruise O’Brien - c’est-à-dire fondé sur une alliance au sommet entre le prince et le marabout-, qui pourrait dissimuler un autre «contrat sexuel» (pour reprendre Carole Pateman) qui cantonne les femmes dans des rôles privés et matrimoniaux. Cette crainte est d’autant plus compréhensible que la configuration du pouvoir dans notre société semble influencer systématiquement toutes les décisions, les lois et les normes, révélant ce que certains critiques décrivent comme un «sexisme latent» qui irrigue l’ensemble de la structure sociale. Mais en vérité, le Sénégal ne peut aucunement souffrir d’un «sexisme institutionnalisé», compte tenu des avancées significatives réalisées en faveur des droits des femmes, qui méritent d’être pérennisées. C’est pourquoi il me semble prématuré de spéculer sur les politiques que les nouvelles autorités étatiques mettront en œuvre concernant les questions de la femme (audelà de la famille), en l’absence de la déclaration de politique générale du Premier ministre et des directives du nouveau ministère de la Famille et des solidarités. En attendant, il me semble crucial de diriger le débat vers des discussions plus constructives et exemptes de préjugés. Ces échanges doivent prendre en compte une compréhension holistique des défis globaux et locaux liés aux femmes. C’est dans cette perspective que cette analyse entend souligner trois aspects-clés qui pourraient servir de catalyseur à ce dialogue essentiel.
Lever les équivoques sur le «genre» et la femme
Au Sénégal, la problématique du genre semble se situer à l’intersection de deux visions opposées. D’une part, une approche néolibérale, influencée par les valeurs occidentales, considère l’émancipation et la modernisation des rôles sexués comme cruciaux pour le progrès social. D’autre part, une perspective post-coloniale et conservatrice insiste sur la préservation des valeurs culturelles et religieuses traditionnelles, considérées comme un bouclier contre les effets homogénéisants de la mondialisation. Cette vision conservatrice, profondément ancrée dans la société sénégalaise à majorité musulmane, soustend les réactions défensives face aux questions de genre, perçues -à tort ou à raison- à travers le prisme de stéréotypes négatifs. Sur le plan conceptuel, il est fondamental de distinguer le «sexe», qui désigne les différences biologiques et physiologiques, du «genre», qui se rapporte aux rôles socialement attribués.
Cette distinction est capitale pour comprendre les tensions autour de l’élaboration de certaines politiques publiques, en différenciant par exemple celles spécifiquement destinées aux femmes de celles globalement liées au genre. Les politiques centrées sur les femmes abordent des enjeux spécifiques tels que les inégalités professionnelles, la violence contre les femmes et les limitations d’accès à l’éducation et aux soins de santé reproductifs, et motivent des mesures correctives telles les lois pour une plus grande représentation des femmes dans les positions de pouvoir ou le soutien à l’entrepreneuriat féminin. Parallèlement, les politiques de genre adoptent une approche plus vaste et inclusive, couvrant diverses identités -y compris celles des hommes, des personnes non binaires et transgenres- dans le but de promouvoir l’égalité dans tous les secteurs de la société et de déconstruire les stéréotypes limitant les choix et les opportunités des individus de tout genre. Cette approche genre a rencontré des résistances culturelles marquées, notamment lors des premières initiatives en faveur de l’émancipation des femmes.
C’est le cas par exemple de la mise en œuvre de politiques de planification familiale et de démographie par des organisations telles que l’International Planned Parenthood Federation (Ippf) et le Fonds des Nations unies pour la population (Fnuap) durant les années 1980. Initialement centrées sur la santé maternelle et infantile, ces initiatives ont progressivement intégré des questions de genre, marquant une évolution notable dans l’approche des politiques de santé et de population. Elles ont progressivement déclenché des débats passionnés autour de sujets sensibles tels que le mariage précoce, la polygamie, le divorce, l’homosexualité, les mutilations génitales féminines et l’autonomie corporelle des femmes. Elles ont révélé que les questions de santé sexuelle et reproductive font partie intégrante d’une lutte plus large pour l’égalité non seulement pour les femmes, mais aussi en faveur de l’égalité des genres et de l’autonomie individuelle, en influant sur tous les aspects de la vie sociale et privée. Dans le contexte sénégalais, où les normes religieuses jouent un rôle dominant dans la définition de ce qui est acceptable, les débats sont amplifiés par une propension à envisager les notions de genre, d’équité sociale et de dynamique familiale comme indissociables. Comment peut-on avancer vers une plus grande équité pour les femmes sans renforcer les stéréotypes de genre qui conduisent certains à rejeter en bloc des avancées potentiellement positives ?
La réponse à cette préoccupation est d’autant plus importante que le récent changement de régime au Sénégal intervient dans un contexte d’adoption de la Stratégie nationale pour l’équité et l’égalité de genre II (Sneeg), qui vise à promouvoir l’égalité entre les sexes jusqu’en 2026, alignée sur les Objectifs de développement durable à l’horizon 2030.
II- Le nouveau régime et le contrat sexuel
Dans la continuité de cette réflexion, il est crucial de redéfinir un «nouveau contrat sexuel» au Sénégal, où hommes et femmes collaborent de manière complémentaire pour faire avancer la cause de la femme. Cela nécessite de se concentrer attentivement sur des aspects-clés pour garantir un progrès à la fois tangible et pérenne. Premièrement, il semble essentiel de préserver et valoriser la mémoire et les acquis des luttes féminines au Sénégal, ancrées dans l’histoire politique depuis l’époque coloniale. Des figures emblématiques telles que Ndaté Yalla Mbodj, reine du Waalo, et Aline Sitoë Diatta, prêtresse de la Casamance, ont marqué de leur résistance inspiratrice face à l’oppression, ouvrant la voie aux futures générations pour continuer la lutte pour l’égalité. Au fil du temps, l’activisme féminin a transcendé les divisions ethniques et politiques. Des leaders comme Ndaté Yalla Fall et Soukeyna Konaré, bien que de partis opposés, ont collaboré pour défier des lois discriminatoires telles que l’ordonnance française de 1944 qui limitait le droit de vote aux seules Françaises «de souche»
Le combat continu des femmes a contribué à des avancées majeures, comme l’adoption de la loi sur la parité absolue en 2010 sous la Présidence de Abdoulaye Wade, renforçant significativement leur participation dans la vie politique sénégalaise. Deuxièmement, le Sénégal doit renforcer son rôle de leader dans la promotion des droits des femmes sur la scène internationale et drainer des investissements en faveur de ces dernières. Le pays a déjà fait preuve de dévouement en ratifiant des accords-clés tels que la Convention sur l’élimination de toutes les formes de discrimination à l’égard des femmes (Cedef) de l’Onu en 1979 et son Protocole additionnel, adoptés respectivement en 1985 et en 2000. Ces engagements soulignent la volonté sénégalaise d’éliminer la discrimination et de promouvoir l’égalité des femmes dans la sphère politique et publique. En adhérant à des initiatives internationales comme la Déclaration de Beijing, la Résolution A/RES/66/130 de l’Onu, le Protocole de Maputo complétant la Charte africaine des droits de l’Homme sur les droits des femmes et l’Acte additionnel de la Cedeao pour l’égalité des droits dans le développement durable, le Sénégal s’affirme comme un acteur engagé. Sur le plan national, des mesures comme l’adoption la loi n°2010 du 28 mai 2010 portant parité absolue entre les hommes et les femmes dans les instances électives et semi-électives illustrent cet engagement législatif. De plus, le pays respecte ces obligations internationales en fournissant régulièrement des rapports aux comités de suivi, ce qui assure une mise en œuvre effective de ses engagements. Cette posture non seulement renforce la position du Sénégal comme modèle de progrès dans les droits des femmes, mais peut également encourager des investissements internationaux et des collaborations qui favorisent le développement socioéconomique global du pays.
Troisièmement, les défis auxquels sont confrontées les femmes sénégalaises vont bien audelà de leur simple participation dans les sphères décisionnelles ou les débats, souvent circonscrits aux enjeux reproductifs et matrimoniaux. Ces défis représentent un enjeu majeur de développement, et il est impératif que les nouvelles autorités saisissent cette opportunité pour rectifier les inégalités structurelles qui pèsent sur les femmes. Elles rencontrent divers obstacles, incluant un accès restreint à l’éducation, des disparités économiques et la persistance de violences physiques et psychologiques. Leur combat constant appelle à une intervention proactive de l’Etat non seulement pour protéger leurs droits politiques, économiques et sociaux, mais également pour valoriser équitablement leurs compétences et contributions au développement du Sénégal, au même titre que les hommes. Cela nécessite le renforcement des politiques adaptées aux réalités vécues par les femmes sénégalaises et l’engagement dans des réformes structurelles qui favorisent leur bien-être et leur autonomie dans tous les aspects de la vie, tout en préservant les équilibres familiaux et sociaux.
LES RECETTES DU PETROLE MANQUENT A L’APPEL EN 2024
A Washington, le Fmi a demandé à la mission gouvernementale de revoir le budget 2024, qui ne devrait pas être alimenté par les recettes issues de l’exploitation du pétrole.
A Washington, le Fmi a demandé à la mission gouvernementale de revoir le budget 2024, qui ne devrait pas être alimenté par les recettes issues de l’exploitation du pétrole.
C’est une douche froide que la mission gouvernementale en séjour à Washington, pour discuter avec les partenaires financiers du Sénégal, a reçue de la part du Fonds monétaire international (Fmi). Cette institution a remis en cause le cadrage budgétaire pour l’exercice en cours, en demandant aux autorités sénégalaises de revoir la copie du budget 2024, dans le sens de réduire drastiquement les prévisions de recettes. En effet, le Fmi considère que les recettes attendues de l’exploitation du pétrole ne seront pas au rendez-vous. Les espoirs de recettes qui boostaient le budget de l’année 2024, avec de fortes recettes additionnelles pour cette année, se sont envolés. Le document de programmation budgétaire et économique pluriannuelle, publié en juillet 2022, indique que le Sénégal devrait engranger 888 milliards de francs Cfa de recettes tirées de l’exploitation du pétrole, sur la période 2023- 2025, réparties ainsi qu’il suit : «59 milliards en 2023, année de démarrage de la production, puis 327 milliards en 2024 et enfin 501 milliards en 2025.» On voit que toutes ces belles prévisions sont tombées à l’eau.
Cela devrait-il surprendre les nouvelles autorités gouvernementales ?
L’information constitue un coup de tonnerre pour les responsables des finances publiques. Vérification faite auprès de sources proches des compagnies partenaires pour l’exploitation du gisement de Sangomar, la réalité reste têtue. «Le début de l’exploitation reste maintenu pour fin juin 2024, mais durant les cinq à six premiers mois, la production ne pourra pas réellement commencer. Nous serons en phase test et l’exploitation ne commencera à être viable ou optimale qu’à partir de la fin du mois de novembre 2024.» Les experts dans le domaine de l’exploitation du pétrole expliquent cette situation par des considérations techniques. «On ne peut pas faire autrement. Les premiers barils de pétrole pompés sont toujours souillés par des éléments comme la boue ou autres sédiments rocheux, et il faudra extraire de grandes quantités pour accéder au pétrole brut de qualité commercialisable.»
La menace de renégociation des contrats
Les compagnies pétrolières multinationales, déjà engagées dans l’objectif d’exploitation des ressources en hydrocarbures, restent dubitatives ou sont gagnées par une certaine frilosité, quant à l’avenir de leurs relations avec le Sénégal. Le nouveau président de la République, Bassirou Diomaye Faye, et son ministre du Pétrole, de l’énergie et des mines, Birame Soulèye Diop, ont indiqué, sur tous les tons, leur volonté de renégocier les contrats miniers. Il faut dire que de nombreuses suspicions entourent ces contrats miniers. Le chef de l’Etat a indiqué engager son gouvernement dans une prochaine opération d’audit des contrats miniers, et une renégociation desdits contrats pourrait en découler. Quand on sait qu’une procédure d’audit nécessitera plusieurs mois entre la sélection des cabinets, le démarrage de la mission et le dépôt de rapports contradictoires, on peut se demander si l’horizon 2025 pour l’exploitation effective du pétrole et du gaz ne serait même pas trop proche. «En attendant d’y voir plus clair, il nous sera assez difficile de songer à accroître nos investissements au Sénégal. Nous avons besoin de savoir comment tout cela va se passer», souligne un administrateur d’une multinationale. Il s’y ajoute que les majors commençaient à traîner les pieds pour démarrer le pompage du pétrole et du gaz au Sénégal. Les coûts d’exploitation peuvent être plus onéreux que dans certaines régions, car des gisements en eaux très profondes exigeant plus de moyens logistiques et techniques. Certaines compagnies songeaient à garder en réserve les volumes de pétrole estimés au Sénégal. Une perspective qui, assurément, ne saurait enchanter le Sénégal. Il n’est pas à craindre des lendemains tumultueux avec des contentieux nés de la remise en cause de conventions déjà signées par le Sénégal. On peut se rappeler les déconvenues des régimes du Président Abdoulaye Wade en 2000 avec la compagnie canadienne d’électricité Hydro-Québec et celles du régime de Macky Sall avec le groupe sidérurgique indien Mittal. La dénonciation de ces contrats, signés par des régimes politiques précédents, avait occasionné des réparations importantes supportées par le Sénégal pour mettre un terme aux procédures contentieuses.
Négociations avec la Mauritanie
Le dossier du gaz que partagent équitablement le Sénégal et la Mauritanie, sera au centre des discussions officielles lors de la visite qu’effectue aujourd’hui le Président Bassirou Diomaye Faye en Mauritanie. Les deux pays avaient réussi à s’entendre assez facilement sur les conditions d’exploitation et de partage de la ressource, mais l’arrivée d’un nouveau régime politique au Sénégal pourrait changer la donne. Qui pourra garantir que la Mauritanie accepterait de prendre son mal en patience pour laisser du temps au Sénégal, pour procéder aux audits et autres diligences souhaitées, et peut-être remettre en cause les accords existants aussi bien entre les deux pays que ceux signés avec les investisseurs ? La Mauritanie nourrit de grands espoirs de décollage économique et social grâce aux ressources attendues de l’exploitation de son gaz. Nous rappelions, le 11 avril 2022, que «les experts considèrent que les ressources en gaz estimées au Sénégal sont de classe mondiale. Le Sénégal est parti pour être un grand pays exportateur de gaz. Le champ de Grand Tortue Ahmeyim (Gta), partagé entre le Sénégal et la Mauritanie, découvert en 2014, est estimé aujourd’hui contenir entre 15 et 20 Tcf de ressources gazières, soit entre 530 et 700 milliards de m3 de gaz prouvés. British Petroleum (Bp) considère que le potentiel de ce gisement de gaz naturel est beaucoup plus important. Un autre gisement, Yaakar Teranga, au large de Cayar, découvert en 2016, révèle des ressources déjà prouvées de l’ordre de 700 milliards de m3. Aux dires d’experts, le potentiel de Yaakar Teranga serait bien plus colossal que celui de Gta. D’autres poches de gaz sont identifiées au large des côtes sénégalaises comme à Sangomar (Fatick). Des gisements de gaz on shore (sur terre) sont aussi identifiés au Sénégal comme le gisement de Ngadiaga (Thiès). La consommation totale en gaz du continent africain est de 153 milliards de m3 par an, selon la Bp Statistical Review of World Energy, publiée en juin 2021. Cela donne une bonne idée sur l’importance des réserves de gaz du Sénégal. Au demeurant, il faudra plus d’exploration et de recherche pour confirmer ou infirmer une telle évaluation. Ce qui est certain, c’est que le potentiel confirmé est suffisant pour lancer un très gros projet gazier. C’est l’une des raisons-clés qui ont fait que Bp, la troisième plus grande compagnie pétrolière privée dans le monde après ExxonMobil et Royal Dutch Shell, soit entrée dans ce projet et qu’elle ait pris la direction des opérations en détenant 53% des parts contre 27% pour l’Américain Kosmos Energy. Dans les milieux des hydrocarbures, le sentiment le mieux partagé est que le Sénégal n’a pas encore effectué assez de recherches pour découvrir tout le gaz que devrait renfermer son bassin sédimentaire».
Hostilité contre le gaz sénégalais
Le régime du Président Macky Sall avait su être en phase avec les autorités de Nouakchott pour cheminer main dans la main sur le dossier de l’exploitation du gisement de gaz de Grand Tortue Aymehim (Gta). Mais on sait que certains pays «amis» du Sénégal ne verraient pas d’un bon œil l’exploitation de cette ressource en hydrocarbures. Le gaz sénégalais apparaît très compétitif par rapport à d’autres régions et fournisseurs. Le Sénégal et la Mauritanie pourront-ils toujours ignorer les vents contraires et poursuivre leur partenariat ? Des pays, notamment la Russie, le Qatar et l’Algérie, pourraient ne pas voir d’un bon œil l’arrivée sur les marchés internationaux du gaz sénégalo-mauritanien. Du reste, le Président Macky Sall avait dû batailler ferme sur la scène internationale pour faire accepter la poursuite de l’exploitation des énergies fossiles par les pays africains. Dans un élan de préservation de l’environnement, de nombreux pays développés continuent de demander l’arrêt de ce type d’exploitation, surtout pour ce qui est des gisements off-shore qui sont présentés comme très polluants pour l’environnement. Bassirou Diomaye Faye aura-t-il une voix aussi forte que celle de Macky Sall pour faire entendre raison à la Communauté internationale ?
CES GOULOTS D'ÉTRANGLEMENT DES CORPS DE CONTRÔLE
IGE, OFANC... : un fonctionnement entravé ? L'ancien patron de la Cour des comptes, Abdou Bame Guèye, dresse un constat sévère des difficultés structurelles qui minent l'efficacité des missions de ces organes régaliens
Le président honoraire de la Cour des comptes, Abdou Bame Guèye, a exposé plusieurs goulots qui limitent l’efficacité des institutions et corps de contrôle des finances publiques. L’ancien payeur général du trésor animait hier, à l’Ecole nationale d’administration (Ena), une conférence publique sur le thème : «La gouvernance économique et financière au Sénégal : rôle et place des institutions et corps de contrôle».
C’est un exposé sans langue de bois. L’ancien premier président de la Cour des comptes semble prendre sa revanche sur son « devoir de réserve » pour relever les goulots qui étranglent les institutions et corps de contrôle des finances publiques. En tout cas, devant les élèves de l’Ena, à l’occasion des «grandes conférences de l’Ena», Abdou Bame Guèye a livré un exposé sans complaisance sur les menaces qui plombent l’efficacité des institutions et des corps de contrôle.
Selon le président honoraire de la Cour des comptes, les institutions et services de contrôle des finances publiques souffrent de manque de considération dans l'exercice de leurs fonctions par les autorités. Ce, relève-t-il, malgré leur rattachement institutionnel. En effet, la Cour des comptes est une institution de la République. L’Inspection générale d’Etat est placée sous la tutelle de la Présidence de la République et l’inspection générale des finances est rattachée au ministère des Finances. Mieux, la plupart des services de contrôle interne sont rattachés aux cabinets du ministre, a souligné l’ancien payeur général du Trésor pour qui, du point de vue institutionnel, le problème ne se pose pas.
Le problème, dira-t-il, c'est un sous-effectif notoire qui caractérise les corps de contrôle, qui est toujours une inéquation. Il y a aussi le refus de l'autorité de tutelle des institutions concernées de contrôler certaines structures. L’ancien premier président de la Cour des comptes regrette aussi le classement sans suite des rapports. «Ce qui n'est pas reluisant pour le vérificateur», s’époumone Abdou Bame Guèye. Il a aussi relevé les attaques contre les institutions de contrôle après la publication de rapports. « Ces menaces extérieures témoignent de la volonté des autorités de fragiliser les institutions et corps de contrôle», dénonce le président honoraire de la Cour des comptes non sans ajouter : «La gouvernance économique et financière au Sénégal ne peut s'exonérer de contrôle, de la responsabilité et de la transparence pour garantir une gestion budgétaire sans opacité.»
A ces menaces, à en croire Abdou Bame Guèye, viennent s’ajouter d’autres d’ordre interne dans les institutions et corps de contrôle. Il cite, entre autres, la démission dans la gestion des missions au prétexte d'un manque de moyens, la médiocrité des rapports, la non-publication de rapports. L’ancien premier président de la Cour des comptes a aussi dénoncé le retard dans la publication des rapports.
C’est pourquoi, afin de renforcer les institutions et corps de contrôle dans leur travail, il a recommandé leur ouverture à l'expertise extérieure en recrutant des agents en dehors même des fonctionnaires. Il a en outre invité les autorités à faire des rapports des institutions et corps de contrôle des mines d'informations et de recommandations pour le gouvernement. Il a aussi milité pour l'indépendance des membres des institutions et corps de contrôle des finances publiques. Dans la perspective, il a invité les institutions et corps de contrôle à évoluer de leur rôle de contrôle de dépenses publiques vers un rôle d'éclairage des pouvoirs publics sur ce qui fonctionne ou pas en matière de gouvernance publique.
LANCEURS D’ALERTE : Abdou Bame Guèye se méfie
«Quand c'est des gens qui se lèvent un jour, se décrètent lanceurs d'alerte, personnellement, il faudrait se méfier. Car le rôle de lanceur d'alerte doit servir à donner des informations utiles et exploitables. Il faut faire attention. Les services de contrôle ont les moyens de fonctionner. S'il fournit de bonnes informations et utiles, le lanceur d’alerte peut aider les institutions et services de contrôle des finances publiques dans leur travail. Certains pensent maintenant qu'ils doivent se pousser des ailes avec l'annonce des nouvelles autorités de protéger les lanceurs d'alerte. Il ne faut pas tomber dans le piège des gens qui font des ragots.»
CES MAUX DE LA CORDONNERIE ET DE LA MAROQUINERIE
Les acteurs de la cordonnerie et de la maroquinerie n’ont pas pu écouler leurs marchandises durant la fête de Korité. Ils accusent la concurrence des Chinois et des Turcs.
Les acteurs de la cordonnerie et de la maroquinerie n’ont pas pu écouler leurs marchandises durant la fête de Korité. Ils accusent la concurrence des Chinois et des Turcs. «Ce qui s’est passé au Sénégal durant la fête de Korité est inadmissible et inédit. Le marché local a été inondé de chaussures et d’autres marchandises venant de la Turquie et de la Chine. Nous avons vécu une fête très difficile car nous n’avons pas pu écouler nos produits à cause de la concurrence. C’est inadmissible », a dénoncé Ousmane LO, président du collectif «And samm luniou mome» qui regroupe de nombreuses associations de personnes s’activant dans la cordonnerie et la maroquinerie.
« Nos magasins et boutiques sont remplis de chaussures, de sacs et autres. Personne n’a pu écouler ses produits à cause de la concurrence déloyale. Cette année, nous avons des membres du collectif qui ont eu du mal à s’acquitter de la dépense lors de la fête de Korité », a-t-il fait savoir. Il ajoute, «nous avons vu des membres de notre collectif emprunter 15.000f pour faire des achats pour leurs enfants. Ce n’est jamais arrivé par le passé. Nous sommes vraiment fatigués», a ajouté M.LO.
Il demande au nouveau gouvernement de statuer sur cette affaire qui est en train de plomber les produits locaux. «Nous demandons à ce qu’il y ait des concertations sérieuses en nous impliquant car il n’est plus question que des gens décident à la place des cordonniers. Le nouveau gouvernement doit penser à régler ce problème qui continue d’appauvrir les Sénégalais», a-t-il conclu.
RENFORCEMENT DES POUVOIRS DU PREMIER MINISTRE, LE OUI MAIS DU PROFESSEUR MEISSA DIAKHATE
La fonction de Premier ministre a connu des variables au Sénégal. Elle a été supprimée sous Senghor et Diouf avant de subir le même sort avec Macky. Des voix s’élèvent de plus en plus au sein du nouveau régime pour demander l’augmentation de ces pouvoirs
La fonction de Premier ministre a connu des variables au Sénégal. Elle a été supprimée sous Senghor et Diouf avant de subir le même sort avec Macky Sall. Des voix s’élèvent de plus en plus au sein du nouveau régime pour demander l’augmentation des pouvoirs du Pm. Mais le professeur Meissa Diakhaté alerte sur les risques réels de le faire avant de définir la nature du régime.
Des rumeurs persistantes avaient fait état, la semaine dernière, de la gestation d’un projet de loi pour augmenter les pouvoirs du Premier ministre. Interpellé sur la question, le professeur Meissa Diakhaté de la Faculté des sciences juridiques et politiques de l’Université Cheikh Anta Diop de Dakar répond en ces termes : «Deux axes de réforme possibles. Le premier, c’est de passer par l’existant, c’est-à-dire les dispositions constitutionnelles en vigueur. Elles offrent au président deux possibilités, celles d’utiliser des décrets pour faire des délégations de pouvoir. Il peut aussi autoriser le Premier ministre à signer des décrets. Maintenant, quand on cherche à réformer, il est possible d’aller dans le sens de réformer la Constitution et, au mieux, de renforcer les prérogatives du Premier ministre. Dans ce cas de figure, il faut savoir lire l’environnement et le contexte politique.» C’est que le caractère inédit de l’élection d’un président de la République choisi par son président de parti, devenu son Premier ministre nourrit quelque craintes. «Actuellement, il y a une complicité entre le président de la République et le Premier ministre. Dans ce cas, il n’y a aucun risque. Mais, demain, si vous le faites, et qu’il n’y a pas de coïncidence entre le Premier ministre qui a une majorité à l’Assemblée nationale et le président de la République, vous pouvez installer une situation de crise quasiment, ce qui est arrivé au Sénégal en 1962», analyse Pr Diakhaté.
Régler la nature du régime
Le spécialiste du droit dit avoir «un problème» avec ce renforcement des pouvoirs du Pm. «On ne peut pas le définir à priori, on le fait en établissant une relation avec la nature du régime politique. Quand vous êtes dans un régime présidentiel, les prérogatives du Premier ministre sont nécessairement des prérogatives renforcées. Quand, vous êtes dans un régime de type parlementaire, il n’y a pas de problème. La quasi totalité des prérogatives est dévolue au Premier ministre. Dans le contexte sénégalais, on a des problèmes parce que de 1960 à 1962, il n’y avait pas de confusion, on avait un régime de type parlementaire. Après restauration-suppression du poste de Premier ministre pour qualifier le régime politique jusqu’à ce que nous avons vécu en 2019, le président a supprimé par confusion un régime présidentiel. On réintroduit encore le poste de Premier ministre au point où on a toutes les difficultés pour qualifier la nature du régime politique. Je pense que le Sénégal doit régler ce débat-là ; qu’on sache quelle est la nature de notre régime politique. En fonction de cela, vous pouvez maintenant rééquilibrer en fonction de ce que vous voulez. Mais, nous, on a des régimes hybrides, des régimes hétérodoxes pour, disait le professeur Elhadji Mbodji, des régimes inqualifiables». Et l’enseignant-chercheur d’ajouter : «Si, dans ce régime-là, vous ne clarifiez pas la nature du régime, vous ne clarifiez pas la nature du régime et vous cherchez à renforcer l’étendue des pouvoirs du Premier ministre, ça marche. Mais, on va vers des élections législatives prochainement, avec ou sans dissolution de l’Assemblée nationale. Dans tous les cas, il y aura ultérieurement, élections législatives. Imaginez que vous ayez une majorité qui ne coïncide pas avec le parti au pouvoir, vous voyez la situation que vous allez installer dans ce pays.»
Par Ibou FALL
JE SUIS MONOGAME MAIS JE ME SOIGNE
L’élection de Diomaye est une révolution, non pas seulement parce qu’il est le premier opposant à remporter une présidentielle au premier tour. Il nous confirme dans notre imaginaire collectif : la Sénégalaise n’a pas le même standing que le Sénégalais
Depuis le 2 avril 2024, la polygamie, longtemps revendiquée comme la plus farouche et indécrottable manière d’être sénégalais, frappée d’authenticité mais marginalisée en République, franchit le Rubicon.
Jusque-là, disons, avant l’ère Bassirou Diomaye Faye, elle s’arrête aux portes du Palais : de Senghor à Macky Sall, rien que des monogames, dont les heureux époux de deux Françaises, pardon, deux «Sénégalaises d’ethnie toubabe» comme le précisera Viviane Wade, histoire de confirmer sa légitimité de maîtresse de maison, douze années durant, dans le pied-à-terre de l’avenue Léopold Sédar Senghor
Au palais de la République, comme par respect pour une règle tacite, soixante-quatre ans durant, la monogamie prend ses quartiers, en faisant un bastion imprenable du tête-à-tête amoureux, une forteresse du couple, un temple de la vie amoureuse à deux, alors qu’ailleurs, sur le continent, et même au-delà, ça ne se gêne pas trop dans les palais présidentiels quant à additionner les épousailles ou entretenir des favorites à peine clandestines en multipliant les bâtards…
Le Sénégal, curieusement, ne laisse pas échapper de sordides secrets d’alcôves à ce niveau. Certes, de folles rumeurs, jamais prouvées, animent depuis la nuit des temps les ragots de conciergerie qui tiennent plutôt du fantasme collectif que les ravissantes mondaines de la jet-set inspirent aux mauvais coucheurs
Il faut de tout pour faire une République, surtout des racontars
Dans les milieux féministes, postes avancés de l’émancipation des Sénégalaises, ça bataille jusque-là contre l’informel. La polygamie existe, certes, bien avant la pénétration de l’islam, alors que les roitelets locaux entretiennent des harems qui sont autant de pactes d’alliances entre les familles guerrières.
Chez les badolos, qui cultivent la terre et élèvent leur bétail quand ils ne vont pas pêcher au large, il faut des bras, autant que possible, et vigoureux de préférence. Multiplier les épousailles est presque une obligation pour survivre à la pauvreté, parce qu’il est surtout question de se multiplier à l’envi. L’utile et l’agréable : n’est-ce pas une manière d’avoir plusieurs cordes à son arc ?
Lorsqu’arrive le Toubab sur la côte et qu’il se met à construire des villes, sa cohabitation avec les autochtones n’empêche rien : les ruraux débarquent dans la cité avec leurs manières de ploucs et leur basse-cour. Quelques-uns franchissent les limites tolérées et s’urbanisent. Ils résident non loin des quartiers des Toubabs, assimilent leurs codes et urbanités au point de fonder des foyers dont les marmots font café au lait.
A ma droite, ces constipés de monogames et, à ma gauche, ces polygames dissipés…
Dans la hiérarchie de ce qui devient la colonie française d’Afrique occidentale, si l’on veut grimper dans la hiérarchie, autant faire comme les Toubabs… Bien sûr qu’il y en a qui font de la résistance : ces trop virils messieurs ont beau fréquenter les cercles de la haute société coloniale, jouir de ses privilèges, dès que ça descend sous la ceinture, ils restent des Nègres, aussi authentiques que susceptibles, hypersensibles à la provocation.
Pas touche à ma polygamie…
Surtout que le statut est couvert par l’islam, la religion qui fait alors fureur dans les cercles vernaculaires, et qui phagocyte le sempiternel paganisme après lui avoir emprunté ses décoctions nauséabondes, ses amulettes surréalistes et ses mythes effroyables. C’est une recommandation divine serine-ton à l’intention des Toubabs et leurs sbires, comprenez ces traîtres d’assimilés nègres qui renoncent à leur culture, épousent des Blanches, se permettent même de s’apostasier au nom du Progrès et de la sacro-sainte Civilisation !
Et puis, surtout, quelle est cette lubie de croire que les femmes sont les égales des hommes alors que même les Toubabs qui en parlent n’en croient pas un traître mot ? Quand l’Occident nous ramène cette question sur la table, on lui crache à la figure qu’il ne sait plus reconnaître ce qu’est un homme ou une femme : les gays, les transsexuels, et toute la gamme des frustrés de la quéquette et du clito vous saluent bien bas.
Bref, jusqu’à ce jour, le débat ne sera jamais tranché dans le vif.
Sauf que Senghor n’aurait jamais osé ramener au Palais une Négresse qu’il présenterait à Madame Colette Hubert comme une petite sœur disponible pour les tâches domestiques ingrates. L’art de faire avaler ce genre de sornettes à son épouse vieillissante est une authentique sénégalaiserie certes, mais il faudrait que l’impétrante, à qui l’on refile une assistante si gentiment, ait la comprenette rouillée. Abdou Diouf, non plus. Il a beau poser à la Tabaski avec une Première Dame légèrement bronzée, cette histoire de seconde épouse, n’y comptez jamais, même pas en rêve : le protocole que dirige Bruno Diatta est d’une vigilance absolue. Le Fmi et la Banque mondiale, qui paient à l’époque tous les salaires du pays, ont plutôt tendance à favoriser le dégraissage de la Fonction publique, et virer le personnel encombrant. Alors, comment leur expliquer, à ces sourcilleux bailleurs de fonds, qu’il y a une smala supplémentaire à entretenir, à grands frais, avec les deniers publics, alors qu’on est en plein ajustement structurel ?
Ils auraient plutôt tendance à encourager le célibat, ces financiers économes
Le Père Wade ? C’est un enfant de l’époque coloniale en dépit de ses manières de kaw-kaw du Cayor qui a le bon goût de se faire déclarer à Saint-Louis pour embarquer sur la galère de la citoyenneté, du progrès, de la modernité et du métissage senghorien. La consigne d’alors ? Un homme, une femme, une seule, et peau couleur de lait de préférence… Il a le choix, n’est-ce pas : qu’est-ce qui l’empêcherait en ces ères farouches, de se faire paysan rude, mais polygame comblé ?
Un éclair d’espoir traverse la populace quand Macky Sall, né après les indépendances, débarque avec une Première Dame bien de chez nous : Marième Faye, qui esquisse des pas de pakargni en public, affiche ses dévotions et ses cheveux naturels, ne surveille pas sa ligne. Enfin, nous redevenons nousmêmes, authentiques… Sauf qu’il y a un hic : contrairement aux vrais Nègres qui osent tout, Macky Sall a manifestement peur de sa femme.
Ce qui n’est pas très sénégalais.
L’élection de Bassirou Diomaye Faye est une révolution, non pas seulement parce qu’il est le premier opposant à remporter une présidentielle dès le premier tour. Il est celui qui nous ressemble le plus, en majorité, et nous confirme dans notre imaginaire collectif : la Sénégalaise n’a pas le même standing que le Sénégalais.
La question qui fâche : à quel moment la République se demandera sérieusement pourquoi une moitié de la population n’a pas les mêmes droits que l’autre ?
Je ne parle pas d’apartheid, mais bien de polygamie.
LES PREMIERES DIRECTIVES STRATEGIQUES DU PRESIDENT FAYE A LA UNE DE LA REVUE DE PRESSE DE L'APS CE JEUDI
L’intérêt de la livraison de jeudi de la presse quotidienne porte notamment sur les premières mesures matérialisant la volonté de rupture des nouveaux dirigeants du pays.
Dakar, 18 avr (APS) – L’intérêt de la livraison de jeudi de la presse quotidienne porte notamment sur les premières mesures matérialisant la volonté de rupture des nouveaux dirigeants du pays.
De nouvelles orientations du président Bassirou Diomaye Faye ont été rendues publiques à l’issue du Conseil des ministres tenu mercredi, lesquelles témoignent de la volonté des nouvelles autorités de mettre en œuvre leur vision pour le Sénégal.
“Bassirou Diomaye Faye lance la machine”, note le journal Le Quotidien en revenant sur les orientations qui font la une de la plupart des quotidiens parvenus à l’APS.
Le Soleil détaille ces “grandes décisions” en évoquant en premier le point concernant la publication des rapports des cinq dernières années de la Cour des comptes, de l’Inspection générale d’État et de l’OFNAC, l’Office national de lutte contre la fraude et la corruption.
La création d’une autorité de régulation du secteur de l’eau et d’un bureau d’intelligence et de prospective économiques, ainsi que d’une direction des affaires religieuses et de l’insertion des diplômés de l’enseignement arabe font aussi partie de ces mesures, rapporte Le Soleil.
Il sera établi de même “un pré-rapport et un rapport définitif sur chaque passation de service. En attendant, avant fin avril 2024, il est demandé au gouvernement de faire le point sur toutes les passations de service effectuées dans les ministères”, écrit EnQuête.
Selon le même quotidien, le président de la République “veut un audit rapide du contrat d’affermage entre l’État du Sénégal et Sen’Eau”, l’entreprise chargée de l’exploitation et de la distribution de l’eau dans les villes sénégalaises depuis janvier 2020.
Le journal Les Échos revient également sur les annonces du gouvernement, dont celle portant sur l’élaboration d’un projet de loi sur la protection des lanceurs d’alerte “avant le 15 mai prochain”, par exemple.
Il signale que des appels à candidatures sont prévus pour certaines hautes fonctions dans les secteurs publics et parapublics, un point parmi un ensemble de mesures qui conduisent L’info à titrer : “La machine s’emballe”.
“Cafards”
Rewmi Quotidien considère que le président Bassirou Diomaye Faye, de cette manière, “lance le début d’exécution du ‘Projet’”, c’est-à-dire la vision sur la base de laquelle ses nouveaux dirigeants comptent gouverner le Sénégal.
“En conformité avec les principes du ‘jub, jubal, jubanti’, de transparence promise”, le président Faye “annonce les couleurs de la ‘reddition des comptes’”, observe Sud Quotidien.
“Bassirou Diomaye Faye lève le coude de Macky [Sall]”, affiche WalfQuotidien, en référence à des déclarations restées célèbres du prédécesseur de l’actuel président de la République. Macky Sall avait déclaré avoir mis le coude sur certains rapports et audits de gestion, ce qui avait été perçu comme une forme d’impunité, dont certains de ses proches allaient bénéficier.
“Après plusieurs années d’attente sous le régime du président Macky Sall, le chef de l’État nouvellement élu a ordonné […] que les rapports des corps de contrôle (la Cour des comptes, l’OFNAC et l’IGE) des cinq dernières années soient publiés”, renchérit L’Observateur.
L’As retient que “Bassirou Diomaye Faye expose les cafards de l’ancien régime”.
“Ce ne sera qu’une question de temps avant de voir sur la place publique tous les rapports des cinq dernières années des corps de contrôle”, soutient Source A.
Pour “fouiller les ex-ministres de Macky Sall après leur passation de service, Bassirou Diomaye Faye leur colle [Ousmane] Sonko”, ajoute le même journal.
“Sale temps pour les magouilleurs”, commente Libération sur sa une, Vox Populi annonçant que des audits “tous azimuts” seront lancés à l’initiative du chef de l’État, lequel “fouille partout”.
Vox Populi rapporte aussi que le président de la République a demandé au Premier ministre d'”élaborer avant fin avril un rapport exhaustif sur les constats et les propositions relatives à la situation sectorielle, administrative, budgétaire et financière de chaque ministère”.
Le commissaire Idrissa Cissé pressenti à la DGPN
On lorgne le fauteuil du Directeur général de la Police depuis l’avènement du Président Bassirou Diomaye Faye à la magistrature suprême. Dans les chaumières, on cite des noms de commissaires de police qui sont pressentis pour remplacer l’actuel Directeur général, l’inspecteur général de Police, Seydou Bocar Yague. Si d’aucuns soutiennent que Mame Seydou Ndour est sur la short list du chef de l’Etat, d’autres sont d’avis que c’est le commissaire Idrissa Cissé, actuel directeur de la police judiciaire, qui va hériter de la Direction générale de la police nationale.
Évaluation du dossier de la concession de Dakarnave
Le renouvellement de la concession de Dakarnave avait fait beaucoup de bruit. Eh bien ! On en saura davantage sur les tenants et les aboutissants de ce dossier qui a attiré l’attention des nouvelles autorités. C’est pourquoi, en conseil des ministres hier, le chef de l’Etat a demandé au ministre des Pêches et des Infrastructures Maritimes et Portuaires de faire le point sur le dossier de la concession des chantiers navals de Dakarnave, l’évaluation de ses activités et des mesures prises par l’Etat avant la fin de la concession prévue en juin 2024. Dans le même sillage, Bassirou Diomaye Faye a demandé l’édification du Port multifonction de Ndayane avec DP World et de procéder à la revue de tous les projets et contrats dans le secteur maritime et portuaire. Le Président Faye a exhorté, en ce sens, la tenue d’un conseil interministériel spécial sur les infrastructures maritimes et portuaires.
Point sur les universités
Le Président Faye veut avoir une idée claire de la situation financière, académique et sociale des universités. A cet effet, il appelle à un suivi soutenu de la part du gouvernement. Le chef de l’Etat a instruit le ministre de l’Enseignement supérieur, de la Recherche et de l’Innovation de faire, en rapport avec la conférence des Recteurs, la situation globale dans les universités publiques et de proposer un plan de relance des activités académiques et de gestion des urgences sociales dans l’Enseignement supérieur.
Diomaye en Mauritanie et en Gambie
La visite était prévue hier. Finalement, c’est aujourd’hui que le Président Faye effectuera sa première visite, hors du Sénégal, en Mauritanie avant de se rendre en Gambie le samedi 20 avril 2024. Le chef de l’Etat entend ainsi s’inscrire dans la continuité du renforcement des liens historiques de bon voisinage et de brassage socio-culturel entre ces pays et le Sénégal. Il envisage aussi de rendre visite à ses autres homologues du voisinage immédiat. Aussi, il a demandé au gouvernement de veiller particulièrement au maintien et au renforcement des relations cordiales que notre pays entretient avec ses voisins.
Une série de conseils interministériels
Ça commence à bouger. Le Premier ministre a vraiment du pain sur la planche. Ousmane Sonko va présider dans les prochains jours plusieurs Conseils interministériels. En conseil des ministres hier, Sonko a fait part au président de la République de la démarche d’élaboration du plan d’action du gouvernement. Pour ce faire, chaque ministre devra lui soumettre sous huitaine un plan sectoriel. Il annonce la tenue d’un séminaire gouvernemental les 27 et 28 avril et des réunions interministérielles. Il s’agit de conseils interministériels consacrés à la préparation de la Tabaski 2024 ; à la campagne de production agricole 2024 ; à la préparation de l’hivernage ; à la préparation des examens et concours et une réunion interministérielle de suivi des engagements du gouvernement dans le cadre de la préparation du pèlerinage à la Mecque, édition 2024.
Les délégués prennent la défense de Mamour Diallo
Le Dg de l’Onas Mamadou Mamour Diallo, peut compter sur l’Intersyndicale des délégués du personnel de l’Office national de l’assainissement du Sénégal (ONAS). Balayant d’un revers de main les accusations portées contre le directeur général, les délégués accusent le cadre unitaire des syndicats de vouloir déstabiliser l’entreprise. D'après le chargé de communication de l'intersyndicale, Seydou Talla, les auteurs de ces accusations usent des procédés peu catholiques pour déstabiliser l’entreprise. Il souligne que ces informations erronées sont véhiculées par quelques représentants syndicaux dont le dessein inavoué, c’est de faire les yeux doux aux nouvelles autorités. Il affirme qu’il n’a jamais été question de recrutement massif. S’agissant du cas des prestataires, il rappelle qu’il a toujours été au cœur des préoccupations du Directeur général.
Un aviculteur tué dans sa chambre à Yeumbeul
Le quartier Darou Salam 06 de la Commune de Yeumbeul-Nord s’est réveillé hier dans la stupeur. Aviculteur de profession et âgé de 25 ans, Pape Diaw a été retrouvé mort dans des conditions atroces dans la chambre. Il vivait seul dans sa maison. Selon nos sources, les faits ont eu lieu mardi en début de soirée. La maman de l’aviculteur Soda Thiam était venue rendre visite à son fils. Après avoir tapé à maintes reprises à la porte sans réponse, un ami de l’aviculteur a escaladé le mur. Il pousse la porte de la chambre qui était entrouverte. Ils ont trouvé Pape Diaw baignant dans une mare de sang. Les limiers de Comico Yeumbeul ainsi que ceux de la Police scientifique et des sapeurs-pompiers se sont déployés sur les lieux. La dépouille est évacuée dans une structure sanitaire de la place pour les besoins de l’autopsie. Pour le moment, on évoque la thèse d’un meurtre vu les blessures apparentes sur le corps de l’aviculteur. Les habitants du quartier ont saisi l’occasion pour déplorer l’insécurité favorisée par l’absence d’éclairage public et des maisons abandonnées. Une enquête est ouverte par la police de Comico Yeumbeul.
La ville de Thiès enrôle 1 089 bénéficiaires de bourses
Depuis deux ans, la ville de Thiès déroule un programme d’investissement dans la formation professionnelle et technique des jeunes, dénommé « Éducation et Formation pour tous ». Hier, le gouverneur de la région de Thiès, Oumar Mamadou Baldé a présidé hier la signature de conventions entre la ville de Thiès et les différentes structures agréées de formation professionnelle. C’est dans le cadre du programme d’investissement dans la formation professionnelle et technique des jeunes, dénommé « Éducation et Formation pour tous ».Dr Babacar Diop, maire de la Ville indique que pour l’année académique 2022-2023, la ville a offert 651 bourses, soit 68% des dossiers reçus, pour une enveloppe de 101 972 625 FCfa. Et pour l’année en cours 2024, 831 nouveaux bénéficiaires sont enrôlés, compte non tenu de plus de 258 demandes de renouvellement de l’année dernière, soit un total de 1 089 bourses, pour un montant de 208 780 655 FCFA. Selon lui, l’objectif est de porter l’enveloppe dédiée aux bourses scolaires à 500 millions de Fcfa avant la fin du mandat, mais également de pouvoir offrir des bourses d’excellence, afin de permettre aux étudiants de poursuivre leurs formations à l’étranger. Il renseigne que ces bourses scolaires sont disponibles pour diverses formations professionnelles et techniques diplomantes (électricité, couture, hôtellerie, multimédia, journalisme, communication, marketing, plomberie, mécanique, agriculture, santé, etc.). Ces bourses ne sont pas seulement destinées à réduire les obstacles financiers à la formation, mais aussi à encourager l’excellence académique, l’innovation et le leadership.
Nomination de DG provisoires
Depuis la mise en place du nouveau gouvernement, le Président Bassirou Diomaye Faye n’a pas encore procédé à des nominations aux postes de directions et d’agences de l’État. Parce que, dans son programme en tant que candidat, il a annoncé que l’État allait faire des appels à candidature pour sélectionner les directeurs généraux. Mais pour le moment, « L’As» est en mesure d’annoncer que le successeur de Macky Sall va désigner des directeurs généraux provisoires en attendant d’appliquer les appels d’offres qui risquent de tirer en longueur.
Visite du Cemga
Le CEMGA était au chevet des militaires hospitalisés à l'Hôpital Principal(HPD) et à l'Hôpital militaire de Ouakam (HMO). Une visite bimestrielle aux militaires internés: blessés ou souffrant d'une maladie que le Général Cissé effectue souvent pour leur apporter soutien et réconfort
LE PS OU L’IMPOSSIBLE RECONQUÊTE DU POUVOIR
Du règne sans partage à la faillite annoncée: itinéraire d'un parti historique. Le PS a connu une lente déliquescence après sa défaite de 2000, miné par les dissensions internes et sa soumission au pouvoir en place
Quelle vie pour les partis ayant dirige le Sénégal ?
Dans une série d’articles consacrés à la faillite des partis au pouvoir passés dans l’opposition, Le Témoin vous propose les grandes étapes traversées par le Parti socialiste (PS) depuis 2000, année de sa chute après 40 ans de direction des affaires du pays.
Le Parti Socialiste, premier parti à exercer le pouvoir après avoir conduit notre pays à l’indépendance sous le sigle du Bds puis de l’Ups (Union progressiste sénégalaise), a battu le record de longévité au pouvoir pour l’avoir exercé de 1960 à 2000. Soit durant quarante longues années. Il a donné au pays deux présidents de la République, à savoir Léopold Sédar Senghor, père de l’indépendance du Sénégal, et Abdou Diouf. Après avoir été défaits, via leur candidat Abdou Diouf durant la présidentielle de l’an 2000, parle leader du PDS (Parti démocratique sénégalais), Me Abdoulaye Wade, les socialistes ont été contraints à une longue cure d’opposition. Durant douze années, ils ont traversé le désert et mangé leur pain noir. Le président Diouf, qui a passé le témoin à Ousmane Tanor Dieng pour être le nouveau secrétaire général du parti, avait senti en lui la capacité de pouvoir poursuivre le combat afin que long travail abattu par de grands intellectuels, des générations d’hommes et de femmes aguerris en politique ne soit pas vain. Une mission que celui qui fut un administrateur chevronné et un grand homme d’État a réussie à la perfection grâce au soutien indéfectible de grands militants qui ont le socialisme dans le sang.
Hélas, la perte du pouvoir et de ses privilèges a entraîné une saignée sans précédent dans les rangs de ce plus vieux parti de notre pays. Certains parmi ses responsables ont été emprisonnés au nom d’une opération «mains propres » lancée par les nouvelles autorités d’alors. Mais, pour l’essentiel, des barons de cette entité politique devenue un patrimoine national pour son vécu et sa gestion du pays, sont restés inflexibles face aux tentatives de débauchage des libéraux. Cela a permis aux «verts’ sous la houlette de feu Ousmane Tanor Dieng de restructurer leur parti, de réunir régulièrement leurs instances statutaires, d’aller en congrès pour renouveler leur direction. Et, surtout, de jouer leur rôle d’opposants « républicains » c’est-à-dire qui inscrivent toutes leurs activités dans le cadre de la loi. Toutefois, cette volonté de résister à la toute puissance du nouveau parti au pouvoir n’a pas permis à la formation politique de Léopold Sedar Senghor de tenir tête au PDS qui a réussi à obtenir une majorité écrasante à l’Assemblée nationale et aussi à récupérer des mairies longtemps contrôlées parle PS. Ceci, à part quelques unes dont Dakar, Thiès, Ziguinchor et Saint Louis.
Hélas, malgré la réorganisation et la remise en ordre de bataille, à l’élection présidentielle de 2007, le candidat du PS, Ousmane Tanor Dieng, a obtenu un maigre score qui l’a placé troisième après le président sortant, Abdoulaye Wade, et Idrissa Seck de Rewmi. Aux élections municipales de 2009, Khalifa Sall et Aissata Tall Sall, sous la bannière de Benno Sigil Sénégal, sauvent leur parti d’un second revers mais ne réussissent pas à remettre les clés du Palais à leur candidat Ousmane Tanor Dieng à l’élection présidentielle de 2012. Lequel, n’ayant pas pu s’entendre avec l’autre candidat socialiste c’est-à-dire Moustapha Niasse, le leader de l’AFP (Alliance des Forces de Progrès, issu d’une scission du Ps), est allé à la compétition sous la bannière de Benno ak Tanor. A l’arrivée, il s’est classé quatrième. Cette élection, qui a consacré l’arrivée de Macky Sall au pouvoir, ouvre une nouvelle ère pour le Sénégal qui réussit une seconde alternance historique. Le nouveau chef de l’État, soutenu au second tour par une grande coalition dont faisait partie le PS, lance le slogan «gagner ensemble et gouverner ensemble».
Le début de la décadence...
Le PS, après douze années passées dans l’opposition, décide de répondre à la main tendue du nouveau chef de l’État. Lequel associe la formation senghorienne à l’exercice du pouvoir. Après 12 années e diète dans l’opposition, le Ps recommence à respirer ne serait-ce que sur le plan financier. Il obtient trois postes ministériels, plusieurs députés, des directions de sociétés nationales, des présidences de conseil d’administration… Une institution, le Haut conseil des collectivités territoriales, est créée spécialement pour Ousmane Tanor Dieng étant donné que son vieux rival Moustapha Niasse avait eu comme récompense la présidence de l’Assemblée nationale.
Toutefois, le premier secrétaire du Ps est accusé de vouloir trahir le legs de Senghor par une aile composée de Khalifa Sall, Me Aissata Tall Sall, Barthélémy Diaz, Bamba Fall entre autres. Lesquels n’entendent pas «diluer la pilule du PS dans le verre de l’APR». Une rébellion éclate dans la famille socialiste dirigée par Khalifa Sall contre Ousmane Tanor Dieng. Macky Sall, qui se projetait déjà vers un second mandat, se livre à son premier test electoral pour mesurer son poids. Un test qui a mal tourné puisque les élections législatives de 2014 ne lui ont pas permis de récupérer de grandes collectivités comme Podor, Ziguinchor, Thiès, Mbacké...mais surtout Dakar où khalifa Sall a presque tout raflé sous la bannière de Taxawu Dakar. Ces résultats constituent une alerte pour le pouvoir en place dans un contexte où le puissant maire de la capitale commence à afficher ses ambitions présidentielles. Décidé à se faire réélire en 2019,Macky Sall décide alors, sans état d’âme, d’actionner la justice pour éliminer «froidement» le potentiel adversaire qu’est Khalifa Sall qui auparavant avait été exclu du PS avec ses partisans. Le fait marquant de cette élection présidentielle de février 2019 est la non participation de l’ancien parti au pouvoir le PS qui renonce à se présenter pour soutenir le candidat de l’APR. Ce scénario inédit a beaucoup affaibli le parti de Senghor qui, depuis lors, a perdu de sa crédibilité. C’était le début de sa mort annoncée par le fait d’intérêts personnels d’hommes et de femmes qui venaient ainsi de sacrifier un long combat politique incarné par de grandes figures de l’histoire politique du Sénégal à l’autel d’intérêts matériels, financiers et pour des honneurs. Et c’est toujours à la remorque de l’APR que le PS a participé à l’élection présidentielle du mis dernier qui a vu une troisième alternance se produire dans notre pays.
La majorité des électeurs a fait confiance à du sang neuf afin d’apporter une rupture radicale par rapport à l’ancienne façon de faire la politique mais aussi de gouverner le pays. A la lecture des résultats des urnes, on se convainc que le peuple sénégalais est dans une dynamique d’en finir avec les partis classiques au profit d’une nouvelle offre politique. C’est pourquoi les anciens partis au pouvoir doivent craindre pour leur avenir.
Par Mbagnick DIOP
MONSIEUR LE PRESIDENT, PRENEZ UN SOIN PARTICULIER A NOS RELATIONS AVEC LA GAMBIE ET NOS AUTRES VOISINS
L’État du Sénégal, sous l’autorité du Président Bassirou Diomaye Faye, doit travailler d’arrache-pied au renforcement des relations avec la Guinée-Bissau, la Guinée Conakry et la République du Mali
Excellence Monsieur le Président Bassirou Diomaye Faye en ayant choisi de consacrer votre première sortie officielle à la République de Mauritanie, vous avez sans doute voulu donner une assurance certaine que les engagements de notre pays pour l’exploitation du gisement gazier Grande Tortue Aymehim, seront tenus. Ce malgré un nécessaire audit. Mais bien plus que cela, votre visite-éclair à Nouakchott sera aussi inscrite dans la géostratégie sous-régionale marquée par des événements déstabilisants. C’est sous ce rapport que nous vous invitons à poser un regard particulier sur la Gambie que nous aurions tort de considérer comme un simple État voisin du Sénégal. La Gambie est, pour notre pays, à l’image du nombril dont la moindre douleur affecte sensiblement la vitalité des autres organes humains. Point n’est besoin de faire un cours de géographie pour vous édifier sur l’organisation administrative de la Gambie. Vis à vis de ce pays, tout nous commande de veiller strictement sur sa sécurité et ses relations internationales.
Pour mémoire, nous convoquons des faits historiques. En 1981, une tentative de coup d’État des éléments de la Field force (police gambienne) était déjouée. Quelques mois après, précisément dans la nuit du 29 au 31 juillet 1981 intervint le coup de force sanglant de Kukoï Samba Sagnang. Deux tentatives de renversement de l’ordre constitutionnel dans ce pays que l’armée sénégalaise a fait échouer avec les opérations Fodé Kaba 1et 2.
Le 22 juillet 1994, un autre coup d’État dirigé par James Junkung Jammeh ou Yaya Abdou Aziz de son nom musulman, a définitivement sonné le glas politique de Sir Daouda Kaïraba Diawara, Président de la Gambie depuis son indépendance en 1969.
Le Sénégal, un pays gendarme !
Excepté le coup de Yaya Jammeh, toutes ces opérations insurrectionnelles ont été désamorcées au prix de lourds sacrifices consentis par le Sénégal sous l’autorité du Président Abdou Diouf. Un Président à l’image d’un « gendarme » ami qui s’est toujours déployé en Gambie pour la sauver du chaos. N’eût été sa grande lucidité et, surtout, son courage sous-tendu parle professionnalisme de nos forces armées, la Gambie aurait échappé définitivement à l’emprise géostratégique du Sénégal. Cette emprise a été consolidée à la faveur du pacte confédéral signé dans la ville gambienne de Kaur, en novembre1981. Un pacte créant une confédération entre la Gambie et le Sénégal malheureusement minée par d’autres pays ouest-africains, en intelligence avec la Grande Bretagne qui entendait garder la Gambie dans le Commonwealth l’équivalent anglophone de la Francophonie.
Outre ce rappel historique procédant du devoir de mémoire, le président Bassirou Diomaye Faye se doit de comprendre parfaitement que notre sûreté nationale et notre sécurité sont et seront à jamais étroitement liées à celles de la Gambie. Les Gambiens, tel qu’ils le disent, sont dans la même disposition d’esprit et savent que le fameux « mboka » (le lien de parenté) entre eux et nous date de la nuit des temps et continuera à résister à toute forme de division.
Dans la même veine, l’État du Sénégal, sous l’autorité du Président Bassirou Diomaye Faye, doit travailler d’arrache-pied au renforcement des relations avec la Guinée-Bissau, la Guinée Conakry et la République du Mali. Des pays caractérisés par la prééminence militaire sur le processus démocratique. Lequel y échappe au contrôle des partis politiques.
Dans l’ensemble de sa diplomatie, le Sénégal a intérêt à situer prioritairement les pays qui l’entourent y compris bien sûr la République du Cap-Vert. Concernant la Mauritanie, « Le Témoin » a déjà exposé les raisons qui imposent l’approfondissement et la consolidation de nos relations avec elle. Car, comme le dit l’adage, on peut choisir ses amis guère ses voisins qui, eux, s’imposent naturellement à soi.