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25 février 2025
Par Kaccoor Bi
LES ECURIES D’AUGIAS
Tremblez messieurs et dames ! A la lecture du communiqué du Conseil des ministres d’hier, on est tenté de dire : pourvu que la même rigueur dure et s’applique à tout le monde.
Tremblez messieurs et dames ! A la lecture du communiqué du Conseil des ministres d’hier, on est tenté de dire : pourvu que la même rigueur dure et s’applique à tout le monde. Que les intentions ne soient pas des vœux pieux comme le fut cette promesse d’une gestion sobre et vertueuse de l’année 2012 et qui s’est réalisée exactement à l’envers.
Depuis nos glorieuses indépendances, à part l’intermède Diouf avec sa loi sur l’enrichissement illicite qui n’avait permis de sanctionner que des lampistes, depuis donc ces glorieuses indépendances, on n’a pas souvenance d’avoir vu les voleurs de nos deniers publics lourdement sanctionnés à travers notamment un séjour carcéral. Pendant longtemps ces voleurs n’ont cessé de tirer la langue à la populace.
Hier, Seugn Bass n’a pas tremblé et, dans quelques salons huppés, c’est sûr que y en a qui ont failli piquer une crise cardiaque. On verra bien ce que donneront les missions de vérification des corps de contrôle lâchés hier dans les ministères. Ce serait déjà ça de gagné si ces missions fichent la trouille à tous ces fonctionnaires jamais repus et qui bouffent des deux mains nos sous. Seugn Bass, qui doit en connaître davantage sur les mœurs de ces messieurs et dames qui ont gouverné ce charmant pays ces douze dernières années, a également ordonné l’audit rapide du scandaleux contrat d’affermage entre l’Etat (SONES) et SEN’EAU et du contrat de performances Etat-SONES-SEN’EAU.
Ça va certainement donner des démangeaisons à certains. Pourquoi donc pensez-vous au Beauf de l’ex-Chef ? Et y a pas que ça. Seugn Bass, qui a bouffé du lion, a également ordonné la publication des rapports de la Cour des comptes, de l’Inspection générale d’Etat et de l’OFNAC des cinq dernières années. Eh eh, c’est pas la presse qui va manquer de matière dans les semaines voire les mois à venir !
L’administration pénitentiaire aura assurément du boulot si l’on sait le nombre de dossiers que l’ex-Chef avait mis sous le coude, protégeant des voleurs pendant que d’autres étaient promus à de hautes fonctions après avoir dilapidé nos ressources. Plutôt que d’être châtiés, ces bienheureux étaient au contraire promus pour leurs performances de kleptomanes !
L’œuvre de salubrité publique que veut réaliser le nouveau Président doit être soutenue par tous ceux qui se réclament patriotes. C’est déjà en soi un symbole très fort de rupture par rapport aux pratiques maffieuses qui prévalaient jusque-là. Diadieuf, Monsieur le Président !
MEISSA DIAKHATE SUGGERE DE «REGLER LA NATURE DU REGIME»
Des voix s’élèvent de plus en plus au sein du nouveau régime pour demander l’augmentation des pouvoirs du Pm. Mais le professeur Meissa Diakhaté alerte sur les risques réels de le faire avant de définir la nature du régime
La fonction de Premier ministre a connu des variables au Sénégal. Elle a été supprimée sous Senghor et Diouf avant de subir le même sort avec Macky Sall. Des voix s’élèvent de plus en plus au sein du nouveau régime pour demander l’augmentation des pouvoirs du Pm. Mais le professeur Meissa Diakhaté alerte sur les risques réels de le faire avant de définir la nature du régime
Des rumeurs persistantes avaient fait état, la semaine dernière, de la gestation d’un projet de loi pour augmenter les pouvoirs du Premier ministre. Interpellé sur la question, le professeur Meissa Diakhaté de la Faculté des sciences juridiques et politiques de l’Université Cheikh Anta Diop de Dakar répond en ces termes : «Deux axes de réforme possibles. Le premier, c’est de passer par l’existant, c’est-à-dire les dispositions constitutionnelles en vigueur. Elles offrent au président deux possibilités, celles d’utiliser des décrets pour faire des délégations de pouvoirs. Il peut aussi autoriser le Premier ministre à signer des décrets. Maintenant, quand on cherche à réformer, il est possible d’aller dans le sens de réformer la Constitution et, au mieux, de renforcer les prérogatives du Premier ministre. Dans ce cas de figure, il faut savoir lire l’environnement et le contexte politique». C’est que le caractère inédit de l’élection d’un président de la République choisi par son président de parti, devenu son Premier ministre nourrit quelque craintes. «Actuellement, il y a une complicité entre le président de la République et le premier ministre. Dans ce cas, il n’y a aucun risque. Mais, demain, si vous le faites, et qu’il n’y a pas de coïncidence entre le Premier ministre qui a une majorité à l’Assemblée nationale et le président de la République, vous pouvez installer une situation de crise quasiment, ce qui est arrivé au Sénégal en 1962», analyse Pr Diakhaté.
Régler la nature du régime
Le spécialiste du droit dit avoir «un problème» avec ce renforcement des pouvoirs du Pm. «On ne peut pas le définir à priori, on le fait en établissant une relation avec la nature du régime politique. Quand vous êtes dans un régime présidentiel, les prérogatives du Premier ministre sont nécessairement des prérogatives renforcées. Quand, vous êtes dans un régime de type parlementaire, il n’y a pas de problème. La quasi-totalité des prérogatives est dévolue au Premier ministre. Dans le contexte sénégalais, on a des problèmes parce que de 1960 à 1962, il n’y avait pas de confusion, on avait un régime de type parlementaire. Après restauration-suppression du poste de premier ministre pour qualifier le régime politique jusqu’à ce que nous avons vécu en 2019, le président a supprimé par confusion un régime présidentiel. On réintroduit encore le poste de Premier ministre au point où on a toutes les difficultés pour qualifier la nature du régime politique. Je pense que le Sénégal doit régler ce débat-là ; qu’on sache quelle est la nature de notre régime politique. En fonction de cela, vous pouvez maintenant rééquilibrer en fonction de ce que vous voulez. Mais, nous, on a des régimes hybrides, des régimes hétérodoxes pour, disait le professeur Elhadji Mbodji, des régimes inqualifiables». Et l’enseignant-chercheur d’ajouter : «Si, dans ce régime-là, vous ne clarifiez pas la nature du régime, et vous cherchez à renforcer l’étendue des pouvoirs du Premier ministre, ça marche. Mais, on va vers des élections législatives prochainement, avec ou sans dissolution de l’Assemblée nationale. Dans tous les cas, il y aura ultérieurement, élections législatives. Imaginez que vous ayez une majorité qui ne coïncide pas avec le parti au pouvoir, vous voyez la situation que vous allez installer dans ce pays».
DIOMAYE FAYE MET EN BRANLE LE «JUB, JUBAL, JUBANTI»
Le président de la République a notamment ordonné la publication des rapports de la Cour des Comptes, de l’Inspection générale d’Etat et de l’OFNAC des cinq (5) dernières années (2019, 2020, 2021, 2022 et 2023)
En conformité avec les principes du «JUB, JUBAL, JUBANTI», de transparence promise, le Président de la République, Bassirou Diomaye Diakhar Faye annonce les couleurs de la «reddition des comptes». En conseil des ministres qu’il a présidé hier, mercredi 17 avril 2024, il a ordonné la publication des rapports de la Cour des Comptes, de l’Inspection générale d’Etat (IGE) et de l’OFNAC des cinq (5) dernières années (2019, 2020, 2021, 2022 et 2023), entre autres décisions.
«Le Président de la République a notamment ordonné la publication des rapports de la Cour des Comptes, de l’Inspection générale d’Etat et de l’OFNAC des cinq (5) dernières années (2019, 2020, 2021, 2022 et 2023)». Le ton est donné pour la transparence dans la gestion des affaires, promise aux Sénégalais. Le président de la République, Bassirou Diomaye Diakar Faye qui présidé le premier véritable conseil des ministres du gouvernement, après celui de la prise de contact de la semaine dernière, a «D’ores et déjà, instruit l’Inspection Générale d’Etat de mener une mission de contrôle des services de la Présidence de la République dans les meilleurs délais». Avant, il a demandé au Ministre de la Justice, Garde des Sceaux, «de finaliser avant le 15 mai 2024, un projet de loi sur la protection des lanceurs d’alerte. Dans le même sillage, il a ordonné, au-delà des audits et des missions périodiques de vérifications dans les ministères, l’organisation annuelle de missions de contrôle dans les institutions constitutionnelles».
JOURNEE DU DIALOGUE NATIONAL, LE 28 MAI, SUR LE THEME DE «LA REFORME ET LA MODERNISATION DE LA JUSTICE»
Revenant sur la politique de transformation de l’Administration publique, il a rappelé les principes partagés du «JUB, JUBAL, JUBANTI», afin de bâtir une Administration performante au service des Sénégalais et des intérêts du Sénégal. C’est le sens de sa lettre n° 00807/PR/SP du 08 avril 2024 adressée aux fonctionnaires et agents de l’Administration du Sénégal. Dans cet esprit, il a demandé au Premier Ministre de «préparer un projet de décret relatif à l’appel à candidatures pour certaines hautes fonctions dans les secteurs public et parapublic». Le Président Diomaye Faye a demandé également au Premier Ministre et au Ministre en charge de la Fonction publique de finaliser, dans les meilleurs délais, un projet de loi relatif à l’accès à la fonction publique, en vue d’assurer l’égalité des chances d’accès aux emplois et fonctions dans l’administration publique. Le Chef de l’Etat a aussi invité le Premier Ministre à préparer la tenue de la Journée du Dialogue national le 28 mai, sur le thème prioritaire de «la Réforme et la Modernisation de la Justice». Il a, par ailleurs, demandé au Premier Ministre et aux membres du Gouvernement de «veiller à la sécurisation des données» dans le secteur public, à la Présidence de la République, à la Primature et dans les Ministères en particulier. A ce sujet, le Président de la République a invité le Ministre en charge du Numérique à présenter prochainement en Conseil des Ministres, un projet de loi d’orientation sur les données et leur sécurisation conformément à la politique de promotion de la souveraineté numérique, informe le communiqué du conseil.
«FAIRE LE POINT SUR TOUTES LES PASSATIONS DE SERVICES EFFECTUEES DANS LES MINISTERES ET D’ELABORER, AVANT FIN AVRIL 2024, UN RAPPORT EXHAUSTIF…»
Déjà, suite à la mise en place du Gouvernement le 05 avril 2024, le Chef de l’Etat «a informé que l’Inspection générale d’Etat va dresser un pré-rapport et un rapport définitif sur chaque passation de services». En attendant, le Président de la République a demandé au Premier Ministre, en liaison avec les ministres, «de faire le point sur toutes les passations de services effectuées dans les ministères et d’élaborer, avant fin avril 2024, un rapport exhaustif sur les constats et les propositions relatives à la situation sectorielle, administrative, budgétaire et financière dans chaque ministère, avant toute initiative ou action gouvernementale d’envergure». En outre, il a insisté, avec le Premier Ministre, sur «l’impératif, pour chaque membre du gouvernement, de suivre les procédures fondamentales de validation concernant les orientations politiques de l’action gouvernementale, ainsi que les modalités de communication indiquées à cet effet». Il a demandé, dès lors, au Premier Ministre «de veiller en permanence au respect strict des règles de pilotage, de conception, d’exécution, de coordination et de suivi-évaluation de l’action gouvernementale et des politiques publiques en particulier».
«FINALISER AVANT LE 15 MAI 2024, UN PROJET DE LOI SUR LA PROTECTION DES LANCEURS D’ALERTE»
S’agissant de la supervision et de l’évaluation des politiques et programmes publics, en cohérence avec les dispositifs institutionnels relevant des prérogatives du Premier Ministre, le Président de la République a informé le Conseil de la création à la Présidence de la République, d’un Bureau d’Intelligence et de Prospective Economique (BIPE), ainsi que d’un Bureau de suivi-évaluation des projets et programmes qui va assurer le monitoring des directives présidentielles et du PROJET. Ainsi a-t-il a insisté sur l’urgence de finaliser le plan d’action du gouvernement avec un agenda précis de réalisation des objectifs de souveraineté dans les domaines économique, culturel, sécuritaire, alimentaire, monétaire, numérique et pharmaceutique. Le Chef de l’Etat a demandé au Ministre de la Justice, Garde des Sceaux, de finaliser avant le 15 mai 2024, un projet de loi sur la protection des lanceurs d’alerte. Dans le même sillage, «il a ordonné, au-delà des audits et des missions périodiques de vérifications dans les ministères, l’organisation annuelle de missions de contrôle dans les institutions constitutionnelles».
VERS UN CONSEIL INTERMINISTERIEL SUR LE SECTEUR HYDRAULIQUE, LA CREATION D’UNE AUTORITE DE REGULATION DU SECTEUR DE L’EAU…
Abordant la question de l’accès à l’eau potable dans les centres urbains et en milieu rural, qui demeure une préoccupation majeure des populations, le Président de la République a demandé au Premier Ministre «de tenir un Conseil interministériel sur le secteur hydraulique afin de lui faire des propositions urgentes visant notamment l’accélération des réalisations des projets hydrauliques (forages, châteaux d’eau,réseaux…), l’évaluation des délégations de service public de l’eau potable en milieux urbain et rural, l’évaluation du système de tarification de l’eau et l’adoption d’un grand programme national consolidé d’accès à l’eau potable». D’ailleurs, le Chef de l’Etat «a décidé de la création d’une Autorité de Régulation du Secteur de l’Eau pour améliorer la gouvernance de l’eau au Sénégal». Le Président de la République «est revenu sur la situation académique, budgétaire, financière et sociale dans les universités du Sénégal qui, souligne-t-il, appelle à un suivi soutenu de la part du Gouvernement».
… ET UN AUDIT RAPIDE DU CONTRAT D’AFFERMAGE ENTRE L’ETAT DU SENEGAL (SONES) ET SEN’EAU ET DU CONTRAT DE PERFORMANCES ETAT-SONES-SEN’EAU
Le Chef de l’Etat a demandé à ce sujet au Ministre de l’Enseignement supérieur, de la Recherche et de l’Innovation de faire, en rapport avec la Conférence des Recteurs, «la situation globale dans les universités publiques et de proposer un plan de relance des activités académiques et de gestion des urgences sociales dans l’Enseignement supérieur». Le Président de la République a demandé au Ministre de l’Hydraulique et de l’Assainissement «de procéder à un audit rapide du contrat d’affermage entre l’Etat du Sénégal (SONES) et SEN’EAU et du contrat de performances Etat-SONESSEN’EAU, d’engagerl’évaluation des Partenariats Publics Privés (PPP) et de l’ensemble des contrats de délégation de service public de l’eau potable en milieux urbain et rural avec un ciblage spécial sur les projets de dessalement des Mamelles et de la Grande Côte développés par la SONES avec la JICA et ACWA POWER»
LE PRESIDENT DIOMAYE FAYE ATTENDU EN REPUBLIQUE ISLAMIQUE DE MAURITANIE, CE JEUDI
Au titre de son agenda diplomatique, le Chef de l’Etat a informé le Conseil qu’il effectuera sa première visite, hors du Sénégal en République Islamique sœur de Mauritanie, le jeudi 18 avril 2024 avant de se rendre en République sœur de Gambie le samedi 20 avril 2024. «Avec ces visites, le Président de la République entend s’inscrire dans la continuité du renforcement des liens historiques de bon voisinage et de brassage socio-culturel entre ces pays et le Sénégal», précise la source. En outre, le Chef de l’Etat a fait part au Conseil qu’il envisage de rendre visite à ses autres homologues du voisinage immédiat. Il a, enfin, saisi l’occasion pour engager l’ensemble du Gouvernement «à veiller particulièrement au maintien et au renforcement des relations cordiales que notre pays entretient avec ses voisins». Auparavant, à l’entame de sa communication, il a rassuré qu’après ses visites, le lundi 15 avril 2024,respectivement à Touba et à Tivaouane, il «poursuivra ses déplacements dans les autres cités et foyers religieux du Sénégal, en vue de prendre en compte d’une part, leur modernisation en termes d’infrastructures de base (voirie, eau, assainissement, électricité, téléphonie…) et d’autres part, de réaffirmer son engagement constant à améliorer la vie communautaire et religieuse pour un Sénégal juste et prospère dans la paix, la stabilité et la concorde nationale». Le Président de la République a aussi informé le Conseil qu’il a créé à la Présidence de la République une Direction des Affaires religieuses et de l’Insertion des diplômés de l’Enseignement Arabe (composé du Bureau des affaires religieuses et du Bureau de l’insertion des diplômés de l’enseignement arabe).
TENUE D’UN SEMINAIRE GOUVERNEMENTAL, LES 27 ET 28 AVRIL 2024
Dans sa communication, le Premier Ministre a fait part au Président de la République «de la démarche d’élaboration du plan d’action du Gouvernement. Pour ce faire, chaque ministère devra lui soumettre sous huitaine un plan sectoriel». Conformément aux instructions du Chef de l’Etat, le Premier Ministre «a annoncé la tenue d’un séminaire gouvernemental les 27 et 28 avril 2024». Le Premier Ministre a enfin informé de la tenue prochaine des réunions interministérielles suivantes : «un Conseil interministériel consacré à la préparation de la Tabaski 2024 ; un Conseil interministériel consacré à la campagne de production agricole 2024 ; un Conseil interministériel consacré à la préparation de l’hivernage ; un Conseil interministériel consacré à la préparation des examens et concours ; une réunion interministérielle de suivi des engagements du Gouvernement dans le cadre de la préparation du pèlerinage à la Mecque, édition 2024».
L'ARCOP CASSE LE PROCESSUS D’ATTRIBUTION CONTROVERSÉE À DAKARNAVE
Après les critiques sur le manque de transparence dans le processus, le recours d'un groupement national a été entendu, plaçant le pouvoir face à ses responsabilités sur cette affaire
On n’a pas encore fini d’épiloguer sur les contrats et autres décisions pris par l’ancien président de la République Macky Sall à quelques jours seulement de son départ du Palais. Après l’affaire du décret de nomination du président de la cour suprême, annulé illico par le Président Diomaye Faye, c’est l’attribution de la concession DakarNave pour 25 ans à une société turque, en mode fast track, qui vient encore d’être cassée par l’Autorité de régulation de la commande publique (ARCOP), dans sa décision du 12 avril dernier dont Sud Quotidien a obtenu copie. Une victoire du groupe Damen/Atmar/Maritalia d’autant plus que le Chef de l’Etat a donné des instructions pour que la lumière soit faite sur cette affaire aux allures d’un scandale.
L e groupement DAMEN/ATMAR/MARITALIA qui avait saisi d’un recours contentieux l’Autorité de régulation de la commande publique (ARCOP), vient d’obtenir gain de cause, en ce qui concerne l’octroi de la concession de chantier naval au groupement DAKARNAVAL/ OZATA/SHIPYARD par l’ancien ministre de la Pêche, Pape Sagna Mbaye et la direction de la Société des Infrastructures de Réparation Navale de Dakar (SIRN) en mars 2024. En effet, le Comité de règlement des différends de l’ARCOP a ordonné la suspension de l’attribution du contrat pour l’exploitation des chantiers de réparation navale dans sa décision du 12 avril dernier. Le processus de renouvellement de la concession de Dakarnave qui prend fin le 24 juin 2025, sonnait comme un scandale du fait de la violation «flagrante» des règles de passation de marché public
L’affaire avait choqué plus d’un, d’autant plus que c’est à quelques jours de la fin de règne de l’ancien président Macky Sall à la tête du Sénégal. L’attribution du marché de réparation navale à une société turque décriée par le député Guy Marius Sagna qui serait faite dans la plus grande opacité, vient d’être suspendue par l’Autorité de régulation de la commande publique (ARCOP). Dans sa décision n°16/2024/ARCOP/CRD/SUS du 12 avril 2024, dont Sud Quotidien a obtenu copie, le Comité de règlement des différends «ordonne la suspension de l'attribution du contrat pour l'exploitation des chantiers de réparation navale et du Centre de Formation (CAFIP) au profit de la Société des Infrastructures de Réparation navale (SIRN) pour le compte du Ministère des Pêches et de l'Economie maritime (MPEM)».
Pour rappel, le groupement DAMEN/ATMAR/MARITALIA avait déposé un recours contentieux contre l’attribution par le MPEM et la SIRN au groupement DAKARNAVAL/OZATA/SHIPYARD. Il avait estimé que l’octroi de la concession du chantier naval a été fait en violation des règles de passation de marché public.
Il faut dire que le contrat qui lie la société Dakarnave à l’Etat du Sénégal, arrive à échéance le 24 juin prochain. Du coup, le groupement DAMEN/ATMAR/MARITALIA composé d’opérateurs économiques sénégalais avait fait une manifestation d’intérêt depuis 2022 pourreprendre le chantier, «accompagnée d’une note et d’un dossier technico-financier, qui réservait 90% du capital aux opérateurs privé nationaux, 10% devant revenir à la SIRN, le partenaire technique ne devant participer aucunement au capital». Le dossier avait été transmis à la présidence de la République et au MPEM.
«Toutefois, ce n’est que le 7 mars 2024 que nous avons reçu un appel téléphonique du ministre, Pape Sagna Mbaye, nous demandant, si notre partenaire technique, en l’occurrence, les chantiers navals hollandais DAMEN SHIPYARD, pouvait envoyer un représentant à Dakar le 12 mars 2024 », lit-on dans le document de recours contentieux. La même source d’ajouter : «C’est sur place que nous avons constaté la présence d’autres candidats : chacun étant séparément pour une présentation sommaire des termes de référence du cahier des charges (… ). Il s’agissait sans doute possible, non pas d’un appel d’offres international en bonne et due forme qui aurait dû d’ailleurs, faire l’objet de publication partout où besoin sera, mais d’une simple consultation restreinte».
Invités à déposer leurs dossiers le 22 mars 2024, trois candidats se sont présentés. Un en l’occurrence PIRIOU/NGOM ET FRERES a demandé le report du fait du délai court. Quant à DAKARNAVAL/OZATA/SHIPYARD, il s’est présenté avec «deux dossiers distincts : chantiers de réparation plus slipway, contrairement au groupement DAMEN/ATMAR/ MARITALIA qui a présenté une offre globale parce qu’ayant reçu un seul et unique cahier de charge et non deux», nous renseigne-t-on. «Nous avons constaté, pourle regretter et le fustiger vigoureusement qu’il y avait en réalité, deux cahiers de charge : un pour les chantiers de réparation navale, que nous avons effectivement reçu en même temps que le groupement comprenant OZATA, un autre pour le slipway(Bel Air), dont nous ignorions totalement l’existence, mais que les autorités contractantes ont tenu à nous dissimuler volontairement et très certainement, pour les besoins de la cause, c’est-à-dire, le réserver exclusivement au groupement OZATA alors même que ledit slipway est bien inclus dans les chantiers de réparation navale de Dakar dont il demeure et doit rester un complément remarquable», dénonce le groupement DAMEN/ATMAR/MARITALIA. Et c’est le 27 mars qu’ils apprendront à travers une publication sur Facebook du député Guy Marius Sagna que le groupement DAKARNAVAL/OZATA SHIPYARD a reçu une lettre émanant du Directeur Général de la société des infrastructures de réparation navale de Dakar (SIRN), Saliou SAMB, annonçant la retenue de son offre pour la gestion de cette infrastructure vitale pour notre économie maritime.
LE PARENT PAUVRE DE LA POLITIQUE SANITAIRE
La prise en charge de la santé mentale reste le parent pauvre de la prise en charge dans la gestion des pathologies. Un département dépourvu tant de ressources humaines que de structures hospitalières et de médicaments.
La prise en charge de la santé mentale reste le parent pauvre de la prise en charge dans la gestion des pathologies. Un département dépourvu tant de ressources humaines que de structures hospitalières et de médicaments. Elle reste ainsi le parent pauvre de la politique sanitaire du pays.
Le gouverneur de la région de Diourbel, Ibrahima Fall, a plaidé, mardi dernier, pour l’ouverture d’un centre psychiatrique dans cette région, en vue d’assurer une meilleure prise en charge des malades mentaux. L’exécutif régional de Diourbel a fait cette demande dans les colonnes de l’Agence de presse sénégalaise (APS). Cette même réalité, elle le partage avec toutes les régions du Sénégal qui ont du mal à prendre en charge la santé mentale, particulièrement celle des malades errants. Les quelques régions qui détiennent un centre psychiatrique comme Dakar, Thiès, Ziguinchor, Fatick, SaintLouis, Tambacounda, entre autres, peinent à faire fonctionner leurs services ou leurs centres, faute de personnels qualifiés mais aussi à cause des différentes ruptures notées dans le cadre la disponibilité des médicaments.
Les budgets qui leur sont alloués sont très souvent en deçà des objectifs. Ce qui plonge ce service dans une situation de délabrement avancé et de précarité dans le domaine de l’approvisionnement en intrants. Certains locaux ne sont plus en état d’accueillir des malades. C’est le cas du centre psychiatrique situé à l’hôpital de Fann. Les cases souvent utilisées comme des chambres d’isolement pour calmer les ardeurs de certains malades sont presque impraticables. Les quelques chambres existantes sont utilisées pour l’hospitalisation des cas moins graves, comme des troubles de dépression ou des cas de folie minime. Par manque de moyens financiers et de ressources humaines qualifiées, beaucoup de familles se voient refuser leur demande d’interner leurs malades, sous prétexte qu’il n’y a pas de place. La majorité des cas est suivi en ambulatoire ou encore au sein de la médecine externe.
38 PSYCHIATRES, 13 LITS D’ISOLEMENT ET 43 LITS D’OBSERVATION… POUR LES HOSPITALISATIONS
Rappelons que dans l’attelage du ministère de la Santé et de l’Action sociale, la Division de la Sant́e mentale (Dsm) fait bien partie de la Direction de la Lutte contre la maladie (Dlm) qui appartient̀à la Direction générale de la Santé publique (Dgs). Malgré la nomination d’un chef de Division au niveau de la Santé mentale, ce dernier a du mal à dérouler sa mission de promouvoir le bien-être, avec une approche multisectorielle et pluridisciplinaire, afin d’assurer la prévention et la prise en charge des troubles mentaux basées sur une pleine participation de la communauté.
Aujourd’hui, les acteurs de la lutte reconnaissent les efforts du gouvernement, avec la modernisation des services, l’augmentation des budgets. Certes ! Cependant, les ruptures de médicaments et les problèmes de ressources humaines plombent les acquis. Les pathologies neuropsychiatriques peuvent surgir à tout moment de la vie, selon les professionnels de la maladie. Elles peuvent être dues à un excès de stress, à un traumatisme post-partum, des facteurs héréditaires dont une maladie mentale, l’environnement et la culture dans lesquels la personne vit ou encoure un problème de santé affectant le cerveau.
Seulement, au sein de la société, parler de maladie mentale revoie à une démence. Selon une étude réalisée surla santé men Seulement, au sein de la société, parler de maladie mentale revoie à une démence. Selon une étude réalisée sur la santé men tale dans notre pays, le Sénégal comptait 38 psychiatres au cours de l’année2019, soit une augmentation de 03 psychiatres. «Nous notons qu’il y a une prédominance des psychiatres de l’adulte et une faible représentativité de neuropsychiatres et neuroanatomistes», a relevé cette étude de l’université Cheikh Anta Diop (Ucad) de Dakar. La dite étude fait ressortir une faible proportion de cellules d’isolement (13 lits), montrant ainsi des difficultés que les structures rencontrent pour admettre les malades mentaux errants. Par ailleurs, 43 lits d’observation ont ét́é aménagés pour l’hospitalisation de jour et la surveillance courte pour certains patients.
LES ACQUIS DANS LE SYSTEME
Le ministère de la Santé et de l’Action sociale du Sénégal a renforcé les acquis dans ce domaine, en intervenant sur plusieurs axes pour 2019-2020 dont le renforcement d’un leadership et d’une gouvernance efficace dans le domaine de la Santé mentale. S’y ajoute le renforcement des services et des stratégies de promotion, de prévention et de prise en charge en matière de Santé mentale. Ily a aussi l’accompagnement des acteurs communautaires pour accélérer le développement de la Santé mentale, le renforcement du système d’information et la recherche en matière de Santé mentale. Il y a enfin la promotion et la création de centres d’apprentissage adaptés aux personnes handicapées.
KEEMTAAN Gi - LES ECURIES D’AUGIAS
Tremblez messieurs et dames ! A la lecture du communiqué du Conseil des ministres d’hier, on est tenté de dire : pourvu que la même rigueur dure et s’applique à tout le monde. Que les intentions ne soient pas des vœux pieux comme le fut cette promesse d’une gestion sobre et vertueuse de l’année 2012 et qui s’est réalisée exactement à l’envers. Depuis nos glorieuses indépendances, à part l’intermède Diouf avec sa loi sur l’enrichissement illicite qui n’avait permis de sanctionner que des lampistes, depuis donc ces glorieuses indépendances, on n’a pas souvenance d’avoir vu les voleurs de nos deniers publics lourdement sanctionnés à travers notamment un séjour carcéral. Pendant longtemps ces voleurs n’ont cessé de tirer la langue à la populace. Hier, Seugn Bass n’a pas tremblé et, dans quelques salons huppés, c’est sûr que y en a qui ont failli piquer une crise cardiaque. On verra bien ce que donneront les missions de vérification des corps de contrôle lâchés hier dans les ministères. Ce serait déjà ça de gagné si ces missions fichent la trouille à tous ces fonctionnaires jamais repus et qui bouffent des deux mains nos sous. Seugn Bass, qui doit en connaître davantage sur les mœurs de ces messieurs et dames qui ont gouverné ce charmant pays ces douze dernières années, a également ordonné l’audit rapide du scandaleux contrat d’affermage entre l’Etat (SONES) et SEN’EAU et du contrat de performances Etat-SONES-SEN’EAU. Ça va certainement donner des démangeaisons à certains. Pourquoi donc pensez-vous au Beauf de l’ex-Chef ? Et y a pas que ça. Seugn Bass, qui a bouffé du lion, a également ordonné la publication des rapports de la Cour des comptes, de l’Inspection générale d’Etat et de l’OFNAC des cinq dernières années. Eh eh, c’est pas la presse qui va manquer de matière dans les semaines voire les mois à venir ! L’administration pénitentiaire aura assurément du boulot si l’on sait le nombre de dossiers que l’ex-Chef avait mis sous le coude, protégeant des voleurs pendant que d’autres étaient promus à de hautes fonctions après avoir dilapidé nos ressources. Plutôt que d’être châtiés, ces bienheureux étaient au contraire promus pour leurs performances de kleptomanes ! L’œuvre de salubrité publique que veut réaliser le nouveau Président doit être soutenue par tous ceux qui se réclament patriotes. C’est déjà en soi un symbole très fort de rupture par rapport aux pratiques maffieuses qui prévalaient jusque-là. Diadieuf, Monsieur le Président ! KACCOOR BI - LE TEMOIN
LE CHEF DE L’ETAT A NOUAKCHOTT L’OBJECTIF D’UNE VISITE ?
Nouvellement élu, le président de la République Bassirou Diomaye Faye effectuera sa première sortie internationale en Mauritanie. Il sera accueilli à sa descente d’avion à l’aéroport de Nouakchott par son homologue mauritanien, Mohamed Cheikh El Ghazouani, qui exerce également la présidence en exercice de l’Union Africaine. Pour « Le Témoin » quotidien, cette visite officielle intervient dans un contexte de renforcement des liens et de coopération entre le Sénégal et la Mauritanie. Et surtout au moment où nos deux pays sont confrontés à de nouveaux enjeux économiques et sécuritaires. D’abord l’exploitation en commun et sécuritaire du site gazier Grand Tortue/Ahmeyim (Gta) à cheval sur la frontière maritime sénégalo-mauritanienne dont les réserves sont estimées à 450 milliards de mètres cubes. Ensuite le terrorisme qui vit dans le Sahel. Entre autres objectifs de cette visite, le problème des licences de pêche octroyées par la Mauritanie aux piroguiers sénégalais dans le cadre d’un partenariat. « Le Témoin » est convaincu que les présidents Bassirou Diomaye Faye et Mohamed Cheikh El Ghazouani évoqueront la question de la transhumance du bétail mauritanien au Sénégal au centre de leurs échanges. Surtout en cette période de saison sèche marquée par une expansion de l’insécurité à la frontière Est avec le Mali etc.
SONES/SEN’EAU DIOMAYE ORDONNE L’AUDIT D’UN CONTRAT LOUCHE ET NEBULEUX
Dans sa dernière édition, « Le Témoin » quotidien avait invité les nouvelles autorités du pays à examiner à la loupe le contrat entre la Sones et la Sen’Eau signé par l’ancien ministre de l’Hydraulique Mansour Faye « Goro » sous la dictée de l’ex- dictateur financier Macky Sall. Un contrat qualifié de louche et de nébuleux compte tenu du profil criminel des courtiers et des acteurs intervenants. Notre cri de détresse citoyenne a-t-il eu un écho favorable au Palais de la République ? Toujours est-il que, hier en Conseil des ministres, le chef de l’Etat Bassirou Diomaye Faye a demandé au ministre de l’Hydraulique et de l’Assainissement de procéder à un audit rapide du contrat d’affermage entre l’Etat (Sones) et Sen’Eau et du contrat de performances Etat-SonesSen’Eau, d’engager l’évaluation des Partenariats Publics Privés (Ppp) et de l’ensemble des contrats de délégation de service public de l’eau potable en milieux urbain et rural avec un ciblage spécial sur les projets de dessalement des Mamelles et de la Grande Côte développés par la Sones avec la Jica et Acwa Power.
SEN’EAU L’AUDIT D’UN ANCIEN « SYSTEME » DE TARIFICATION
Après avoir demandé l’audit du contrat Sones/Sen’Eau, le président de la République a abordé la question d’un ancien « sous-système » constituant un frein à l’accès à l’eau potable dans les centres urbains et en milieu rural. Un accès qui demeure une préoccupation majeure des populations. Ce que le Président de la République a compris en demandant au Premier Ministre de tenir un Conseil interministériel sur le secteur hydraulique afin de lui faire des propositions urgentes visant notamment l’accélération des réalisations des projets hydrauliques(forages, châteaux d’eau, réseaux… ), l’évaluation des délégations de service public de l’eau potable en milieux urbain et rural, l’évaluation du système de tarification de l’eau et l’adoption d’un grand programme national consolidé d’accès à l’eau potable. Le Chef de l’Etat a décidé de la création d’une Autorité de Régulation du Secteur de l’Eau pour améliorer la gouvernance de l’eau au Sénégal.
SURSIS POUR DIRECTEURS GENERAUX
Ceux qui attendaient un grand coup de balai des directeurs généraux des sociétés nationales vont patienter. Bassirou Diomaye Faye a demandé à son gouvernement de préparer des appels à candidatures pour pourvoir aux postes de directeurs généraux des sociétés nationales. C’est ainsi qu’il a recommandé un projet de décret relatif à candidatures pour certaines hautes fonctions dans les secteurs publics et parapublics. Cette ligne de conduite a été annoncé bien avant par Pastef. Il est conforme aux idéaux développés dans le fameux Projet du parti. Seulement cette démarche pourrait prendre du temps. Entre la définition des termes de référence, les cabinets, les choix des profils, cela pourrait être une réelle prolongation des directeurs généraux à la tête des sociétés nationales. Une situation pouvant déboucher sur une levée de boucliers des cadres de Pastef qui ont cru au Projet en acceptant des brimades, la prison, la privation. Mais aussi des alliés qui ont rejoint en masse la coalition Diomaye Président 2024.
POSTE LE SNTP DEMENT LE «LICENCIEMENT » DE 200 POSTIERS
L’information reprise par votre quotidien et d’autres journaux sur le licenciement de 200 travailleurs de la Poste ne s’avère pas bonne. Si l’on se fie à Hamed Diouf Secrétaire général du Syndicat national des travailleurs de la Poste (SNTP). A travers une petite note envoyée à la rédaction, Hamed Diouf a tenu à repréciser les choses. « En tant que travailleur à la Société nationale La Poste, et Secrétaire général du Syndicat National des Travailleurs de la Poste (SNTP), il est de mon devoir de démentir ces fausses allégations et de rétablir la vérité des faits. En effet, depuis quelques années, SN La Poste traverse une crise sans précédent. Avec plus de 4000 employés, pour une masse salariale de 18 milliards par an. Le Directeur général a, depuis, opté pour le non renouvellement des contrats à durée déterminée (CDD) arrivés à terme. Ainsi, plus de 3OO contrats n’ont pas été renouvelés en 2023 et 2OO en 2O24. Cette politique visant à rétablir les équilibres de l’entreprise est conforme à la feuille de route que les autorités ont tracée à l’actuel Directeur général dès sa nomination, en octobre 2022 » indique le syndicaliste. Par ailleurs, selon ce dernier, « cette politique est conforme au Plan Stratégique d’Expansion (PSE) de La Poste pour 2023-2025, dont l’un des programmes phare est le développement du capital humain tout en rationalisant les effectifs. En ma qualité de Secrétaire général d’un Syndicat, censé défendre les intérêts matériels et moraux des travailleurs, je dénonce, avec énergie, ces tentatives vouées à l’échec, de personnes tapies dans l’ombre, avec des intentions non louables pour notre chère entreprise ».
THIES LA MAIRIE OFFRE 831 BOURSES AUX ELEVES ET ETUDIANTS
Le maire de Thiès Dr Babacar Diop a alloué 831 bourses à des élèves et étudiants de sa ville, ce mercredi 17 avril 2024. Il a manifesté toute sa fierté de lancer la deuxième édition de son programme de bourses scolaires municipales, qui vise à soutenir les étudiants et les apprenants de tous les âges et de toutes les classes dans leur quête perpétuelle de connaissances et de compétences. Selon lui, les bourses scolaires sont disponibles pour diverses formations professionnelle et technique diplômantes (informatique, électricité, couture, hôtellerie, multimédia, journalisme, communication, marketing, plomberie, mécanique, agriculture, aviculture santé, etc.). « Ces bourses ne sont pas seulement destinées à réduire les obstacles financiers à la formation, mais aussi à encourager l’excellence académique, l’innovation et le leadership. Nous voulons donner à chacun la chance de réaliser ses rêves et de faire partie des futurs dirigeants et innovateurs de notre ville, de notre région, de notre pays et de notre continent », signale-t-il. Il a rappelé que pour l’année académique 2022-2023, il avait offert 651 bourses, soit 68% des dossiers reçus pour une enveloppe de 101. 972.625 FCFA. Pour l’année en cours (2024), il a enrôlé 831nouveaux bénéficiaires, plus 258 demandes de renouvellement de l’année dernière (soit un total de 1089 bourses) pour un montant de 208780655 FCFA. « Notre objectif est de porter l’enveloppe dédiée aux bourses scolaires à 500 millions de FCFA avant la fin de notre mandat mais également de pouvoir offrir des bourses d’excellence afin de permettre à nos étudiants de poursuivre leurs formations à l’étranger. En investissant dans l’éducation et la formation, nous investissons dans l’avenir de nos enfants de notre ville et de notre région. Nous créons les conditions favorables à la croissance économique, à la cohésion sociale et à la prospérité durable. Mais surtout, nous faisons un pas de plus vers la réalisation de notre vision commune de faire de Thiès, une ville où chaque individu peut s’épanouir et contribuer pleinement à la construction d’une société meilleure fondée sur la justice et la liberté pour tous », confesse-t-il.
QUATRE HOMMES, UN ETAT - Par Henriette NIANG KANDE
ABDOU DIOUF, L’HOMME DES PARADOXES
Les années Diouf, entre tentatives de consolidation du pouvoir et crises successives. Portrait d'une présidence marquée par les tensions sociopolitiques, la sécession casamançaise, les conflits frontaliers et l'usure du régime socialiste
Pendant qu’il renforçait son pouvoir, en Casamance, les tensions montent autour du foncier, particulièrement à Ziguinchor. Bien qu’elle soit toujours restée partie intégrante de la vie administrative et économique du Sénégal, le malaise s’approfondit même au Parti socialiste où des luttes factionnelles se font en partie, au nom de l’autochtonie. Les partis d’opposition, et en particulier le Parti démocratique sénégalais, alors influent à Ziguinchor, alimentent la contestation contre la mairie socialiste dénoncée à la fois comme « nordiste » et corrompue. Deux hommes en particulier concentrent et canalisent ces tendances variées au contenu politique très inégal : l’abbé Augustin Diamacoune Senghor en Casamance et Mamadou « Nkrumah » Sané à Paris. Ils formulent une revendication de type nationaliste, et exigent l’indépendance de la Casamance. Ils structurent la lutte, en reprenant à leur compte le sigle du MFDC. La suite est connue : des arrestations « préventives » opérées par l’Etat, qui ne font pas échec à la manifestation du 26 décembre 1982. La nouvelle poussée de tension un an plus tard, autour du procès des personnes arrêtées, avec la mort violente de plusieurs gendarmes à Diabi, la marche, les armes à la main, organisée en décembre 1983, et la rude sanction qui s’abat sur les cercles séparatistes, pousse les militants réfugiés le long de la frontière bissau-guinéenne à s’organiser. A la fin des années 1980, Atika, la branche armée du mouvement se procure des armes. L’Etat sénégalais adopte la politique de la carotte et du bâton : répression et gestes d’ouverture qui aboutissent en 1991 à la signature du premier d’une longue série d’accords entre l’Etat et les séparatistes. Le contexte a également balisé le chemin qui a débouché sur des conflits d’intensités inégales avec la Gambie et la Guinée Bissau.
En 1981, Diouf inaugure sa politique étrangère avec la Gambie qui est à…l’intérieur du Sénégal. Le président gambien, Dawda K. Jawara présent à Londres pour assister au mariage du Prince Charles et de Lady Diana, est victime d’une tentative de coup d’Etat. Il appelle à la rescousse Abdou Diouf qui le rétablit dans son fauteuil présidentiel. A la fin de la même année, nait la Confédération de la Sénégambie qui meurt en décembre 1989 suite à de nombreuses tensions. Pourtant durant cette période (1981-1989) des résultats notables sont enregistrés notamment dans les secteurs du transport et de la communication. Son échec se trouve dans l’insuccès des tentatives d’accord sur les modalités d’une union économique, dû aux grandes différences des systèmes économiques des deux pays. Sur le plan de la défense, les Gambiens en ont été les plus grands bénéficiaires, le Sénégal supportant 80% des dépenses. L’écroulement de la Confédération réside également dans le fait de l’absence de soutien, de confiance ou de consensus des populations et s’inscrit dans le cadre plus global des conflits régionaux notamment entre le Sénégal et la Mauritanie d’une part et avec la Guinée Bissau, d’autre part.
La mort de la Sénégambie en décembre 1989, est décrétée alors qu’éclate en avril de la même année, un conflit avec la Mauritanie, résultat de conjonctions de problèmes en suspens et leurs interférences tant au niveau de la frontière qu’à l’intérieur des deux Etats. Au Sénégal, la tension non gérée, encore vive entre le pouvoir et l’opposition du fait du contentieux électoral de 1988 et en Mauritanie, une opposition de plus en plus active des groupes de populations négro-africaines.
Un conflit à Diawara (village près de Bakel) a mis le feu aux poudres, opposant des cultivateurs et des pasteurs. Une répression sanglante s’en suit avec prise d’otages par des forces mauritaniennes. La réponse ne s’est pas faite attendre au Sénégal, où l’explosion a eu lieu dans les villes. Aux pillages des échoppes mauritaniennes au Sénégal, la réaction en Mauritanie a été une chasse à l’homme selon le faciès, l’activité et l’origine ethnique. Dans un pays comme dans l’autre, se révèle un réservoir insoupçonné de haine. Le pont aérien mis en place, rapatrie plusieurs dizaines de milliers de ressortissants des deux pays, sans que l’on ne sache très bien leur nationalité, vu les critères d’exclusion mis en œuvre.
Dans le même temps, le tracé des frontières avec la Guinée Bissau ressurgit, d’autant plus que le conflit en Casamance devenait plus prégnant mais surtout la découverte d’un gisement de pétrole dans la zone maritime a occasionné un débat concernant l’interprétation des textes écrits pendant les colonisation française pour le Sénégal et portugaise pour la Guinée Bissau. N’ayant pas trouvé de réponse, un arbitrage international est demandé, dont le verdict a été rejeté parla Guinée Bissau. Décision fut prise de se tourner vers le tribunal de la Haye qui donna raison au Sénégal. La Guinée Bissau, une fois encore, conteste le verdict. Un autre épisode avec la Guinée Bissau se déroule en 1998. C’est l’opération Gabou qui avait deux objectifs. Le premier « officiel » était de « rétablir la légalité constitutionnelle » en venant en aide au président Nino Vieira en difficulté face à son ancien bras droit Ansoumane Mané soutenu par l’armée. Le second objectif, officieux celui-là était de faire tomber les bases arrière du MFDC qui longent la frontière.
De cette intervention mal préparée, les Jambars furent aux prises avec des soldats rompus à la guérilla, disposant d’orgues de Staline et, soutenus par la population. L’aile combattante du MFDC, dirigée par Salif Sadio prend part aux combats aux côtés d’Ansoumane Mané et investit l’ambassade du Sénégal. Il aura fallu toute la diplomatie du Général Mamadou Niang, ambassadeur à l’époque qui parlementa avec les soldats bissau-guinéens pour éviter un massacre. Dans son livre-Mémoires, qui passe très vite sur ce drame Abdou Diouf se contente d’un : « Et j’ai renvoyé les troupes à la maison ».
Le temps des crises et de la pacification
Ces crises de grande envergure et d’acuité croissante informent des limites de toutes les stratégies mises en œuvre pour consolider le pouvoir de Diouf. En avril 1987, le pays n’a plus de police nationale. La condamnation de 7 policiers accusés d’avoir torturé à mort un jeune commerçant est à l’origine de protestations du corps. (Il y a eu un précédent en 1983, après une menace de grève pour des raisons liées à la condamnation de gardiens de la paix à des peines de prison pour coups et blessures ayant entrainer la mort d’un homme, au cours d’une enquête). Des manifestations sont organisées à Dakar et à Thiès. L’Etat fait intervenir la Légion de gendarmerie d’intervention (Lgi) pour disperser la marche qui se hâtait vers le ministère de l’Intérieur. Dans la foulée, le ministre de l’Intérieur et ses collaborateurs sont démis de leurs fonctions et 6265 personnels de police successivement suspendus et radiés : 94 commissaires de police, 14 officiers de paix supérieurs, 201 officiers de police, 42 officiers de paix, 383 inspecteurs de police, 101 sous-officiers, 5430 gardiens de paix). Les tâches de maintien de l’ordre sont confiées à la gendarmerie. 1988 est le temps des crises. La précampagne etla campagne électorale pour les élections présidentielle et législatives sont marquées par des manifestations folkloriques des comités de soutien et une vive polémique autour du code électoral. Des violences postélectorales obligent le président Diouf à décréter l’état d’urgence le 29 février 1988, après avoir fait arrêter les leaders de l’opposition. Abdoulaye Wade et ses co-inculpés, accusés d’atteinte à la sûreté de l’Etat et de violation de la loi anti-émeute sont jugés en avril et le procès remobilise les partis d’opposition. Dans cette atmosphère plus que tendue de 1988, Abdou Diouf révèle dans ses Mémoires que « c’est d’ailleurs le moment que choisit le Général Tavarez pour essayer de faire un coup d’Etat ». D’après son récit, c’est l’épouse d’un des initiateurs qui avait parlé à son amie et cette dernière avait demandé une audience pour l’en informer. Selon elle, et d’après Diouf, Tavares, avait sollicité les colonels Gomis (chef des Paras), Gabar Diop, (chef des Blindés) Bampassi, (chef des commandos), et l’intendant Oumar Ndiaye. Le principal accusé, avait répliqué : « on ne tente pas un coup d’Etat, on le fait ». Il sera limogé et affecté en Allemagne en qualité d’ambassadeur. A son retour, un an plus tard, il est traduit en conseil d’enquête et jugé par celui qui l’avait remplacé : le général de corps d’armée aérien Mamadou Mansour Seck
Au parti socialiste, le « Congrès d’ouverture et de rénovation cède la place au « sursaut national » et à la bataille entre « les barons » et « les technocrates ». Les Rénovateurs jouent les uns contre les autres selon les difficultés du moment. Jean Collin quitte le gouvernement et certains « barons » reprennent du service en qualité de contrôleurs du Parti. Le souci de pacification du front social et politique, ainsi que la restauration d’un ordre institutionnel légitime inclineront Abdou Diouf à négocier avec les principaux leaders de l’opposition regroupés au sein de la CONACPO, ce qui préfigurait la logique de cooptation de l’opposition et l’entrée de Wade au gouvernement de « majorité présidentielle élargie » en avril 1991.
De l’intérieur, il négocie l’adoption d’un nouveau code électoral en vue des élections de février 1993. Il n’empêche. Ces élections ont été les plus contestées et contestables depuis l’indépendance. Les ordonnances utilisées à grande échelle par toutes les parties font s’éterniser le contentieux. L’Observatoire National des Elections (Onel) est incapable de trancher. C’est dans ce contexte que le Président du Conseil Constitutionnel Kéba Mbaye démissionne et le vice-président de la même institution assassiné. Abdou Diouf est réélu avec 58,40% des voix. Commence une période d’affrontements avec les syndicats et les partis politiques à l’adoption du Plan Sakho-Loum, qui n’empêchera pas la dévaluation du F Cfa en 1994. Alors que les ajustements structurels suivent les années de sécheresse et envoient des milliers de chefs de famille au chômage une espèce de vigilance démocratique surgit. Entre 1996 et 2000, la démocratie sénégalaise prend un coup, alors qu’ailleurs, on découvre et cherche à perpétuer les délices de la démocratisation. C’est l’heure des réformes presqu’unilatérales, initiées parle PS, dont la longévité au pouvoir a réduit la lucidité et a donné l’illusion d’une invincibilité dont il ne va pas tarder à revenir. 1996 voit la restructuration du Parti socialiste et la mise en orbite de Ousmane Tanor Dieng, après le « Congrès sans débat » au « préjudice » de Djibo Ka et de Moustapha Niasse, qui entrent en dissidence et quittent le parti. Les élections de novembre dégradent encore plus l’image du parti socialiste. Des partis d’opposition, regroupés autour du PDS, demandent la mise sur pied d’une Commission électorale nationale indépendante (CENI). D’âpres échanges verbaux entre des Socialistes regroupés autour de Tanor Dieng et le « groupe des 19 », furent tranchés par la création de l’Observatoire national chargé des élections (ONEL).
En 1998, L’Assemblée nationale vote la création d’un Sénat, présenté comme une mesure logique dans le cadre de la politique de régionalisation et visant à donner une plus grande autonomie aux collectivités locales. « Le Sénat doit être dans la ligne de cette décentralisation, veiller à ce que les intérêts des collectivités locales soient également représentées au niveau central ». Pour beaucoup, le Sénat avait été créé pour « caser » les députés ayant perdu leur siège lors des législatives. Sa création, la suppression du « quart bloquant », le retour au septennat, sont des initiatives regardées, au moins dans le pays, comme des reniements démocratiques.
La perspective de la présidentielle de 2000 avait fait naitre la rumeur qu’en cas de victoire, comme Senghor, Diouf ne terminerait pas son mandat et le transférerait à Ousmane Tanor Dieng. Face à la détermination de l’opposition qui s’organisait en un bloc, l’administration locale qui était devenue brusquement « neutre », il lui était demandé par quelques membres de son parti, comme par ceux de l’opposition, de « sacrifier » Ousmane Tanor Dieng. Diouf résista à cette demande et signait par là même sa perte et celle de son parti. Ajoutés à cela, la détermination de l’opposition qui se regroupait, la « neutralité » de l’administration locale qui a toujours été favorable au pouvoir, la critique quotidienne des tares du régime, le mutisme des confréries qui traditionnellement appelaient à voter pour la classe dirigeante, et enfin la « demande sociale ». Le soutien de Djibo Ka et l’appel de Serigne Cheikh Tidiane Sy, le plan de campagne de Séguéla, n’y firent rien. Abdou Diouf ne s’était pas converti à l’autocratie, mais l’usure du pouvoir l’avait éloigné de certaines réalités et affaibli son jugement politique. C’est ainsi que le 19 mars 2000, les Sénégalais mirent un terme à son long bail avec le pouvoir et le Sénégal connut sa première alternance politique.
Par Alpha Amadou SY,
LE SÉNÉGAL POST ALTERNANCE : L’IMPERATIF D’UNE INTEGRATION AFRICAINE A L’EPREUVE D’UN CONTEXTE SOUS REGIONAL FORT AGITE
Au lendemain de l’accession de beaucoup de pays africains à la souveraineté internationale, le projet d’un État fédéral, porté par des élites au nombre desquelles Cheick Anta Diop et Kwame Nkrumah, n’a pas été réalisé. Néanmoins, l’OUA a pu voir le jour.
Au lendemain de l’accession de beaucoup de pays africains à la souveraineté internationale, le projet d’un État fédéral, porté par des élites au nombre desquelles Cheick Anta Diop et Kwame Nkrumah, n’a pas été réalisé. Néanmoins, l’OUA a pu voir le jour.
En dépit de l’interventionnisme des puissances étrangères conjugué aux ego surdimensionnés de certains leaders africains, la dynamique unitaire poursuivie déboucha, en avril 1980, sur le Plan de Lagos. Ce dernier, expression condensée de l’expertise africaine, avait comme finalité de promouvoir l’autosuffisance nationale et collective dans le domaine économique et social dans la perspective de l’instauration d’un nouvel ordre économique international. Mais cette ambition assumée de travailler en faveur de l’indépendance effective du continent sera hypothéquée par un ultralibéralisme qui a retrouvé un regain de vitalité avec le duo Ronald Reagan/Margaret Thatcher.
Cette ère a été marquée par l’application de draconiennes Politiques d’Ajustement Structurel et de Stabilisation en faisant prévaloir avec la doctrine du « moins d’État, mieux d’État ». La mise au mal de toutes les structures ayant en charge la Production, la Santé, l’Éducation et la Culture en fut l’une de ses conséquences les plus dramatiques.
Toutefois près de deux décennies d’application des recettes des institutions financières de Breton Woods, le constat d’un échec cuisant sera de rigueur. Et le sentiment de débauche d’énergie voire de sacrifices multiples inutiles, sera d’autant plus profond que le Directeur du FMI, Michel Camdessus, lui-même, reconnaitra avoir été non pas « architecte » mais … « seulement pompier ! »
Mais avant même d’établir ce bilan négatif des politiques d’Ajustement Structurel, se tenait le Sommet de la Baule en juin 1990. Au sortir de ces assises, l’Afrique francophone sera mise en demeure de procéder à la démocratisation sous peine d’être privée de l’aide publique. Cette politique, prétendument conçue pour extraire le continent du bourbier de l’endettement et de la culture du parti unique, préservait plutôt les intérêts d’une France obligée de repenser sa stratégie géopolitique avec la fin du cycle politique issu de Yalta 1945. L’enjeu était à la fois de gérer le lourd service de la dette et de réformer la gouvernance des États en leur inoculant une rationalité à même de favoriser l’économie libérale.
Pourtant, malgré ce triomphe de l’ultralibéralisme, les chefs d’États les plus attachés à la dynamique unitaire ont toujours cherché à renouer avec l’initiative historique. Ainsi, au début des années 2000, naitront le Millenium African Plan sous l’initiative des présidents algérien, Abdelaziz Bouteflika, nigérian, Olusegun Obasanjo et Sud-africain, Thabo Mbeki et le Plan Omega, porté par le président Abdoulaye Wade. La fusion de ces deux plans donnera le NEPAD (Nouveau Partenariat pour le Développement de l’Afrique) qui sera dénommé, en 2018, l'Agence de développement de l'Union Africaine
Et avec la question de la monnaie à l’ordre du jour, il n’est pas superflu de rappeler que l’assassinat de Kadhafi n’a pas eu comme unique conséquence la déstabilisation du Sahel. Il a aussi privé le continent de l’un de ses fils les plus disposés idéologiquement et financièrement à assurer sa souveraineté monétaire.
Aujourd’hui, il est loisible de noter qu’aucune théorie du développement n’a réussi à sortir l’Afrique du mal développement. Même du Sommet de la Baule n’a résulté qu’une amère désillusion. Cette observation tient sa pertinence du fait de la distance prise par certains pays non pas seulement par rapport à l’Hexagone, mais vis-à-vis du projet démocratique lui-même. Et contrairement aux crises prétendantes qui n’ont pas emporté dans leur sillage les structures fédératives, les contradictions du moment menacent les institutions. Tout au moins, la CEDEAO voit son existence compromise sous les efforts conjugués du Burkina Faso, du Mali et du Niger qui viennent de porter sur les fonts baptismaux l’Association des États du Sahel, AES.
L’organisation sous régionale a désormais une légitimité sujette à caution. Il a été reproché à ses leaders d’avoir pris des mesures draconiennes contre les juntes, sans tenir compte de l’intérêt des populations. Pire, la CEDEAO est accusée d’être davantage guidée par un corporatisme spécifique au syndicalisme des Chefs d’État que du souci de préserver les droits constitutionnels. Pour preuve, indique-t-on, autant les dirigeants de l’institution sous régionale sont intransigeants avec les juntes militaires autant ils sont d’une complicité déconcertante avec les auteurs de coups d’État constitutionnels.
Dans ce contexte fort complexe, le Sénégal, pour avoir réussi à mettre à contribution l’engagement rarement pris à défaut des citoyens-électeurs, le professionnalisme toujours réaffirmé de la presse, l’esprit républicain des animateurs des différentes institutions et le sens retrouvé de la responsabilité de sa classe politique, a réalisé la troisième alternance politique du pays. Et confirmant la proximité de l’urne avec la roche tarpéienne, dans une adresse d’une haute teneur républicaine, le président du Conseil constitutionnel, Mamadou Badio Camara, fera noter avec toute la solennité qui sied : « À mon avis, le secret est dans le bulletin de vote ».
Et cette affirmation de l’ancrage ferme du Sénégal dans le projet démocratique a été suivi, quelques jours après, de la volonté affichée du pouvoir issu de la troisième alternance politique à œuvrer pour une Afrique unie et solidaire. Cette volonté a trouvé son répondant dans la création d’un ministère chargé de l’Intégration africaine et des Affaires étrangères. Dès lors, l’intégration africaine étant à réaliser à partir de la constitution de solides pôles sous régionaux, la curiosité est de savoir quelle stratégie élaborer pour atteindre cet objectif. Comment le Sénégal à l’ancrage démocratique si prononcé pourra- t-il coopérer avec des États voisins, dirigés par des militaires ?
Peut -être bien que l’un des atouts majeurs est que les hommes forts de ces pays partagent avec ceux du Sénégal non seulement leur jeunesse mais aussi leur option résolument souverainiste. Le défi alors est ne pas faire moins que « les pères des indépendances africaines » qui avaient réussi à entretenir une dynamique unitaire dans un contexte autrement plus complexe.
Leurs velléités pour asseoir la souveraineté économique avaient fortement buté sur les politiques de chasses-gardées érigées parles puissances occidentales. Pour conserver leurs privilèges, les leaders les plus radicaux des mouvements nationaux devenaient l’objet d’une insoutenable chasse aux sorcières, s’ils n’étaient pas liquidés purement et simplement. Les conditions dans lesquelles Patrice Lumumba a été assassiné en sont l’une des illustrations les plus dramatiques.
Une telle configuration géopolitique confinait le choix des partenaires dans un cercle restreint. En dépit de ces pesanteurs, le continent avait fait émerger l’un de ses plus beaux fleurons, à savoir Air Afrique. S’inscrivait dans ce registre, le regroupement entre la Côte d’Ivoire, le Togo et le Sénégal pour constituer les Nouvelles éditions africaines.
Présentement, prévaut une coopération bilatérale délestée de toutes conditionnalités, y compris celles ayant trait au formalisme républicain. Des pays comme le Brésil, l’Inde, la Chine et la Turquie manifestent leur désir d’être beaucoup plus présents sur le continent. D’un même mouvement, les anciennes puissances voient leur zone d’influence se rétrécir très sensiblement. Signes des temps : des coups d’État sont perpétrés à leur insu. Au Niger, au Burkina Fao et au Mali, militaires américains et/ou français sont sommés de déguerpir avec armes et bagages.
Paradoxalement, cette hostilité manifeste envers l’Occident milite en faveur du renouveau partenarial que revendique la nouvelle génération de dirigeants. Les Occidentaux, édifiés sur la spécificité du cours actuel et ayant l’intelligence de leurs intérêts vitaux, seront mis en demeure de lâcher du lest pour mieux se redéployer.
Dans ce contexte, le nouveau pouvoir, issu de la récente alternance politique, survenue au Sénégal, gagnerait à réaliser que, tout en nourrissant la même ambition souverainiste que les leaders militaires, leur mode de gouvernance les oppose. Conscient de cette donne, le Sénégal est à même de privilégier la coopération entre États en laissant à chacune des entités nationales le soin de régler ses propres contradictions. Ainsi, la sous-région marquera un pas important dans la quête de l’unité africaine, laquelle restera un vœu pieux, en l’absence de véritables pôles économiques au sein desquels sera garantie la libre circulation des biens, des personnes et des idées. Dans cette logique d’apaisement, la nouvelle génération aux affaires serait bien inspirée de se réapproprier de l’esprit qui a présidé à l’élaboration du Plan de Lagos et de promouvoir une véritable diplomatie culturelle.
Une telle suggestion, aux contours d’un impératif catégorique, est dictée parle simple fait que sans la souveraineté alimentaire, sans l’indépendance financière et la sécurité, les dirigeants du continent du moment ne sauraient répondre aux fortes et légitimes attentes du peuple africain.
Au demeurant, un tel modus vivendi ne saurait signifier l’interdiction des intellectuels, des membres de la société civile et des formations politiques de se prononcer sur les politiques en vigueur dans les différents pays. Partant, les questions, ayant trait aux libertés démocratiques, aux transitions politiques et à la substitution d’un supposé oppresseur à un autre, ne pourront être soustraites de l’examen critique des citoyens, toutes nationalités confondues
Alpha Amadou SY,
philosophe auteur, entre autres, d’Un pas dans l’univers de la philosophie,
Paris, éditions l’Harmattan, 2015.