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24 février 2025
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LA NUIT OÙ TOUT A COMMENCÉ
Arrestation « Divine » de Bassirou Diomaye Faye devant la Direction Générale des impôts et domaines - Vendredi 14 avril 2023, il était environ 21 heures 30 à la rue de Thiong à Dakar
Vendredi 14 avril 2023/ Dimanche 14 avril 2024, il y a un an, jour pour jour, Bassirou Diomaye Faye était arrêté par la Police devant le siège de la Direction générale des Impôts et Domaines située à la rue de Thiong à Dakar. Ce jour-là, Dieu Allah avait fait enlever, protéger et cacher le numéro 2 de Pastef là où personne ne pourra le détruire du genre : « Yalla nala Yalla laq fu yaq eggul » (n’est-ce pas ainsi que ça s’écrit, colonel Moumar Guèye ?). Des vœux exaucés puisque Dieu avait mis le numéro deux de Pastef en prison pour le protéger contre l’ennemi ou les mauvaises langues avant de le faire élire comme cinquième président de la République du Sénégal. Pour avoir assisté à cette arrestation mouvementée, alors qu’il passait par hasard, notre grand reporter Pape Ndiaye se souvient...
Ce vendredi 14 avril 2023, votre serviteur est en plein centre de Dakar-Plateau ! Et exactement à la rue de Thiong où un calme plat règne dans cet endroit réputé être un lieu de spectacles, de restaurants et de boites de nuit. Sans doute le Dakar by Night profite-t-il de cette période de ramadan pour s’amender. Aux environs de 21 heures 30, nous tombons sur un petit attroupement devant la Direction générale des impôts et domaines (DGID). Poussant notre curiosité, nous interpellons un riverain qui venait juste de l’altercation « Je pense que c’est un voleur qui s’était enfermé dans les locaux des Impôts. En tout cas, il y a des policiers en civil là-bas… » avance notre interlocuteur. « Oui, c’est un voleur qui avait profité de l’absence des gendarmes allés faire leur « ndogou » pour s’introduire dans la Direction des Impôts » ajoute un autre piéton aussi « dëgër fit » que le premier. Nullement convaincus, nous nous sommes rapprochés de l’attroupement. A notre grande surprise, nous tombons sur Bassirou Diomaye Faye, le numéro 2 de Pastef d’Ousmane Sonko. Oui, c’était lui vêtu d’un boubou vert-olive, il était au milieu d’un groupe de quelque cinq policiers en civil « Pape Ndiaye (Ndlr : Notre reporter) tu as vu ! Les policiers sont venus m’enlever. D’ailleurs je ne sais même pas ce qu’ils me reprochent… » me lance Diomaye avec un sentiment de dépit.
Ce vendredi 14 avril 2023, votre serviteur est en plein centre de Dakar-Plateau ! Et exactement à la rue de Thiong où un calme plat règne dans cet endroit réputé être un lieu de spectacles, de restaurants et de boites de nuit. Sans doute le Dakar by Night profite-t-il de cette période de ramadan pour s’amender. Aux environs de 21 heures 30, nous tombons sur un petit attroupement devant la Direction générale des impôts et domaines (DGID). Poussant notre curiosité, nous interpellons un riverain qui venait juste de l’altercation « Je pense que c’est un voleur qui s’était enfermé dans les locaux des Impôts. En tout cas, il y a des policiers en civil là-bas… » avance notre interlocuteur. « Oui, c’est un voleur qui avait profité de l’absence des gendarmes allés faire leur « ndogou » pour s’introduire dans la Direction des Impôts » ajoute un autre piéton aussi « dëgër fit » que le premier. Nullement convaincus, nous nous sommes rapprochés de l’attroupement. A notre grande surprise, nous tombons sur Bassirou Diomaye Faye, le numéro 2 de Pastef d’Ousmane Sonko. Oui, c’était lui vêtu d’un boubou vert-olive, il était au milieu d’un groupe de quelque cinq policiers en civil « Pape Ndiaye (Ndlr : Notre reporter) tu as vu ! Les policiers sont venus m’enlever. D’ailleurs je ne sais même pas ce qu’ils me reprochent… » me lance Diomaye avec un sentiment de dépit.
Cette nuit-là, c’est un Bassirou Diomaye Faye calme et serein qui s’est laissé embarquer docilement par la Police vers les locaux de la Dic situés non loin du lieu où il a été interpelé. A cet instant, Bassirou Diomaye Faye avait sans doute invoqué Dieu à travers ces prières « Dieu-Allah Mon Dieu protecteur, que je sois entouré de ton mur de feu et de ta divine haie de protection. Dieu Allah Mon protecteur, protège-moi contre ceux qui m’attaquent, qui me font du mal, sauve-moi de ces assassins ! Mets-moi à l’abri du mauvais œil et de la mauvaise langue » Et comme disait l’autre en wolof « Yalla nala Yalla laq fu yaq eggul ». Cette nuit de ramadan-là, en effet, alors qu’il embarquait dans le véhicule Pick-up des policiers de la DIC (Division des Investigations criminelles) Bassirou Diomaye Faye n’imaginait évidemment pas que Dieu l’avait fait enveler avant de le mettre à l’abri c’est-à-dire en prison où personne ne pourrait attenter à son intégrité physique. De la prison dont il ne devait sortir que pour battre campagne moins de 15 jours avant de devenir… le détruire spirituellement. Résultats des courses 5e président de la République du Sénégal !
LES PAYSANS INVITENT LE GOUVERNEMENT A DEFRICHER ET LABOURER
Élu président de la République, son Excellence Bassirou Diomaye Faye a vite fait de fustiger les pratiques malsaines qui privent le paysannat des intrants et équipements subventionnés qui leur reviennent de droit.
Élu président de la République, son Excellence Bassirou Diomaye Faye a vite fait de fustiger les pratiques malsaines qui privent le paysannat des intrants et équipements subventionnés qui leur reviennent de droit. L’écho de sa déclaration s’est répandu dans toutes les contrées rurales où l’espoir d’une rectification est de nouveau nourri à quelques semaines de la saison des pluies. Nos braves paysans, revigorés par les mesures annoncées, ont de suite pris leurs haches et coupe-coupe pour défricher le maximum d’hectares en perspective d’une campagne agricole qu’ils souhaitent fructueuse et enrichissante.
Il est donc clair que le développement du Sénégal se fera par l’agriculture ou ne sera pas. Hélas, les secteurs majeurs de développement du pays semblent avoir été négligés ces dernières années, du fait de la découverte des gisements de gaz et pétrole. N’est-ce pas là une énorme erreur d’appréciation que le nouveau gouvernement doit corriger pour nous éviter un désenchantement qui exacerberait notre déficit alimentaire ? En clair, le Sénégal ne doit passe tromper de choix stratégique entre l’agriculture et les ressources énergétiques qui nourrissent l’illusion d’un processus de développement accéléré.
Heureusement que le bon sens paysan a préservé la grande masse des agriculteurs des mirages. Ces paysans sont encore foncièrement attachés à leurs exploitations familiales qui méritent d’être soutenues pour une bonne transformation structurelle accompagnée voire renforcée par des moyens d’exploitation adéquats. Et c’est justement dans ce cadre-là que les paysans invitent le gouvernement à plus d’anticipation, de coordination et de rigueur dans la mise en place, à bonne date, des semences de bonne qualité, des engrais et des machines (les semoirs, les houes sine, houes-gréco et les charrettes) qui ont quasiment disparu dans les exploitations paysannes. Ces types d’équipement qui constituent le socle de la mécanisation agricole ont pourtant largement fait leurs preuves. Ils ont encore de beaux jours dans les champs en attendant que la motorisation les remplace graduellement avec bien entendu une formation appropriée pour que le paysan d’aujourd’hui devienne un fermier accompli demain.
Semences de mauvaise qualité
Pour l’instant, il y a urgence dans la mise en place des intrants attendus au titre de la campagne agricole 2024 / 2025. Cependant, il y a un préalable auquel le gouvernement doit s’atteler, il s’agit de l’assainissement des commissions de distribution d’intrants. Lesdites commissions, routinières et placées sous l’autorité des sous-préfets, sont sous l’emprise d’opérateurs privés sans scrupule, de prétendus gros producteurs, de maires ruraux et certains fonctionnaires à la retraite. Leur modus operandi consiste à ponctionner les paysans dès qu’ils se présentent pour prendre possession des intrants au niveau des chefs- lieux d’arrondissement et d’autres centres d’éclatement où les intrants sont acheminés tardivement d’ailleurs. Ainsi, après s’être acquittés de l’impôt, les pauvres paysans soi-disant privilégiés sont contraints à un marchandage par les opérateurs privés qui leur fourguent des semences bruches et prétendument certifiées après une fumigation intense pour masquer leur mauvaise qualité. Ces graines d’arachide, du tout-venant, acheminées avec d’infimes quantités d’engrais, sont distribuées à raison de trois à quatre kilogrammes par tête d’habitant dont l’impôt est effectivement payé. Les quantités ainsi livrées sont très en deçà des moyennes requises à l’hectare, aussi bien pour les emblavures que pour la fertilisation.
A propos de fertilisation, il est impératif que le gouvernement contraigne la société Indorama, qui a repris les Industries chimiques du Sénégal (Ics) depuis 2014, à privilégier les agriculteurs sénégalais dans la livraison d’engrais complexes, comme ce fut le cas du temps de Pierre Babacar Kama (paix à son âme) fondateur des Ics avec l’appui de Messieurs Abdou Diouf alors Premier ministre du Président Senghor et Louis Alexandrenne brillant ministre de l’Industrie. Il convient d’ailleurs d’envisager la reprise en main ce complexe industriel au moyen d’une participation adéquate de l’état au capital de la société ne serait-ce qu’à hauteur de 33 %. Naturellement, le repositionnement de l’état dans cette entreprise mettra fin aux pratiques scandaleuses des commissions de distribution d’intrants. Des instances où les affairistes ont pignon sur rue et se font délivrer, sans contrôle, des quitus signés par les sous-préfets et contresignés par les maires de communes attestant la réception de tonnage de graines ou d’engrais alors qu’il n’en est rien en réalité. Forts de ces quitus, les opérateurs privés engrangent des sommes faramineuses payées parla Banque Agricole ou toute autre institution financière agrée.
Le procédé ci-dessus expliqué est faussement présenté comme une subvention des intrants. Les paysans dans le désarroi n’y peuvent rien changer. Sans doute que le nouveau ministre de l’Agriculture et le secrétaire d’état aux Coopératives et à l’Encadrement agricole sauront mettre un terme à ces pratiques criminelles qui appauvrissent nos paysans. Sous l’autorité du Président Bassirou Diomaye Faye, le Premier ministre Ousmane Sonko a de quoi se retrousser les manches, au bon souvenir de sa houe, le célèbre Kadiandou de la Casamance, pour normaliser la politique agricole du Sénégal.
Jàngat Abdoulaye Cissé : Exit le PSE, place au projet !
Par Kaccoor Bi
ESTHETIQUE MACABRE
Que nos anciens Chefs encore vie réfléchissent sur ce cas pour ne pas nous appauvrir avec ce qu’ils coûtent déjà aux contribuables.Et voilà qu’aujourd’hui, l’Etat est en train de payer chèrement cette préférence à la France.
On ne cessera de le répéter, de le proclamer et même de le chanter. C’est un de nos patrimoines les plus précieux. Plus encore que les biens que Bay Seng est allé déposer en Normandie où il a préféré vivre et mourir, loin de son Sénégal, son pays natal et sa source d’inspiration. Et voilà qu’aujourd’hui, l’Etat est en train de payer chèrement cette préférence à la France.
Après que le président Sall a permis l’acquisition, par le Sénégal, de quarante et un de ses biens lui appartenant, lui et son épouse Colette, pour un montant de 160.064.000 francs CFA à Caen, voilà que la même France menace encore de mettre aux enchères sa riche et volumineuse bibliothèque. En attendant qu’elle menace de vendre d’autres biens de Baye Seng pour nous soutirer encore du fric.
Que nos anciens Chefs encore vie réfléchissent sur ce cas pour ne pas nous appauvrir avec ce qu’ils coûtent déjà aux contribuables. Cette parenthèse fermée, j’en viens à ce qui constitue notre premier patrimoine et qui est plus précieux encore que le président Senghor et son héritage réunis.
Un patrimoine qui constitue l’identité première de notre «Téranga ». Il s’agit de la Sénégalaise dont Baye Seng a chanté avec un grand lyrisme la beauté, la couleur, le port, la démarche et l’élégance même s’il lui a préféré sa Blanche Colette. Aujourd’hui, on est si peiné de voir cette beauté Noire vouloir ressembler à la Blanche en s’éclaircissant la peau jusqu’à contracter des cancers. Passe encore que nos femmes usent d’artifices trompeurs pour une fausse identité qui leur donne des allures de guenons en perdition. Surtout avec leurs cheveux dits naturels qui ne sont en réalité que des chevelures de Blanches, leurs faux cils, fausses hanches, « make up » et fausses fesses ! Mais voilà qu’en plus elles veulent blanchir leur peau ! Sans doute pour pouvoir rougir après. Comme les vraies toubabesses…
Une pratique, le « xeesal », dans laquelle seules des femmes quasi analphabètes s’illustraient auparavant pour plaire à des mecs ne pouvant pas résister eux-mêmes aux meufs de teint clair ! Mais qui, aujourd’hui, a fini de contaminer le milieu intellectuel ainsi que les femmes de la haute société. Malgré l’éveil des consciences, le phénomène perdure et s’est amplifié.
De plus en plus, des femmes dites intellectuelles ont tendance à s’arracher la peau, usant de produits sophistiqués qui leur coûtent la peau des fesses, se ruinant pour plaire aux hommes. Il suffit de suivre nos télés locales pour mesurer les dégâts faits sur leurs corps. C’est symptomatique que des praticiens sortent encore pour parler des ravages de ces produits esthétiques sur le corps des femmes qui meurent bêtement pour plaire à des hommes. Une beauté artificielle chèrement payée puisqu’aucune d’entre ces malheureuses ne se relève d’un cancer de la peau. Depuis décembre dernier, toutes les femmes dépigmentées atteintes de cancer de la peau et hospitalisées sont décédées, rappelle une éminente professeure de médecine, spécialité dermatologie, qui livre ainsi les chiffres de l’horreur…
Mais on espère que nos deux Premières dames ne vont pas recourir à cette vilaine, et dangereuse, pratique
KACCOOR BI - LE TEMOIN
DIAMBARS ET LE SPECTRE GRANDISSANT D’UNE RELEGATION
Battu ce samedi pour la 10ème fois de la saison, Diambars traverse une saison très compliquée et est plus que jamais au bord du gouffre.
Bés Bi le Jour |
Lamine Mandiang DIEDHIOU |
Publication 16/04/2024
Battu ce samedi pour la 10ème fois de la saison, Diambars traverse une saison très compliquée et est plus que jamais au bord du gouffre. La crainte d’une relégation à l’échelon inférieur, comme en 2018, plane dans les têtes des Académiciens à six journées de la fin avec cette inconstance chronique et un calendrier tout sauf facile.
Ce samedi 13 avril, Diambars (14ème, 14 pts) a perdu à domicile le match de la peur devant le Stade de Mbour (13ème, 18 pts) qui est juste devant lui au classement avec quatre points de plus. Une mauvaise opération qui confirme les déboires des Académiciens qui ont presque toujours végété cette saison dans la seconde partie de tableau. Un exercice 2023-2024 compliqué du champion du Sénégal 2013 qui peut s’expliquer par un ensemble de facteurs dont la délocalisation de ses rencontres au stade Lat-Dior, loin de son antre de Fodé Wade de Saly, le gros changement dans l’effectif avec le départ de plusieurs joueurs ou encore l’absence du président, Saer Seck, jadis au cœur de la gestion de l’Académie.
Sur le plan comptable, Diambars ne compte que 2 victoires contre 8 nuls et 10 défaites après 20 journées. L’actuelle lanterne rouge de la Ligue 1 est la pire formation à l’extérieur (4 points sur 30 points possibles) et 2ème plus mauvaise équipe à domicile (10 points pris sur 30 possibles). Si elle est tout sauf ridicule offensivement 17 buts marqués), c’est sa défense qui constitue son talon d’Achille avec 29 buts encaissés. Ce qui en fait la pire défense du championnat avec le pire goal-avérage (-12).
« Nous n’avons pas le droit de lâcher»
Des chiffres affligeants qui expliquent quelque peu le downfall de Diambars cette saison. Mais en dépit de cette spirale négative, Bruno Rohart montre toujours un brin d’optimisme à six journées de la fin. «Nous avons une équipe jeune qui commet de grosses erreurs individuelles, mais tant que ce n’est pas fini, nous devons nous battre. Il reste 6 matchs, soit 18 points à prendre, et il faudra prendre le maximum, travailler et espérer. Nous savons que ce sera extrêmement difficile, mais rien n’est fini pour nous», a confié le technicien français après le revers de son équipe dans le derby de Mbour. Mais l’ancien entraineur de Dsc ne veut pas pour autant baisser et croit plus que jamais à un sursaut d’orgueil de ses poulains. «C’est un point négatif, mais cela nous motivera encore plus. Nous savons que cela sera très dur, mais quelque part, c’est aussi de notre faute. Nous devons nous réfugier dans le travail, ne pas lâcher, car nous sommes Diambars, nous n’avons pas le droit de lâcher, même si nous sommes une équipe jeune. Nous devons aller chercher les points nécessaires et jouer jusqu’au bout. Nous croyons toujours au maintien, cela sera difficile, mais nous serons là», ajoute-t-il.
13 matchs de rang sans succès
Mais le calendrier s’annonce dantesque pour son équipe. Les prochaines sorties seront toutes des finales pour le maintien avec des déplacements compliqués à Jamono Fatick (21ème journée), la Linguère de Saint-Louis (23ème journée) et Dakar Sacré-Cœur (25ème journée) et les réceptions tout aussi difficiles de l’Us Ouakam (22ème journée), Guédiawaye Fc (24ème journée) et Génération (26ème journée).
A six journées de la fin, il faudra donc batailler ferme pour se maintenir dans l’élite pour les Académiciens de Saly qui se dirigent journée après journée vers la relégation. Le discours de Bruno Rohart se veut certes optimiste en dépit de ce calendrier compliqué et de cette spirale négative de 13 matchs sans victoire. Le dernier en date remonte au 16 décembre dernier devant Jamono Fatick (1-0). Une équipe que les Académiciens croiseront ce week-end avec l’objectif de renouer avec le succès pour endiguer cette mauvaise passe et se donner les moyens de croire au maintien.
LE GAR-SI SAHEL DANS LE COLLIMATEUR DE L’UE
L’Union européenne enquête pour savoir si les équipements fournis au Sénégal dans le cadre du projet des Groupes d’action rapide - Surveillance et intervention au Sahel (Gar-Si Sahel) ont été utilisés pour réprimer les manifestants.
L’Union européenne enquête pour savoir si les équipements fournis au Sénégal dans le cadre du projet des Groupes d’action rapide - Surveillance et intervention au Sahel (Gar-Si Sahel) ont été utilisés pour réprimer les manifestants. L’enquête menée par Al Jazeera et de la Fondation PorCausa montre que l’incident s’est produit dans le village de Mampatim, une localité située dans la région de Kolda. Ce qui est contraire à la mission assignée à ces forces financées par l’Union européenne.
Les révélations d’Al Jazeera au Sénégal sont encore d’actualité. Selon des sources du Parlement européen auxquelles le site espagnol Okdiario a eu accès, Bruxelles a ouvert une enquête interne sur la participation des Groupes d’action rapide - Surveillance et intervention au Sahel (Gar-Si Sahel) dans la répression des manifestants. Tout est parti d’une enquête conjointe menée par Al Jazeera et la Fondation PorCausa, publiée en février dernier. Les deux ont obtenu des preuves visuelles, des contrats du gouvernement espagnol, un rapport d’évaluation confidentiel et des témoignages de multiples sources qui ont confié que le Gar-Si, financé par l’Union européenne (Ue), a été utilisé pour réprimer les manifestants. «Dans une vidéo, on voit des agents de sécurité équipés du même type de véhicules blindés que ceux achetés par l’Ue pour le Gar-Si Sénégal, tirer des gaz lacrymogènes sur une caravane de protestation organisée par l’opposition en mai dernier», avaient-ils révélés. L’enquête a vérifié que l’incident s’est produit dans le village de Mampatim, une localité située dans la région de Kolda.
Qui sont les Gar-Si Sahel ?
Les Gar-Si Sahel est un projet régional qui s’étend de 2016 à 2023. Au Sénégal, le programme avait débuté en mars 2018, pour une durée totale de 40 mois, financé à hauteur de 4,7 milliards F CFA par le Fonds fiduciaire d’urgence pour l’Afrique de l’Ue. Sa mise en œuvre a été assurée par la Fondation internationale et ibéro-américaine pour l’administration et les politiques publiques en Espagne (Fiiapp) en partenariat avec l’opérateur de coopération technique internationale du ministère de l’Intérieur de la France (Civipol). Le projet a ainsi contribué à la mise en place d’une unité spéciale de surveillance et intervention de 200 gendarmes (300 hommes selon l’enquête) déployée à Kidira, ville frontalière avec le Mali afin de protéger le Sénégal contre les incursions potentielles de groupes armés et les crimes transfrontaliers, y compris le trafic de migrants. «Après l’achèvement du projet, à la demande de toutes les parties prenantes, la délégation de l’Ue au Sénégal a poursuivi une deuxième phase en utilisant un autre mécanisme de financement. Selon une source policière espagnole et une source policière sénégalaise au fait du dossier, environ 4,5 millions d’euros ont été affectés à une deuxième unité Gar-Si Sénégal de 250 hommes près de la ville de Saraya, à proximité de la frontière avec la Guinée et le Mali. Cependant, l’enquête du réseau arabe Al Jazeera démontrant la présence de ces unités sur les lieux de manifestations. Une analyse des véhicules capturés dans la vidéo de Mampatim montre qu’ils correspondent au Suv Uro Vamtac ST5», véhicules blindés fournis par l’Ue dans le cadre du projet Gar-Si.
Le Gar-Si Sénégal fonctionne différemment des autres pays
Le ministère de l’Intérieur et la Garde civile espagnole ont nié l’implication de ces élites dans des manifestations publiques de masse ou de protestations et que l’accord de projet interdit au Sénégal de «faire un usage du matériel et des équipements qui s’écarte de l’objectif du projet Gar-Si». Al Jazeera et PorCausa disent avoir contacté le ministère de l’Intérieur du Sénégal mais n’ont reçu aucune réponse avant la publication du mois de février. Ils ont également obtenu le rapport d’évaluation final de 67 pages du projet Gar-Si de 2022, qui indique qu’au Sénégal, le Gar-Si fonctionne différemment des autres pays où l’unité est présente. «Le rapport indique que l’unité est parfois déployée dans des missions conjointes avec d’autres unités de police, telles que l’Escadron de surveillance et d’intervention (Esi) de la Gendarmerie sénégalaise, pour mener à bien une série de missions de «sécurité intérieure», notent-ils. Dans sa réponse, la Commission européenne a indiqué qu’elle ne disposait d’aucune information sur les unités déployées par les autorités sénégalaises lors des manifestations. «Nous sommes en contact avec les autorités sénégalaises pour obtenir plus d’informations sur ces allégations», avait déclaré un porte-parole de la Commission européenne au mois mars dernier. Aujourd’hui, l’Ue enquête sur l’utilisation de tout cet argent et a averti l’Espagne qu’elle pourrait perdre la gestion de ce projet de sécurité dans le cas où l’utilisation abusive des fonds serait prouvée, révèle le site OkDiario.
Par Ababacar FALL
CENA – CENI : QUELLE ALTERNATIVE POUR LE SENEGAL
En annonçant sa volonté de substituer la CENA par une CENI, Diomaye Faye relance le vieux débat sur la meilleure structure pour organiser des élections. Un choix lourd de conséquences au regard des expériences contrastées de ces deux modèles en Afrique
La décision annoncée par le président nouvellement élu Bassirou Diomaye Faye de remplacer la CENA par une CENI, m’offre encore une fois l’occasion de revenir sur un tel sujet qui du reste n’est pas nouveau. A la suite des dysfonctionnements intervenus lors des élections locales de 1996 à Dakar, l’opposition d’alors avait réclamé la mise en place d’une CENI dans le cadre de la commission cellulaire dirigée par le Professeur DiaÏté pour conduire les concertations entre les partis politiques afin d’évaluer les élections locales entachées d’irrégularités et de faire des propositions au Président Diouf pour l’amélioration du système électoral sénégalais.
Ces concertations malheureusement, prendront fin dans la confusion avec un désaccord entre l’opposition regroupé au sein du Collectif des 19 qui voulait une CENI et le parti socialiste qui était pour le maintien du statut quo. Suite à une demande d’arbitrage que lui avait adressé le Collectif des 19, le Président Abdou DIOUF avait tranché la question en optant pour un Observatoire national des élections- ONEL et en créant au sein du ministère de l’intérieur une Direction générale des élections – DGE. Après quelques années d’existence, on s’est rendu compte des limites objectives de l’ONEL bien qu’il constitua quand même une avancée majeure dans le dispositif électoral pour avoir contribué à crédibiliser le processus électoral et à rendre les élections transparentes. Cependant son caractère temporaire, son manque d’autonomie financière, l’absence d’une véritable personnalité juridique et d’un pouvoir de sanction immédiatement exécutoire ont constitué des limites objectives qui rendaient l’ONEL inapproprié dans le cadre d’un processus continu d’approfondissement de la démocratie.
Ainsi en2003, le débat resurgit sur l’opportunité de renforcer les pouvoirs de l’ONEL ou de mettre en place une autre structure, CENA ou CENI à la suite des élections de 2001 et 2002 où la nouvelle opposition qui avait perdu le pouvoir en 2000, convaincue que ces élections n’étaient pas transparentes, fit du renforcement des pouvoirs de l’ONEL une revendication principale.
C’est alors que le président Abdoulaye Wade, par décret n° 2004-673 en date du 02 juin 2004, institua une commission cellulaire chargée de réfléchir sur le cadre juridique, la mission et les attributs de la CENA. La commission cellulaire, dans laquelle j’ai siégé, sous la direction du Professeur Babacar Gueye nommé par décret n° 2004-1379 du 29 octobre 2004 démarra ses travaux à l’école nationale de police le 29 novembre 2004 ; travaux qui s’achèveront le 27 janvier 2005. Le président Wade par décret n° du ……. Mit en place la CENA avec des pouvoirs renforcés avec comme premier Président le Magistrat à la retraite Moustapha Touré. Depuis lors, beaucoup d’eau a coulé sous les points avec les différentes péripéties vécues depuis le limogeage/démission de son président ci-dessus cité et la nomination d’un autre magistrat pour le remplacer, en l’occurrence Doudou Ndir. Je suis largement revenu sur ces différentes péripéties dans mon ouvrage sur l’histoire politique et électorale du Sénégal. La suite, on la connait avec le remplacement brutal de tous les membres de la CENA par le président Macy Sall avec le feuilleton des fiches de parrainage refusées au candidat Ousmane Sonko suite à une décision de justice et l’application parla CENA de son pouvoir d’injonction à l’endroit de l’administration électorale.
La proposition du président de la République dans son adresse à la nation le 3 avril relance Le débat sur l’opportunité de mettre en place une CENI à la place de la CENA probablement à cause de la perception de beaucoup d’acteurs du jeu politique et nombre d’observateurs de la scène politique de l’inefficacité d’une telle institution au cœur du processus électoral. Depuis les élections législatives de 2017 jusqu’à la récente élection de 2024, en passant par celle de 2019, de nombreux faits et actes se sont produits qui pourraient conforter l’idée d’une fragilisation de l’organe de contrôle ou de son inutilité malgré les pouvoirs qui lui sont dévolus.
En 2017, lors de la refonte partielle du fichier, beaucoup de couacs et de dysfonctionnement ont été relevés qui ont traduit une attitude certaine des autorités en charge de l’organisation des élections à mettre la CENA soit sur le fait accompli, soit à agir de manière unilatérale sans l’en informer.
Ainsi que cela ressort du rapport de l’organe de contrôle sur les élections législatives de 2017, à la page 34 on peut noter certains points présentés par cette dernière lors d’une visite d’une délégation conduite par le Ministre de l’Intérieur.
• La CENA n’a pas été associée à l’envoi du matériel électoral et des documents électoraux aux autorités administratives ; cependant au niveau local, aucune récrimination n’a été enregistrée
• Pour la remise des listes électorales aux plénipotentiaires des entités en compétition, la CENA n’a enregistré que deux réclamations, qui ont été satisfaites dès qu’elles ont été portées à la connaissance du DGE
• Un récent communiqué du ministère de l’Intérieur laisse entendre que les bureaux de vote pourraient changer de lieu de localisation pour diverses raisons, amenant la CENA à rappeler que le Code électoral ne permet pas un tel déplacement au stade actuel
• Au sujet de la distribution des cartes d’électeur, la CENA est particulièrement préoccupée par le faible taux de retrait enregistré à la date du 24 juillet 2017.
• Sur l’organisation du retrait des cartes, des communiqués émanant des autorités administratives de Dakar ont été diffusés pour en changer l’organisation et ce, sans l’avis de la CENA
• Enfin, sur l’édition des cartes d’électeur, toujours en cours, la CENA exprime sa vive inquiétude ; au 24 juillet 2017, en effet, un nombre très important de cartes d’électeurs restent à produire et à mettre à la disposition de leurs ayants droits.
Malgré les réponses et les assurances données par le Ministre de l’Intérieur de l’époque Abdoulaye Daouda Diallo quant à sa volonté de respecter la loi, il n’en demeure pas moins que la CENA à bien des égards a été tenue à l’écart de beaucoup d’activités notamment dans la phase de production et de distribution des cartes où une volonté nette de désorganiser le scrutin a été murie et planifiée de façon délibérée.
A la page 46 du rapport, la CENA note pour le déplorer qu’à côté des retards dans l’installation du matériel et des documents électoraux, l’on a noté le manque, voire l’absence totale de bulletins de certaines coalitions dans des bureaux de vote tant au plan national qu’à l’extérieur.
A la page 51 du rapport, le cas de Touba est évoqué, même si la forte pluie de la veille a pu retarder le démarrage du vote, nombre de bureaux de vote n’ont pu démarrer à temps faute de matériel mais surtout de l’absence des bulletins du PDS, ce qui aura été à l’origine du saccage de 220 bureaux de vote. Quid du cas de la Côte-d’Ivoire ou dix-neuf bureaux n’ont pas fonctionné en l’absence de bulletins.
Concernant l’élection présidentielle, environ plus d’un million de cartes d’électeurs ont été distribués sans la présence de la CENA du fait de la modification de l’article L.54 qui permet aux autorités administratives de procéder à la distribution des cartes après le scrutin et d’en tenir seulement informés le comité électoral et la CENA qui a été ainsi privée légalement d’exercer un droit de contrôle que lui confère ses attributs, car elle doit être présente à tous les stades du processus électoral.
Par ailleurs, un des éléments qui fondent l’indépendance de l’organe de contrôle est son autonomie financière ; or dans le cas d’espèces, les moyens nécessaires au fonctionnement de la CENA ont été logés dans le budget du ministère de l’Intérieur exposant l’organe de contrôle à des difficultés financières préjudiciables au bon fonctionnement de ses démembrements départementaux – téléphones suspendues, parc automobile vétuste ou non opérationnel pour cause de panne, mise en congés du personnel après les élections… etc.
Pour rappel, dans une étude comparative des CENI et des CENA en Afrique présentée dans le cadre de la commission cellulaire pour l’institution d’une CENA en 2004, le Professeur Sémou Ndiaye, professeur de droit à la faculté des sciences juridiques et politiques de l’UCAD en analysant les missions dévolues à ces deux types d’organes, parle de missions variables à savoir :
- L’organisation et la supervision de l’ensemble du processus électoral, d’une part,
- Le contrôle et la supervision du processus électoral, d’autre part.
Dans le premier cas, la commission électorale (CENI) a la maitrise de l’ensemble du processus électoral qui va de l’inscription sur les listes électorales à la proclamation provisoire des résultats en passant par leur organisation. Dans cette hypothèse, l’administration ne dispose plus de prérogatives propres dans le processus électoral. Elle est souvent réduite à assister la Commission qui peut la solliciter pour l’accomplissement d’une tache bien définie à laquelle elle est tenue de s’exécuter. C’est le cas du Niger et du Burkina Faso. Ce dernier pays va plus loin en prévoyant dans son code électoral que la CENI a pour mission la constitution, la gestion et la conservation du fichier électoral national ainsi que l’organisation et la supervision des opérations électorales et référendaires.
Dans le cas du Bénin, la Commission électorale (CENA) est chargée de la préparation, de l’organisation, du déroulement, de la supervision des opérations de vote et de la centralisation des résultats. A cette fin, elle dispose de tout pouvoir d’investigation pour garantir la sincérité du vote. Elle proclame les résultats définitifs des élections locales alors que pour les élections législatives et l’élection présidentielle, elle n’a pour prérogatives que la centralisation des résultats et leur transmission à la Cour Constitutionnelle pour vérification de la régularité, l’examen des réclamations et la proclamation des résultats définitifs. Nous sommes là en présence d’une structure vraiment hybride !
Dans le deuxième cas, on a des CENI qui n’ont comme prérogatives que le contrôle et la supervision du processus électoral, l’administration étant chargée de l’organisation des élections. C’est le cas des CENI de Djibouti, du Togo et du Mali. Pour le CENI de Djibouti, elle contrôle la gestion du fichier électoral, l’établissement et la révision des listes électorales, l’impression et la distribution des cartes d’électeurs, la mise en place des matériels et documents électoraux.
Elle veille également à la publication des listes électorales et des membres des bureaux de vote. Le Mali et le Togo présentent les mêmes similitudes avec pour missions uniquement la supervision, le suivi de la régularité du déroulement des opérations électorales référendaires, législatives, présidentielles et locales. (extraits du rapport du Professeur Sémou Ndiaye cité dans mon ouvrage sur l’histoire politique et électorale du Sénégal – P.186).
A cela s’ajoute des exemples de CENI politisées comme c’est le cas de certains pays comme le Niger et le Togo. Pour le Niger, tout parti légalement constitué est représenté à la CENI. De même, les candidats indépendants à chaque élection bénéficient d’une représentation même si c’est commun à l’ensemble de ces candidats. La politisation de cette CENI tient davantage au fait que seuls participent au vote, les représentants de partis politiques légalement constitués, les représentants des candidats indépendants et celui de l’Etat, les autres membres, en particulier, ceux de la société civile étant exclus du vote.
S’agissant du cas du Togo, la CENI comprend neuf membres, quatre de la majorité présidentielle, quatre de l’opposition en plus du président de la Cour d’Appel qui préside es qualité la CENI. On remarquera dans ce dernier cas que la société civile n’est même pas représentée. Cf. étude du Professeur Sémou Ndiaye)
Dans d’autres états, de par leur composition, les commissions électorales sont « dépolitisées ». La première forme de dépolitisation résulte de l’absence de représentation formelle des partis politiques dans les commissions. Ils sont certes habilités à désigner des membres dans ces commissions mais leur choix doit porter sur des personnalités reconnues pour leur compétence, leur probité, leur impartialité, leur moralité ainsi que leur sens patriotique. La CENA béninoise est représentative de cette forme de dépolitisation.
A un degré moindre, le souci de dépolitisation est présent dans la composition des CENI du Mali et du Burkina. Dans ces deux pays, les dix membres de la CENI sont désignés par les partis politiques suivant une répartition équitable entre les partis politiques de la majorité et ceux de l’opposition. La société civile cependant y est suffisamment représentée pour constituer un tampon entre les deux camps et ainsi s’opposer à une politisation de ces CENI.
La commission électorale de la Tanzanie peut être citée comme autre exemple de dépolitisation en ce que tous les membres de cette commission ne doivent appartenir à aucun parti politique. C’est le Cap vert qui offre l’exemple achevé d’une commission électorale dépolitisée. En effet, si les partis politiques peuvent désigner des représentants à la commission électorale, ces derniers n’ont ni droit à la parole ni droit de vote. (cf. étude du Pofesseur Sémou Ndiaye)
L’auteur souligne également les fortunes diverses des CENA et CENI à l’épreuve des élections. Beaucoup de blocages et de difficultés survenues ont conduit à leur réforme.
Ainsi les crises n’ont pas manqué avec soit des difficultés d’organisation matérielle ou le refus de l’administration de collaborer loyalement.
Si j’ai tenu à faire mention de larges extraits du rapport présenté par le professeur Sémou Ndiaye, et qui ont été pris en compte dans le rapport final soumis aux autorités de l’époque qui avaient mis en place la commission cellulaire dirigé par le professeur Babacar Gueye, c’est pour montrer qu’il a fortement inspiré la décision du pouvoir de mettre en place au Sénégal une Commission Electorale Nationale Autonome – CENA
UN VADE-MECUM DU VATICAN SUR LA DIGNITE HUMAINE
Selon Abbé Roger Gomis de l’Archidiocèse de Dakar, ce texte d’une vingtaine de pages, fruit de cinq années de travail, commémore le 75e anniversaire de la Déclaration universelle des droits de l'Homme
Près de 5 mois après la publication de la très controversée déclaration «Fiducia supplicans», en décembre 2023, le Dicastère pour la Doctrine de la Foi a promulgué, le lundi 8 avril dernier, une nouvelle déclaration sur la dignité humaine, intitulée «Dignitas infinita». Selon Abbé Roger Gomis de l’Archidiocèse de Dakar, ce texte d’une vingtaine de pages, fruit de cinq années de travail, commémore le 75e anniversaire de la Déclaration universelle des droits de l'Homme. A en croire le prélat, le texte explique de manière théorique le concept de la dignité humaine et réaffirme «le caractère incontournable du concept de dignité de la personne humaine au sein de l’anthropologie chrétienne»
Ce qui l’amène à dire que la dignité humaine, dans son essence, nous appelle à voir l'autre, quel qu'il soit, comme un frère ou une sœur, porteur de la même lumière intérieure. «Cela signifie concrètement accueillir, écouter et chercher des chemins de compréhension et de respect mutuel, même quand cela semble difficile», a-t-il fait comprendre. Et d’ajouter : «chaque personne porte en elle une dignité inaliénable, comme une lumière qui ne s'éteint jamais, quelles que soient les circonstances. Une idée qui n'est certes pas nouvelle pour nous, mais qui reste toujours aussi puissante, rappelant que chaque individu mérite respect et amour, car nous avons tous été créés à l'image et à la ressemblance de Dieu». Ce nouveau document, aux allures d’une encyclique, traduit en plusieurs langues, aborde, d’après Abbé Roger, la question de la dignité humaine sous des thèmes à la fois éthiques, sociétaux et politiques mais aussi religieux. Un véritable Vade-mecum comportant une liste non exhaustive de violations graves à la dignité humaine, à savoir : «la violence contre les femmes», le «respect des personnes handicapées», les «abus sexuels», la «traite des personnes», la «violence numérique», la «peine de mort». Mais aussi la «théorie du genre», «l’avortement», la «gestation pour autrui», «l’euthanasie et le suicide assisté», le «changement de sexe». Et enfin «la pauvreté», la «guerre» et les «migrants».
Bref, «dans nos sociétés, marquées par une grande diversité culturelle et religieuse et qui sont souvent le théâtre de luttes pour les droits et la dignité, notamment autour de questions sensibles comme l'homosexualité, la réception de cette nouvelle déclaration ne se fera pas sans un dialogue certes complexe mais inclusif favorisant le respect de la dignité de chaque personne, tout en restant fidèles et sans compromis à nos valeurs culturelles africaines. Sur ce plan, l'Église en Afrique devra jouer les premiers rôles en étant ce pont pouvant permettre ce dialogue», a-t-il soutenu.
LA SANTE PUBLIQUE EN DANGER PERMANENT
Keur Serigne-bi ! L’évocation de ce site renvoie, entre autres, à la vente de médicaments et autres produits pharmaceutiques.
Keur Serigne-bi ! L’évocation de ce site renvoie, entre autres, à la vente de médicaments et autres produits pharmaceutiques. Seulement, la commercialisation de produits vétérinaires en ce coin niché en centre-ville, sur l’avenue Blaise Diagne, à quelques encablures du marché Sandaga, n’est pas sans conséquences néfastes sur la santé publique. Selon des docteurs vétérinaires, qui relèvent que «40 à 50% des médicaments (vendus) sur les marchés parallèles sont de la contrefaçon», ces produits s’avèrent «dangereux pour la santé animale et les populations».
Blaise Diagne. Tous les jours, ce sont de longues processions de véhicules qui se forment sur l’avenue. Situé sur le côté de ce grand boulevard, Keur Serignebi est un lieu de spiritualité. Certes ! Le domicile de Serigne Moustapha Mbacké, fils du vénéré Cheikh Ahmadou Bamba, fondateur du Mouridisme, se trouve à cet endroit. Il est le premier successeur de son père à la tête du califat. La maison du Khalife ne désemplit pas. Le commerce de produits pharmaceutiques prospère à Keur Serigne-bi, situé à quelques mètres de l’arrêt bus du marché Sandaga. Il polarise beaucoup de jeunes qui exercent dans le petit commerce appelé secteur informel. Il emploie des jeunes victimes de la déperdition scolaire, ceux qui ont fréquenté les «daaras» voire même des analphabètes. En plus des médicaments d’officines de pharmacie, «les produits vétérinaires pullulent dans ce ‘’marché’’ très prisé par les Dakarois et des populations de l’intérieur du pays». Les tables bien achalandées jouxtent l’une des avenues les plus fréquentées de la capitale, Dakar. Elle est aussi sans doute la plus polluée. Un vendeur de produits vétérinaires, Mouhamed D., est en train de mettre en sachets les médicaments en capsules. Le pot de médicaments lui a coûté 7500 FCFA. En vendant au détail, il gagne 12.500 FCFA. Sur sa table, on peut voir divers produits vétérinaires : l’Oxythétracycline, un antibiotique bien connu des fermiers avicoles, les antistress et les vitamines. «Nous gagnons dignement notre vie. Sans faire de mal à personne. Les vétérinaires sont nos clients. Certains d’entre eux viennent acheter nos produits. Ce sont nos partenaires», a déclaré Mr Mohamed D. Pourtant, ce commerce est prohibé.
CE QUE DIT LA LOI
La loi n°2oo8 du 24 janvier 2008 relative à la détention, vente et distribution au détail précise, en son article 32 : «La cession à titre gratuit ou onéreux de médicaments vétérinaires est interdite sur la voie publique… à toute personne même titulaire du diplôme de docteur vétérinaire ou de docteur en pharmacie». Les clients et passants de l’avenue Blaise Diagne sont interceptés par des individus qui squattent les lieux. Ils orientent les clients qui veulent se procurer des produits. Les passants pressés ne perdent pas de temps pour répondre aux questions des démarcheurs. Leur rémunération est que pour chaque «marchandise» vendue, ils bénéficient d’une petite somme. «On vend tout dans ce marché. N’importe quel produit que vous recherchez, vous pouvez le trouver ici», a déclaré un jeune démarcheur. On y trouve en effet divers médicaments vétérinaires : l’Amintotal, protéine pour la croissance des poussins, l’Anticox, produit qui lutte contre la ‘’coxidiose’’, Tétracolivif, un antistress, Virunet, un vuricite, il tue les virus, entre autres. Ils sont exposés à l’air libre, parfois sous les rayons solaires ardents. Alors que ces produits doivent être à l’abri de la chaleur. L’activité de commerce des médicaments est très courue ici : «on l’a laissé germer, se développer et s’enraciner. L’enjeu est d’abord économique. La filière génère une manne financière importante. Elle profite à des individus tapis dans l’ombre», confie un professionnel avicole.
«NOUS SOMMES EN FACE D’UNE BOMBE… CAR CE MARCHE PARALLELE EST UN DANGER POUR LA SANTE ANIMALE»
A défaut, l’Etat doit sévir. Un Dr vétérinaire de la zone des Niayes soutient que «l’Ordre des docteurs vétérinaires et celui des médecins se sont battus pour qu’on mette un terme à la vente des produits médicaux. En vain». Par contre, son confrère affirme que «certains médicaments qu’on trouve à Keur Serigne-bi sont de bonne qualité. Mais, ils sont dans les mains d’analphabètes qui ne peuvent prodiguer le plus petit conseil à un exploitant avicole, concernant leur usage». Pis, ils ne peuvent pas «poser un diagnostic médical quand la volaille est victime d’une pathologie. Nous sommes en face d’une bombe». Pour autant, les professionnels de la filière alertent. «Le Sénégal court de gros risques. Car ce marché parallèle est un danger pour la santé animale. Le circuit qu’empruntent les médicaments ne rassure personne quant à la qualité des médicaments». Leurs fournisseurs, des revendeurs de Keur Serigne-bi, sont de grands importateurs de médicaments qui ont pignon-surrue. Ils opèrent en toute illégalité. La preuve, la livraison des produits vétérinaires se fait en catimini. Ils (les produits vétérinaires) proviennent des pays de la sous-région. Hors espace de l’Union Economique et Monétaire Ouest Africaine (UEMOA). Il s’agit de la Gambie, la Mauritanie, les deux Guinées etc. «Tous ces produits qui entrent au Sénégal ne sont pas taxés. D’ailleurs, c’est ce qui justifie le fait que ces marchandises sont cédées à vil prix. Comparé à ceux des cabinets vétérinaires», déplorent ces professionnels agréés.
CONDITIONS D’ENTREE DES PRODUITS PHARMACEUTIQUES SUR LE TERRITOIRE NATIONAL
Dans les normes, seuls les grossistes sont habilités à importer des produits vétérinaires, notamment les pharmaciens de formation. L’importation des produits vétérinaires est une spécialité. Après le doctorat en médecine vétérinaire, il faut deux ans de formation pour être un distributeur agréé. «Parmi nous, il y a des gens qui sont complices du désordre constaté dans la vente des médicaments», regrettent les docteurs vétérinaires que nous avons rencontrés. La législation en matière d’importation des produits médicamenteux est claire. Un responsable de la Direction des Douanes précise : «la Douane vérifie la conformité des documents avec les dispositions en vigueur. A savoir si la personne ou l’entreprise est habilitée à importer les produits vétérinaires». En ce qui concerne leur qualité, ce sont les services techniques de l’Elevage qui peuvent donner un avis. Ce que confirme Dr Asssiongbou Tecko-Agbo, Responsable du Laboratoire de contrôle des médicaments vétérinaires à l’Ecole Inter-Etats de Médecine vétérinaire Dakar (Véto), Expert-Evaluateur des dossiers d’Autorisation de mise en vente sur le marché des médicaments (AMM), vétérinaire au niveau de l’Union Economique et Monétaire Ouest Africaine ( Uemoa).
LES CONSOMMATEURS EXPOSES : «40 A 50% DES MEDICAMENTS SUR LES MARCHES PARALLELES SONT DE LA CONTREFAÇON»
L’Expert-Evaluateur des dossiers d’autorisation soutient que «40 à 50% des médicaments qu’on rencontre au niveau des marchés parallèles, c’est de la contrefaçon ; le marché le plus lucratif. Il y a une catégorie de médicaments. En médecine vétérinaire, c’est le Trypanocyte. Le produit traite la maladie du sommeil.» Les médicaments restent dans l’animal. La quantité dangereuse est définie par le Code alimentarus (Code alimentaire). Créées par l’Organisation mondiale de la santé (OMS) et l’Organisation des Nations unies pour l’alimentation et l’agriculture (FAO), ces normes sont applicables à tous les Etats. La concentration des produits qui doivent rester, par exemple l’Oxytétracycline, après l’avoir utilisé chez l’espèce animale, ne doit pas dépasser 100000 micro grammes par kilo. Cette valeur est supposée ne présenter aucun problème pour les consommateurs. Par contre, pour la Pénicilline, quand on l’utilise chez la bête, le lendemain, quand on prend le lait, on peut avoir un malaise, car ce produit peut provoquer des réactions allergiques. Tous ceux qui consomment ces animaux traités à partir des médicaments issus des marchés parallèles sont exposés à des maladies. Le risque zéro n’existe pas. C’est pourquoi, les marchés parallèles constituent un danger pour la santé publique. En plus, le fumier utilisé par les exploitants agricoles contient des résidus de pénicilline.
«LES MEDICAMENTS VETERINAIRES COMMERCIALISES DANS LES MARCHES PARALLELES : UN DANGER PERMANENT»
Le risque est réel et le danger permanent. Selon les spécialistes, «les médicaments vétérinaires commercialisés dans les marchés parallèles sont dangereux pour la santé animale et les populations. Dans la mesure où ceux qui les commercialisent ne sont pas habilités à le faire». En outre, ils n’ont pas la formation requise. Pis, ces produits n’ont pas été contrôlés au préalable par un laboratoire, conformément à la Règlementation en vigueur au sein de l’espace UEMOA. En effet, les produits pharmaceutiques vétérinaires doivent avoir impérativement une Autorisation de mise en vente sur le marché (AMM). Elle est délivrée par la Commission de l’UEMOA, basée à Ouagadougou. Cette autorisation est assujettie à la certification du produit par un laboratoire agréé. Au Sénégal, il y a trois laboratoires qui sont agréés. Celui de l’EIMVS, celui de l’Institut Sénégalais de Recherche en Agronomie (ISRA), à Hann, et le laboratoire qui contrôle les médicaments de la médecine humaine faisant face à l’ex-hôpital Aristide Le Dantec. Parlant de la mortalité très élevée des sujets dans les exploitations avicoles, le Dr Asiongbougou affirme : «l’eau qu’utilise les aviculteurs pose problème. Elle contient du calcaire. Alors que c’est cette même eau qu’utilisent les éleveurs pour administrer des produits pharmaceutiques à la volaille. Il va sans dire que le produit sera inefficace pour prévenir ou guérir les poussins, en cas d’attaque pathologique d’origine virale ou bactérienne».
DES CRAINTES DANS LA MISE EN ŒUVRE D'UN DOSSIER PATIENT UNIQUE
Le Dossier Patient Unique peine à être une réalité dans le pays, même au niveau de structures abritant cette digitalisation. Au sein de l’hôpital Abass Ndao de Dakar, des médecins sont toujours à l’ère analogique.
Depuis le mois de mars dernier, le ministère de la Santé et de l’Action sociale a lancé le Dossier Patient Unique à Dakar. L’hôpital Abass Ndao a été choisi pour abriter la phase pilote du projet qui a démarré au sein de la facturation, en médecine interne et au service cardiologie. Seulement, le projet qui doit être généralisé dans les structures de santé, commence à faire parler de lui. Des agents relèvent des failles qui touchent une non-maîtrise de l’outil. D’ailleurs, avec la disparition des autres logiciels disponibles dans les structures sanitaires depuis plusieurs années, l’inquiétude d’une perte de données est de mise chez les acteurs du système.
Le Dossier Patient Unique peine à être une réalité dans le pays, même au niveau de structures abritant cette digitalisation. Au sein de l’hôpital Abass Ndao de Dakar, des médecins sont toujours à l’ère analogique. Les consultations se font sans passer par la digitalisation ou maintiennent d’anciens logiciels. Une situation due souvent à une non-maîtrise de l’outil mais aussi au manque d’informations concernant ledit dossier. D’autres problèmes sont aussi relevés par des agents de soins à savoir des lenteurs dans l’utilisation de la nouvelle plateforme qui sera démultipliée sur toute l’étendue du territoire national.
Au niveau du ministère de la Santé et de l’Action sociale, la Direction de la Digitalisation est formelle, l’orientation du ministère actuelle est un Dossier Patient Unique parce qu’il leur faut une base de données unique. Seulement, dans cette quête, des acteurs de la santé ont déclaré : «nous avons un nouveau logiciel. Il nous est demandé par la tutelle de l’utiliser pour l’enregistrement de nos patients. Ce qui se pose comme difficultés, si le patient est nouveau, le problème ne se pose pas. On lui ouvre un Dossier Patient Unique qui pourra l’accompagner dans ses soins. Par contre, si le malade est suivi dans la structure et enregistré régulièrement, il nous faut toujours nous référer à l’ancien logiciel pour avoir les données de son suivi».
Dans d’autres structures où la digitalisation du Dossier Patient Unique est très avancée depuis plusieurs années, des médecins restent sceptiques quant à la réussite d’un tel projet à court termes. En attendant que la phase test fasse ses preuves, dans les grands hôpitaux de Dakar, d’autres logiciels continuent de servir tant dans la facturation que dans le suivi du malade. Une démarche qui n’est pas rentable pour le ministère de la Santé et de l’Action sociale. «Aujourd’hui, si moi, patient, je me retrouve sur cinq bases de données, nous ne pourrons pas atteindre l’objectif recherché qui est de faciliter les soins. Avec ce nouveau système de Dossier Patient Unique, à chaque fois que je vais en consultation chez un médecin, on met à jour cette base», a déclaré le coordonnateur de la Cellule de la Carte sanitaire et sociale, de la Santé digitale et de l’Observatoire de Santé (CSSDOS), Dr Ibrahima Khalilou Dia. Et de poursuivre : «nous sommes dans la phase test. Avec le concours des agents dudit logiciel, nous pourront parfaire le système si besoin en est, car c’est possible que des difficultés soient notées dans la mise en œuvre»
DISPARITIONS DES AUTRES LOGICIELS ET PROBABLE PERTE DE DONNEES
Dans la gestion hospitalière, le suivi du Dossier Patient Unique reste le chantier le plus avancé. Au moins, deux tiers (2/3) des établissements de santé disposent d’un logiciel qui leur permet de suivre le malade, de gérer les données médicales ainsi que dans le partage des données du patient entre praticiens. De telles pratiques facilitent aussi la prise en charge des malades entre praticiens qui se partageaient le dossier. Cependant, force est de reconnaitre que cette action reste bénéfique pour la structure qui en abrite. Il ne l’est pas dans la mesure où le dossier n'est pas transportable, du fait qu’un médecin d’une autre structure sanitaire ne pourra pas disposer de ce dossier, à moins qu’il n'en émette la demande auprès de l’établissement sanitaire détenteur.
Certes, ce nouveau projet de dossier patient unique demeure une opportunité pour les praticiens et le malade dans la gestion de son carnet de santé et le suivi des soins. Cependant, comme le prétend Dr Dia, «pour l’instant, l’orientation est unique. Le mot unique veut dire que si on veut que les choses marchent, il faut démarrer avec un seul système mis en place par le ministère de la Santé et au fur et à mesure on verra ce qu’il faut faire. On a un système acquis qui est bon et qui est de qualité», le Sénégal tend vers un seul et unique système.
Dans cette réorganisation, avec le nouveau système, un risque de perte de données pourrait survenir et réduire les acquis de plusieurs années de collectes à néant, à moins que ces données soient versées dans ledit logiciel. Les anciens gestionnaires seront-ils généreux pour en faire don au nouveau ? Une autre équation qui risque encore de plomber cette nouvelle disposition qui a commencé à subir les affres de la concurrence.