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2 avril 2025
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LES UNES DE LA PRESSE DE CE VENDREDI 21 FEVRIER 2025
Sud Quotidien, Walf Quotidien, Yoor-Yoor Bi, L'Observateur, Libération, Le Quotidien, Enquête, Vox Populi, Le Verdict News, L'As, Record, Le Soleil, Le Témoin Quotidien
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INFERTILITÉ, PREMIERS CAS D’INSÉMINATION ARTIFICIELLE À KAOLACK
D’autres unités seront installées à Saint-Louis, Touba, Tambacounda, Mbour et Ziguinchor. Face à un coût élevé des traitements, cette initiative vise à rendre la procréation médicalement assistée plus accessible aux couples concernés.
Thiès, 20 fev (APS) – Les premiers cas d’insémination artificielle chez des couples soufrant d’infertilité sont en train d’être réalisés à Kaolack (centre), a appris l’APS de la cheffe de la Division planification familiale à la Direction de la santé de la mère et de l’enfant, Dr Ndéye Awa Diagne.
‘’Il y a des unités de prise en charge qui doivent être mises en place au niveau des structures sanitaires du pays. Déjà, il y a l’unité de Kaolack qui a été installée et qui a commencé à faire les premiers cas d’insémination artificielle’’, a-t-elle dit.
Dr Ndeye Awa Diagne prenait part à un atelier de partage des plans stratégiques de la Santé reproductive, maternelle, néonatale, infantile, des adolescents et de la nutrition (Srmnia-n) et des plans d’actions nationaux budgétisés de planification familiale (PANBPF) 2024-2028. Cette rencontre est organisée en collaboration avec l’Association des journalistes en santé, population et développement.
Dr Diagne, gynécologue obstétricienne, indique qu’il y a d’autres unités de prise en charge de l’infertilité à installer à Saint-Louis, Touba, Tambacounda, Mbour et Ziguinchor.
‘’Nous espérons pouvoir les installer en 2025 », a-t-elle déclaré, expliquant que ces programmes sont vraiment pris en compte parce que l’infertilité commence à devenir un vrai problème de santé publique.
Elle a indiqué que l’unité de procréation médicalement assistée de l’hôpital Dalal Jamm est en cours. »Il reste juste l’équipement », a t-elle précisé.
Dr Ndeye Awa Diagne a relevé que la prise en charge de l’infertilité est coûteuse. Elle a fait savoir que »pour une procréation médicalement assistée, un couple peut dépenser jusqu’à 2 millions 500 mille FCFA’’.
De l’avis de la spécialiste l’infertilité commence à prendre de l’ampleur dans les structures sanitaires.
‘’La participation des structures sanitaires publiques à sa prise en charge pourra donc permettre une meilleure accessibilité, non seulement en termes de ressources financières, en prise en charge, mais aussi en accessibilité géographique’’, a estimé la gynécologue.
Revenant sur les causes de l’infertilité, elle a expliqué qu’’à partir de 35 ans, »la fertilité de la femme diminue ». Elles perdent du temps au niveau des tradipraticiens », déplore-t-elle.
Sous ce rapport , elle recommande aux couples qui ont fait plus d’un an de vie conjugale sans enfant, d’aller vers des structures sanitaires.
‘’Quand on parle d’infertilité du couple, c’est aussi bien l’homme que la femme qui doivent être consultés. On a constaté que de plus en plus que la cause vient de l’homme alors qu’on pense toujours en premier à la femme’’, a relevé Dr Diagne.
Elle a rappelé que les trois composants de la planification familiale sont l’espacement des naissances, la prise en charge de l’infertilité, l’infécondité du couple et la prise en charge des infections sexuellement transmissibles.
LES ÉTUDIANTS EN MÉDECINE DE L’UCAD MONTENT AU CRÉNEAU
Laboratoires vétustes, frais de formation jugés excessifs : ils exigent des actions concrètes des autorités. Face à cette situation, ils lancent un ultimatum et menacent de passer à l’action si leurs revendications ne sont pas prises en compte.
L’Amicale des étudiants de la Faculté de médecine, pharmacie et odontologie de l’Université Cheikh Anta Diop de Dakar (UCAD) a exprimé son ras-le-bol, face aux difficultés rencontrées dans leurs études, lors d’une conférence de presse ce jeudi.
Ces étudiants dénoncent le manque de moyens et exigent des actions concrètes de la part des autorités.
Manque de bus, laboratoires vétustes et frais de formation exorbitants
Le président de l’amicale, Ousmane Dieng, a pointé du doigt plusieurs problèmes majeurs. Tout d’abord, le manque de bus pour transporter les étudiants vers leurs lieux de stage est criant.
« Pour une faculté qui compte plus de 7000 étudiants, ne pas disposer de bus en quantité suffisante est inadmissible », s’indigne-t-il.
« Nos étudiants en pharmacie peinent à recevoir une formation de qualité car les laboratoires sont dans un état de délabrement inexplicable », déplore Ousmane Dieng.
Selon lui, le manque de matériel et de produits nécessaires aux travaux pratiques est un frein majeur à leur apprentissage.
Par ailleurs, il a dénoncé le fait que certains étudiants doivent payer leur formation dans un établissement public.
Il propose la création d’un centre de soins pour permettre aux étudiants de pratiquer sans avoir à débourser des sommes importantes.
L’état des laboratoires jugé préoccupant
Face à ces difficultés, les étudiants ont lancé un ultimatum aux autorités.
« D’ici lundi, si rien n’est fait, nous serons obligés de passer à l’action », prévient Ousmane Dieng.
Ils exigent des négociations sérieuses pour obtenir des allocations de stage, un statut étudiant clair et des conditions d’études dignes de ce nom.
« Ce que nous demandons, c’est que ces étudiants puissent bénéficier d’un statut qui leur garantisse des allocations et des conditions d’études qui leur permettront de devenir les futurs médecins et pharmaciens dont le Sénégal a besoin », conclut le président de l’amicale.
UNE COOPÉRATIVE AGRICOLE POUR RÉVOLUTIONNER L’ÉLEVAGE AU SÉNÉGAL
Ce projet, basé sur le concept 3FTC (Formation, Formalisation, Financement, Transformation et Commercialisation), vise à moderniser l’élevage, améliorer la productivité et structurer la filière pour en maximiser les retombées économiques.
Le secteur de l’élevage au Sénégal, essentiel à l’économie nationale et à la sécurité alimentaire, fait face à de nombreux défis, notamment la dégradation des pâturages, le manque d’aliments pour le bétail, la faible productivité des races locales et les difficultés d’accès au financement. Pour y répondre, le Ministère de l’Agriculture, de la Souveraineté Alimentaire et de l’Élevage lance un projet ambitieux : la création d’une Coopérative Agricole Communautaire à vocation élevage au Ranch de Dolly. Situé sur une réserve pastorale de 87 500 hectares, ce projet repose sur le concept 3FTC – Formation, Formalisation, Financement, Transformation et Commercialisation – avec pour objectif de structurer durablement l’élevage et d’en maximiser les retombées économiques et sociales.
L’initiative vise à moderniser l’élevage en intégrant des pratiques innovantes, en optimisant la culture fourragère pour garantir une alimentation animale stable toute l’année et en améliorant la génétique des races locales pour augmenter la production de viande et de lait. Elle prévoit également la création d’un Fonds Élevage destiné à faciliter l’accès au financement pour les éleveurs et les coopérateurs, ainsi que la mise en place d’unités de transformation d’aliments pour bétail afin d’assurer une alimentation équilibrée. Le volet sanitaire occupe une place clé dans le projet, avec un renforcement des services vétérinaires et des campagnes de prévention pour protéger le cheptel.
Au-delà de l’élevage, la coopérative ambitionne de structurer la transformation et la commercialisation des produits issus du secteur, en mettant en place des circuits de distribution optimisés et en développant un label de qualité garantissant la traçabilité et la compétitivité des produits locaux sur le marché national et international. Une plateforme digitale facilitera également la mise en relation avec les acheteurs.
Ce projet entend également professionnaliser les éleveurs à travers des programmes de formation sur les techniques de gestion des pâturages, l’amélioration génétique et la transformation agroalimentaire. Un accent particulier est mis sur la gestion financière et coopérative afin d’assurer l’autonomie des membres et la pérennité de la coopérative.
L’impact attendu est considérable : une meilleure sécurisation de l’alimentation du bétail, des rendements accrus en viande et en lait, une augmentation de l’accès au financement pour les acteurs de la filière et une valorisation accrue des produits issus de l’élevage. À terme, cette initiative devrait non seulement renforcer la structuration du marché de l’élevage, mais aussi générer des emplois et améliorer les revenus des éleveurs.
Porté par le ministre de l’Élevage, Dr Mabouba Diagne, ce projet s’inscrit dans la dynamique du Plan Sénégal 2050 impulsé par le Président Bassirou Diomaye Faye. Il marque une étape décisive vers une transformation durable du secteur pastoral, en plaçant la modernisation et la rentabilisation de l’élevage au cœur des priorités nationales.
L’APR DÉNONCE UNE AUSTÉRITÉ BRUTALE
Le Secrétariat Exécutif National de l’Alliance pour la République fustige les annonces du gouvernement sur la baisse des salaires, la suppression des subventions et la hausse de la fiscalité, qu’il assimile à un ajustement structurel...
Le Secrétariat Exécutif National (SEN) de l’Alliance Pour la République (APR) s’est réuni ce 20 février pour analyser la situation nationale. La déclaration du ministre Secrétaire général du Gouvernement, Al Amine Lo, annonçant une baisse des salaires, l’arrêt des subventions sur l’énergie et une hausse de la fiscalité a provoqué une vive indignation. Pour le SEN, ces mesures s’apparentent à un ajustement structurel qui replongerait le pays dans une austérité brutale, compromettant des décennies d’efforts pour stabiliser l’économie et favoriser une croissance inclusive.
L’APR fustige ce qu’elle considère comme une gestion immature de l’État par les nouvelles autorités. Elle souligne que de telles annonces devraient relever du Premier ministre ou du Président, et non d’un secrétaire général du Gouvernement. Pour le SEN, cette décision traduit l’incapacité du pouvoir en place à gérer efficacement les ressources du pays. Loin des promesses de rupture, le gouvernement actuel aurait conservé les privilèges, maintenu les dépenses somptuaires et accru les charges pour les citoyens.
Face à cette situation, le SEN salue la vigilance des syndicats et appelle les Sénégalais à défendre leur pouvoir d’achat. Il met également en cause le Premier ministre Ousmane Sonko, l’accusant de propager des « fake news » et de fuir ses responsabilités. Le SEN exige qu’il clarifie sa position sur la baisse des salaires et la suppression des subventions, rappelant que sous Macky Sall, ces dernières avaient été protégées des exigences du FMI.
Sur le plan politique, le SEN renouvelle son soutien au député Farba Ngom et dénonce ce qu’il considère comme une machination visant à affaiblir l’APR. Il appelle à une mobilisation massive lors de sa prochaine convocation judiciaire. Enfin, l’APR met en garde contre une instrumentalisation de la justice et espère qu’elle résistera aux pressions du pouvoir en place.
par Makhtar Diouf
CRÉATION D’EMPLOIS, PROMESSES, INVECTIVES ET RÉALITÉ
EXCLUSIF SENEPLUS - Sous le régime précédent, la manière dont certains emplois étaient créés est à proscrire. Le problème de l’emploi ne doit pas être du domaine de la politique politicienne
Toute fille de joie en séchant devient prude. Victor Hugo faisait tenir ce propos à un personnage de sa pièce de théâtre ‘’Ruy Blas’’. Un propos qui sied bien à la nouvelle opposition avec ses invectives, entre autres, sur les promesses de créations d’emplois non tenues par le nouveau régime en place depuis moins d’un an. Comme s’ils avaient été des modèles de pruderie, de vertu dans la gouvernance du pays. Comme s’ils l’avaient laissé en plein emploi. Comme si la création d’emplois allait tout de go.
Sous le régime précédent, la manière dont certains emplois étaient créés est à proscrire et n’est pas à reconduire. Par le clientélisme politique et parental étaient casées de façon pléthorique des personnes sans compétence dans l’Administration, dans les entreprises publiques et dans la multitude d’ambassades et de consulats. Sans égards pour la masse salariale dans le budget de l’Etat et son fonctionnement efficace.
Et, pour quels résultats au niveau de l’emploi ? Sous Macky Sall qui avait présenté l’emploi comme « une surpriorité », le taux de chômage est passé de 10,2% en 2012 à 25% en 2022, alors que ses promesses de création d’emplois étaient de 500 000 en 2012 et 1 000 000 en 2019.
A propos des statistiques de chômage
Le problème de l’emploi ne doit pas être du domaine de la politique politicienne. Il doit être examiné de façon sereine, avec retenue.
Il faut admettre que les taux de chômage publiés dans les pays africains sont surestimés. Beaucoup de personnes en Afrique sont en activité quotidienne dans un secteur informel imposant. Les agences de statistique quelle que soit leur ingéniosité ne sont pas en mesure de les saisir complètement. Les personnes qui y sont à l’œuvre ne sont pas des salariés, mais elles en tirent des revenus qui leur permettent de vivre, ou de survivre. Ce ne sont pas des chômeurs, même si en situation précaire.
Dans les pays industrialisés la catégorie ‘’chômeurs’’ est constituée par des inscrits demandeurs d’emploi salarié, pouvant bénéficier d’allocations chômage sur une durée limitée.
La création d’emplois est le casse-tête de tout régime au pouvoir. A qui incombe-t-il de créer des emplois ?
Le secteur privé face au chômage
Dans nos économies libérales actuelles, on compte beaucoup sur le secteur privé pour créer des emplois.
Mais un opérateur économique qui investit son argent dans une affaire ne le fait jamais avec l’objectif de créer des emplois. Il investit pour faire des bénéfices. La création d’emplois est une simple résultante de son activité, mais pas son objectif. Il embauche du personnel, donc crée des emplois, mais uniquement dans la limite de ses besoins, sans se soucier du niveau du chômage.
Quant à l’Etat libéral, il estime que son activité ne doit pas sortir du cadre de fourniture de biens collectifs (administration générale, sécurité, justice, éducation, santé …). A ce niveau, ses besoins en personnel sont limités (pas plus de 5 pour cent de la population active). Ce qui laisse entier le problème du chômage.
Economies libérales face au chômage
Il n’est pas superflu de rappeler comment des pays industrialisés sont confrontés au chômage.
Lorsqu’en 1976 le président français Giscard d’Estaing nomme le professeur d’Economie Raymond Barre Premier ministre et cumulativement ministre de l’Economie et des Finances, c’est parce qu’il voit en lui le premier économiste de France, capable de venir à bout du chômage. Acculé sur ce problème qu’il ne peut résoudre, Barre énervé s’exclame un jour face à des journalistes : Que voulez-vous que je fasse ? Que je recrée les ateliers nationaux ?
Dans la France du 19ème siècle, l’Etat au nom du principe du droit au travail, avait créé des ateliers nationaux pour donner du travail à des ouvriers et artisans chômeurs. Mais devant l’impossibilité de satisfaire les plus de 100 000 demandeurs d’emploi, l’Etat ferme les ateliers nationaux qui n’ont duré que quatre mois de l'année 1848.
Le 24 octobre 2012 le magazine français ''Le Point'' publie un article avec ce titre percutant : Le chômage un drame français. La conjoncture de l'époque est marquée par la présence de plus de 3 millions de demandeurs d'emploi.
François Hollande élu président en 2016 promet de faire baisser la courbe du chômage. Pour cela, en lieu d’exonérations d’impôts, il prend une mesure inédite : attribuer des subventions aux entreprises qui s’engagent à créer des emplois. Mais la mesure n’a aucun impact sur le chômage. Conscient de son impopularité, il renonce à se présenter pour un second mandat.
Le problème de l’emploi est tellement lancinant dans ce pays que des institutions sont créées et se suivent sans résultats : ‘’Agence nationale pour l’Emploi’’, ‘’Association pour l’Emploi dans le commerce et l’industrie’’, ‘’Pôle Emploi’’, et depuis 2024 ‘’France Emploi’’.
Le plein emploi n’a jusqu’ici été réalisé que dans les économies socialistes de type soviétique. Les entreprises étant publiques, l’Etat n’étant pas motivé par le profit, un travail pouvant être effectué par deux personnes était confié à quatre ou cinq personnes. Il en résultait une faible productivité par tête, mais tout le monde était au travail. Cette pratique était dénoncée dans les pays occidentaux comme du ‘’chômage déguisé’’.
A l’opposé sévit le ‘’burn out’’ (épuisement professionnel), phénomène physico-psychologique qui affecte le travailleur accablé de surcharge de travail, occupant seul un poste conçu pour trois travailleurs, avec son lot de dépressions allant jusqu’au suicide (cas de ‘’France Télécom’’). Cette pratique de certains employeurs soucieux de comprimer leur masse salariale ne contribue pas à la création d’emplois.
En prenant les données du taux de chômage dans des pays industrialisés, selon l’OCDE pour l’année 2023, la moyenne du taux de chômage est de l’ordre de 4%, d’un peu plus de 7% en France et en Italie.
Dans certains de ces pays, avec les millions de morts et de blessés graves de la seconde guerre mondiale qui étaient des travailleurs, dans la période 1950-1970 le chômage n’était pas à l’ordre du jour. La guerre avait réglé le problème.
L’émigration clandestine, une solution au chômage ?
Au Sénégal, comme dans d'autres pays africains, depuis plus d'une trentaine d’années, des jeunes se déclarant dans l’impossibilité de trouver du travail prennent l’aventure de l’émigration dans des embarcations de fortune avec les drames qui s’en suivent. Il est dit que des parents les y encouragent pour ne pas être la risée du voisinage avec des enfants sans avenir face à leurs amis qui ont réussi à l’extérieur. Une seule question qu’ils ne se posent pas est : Qu’est-ce qu’ils vont y faire ? Comme si, arrivés quelque part en Europe ou en Amérique, ces néo-émigrés seront reçus par des comités d’accueil avec des ahlan wa sahlan (Soyez les bienvenus !). Nonobstant le racisme, ces pays de destination, s’ils y arrivent, sont aussi affectés par le chômage.
Au Sénégal, ce dont on ne parle jamais, ce sont ces jeunes qui sont partis et qui ne sont pas revenus. Même s’ils trouvent là-bas du travail de fortune, leurs salaires de survie ne leur permettent pas de venir pour des vacances au pays, sans compter le risque de ne pouvoir retourner faute de visa. Ils sont dans l’impossibilité d’envoyer de l’argent à leurs parents ou de rentrer définitivement.
Il m’est arrivé d’en rencontrer quelques-uns à New York dans les années 1990, me racontant leur calvaire et leur regret d’avoir tenté cette aventure. Ils sont logés par des marchands de sommeil dans des sortes de dortoirs où le nombre de lits est limité. Un même lit est partagé par deux ; lorsque celui qui travaille de jour arrive, son compagnon qui lui travaille de nuit se lève pour lui céder la place. C’est cela l’Eldorado rêvé, le ‘’american dream’’ ? Le ‘’rêve américain’’ tant vanté en a laissé plus d’un sur la touche. Deux d’entre eux qui avaient effectué des études de sciences économiques à l’Ucad, mais sans succès, m’étant les plus familiers, me racontaient leur situation. C’est par pudeur que leurs parents disaient qu’ils allaient bien, alors qu’ils ne recevaient d’eux aucune nouvelle, surtout en cette période où la téléphonie mobile n’existait pas.
Ces jeunes sénégalais rencontrés aux Etats-Unis n’étaient sûrement pas plus mal lotis que les autres émigrés en Europe. Lorsque l’un d’eux réussit, combien sont-ils ceux qui sont partis et qui ne sont pas revenus, devenus clochards, envoyés dans des asiles de vieillards, morts enterrés comment ?
Un facteur non négligeable de l’émigration clandestine est le désir d’aventure, le rêve d’Eldorado. Tous ces candidats aux pirogues ne sont pas des chômeurs : comme ce tailleur refoulé qui déclare qu’il gagnait bien sa vie, cet étudiant en 3ème année de Droit à l’Ucad.
L’émigration clandestine n’est pas la solution au chômage. La réussite des Sénégalais de la Diaspora peut être un appel d’air pour les jeunes qui ne rêvent que de partir. C’est oublier que les Sénégalais de la Diaspora, en dehors des quelques ‘’self made’’(ceux qui se sont faits seuls) sont des cadres de haut niveau formés là- bas dans des universités et dans des écoles d’enseignement technique. Ils gagnent bien leur vie, les uns comme salariés dans de grandes entreprises, les autres comme gestionnaires de leurs propres affaires avec réussite.
Emigration dite circulaire ou concertée
Le Sénégal s’est investi très tôt dans l’émigration circulaire de concertation avec des gouvernements
étrangers. Dans les années 1960 des Sénégalais du Fouta et de Tambacounda étaient envoyés à Paris dans des travaux d’éboueurs. Le voyage par avion leur était offert. Des étudiants sénégalais leur donnaient des cours d’alphabétisation.
Le Sénégal était aussi en coopération avec des pays africains comme le Gabon et le Tchad pour y envoyer des travailleurs (enseignants du secondaire, ouvriers qualifiés du bâtiment …). Une expertise intellectuelle et ouvrière très appréciée. La pratique a été poursuivie sous le régime de Wade.
Lorsque l’actuel ministre du travail informe d’une coopération entre le Sénégal, le Qatar et l’Espagne pour envoyer dans ces pays des jeunes en quête d’emploi, c’est le tollé de critiques de la part de la nouvelle opposition et même d’intellectuels de bonne foi, y voyant une forme de servitude et même d’esclavage pratiquée par un régime qui se réclame du souverainisme. Pour ce qui est du Qatar, cela peut susciter des inquiétudes, compte tenu des informations sur les traitements inhumains infligés aux travailleurs étrangers qui y ont été pour construire les infrastructures sportives de la Coupe du monde de football et des Jeux olympiques. Les familles sénégalaises tentées d’y envoyer leurs filles ont intérêt à y réfléchir au moins deux fois.
Les jeunes sénégalais qui rêvent d’Espagne y sont attendus dans les plantations d’olive. Le Maroc, le pays africain le plus proche de l’Espagne y envoie depuis longtemps ses ressortissants pour le même travail. En France, les viticulteurs avaient recours aux étudiants pour les vendanges (cueillette des raisins) pendant les grandes vacances, logés, nourris et rémunérés. Un travail qui n’a rien de dégradant. D’autant plus que pour ces Sénégalais pour l’Espagne, il ne peut s’agir que de contrats à durée très déterminée. Ce n’est qu’un palliatif, un expédient qui ne peut résoudre le problème du chômage dans le moyen terme. Mais il peut décourager de la mortelle émigration clandestine, en attendant que ce nouveau régime mette en chantier des projets créateurs d’emplois à durée indéterminée. Sans perdre de vue que pour certains de ces candidats l’Espagne est la voie royale pour accéder à d’autres pays européens.
Le Sénégal, de la seconde moitié du 19ème siècle à 1958 a eu recours à des dizaines de milliers de migrants saisonniers venant de Guinée, Soudan (Mali), Haute Volta(Burkina) pour le travail de l’arachide, appelés navétanes. Le journaliste Philippe David leur avait consacré un ouvrage Les Navétanes. Histoire des migrants saisonniers de l'arachide en Sénégambie, des origines à nos jours, 1980, Neas, préfacé par le président Senghor.
Cela dit, la migration clandestine ou légale ne doit pas priver un pays de sa main-d’œuvre qui est son potentiel de développement. Le travail est le premier facteur de production, donc de développement. C’est le capital humain qui produit le capital-machine et non l’inverse. Le père de la science économique l’Ecossais Adam Smith dans ‘’La Richesse des nations’’,1776, disait que le travail est le fonds primitif qui constitue la richesse des nations.
De grands économistes face au chômage
Le chômage a été une préoccupation majeure pour tous les grands économistes.
L'ouvrage économique le plus célèbre depuis le 20ème siècle est celui de l'Anglais John M. Keynes Théorie générale de l'emploi, de l'intérêt et de la monnaie,1936. Tout l’ouvrage porte sur la manière de porter haut le niveau de l’emploi.
Un autre économiste anglais William Beveridge dans Le plein emploi dans une société de liberté, 1944, estime qu’on peut considérer l’économie en plein emploi lorsque le taux de chômage est de 3 pour cent de la population active.
C’est à l’ultralibéral économiste américain Milton Friedman que la littérature économique doit le terme « taux naturel de chômage » : un taux de chômage incompressible qui selon lui, accompagne l’évolution économique. Aucune mesure de politique monétaire ou budgétaire, dit-il, ne peut l’enrayer. C’est l’aveu qu’une économie de type libéral ne peut créer le plein emploi. Le chômage est considéré comme un phénomène naturel, structurel, avec en plus sa composante conjoncturelle.
L’emploi porté par la fabrication de matériel de guerre
A la Faculté de Droit de Paris, un ‘’visiting professor’’ américain Carl Shoup, dans son cours « Economie publique » disait que l’économie américaine a toujours été et est encore une économie de guerre : Entre 1947 et 1953, les dépenses de guerre ont constitué 80 pour cent des dépenses dans le budget fédéral.
Le professeur C. Shoup ne manquait pas de souligner le paradoxe de la libre entreprise dans une économie de guerre : le système de la libre entreprise du monde occidental n'a jamais été conçu pour fonctionner dans une économie de guerre et pourtant, tout bien considéré, il a remarquablement fonctionné dans un tel système.
Aux Etats-Unis comme dans beaucoup de pays occidentaux, l’emploi est soutenu par la fabrication d’armes. Seules quelques grandes firmes fabriquent le matériel de guerre, mais elles font travailler en sous-traitance des centaines de petites et moyennes entreprises qui sont de grandes niches d’emplois. Les armes à feu légères (fusils, pistolets, revolvers) sont utilisées par les chasseurs, les pêcheurs, les malfaiteurs, mais aussi pour l’autodéfense, comme aux Etats-Unis où la Constitution les autorise aux citoyens. La firme Boeing fabrique des avions, tout en étant une des plus grandes entreprises de matériel de guerre.
Il est établi que les usines d’armes dans ce pays sont au nombre de 602 en 2024, toutes grandes pourvoyeuses d’emplois.
Ce qui permet de comprendre que quand il ne fait pas la guerre (contre de petits pays), le gouvernement américain suscite des guerres ailleurs pour régler le problème de l’emploi (très sensible dans l’opinion) par des exportations massives de sa quincaillerie guerrière. L’argument est arms equals jobs (les armes sont comme les emplois). Selon ‘’ US Labor of Statistics’’, Jo Biden durant son mandat 2020-2024 pour embellir son bilan par la création d’emplois, avait misé sur les exportations d’armes vers l’Ukraine, Israël, l’Arabie Saoudite militairement engagée au Yémen.
La création d’emplois est ainsi devenu un problème de géopolitique.
Des niches d’emplois à exploiter au Sénégal
Au Sénégal comme dans d’autres pays d’Afrique, on n’en n’est pas dans la fabrication d’armes pour créer des emplois. Mais il existe des niches substantielles d’emplois non exploitées. L’accès à ces niches d’emplois est obstrué par les importations massives d’articles qui peuvent et devraient être fabriqués sur place. Ces importations sont des générateurs importants de chômage.
L’industrie est le secteur qui crée le plus grand nombre d’emplois. En attendant, sous peu, espérons- le, les grandes unités industrielles à partir de l’acier (la matière première et l’énergie sont là), on peut s’appuyer sur une combinaison de l’artisanat comme proto-industrie et de petites unités industrielles.
Les peaux de mouton (surtout après la tabaski), de chèvres, de bovidés peuvent être traitées sur place pour servir de matière première aux fabricants de meubles de salon, à des cordonniers pour fabriquer les chaussures des corps militaires et paramilitaires, des ballons de sport collectif (foot, basket, … etc.). Ces tenues militaires, les toges des magistrats, des avocats, des universitaires, les blouses du personnel médical peuvent être confectionnées sur place par des tailleurs locaux avec des tissus du pays et des tissus importés dans un premier temps comme matière première.
Les outils de travail des ouvriers du bâtiment tels que truelles, marteaux, pinces, tournevis, scies, rabots, interrupteurs, prises électriques, ampoules d’éclairage …etc. peuvent être fabriqués ici. Il suffit de faire le recensement des articles vendus dans les nombreuses quincailleries du pays pour se rendre compte de ce qui est à faire pour créer des milliers d’emplois. Le petit électroménager (ventilateurs, fers à repasser ...etc.) peut être lancé en attendant la fabrication de réfrigérateurs, de climatiseurs. Et bien entendu, rendre la mer à leurs ayants droit, les pêcheurs locaux, en écartant les bateaux étrangers tout en veillant à ce qu’ils ne reviennent sous pavillons sénégalais avec des complicités locales.
Les produits alimentaires importés en des montants exorbitants créent des emplois dans leurs pays d’origine, mais pas ici. L’Institut de Technologie Alimentaire créé en 1963 met au point des prototypes de produits alimentaires performants, mais la fabrication en séries ne suit pas, pendant que les importations continuent.
Une bonne promotion de l’élevage peut contribuer à satisfaire la demande de lait, un lait pur et sain, en lieu et place de ces laits en poudre à ingrédients douteux.
Dans beaucoup de secteurs industriels, l’Etat devrait se faire Etat-patron, c’est-à-dire y investir dans un premier temps, quitte à se désengager par la suite pour laisser l’exploitation à des opérateurs privés. Il faut se départir du slogan ‘’moins d’Etat, mieux d’Etat’’ de la Banque mondiale et du Fmi, pour maintenir nos gouvernements à l’écart de l’activité économique. Les entreprises publiques sont plus nombreuses dans les pays occidentaux que dans les pays africains.
Au Sénégal du temps de Wade, on s’était trouvé devant cette situation cocasse lors de son projet de privatiser la Senelec par l’entreprise canadienne Hydro-Québec, une des plus grandes entreprisses d’électricité au monde. Mais Hydro-Québec est à 100 pour cent de capitaux publics et fonctionne actuellement avec près de 20 000 employés permanents. Une entreprise publique appelée à ‘’privatiser’’ une entreprise publique ! On en avait ri.
La promotion de l’Etat-patron ne relève pas de l’idéologie, mais du pragmatisme. L’industrie est l’épine dorsale de toute économie. Sans oublier l’agriculture qui bien aménagée permettra de créer des milliers d’emplois tout en réduisant les importations alimentaires.
Bien entendu dans toutes ces branches d'activité, les travailleurs devront se bonifier avec une bonne formation technique et opérer avec des équipements adéquats.
A côté de l’Etat, les collectivités locales peuvent créer de nombreux emplois par la construction de pavés et le pavage des rues dans les villes et dans les zones rurales. Ce n’est pas seulement avec le goudron, cher, polluant et peut créateur d’emplois qu’on peut aménager des routes praticables. Des pays africains (Ghana, Guinée) sont en avance dans l’activité des pavés fabriqués avec les débris de bâtiments démolis et des matières plastiques.
Nos pays sont couchés sur des matelas d’emplois potentiels non exploités. Même si le chômage n’est pas éliminé, il peut être circonscrit. Parce que le chômage, tout comme l’inflation, ne peut être éliminé dans aucune économie de type libéral. Ce sont aussi les deux plus grands problèmes qui se posent à la science économique.
LE MINISTÈRE DU TRAVAIL DÉMENT LES RUMEURS SUR UN TRAFIC DE VOYAGES VERS LE QATAR
Le ministère dirigé par Abass Fall dément les allégations sur un trafic de voyages vers le Qatar à 1.500.000 FCFA et se réserve le droit d’engager des poursuites.
Le ministère du Travail, de l’Emploi et des Relations avec les Institutions a publié un communiqué ce jeudi pour réfuter des allégations relayées sur les réseaux sociaux.
Un chroniqueur, dans un extrait vidéo largement diffusé, a affirmé l’existence d’une organisation clandestine de voyages à destination du Qatar, impliquant des paiements frauduleux de 1.500.000 FCFA par candidat.
Face à ces accusations, le ministère a fermement rejeté ces propos, les qualifiant de « fausses nouvelles ».
Il précise que ces affirmations n’engagent que leur auteur et avertit qu’il se réserve le droit de saisir les autorités compétentes pour d’éventuelles poursuites.
DES FOUILLES ARCHÉOLOGIQUES POUR ÉTABLIR TOUTE LA VÉRITÉ SUR LE MASSACRE DE THIAROYE
Dans le cadre de la commémoration du 80ᵉ anniversaire du Massacre des tirailleurs sénégalais à Thiaroye, le Premier ministre a informé le Conseil de la nécessité de manifester toute la vérité sur le nombre exact de victimes
Dans le cadre de la commémoration du 80ᵉ anniversaire du Massacre des tirailleurs sénégalais à Thiaroye, le Premier ministre a informé le Conseil de la nécessité de manifester toute la vérité sur le nombre exact de victimes. Malgré les recherches entreprises, des compléments d’informations restent attendus, rendant indispensable la mise en place de fouilles archéologiques pour éclairer cette page sombre de l’histoire.
Le massacre de Thiaroye, survenu le 1ᵉʳ décembre 1944, demeure un événement tragique dont le bilan exact reste incertain. Pour lever toute ambiguïté, le gouvernement compte entreprendre des fouilles archéologiques sur le site afin d’identifier et de documenter les pertes humaines réelles. Ces recherches visent à honorer la mémoire des victimes et à renforcer le devoir de vérité et de justice historique.
Le premier ministre a également rappelé les initiatives prises par le Chef de l’État pour inscrire durablement cet événement dans la mémoire collective. Parmi elles, l’élévation du cimetière militaire de Thiaroye au rang de cimetière national, l’institution du 1ᵉʳ décembre comme « Journée des tirailleurs sénégalais », ainsi que la création d’un mémorial et d’un centre de documentation dédiés. Par ailleurs, des rues et places publiques seront renommées en hommage aux victimes, et l’enseignement de cette histoire sera introduit dans les curricula scolaires.
La mobilisation de spécialistes pour les fouilles archéologiques marque une avancée majeure dans la recherche de la vérité et la reconnaissance des sacrifices consentis par les tirailleurs sénégalais.
MISSION CONJOINTE ENTRE LE MALI ET LE SENEGAL
Les armées malienne et sénégalaise ont démarré des opérations de patrouilles mixtes transfrontalières, a appris l’APS de la Direction de l’information et des relations publiques des armées sénégalaises (DIRPA).
Les armées malienne et sénégalaise ont démarré des opérations de patrouilles mixtes transfrontalières, a appris l’APS de la Direction de l’information et des relations publiques des armées sénégalaises (DIRPA).
« Les FDS [Forces de défense et de sécurité] malienne et sénégalaise lancent des patrouilles conjointes transfrontalières », rapporte la DIRPA sur compte X.
Selon la même source, la cérémonie officielle de démarrage de ces patrouilles s’est tenue ce jeudi matin, à Diboli (Mali), en présence des commandants de zones voisines et des autorités locales.
LA DIRPA ajoute que « les détachements d’unités de la Zone militaire N°4 et des gendarmes du GARSI [Groupe d’action rapide de surveillance et d’intervention] conduiront des opérations mixtes avec leurs homologues de l’armée et de la police maliennes, le long de la frontière commune ».