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13 février 2025
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VIOLENCE D'ÉTAT ET IMPÉRATIF DE JUSTICE
Le troisième numéro de la série "Où va le Sénégal ?" relève la dérive autoritaire du régime sortant. Entre répression meurtrière des manifs, torture et impunité des forces de l'ordre, le pays a sombré dans l'arbitraire, appelant à profonde une refondation
Dans le 3e épisode de la série "Où va le Sénégal ?" animée par Florian Bobin, les invités Aïcha Dabo et Ousmane Diallo ont dressé un sombre tableau de la dégradation des droits humains dans le pays depuis 2021.
Une répression sanglante et inédite s'est abattue sur les manifestations d'opposition, faisant des dizaines de morts et de blessés sous les balles des forces de l'ordre militarisées à l'extrême. Le recours aux "nervis", ces supplétifs civils armés, et à la torture, illustre la dérive autoritaire du régime.
L'adoption récente d'une loi d'amnistie pour les événements depuis 2021 confirme le déni de justice de l'État sénégalais. Celui-ci refuse d'enquêter sur les exactions, préférant invoquer la théorie complotiste de "forces occultes" pour justifier la violence meurtrière.
Face à ce constat accablant, les invités ont exhorté la prochaine administration à rompre avec l'ère des violations flagrantes. Abroger la loi d'amnistie, mener des enquêtes indépendantes, reconnaître le statut de victimes et indemniser les familles éplorées sont les premières urgences.
Au-delà, une refonte en profondeur des institutions, à commencer par la Constitution héritée des indépendances, est indispensable pour rééquilibrer les pouvoirs et garantir la primauté de l'État de droit. Seule une telle réforme de fond permettra d'éviter ce que les pires années du régime sortant ont donné à voir au monde : l'image d'un Sénégal sombrant dans la répression aveugle et l'arbitraire le plus total.
par Youssouph Mbargane Guissé
SOUVERAINETÉ POLITIQUE ET ÉCONOMIE ENDOGÈNE
EXCLUSIF SENEPLUS - Le bilan des 60 ans d'indépendance force le constat d'échec d'un modèle néolibéral générateur d'inégalités. Il est urgent de cultiver de nouveaux paradigmes au service d'une économie intégrée à l'échelle du continent
Cette réflexion est une contribution à l’enjeu principal de l’élection présidentielle au Sénégal, celui d’un projet alternatif de rupture avec un modèle économique fondé sur la croissance qui depuis l’indépendance de 1960, n’a cessé de creuser des fractures au niveau des territoires et régions, développé des inégalités sociales profondes et crée le désarroi au sein de la jeunesse en proie au mal vivre. Ce modèle dépendant et extraverti a marginalisé les intellectuels académiques et leurs productions critiques ainsi que celles des lettrés, savants et sages des diverses communautés culturelles, spirituelles et religieuses. Cette marginalisation des élites du pays s’est maintenue sous l’hégémonie politique d’une classe dirigeante compradore soumise aux intérêts capitalistes étrangers et en connexion particulièrement depuis le début des années 2000, avec la mafia financière internationale. Les profonds et vastes mouvements populaires de résistance pour la souveraineté et le développement du Sénégal, mais aussi dans notre région ouest, remettent de plus en plus en cause le système néocolonial et son modèle appauvrissant. L’élection présidentielle de ce mois de mars a comme enjeu central de dégager les voies salutaires d’un véritable développement endogène égalitariste et démocratique.
Retour sur le modèle dominant
La mondialisation achevée au début des années 80, a imposé une nouvelle configuration de l’économie capitaliste libérale aux Etats, nations et pays, les obligeant à des réadaptations, regroupements régionaux et à de nouvelles alliances géostratégiques. On assiste à l’entrée de puissances émergentes sur le marché universel grâce à des innovations technologiques du Numérique, rendant farouche la concurrence des productions et du commerce entre groupes industriels privés et géants de la finance internationale. En Afrique, les Etats- nations désunis et fragiles du fait de leurs économies encore coloniales, ont été obligés d’accepter les conditionnalités d’une restructuration de leurs économies par les institutions de Breton Wood, le Front Monétaire International et de la Banque Mondiale. Ce fut le cas du Sénégal. Cette période drastique d’ajustement structurel et de privatisation libérale des économies a vu la confiscation de leur souveraineté d’Etat et la destruction des acquis sur le plan agricole et industriel pour imposer un modèle de développement productiviste capitaliste, fondé sur la croissance du PIB et les équilibres macro-économiques. Ce modèle néo-libéral favorable aux investisseurs et industriels privés étrangers, a marginalisé les entreprises nationales porteuses de croissance et productrices de richesses. Il a conduit à des inégalités sociales insoutenables, aux violences et à l’insécurité dans les pays victimes d’attaques terroristes jihadistes.
L’hégémonie conceptuelle
A partir de l’application des PAS, l’hégémonie conceptuelle occidentale s’est affirmée, assurée par les experts du FMI et de la Banque mondiale qui ont élaboré une panoplie de concepts imposés aux Etats surendettés et sans « corps d’idées autonomes ». Sous la supervision serrée de ces Institutions, les Etats africains ont comme objectif d’atteindre le développement, concept conçu selon le modèle universaliste occidental,[1]comme un processus de croissance productive de l’activité économique, quantifiée par les outils statistiques. Mais ce concept de développement se révèle un mythe savamment distillé pour masquer la confiscation de la souveraineté des Etats africains, plongés ainsi dans une crise structurelle de domination et de spoliation aggravée. Il a servi à créer l’illusion entretenue que le modèle économique d’exploitation capitaliste et d’asservissement de nos pays allait les conduire à une étape finale de création de richesses et de bien être pour les populations.
Une croissance qui ne se mange pas
Selon l’important Rapport RASA/AROA[2] : « Le développement est le concept sacralisé pour catégoriser le monde selon des indicateurs économiques définis sur la base des réalités des pays d’Europe et d’Amérique du Nord pour rendre compte de leur état « d’avancement » et du retard des « autres » dans leur marche vers le progrès social ». C’est donc la même stratégie qui se perpétue avec les mêmes principes par un renouvellement de concepts savamment dérivés les uns des autres : « Ajustement structurel », « lutte contre la pauvreté », « objectifs du Millénaire pour le développement », « Document stratégique de réduction de la pauvreté », « Emergence », etc.
C’est pourquoi les rapports sur le développement de l’Afrique reflètent surtout un économisme universaliste, étatiste et linéaire avec des indicateurs standards occidentaux qui cherchent à mesurer les prétendus progrès de pays dominés et surexploités. Les évaluations rectificatives, les classements et notations encourageantes, les projections statistiques optimistes des institutions spécialisées, n’ont été en général jusqu’ici que falsifications et manipulations car « l’écart reste important entre les données produites et les réalités des populations, entre les indicateurs théoriques et les situations et pratiques réelles ». Certes « la croissance est bien là, mais elle creuse les inégalités, exclut les populations vulnérables et surexploite les ressources naturelles ».
Les carences du FMI et de la Banque mondiale
Selon le rapport du Bureau indépendant d’évaluation du FMI publié en mai 2011, l’intervention de L’institution en Afrique est un échec global. Cet échec de l’institution financière est dû aux paradigmes universalistes des lois de l’économie capitaliste libérale imposées aux Etats africains, mais également aux méthodes de recherche utilisées sur les réalités du terrain. Le rapport indique les carences suivantes :« une recherche institutionnelle orientée », des « biais idéologiques » donnant « des conclusions préconçues ». Il souligne que « certaines études reposent sur un cadre analytique inapproprié aux réalités des pays étudiés ». Il s’y ajoute selon toujours le Rapport, dans les recherches du FMI, « une incapacité répétée à citer les travaux des chercheurs locaux ».
Quant à la Banque mondiale, elle a été secouée dans un Rapport interne publié en 2015 par un scandale concernant des décaissements au profit des pays en voie de développement. Ce rapport établit que 7,5% de ces décaissements seraient détournés par le biais de sociétés écrans vers les paradis fiscaux comme la Suisse, le Luxembourg, Singapour. L’Union Africaine avait déjà tiré la sonnette d’alarme sur la gravité d’une telle situation dans les conclusions d’un groupe de travail conduit par Tabo Mbeki, l’ancien Président sud-africain. Le rapport estimait à 56 milliards de dollars annuels la perte subie par le continent africain dues à des transactions illégales.
Aujourd’hui « la Commission Economique des Nations-Unies pour l’Afrique évaluerait les pertes annuelles subies par le continent à environ 148 milliards de dollars, soit une moins-value en termes de croissance de l’ordre de 25% du PIB ». L’auteur en conclut : « On commence à y voir plus clair sur les raisons expliquant qu’en près de 60 ans d’indépendance, pour de nombreux pays africains la contribution de la Banque mondiale reste encore marginale ». A un tel scandale s’ajoutent des résultats de croissance globalement désastreux.
Le règne en plus de la corruption financière et de l’influence des réseaux mafieux jusqu’au sommet des Etats rendent les politiques publiques inopérantes. C’est ainsi que les bilans élogieux sur les grandes infrastructures réalisées n’impressionnent outre mesure les jeunes, les ménages et les populations qui aspirent à la sécurité, à l’emploi et au bien-être, à la dignité.
Des échecs masqués
En aucun cas la crise sociale profonde, l’aggravation de la pauvreté des populations et le désarroi profond de la masse des jeunes, n’empêchent les sempiternels discours officiels présentant les statistiques sur les performances économiques fictives en général. En effet, la dure réalité sociale de la précarité et du dénuement reste têtue. Mais tout ceci est soigneusement masqué, en plus des chiffres et statistiques brandis, par :
- La délivrance de note de satisfécit aux Gouvernants grâce aux taux de croissances dit en bonne évolution, cela malgré la gangrène de la corruption et de la mal gouvernance institutionnelle.
- Le classement dans des revues soi-disant de références comme le Doing Business dont s’indignait l’économiste Ndongo Samba Sylla de la faiblesse des critères et des choix méthodologiques. Ce guide s’avère non scientifique et non pertinent politiquement, rendant les bons élèves bien classés, les plus démunis.
- La distinction par des prix honorifiques à certains dirigeants politiques dans le but de redorer leur blason terni. Toute cette mise en scène théâtrale solennelle et protocolaire est planifiée et organisée à dessein par des groupes de la mafia affairiste internationale pour masquer l’ignoble exploitation financière subie par les peuples sous domination. Un tel bilan désastreux pour les Africains a fait dire à Théophile Obenga que la Banque mondiale et le FMI devraient être interdits de mettre leurs pieds en Afrique. Un tel échec aux conséquences sociales et humaines catastrophiques milite impérativement pour l’alternative de déconnexion du système de dépendance et d’extraversion en place depuis la colonisation, et la reconnexion à une économie continentale africaine souveraine et intégrée.
Le changement de paradigmes
C’est pourquoi un véritable changement de paradigme s’impose pour édifier des économies fortes dépassant le cadre des faibles productions et de l’étroitesse des marchés des Etats-nation actuel. La libération de l’hégémonie conceptuelle universaliste du développement conçu en termes de croissance du PIB, de productivité et de ses outils d’évaluation quantitativistes et statistiques. Cette nouvelle conceptualisation identifie les espaces régionaux naturels de production et d’échanges intégrés ainsi que les acteurs historiques porteurs d’innovation et renouveau du continent. En sortant du morcellement et en élargissant l’horizon par la réunification politique et l’intégration des productions, filières et marchés, les vastes ensembles, on pourrait acquérir « la réduction des couts unitaires grâce aux économies d’échelle par un niveau accru de spécialisation et de concurrence économique, par l’accès à la technologie et par un meilleur partage des idées et des expériences à tous les niveaux ».[3]Les Africains pourront alors produire des économies d’abondance, le bien-être et la prospérité collective.
Un leadership nouveau
Les intellectuels africains, chercheurs et savants, industriel et entrepreneurs, ingénieurs, professionnels de métiers, architectes et aménagistes, inventeurs, artistes, conteurs et philosophes, doivent impérativement prendre leur place stratégique dans la direction politique des Etats fédérés de l’Afrique. Ils doivent s’appuyant la mobilisation politique des masses et de la jeunesse, pousser à la sortie les actuelles élites politiques paresseuses, corrompues et contre-productives. Cette nouvelle catégorie politique dirigeante d’avant-garde constitue en ce temps critique, l’armature intellectuelle créative du nouveau monde africain à inventer. Leur mission est d’apporter de nouvelles visions et des choix pertinents dictées par le cours actuel de l’histoire. En effet, la Raison et la Justice, le Bien, le Beau et l’Ethique doivent enfin soutenir les pratiques d’une nouvelle philosophie politique, celle du Renouveau culturel et civilisationnel de tous les Etats fédérés de l’Afrique enfin libre. Nul n’ignore à présent les immenses ressources et richesses matérielle, humaines et culturelles dans chaque pays, chaque région, dans tout le continent de part et d’autre de l’Equateur. L’exploitation coordonnée et la mise en valeur de ce potentiel peuvent alors permettre la montée en puissance rapide de l’Afrique sur le plan économique, politique, culturelle et diplomatique dans un contexte de reconfiguration des rapports de forces à l’échelle mondiale. En tout état de cause, le développement intégral de l’humain n’est pas que matériel, mais aussi culturel et spirituel ; il repose sur ce qui n’est ni quantifiable, ni chiffrable, sur le génie créateur des peuples, leurs cultures, leurs langues, leurs valeurs de vie, l’attachement à la communauté, légalité sociale, la joie de vivre, l’amour de la Création et le respect du Vivant.
[1] Voir à ce titre l’ouvrage qui a fait date sur cette vision : Rostow (1970). Les étapes de la croissance économique. Paris. Points
[2] RASA AROA (2018). Rapport alternatif sur l’Afrique. Un rapport pour l’Afrique et pour l’Afrique. Dakar :
[3] Real Lavergne Dir. 1996. Préface. Intégration et coopération régionales en Afrique de l’Ouest. Paris, éd. Karthala-CRDI.
107 DOSSIERS TRAITES EN 2023
L’Observatoire de la qualité des services financiers (Oqsf) continue de jouer sa partition dans la gestion du contentieux économique, permettant ainsi de s’écarter des procédures juridictionnelles.
La Méditation financière de l’Observatoire de la qualité des services financiers (Oqsf) a reçu et traité, en 2023, 71 dossiers relevant de la médiation des banques, des Sfd, de La Poste et 36 dossiers relevant des assurances, soit un cumul de 107 dossiers. En termes de résultats consolidés, entre 2010 et 2023, la Médiation financière de l’Oqsf a reçu un nombre cumulé de 4131 dossiers, selon le rapport d’activités 2023 de l’Observatoire.
L’Observatoire de la qualité des services financiers continue de jouer sa partition dans la gestion du contentieux économique, permettant ainsi de s’écarter des procédures juridictionnelles. A travers sa médiation financière, l’Oqsf reçoit annuellement, un certain de nombre de litiges opposant des banques, des Systèmes financiers décentralisés (Sfd), La Poste ainsi que les compagnies d’assurances à leurs clients.
A preuve, son rapport d’activités 2023 fait état de 71 dossiers relevant des banques, des Sfd, de La Poste et 36 dossiers concernant le sous-secteur des assurances reçus et traités au cours de l’année 2023, soit un nombre total de 107 dossiers. «En termes de résultats consolidés, entre 2010 et 2023, la Médiation financière de l’Oqsf a reçu un nombre cumulé de 4131 dossiers dont 1555 relevant de la médiation des assurances, 2576 pour la médiation des banques, des Sfd et de La Poste», mentionne le rapport d’activités. Lequel note que «le traitement des différends exposés, à la satisfaction de la plupart des parties engagées dans ce processus, a permis de mettre en exergue une typologie de litiges et de réclamations opposant les clients et usagers aux institutions financières».
4131 dossiers traités entre 2010 et 2023
L’analyse des anomalies récurrentes issues de la surveillance de la conduite du marché et des cas de litige objet de médiation ont permis de relever quelques griefs qui méritent d’être résolus.
Pour le secteur des banques, par exemple, les médiateurs de l’Oqsf ont répertorié «la qualité de l’information fournie sur les obligations et droits du client au moment de l’ouverture et tout au long du fonctionnement du compte, les difficultés de fonctionnement des Gab liées principalement à la récurrence des pannes et à la non continuité des approvisionnements». S’y ajoutent «la diligence dans la prise en charge des réclamations ou sollicitations diverses des clients, ainsi que les difficultés liées à la mobilité bancaire des clients imputables principalement». Cette contrainte est due «aux frais liés à la délivrance d’attestations d’engagement et d’attestations de non-engagement jugés élevés dans l’ensemble, aux retards importants, voire au sentiment de blocage dénoncés régulièrement concernant la délivrance aux clients demandeurs d’attestations d’engagement et d’attestations de non-engagement, à la lourdeur des pénalités appliquées en cas de remboursement anticipé de crédit et dans certains cas au décompte d’intérêts non courus».
Dans le secteur de la microfinance, il a été constaté un «recours à des méthodes de recouvrement de créances qui ne respectent les principes de protection des clients, un niveau faible d’implication des sociétaires dans la gestion de leur Sfd, un niveau d’analphabétisme relativement important des membres/sociétaires, une insuffisance de la qualité de l’information fournie sur les obligations et droits des clients et usagers au moment de l’ouverture et tout au long du fonctionnement du compte, des coûts élevés notamment sur les services (opérations déplacées, domiciliation, etc.), un suivi insuffisant des réclamations».
S’agissant du secteur des assurances, les principaux griefs relevés portent sur «la désignation des experts par les assureurs et la production de leurs rapports d’évaluation des sinistres, le règlement des demandes de rachat formulées par les assurés, la qualité et les délais de dépôts des rapports par les experts commis par les compagnies après la survenance d’un sinistre, le règlement des sinistres de la part de certaines compagnies».
Pour le secteur de la monnaie électronique, les principaux constats relevés concernent «les problèmes de transparence dans la tarification des Sfn pouvant avoir des répercussions sur l’efficacité de la concurrence et affecter négativement l’utilisation des Sfn, le risque de fraude et les tentatives d’arnaque auxquels sont exposés certains utilisateurs des Sfn, les difficultés rencontrées par les utilisateurs de Sfn au niveau des points de services, notamment les fonds insuffisants ou les problèmes de réseau empêchant souvent l’exécution des transactions».
Recommandations
Face à tous ces griefs, les médiateurs de l’Oqsf ont formulé une kyrielle de recommandations
Pour le secteur bancaire, les experts de l’Oqsf jugent nécessaire de renforcer «la transparence de l’information financière, de lever «les difficultés à la mobilité de la clientèle et à la concurrence à travers la définition d’un cadre juridique de protection du client désireux de changer de banque». Ils prônent par ailleurs, «un suivi plus efficient de la clientèle pour asseoir une réactivité accrue dans le traitement de ses demandes, une meilleure prise en charge des personnes exposées au surendettement, une éducation financière de masse avec un recours privilégié aux langues nationales».
Pour le secteur de la microfinance, «il s’agira de mettre davantage l’accent sur le recours par les Sfd à des méthodes de recouvrement de créances préservant la dignité des clients, une meilleure implication des sociétaires dans le fonctionnement de leurs Sfd, le renforcement de la disponibilité et de la transparence de l’information financière, l’allégement des coûts de gestion des comptes à travers la réduction voire une évolution tendancielle vers la gratuité des services de base, la mise en place généralisée de dispositif de gestion des réclamations au sein des Sfd, l’élaboration et la mise en œuvre des programmes de gestion de la performance sociale». «Une éducation financière de masse, avec un recours privilégié aux langues nationales, et une vulgarisation du dispositif de médiation grâce à une collaboration plus étroite dans la politique d’information mise en œuvre par les Sfd auprès de leur clientèle», s’avèrent nécessaires, selon les experts de l’Oqsf.
Quid du sous-secteur des assurances ? Les médiateurs estiment que les efforts et progrès doivent être centrés singulièrement sur le «renforcement de la politique de communication destinée au grand public et en particulier en matière de règlements des sinistres, des produits d’assurance de masse comme l’assurance automobile, le relèvement du taux horaire de la main d’œuvre applicable pour la fixation du niveau d’indemnisation des sinistres automobile, la vulgarisation de la faculté de contre-expertise auprès des clients ou bénéficiaires de contrats et la réduction des délais de désignation et de dépôts de rapports d’expertise des dommages, Le renforcement de la transparence dans les clauses contractuelles de façon à gagner davantage la confiance des assurés et minimiser les risques de litiges…».
Pour les Sfn, l’Oqsf encourage les acteurs à adopter «de nouvelles générations de Sfn telles que le crédit, l’assurance et l’épargne numérique, d’améliorer les réglementations et la supervision afin de refléter les risques émergents des Sfd, renforcer les exigences en matière de supervision des agents, mettre en œuvre des outils de supervision tels que les enquêtes mystères, renforcer les campagnes de sensibilisation pour encourager les usagers à signaler les problèmes liés aux tentatives de fraude et d’arnaque, améliorer la supervision des agents des Sfn en intégrant la protection des consommateurs».
PAR Abdourahmane Sarr
ENTRE LA PEUR ET L’ESPOIR, CHOISIR SONKO-DIOMAYE
EXCLUSIF SENEPLUS - Le candidat Amadou Ba a l’intention d’endetter le pays davantage pour dérouler la même vision qu’il a mise en œuvre quand il était ministre de l’Économie. Notre pays ne peut pas réaliser son développement dans le paradigme actuel
L’espoir est ce qui fait vivre et jeunesse rime avec espoir. A n’en point douter, sur le plan purement politique, Ousmane Sonko a su cristalliser les espérances de la jeunesse sénégalaise, notamment celle qui n’a pas d’espoir ou d’acquis à préserver. Pour cette frange de la population, la peur de l’inconnu ne prendra pas le dessus sur l’espoir de lendemains meilleurs par une alternance par l’alternative. Les Sénégalais qui ont des acquis à préserver, cette frange de la population pour laquelle le statu quo est source de stabilité, seront sensibles à un message d’apeurement qui peut ne pas avoir sa raison d’être. Non seulement la peur obstrue la raison, elle démotive, décourage, et empêche l’être d’atteindre son potentiel. Nous ne pourrons donc pas avoir le courage du développement par la peur.
Nous avons observé la campagne présidentielle qui est sans surprise bipolarisée entre Ousmane Sonko à travers Bassirou Diomaye Faye et Amadou Bâ. Les premiers sont porteurs d’un message d’espoir, le deuxième a misé sur la peur de l’autre et de l’inconnu pour convaincre. De ce point de vue, Bassirou Diomaye Faye ne sera que le représentant, par les urnes, d’un leadership collectif porteur de progrès et d’espérance à travers un projet. Entre l’espoir et la peur, il faut choisir l’espoir à moins qu’il y ait des raisons objectives de craindre pour se prémunir d’un danger réel. Nous avons foi en la capacité de la jeunesse sénégalaise accompagnée de réaliser le développement du pays avec courage et responsabilité en prenant son destin en main. Prendre son destin en main, c’est avoir le mandat du peuple d’utiliser tous les instruments qui devraient permettre de réaliser les espérances de vie meilleure des sénégalais de demain, donc de la jeunesse.
La majorité silencieuse a la responsabilité d’arbitrer les deux forces partisanes qui se font face par la raison. Nous disions commentant la politique générale du Premier ministre Amadou Bâ déclarée au FMI que « la ligne du Plan Sénégal Emergent (PSE) comptait sur la co-construction de notre développement avec le financement extérieur en devises du privé comme du public sans autonomie monétaire pour ensuite redistribuer les fruits d’une croissance éventuelle » (Présidentielle 2024 : DPG au FMI à reformuler). Cette vision ne libère pas les énergies du peuple lui-même, ce qui en fait un paradigme collectiviste socialisant à l’échelle centrale, et fera de l’Afrique la locomotive de l’agenda du monde. Cette vision socialisante, nous disions, ne nous a jamais réussi et a été réaffirmée dans notre programme 2023-2026 avec le FMI et dans celui du candidat Amadou Bâ baptisée « Prospérité partagée ». Le FMI a confirmé démarrant le programme en cours, que le PSE n’a pas réussi sa promesse de transformation structurelle de l’économie et que notre endettement a financé des infrastructures qui, quoique utiles, n’ont pas contribué à une croissance durable tirée par le secteur privé et génératrice d’emplois et de progrès social (voir Rapports FMI 2023). Après nous avoir dit que notre taux de change était surévalué et que nous devions nous financer en monnaie nationale ou en dette extérieure concessionnelle en devises, le FMI n’en a pas tiré de conclusions autres que l’austérité et les réformes structurelles car il n’a pas ce mandat politique. Le Premier ministre Amadou Bâ, après avoir, à travers son ministre des Finances, pris acte du bilan dressé sur le PSE, et reconnu que les ressources pétrolières et gazières en perspective sont limitées et n’auront pas d’impact sur notre cadre économique, n’a pas proposé un programme présidentiel alternatif. La réorientation annoncée du PSE lors de la déclaration de politique générale présentée aux députés suite à la nomination du Premier ministre Amadou Bâ n’a donc pas eu lieu (Amadou Bâ : DPG Reportée, Candidat de la Continuité).
Alors que notre programme avec le FMI prévoit une réduction de notre déficit budgétaire à 3% du PIB à l’horizon 2025 pour maîtriser notre rythme d’endettement dans ce paradigme, le candidat Amadou se donne 2029 comme horizon pour ce même niveau de déficit. Il a donc l’intention d’endetter le pays davantage pour dérouler la même vision qu’il a mise en œuvre quand il était ministre de l’Économie, des Finances et du Plan. Il avait réalisé une croissance non soutenable par l’endettement et donc politicienne pour la réélection du président Macky Sall en 2019. Notre pays ne peut pas réaliser son développement dans le paradigme actuel qui est basé sur la dette extérieure en devises, concessionnelle ou pas aux vues des contraintes de notre banque centrale. Changer cette option nécessite une autonomie monétaire à l’échelle nationale ou de l’UEMOA si cette dernière a les mêmes options économiques.
La coalition Diomaye Président est la seule à avoir annoncé cette perspective nécessaire comme le disait le président Macky Sall lui-même en Conseil des ministres décentralisé et perspective qu’il faudra réaliser avec les mesures d’accompagnement. Une des conditions, pour le Sénégal et la Côte d’Ivoire locomotives de l’UEMOA, est bien évidemment la réduction de leurs dettes publiques notamment en devises de même que leurs déficits budgétaires dans un proche horizon, 2025 au plus tard. Il faudra ensuite mettre un marché des changes en place, marché à approfondir et accompagner progressivement avec la libéralisation des flux de capitaux extérieurs dans la zone. Il faudra dans ce cadre s’assurer de l’inclusion financière de nos populations, de nos entreprises, et de nos collectivités locales, l’accès au crédit étant actuellement difficile sinon impossible pour la plupart. Cette inclusion financière devra se faire avec une banque centrale transparente ayant une autonomie d’objectifs et d’instruments pour assurer la stabilité des prix qui est essentielle.
De notre lecture, Ousmane Sonko et la coalition Diomaye Président ont présenté un projet souverainiste qui veut, dans l’autonomie monétaire, s’affranchir de la domination de l’étranger, mais dans le collectivisme de plans de développement à l’échelle locale. Ceci en fera un paradigme libéral puisque les pôles aux plans et processus de développement autonomes seront nécessairement en compétition. Ce projet collectivise ainsi, en partie, avec un état développementaliste à l’échelle décentralisée de pôles régionaux, la direction du pays. S’il doit co-construire avec l’étranger, ce sera à ces échelles tout en accompagnant la libération des énergies des populations là où elles vivent dans la diversité culturelle, cultuelle, et sociale renforçant la libre solidarité locale qui accompagne la justice sociale à l’échelle centrale. Cette vision se rapproche de notre préférence, c’est-à-dire la souveraineté, mais dans le libéralisme et l’autonomie monétaire nationale ou sous-régionale dans l’UEMOA seulement, mais aussi dans le progressisme social et culturel. Nous disions que cette vision responsabiliserait les Sénégalais et le secteur privé national ou sous-régional dans leur propre développement et choix culturels de même que ceux de leurs communautés de base autonomisées avec une Côte d’Ivoire acquiesçant. A défaut, ce sera Senexit pour ces objectifs. Nous avons baptisée cette vision Souverainiste Libérale et Progressiste. Nous nous sommes donc retrouvés dans la formule du candidat Bassirou Diomaye Faye : « Un Sénégal souverain, juste, prospère, dans une Afrique en progrès ». La co-construction du développement et de l’industrialisation avec l’investissement étranger en complément à l’échelle de pôles régionaux peut rencontrer la vision du maire de Sandiara qui a rejoint la coalition Diomaye Président. Cette vision est aussi compatible avec celles de Boubacar Camara, de Boun Dionne, et de Mamadou Lamine Diallo sur l’industrialisation et les moyens de son financement à cette échelle.
Nous concluons cette contribution de soutien à la coalition Diomaye Président en disant que dans les programmes des autres candidats que nous avons lus, il y a des mesures de réformes sur lesquelles les Sénégalais peuvent avoir un consensus. Ces réformes qui peuvent être utiles et pertinentes relèvent dans bien des cas du management et non du leadership ou d’une vision alternative au statu quo et ne sont donc pas déterminantes de notre point de vue. Bien sûr, nous pouvons toujours renforcer nos institutions et notre démocratie qui dans un passé récent nous ont démontré leur solidité. Nous pouvons également améliorer les performances de beaucoup de secteurs notamment la santé, l’éducation, les infrastructures et les biens et services publics horizontaux. Le préalable, cependant, c’est la création de richesses pour leur financement durable dans la souveraineté sans intervention étatique inutile au-delà de la correction des défaillances et des sous-provisions de biens publics et dans les limites des capacités objectives de l'État.
Créer de la richesse, c’est accompagner l’entreprenariat et la liberté économique dans tous les secteurs productifs même dans l’agriculture, l’élevage et la pêche et savoir distinguer ce qui est simplement de la redistribution ou de l’idéologie collectiviste socialisante interventionniste et ce qui est de l’économie pure. Même dans la fourniture de services publics de base, l'État peut privilégier de financer et subventionner mais n’est pas obligé de produire afin d’encourager l’efficacité et l’efficience, la compétition, tout en promouvant l’égalité des chances. La décentralisation et la territorialisation de la définition même des politiques publiques et la comparaison des performances d’unités territoriales autonomes en concurrence peuvent permettre l’émulation vers le haut et la sanction localisée des échecs. De ce dernier point de vue, le Sénégal gagnerait à écouter le candidat Serigne Mboup. Karim Wade quant à lui a la responsabilité d’accompagner la vision souverainiste libérale et progressiste qui parachèvera le SOPI et qui relève le défi qu’avait lancé son père à la jeunesse africaine de trouver la voie du développement dans le libéralisme (voir Eco et Libéralisme : Relever le défi d’Abdoulaye Wade).
Librement.
Dr. Abdourahmane Sarr est président CEFDEL/MRLD
Moom Sa Bopp Menël Sa Bopp
LES TRAVAILLEURS DE DAKARNAVE EN COLERE
Les travailleurs de Dakarnave menacent d’ester en justice contre le ministre de la Pêche dans la procédure de renouvellement de la concession de la société de maintenance maritime.
Les travailleurs de Dakarnave menacent d’ester en justice contre le ministre de la Pêche dans la procédure de renouvellement de la concession de la société de maintenance maritime.
Les travailleurs de Dakarnave en veulent à leur tutelle. Ils reprochent au ministre de la Pêche d’entreprendre une procédure qu’ils jugent irrégulière de concession du marché public de la maintenance maritime. «Nous venons d’apprendre que le ministre de la Pêche a enclenché une procédure irrégulière de passation de marché public pour la concession du marché de réparation navale à des soumissionnaires étrangers, à l’insu de Dakarnave, dans la reconduction du contrat de concession des chantiers de la réparation navale», a déclaré Abass Fall, Secrétaire général du Syndicat autonome des travailleurs de la réparation navale (Satnav), face à la presse.
A l’en croire, les travailleurs de Dakarnave, intéressés au premier chef, «sont exclus du processus». Abass Fall précise : «Nous disons haut et fort qu’il ne peut y avoir de concession sans la participation des travailleurs dont les résultats font courir aujourd’hui les groupes soumissionnaires qui se sont empressés de venir visiter le chantier le 12 mars 2024 sur invitation de la Sirn.»
Au regard de cette «situation inexplicable», les travailleurs de Dakarnave n’ont pas manqué de s’interroger sur les réelles motivations du ministre de la Pêche et de l’économie maritime sur ce marché. D’après le Secrétaire général du Satnav, il n’y a eu «aucun avis d’appel d’offres». Ce qui l’amène à se demander «quelle raison pousse l’autorité à agir dans l’opacité sans respecter les principes fondamentaux de la commande publique». Selon lui, le ministre de la Pêche, qui joue la politique de l’Autruche avec les partenaires sociaux, «est en train de dérouler son plan au mépris des dispositions du Code des marchés publics». Mais, «les travailleurs de Dakarnave n’accepteront pas d’être sacrifiés. Ils vont s’opposer à cette mascarade», a-t-il fait savoir en dénonçant une «procédure cavalière», qui viole «délibérément les règles établies en matière de passation de marchés publics» et foule aux pieds les principes du libre accès à la commande publique et d’égalité de traitement des candidats, ainsi que de transparence de procédures».
Par ailleurs, les travailleurs de Dakarnave ne comptent pas se limiter seulement à dénoncer cet acte. Ils n’excluent pas l’idée d’ester en justice contre leur ministère de tutelle. «Dans la précipitation, on se permet de vouloir vendanger un bien public de cette dimension. C’est inacceptable. Les travailleurs organisés ont le droit et la capacité d’ester en justice. Si nous avons constaté qu’il y a une passation de marché de façon irrégulière, opaque et non transparente, nous sommes habilités à ester en justice et nous allons prendre des avocats pour amener le ministre de la pêche en justice», enchaîne Pape Birama Diallo, représentant du Secrétaire général de l’Union nationale des syndicats autonomes du Sénégal (Unsas). Mais, ils prévoient des actions intermédiaires avant d’en arriver à ce stade ultime de leur bataille. «Les travailleurs vont organiser une grande manifestation devant la porte principale de Dakarnave, un sit-in pour dénoncer cette forfaiture», annonce Abass Fall. Ce sera le mercredi 29 mars prochain au sein de Dakarnave
par Mamadou Abdoulaye Sow
SEUL LE POUVOIR LÉGISLATIF EST COMPÉTENT POUR ACCORDER DES EXONÉRATIONS FISCALES
L’État ne peut accorder de son propre chef une remise d’impôt à une entreprise. L’effacement de la dette fiscale décidée par le président de la République n’est rien d’autre qu’une amnistie fiscale qui ne dit pas son nom
Seul le pouvoir législatif est compétent pour accorder (ou habiliter l’Exécutif à accorder) des exonérations fiscales de toutes natures ou pour décider d’une mesure d’amnistie en matière fiscale
Notre attention a été attirée par les termes d’un article intitulé : « Le cadeau d’au revoir de Macky Sall à la presse sénégalaise » publié hier par un média. On y lit que « le président Macky Sall a annoncé un effacement de la dette fiscale contractée par les entreprises sénégalaises de presse qui s’élève à plus de 40 milliards ».
L’État a l’obligation de percevoir les impôts prévus dans les lois de finances.Il ne peut accorder de son propre chef une remise d’impôt à une entreprise.
Dès lors, les citoyens ont le droit de connaitre la disposition légale qui autorise le chef de l’Etat à passer l’éponge sur les infractions fiscales par dérogation à l’interdiction posée par l’article 715 du Code Général des Impôts (CGI) qui dispose : « En dehors des cas limitativement et expressément prévus par la loi, aucune autorité publique, ni l’administration, ni ses préposés, ne peuvent accorder de remise ou modération des impôts, droits, taxes, redevances, intérêts, amendes et pénalités légalement établis, ni en suspendre le recouvrement, sans en devenir personnellement responsables ».
Si la mesure que vient de prendre le président de la République est une remise de dette fiscale, il y a des conditions de forme (notamment la demande de remise ne peut résulter d’une décision collective) et de fond fixées par l'article 706 du CGI et son arrêté d’application à respecter. Au final, il faut un support juridique c’est à dire la décision favorable de l'autorité compétente en l’occurrence le ministre chargé des Finances qui autorise les services d'assiette à procéder au dégrèvement des impositions en cause pour permettre l'annulation de la dette fiscale dans les prises en charge du comptable public chargé du recouvrement.
Voici in extenso ce que dit l’article 706 de la loi fiscale dans sa rédaction issue de la loi n° 2018-10 du 30 mars 2018 :
« 1. Le contribuable, en situation économique ou financière difficile, qui reconnaît le bien-fondé d'une imposition établie à son nom, peut introduire une demande de remise ou de modération de sa dette fiscale.
2. La demande adressée au Ministre chargé des Finances, doit être déposée auprès du chef du service des impôts compétent avec l'ensemble des justificatifs de la situation qui la motive.
3. Pour une même dette fiscale, le contribuable ne peut déposer qu'une seule et unique demande. Il est tenu, sous peine d'irrecevabilité de celle-ci, de consentir, auprès du comptable compétent, un effort fiscal sur la dette encourue.
4. La demande de remise ou de modération n'est pas suspensive du recouvrement de la dette fiscale.
5. La demande de remise ou de modération ne peut porter sur des impôts ou taxes effectivement collectés ou retenus ainsi que sur les pénalités y afférentes. Il en est de même des impôts ou taxes régularisés pour cause de manœuvres frauduleuses.
6. Les modalités d'application du présent article seront déterminées par arrêté du ministre chargé des Finances ».
Sauf l’existence d’une nouvelle règlementation qui nous est inconnue, le texte portant application des dispositions de l’article 706 du CGI est l’arrêté n° 025903 du 26 novembre 2018.
L’article 4 de l’arrêté précité règlemente l’effort fiscal obligatoire exigé avant l’instruction d’une demande de remise d'une dette fiscale. Il prévoit pour les personnes morales :
« - Pour une dette inférieure à 10 millions : 20% sans être inférieur à 500.000
- Pour une dette comprise entre 10 millions et 50 millions : 10% sans être inférieur à 2.000.000
- Pour une dette comprise entre 50 millions et 200 millions : 5% sans être inférieur à 5.000.000
- Pour une dette supérieure à 200 millions : 2% sans être inférieur à 10.000.000 »
Quant à l’article 8, il exclut les cas ci-dessous du bénéfice de la remise ou de la modération d’impôts :
« - les difficultés de l'entreprise dues à des manœuvres frauduleuses ;
- l'entreprise en procédure collective ;
- la récidive dans les infractions liées à l'assiette et au recouvrement des impôts et taxes ;
- plusieurs demandes de remise pour une même dette ;
- les impôts ou taxes effectivement collectés ou retenus ainsi que les pénalités y afférentes ;
- les impôts ou taxes régularisés pour cause de manœuvres frauduleuses ».
En résumé, selon le premier alinéa de l’article 64 du décret n° 2020-978 portant Règlement général sur Ia Comptabilité publique, « les demandes en remise ou modération doivent être adressées au ministre chargé des Finances appuyées de toutes pièces probantes dans le mois de l'évènement qui les motive, sauf celles qui sont provoquées par la gêne ou l'indigence du contribuable, lesquelles peuvent être formulées à toute époque ».
A notre sens, l’effacement de la dette fiscale décidée par le président de la République n’est rien d’autre qu’une amnistie fiscale qui ne dit pas son nom. Or, seul le législateur a le pouvoir d’accorder une amnistie. En effet, sans faire la distinction entre deux types d’amnisties, l’article 67 de la Constitution prévoit que la loi fixe les règles concernant l‘amnistie.
Au reste, il subsiste une question : quid des organes de presse qui se sont déjà acquittés de leurs impôts dans les délais ? Si ces derniers ne sont pas remboursés de leurs impôts régulièrement payés durant la période concernée par cet « effacement » d’impôts, il y a rupture du principe d’égalité fiscale entre organes de presse.
Mamadou Abdoulaye Sow est inspecteur principal du Trésor à la retraite.
Par Hamidou ANNE
CE 24 MARS, LA DEMOCRATIE DICTERA SA LOI
Comme depuis six décennies, les Sénégalais iront ce 24 mars aux urnes pour choisir leur chef d’Etat. Ce rendez-vous démocratique est une séquence importante de notre tradition républicaine.
Comme depuis six décennies, les Sénégalais iront ce 24 mars aux urnes pour choisir leur chef d’Etat. Ce rendez-vous démocratique est une séquence importante de notre tradition républicaine. Depuis nos Pères fondateurs, nous avons collectivement choisi la voie démocratique pour confier les destinées de notre pays à un homme ou une femme. La légitimité de nos dirigeants découle ainsi du suffrage universel ; et notre attachement à ce choix est une marque de grandeur de notre peuple, inspire pour nous le respect des autres et fait du Sénégal une exception. Comme le dit mon ami Ibou Fall, non sans cette espièglerie qui le caractérise, le Sénégal n’est pas un pays africain mais un pays en Afrique.
Quand, au lendemain de la vague des indépendances, le continent était enfermé dans des logiques tribales, nous fondions une nation solide orientée vers un dessein commun. A cette époque, les dictatures et autoritarismes étaient la norme, mais nous avions à la tête de notre Etat un grand homme, qui avait renoncé très rapidement au parti unique pour ouvrir le jeu démocratique. Nous avons su éviter les putschs militaires quand ils étaient une voie traditionnelle de prise du pouvoir. Nous avons résolument opté pour la démocratie, le panafricanisme et le multilatéralisme.
Depuis, sans interruption, l’espace public est un terrain d’affrontement des idées et des programmes avec comme arbitre le Peuple souverain. Ce 24 mars, après les troubles et les turbulences issus de la séquence entamée le 20 janvier avec la publication de la liste définitive des candidats à la Présidentielle, les Sénégalais vont accomplir un devoir citoyen. Le scrutin sera libre, transparent et le vainqueur sera désigné. Le lendemain, les Sénégalais auront le loisir de vaquer à nouveau à leurs occupations. L’incise démocratique totale où chaque citoyen représente une voix sera refermée pour laisser la République, avec sa promesse fondée sur le mérite, reprendre ses droits.
Il est indéniable que cette élection est particulière. Notre pays est à un point de bascule pour plusieurs raisons. Pour la première fois, un Président sortant ne sera pas candidat à sa propre succession. Le pays est désormais producteur d’hydrocarbures ; ceci promettant une transformation de sa structure économique mais générant aussi des craintes car l’or noir est en Afrique un puissant accélérateur de la déstabilisation.
Au plan social, le Sénégal sort de trois années éprouvantes avec des vagues de violences sans précédent qui ont produit des morts, blessés et destructions de biens publics et privés.
Il s’y ajoute que pour la première fois un candidat fasciste à la Présidentielle est capable de remporter le scrutin. Autour de lui s’agrège un mouvement qui profite des infrastructures de la démocratie mais qui n’est pas démocrate ; un mouvement qui peut se hisser au sommet des institutions de la République sans être républicain ; un mouvement dont le profil génétique est la sédition, l’islamisme et l’intolérance.
Les peuples sont souverains et jaloux de leur souveraineté. Le nôtre a fait des choix en 2022 aux Municipales et aux Législatives dont les conséquences ont pesé sur notre stabilité. Il faut se rappeler les blocages de l’Assemblée nationale poussant à deux reprises la gendarmerie à intervenir pour permettre l’expression du jeu démocratique dans l’Hémicycle.
Un ami proche me disait récemment : «On ne peut pas vouloir le bonheur des gens contre leur volonté.» Il a raison, et je suis un démocrate convaincu et un citoyen viscéralement attaché aux principes républicains. Les électeurs sont souverains et il faudra s’incliner devant leur choix, quel qu’il soit. Ils ont le choix entre poursuivre dans un régime de la paix civile en choisissant parmi des candidats aux projets divers et concurrents mais qui demeurent dans l’arc républicain. Comme ils ont le loisir d’opter pour un basculement vers l’irréparable en faisant tomber notre pays dans le gouffre du fascisme après que parmi nos voisins beaucoup ont basculé dans des régimes militaires.
Ce choix entre un horizon de paix et de démocratie et une poussée vers l’aventure m’interroge et devrait nous pousser à la prudence, au sens des responsabilités et à une extrême dextérité dans le choix que nous allons faire ce 24 mars.
Comme à chaque fois que je désespère du monde, je lis ou j’écoute l’écrivain et académicien français François Sureau. Cette fois, il citait Malraux pour, disait-il, «partager une sorte d’espoir tremblant mais réel : la vie l’emportera, l’amour, la créativité, la réforme politique l’emporteront».
ALIOU CISSE APPELLE DEUX JEUNES EN RENFORT
Les Lions joueront deux matchs amicaux dans le stade de la Licorne à Amiens en France contre le Gabon et le Bénin. Deux jeunes joueurs ont été appelés en renfort par Aliou Cissé pour pallier aux blessures de Fode Ballo Touré et Mamadou Lamine Diallo.
Les Lions joueront deux matchs amicaux dans le stade de la Licorne à Amiens en France contre le Gabon et le Bénin. Deux jeunes joueurs ont été appelés en renfort par Aliou Cissé pour pallier aux blessures de Fode Ballo Touré et Mamadou Lamine Diallo.
Les Lions convoqués pour les deux rencontres amicales contre le Gabon et le Bénin les 22 et 26 mars prochain à Amiens sont presque au complet. Ils sont déjà sur place. Au vu du planning des entraînements publiés par la FSF, ils devaient débuter depuis hier. Si certains pensionnaires de la tanière pètent la forme pour le moment au sein de leur formation, ce n’est pas le cas pour certains qui peinent à se faire une place au soleil dans leur club.
Le weekend dernier, certains ont payé cash les frais de leur excès d’engagement. C’est pourquoi deux Lions, initialement convoqués par Aliou Cissé sur la liste qui devait confronter le Gabon et le Bénin, sont déclarés forfaits. Il s’agit de Mamadou Lamine Camara et Fode Ballo Touré. « Je ne me suis pas rétabli de ma blessure. J’aurais bien aimé rejoindre la tanière après ma première convocation en équipe nationale A, mais Dieu en a décidé ainsi. Je remercie le coach et son staff et je reste entièrement disponible pour l’équipe nationale. La prochaine fois sera la bonne. Je suis de tout cœur avec l’équipe et je souhaite qu’on remporte avec brio ces deux matchs amicaux », a réagi Mamadou Lamine Camara après son forfait sur les réseaux sociaux. L’international Sénégalais de Berkane n’a pas souhaité répondre à une convocation au sein de la tanière pour trainer une blessure par deverslui.
Pour pallier aux blessures des deux joueurs, Aliou Cissé a jeté son dévolu sur deux autres jeunes: Mikayil Ngor Faye (Barcelone) et Rassoul Ndiaye (Le Havre). Le premier susnommé, du fait de ses performances dans la réserve, a intégré l’équipe de performance de Barcelone. Les férus du ballon rond se demandent même pourquoi le sélectionneur national ne l’a pas convoqué plutôt.
Très talentueux, Mikayil Ngor Faye est de la même génération que Pape Matar Sarr qui n’a pas fini de progresser aussi bien en club qu’en équipe nationale. Pour le second joueur, il est né et grandi en France. Il a étrenné sa première sélection avec les olympiques lors des éliminatoires.
Au total, Aliou Cissé aura fait appel à six nouveaux joueurs. Il s’agit du jeune Amara Diouf, des bi-nationaux Habib Diarra (Strasbourg) et Arona Sangante (Le Havre), l’ex défenseur des U20 Seydou Sano (AlGharafa- Qatar) en plus de Mikayil Ngor Faye et Rassoul Ndiaye. Les deux matchs amicaux contre le Gabon et le Bénin entrent dans le cadre des préparatifs des matchs de la Coupe du Monde 2026. Les Lions vont jouer au mois de juin deux matchs contre la RD Congo et la Mauritanie.
REGAIN D'ESPOIR EN CASAMANCE DERRIÈRE LA CANDIDATURE SONKO-DIOMAYE
Privée de liaisons maritimes, rongée par le chômage des jeunes, la Casamance exprime à nouveau sa soif de changement à travers l'affluence aux meetings de Bassirou Diomaye Faye
Brice Folarinwa de SenePlus |
Publication 19/03/2024
Alors qu'Ousmane Sonko et son candidat suppléant Bassirou Diomaye Faye enchaînent les rassemblements en Casamance à l'approche de la présidentielle sénégalaise, cette région du sud marquée par des décennies de conflit leur offre un terrain de campagne favorable. De nombreux jeunes Casamançais placent en effet leurs espoirs dans ce tandem qu'ils voient comme le porteur d'un changement attendu de longue date.
C'est du moins l'analyse apportée par un reportage de l'AFP réalisé dans plusieurs localités de la région. A Ziguinchor, ville dont Sonko a été élu maire en 2022, des milliers de personnes se pressent devant la scène où il prend la parole, à l'image de Mourtalla Diouf, un pâtissier de 27 ans pour qui "il est l'homme qui peut tout changer".
La longue rébellion indépendantiste qui a miné la Casamance a renforcé le sentiment de négligence de beaucoup à l'égard de Dakar. Bassirou Diomaye Faye promet de faire des problèmes de développement de la région, vivant de l'agriculture, de la pêche et du tourisme, "une urgence". C'est ce qu'attend Nafissatou Gueye, une commerçante de 49 ans privée de revenus depuis l'arrêt des liaisons maritimes entre Dakar et Ziguinchor.
Pourtant, le président sortant Macky Sall a également œuvré pour la région, selon Seydou Sané, président du comité électoral de sa coalition dans le département. Hôpitaux, routes, ponts et accords de paix sont mis à son actif. Mais pour beaucoup comme Boubacar Diedhou, 23 ans, seul Sonko peut apporter "le travail et le développement" promis.
Si certains reconnaissent comme Moustapha Sy, 30 ans, les progrès accomplis, les espoirs de changement des jeunes Casamançais semblent se tourner majoritairement vers le nouveau départ promis par Sonko et Diomaye.
LES AFRICAINS OBSERVENT, ENTRE ESPOIRS ET DOUTES, LE DUEL BIDEN-TRUMP
Un retour potentiel de Donald Trump à la Maison Blanche suscite des réactions mitigées sur le continent, où son premier mandat n'avait pas démontré un grand intérêt pour l'Afrique
Brice Folarinwa de SenePlus |
Publication 19/03/2024
Alors que les élections présidentielles américaines de novembre approchent, de nombreux observateurs africains scrutent avec attention les résultats à venir. Un retour potentiel de Donald Trump à la Maison Blanche suscite en effet des réactions mitigées sur le continent, où son premier mandat n'avait pas démontré un grand intérêt pour l'Afrique.
Selon Christian Moleka, coordinateur national du réseau Dypol de chercheurs en sciences politiques en République démocratique du Congo (RDC), interrogé par l'AFP, "un retour de Trump signifierait une réduction de l'implication américaine dans tout ce qui est multilatéralisme, comme la question du climat, et possiblement une réduction de l'aide au développement". Une administration centrée sur "l'Amérique d'abord" et en rivalité commerciale avec la Chine pourrait également être "moins exigeante avec les gouvernements africains en matière de démocratie et respect des droits humains", ajoute-t-il.
Cette approche conviendrait à certains dirigeants africains lassés des critiques occidentales sur les reculs démocratiques, selon M. Moleka. Kelma Manatouma, professeur de sciences politiques à l'université de N'Djamena au Tchad, estime également qu'un retour de Trump "encouragerait les pouvoirs forts en Afrique" et permettrait aux régimes autoritaires du continent de "renouer ouvertement les liens avec la Russie et la Chine".
Le manque de respect de Donald Trump pour les règles démocratiques dans son propre pays a par ailleurs terni l'image des États-Unis auprès de certains pays africains. C'est le cas en Afrique du Sud, dont le parti au pouvoir s'est moqué des appels à la supervision d'élections américaines, mettant en avant le bilan démocratique du pays. Prétoria entretient également des relations tendues avec Washington sur le conflit israélo-palestinien.
D'autres observateurs s'inquiètent qu'un retour de Donald Trump ne compromette l'aide militaire américaine contre les groupes terroristes en Somalie et dans la Corne de l'Afrique. Le retrait de troupes américaines ordonné par Trump en 2021 avant son départ avait été annulé par Joe Biden. "Cela serait très problématique si Trump revenait sur cette décision", alerte Samira Gaid, consultante sur la Corne de l'Afrique, car l'encadrement américain est essentiel aux forces somaliennes.
Pour Julius Kattah, économiste à l’université du Ghana cité par l'AFP, l'Afrique "pourrait au final regretter" Joe Biden qui a "ravivé les relations avec le continent", contrairement à son prédécesseur qui l'avait "pratiquement abandonné". Une victoire de Donald Trump signifierait un retour à cette politique de désintérêt pour l'Afrique.