SenePlus | La Une | l'actualité, sport, politique et plus au Sénégal
19 mars 2025
PAR MAMADOU YOURY SALL
L’ECOLE CLASSIQUE (DAARA), L’ECOLE OFFICIELLE ET LA MODERNITÉ
Aujourd’hui, cinquante cinq ans après l’indépendance du Sénégal, on remue un couteau dans la plaie nationale en tentant de remettre au goût du jour l’arrêté de Louis Faidherbe du 22 juin 1857, relatif à l’école coranique
Le débat suscité par le projet de loi portant statut du daara n’est pas facile à cerner. Il est aussi complexe que l’histoire du Sénégal et sa sociologie. Le diagnostic et l’ambition gouvernementale, tels que déclinés dans le texte, ne pourraient être sans soulever de virulentes réactions.
Car le projet de loi réveille de douloureux souvenirs chez les Sénégalais imbus de l’histoire. Il rappelle à bien des égards l’entreprise du colonisateur qui cherchait à déstabiliser le système éducatif, soubassement du système de valeur culturel qu’il a trouvé sur place.
Aujourd’hui, cinquante cinq ans après l’indépendance du Sénégal, on remue un couteau dans la plaie nationale en tentant de remettre au goût du jour l’arrêté de Louis Faidherbe du 22 juin 1857, relatif à l’école coranique. Les motifs du texte exposés ne sont, en aucune manière, différents de ceux que débitait ce gouverneur.
Est-il besoin de rappeler que le daara n’était, pour Faidherbe, qu’un établissement archaïque, non pertinent sur les plans économique et politique, à la limite dangereux pour les enfants. Il reste à savoir comment le gouvernement du Sénégal de 2015 a-t-il pu arriver à la même conclusion ? Pourquoi décide-t-il de préconiser les mêmes remèdes que le colonisateur français formulait afin d’éradiquer le mal qui gangrenait, à ses yeux, cette école plus que millénaire ?
Le malheur est que l’histoire politique de ce pays est souvent confondue avec son évolution sociologique. On a tendance à répercuter les ruptures qu’il y a eu dans ce domaine sur tous les autres segments de la vie sociale. Alors que, sur bien des aspects vitaux, la marche du Sénégal est restée sans perturbation notable.
En se donnant les moyens de faire l’inventaire des dégâts causés par la colonisation, on remarquerait bien que le modèle éducatif a demeuré sans altération. Ce qui a donné d’ailleurs à la société sénégalaise une certaine capacité de résistance. De là, on peut bien affirmer, sans contestation possible, que l’histoire scientifique du Sénégal est un continuum. Ce qui revient à dire qu’en négligeant ce substrat culturel, on ne pourrait jamais sortir de la crise scolaire qui mine le pays.
Le continuum scientifique du Sénégal
Il est prouvé maintenant que l’institution scolaire classique s’est établie au Sénégal depuis le 9ème siècle, avec l’évènement de l’islam. Et la société sénégalaise se l’est appropriée très tôt. Comme certains pays d’Europe occidentale, qui ont emprunté du latin ses caractères au 15ème siècle, les populations islamisées d’Afrique de l’Ouest ont transcrit leurs langues avec les caractères arabes qu’ils ont rebaptisés et quelque fois redessinés. Elles ont ainsi donné à leurs parlers le statut de langues savantes, avant que les pays latinisés ne fassent la même chose.
En plus de devenir écrites et utilisées pour l’enseignement, les langues à alphabet arabisé sont souvent considérées comme des langues de l’islam. En effet, la graphie arabe, ayant servi à fixer le Coran, est sacralisée par les musulmans. Au Fuuta Jalon et à Sokoto d’abord, puis Fuuta Tooro ensuite, la velléité d’émanciper le pulaar en langue de l’islam n’était pas étrangère à l’expansion de l’ajami (langue transcrite en caractères arabes) dans cette région plus que dans d’autres.
Les oulémas du Sénégal se sont bien servis de cette écriture pour communiquer aux masses les préceptes de l’islam et rendre accessibles aux alphabétisés en ajami les recommandations de cette religion. Les sources écrites les plus anciennes de l’histoire du Sénégal sont en ajami.
En outre, selon les résultats d’une enquête menée par Professeur Mamadou Cissé de l’Ucad en 2003 : «Au Sénégal, dans des zones rurales à Diourbel (région centrale), à Matam et Podor (régions Nord), 75% des adultes peuvent lire et écrire en caractères arabes.»
Ainsi, depuis l’entrée de l’islam, les foyers d’enseignements (Dudhe) ne cessent de se multiplier dans le pays, permettant à des milliers d’enfants de la sous-région d’acquérir des connaissances islamiques et profanes. Le rayonnement de cette école publique ouverte à tous, parfois même à distance, a fait connaître le Sénégal, bien avant son accession à la souveraineté, dans toute l’Afrique et en Asie.
L’empereur de Songhaï, Askia Mohammed (1443-1538), Salih El Oumary (1753 1803), plus connu sous le nom de Al Foulaanyel Maliky, le savant de Dar el Hadith de Médine en Arabie Saoudite, qualifié de rénovateur de l’islam en Inde ; Qaadi Amar Fall le fondateur de l’Université de Pir ; Ousmane Danfodio le Toorodo de Sokoto ; Thièrno Souleymane Baal le fondateur de l’Almaamiyat ; Almaamy Abdul Qaadir Kane le premier souverain élu en Afrique ; Cheik Oumar el Foutiyyou le Soufi conquérant ; Dial Diop, le libérateur du Cap-Vert, son premier Almamy et Serigne ; Cheikh Moussa Camara le sage de Ganngel, ont rendu célèbre la science du Sénégal.
Après ces précurseurs, la source n’a pas tari. Les fondateurs et promoteurs de confréries ont repris le flambeau pour perpétuer cet héritage. Jusqu’aujourd’hui, les foyers d’enseignement du Sénégal attirent des étudiants ressortissants des pays environnants et échangent leur produit avec les plus grandes universités du monde arabo-musulman.
Pour dire que, si en politique la marche du pays est bien perturbée par le colonisateur, sur le plan scientifique, il y a bien un continuum. C’est ce fil tendu de transmission du savoir qui a permis au Sénégal de tenir sur le plan culturel, mieux que les contrées africaines qui n’avaient pas une institution de formation aussi forte.
C’est par le moyen de cette dernière que la société a pu faire face aux vicissitudes de la colonisation. Certes, l’institution a subi toute sorte d’agressions et fut objet de multiples pièges, mais elle est restée en l’état, sans aucune altération.
Donc, ce n’est pas aujourd’hui qu’elle perdrait son lustre avec des stratégies concoctées pour réduire sa portée. Même s’il n’y a, à ce jour, aucun recensement fiable, on peut estimer très important le nombre de ses pensionnaires. En termes qualitatifs, on l’a vu, sa production est incommensurable.
C’est pourquoi un diagnostic hâtif du fonctionnement de cette institution induirait les gouvernants du Sénégal de 2015 en erreur. Dire par exemple que le daara constitue une contrainte, une institution archaïque, qui empêcherait l’Etat d’atteindre ses objectifs pédagogiques, signifie sans aucun doute que l’évaluation qui a motivé la réforme et le projet de loi préconisé est très mal faite.
Dans l’exposé de motifs dudit projet de loi portant statut du daara, on affirme : «Cependant, la réalisation des ambitions de l’Etat pour le secteur fait face à des difficultés et risques majeurs, notamment : Un environnement précaire marqué par l’insécurité physique et sanitaire des enfants ; La multiplicité des curricula ; La prolifération incontrôlée de ‘’daara’’; L’augmentation de la mendicité et des situations de maltraitance des enfants».
Ces allégations se basent certainement sur des études menées par des organisations non gouvernementales œuvrant dans les domaines de l’enfance ou de la pauvreté. Rappelons que celles-ci ne se sont jamais intéressées aux résultats de l’institution scolaire classique. L’évaluation de la production scientifique du daara n’a jamais été dans leur perspective. En plus, leur référence en ce qui concerne l’éducation de l’enfant et sa protection ne correspond pas forcément à celle des sociétés non occidentales.
Quand ces dernières intègrent la mendicité dans leur pédagogie ou leur croyance, ces Ong décident que cette pratique constitue une maltraitance de l’enfant et une violation flagrante de son droit. En un mot, elles n’instruisent les dossiers des daara qu’à charge, sans aucune circonstance atténuante.
De ce qui précède, n’est-il pas insultant de vouloir aligner cette institution, qui a ainsi hissé le niveau scientifique de la société sénégalaise au niveau de l’école officielle en considérant cette mise à niveau comme une modernisation ?
L’ambition du gouvernent ne devrait-elle pas être autre ? Ne vaut-il mieux d’aller dans le sens de la mise en place d’une école intégrée, prenant en charge les avantages liés aux deux systèmes en vigueur, en acceptant de corriger (pour ne pas dire moderniser) les tares de l’école officielle ?
b) Une Ecole sénégalaise unique
Il va sans dire que la logique d’alignement ou d’inclusion ne ferait que consolider le parallélisme constaté actuellement. Il n’est pas réaliste de considérer l’école officielle comme la référence éducative absolue. Il faut admettre que les deux institutions, la classique et l’officielle, ne sont pas à la hauteur des aspirations des parents sénégalais. On ne bâtira une véritable école nationale que si on arrive à réunir ce qu’il y a de mieux dans les deux systèmes. En réalité, l’intégration des deux écoles n’est pas impossible.
Pour y arriver, au lieu de procéder par une fusion ou une inclusion, on pourrait créer des liens essentiels entre les deux institutions. L’école classique avec ses cycles de formation et ses certificats peut être mise en phase avec l’école officielle revue dans son contenu et son organisation.
Ensuite, un système d’équivalence instauré entre les deux permettrait de baliser les axes de convergence. C’est comme cela qu’est institué El Azhar d’Egypte, qui est un regroupement des daaras préexistant à l’institution scolaire officielle, pour devenir aujourd’hui une institution universelle islamique pourvoyeuse de compétences dans tous les domaines.
Enfin, il convient de dire ici que le Sénégal n’est pas le seul pays confronté à ce problème. Il y a dans le monde des expériences plus ou moins réussies. Mais la lucidité devrait pousser les gouvernants du pays à reconnaître l’enjeu social que constitue la langue arabe. Luc Ferry, ministre de l’Education nationale et de la recherche de la France insistait en 2004 sur «l’importance qu’il y a pour la France à diversifier son enseignement linguistique».
Dans ce cadre, il affirmait aussi son intention de développer l’enseignement de la langue arabe dans chacun des départements du pays. Au même moment, dans une lettre ouverte intitulée : La langue arabe, un enjeu social, des universitaires français affirmaient :
«Au de-là d’une tradition d’ouverture à l’Orient, la présence de cet enseignement (arabe) dans le tissu éducatif français d’aujourd’hui répond à des enjeux profonds, dont l’actualité souligne l’importance. L’arabe est langue internationale de communication, et sa présence témoigne de l’attachement que la France accorde à ses liens, contacts et échanges avec le monde arabo-musulman. En tant que langue de culture d’une tradition revendiquée par les jeunes gens issus de l’immigration, la langue arabe est aussi un enjeu social. Elle est l’objet d’une demande forte, à laquelle le secondaire français n’arrive pas assez à répondre,...»
Si le réalisme socio-politique pousse la France à adopter cette attitude, quid du Sénégal avec son identité culturelle à forte connotation islamique ?
Sénégal Airlines est au plus mal et les travailleurs ne cessent de tirer sur la sonnette d'alarme. L'Etat, si on en croit le ministre du Tourisme et des Transports aériens, ne veut pas laisser la compagnie aérienne mourir. Un plan de relance est en train d'être mis en œuvre par l'Etat du Sénégal pour la redresser.
La situation de la compagnie Sénégal Airlines et de ses travailleurs ne laisse pas insensibles les parlementaires. Hier, lors du vote du projet de loi n°15/2014 portant code de l'aviation civile, les députés ont interpellé le ministre du Tourisme et des Transports aériens sur les difficultés que traversent les travailleurs.
En réponse, Abdoulaye Diouf Sarr a révélé la mise en œuvre d'un plan de relance. Mais cela ne l'a pas empêché de dire tout le mal qu'il pense des conditions dans lesquelles la compagnie a été montée et qui lui vaut ses difficultés. Il a soutenu que l'Etat est entré dans un processus de relance et de restructuration.
"Une autre option pouvait être aussi envisagée, c'est-à-dire liquider la structure et créer une autre. Il y a les dispositions de l'OHADA qui pouvaient nous permettre d'emprunter cette option qui est peut être la plus facile. Mais le chef de l'Etat a estimé que le Sénégal ne pouvait pas être un cimetière de compagnies aériennes et qu'il fallait à partir de l'existant essayer de restructurer. Un plan de relance est en train d'être mis en œuvre", a expliqué le ministre.
Toutefois, a expliqué Abdoulaye Diouf Sarr, ce plan est assujetti au travail qu'est en train d'effectuer le commissaire au compte de la compagnie pour certifier les états financiers de 2014. "La compagnie n'a pas encore certifié ses comptes de 2012, 2013 et 2014. C'est avec l'appui et la pression de l'Etat que ce travail est en train d'être finalisé.
Dans le planning du commissaire au comptes, nous savons qu'en fin mai, les états financiers de 2014 doivent être certifiés pour permettre à l'Etat de remonter toute la dette publique en haut de bilan pour que la compagnie soit financièrement restructurée", at-il soutenu. A l'en croire, l'orthodoxie financière ne leur recommande pas d'injecter des fonds publics dans une société dont le capital est détenu par des privés.
Mais "nous le faisons malgré les incohérences financières pour permettre à l'Etat de devenir l'actionnaire majoritaire de Sénégal Airlines", a-t-il assuré.
L'Etat a trouvé un nouveau partenaire
Toujours concernant le plan de relance, après avoir nettoyé financièrement la structure, l'Etat souhaite qu'elle soit viable pour une exploitation. "Cela exige un partenaire. Nous avons un partenaire qui va nous déposer son plan d'affaire à la fin du mois de mai pour qu'on discute avec lui sur le business plan", a dit Abdoulaye Diouf Sarr.
Devant les parlementaires, le ministre Abdoulaye Diouf Sarr a également évoqué la situation, pour mettre en avant l'appui de l'Etat qui a longtemps permis à la direction de payer les salaires et de poursuivre l'exploitation. "Jusqu'au mois de novembre, il n'y avait pas d'arriérés, parce que la direction utilisait l'appui financier de l'Etat pour régler ces questions. Les arriérés dont il est question datent de novembre, décembre, janvier, février. C'est à ce niveau que l'Etat a accompagné la direction de Sénégal Airlines pour finaliser un prêt au niveau de la BNDE", a expliqué M. Sarr.
En outre, le ministre a révélé avoir reçu, il y a de cela trois jours, les travailleurs et leur directeur pour leur expliquer comment l'Etat est en train d'accompagner la compagnie dans sa recherche du financement nécessaire à sa survie. "Le Premier ministre doit nous recevoir aujourd'hui (hier), pour examiner cette question et voir comment l'Etat apprécie la situation, dans ce processus d'accompagnement".
Ensuite, le ministre a tenu à faire cette précision : "Si une presse a dit, ce matin, que le ministre dit que l'Etat ne doit pas de salaire à Sénégal Airlines, c'était peut-être à un moment où je clarifiais le statut juridique de la structure."
Parce que, dit-il, dans le traitement de la communication de cette affaire, on peut avoir l'impression que ce sont des salaires dus par l'Etat du Sénégal. Alors que "c'est la compagnie qui doit de l'argent". "L'Etat est obligé d'accompagner la compagnie pour que cette question soit réglée et que le plan de redressement soit mis en œuvre", a-t-il indiqué.
RUSH DES ELEVES A CAUSE DE LA GREVE DES ENSEIGNANTS
Les rideaux des Journées portes ouvertes du Conseil économique, social et environnemental (Cese) sont tombés, hier. Cette première édition qui a débuté lundi a vu la participation des élèves venus en masse sans doute à cause de la grève des enseignants.
La première édition des Journées portes ouvertes du Conseil économique, social et environnemental (Cese) qui a pris fin, hier, a noté la présence de plusieurs élèves des différentes écoles de la place. Venus pour la majorité de la lointaine banlieue de Dakar et du centre ville, ils ont profité de la grève des syndicats pour s’imprégner du rôle du Cese.
Accompagnés de leurs encadreurs, ils ont pu découvrir cette quatrième institution du pays dirigée par Aminata Tall. C’est par groupe qu’ils ont visité les locaux du Conseil économique, social et environnemental (Cese). Le sourire aux lèvres, certains d’entre eux ont foulé l’enceinte de cette institution pour découvrir le rôle que joue le conseil qui occupe la quatrième place dans le dispositif institutionnel actuel du pays. «Nous venons du Groupe scolaire Seydou Nourou Tall de Pikine. Nous avons tenu à participer à ces journées portes ouvertes du Cese pour connaître son rôle et savoir la manière dont ses membres sont choisis par le président de la République», lance un élève accroché dans les couloirs du Cese.
Les responsables de l’institution n’ont ménagé aucun effort pour répondre à toutes les questions et satisfaire la curiosité des jeunes visiteurs. Passant d’un stand à un autre stand, stylos et bloc-notes à la main pour prendre des notes, ils ont été l’attraction de cette matinée.
CESE : UN LIEU D’ATTRACTION POUR LES ELÈVES DE LA BANLIEUE
Une élève, très attentive aux explications pendant que ses camarades bavardaient, a attiré notre attention. Interpellée sur son attitude, elle rétorque : «Je viens de comprendre les raisons pour lesquelles la maman de mon voisin de quartier a complètement changé d’attitude depuis qu’elle a été nommée comme membre du Cese». Elle déclare que cette dernière est devenue très altruiste et se préoccupe beaucoup de ses voisins. «Elle vient en aide à tous ceux qui la sollicitent et c’est elle qui appelle souvent les sapeurs- pompiers pendant les d’inondations dans la quartier», conclut-elle. Mais ce n’est pas seulement les élèves de la banlieue qui ont assisté à ces journées portes ouvertes du Cese.
En effet, il y avait aussi ceux de l’institut Notre Dame, de l’École Grand- Médine et des étudiants de l’Institut des sciences de l’environnement. Ces derniers, moins nombreux que les élèves (une quinzaine), cherchaient plutôt des renseignements sur leurs études dans le cadre de leur formation en environnement et les possibilités d’accompagnement par le Cese. Des professionnels aussi étaient de la partie. Au moment où les stands étaient bondés de visiteurs, un panel était organisé dans le cadre de la Charte sociale par les membres du Cese dans la grande salle de l’Institution. Réunissant les délégations de l’Union des conseillers économiques et sociaux et institutions similaires des États et gouvernements membres de la Francophonie (Ucesif), ce panel qui a permis de partager et d’échanger, a été aussi l’occasion de discuter du rôle et des jeunes dans le processus de développement à la base de toute nation.
Le ministère de l'Agriculture et de l'Entrepreneuriat rural (MAER) et les acteurs du secteur tiennent le même langage sur la filière arachide. Elle se porte bien, selon les prix sur le marché, après un retard à l'allumage dans la campagne de commercialisation.
Tout est bien qui finit bien pour la campagne agricole de 2015. "Elle a été à deux vitesses. Au démarrage, il y avait beaucoup de difficultés car les producteurs n'arrivaient pas à écouler leur production à bon prix, entre 175 et 150 F cfa. La tendance s'est renversée à la fin de la campagne, car au moment où je parle, on ne peut pas avoir l'arachide à moins de 275 F cfa. Ce qui veut dire que le marché est ouvert", renseigne le président du cadre de concertation des producteurs d'arachide (CCPA), Ibrahima Niasse. Malgré un hivernage tardif, le bilan de la campagne agricole de 2014-2015 est plutôt positif. C'est ce qui ressort de la rencontre bilan organisée hier par le ministère de l'Agriculture et de l'Equipement rural (MAER).
Les différents acteurs de l'agriculture, de la filière arachidière plus particulièrement, ont pu apprécier l'apport des autorités pour pallier une pluviométrie tardive, l'année dernière. "L'hivernage s'est mal passé, mais grâce au programme d'adaptation mis en place par le ministère de l'Agriculture, nous avons pu inverser la tendance. Les régions vulnérables ont pu obtenir des productions significatives. L'arachide s'est très bien comportée en termes de rendement. La production de cette année tourne autour de 660 000 tonnes. L'objectif global est d'arriver à 1 million de tonnes", renseigne le directeur de l'Agriculture Omar Sané. La rencontre organisée pour recueillir les observations et suggestions de l'ensemble du monde rural s'inscrit dans la dynamique d'atteindre les objectifs stratégiques des documents de planification du PSE.
Alors que beaucoup de producteurs s'inquiétaient des prix de vente dérisoires au début de la campagne, la situation actuelle est à leur avantage. "Présentement, les opérateurs courent même derrière les producteurs. Le prix minimal est de 250 Fcfa. Cela veut dire qu'il n'y a pas de problèmes d'écoulement. Dès qu'on a ouvert le marché, avec l'arrivée des Chinois, le prix a été très rémunérateur pour les producteurs", déclare Omar Sané. Une éclaircie économique due aux liquidités injectées par les huiliers et à l'exportation de la production en Chine, Tunisie, au Maroc, Vietnam et Congo. Les producteurs déplorent toutefois que certains opérateurs obligent des producteurs à brader leur produit. "Tout n'a pas été parfait dans la campagne, mais l'Etat trouve des mécanismes pour contrer ce phénomène. Des mesures fortes sont prises au niveau étatique. On appuie les industriels, les opérateurs. On cherche d'autres débouchés pour le produit", se défend le directeur de l'Agriculture.
Compétitivité et financement, les nouveaux défis
Ibrahima Niasse du CCPA pense que les défis liés à l'arachide sont, pour les producteurs, de s'adapter aux exigences du marché. "Il faut organiser la filière, puisqu'elle est déjà libéralisée. Faire de sorte que le producteur vende son produit avant la récolte, sous forme de contrats ; trouver des acheteurs qui accompagnent la production, comme dans toutes les agricultures modernes. Ce qui veut dire que vous avez un marché et cela facilite l'accès au crédit", suggère-t-il, en prenant l'exemple sur le maïs aux Etats-Unis où la production des 5 années à venir est déjà vendue.
Une entreprise d'autant plus difficile que la filière arachide développe une particularité qui lui est propre. "Sur 14 000 villages sénégalais, 13 000 s'y adonnent, contrairement à la tomate ou au coton dont les zones de production sont limitées", ajoute-t-il. Mais pour le président national des opérateurs privés, stockeurs, et transporteurs, El Hadj Tambédou, la priorité est aux financements. "Il faut que les opérateurs et les huiliers disposent de financements, avant l'ouverture de la campagne de commercialisation. C'est la seule manière d'éviter le bradage dans les points de collecte. Toute autre solution est erronée", déclare-t-il. Mais dans l'ensemble, les acteurs se disent satisfaits de la configuration actuelle. Quant au démarrage de la prochaine campagne, le directeur de l'Agriculture se garde de donner une date ou d'en dévoiler les mesures, préférant laisser le soin à l'autorité.
PAR DEMBA MOUSSA DEMBELE
LE SÉNÉGAL DANS LE BOURBIER YÉMÉNITE
On ne peut pas comprendre la «préoccupation» de Macky Sall à propos de la situation au Yémen, alors que dans son voisinage immédiat, au Nigeria, un groupe terroriste, Boko Haram, est en train de sévir contre des populations innocentes et de semer la mort
Au cours de son entretien avec la presse à Kaffrine, le Président Macky Sall a ainsi confirmé les informations des médias sénégalais faisant état de son intention d’envoyer des troupes pour appuyer la «coalition internationale» dirigée par l’Arabie Saoudite contre les Houtis au Yémen.
Son voyage-éclair à Riyad avait donc pour but de répondre à la requête de l’Arabie Saoudite. L’on comprend mieux alors pourquoi Macky Sall a reçu «la plus haute distinction de l’Arabie Saoudite», selon Le Soleil du 2 avril 2015. Quelques jours plus tard, le royaume saoudien envoyait des milliers de tonnes de dattes, dont la remise aux autorités sénégalaises a été très médiatisée.
Tous ces évènements ont pour but d’obtenir le soutien de l’opinion sénégalaise à une opération qui risque de coûter très cher au Sénégal, sur tous les plans. Nous osons espérer que le Président du Sénégal ne commettra pas l’erreur tragique consistant à fournir de la chair à canon pour «protéger» l’Arabie Saoudite.
Mourir pour le Yémen et non pour le Nigeria et le Cameroun ?
En réalité, les troupes qui seront envoyées par le Sénégal seront utilisées dans «l’offensive au sol» que préparent l’Arabie Saoudite et sa «coalition», contre ce qu’on appelle les «rebelles» pour rétablir au pouvoir le Président yéménite, réfugié à Riyad.
Très peu de Sénégalais comprendraient pourquoi des soldats sénégalais iraient mourir dans un pays que peu d’entre eux pourraient situer sur la carte du monde ! Macky Sall parle de sa «préoccupation pour la déstabilisation de la région», en parlant de la région du Golfe. Mais pourquoi devrait-il être tant préoccupé par cette situation ?
D’abord, il y a des pays africains, plus proches de cette région, comme l’Egypte, le Soudan, voire l’Ethiopie, qui devraient légitimement être préoccupés. Ensuite, que peut faire le Sénégal pour mettre fin à la «déstabilisation» de cette région ? Rien, absolument rien !
Mais plus fondamentalement, on ne peut pas comprendre la «préoccupation» de Macky Sall à propos de la situation au Yémen, alors que dans son voisinage immédiat, au Nigeria, un groupe terroriste, Boko Haram, est en train de sévir contre des populations innocentes et de semer la mort sur son passage. Or, Boko Haram a non seulement déstabilisé le pays le plus peuplé d’Afrique, mais également le Cameroun, voire le Tchad.
Et on n’a pas beaucoup entendu Macky Sall parler de sa «préoccupation» à propos du Nigeria, dont la stabilité est primordiale pour le développement de l’Afrique de l’Ouest et même d’une bonne partie de l’Afrique. On ne l’a pas non plus entendu se «préoccuper» de ce qui se passe au Cameroun, du fait des exactions de Boko Haram.
Apparemment, le «soutien total» à l’Arabie Saoudite passe avant la solidarité avec les pays africains frères, victimes d’attaques terroristes de la part de groupes se réclamant de l’islam sunnite dont l’Arabie Saoudite est le berceau. En somme, Macky Sall préfère envoyer des soldats mourir pour le Yémen et non pour le Nigeria ou le Cameroun.
Soutien à un régime moyenâgeux et théocratique
En envoyant des troupes en Arabie Saoudite pour prendre part à la guerre civile au Yémen, Macky Sall franchirait un pas extrêmement dangereux. Il va prendre fait et cause pour les ambitions hégémoniques de l’Arabie Saoudite dans la sous-région. En vérité, la guerre que l’Arabie Saoudite mène contre le Yémen a très peu à voir avec la «restauration de la légalité constitutionnelle».
Elle sert plutôt ses ambitions sous-régionales face à l’Iran qu’on accuse de soutenir les Houtis. Nombre d’observateurs occidentaux croient savoir que cette guerre est un tremplin pour le fils du nouveau roi, qui veut ainsi établir sa crédibilité face aux autres membres de la famille royale, dans la course à la succession du roi Salman, dont la santé est chancelante.
Mais pourquoi des soldats sénégalais iraient-ils mourir pour satisfaire les ambitions d’un jeune prince et les desseins hégémoniques d’un régime moyenâgeux et théocratique ?
Même les «parrains» occidentaux de l’Arabie Saoudite, notamment les Etats-Unis, gardent une certaine prudence face à ce bourbier yéménite, surtout face à des combattants aguerris et déterminés. Même le Pakistan, pourtant plus proche et concerné par la déstabilisation de la sous-région, a refusé d’envoyer des troupes, malgré l’insistance de l’Arabie Saoudite.
Cette dernière cherche de la chair à canon pour son «offensive» au sol contre les Houtis. Car les observateurs militaires sont unanimes : les frappes aériennes ne pourront pas rétablir la situation, que seul le recours à des troupes au sol pourrait faire. Pour cela, il faudra à la «coalition internationale» de la chair à canon, c’est-à-dire, des soldats d’autres pays, pour se battre pour le compte de l’Arabie Saoudite.
Eviter la poudrière du Moyen-Orient
C’est sans doute pour inciter Macky Sall à envoyer des soldats sénégalais rejoindre «la coalition» que ce dernier a reçu «la plus haute distinction de l’Arabie Saoudite». Mais cette distinction ne devrait pas aveugler le Président Sall. Il doit éviter d’entraîner le Sénégal dans un bourbier aux conséquences incalculables pour notre pays, sur le plan politique, comme sur le plan sécuritaire.
D’abord, que penseront des millions d’Africains quand ils apprendront que des soldats sénégalais sont en train de mourir au Yémen pour soutenir les ambitions de l’Arabie Saoudite alors que des pays africains ont le plus grand besoin de solidarité et de soutien dans leur lutte contre le terrorisme ?
Macky Sall pourra difficilement convaincre la plupart de ses pairs africains du bien-fondé de sa décision d’envoyer de vaillants fils du Sénégal se faire tuer pour des causes qui leur sont étrangères. En outre, il y a de graves risques de transformer le Sénégal en une cible de groupes terroristes affiliés à AlQaïda dont certains, comme le groupe Jabhat al-Nusra, sont soutenus par l’Arabie Saoudite en Syrie !
La situation dans ce pays met en lumière la mauvaise foi et la grande hypocrisie du royaume saoudien. Elle soutient des groupes terroristes contre un régime légitime tout en prétendant «rétablir la légalité constitutionnelle» au Yémen. Et dans sa volonté d’y parvenir, elle et sa «coalition» sont en train de commettre de nombreux crimes de guerre et des atrocités à travers les frappes aériennes, dont les principales victimes sont des civils.
Macky Sall doit regarder la réalité en face : le Moyen-Orient est une poudrière dont l’explosion risque d’atteindre le Sénégal, si jamais il décidait d’envoyer des troupes dans le bourbier yéménite.
LE COLLECTIF DES MÉDIATEURS DEMANDE LA REPRISE DES COURS
Dakar, 22 avr (APS) - Le Collectif des médiateurs lance un appel aux organisations syndicales pour la reprise des cours ‘’dans les meilleurs délais’’ et préconise la mise en place d'un mécanisme de prévention des conflits dans le secteur de l’éducation.
‘'Le Collectif des médiateurs lance un appel (…) à toutes les organisations syndicales, qui n’ont pas encore décidé de reprendre les cours, de le faire dans les meilleurs délais, car l’année scolaire tire à sa fin, menaçant, ainsi, l’avenir des élèves et celui de l’école publique sénégalaise (…)’’, indique-t-il dans un communiqué parvenu à l’APS.
Le Collectif des médiateurs ‘’fera tout ce qui est en son pouvoir pour veiller au respect des engagements souscrits, tels qu’exprimés dans l’échéancier qui a été proposé par le gouvernement et accepté par les syndicats’’, souligne la même source.
Le Collectif, à l’unanimité, a tenu à saluer, dans le communiqué ‘’la décision prise par quatre syndicats et coordinations de syndicats (l’USEQ, le SNEEL, le SUDES, le SYROS, l’UDEN), de suspendre le mot d’ordre de grève’’.
''Le Collectif des médiateurs est, en effet, conscient du fait que l’Etat sénégalais et les syndicats ci-dessus désignés ont, indubitablement, consenti des efforts importants (20 revendications satisfaites sur les 22 contenues dans la plateforme générale et 10 sur 11 de la plateforme minimale, avec des échéanciers précis)''.
Il a notamment ‘’insisté sur la nécessité de mettre, désormais, en place un mécanisme de prévention des conflits et de suivi des engagements souscrits, en lieu et place d’un mécanisme de gestion de ces derniers''.
‘’Dans ce cadre, le Collectif des médiateurs à décidé de prendre le peuple à témoin, en rendant public, le PV des négociations engagées et des accords obtenus en sa présence, pour que chaque enseignant, parent d’élèves et citoyen soit informé avec précision de leurs contenus’’, souligne la source.
Enfin, me el hadji Amadou Sall fera face au juge d’instruction pour une audition dans le fond du dossier. Selon nos informations, l’interrogatoire de l’avocat est prévu lundi prochain à 10 heures. l’audition de me el hadji amadou Sall sera assurée par le président de la chambre d’accusation de la cour d’appel de dakar. Une instruction étant ouverte, le magistrat en charge du dossier va mener son enquête avant de décider de la suite à donner à cette affaire.
Un peu plus d’un mois après son inculpation et sa mise sous mandat de dépôt, Me El Hadji Amadou Sall va enfin se présenter devant le magistrat instructeur pour une audition sur le fond du dossier. Selon nos sources, il sera entendu lundi prochain à 10 heures. Et compte tenu de son statut d’avocat, l’ancien ministre de la Justice sous Wade sera interrogé par le président de la chambre d’accusation.
Inculpé et écroué depuis le 18 mars dernier pour «manœuvres et actes de nature à compromettre la sécurité publique ou à occasionner des troubles politiques graves ou à enfreindre la loi», l’avocat de Karim Wade va se présenter, pour son audition au fond, devant le président de la chambre d’accusation de la Cour d’appel qui décidera de la suite à donner à l’affaire. Il s’agira, en effet, pour le juge d’instruction de voir si le mis en cause doit comparaître devant la Cour d’appel ou s’il va bénéficier d’un nonlieu.
Pour rappel des faits, Me Amadou Sall avait déclaré lors d’un meeting à Guédiawaye que «Macky Sall est un peureux. Il est incompétent, incapable et impuissant. Il n’a pas de projet de société. C’est par pur hasard qu’il est devenu chef de l’État. Pour lui, la seule chose qu’il doit faire, c’est d’emprisonner Karim Wade». Très en verve, l’avocat d’enfoncer le clou : «Nous ferons face à lui. Que tout un chacun sorte son bâton, gourdin, cuillère, pilon…
Pour la résistance. Son seul objectif quand il est arrivé au pouvoir, c’était de détruire la famille d’Abdoulaye Wade». Ces propos à l’encontre du Président Macky Sall sont assimilés à un appel à l’insurrection contre le régime. Et suffisant pour susciter l’ire du Procureur général qui a interpellé Me Sall avant de l’inculper et de le placer sous mandat de dépôt. L’ancien ministre de la Justice a fait sa déclaration à la veille du verdict du procès de Karim Wade et Cie. En cette période, la tension était particulièrement vive dans le pays. Les tenants du pouvoir et les libéraux se regardaient en chiens de faïence. Sur le pied de guerre, l’État du Sénégal était prêt à mater du libéral. D’ailleurs, Me Sall n’a pas été le seul à être envoyé en prison. Aminata Nguirane et Bathie Séras, soupçonnés de vouloir préparer des manifestations, seront écroués deux jours plus tard.
PAR ABDOU KHADRE MBACKE
NE NOUS ASSOIFFEZ PAS DAVANTAGE’’
Après une forte intoxication politique et médiatique, place maintenant à la campagne de diabolisation. Sur les réseaux sociaux, dans les journaux, à la télé, partout on assiste à un complot destiné à nuire et à condamner à tort la cimenterie Dangote
«Dans 10 ans, il n’y aura pas d’eau à Dakar» dixit Gnagna Sy, coordonnatrice du mouvement des citoyens vigilants. Sur quelle étude se base une telle affirmation gratuite ?
La cimenterie Dangote a commencé son exercice le 10 décembre 2014. Elle demeure une firme du Groupe Dangote. Après le démarrage de cette cimenterie sénégalaise, son concurrent français Vicat est déterminé à faire condamner l’Etat, qu’il accuse d’avoir indûment favorisé le groupe nigérian, d‘après Boubacar Camara, patron de sa filiale Sococim, les autorités auraient permis à la cimenterie Dangote de passer outre les réglementations locales, environnementales, et sociales, entraînant une distorsion de la concurrence.
De quelle distorsion nous parle-t-on ? Rappelons que le Groupe Vicat est une cimenterie fondée par Joseph Vicat, fils de Louis Vicat, en 1853 à Vif (près de Grenoble, dans le département de l’Isère), aujourd’hui cotée en bourse, mais dont le capital est toujours contrôlé par la famille Merceron-Vicat. Donc une filière française.
Figurez-vous, les travailleurs de la cimenterie Dangote étalent leurs maux et observent un arrêt de travail (Ndlr Seneweb). Comme motif, «cinq (5) mois de travail dans l’usine, nous ne sommes pas encore en disposition de nos contrats malgré plusieurs démarches de régularisation auprès de l’inspection du travail.
De ce fait, nous ne disposons d’aucun de nos droits sociaux règlementés par la législation sénégalaise notamment, Ipm, Ipres, Caisse de sécurité sociale», dixit l’un des travailleurs. Là où les dirigeants de la cimenterie crient haut et fort que toutes les procédures de réglementation des travailleurs ont été respectées, en tout cas du moins pour ceux qui bénéficient d’un contrat à durée déterminée ou indéterminée. Alors, il est normal que ceux qui n’ont pas de contrat ne bénéficient pas non plus de toutes ces prérogatives.
On est poltron face à la concurrence ! Tous les moyens sont bons pour contrecarrer l’initiative locale et plus particulièrement celle africaine. Après une telle mascarade et une forte intoxication politique et médiatique, place maintenant à la campagne de diabolisation qui attire le plus notre attention. Sur les réseaux sociaux, dans les journaux, dans la presse télévisée, partout on assiste à un complot sans faille destiné à nuire et à condamner à tort la cimenterie Dangote.
Ayant comme argument «la baisse de la nappe souterraine et la disparition complète et totale de l’eau potable dans 10 ans», les pionniers du mouvement de riposte «Buléen ñu yokk mar Ne nous assoiffez pas davantage» veulent plus que jamais mettre la pression sur l’Etat, afin que la cimenterie puisse revoir ses méthodes de travail et ne plus utiliser le système de refroidissement par eau comme méthode d’exploitation de l’eau potable, et de migrer vers le système de refroidissement par ventilation.
Que de contrevérités dans cette campagne ! Que d’amalgames non encore élucidés ! Le refroidissement à eau («Watercooling» en anglais) est une branche du refroidissement liquide, ayant pour particularité d’utiliser l’eau comme liquide caloporteur.
C’est un système de refroidissement largement répandu dans l’industrie automobile et la production d’énergie. Plus récemment, le refroidissement à eau a fait son apparition dans le secteur de la micro-informatique pour pallier les inconvénients du refroidissement à air.
La principale alternative à un système de refroidissement à eau est l’utilisation d’un refroidissement à air. L’utilisation de l’eau présente cependant l’avantage d’avoir une meilleure conductivité thermique que l’air et est un bien meilleur caloporteur. Concrètement, cela permet de refroidir un même système plus efficacement avec une surface d’échange équivalente tout en ayant un débit et un déplacement de fluide moindre.
Ce procédé présente également la possibilité de déporter le système de refroidissement loin de la source de chaleur, lorsque celle-ci se dégage dans un espace restreint ou inadapté par exemple. C’est pourquoi cette configuration s’avère particulièrement avantageuse lors du refroidissement de composants informatiques.
Plus généralement, l’eau présente l’avantage d’être non toxique (ce qui est bon pour l’utilisation du ciment), fluide et relativement peu chère. On peut également lui trouver des avantages lors d’utilisations plus spécifiques, par exemple, l’eau de refroidissement qui enveloppe un moteur à explosion apporte une isolation sonore supplémentaire.
Le système de refroidissement à eau n’a pas d’inconvénients directs liés à notre survie, plus particulièrement celle de l’eau potable pompée par la cimenterie. Ces derniers demeurent justes au niveau de la mise en place et de la maintenance.
Un système de refroidissement à eau est généralement plus complexe à mettre en œuvre qu’un système de refroidissement à air, surtout pour de petites installations. De plus, la proximité du liquide avec les éléments à refroidir impose dans la majorité des cas une excellente étanchéité du système.
Un second problème apparaît lors de l’utilisation de métaux différents au sein d’un même circuit. Il s’agit de l’oxydoréduction. Si ce phénomène n’est pas contrôlé, il peut mener à long terme à l’apparition de fuites généralisées, une obstruction du système, des détériorations au niveau de la pompe, voire une destruction des pièces métalliques, ce que l’entreprise respecte jusqu’ici, raison pour laquelle la qualité de son ciment est supérieure à celle de toutes les cimenteries de la place (Sococim et Cimenterie du Sahel).
Il est donc primordial de considérer ce phénomène dès la conception du système. Les solutions classiques consistent en l’utilisation du même métal au sein de toute l’installation ou au remplissage du système avec un liquide caloporteur empêchant ce phénomène. L’eau déminéralisée possède par exemple un fort pouvoir isolant permettant de réduire les risques d’oxydoréduction et de minimiser les dégâts en cas de fuite.
Alors pourquoi tout ce déguisement ? Pourquoi cette intoxication ? Pourquoi autant de manipulation ? Pourquoi toute cette mascarade ayant comme pion et comme appât ce mouvement «Buléen ñu yokk mar Ne nous assoiffez pas davantage»
En effet, là n’est pas le problème. Pourquoi d’ailleurs, c’est la cimenterie Dangote elle seule qui sera responsable d’un éventuel manque d’eau dans les 10 ans à venir ? Il faut rappeler que ce phénomène est d’ailleurs récurrent dans la zone des Niayes. Et pourtant, pas de campagne destinée à anéantir la surexploitation des ressources naturelles par la Sococim, qui s’est installée depuis 1948, et qui est devenue par la suite la plus grande cimenterie d’Afrique de l’Ouest.
Les habitants environnants avaient manifesté leur désenchantement vis-à-vis de l’entreprise quant à la pollution qu’elle engendre. L’ayant bel et bien compris, elle s’est mise à faire des dotations en ciment aux populations, pour leur dire tout simplement : «Broutez là où vous êtes attachés.» Personne ne pipe mot face à une destruction silencieuse de l’environnement par une firme française.
50% de l’eau consommée dans les Niayes, y compris Dakar, viennent du Lac de Guiers, les autres 50% viennent de la nappe phréatique. La cimenterie est implantée dans la zone des Niayes. Donc, de toute façon, la cimenterie à elle seule ne pourra jamais exploiter toutes les ressources en eau destinées à la région de Dakar.
Qui plus est, ce problème d’eau est récurrent dans la zone des Niayes, la cimenterie Dangote n’est pas responsable de cette baisse et ne pourra donc pas être tenue pour responsable d’un éventuel épuisement de la nappe souterraine. Mme Gnagna Sy l’a déjà souligné sur France 24, «la zone des Niayes connaît en général ce problème».
Et depuis quand les Français se préoccupent-ils de la nappe souterraine au Sénégal ? Pourquoi a-t-on besoin toujours que les Occidentaux nous tendent leurs micros pour que les nôtres puissent s’exprimer ?
De ce fait, le problème est ailleurs. Etudions un peu cette cimenterie et pourquoi elle est susceptible à une telle dénaturation.
En effet, le ciment de Dangote coûte moins cher que celui des autres cimenteries. La tonne livrée à Dakar coûte 58 mille F Cfa, là où les concurrents livrent à 57 mille F Cfa. La Sococim et les Cimenteries du Sahel vendent du 23,5 ; la cimenterie de Dangote est à 42,5 de qualité supérieure. Ainsi, là où les entrepreneurs en bâtiment utilisent d’habitude 30 briques par sacs, avec Dangote, ils ont la possibilité d’en faire 55.
Les 23,5 et les 42,5 ne sont rien d’autre que la résistance à la compression en Méga Pascal. Autrement dit, si on doit mettre un sac de ciment Sococim sur un mélange, on dépensera plus que si l’on avait envisagé d’utiliser celui de Dangote.
La cimenterie Dangote est une cimenterie africaine de surcroît. Le Nigeria du Nord et celui du Sud furent unifiés dans la nouvelle colonie du Nigeria en 1914. Son premier gouverneur est alors Frederick Lugard. D’une relation de causalité, les intérêts de la filiale française sont fortement menacés face à une loi de la concurrence rude. Reste maintenant à mener une campagne d’aucun sens et d’aucune légitimité derrière un mouvement qui n’a pas sa raison d’être et dont les acteurs eux-mêmes sont muets face à une explication rationnelle sur le pourquoi de leur combat.
Nous ne demandons que des preuves tangibles, soutenables à la limite pour que nous puissions accepter ce combat comme étant noble. D’ici là, nous soutenons sans faille cette cause Dangote, une cause locale que tout Africain devrait soutenir. Ils n’ont rien d’autre en main qu’une campagne de diabolisation pour les intérêts de la France avec sa Sococim. Ce n’est pas un villageois qui se plaint de la baisse du niveau d’eau de son puits qui nous fera croire que c’est la responsabilité de la cimenterie Dangote. De plus, ce n’est pas parce que les membres de la société civile se plaignent qu’il faut prendre ces paroles comme étant de bonne foi.
La cimenterie Sococim s’est installée au Sénégal depuis 1948, mais personne ne l’accuse de tarir les ressources en eau de Dakar. Toute cette campagne médiatique est destinée à nuire un Africain, Dangote. Un film qui est loin d’être fini. Un parfum de manipulation avec comme soubassement la défense des intérêts français qui pourtant, selon le libéralisme, ne sont pas menacés. Je suis d’ailleurs très étonné ces derniers temps de voir la France et ses succursales sénégalaises s’intéresser à notre environnement, à notre soif ! Où étaient-ils ?
Où étaient toutes ces voix devant les désastres écologiques liés aux activités de la Sococim. Se préoccupaientelles des nombreux cas de décès d’anciens ou actuels ouvriers de la Sococim, du fait de maladies pulmonaires, les clouant au lit et les terrassant comme des moutons ?
Quant à vous autres, je vous invite à observer plus de vigilance sur cette campagne française. Une guerre entre une cimenterie «française coloniale», Sococim, et une autre nouvelle «africaine proche des Etats-Unis» de Dangote Cement, vient tout juste de voir le jour
"LE PS NE DOIT PAS PRÉSENTER UNE CANDIDATURE SOCIALISTE QUE PAR ORGUEIL"
Serigne Mbaye Thiam a beau être dans un gouvernement de Macky Sall, il ne partage pas pour autant la position du président de la République sur la transhumance, et il le dit haut et fort. Dans cette deuxième et dernière partie de l'entretien accordé à EnQuête, le responsable des élections du Ps par ailleurs ministre de l'Education nationale plaide pour une moralisation de la vie politique. "Le président Wade m'avait sollicité (…). Il m'avait reçu en audience et j'avais décliné son offre de transhumance", révèle-t-il. Mais s'il a été clair et sans ambages sur cette question, il a évité de personnaliser la question de la candidature du Ps en 2017, préférant attendre "le moment opportun pour en débattre". En attendant, dans la perspective de la prochaine présidentielle, il met toutes les options sur la table, sauf une candidature d'orgueil ou d'émotion du Ps.
le bureau politique du Ps s'est démarqué ce week-end des propos du Président Macky Sall sur la transhumance. Pourquoi avez-vous tenu à exprimer votre désaccord sur ce sujet ?
En le faisant, le Ps agit d'abord en partenaire franc, loyal et sincère, et en parti souverain. Le Ps ne serait d'aucune utilité au President Macky Sall s'il acquiesçait à tout. Le bureau politique du Ps n'est pas du tout en phase avec le président de la République sur cette question de la transhumance et l'a clairement indiqué. En ce qui me concerne, j'ai rappelé qu'en mars 2001, à la veille des législatives qui ont suivi la dissolution de l'Assemblée nationale, le président Wade m'avait sollicité alors qu'il venait d'accéder au pouvoir depuis un an pour que je travaille avec lui. Il avait demandé à me recevoir en audience et ma réponse a été de décliner son offre. Ce qui veut dire que, par ma position personnelle déjà, je ne suis pas en phase avec cette pratique qui consiste à être au pouvoir et, une fois celui-ci perdu, à aller rejoindre le parti nouvellement en charge des affaires du pays. Les gens peuvent être libres de leurs choix politiques et moi, je respecte les choix personnels. Mais on peut constater qu'en général, la transhumance, c'est dans un seul sens, de l'opposition vers le pouvoir, et elle a une acception au Sénégal. C'est le fait d'avoir exercé le pouvoir, d'être en position de responsabilité et une fois qu'on a perdu le pouvoir, d'aller rejoindre le nouveau régime. Et sous cet aspect-là je crois que la classe politique doit avoir des normes en termes d'éthique, de déontologie militante et de valeurs à donner en exemples, normes qui permettent au citoyen d'avoir confiance à la politique et aux hommes politiques. D'ailleurs, ce n'est pas pour rien que la Constitution et le règlement intérieur de l'Assemblée nationale disposent qu'un député qui démissionne de son parti perd son mandat. C'est dire qu'il y a eu un consensus constitutionnel sur cette question.
Donc la massification du parti présidentiel ne peut pas être un justificatif à votre avis ?
Amonsens,non!Etpuis,jene pense pas que cela soit utile pour la conservation du pouvoir. Quand le Ps était au pouvoir, il y avait des gens qui quittaient l'opposition pour venir rejoindre ses rangs. Le Ps était au pouvoir pendant des décennies, des personnes avaient décidé de quitter l'opposition pour le rejoindre. Cela n'a pas empêché le Ps de perdre le pouvoir en 2000. Mais ce qui s'est passé après 2000, c'est que des personnalités marquantes étaient au pouvoir avec des responsabilités étatiques et politiques à un niveau très élevé, ont combattu farouchement Abdoulaye Wade et le Pds, et les ont rejoints aussitôt l'alternance intervenue. Cela n'a pas empêché le Pds de perdre le pouvoir en 2012. Pour conserver le pouvoir, il faut plutôt des réalisations concrètes et des politiques de rupture en direction des populations. Sur ce plan-là, les premières réalisations du Président Macky Sall sont palpables et le gouvernement est en train de travailler pour pouvoir présenter un bilan à la hauteur des attentes des populations au terme du mandat. C'est surtout à ce niveau-là qu'il faut travailler plutôt que de débaucher. Parce que si la transhumance servait à quelque chose, le Ps n'aurait pas perdu le pouvoir, Abdoulaye Wade n'aurait pas perdu le pouvoir.
Ne pensez-vous pas que la transhumance s'explique par le fait que les partis ou les individus s'allient avec n'importe quel autre parti ou individu en dépit des idéologies ?
Je ne le pense pas. Parce qu'en 2000, année à laquelle on a assisté à une très grande vague de transhumance après la défaite du Président Diouf, il y avait bien d'un côté les libéraux au pouvoir et de l'autre les socialistes dans l'opposition. Il y avait certes des alliés de la gauche avec les libéraux. Mais, ces lignes de fracture idéologique n'ont pas empêché des personnes de transhumer. Et on le constate aussi dans d'autres pays africains. En Afrique centrale, ils appellent cela le vagabondage politique. Maintenant des circonstances historiques tenant à l'intérêt général peuvent amener des partis d'obédiences différentes à s'allier pour l'exercice du pouvoir, sans que cela ne gomme leur identité propre. La transhumance est due parfois à une catégorie de personnes qui pensent que la politique est le seul moyen de se réaliser personnellement. Et peut-être qu'ils n'ont pas d'autres perspectives de carrière, de développement professionnel en dehors de la politique. Peut-être que maintenant il y a des personnes qui rejoignent un parti pour des raisons de conviction ; mais nul n'est dupe : pour la grande majorité, c'est pour continuer à jouir de privilèges attachés à l'exercice du pouvoir.
Comment voyez-vous le compagnonnage entre le Ps et l'Apr ?
Je vais juste reprendre les termes du chef de l'Etat lorsqu'il a été interviewé récemment à Kaffrine. Nous sommes en coalition. Nous sommes dans le gouvernement et à l'Assemblée nationale. Ce sont les deux stations à partir desquelles il faut faire un jugement sur notre collaboration. Dans le gouvernement, nous travaillons correctement. Qu'on soit ministre issu du Parti socialiste, de l'Apr ou autres, on est tous ministres de la République. Nous travaillons en solidarité et il n'y a pas de difficultés du fait de nos origines politiques. A l'Assemblée nationale également, on a une majorité homogène qui vote les lois, qui se concerte, bref, qui est dans un même groupe parlementaire. Donc on peut dire que dans la coalition, les choses fonctionnent correctement.
Il y a tout de même des responsables de l'Apr qui vous accusent de profiter de votre fonction de ministre de l'Education nationale pour implanter le Ps dans le Saloum.
Jusqu'à présent, ils n'ont pas fourni de preuves et ils ne pourront jamais en fournir. En ce qui me concerne, j'ai une haute idée de la charge républicaine que j'exerce au service de l'intérêt général. Je fais marcher ce ministère en tenant compte de ces critères d'intérêt général, d'équité, de transparence, de service public. Maintenant, dans tous les partis, il y a des francs-tireurs. Il y en a au Ps comme il y en a à l'Apr et dans les autres partis. Il y a même des tiraillements au sein d'un même parti politique, a fortiori au sein d'une coalition de coalitions. Quand vous décidez de vous engager en politique, ce ne sont pas ces gesticulations-là qui peuvent vous perturber.
Le bras de fer sur l'emprunt obligataire entre la mairie de Dakar et le régime n'a-t-il pas vicié le compagnonnage ?
Pas du tout ! Le Parti socialiste a exprimé son point de vue sur la question. Mais nous, en tant que membres du gouvernement, nous avons d'autres canaux pour essayer de régler ces questions-là. Nous nous y investissons. Ce qu'il faudrait, c'est que ces questions soient traitées de façon impersonnelle. Bien sûr, c'est une nouveauté au Sénégal. Le ministre des Finances et la mairie de Dakar ont tous avancé des arguments. Je pense que comme la question est traitée actuellement entre les deux parties, il faut laisser à ces deux entités le soin de trouver des solutions qui prennent en compte leurs préoccupations mutuelles. C'est une question qui ne peut pas vicier les relations entre le Ps et l'Apr, c'est entre deux organes de l'Etat.
Lorsque l'Afp a décidé de soutenir la candidature de Macky Sall, il a été demandé au Ps de se déterminer. Est-ce que dans votre parti, vous envisagez d'avoir un candidat ou alors êtes-vous prêts à porter celui de l'Apr ?
Au Parti socialiste, nous n'avons pas les mêmes procédures que les autres. Le Ps a été le premier parti du Sénégal à avoir lancé des primaires. En 2007, pour aller à l'élection présidentielle, on avait lancé un appel à candidature et toutes les coordinations du Sénégal avaient voté. Quand en 2009 aussi il s'est agi d'aller aux élections locales, nous avons demandé à toutes les instances du Parti au niveau des collectivités locales de voter pour savoir si on y allait seul ou dans le cadre de l'alliance Front Siggil Sénégal. Toutes les collectivités locales avaient voté, on a dépouillé et publier les résultats au comité central. C'est sur cette base qu'on est allé en alliance avec le Front Siggil Sénégal devenu Benno Siggil Sénégal par la suite. En 2007, lorsqu'il s'est agi de désigner le secrétaire général du parti, on a lancé un appel à candidature. En 2012 également. Donc pour la décision de savoir quelle sera la stratégie pour la prochaine élection présidentielle, nous procéderons de la même façon. Nous allons d'abord interroger la base du parti sur tout le territoire national pour savoir quelle est la stratégie à adopter. Dire que le parti socialiste doit avoir nécessairement un candidat est une expression impropre, parce qu'on l'aura nécessairement. Même si on investit une personnalité d'un autre parti, ce sera notre candidat. Si les militants veulent dire maintenant que le candidat sera nécessairement socialiste, le choix se fera par l'organisation de primaires après un appel à candidature. Tout responsable pourra se présenter et les militants voteront librement. Donc, Tout ce bruit n'est pas utile et n'est pas nécessaire.
Quand est-ce qu'on peut s'attendre à cela ?
Je pense que cette question ne peut être agitée qu'après le référendum. On ne peut pas préjuger des résultats du référendum. Le peuple sénégalais peut décider que c'est 2017 ou bien 2019. En fonction des résultats du référendum et de l'analyse qui en sera faite, de la configuration des forces politiques et sociales et d'autres paramètres comme le bilan du Gouvernement, la stratégie de chaque parti politique peut changer. Il y a beaucoup de facteurs, non prédictibles tous, qui peuvent changer. Donc, il faut attendre le moment opportun pour traiter cette question. Et à mon sens, le moment n'est pas opportun.
En dehors de Khalifa Sall, y a-t-il d'autres candidats déclarés au sein du Ps ?
Je ne connais aucun candidat déclaré. Aucun responsable du Ps ne s'est encore déclaré candidat.
Aucun ?
Aucun ! Je n'ai entendu pour le moment aucun responsable du parti socialiste dire : je suis candidat pour 2017 ou je suis candidat à la candidature du Ps. Maintenant, j'entends des militants, des citoyens ou la presse évoquer des noms, au Ps ou ailleurs. Mais ce qui me désole, c'est qu'on évoque des noms comme si c'est une question de personnes, alors qu'elle doit être une question d'idées, de débats sur les politiques publiques, de projets, de programmes. Quand on pense que quelqu'un doit être candidat, on doit reconnaître à la personne des idées développées sur le plan des politiques économiques, sociales, sur l'agriculture, l'énergie, l'éducation et j'en passe. Ce débat doit primer sur celui relatif aux personnes.
Il y a quand même des faits qui font souvent qu'on se focalise sur certaines personnes. Par exemple, pour le poste de secrétaire général du parti, Khalifa Sall le chargé des affaires politiques a mis un terme à la compétition entre Aïssata Tall Sall et Tanor. Deuxièmement, Aminata Mbengue Ndiaye est promise numéro deux de fait. Comment pouvezvous expliquer de telles décisions ?
Déjà lors du congrès de 2007, le mouvement national des femmes du Ps avait demandé qu'Aminata Mbengue Ndiaye soit le numéro deux du parti et beaucoup de responsables étaient acquis à cette idée. D'abord pour ce qu'elle représente elle-même au sein du parti, au sein du mouvement des femmes, et aussi au nom de la parité. Personne dans le parti n'a contesté le choix d'Aminata Mbengue Ndiaye comme numéro deux. Personne. Elle le mérite amplement.
Et la perte de vitesse d'Aïssata Tall Sall ?
Si vous pensez au poste de porte-parole, je peux vous dévoiler que déjà en 2007, ce poste ne l'avait pas emballée. Lors de la campagne présidentielle de 2012, elle était pressentie en plus de porteparole du parti, pour être le porte-parole du candidat. Elle n'en avait pas voulu. J'étais directeur de campagne. Donc je sais bien ce dont je parle. Et tout le monde peut constater qu'elle s'est de plus en plus détachée du poste de porte-parole. Donc, ce n'est pas une sanction, cette décision correspond à son vœu de ne plus exercer cette fonction. Et naturellement, Abdoulaye Willane qui était son adjoint et qui mérite ce poste et à toutes les qualités aussi a été retenu pour lui succéder.
Comment expliquez alors ses absences répétées en bureau politique ?
Ça, c'est elle qui peut l'expliquer. Je ne connais pas les raisons de ses absences.
C'est un secret de polichinelle que Khalifa Sall va être candidat. Et l'on évoque de plus en plus votre départ du gouvernement. Quand exactement ?
Je ne veux pas faire de conjectures. Je ne suis pas au courant qu'un responsable soit candidat, parce que si c'est le cas, la première instance qu'on informe, c'est son parti. Et le Ps n'a désigné personne comme candidat.
Mais il y a des mouvements périphériques qui ont déjà investi Khalifa Sall comme candidat du Ps à la future présidentielle.
Au Parti socialiste, nous n'avons pas de mouvements périphériques, nous avons des organes et des instances réguliers qui viennent d'être renouvelés. Maintenant oui, Il y a effectivement des mouvements qui travaillent à porter diverses candidatures. Mais pour le Ps, et comme Tanor l'a bien précisé, aucun mouvement ne peut imposer au parti son agenda ou son candidat. Mais tant que le débat n'est pas posé dans le parti, en tant que secrétaire national chargé des élections, je ne peux pas me prononcer sur des supputations. En 2007, on avait dit que Tanor ne pouvait pas être candidat naturel du Parti. Vous comprenez que quelqu'un d'autre ne puisse pas l'être si le secrétaire général lui-même n'avait pas ce privilège. Et au Ps quand même, nous avons la chance de compter plusieurs présidentiables. Donc, si les militants décident que le Parti doit avoir son propre candidat Ps, nous n'aurons que l'embarras du choix.
Est-ce qu'on peut s'attendre à ce que Tanor laisse la place au plus jeune si jamais le Ps doit avoir un candidat ?
Ce n'est pas à Tanor de laisser la place ou de ne pas laisser la place. Le mot appartiendra aux militants du Ps qui vont voter à bulletin secret et désigneront le candidat. Il y a des militants qui pensent que le Ps doit avoir un candidat issu de ses rangs parce qu'il a amené le pays à l'indépendance, parce qu'il a eu toujours un candidat… donc il n'est pas imaginable que le Ps n'ait pas son propre candidat. D'abord, en le disant, ils excluent le fait que le Ps, même en coalition avec d'autres partis, puisse s'entendre avec ses alliés sur une candidature autre que celle du Ps. Nous leur disons donc que même si vous venez en coalition avec nous, c'est nous Ps qui devons désigner le candidat. Le Ps ne peut pas dire, même avec l'Apr, je ne suis pas un souteneur, et dans le cadre d'une autre coalition, demander aux autres partis d'être ses souteneurs.
Donc il n'est pas exclu que le président Macky Sall soit votre candidat ?
On n'en est pas encore là. Le moment venu, le débat sera posé dans le parti et sera tranché par les militants. A ce moment, il sera posé sur la table toutes les options et stratégies possibles de reconquête du pouvoir. Et en fonction de ces options et stratégies, prendre une décision en fonction de l'intérêt du pays et du Parti. Parce qu'on est en coalition avec un président et on doit nécessairement le soutenir pour renouveler son mandat n'est pas un dogme. Parce qu'on est le Ps avec son histoire et donc on doit nécessairement présenter un candidat n'est pas non plus un dogme. Mais dans tous les cas, le Ps ne peut pas être un parti souteneur. Il ne peut être qu'un parti partenaire, que ce soit avec l'Apr ou d'autres. Mais quand on est des partenaires, on se respecte. Le Ps ne peut pas non plus traiter cette question avec de l'émotion ou de la nostalgie parce que justement on est le Ps ; nous ne pouvons pas nous permettre d'avoir une candidature de témoignage ou d'orgueil. Nous devons réfléchir froidement en fonction des intérêts de notre pays et de notre parti.
Parmi les différentes options possibles, quelle est celle qui vous semble être la plus appropriée pour passer du septennat au quinquennat ?
C'est une question technique. Il y a des gens dont c'est le métier : ce sont les constitutionalistes. Et il y a une institution dont c'est la mission et qui doit se prononcer le moment venu : c'est le Conseil constitutionnel. Dans un Etat de droit, on doit respecter les prérogatives des différentes institutions. Donc il faut laisser au Conseil constitutionnel le soin de trancher cette question sur le plan juridique. Et à partir de ce moment, tous les Sénégalais respectueux de l'Etat de droit doivent se conformer à la décision ou à l'avis du Conseil constitutionnel.
Le Sénégal a célébré, ce 25 avril, la journée internationale dédiée aux talibés qui vivent dans des conditions inhumaines et donnent, de l'extérieur, une image dégradante du pays de la Teranga.
Rue 19 x 6 de la Médina. Une petite ruelle sablonneuse mène vers le bâtiment qui a servi d'internat à des talibés dont neuf d'entre eux ont été emportés par un incendie, il y a deux ans.
Ils séjournaient dans ce taudis, avec plus d'une trentaine d'enfants qui ont pu s'échapper. Ce quartier, une véritable niche de pauvreté, donne des frissons au visiteur. Ses habitants y vivent en toute quiétude, mais la pauvreté ambiante se dégage de mille lieux dans ce secteur. Un sentiment d'insécurité s'empare d'une personne étrangère à cet endroit.
Dans ce quartier, les maisons sont en état de délabrement avancé, même si elles sont du reste occupées par des Sénégalais. D'ailleurs, c'est une quarantaine d'enfants qui dormaient entassés dans ce hangar. Le périmètre est aujourd'hui clôturé par des tôles en zinc. Les décombres du bâtiment tapissent encore le sol. Le site rappelle des souvenirs assez cruels, mais les voisins ne sont pas prolixes sur le sujet, ils nous orientent vers une autre adresse. Le "daara" aurait déménagé à la rue 8 de la Médina.
Sur place, une constance : la promiscuité est frappante. Des effluves d'urine accueillent le visiteur. Trois chambres, avec des nattes servent de dortoir aux talibés. Difficile de connaître le nombre d'enfants talibés qui y logent. Les gardiens du temple refusent de s'entretenir avec la presse. "Leur marabout est absent, il faut revenir demain, les enfants sont allés quémander, ils ne seront de retour que vers 20h". Il n'était que 17 heures.
Selon l'Unicef, ce sont 100 000 enfants talibés qui sont enregistrés à Dakar, suite à l'exode rural. Chaque année, depuis l'institution de la journée internationale, il y a 29 ans, l'Etat sénégalais manifeste une volonté d'éradiquer ce fléau mais le statu quo est toujours au beau fixe.
Député Hélène Tine : "on doit se souvenir du 3 mars"
Le sort des talibés laisse-t-il les Sénégalais de marbre ? "On est choqués. J'ai les larmes aux yeux, quand je parle de la situation de ces enfants. J'ai l'impression que personne ne veut plus se souvenir de la mort atroce des neufs enfants emportés par le feu. C'est une situation choquante, inhumaine, qui nous interpelle en tant que mère, épouse, député. Elle interpelle tous les segments de la société", souligne la parlementaire Mme Hélène Tine, jointe au téléphone.
Mais, elle tient à préciser qu'au niveau du Parlement, des actions sont menées de part et d'autre pour restaurer à ces enfants leurs droits à la dignité, l'éducation et la santé. C'est dans ce sens que le réseau des parlementaires qui s'occupe des violences faites aux enfants est en train de bâtir des stratégies qui puissent asseoir des solutions durables. Ce, en synergie avec des structures nationales et internationales qui œuvrent pour la défense des droits de l'enfant.
"C'est inacceptable, car c'est l'une des pires violences faites aux enfants. Nous avons tendance à minimiser ce phénomène, alors qu'il fait peur aux enfants qui viennent passer leurs vacances à Dakar."
En termes plus précis, bon nombre d'enfants sénégalais rechignent à séjourner à Dakar choqués qu'ils sont par la maltraitance de ces enfants de la rue. Ils ont peur de vivre la même situation. A cet effet, une jeune Française actuellement en vacances à Dakar prend la balle au rebond. Elle pense que cette inertie des autorités étatiques impacte sur la croissance économique du pays.
"C'est horrible, inhumain. Un pays qui prétend à l'émergence ne doit pas cautionner de telles pratiques. Des enfants, en âge de s'amuser, laissés à eux-mêmes, ce sont des images qui nous fendent le cœur en tant qu'étranger. Cette situation est à même de briser l'envol du secteur touristique, car elle fait fuir plus d'un. Un pays qui foule au pied les droits les plus élémentaires de l'enfant ne peut lustrer son image."
Elle ne manque pas de remettre en cause, comme d'autres, le sens de la téranga sénégalaise de même que la solidarité mise en valeur par les guides religieux. "J'ai été choquée de voir une somptueuse mosquée à Mbour avec aux alentours des enfants crevant de faim qui rôdent autour.
C'est une image paradoxale. Pourquoi injecter tant d'argent pour la construction de mosquée, alors que des enfants meurent de faim… ?"
"Il faut appliquer les solutions préconisées"
Mais pour le professeur Khadim Mbacké, ancien chercheur à l'Institut fondamental d'Afrique noire (Ifan), il urge de faire la distinction entre un enfant de la rue et un "talibé". "On ne rencontre ce dernier que dans un daara". Et d'ajouter que "les guides religieux sont en train de faire beaucoup d'efforts pour assainir le secteur. Ils prennent entièrement en charge les écoles coraniques qui respectent les normes requises, c'est-à-dire qui répondent aux besoins formulés par les populations locales." L'islamologue cite à cet effet l'exemple des daara modèles qui servent de transition à l'école classique.
Pour prendre à bras le corps cette lancinante question, le professeur Khadim Mbacké pense qu'il y a lieu de ressusciter un legs de l'ancien président de la République, Me Abdoulaye Wade. "Il faut renforcer les capacités d'accueil de ces daara modernes. Il ne faut pas perdre de vue que l'ancien chef de l'Etat sénégalais en avait créés sous son magistère, dans les différents foyers religieux, en vue de lutter contre la mendicité infantile. Cela aidera à réduire le nombre d'enfants qui errent dans les rues. Ce serait bien d'en créer d'autres dans les différentes zones de concentration".
"Des solutions ont toujours été préconisées, mais elles doivent être mises en application. J'avais proposé, il y a presque deux décennies, la création de "daara" modernes dans chaque communauté rurale. Ce sont des daara qui assurent l'éducation religieuse de l'enfant et lui permettent d'avoir un parcours académique", précise l'islamologue.
Si des enfants talibés ont fini par se fondre dans le décor des Sénégalais, la parlementaire Hélène Tine juge que les Sénégalais n'ont plus le droit de rester insensibles à leur sort. Ces enfants issus pour la plupart de la sous-région constituent une main d'œuvre pour des faux marabouts. Pour les différents observateurs, l'actuel régime doit au aller au-delà des déclarations d'intention et en faire une de ses préoccupations.