Accompagné d’une forte délégation, le chef de l’Etat a effectué, hier, la prière du vendredi à Médina Gounass où se déroule actuellement la retraite spirituelle du «Daaka». A cette occasion, Macky Sall a inauguré le centre de santé de la cité religieuse financé par l’Etat à hauteur de 1,8 milliard de francs Cfa.
MEDINA GOUNASS, Vélingara - Le président de la République, Macky Sall, séjourne, depuis hier, à Médina Gounass où se déroule la retraite spirituelle du «Daaka». Arrivé en fin de matinée, il a effectué la prière du vendredi dans la cité religieuse de Médina Gounass. Et à la fin de la prière la délégation présidentielle s’est rendue au niveau du site du «Daaka» où se déroulent les activités proprement dites de la retraite spirituelle.
Lors de cette visite qui entre dans le cadre de la 74e édition du «Daaka», qui prend fin lundi prochain, le Président Sall a demandé au Khalife Thierno Ahmadou Tidiane Ba, ainsi qu’à tous les fidèles qui ont pris part à la retraite spirituelle de formuler des prières pour la réussite de la politique d’émergence à laquelle le gouvernement s’est engagée. Il a saisi ce cadre pour demander à «tous les Khalifes des différentes familles religieuses du Sénégal d’en faire autant pour permettre la stabilité du pays, gage de toute politique de développement».
«Je demande aux marabouts et aux fidèles de formuler des prières pour la réussite du Plan Sénégal émergent (Pse) et pour la paix en Casamance», a sollicité en substance le chef de l’Etat dans un discours en Poulhar. Il a aussi annoncé l’octroi de matériel aux agriculteurs et aux éleveurs en vue d’accroître leurs productivités.
Concernant l’évolution du «Daaka», le président de la République, qui a rappelé l’avoir visité plusieurs fois en sa qualité de ministre de l’Intérieur, de Premier ministre, et de président de l’Assemblée nationale et présentement en sa qualité du chef de l’Etat, a dit avoir constaté une nette amélioration de la qualité de l’organisation.
Auparavant, contrairement à ce qui a été annoncé, Macky Sall, qui était à la tête d’une forte délégation composée des ministre Abdoulaye Daouda Diallo (Intérieur), Me Sidiki Kaba (Justice) et plusieurs responsables du gouvernement et des directeurs de société, a finalement inauguré, dans la matinée, le centre de santé de la cité religieuse Médina Gounass. Le coût de la construction et de l’équipement du centre de niveau 2 est estimé à 1,8 milliard de francs Cfa.
De son côté, le Khalife de Médina Gounass a fait part au président de la République, qu’à travers la prière, Dieu peut exaucer tous les souhaits. Dès lors, Thierno Ahmadou Tidiane Ba a demandé à chacun, selon ses préoccupations et ses aspirations, de formuler des prières afin que le Tout Puissant puisse concrétiser toutes les sollicitations.
Malgré les avancées notées dans le pays, le Sénégal reste une terre de discrimination à l’égard des femmes. A l’issue de sa visite dans le pays, la présidente du Groupe de travail du conseil des droits de l’Homme sur la question de la discrimination à l’égard des femmes dans la législation et dans la pratique, Emna Aouij, a invité les autorités à redoubler d’efforts afin d’assurer l’application effective des droits des femmes.
Le Sénégal doit redoubler d’efforts afin d’assurer l’application effective des droits des femmes. C’est la conclusion de la mission du Groupe de travail du conseil des droits de l’Homme sur la question de la discrimination à l’égard des femmes dans la législation et dans la pratique. Au terme de son séjour qui l’a conduite à Dakar et dans quelques localités de l’intérieur, Mme Emna Aouij, la présidente du groupe de travail, a fait face à la presse hier.
Et c’est pour inviter le Sénégal «à harmoniser sa législation avec les instruments juridiques internationaux en matière de droits humains des femmes et combattre farouchement les résistances culturelles à la pleine réalisation des droits des femmes».
Il faut dire que le tableau peint par la présidente du Groupe de travail est très lourdement chargé avec de nombreuses formes de discriminations à l’endroit des femmes.
Au titre de ces discriminations, l’interdiction de l’Interruption volontaire de grossesse (Ivg). «Le groupe de travail a pu constater que le Sénégal a une des lois sur l’avortement les plus restrictives d’Afrique», estime Mme Aouij. L’Ivg est aujourd’hui la 5e cause de mortalité maternelle, mais elle reste interdite aussi bien par le Code pénal en ses articles 305 et 305 bis, qui sont hérités de l’époque coloniale, que par l’article 15 de la Loi sur la santé de la reproduction.
«Le comité pour l’élimination de la discrimination à l’égard des femmes a fortement désapprouvé les lois qui restreignent l’Ivg, en particulier celles qui interdisent et incriminent l’Ivg dans toutes les circonstances.» Ces lois pénalisent particulièrement les femmes en situation de précarité socio-économique, estime Mme Aouij.
«Une femme peut solliciter un avortement médicalisé seulement si sa vie est en danger et les conditions posées dans le code de déontologie exigeant l’avis de trois médecins sont impossibles à réaliser pour la plupart des femmes, notamment les femmes en milieu rural», indique Mme Aouij.
Pourtant, le Sénégal a ratifié le Protocole de Maputo en 2004. Mais dix ans plus tard, peu d’avancées sont notées pour l’harmonisation de ces textes avec ceux du Code pénal sénégalais. Sans faire de corrélation, le Groupe de travail relève toutefois que 16% de la population carcérale féminine ont été condamnés pour infanticide et 3% pour avortement. Chez les 13 à 18 ans, l’infanticide représente 64% des motifs d’incarcération.
Accès difficile à la justice
Le rapport préliminaire du Groupe lences qui sont le lot des femmes. A ce propos, Mme Aouij souligne que «l’accès à la justice des femmes victimes de violences est tout particulièrement difficile. La peur de la stigmatisation, des représailles, le coût des procédures, l’éloignement dans les zones rurales, la difficulté à réunir les preuves nécessaires, le manque de femmes dans la police et le manque de formation du personnel sont autant de facteurs qui empêchent les femmes de déposer plainte», remarque le groupe.
Et quand elles déposent des plaintes, celles-ci ne sont pas diligentées et le Groupe de travail juge «inadmissible» que les femmes aient à payer 5 à 10 mille francs pour obtenir un certificat médical dans des cas de violences sexuelles.
En outre, la présidente du Groupe de travail pointe de graves discriminations envers les femmes dans le Code de la famille. C’est le cas pour la puissance maritale et paternelle exer famille et «qui porte atteinte aux possibilités d’épanouissement et d’autonomisation des femmes». Le comité, qui estime que «la polygamie est contraire à la dignité des femmes et des filles et porte atteinte à leurs droits fondamentaux», s’émeut du pourcentage de 35,2% des ménages qui sont polygames.
De même, la question de l’héritage pose problème, selon Mme Aouij, dans le sens où «la définition des successions de droits musulmans qui accorde le double à l’homme est incompatible avec le principe d’égalité prôné par la Constitution».
Ces questions qui ont été abordées dans ce rapport seront présentées plus largement par le Sénégal en juin 2016 devant le Conseil des droits de l’Homme des Nations unies. Depuis son adhésion en 1994, le Sénégal n’a encore présenté aucun rapport.
ME EL HADJI DIOUF SUSPENDU 3 MOIS FERME PAR L’ORDRE DES AVOCATS
RECONNU COUPABLE D’AVOIR TAXE LES MAGISTRATS DES CAE DE «CORROMPUS»
Jugé, avant-hier, par l’Ordre des avocats, Me El Hadji Diouf - qui a été reconnu coupable d’avoir taxé les magistrats des Chambres africaines extraordinaires (Cae) de «corrompus» - a écopé d’une suspension de 6 mois dont 3 avec sursis.
L’Ordre des avocats qui a jugé, avant-hier, Me El Hadji Diouf, l’a suspendu pour une durée de 6 mois dont 3 avec sursis. Il est reproché au tonitruant avocat d’avoir traité, dans le cadre du dossier Hissène Habré, les magistrats des Chambres africaines extraordinaires (Cae) de «corrompus».
Cette affaire remonte au 04 mars 2014, lors de la perquisition du domicile de l’ancien Président tchadien. L’accès de la maison avait été interdit à Me El Hadji Diouf qui n’avait pas manqué de dénoncer cet état de fait avec virulence.
Pour sa défense, le leader du Parti des travailleurs et du peuple (Ptp) avait commis Mes Yérim Thiam (ancien bâtonnier), Moussa Félix Sow (ancien bâtonnier), Babacar Ly et Mbaye Dieng.
Réagissant à la mesure prise contre lui, Me El Hadji Diouf assène : «Je suis quitte avec ma conscience. Je refuse de commenter cette mesure. Je reste un homme libre et heureux, prêt à mourir pour la défense de la vérité, de la dignité de l’homme et des intérêts de mes clients. Ce sont des avocats qui m’ont jugé, en l’absence de toute plainte de magistrats. Mes propres confrères m’ont jugé. Je les laisse avec leur conscience».
«La vie d’un combattant va avec des pièges, des combines et de la haine»
Et d’ajouter au bout du fil : «Je tiens à rassurer mes parents, proches, alliés et clients. Rien ne peut m’ébranler. Je suis plus que jamais debout. Je suis un combattant. Je combattrai toute ma vie. Ma vie est une vie de combattant. La vie d’un combattant va avec des pièges, des combines et de la haine. Je resterai un homme de devoir, un défenseur acharné des droits de l’homme. Rien ne pourra me faire dévier de mon chemin. Je resterai debout».
A la question de savoir s’il compte déposer un recours pour l’annulation de sa suspension, Me El Hadji Diouf - qui fait partie des avocats de l’Etat dans le cadre de l’affaire de la traque des biens mal acquis - affirme clairement : «J’attends la notification de la mesure. J’apprécierai après la conduite à tenir. Que tous mes amis se rassurent. Je poursuivrai mon combat pour la dignité de l’homme. Je serai toujours un combattant qui ne reculera devant rien».
Les parents d’élèves vont devoir garder leur mal en patience. La sortie de crise qu’ils espéraient à l’issue de la rencontre du jeudi entre le Grand cadre et le gouvernement n’a pas eu lieu. Pis, les ponctions sur les salaires des grévistes viennent «mettre de l’huile sur le feu».
Au moment où les négociations entre l’Etat et les syndicats piétinent, les syndicalistes ont un autre grief contre la tutelle. A l’issue de leur dernière rencontre jeudi, ils ont dénoncé des ponctions sur les salaires des grévistes.
«Quand des syndicats d’enseignants organisés qui respectent la procédure en arrivent à des arrêts de travail conformément à la législation de ce pays, quand on doit procéder à des ponctions sur les salaires, ça doit se faire en toute conformité avec la procédure. Ce qui est en train d’être fait ne va pas aider à décrisper la situation», a déclaré le coordonnateur du Grand cadre des syndicats de l’enseignement.
Pour Mamadou Lamine Dianté, cela n’arrange en rien la situation de crise dans laquelle se trouve l’école. «Dans ce contexte où les uns et les autres appellent à l’apaisement, il y a des mesures qui sont en train d’être prises en toute illégalité et qui ne feront que jeter de l’huile sur le feu», a-t-il soutenu.
Le ministre de l’Education nationale a battu en brèche cette accusation de ponction sur les salaires. Selon Serigne Mbaye Thiam, il faut plutôt parler de non-paiement des jours non travaillés. «Ce n’est pas une sanction. C’est la loi, c’est la jurisprudence. Le droit de grève est reconnu et la contrepartie du droit de grève, c’est que le gouvernement qui utilise l’argent du contribuable sénégalais pour payer les salaires ne paie pas des fonctionnaires quand des jours ne sont pas travaillés.
C’est le corollaire du droit de grève», a-t-il fait savoir. Prêchant pour sa paroisse, il a assuré que le gouvernement a fait preuve de bonne volonté en ne retenant pas les salaires des jours non travaillés des mois de février et mars.
La crise pas encore dépassée La sortie de crise n’est pas encore d’actualité pour l’école sénégalaise. Malgré près de sept heures de négociations, le bout du tunnel n’est pas encore atteint. D’après Mamadou Lamine Dianté, la levée du mot d’ordre n’est pas encore à l’ordre du jour. «Nous avons reçu des réponses du gouvernement. Nous avons également eu une bonne dose de sermons et de réquisitoires. Nous savons pris bonne note des réponses et nous avons pris acte des sermons qui nous ont été livrés», a réagi le coordonnateur des syndicalistes après sept heures de négociations.
Pourtant, le ministre de l’Education nationale a estimé que des «avancées substantielles et significatives ont été apportées aux préoccupations des organisations syndicales». «Sur les 33 points d’accord, plus de 24 ont été à ce jour entièrement réalisés», a illustré le ministre en charge de la Fonction publique.
Pour le reste, cinq points cristallisent les attentions : la validation des années de vacatariat et de volontariat, les rappels des mises en solde, l’habitat social, la formation diplômante et le relèvement des indemnités.
«Cette dernière question est nouvelle. Dans le protocole du 17 février 2014, le gouvernement et les syndicats avaient convenu de renvoyer cette question et celles liées à l’incidence financière aux résultats de l’étude sur le système de rémunération de l’Etat qui est actuellement en cours», a précisé le ministre de la Fonction publique, Viviane Bampassy. Aux titres des avancées, elle a noté la promulgation de la loi sur la validation des années de volontariat et de vacation.
Cependant, a répliqué M. Dianté, «cela n’est pas suffisant pour permettre aux enseignants de constituer leurs dossiers et les déposer».
Les efforts du gouvernement
Sur la question de l’habitat, Viviane Bampassy a informé que la Zac de Kounoune où beaucoup d’enseignants ont des parcelles a été immatriculée et les titres de propriété bientôt délivrés. Il en est de même pour les autres Zac des autres régions du pays. «Toutes ont été identifiées et sécurisées sur le plan juridique, des ressources seront inscrites dans le cadre de la Loi de finance rectificative pour procéder à l’aménagement de ces Zac», a-t-elle rassuré.
Sur la question de la formation diplômante, elle a informé que le ministre en charge du Budget a mis à la disposition du ministère de l’Education nationale 200 millions de francs Cfa. Pour les mises en solde, elle a parlé d’un échéancier clairement défini.
Cependant, pendant les discussions, les syndicats ont montré leur scepticisme quand le ministre en charge du Budget leur a dit que des négociations sont menées avec les bailleurs de fonds pour avoir l’argent nécessaire pour payer les rappels.
‘’DE L’INDÉPENDANCE À NOS JOURS, NOS GOUVERNANTS N’ONT PAS CRÉÉ DES POLITIQUES QUI PUISSENT VÉRITABLEMENT CRÉER L’EMPLOI’’
IBRAHIMA MBAYE, PRÉSIDENT DE L’ASSOCIATION SÉNÉGALAISE DES PROFESSIONNELS DES RESSOURCES HUMAINES (ASPRH)
Dans cet entretien qu’il nous a accordé, Ibrahima Mbaye, président de l’Association sénégalaise des professionnels des ressources humaines (Asprh), pointe du doigt les aspérités qui plombent les politiques d’emploi. Pour lui, les différents gouvernants du Sénégal n’ont jamais pu mettre en place des programmes qui peuvent véritablement créer l’emploi.
En termes d’emploi, comment jugez-vous la politique du Président Macky Sall après trois ans au pouvoir ?
Vous savez, il est difficile sous nos cieux de quantifier le nombre d’emplois créés. Vous avez des chiffres qui sont toujours balancés çà et là.
Des statistiques que je ne dirai pas fiables, mais qui reflètent la réalité. Il est difficile d’en avoir quand même. Parce que les emplois se créent, les contrats sont signés ou non dans nos entreprises qui font qu’il est difficile de les quantifier.
Ce sont des statistiques que nous avons au niveau de la direction de l’Emploi, au niveau de l’Inspection du travail. Mais les quantifier pour savoir combien d’emplois ont été créés, c’est difficile quand même.
En tant que professionnel des ressources humaines, le régime actuel est-il sur la bonne voie en matière de lutte contre le chômage ?
Je ne dirai pas s’il est sur la bonne voie ou non. Quand vous voyez les emplois qui sont créés, parfois on dit que ce ne sont pas des emplois, mais des stages. Vous prenez par exemple les Pcci ou les milliers de personnes qui y sont employés.
Vous avez les agents de sécurité de proximité, on vous dit que ce ne sont pas des salariés, mais des volontaires. Ces personnes sont rémunérées, mais est-ce que ce sont des emplois qui ont été créés ?
J’en doute fort quand même. Pour moi, un employer c’est celui qui a ses diplômes et qui rentre dans une entreprise avec un profil ou un fiche de poste, à qui on confie des tâches qu’il met en œuvre ?
Pensez-vous que la création des 300 mille emplois promis d’ici 2017 par le président de la République soit réalisable ?
Ecoutez quand vous prenez le Sénégal en entier, nous sommes 300 mille salariés à peu près ou plus peut-être, dont 240 mille constitués du secteur privé et 60 mille à 80 mille salariés du côté des fonctionnaires.
En tout, nous n’avons que 300 mille salariés sur une population active d’à peu près 10 millions d’habitants. Vous voyez le ratio comment il est assez faible.
En tout cas, les jeunes continuent de chômer. Finalement, quelle est la cause de ce problème ?
Il y a un problème d’employabilité qui est différent de l’emploi. C’est-à dire comment employer les jeunes dans les entreprises. Est-ce qu’ils sont employables et opérationnels. C’est ça le problème. Opérationnels en termes de qualification, de métier et d’occupation du poste.
Nous avons beaucoup de sortants des universités et des écoles de formation, mais qui n’ont jamais été présentés devant un directeur des ressources humaines, qui n’ont jamais fait d’entretien, qui ne savent même pas rédiger un cv, ni une lettre de motivation.
Pour moi, c’est le niveau de formation qui est assez faible parfois. Et nos sortants des écoles ne sont pas employables, ne sont pas toujours opérationnels quand ils terminent leur cursus à l’université.
A qui la faute, selon vous ?
Vous voyez les grèves récurrentes. A l’université, certaines facultés n’ont pas encore commencé les cours. Alors qu’au mois de mai on s’apprêtait à aller à la fin des examens. Vous voyez que jusqu’à maintenant ces problèmes continuent de se poser. La faute au gouvernement ? Je n’irai pas jusque-là.
Cependant, je dirai qu’il y a une volonté politique de l’Etat qui a en charge le problème de l’emploi et qui le résout quand même. L’Etat ne peut pas donner des emplois aux populations, mais crée les conditions d’employabilité, favorise la création d’entreprises pour créer de la richesse.
Est-ce que c’est actuellement le cas?
Je ne pense pas que cela soit le cas. Aujourd’hui, des entreprises ferment. Cela veut dire que des emplois sont perdus.
Quand vous faites la balance entre les entreprises que nous créons et celles qui ferment, vous voyez qu’il y a un déséquilibre pour les entreprises qui sont fermées. Ce sont des pertes d’emplois. Est-ce qu’elles ont été compensées ? C’est la question qu’il faut se poser.
Lors de la célébration des 40 ans de votre association, vous pointiez aussi une inadéquation entre la formation reçue par les étudiants et le besoin des entreprises...
Bien sûr, il y a une inadéquation entre l’offre d’emploi et le besoin de compétence. Elle est criarde. Les écoles de formation ont pratiquement les mêmes filières. Il y a des formations où c’est le Btp : ce secteur n’est pas encore saturé. Mais à la place, on entend les Transports logistiques, la Comptabilité, la Gestion.
Des métiers qui sont tellement saturés que les entreprises ne peuvent pas les employer. Mais vous allez dans d’autres métiers où on recherche des profils, on ne trouve pas. Il y a un déséquilibre.
Vous voyez comment faire l’offre d’emploi et le besoin de compétences. C’est tout un problème à résoudre. Maintenant, l’Etat a sa partition à jouer, nous aussi Association des ressources humaines, les étudiants et les formateurs également.
En matière d’emploi, est-ce que l’Etat vous associe dans les politiques ?
D’abord rien que voir la tutelle, c’est extrêmement difficile. Leurs portes nous étaient pratiquement fermées. On était en train de quémander pour être reçus alors que cela devait être le contraire.
Je pense que l’Etat devait nous ouvrir ses portes pour que de part et d’autre qu’on puisse réussir cette mission de création d’emplois. Malheureusement, on rencontre beaucoup de difficultés pour obtenir une audience au ministère de l’Emploi. C’est compliqué.
Quel est réellement l’objet de votre association ?
Elle aide la professionnalisation. On veut faire de sorte qu’il y ait une adéquation entre l’offre d’emploi et le besoin de compétence. On veut également faire en sorte que les étudiants des écoles de formation soient bien formés en vue d’être opérationnels. Parce qu’un problème d’opérationnalisation se pose.
Il y a des personnes avec un doctorat et qui ne sont pas bien formées, car elles ont reçu des formations théoriques. Vous savez l’entreprise, ce n’est pas de la philanthropie. C’est le capital, ce sont les richesses, le profit.
L’entreprise n’est pas là pour former. Elle est là pour trouver des étudiants qui sont formés afin qu’elle puisse les utiliser pour son développement.
Quelle est l’importance du directeur des ressources humaines dans l’entreprise ?
C’est la porte d’entrée et de sortie. C’est le noyau de la société. Quand on parle de ressources humaines, c’est les hommes. Ces derniers font tourner l’entreprise.
Quand vous arrivez, c’est le directeur des ressources humaines qui vous accueille, vous installe et vous donne votre fiche de poste, qui vous apprécie, vous évalue et vous suit dans votre formation et votre carrière.
Lorsque vous êtes licencié, démissionnaire ou parti à la retraite, c’est lui qui vous accompagne. Il est au début et à la fin de tout emploi dans l’entreprise.
Mais aujourd’hui, beaucoup d’entreprises n’ont pas de directeur des ressources humaines.
C’est un métier nouveau. C’est pendant les années 2000 que cela a commencé. Au début, c’était une gestion personnelle et administrative. Maintenant, la fonction a évolué.
Il y a une fonction sur la gestion des compétences, une fonction sur les carrières, sur les techniques de recherche d’emploi.
Cette fonction est très importante. Ce qui fait que je ne peux pas comprendre que certaines entreprises n’aient pas de directeur des ressources humaines. Alors que cela devait constituer le nœud dans la hiérarchie et dans l’organigramme des entreprises.
Comment comprenez-vous le fait que de l’indépendance à nos jours, la question du chômage des jeunes soit toujours d’actualité ?
C’est un problème universel. Je disais qu’au Sénégal, il y a 300 mille salariés en plus du secteur informel. Je pense que nos gouvernants n’ont pas créé des politiques qui puissent véritablement créer l’emploi.
C’est maintenant que petit à petit les entreprises essaient de se développer, de créer de la richesse, de faire des investissements. Mais cela ne suffit pas encore. Nous avons du chemin à parcourir.
L’adolescence, est une étape marquante dans la vie de tout être humain. Certains le vivent tumultueusement, alors que d’autres traversent, sans grandes difficultés, cet épisode de leur existence. C’est une période où l’individu se cherche et essaie de vivre d’autres expériences, comme celles amoureuses. Cette émergence du pulsionnel fait que l’ados passe facilement à l’acte, car il est fasciné par son corps. Ce qui fait que ses expériences amoureuses sont souvent de courte durée, à cause de l’insouciance qui les sous-tend. C’est à ce prix qu’il façonnera sa personnalité.
Le simple fait d’évoquer le mot « amour », en présence des adolescents, suscite des exclamations, des rires, plaisanteries et d’autres réactions qui en disent long sur leur façon de percevoir le sentiment amoureux. Le phénomène est tout nouveau dans leur univers, c’est pourquoi il suscite tant de curiosité. Et ces ados ont bien envie de partager les nouvelles expériences qu’ils vivent au quotidien. Chez ces adolescents, l’amour revêt un caractère particulier.
A la question de savoir si les élèves vivent l’amour à l’école, ils répondent par l’affirmative. Ce jeune adolescent en classe de 4ème, du nom de D M, rencontré à l’établissement Sergent Malamine Camara explique : « les relations amoureuses débutent dans les salles de classes, c’est là qu’on commence à échanger des regards, à s’assoir ensemble et une fois dans la cour de l’école, on concrétise cet amour en faisant nos déclarations à nos élues».
Une de ses camarades du nom de S.G, en seconde raconte son histoire avec son petit ami : «on était dans la même classe et ça ne me dérangeais pas que les autres le sachent. Mais lui si. Seulement, j’avais honte quand il savait que je n’avais pas la moyenne aux devoirs et lui pareil et ça me poussait à travailler. Je l’appelais tous les soirs pour voir si on avait trouvé le même résultat à nos exercices et chaque matin, il me réveillait au téléphone pour me dire : lèves-toi, il fait jour, vas te doucher et pries ensuite, nous allons à l’école. Trente minutes plus tard, on se retrouvait dans la rue pour prendre le chemin de l’école ensemble ». Elle nous révèle avoir vécu cette histoire pendant 3 ans avec son petit ami avant leur rupture.
Au lycée Blaise Diagne un élève en classe de1ère confie : « j’aime sortir avec les filles de l’école les plus mignonnes pour que mes autres camarades m’envient. Mais souvent, c’est une histoire qui ne dure pas longtemps». Un autre élève ajoute son grain de sel à la discussion : « il n’est pas rare de voir une fille ou un garçon qui pleure parce que son copain ou sa copine l’a quitté ».
Comme signe de bravoure…
Cap sur l’école Sokhna Astou Kane des Parcelles Assainies où nous avons rencontré une élève de 6ème du nom de M. S. Elle déclare : «je jure, je n’ai pas de petit ami ». En se confiant, elle se cachait le visage, en riant. Quant à Fatou, sa camarade, elle est plus catégorique : «moi, je ne suis pas intéressée »
Dans la foulée, le jeune S.O aborde la question sous un autre angle : «si on sort avec les filles de la classe ou de l’école, la plupart du temps, c’est seulement dans le but d’avoir des relations intimes avec elles et souvent c’est des relations sans lendemain. Une fois le but atteint, chacun part de son côté, car entre copains l’on se moque de ceux qui n’osent pas franchir le pas. Ils sont assimilés à des poltrons et sont très souvent sujet à des moqueries. Et pour prouver qu’on n’est pas un poltron, on cherche à passer à l’acte».
La mise en garde
Les éducateurs interpellés sur le sujet disent n’avoir pas tellement la possibilité d’observer de telles pratiques dans le milieu scolaire, car le plus souvent, ils sont absorbés par les cours qu’ils dispensent. Et s’il arrivait même à constater de tels écarts, ils n’hésiteraient pas à intervenir pour remettre les pendules à l’heure. Néanmoins, un des professeurs interrogés, déclare : «Dans les classes de 6ème et 5ème, les filles et les garçons se détestent, ils ne veulent même pas s’assoir ensemble. Et ce n’est qu’à partir de la 4ème qu’ils commencent souvent à s’apprécier ». Quant au proviseur du lycée, Sergent Malamine Camara, il affirme que «les relations amoureuses entre élèves sont strictement interdites à l’école et ailleurs. Les élèves n’ont pas le droit d’entretenir de telles relations dans le milieu scolaire, car le règlement intérieur d’aucun établissement ne le permet ». M. Diallo, professeur de Maths à Acapes soutient, pour sa part, qu’ « aucun enseignant ne fera la promotion de l’amour à l’école ». Et d’incriminer, par la même occasion, les moyens de communications que sont le téléphone portable, la télé, la radio et Internet. « L’adolescence est un âge critique pendant lequel, le jeune connait beaucoup de bouleversements, sa morphologie change et cela impacte forcément sa psychologie, voire son comportement », tente d’analyser M. Diop, professeur de S. V.T au lycée Blaise Diagne.
Et d’ajouter : «A cet âge les élèves sentent le besoin de vivre de telles relations, c’est naturel, car ils se découvrent sous un jour nouveau. Mais il revient au corps professoral, au corps d’encadrement et à l’administration de suivre les élèves afin de pouvoir les canaliser, les orienter pour contrebalancer la baisse de niveau. Cela, après que les parents aient fait leur travail à la maison. Toutefois, il est à souligner que les ados partagent leur vie entre l’école, la rue et la maison ; chacun de ces milieux joue sa partition dans l’équilibre de ces jeunes. Dans ce cas de figure, il est important que toutes les écoles se dotent d’une assistance sociale ou à défaut, avoir, parmi le corps d’encadrement, des délégués qui s’occupent des élèves en déperdition scolaire. Puisque les raisons de leur comportement peuvent être multiples ».
Sur le terrain de la sexualité
« Les élèves sont réfractaires aux discussions qui tournent autour de l’amour et comment ils le vivent. Ils répondent le plus souvent par des détours pour échapper à la discussion », confie l’assistante sociale. Elle souligne qu’à ce stade de leur vie, tous les ados ont besoin d’être assistés afin d’éviter certaines dérives.
L’assistante sociale nous affirme que les relations amoureuses que les ados vivent au quotidien s’accompagnent d’un lot de problèmes liés à la sexualité : «On rencontre souvent des cas d’extrême gravité, les jeunes d’aujourd’hui s’aventurent sur le terrain de la sexualité précocement, à un âge qu’on ne soupçonne même pas » dit-elle. L’on constate des cas d’abandon surtout concernant les filles. Il n’est pas rare de voir une fille qui, au cours de l’année scolaire, tombe enceinte.
Après de tels incidents, même si elles ont la possibilité de revenir après l’accouchement, elles ne le font pas parce qu’elles ont honte et on les perd pour de bon. C’est pourquoi il est important de sensibiliser les élèves afin d’éviter qu’on en arrive à de tels faits qui nous laissent impuissants. Dans les écoles, on a besoin d’assistantes sociaux, tout comme on a besoin de psychologues, nous dit Madame Sarr (Assistante Social au Lycée Kennedy) car la plus part du temps les jeunes sont réfractaires à ce genre de discussions, ils ne s’ouvrent pas facilement aux adultes.
Ils font peur à leur famille…
La famille constitue le premier cadre d’épanouissement de tout adolescent. Etant donné qu’à cette période de leur vie, l’amour prend beaucoup de place. Parfois, ils sont amoureux, parfois ils s’inquiètent de ne pas l’être. Parfois, cette situation inquiète les parents, comme c’est le cas de cette mère de famille qui fait part de ses angoisses : « l’adolescence nous fait peur, surtout avec les moyens de communication qui font beaucoup de mal, car ils sont entrés dans nos familles presque à notre insu. Internet nous persécute, les enfants y apprennent des choses qu’on ne soupçonne même pas. Néanmoins, il faut toujours expliquer aux enfants, leur faire comprendre que l’amour a un âge et la pratique de certaines voies pourraient leur coûter leur avenir. Car forcer les choses, n’est pas la solution. On doit établir le dialogue avec eux, c’est indispensable ».
Cette autre mère de famille rencontrée fait preuve de plus de pragmatisme dans les propos : « je comprends l’adolescence et je sais que c’est une transition nécessaire pour devenir adulte . Seulement pour les empêcher d’hypothéquer leur vie, de devenir des adultes responsables, il convient de les accompagner, de les conseiller, pour qu’ils puissent réussir le passage tranquillement. Car en essayant de leur cacher des choses, ils vont chercher à les découvrir par eux , parfois à leurs risques et périls ». Cette mère de famille raconte le malheur qui est arrivé à sa fille : «Les histoires d’amour qu’ils vivent à l’école et partout ailleurs sont souvent à notre insu. Je ne sais pas si c’est de l’audace ou de l’insouciance. Ma fille de 18 ans, en classe de seconde, m’a fait honte devant tout le quartier. C’est la honte de ma vie ! Je n’ose même plus me montrer, imagines qu’on la donnée en mariage à un jeune fonctionnaire. Nos deux familles étaient liées depuis. Quatre mois après le mariage, elle accouche. Et c’est son camarade de classe qui est le père de l’enfant. Elle a perdu son mariage et tout le monde m’accuse d’avoir failli à ma responsabilité de mère », souligne-t-elle, amère.
DEUX QUESTIONS AU... DR IDRISSA BA, PEDOPSYCHIATRE : «L’adolescent est fasciné par son corps»
Qu’est-ce qui explique qu’à pareille période de leur vie, les ados cherchent à entretenir des relations amoureuses ?
L’adolescent, n’est plus un enfant, n’est pas encore un adulte, Il passe d’un état de dépendance à l’égard de ses parents à un état d’autonomie. Donc, c’est quelqu’un qui se cherche, et dans ce processus-là, il va prendre de la distance par rapport à ses parents pour se faire des amis avec qui ils partagent son quotidien ou même ses secrets. Il va essayer de montrer ses facettes, comment il est , de vivre des expériences, de tester les choses pour connaître leurs odeurs, leurs saveurs, leurs couleurs ; c’est l’émergence du pulsionnel. Il passe à l’acte facilement, car l’adolescent est fasciné par son corps, mais ne le maîtrise pas comme l’enfant ou l’adulte maîtrise son corps. C’est à ce stade qu’il va essayer de se stabiliser au niveau de la personnalité.
Quel doit être l’attitude des parents face à une telle situation ?
Les ados ont toujours tendance à conserver une partie de leur vie pour eux, ils parlent beaucoup, mais communiquent très peu. Les parents doivent les assister, mais ne pas imposer leur présence, ne pas les persécuter, mais leur montrer qu’ils sont là pour eux s’ils ont envie de parler, de partager, cela peut les rassurer, car si l’ados ne s’épanouit pas chez lui, il aura tendance à aller le chercher ailleurs. Ce qui peut donner naissance à des comportements à risque. Les parents doivent éviter aussi de transmettre leurs angoisses aux enfants. Les adolescents ont une sensibilité à fleur de peau. C’est ainsi qu’on trouve beaucoup de similitudes entre les bébés et les ados.
‘’J’AI REFUSÉ D’ARRÊTER APRÈS LE DÉCÈS DE MON FILS’’
Il a 30 ans. Le groupe Dande Leñol a acquis cette maturité après des années d’histoire et d’abnégation. Que d’obstacles surmontés ! Que de défis relevés ! Et l’avenir reste toujours une étape à conquérir pour ce groupe. Aujourd’hui, Baba Maal retourne sur les terres de ses heureux souvenirs. En tournée dans les contrées les plus reculées du Fouta, l’enfant de Podor revient pour retrouver la chaleur du Sénégal des profondeurs. Ici, il a participé à l’érection d’infrastructures de base pour l’épanouissement social des populations. Les concerts gratuits ont financé des écoles, des dispensaires pour participer aux efforts de développement de son pays. C’est la destinée de son groupe qui n’a jamais privilégié la scène internationale au détriment des prestations nationales.A 62 ans, il a toujours cette fièvre musicale. Pendant plusieurs jours, il a sillonné les patelins les plus enclavés de la région de Matam pour la célébration des 30 ans de Dande Leñol. Croisé dans un hôtel à Ouro Sogui, Baba Maal parle dans cet entretien de sa lutte contre la pauvreté, de ses relations avec la famille de Tidiane Anne et des projets de son groupe. Et aussi, il raconte le dernier drame qu’il a vécu avec la disparition de son unique enfant. Mais il l’a surmontée pour continuer à relever les défis. Comme toujours.
El Hadji Baba Maal, vous êtes à Ouro Sogui depuis mardi soir. Peut-on savoir l’objet de votre visite ?
Je suis dans la région de Matam pour une série de concerts, deux prestations au village de Hombo et deux autres à Diéla. Pour le village de Diéla dans le «Dande Mayo», c’est une tradition depuis plus d’une dizaine d’années, un partenariat très fructueux a été noué avec l’Association pour le développement du village, avec un groupe de personnes qui vient chaque fois apporter son soutien aux Blues du fleuve, mais également avec qui nous avons des liens de parenté très solides. D’où l’organisation des concerts pour le développement.
Quant à Hombo, nous cherchions un village pour pousser ce qu’on avait commencé au village de Mbélone. En 1982, durant les années de la menace de la sécheresse, il y avait une insécurité alimentaire, on avait choisi avec Oxfam et des journalistes de visiter des sites au Sénégal et en Mauritanie.
Notre choix s’était porté sur Mbèlone, un village que nous avions trouvé dans d’énormes difficultés, il y avait un manque d’eau récurrent, les puits étaient asséchés, pas de possibilités pour les femmes d’avoir des jardins potagers. Et il n’y avait pas d’écoles.
Ainsi, sensible à leur problème, je suis reparti à Dakar pour récolter des fonds en organisant un concert avec des Vip au King Fahd Palace. Avec Oxfam, on est revenu pour les soutenir à revaloriser leurs puits pour avoir accès à l’eau potable.
Grâce à cette collaboration, ils ont réussi à régler beaucoup de leurs problèmes. Et pour Hombo, je suis venu tester le terrain pour voir s’il serait possible de faire la même chose qu’on avait fait à Mbélone, surtout que nous célébrons les trente ans de Dande Leñol, il faudrait qu’on remette sur pied ces collaborations sur le plan humanitaire.
Qu’est-ce cela représente pour vous d’être tout le temps au contact des populations, parce que depuis le début de votre carrière vous multipliez des concerts dont les recettes sont reversées aux organisations de développement ?
Nous le faisons vraiment exprès. Maintenant, c’est le rôle qui nous a été assigné par les populations. Ce sont ces associations de développement qui nous ont demandé de jouer au stade Amadou Barry ou au Théâtre national Daniel Sorano. Ce ne sont pas des promoteurs.
L’argent gagné a toujours été utilisé pour subvenir aux besoins des populations. A Doué (village situé dans le département de Podor) par exemple, pour construire le mur de clôture des cimetières, dans d’autres localités des salles de classe, entre autres...
Et c’est comme cela que le système des Nations unies a compris qu’il pouvait mettre la culture au service du développement, et le Dande Leñol (son orchestre) et les Foutankés (habitatants du Fouta) pouvaient rester comme un exemple qu’il fallait mettre en exergue pour que d’autres artistes, à travers le monde et dans leur domaine, puissent collaborer avec leur communauté et faire comme nous.
Vous avez également créé le mouvement «Nan K» ; c’est quoi exactement ?
«Nan K» est un mouvement pour le développement dont l’idée de la création m’est venue à Londres dans une campagne de sensibilisation pour la lutte contre la pauvreté dans le continent africain qui regorge de toutes les potentialités.
Avec Oxfam, nous avions visité le Gorgol (capitale d’une région en Mauritanie), nous avions vu des femmes qui travaillaient sur la terre, des champs de maïs qui étaient asséchés par manque d’accompagnement et de modernisation. Au sommet du G8, nous avons dit aux Présidents que nous attendions des actes forts puisqu’on parle de l’Afrique.
Pour moi, le développement c’est l’agriculture, l’élevage et la pêche avec la culture au centre, mais également la technologie. C’est ainsi qu’avec ces cinq leviers, nous y avons retrouvé «Nan K» qui, dans notre langage courant (Poular), signifie «Entendez».
En ce sens, on peut dire que votre idée rejoint celle du Président Macky Sall avec son fameux Plan Sénégal émergent (Pse) ?
Oui ! Toutes les bonnes idées se croisent sans que l’on se concerte. Si Macky Sall a de la bonne volonté, que celle-ci m’anime et qu’on a tous les deux les mêmes projets pour le Sénégal et pour le Fouta, je pense qu’on doit avoir les mêmes ambitions pour les populations. Dans tous les cas, je me retrouve dans le Pse tel qu’il est expliqué.
Le 14 avril dernier, on a commémoré le quatorzième anniversaire de la disparition tragique de votre ami Tidiane Anne. Comment l’avez-vous vécu ?
Je suis très concerné par l’héritage que Tidiane Anne a laissé, son engagement pour la promotion de la culture pulaar, de la langue pulaar elle même et aussi du développement. Comme moi, on a toujours pensé que le développement ne pouvait se faire sans la culture.
Je suis toujours lié à sa famille, presque toutes les semaines je reçois surtout son fils aîné Mamoudou, qui est venu d’ailleurs me faire part de la commémoration de son décès à Gamadji (village natal de l’ancien reporter de la Rts).
Les enfants de Tidiane me considèrent comme leur papa, ils me demandent la permission pour avoir mes bénédictions sur tout ce qu’ils entreprennent. On s’interpelle sur leur question d’éducation, mais aussi des associations créées à l’honneur de Tidiane Anne. Je reste convaincu que l’œuvre de Tidiane ne mourra jamais, sa voix est celle de Mame Abdou Aziz, de Nelson Mandela, c’est à nous autres qu’il incombe de jouer notre partition dans la vie sur terre.
Vous avez récemment perdu votre fils Omar. Beaucoup de personnes craignaient que Baba Maal marque une pause ou arrête un moment sa carrière musicale. Où est-ce que vous avez puisé cette force pour revenir aussitôt sur scène ?
(Fataliste). On est des êtres humains. J’ai, durant ma carrière, rencontré pas mal de difficultés que je suis parvenu à surmonter. Il y a des exemples concrets qui sont là, par exemple El hadji Seydou Nourou Tall et Mame Abdou Aziz qui ont vécu les drames avec leurs fils qui sont disparus, mais cela ne leur a pas empêché de continuer.
Plusieurs jeunes se retrouvent en moi comme leur père et je n’ai pas le droit de les sacrifier, si j’en avais deux ou trois dans ma famille, la perte de l’un d’entre eux ne m’empêcherait pas de continuer à travailler pour les autres. C’est aussi un signal aux autres pour leur faire comprendre que l’homme est toujours plus fort quand il est au-dessus de ses problèmes.
En plus, je ne devais pas sacrifier tout un ensemble, le Dande Leñol. Ce sont des pères de famille qui ont même demandé qu’on s’arrête un peu. Mais j’ai refusé.
Parlons des Blues du Fleuve qui sont devenus un évènement important. Cette année, la ville de Matam était pressentie pour recevoir ce grand rendez-vous culturel. Qu’en est-il exactement ?
Je voulais qu’on le fasse cette année à Matam, mais par la force des choses, nous célébrons les 10 ans des Blues du Fleuve et ça avait commencé à Podor. Nous nous sommes dit qu’il va falloir qu’on le fasse à Podor. Surtout si l’on sait qu’on n’a pas déroulé l’année dernière à cause d’Ebola, mais également à cause des problèmes politiques que la ville a connus.
Ainsi, on ne pouvait pas organiser le festival sans la Guinée dont les frontières avec le Sénégal étaient fermées. Mais l’année prochaine ou l’année d’après, je pense qu’on reviendra à Matam, car nos partenaires et moi-même avions bien aimé l’étape de la onzième région.
Il semblerait également que vous envisagez de mettre en place un groupe de presse à Ndioum (département de Podor). Qu’en est-il réellement ?
Je ne sais pas comment cela va se constituer, mais je dois vous dire que oui. Nous envisageons de créer un groupe de presse. On en avait fait avec Diamano Fm, c’est tombé à l’eau. Cette fois-ci, on veut revenir avec quelque chose de beaucoup plus solide et plus efficace. Même avec nos partenaires, nous savons que c’est un devoir pour nous de l’avoir. Le mouvement «Nan K» également a besoin de support de communication pour le développement.
Aujourd’hui, des artistes travaillent aux côtés du chef de l’Etat. Et si le Président Macky Sall vous appelle pour vous proposer un poste. Vous en dites quoi ?
(Eclat de rires). Attendons de voir qu’il m’appelle, je verrai ma position.
Le chef de l’Etat a fait l’apologie de la transhumance, jeudi, face à la presse à Kaffrine. Pourtant, candidat de Macky 2012, il avait invité, sur Walf Tv, à mettre de l’éthique dans la politique. Sa position sur la question a changé parce qu’il se trouve dans une autre position.
Macky Sall au pouvoir ne veut plus entendre le terme «transhumance» qui est «inacceptable» à ses yeux. Mais Macky Sall candidat à la présidence de la République ne faisait pas cette remarque aux journalistes de Walf Tv qui le recevaient à l’émission Perspectives 2012. «Dès lors que les gens viennent avant la victoire», c’était concevable selon lui. Il refuse aujourd’hui que ces transhumants soient assimilés à du «bétail qui quitte des prairies moins fournies pour aller vers des prairies mieux fournies».
Et il traitait hier ces mêmes transhumants de «rats qui quittent le navire parce que le naufrage est imminent». Face à la presse à Kaffrine, jeudi, le chef de l’Etat ne voit rien d’«amoral» dans ces mouvements politiques et se demande au nom de quel principe voudrait-on traiter ainsi les politiques.
C’est bien au nom de l’éthique, comme il le disait lui-même : «Ce qui est déplorable, c’est que certains attendent que d’autres se battent et gagnent pour venir ensuite les bousculer.» Même si, assurait-il à Kaffrine, «nous ne les débauchons pas à coups de milliards ; nous ne leur donnons pas non plus tout de suite des postes».
Face à Walf Tv, le candidat de Macky 2012 ajoutait : «On ne peut pas continuer à faire la transhumance telle qu’elle se pratique aujourd’hui parce qu’il faut mettre de l’éthique dans tout cela. Il faut que les gens reviennent aux valeurs. C’est extrêmement important parce que nous ne pourrons pas changer positivement notre pays si nous restons dans le boul faalé (je-m’en-foutisme) et le masla (compromis) où chacun peut faire ce qu’il veut et, après, on se tapote l’épaule entre camarades.»
Transhumance n’est pas majorité
En justifiant la transhumance, Macky Sall a relevé que la Constitution garantit la liberté d’aller et de venir. Mais d’aller où ? De venir où ? S’il est vrai que tout parti au pouvoir peut légitimement se massifier pour se maintenir, il reste que ceux qui sont plus déterminants dans une (ré) élection sont plus ceux qui ne sont d’aucun parti. Et le Président Sall l’a compris en avouant que «les acteurs politiques au Sénégal ne sont pas nombreux».
«Nous avons à peu près 5 millions d’électeurs sur 13 millions de Sénégalais», précise-t-il. Mais combien de transhumants y a-t-il parmi ces 5 millions d’électeurs ? Et combien sont-ils d’ailleurs à avoir sanctionné la transhumance version Wade avec sa Cap 21 et ses Fal2012 ?
En prenant exemple sur lui, il s’est pourtant rendu compte qu’il peut gagner sans eux. «Je viens du Pds. Je m’y sentais mal à l’aise. Je l’ai quitté, j’ai créé ma formation, j’ai travaillé et j’ai gagné», rappelle-t-il fièrement.
Justement, lui-même a été victime d’une guerre sans précédent de ses adversaires, amorale parce qu’avec des armes non conventionnelles. En 2012, c’est le message de l’éthique et de la moralisation de la vie politique qui a parlé dans les urnes. Contre la transhumance et le wax waxeet ; donc le respect de la parole donnée, entre autres.
Macky Sall estime que tirer sur la transhumance, c’est lui demander de «scier la branche sur laquelle (il) est assis». C’est que la «branche» de la transhumance n’est pas si rigide qu’on le croit. Sinon Wade n’en serait pas tombé.
LES ETUDIANTS SEQUESTRENT DEUX POLICIERS APRES L’ARRESTATION DE QUATRE DE LEURS CAMARADES
ZIGUINCHOR / ECHAUFOUREES A L’UNIVERSITE ASSANE SECK
Les étudiants de l’Université Assane Seck de Ziguinchor ont haussé le ton hier en dénonçant le quota d’attribution des boursiers jugés dérisoire. Intervenues pour disperser les étudiants qui manifestaient violemment, les forces de l’ordre ont arrêté quatre étudiants. Pour exiger la libération de leurs camarades, les étudiants à leur tour ont séquestré deux agents de la police avant de les libérer sous l’intervention des autorités universitaires et syndicales.
C’est vers 18 heures ce vendredi que les quatre étudiants interpellés par les forces de l’ordre un peu plutôt dans la journée ont été libérés. Visiblement éprouvés par les longues heures en garde à vue au commissariat de Ziguinchor, « ces manifestants » à leur sortie se sont engouffrés dans le véhicule du Professeur Nouha CISSE Médiateur de l’Université direction L’université Assane Seck théâtre toute la matinée d’affrontements entre policiers et étudiants. Ces derniers ont haussé le ton hier vendredi après trois semaines de manifestations.
Des étudiants avec en bandoulière une série de revendications ont séquestrés deux agents de police avant de les libérer sous la médiation de Nouha Cissé et des responsables de L’université Assane Seck parmi lesquels des syndicalistes de la section locale du SAES. Des étudiants qui jugent très faible le quota d’attribution des bourses à l’université de Ziguinchor. Une question qui a fait déborder le vase selon Ousmane BA un des délégués de l’Amicale des étudiants qui a lâché ces propos en pleine manifestation : « il est inadmissible vues les contraintes et les circonstances que l’Etat réduise le taux des boursiers de l’Université de Ziguinchor.
Raisons suffisantes pour imprimer une tension, d’ailleurs c’est pourquoi nous avons appréhendé des hommes de tenue deux policiers pour exiger la libération de nos camarades arrêtés. Et nous sommes déterminés à aller jusqu’au bout de cette lutte… » L’autonomisation de l’université reste une requête principale agitée depuis quelques temps par les étudiants qui posent depuis sur la table des autorités la question de l’achèvement des chantiers en cours dans cette université où les réformes sont engagés si l’on en croit le recteur Kourfia Diawara qui balaie d’un revers de main les déclarations des étudiants sur la question des bourses. Car pour le recteur « l’équité c’est de donner des bourses sur la base du mérite et le mérite c’est les résultats pédagogiques, les résultats au BAC et nous ne pouvons pas dire que l’université de ziguinchor est pénalisée sur l’octroi des bourses parce que le calcul sur la base du Pv de la commission des bourses révèle un taux de 88 % des nouveaux inscrits qui bénéficient d’une bourse… »
Toute chose qui selon Kourfia Diawara devait pousser les étudiants à se féliciter plutôt des résultats de l’université de Ziguinchor. Une université en tant que telle où les heurts entre forces de l’ordre et étudiant ont imprimé une situation de violence avec des pneus calcinés un peu partout par les étudiants qui ont barré la route menant au temple du savoir qui avait tout l’air d’un champ de bataille . La situation redevenue calme en début d’après midi, mais la tension est toujours en l’air malgré les médiations entreprises
Maladie très handicapante, l’hémophilie méconnue du public sénégalais et du corps médical gagne du terrain et fait des ravages. Seuls 174 cas ont été décelés chez les sujets sénégalais pour une estimation de 1300 hémophiles au niveau national. Due par un déséquilibre dans la composition du sang, l’hémophilie est une maladie qui exige un traitement spécial et urgent alors que les médicaments sont indisponibles sur le marché pharmaceutique et sont excessivement chers. Les problèmes liés à la prise en charge de cette maladie jadis rare mais de plus en plus répandue de nos jours ont été soulevés hier, vendredi 17 avril au Centre national de transfusion sanguine (Cnts) à l’occasion de la célébration de la Journée mondiale de sensibilisation contre l’hémophilie.
Célébrée par la communauté internationale, la Journée mondiale de lutte contre l’hémophilie a été organisée hier à Dakar au CNTS ponctuée par un point de presse des spécialistes sur cette maladie méconnue. Négligée ou mal considérée, cette affection est une maladie qui entraine des anomalies au niveau de la coagulation du sang et selon les spécialistes, elle toucherait en moyenne une personne sur 10 000 au Sénégal. La souffrance entrainée par les conséquences de ce mal constitue une véritable condamnation pour le malade sénégalais notamment dépourvue de toute condition de prise en charge médicale.
Selon le Dr Marie Khémesse Ngom Ndiaye directeur de la Lutte contre la maladie au ministère de la Santé et de l’Action sociale, le saignement de la personne atteinte peut lui être fatal. Le malade qui encoure en permanence des saignements intérieurs ou extérieurs est constamment en danger. Cependant, si le saignement extérieur est plus facile à diagnostiquer, le docteur de faire remarquer que les saignements intérieurs au niveau des articulations ou des muscles peuvent amener des problèmes aigus et conduire le malade vers un handicap.
Parlant des causes de ce mal constitutif, le Dr Khemes de soutenir qu’elles sont essentiellement héréditaires et peuvent aussi être provoquée par des mariages consanguins. Quid du traitement jugé très onéreux pour les malades ? « Il faut un traitement sous forme d’injection que le Sénégal importe. Ces injections appelées facteurs ont été maintenant intégrés dans la liste des médicaments d’urgence au niveau de la Pharmacie nationale d’approvisionnement (PNA). Nous attendons un arrêté ministériel pour sa mise en disponibilité au CNTS qui est en train de prendre en charge les 174 cas décelés.» A répondu la directrice des maladies au ministère de la santé et d la prévention.
Interpellé en marge de la rencontre, Moustapha Niang, un étudiant à l’Ucad atteint par cette maladie douloureuse a été victime de saignement quant il était petit à Kaolack. Mais à cause d’un traitement adéquat il a été évacué à l’hôpital Le Dantec où le diagnostic a confirmé l’hémophile. En termes de prise en charge des malades, Moustapha Niang a salué le soutien de l’association mondiale des hémophiles basée au Canada. Grâce à cette association les malades qui saignent sont totalement pris en charge au Cnts. Le prix de l’injection est compris entre 250 000 et 500 000F. Pour ce malade, la journée mondiale contre l’hémophilie est aussi l’occasion de lancer un appel pour une campagne de dépistage au niveau national afin que les malades en stade mineur puissent être décelés avant qu’ils soient dans la phase à risque.