Ce n'est point un sot métier, mais une activité éreintante. Ecouler des cartes dans les rues de la capitale est devenue une activité banale comme tant d'autres occupations informelles à Dakar. Un véritable chemin de croix pour ceux qui s'y adonnent et espèrent très vite en sortir.
Madou, vendeur de cartes de crédit téléphonique, brandit une étiquette affichant en gros caractères "Promotion Orange 100%". Une arête de carton sur laquelle figure les logos et couleurs bigarrées des trois opérateurs de téléphonie qu'il agite mécaniquement devant quelques piétons désintéressés qui rentrent de travail.
L'ambiance est bon enfant devant la boulangerie de la cité Diamalaye où piétons, vendeurs et voitures se disputent le trottoir étroit. Promotion oblige, la concurrence sourde avec ses congénères fait voir à intervalles réguliers ces affiches qu'ils portent sur eux-mêmes comme des hommes sandwichs.
Dans tout Dakar, ils sont des centaines comme eux, à arpenter les grands axes routiers, à se faufiler entre deux files de voitures, ou à squatter les trottoirs pour vendre les cartes de crédit dans des conditions difficiles. Ruée vers les bolides à l'arrêt, devant un feu de signalisation, petit échange à travers la vitre à peine rabaissée d'une voiture, et le vendeur de farfouiller dans sa sacoche pour en extraire une carte de recharge avant de refourguer le billet vert de 5000 F Cfa qu'il vient d'encaisser.
La journée a été bonne comme elle l'est à chaque fois qu'il y a promotion. "Les cartes se vendent comme des petits pains dans ce cas. Sinon, c'est le Seddo qui marche quand il n'y a pas promo", se réjouit Arfang Diallo, un jeune vendeur habillé aux couleurs de l'opérateur. Adossé à la rambarde de la passerelle sur la Vdn, la discussion avec ses congénères s'égaie au terme d'une soirée plutôt fructueuse.
L'enthousiasme domine, teinté d'une certaine pudeur dès qu'il s'agit de parler des gains. "Aujourd'hui, nous avons réalisé de bonnes affaires. C'est tout !", déclare-t-il touchant du bois l'arbre qui leur sert de point de rencontre. Comme à l'accoutumée pendant les promotions, le chiffre d'affaires a bondi.
Ces vendeurs des cartes de recharge font partie du décor de la circulation automobile sur la voie de dégagement nord (Vdn). La légère pénombre du crépuscule ne les dissuade pas de s'adonner à la seule activité qu'ils connaissent. Près de la passerelle, non loin de la permanence du Pds, c'est le rush vers les voitures avançant à pas d'escargot à cause de l'embouteillage.
"D'habitude, nous opérons près des feux de signalisation. Mais le soir, c'est l'heure de pointe à cause des travailleurs qui rentrent chez eux. C'est plus facile d'aller trouver les clients dans leurs voitures", dit Madou, ajustant ses lunettes. Un procédé profitable puisque certains achètent juste pour tromper une attente qui peut s'avérer longue des fois, selon le vendeur ambulant.
Bénéfices dérisoires
Dans ce milieu informel, la résignation est la chose la mieux partagée. Les maigres subsides tirés de cette vente des cartes n'emballent guère les vendeurs, mais faute de recours, ils se plient stoïquement à la dictature des grossistes.
"Puisqu"il faut bien vivre de quelque chose, nous sommes obligés de vendre ces cartes. Nous les acquérons à 950 ou à 970 F CFA l'unité pour les écouler à 1000 francs, soit un bénéfice de 30 ou 50 francs sur la carte", déclare Ibou Seck, un vendeur accroché sur la Vdn. 100 francs sur la carte de 5 000 et 200 francs sur celle de 10 000 qui s'écoulent plus difficilement ; faire des bénéfices consistants est un mirage pour ce job.
D'ailleurs, les jeunes Sénégalais de l'exode rural ou de milieux défavorisés, ainsi que les Guinéens spécialistes de la vente ambulante qui s'y livrent, ne se font aucune illusion. Le choix de ce travail tumultueux s'impose comme la seule issue. "Je sais très bien que je vivote au lieu de vivre avec ce métier.
J'aurais aimé avoir un négoce stable, formel et prospère, mais puisqu'il faut bien s'accrocher à quelque chose, je m'y soumets. C'est mieux que rien', se désole Waly Fall opérant sur la Vdn. Ceci étant dit, écouler les cartes de crédit n'est pas difficile. "C'est comme mettre de l'essence dans sa voiture ou manger quand on a faim. Beaucoup ont un besoin de communiquer et c'est tant mieux pour nous", déclare Ibou Seck.
Quid des acheteurs ? C'est un peu monsieur tout le monde renseigne le vendeur. Mais à tout seigneur, tout honneur. Les cartes se vendent selon les catégories d'acheteurs bien précises. "Il est vrai que pour les cartes de 5 000 ou de 10 000 francs, seules les personnes d'un certain standing l'achètent. J'en connais quelques-uns qui m'en achètent régulièrement pour leurs obligations professionnelles", avance-t-il.
Sinon le grand public s'arrache la carte de 500 F CFA qui est le prix unitaire le plus accessible. En attendant la prochaine promotion qui va mettre un peu de folie dans leurs chiffres d'affaires, les vendeurs prennent leur mal en patience.
Cheikh Béthio…
Hier, Mermoz a vibré au son des thiant de Cheikkh Béthio Thioune, le guide des thiantacounes qui célébrait le 69e anniversaire de sa rencontre avec son guide, Serigne Saliou Mbacké. Des thiant particuliers avec un Cheikh au meilleur de sa forme et qui «nak» était visiblement heureux de voir une très forte délégation officielle à sa manifestation. Devant les envoyés de SMS, les ministres Matar Ba (Sports), Birima Mangara (Budget), Youssou Touré (Alphabétisation) en plus de trois vice-présidents de l’Assemblée, les députés Awa Guèye, El Pistolero, Abdou Mbow, le Conseiller du prési Cheikh Mbacké Sakho, entre autres, Cheikh Béthio a tenu à clarifier ses rapports avec le pouvoir. Expliquant que le pouvoir temporel est également d’émanation divine, Cheikh Béthio Thioune a indiqué que «pouvoir temporel et autorité spirituelle doivent aller ensemble, c’est une cohabitation forcée pour que le pays suive un développement normal».
…Son thiant et ses…
Chaque fois qu’il y a conflit entre les deux, dit-il, «le pays va à la paupérisation». Ces considérations dites, le guide des thiantacounes a tenu à dire qu’il n’est pas contre le pouvoir. «On n’a jamais vu Serigne Saliou être contre un pouvoir. Cheikh Béthio ne peut pas être contre l’Etat. Nous ne serons jamais contre un régime politique de notre pays, quoi que Dieu puisse décider», a ajouté Cheikh Béthio qui s’est empressé de préciser : «Je n’ai pas fait d’acte d’allégeance (au pouvoir), je n’ai rampé devant personne. Ceux qui le croient n’auront rien compris. Les thiantacounes ne s’agenouillent devant personne même si on nous tue ou on nous met en prison». Le guide des thiantacounes n’a pas manqué de dire toute sa satisfaction et ses remerciements à SMS. «Je suis fier, particulièrement fier de votre présence et j’en remercie (SMS) du fond du cœur. Nous tous, thiantacoune, devons remercier le président (SMS). Jamais un chef de l’Etat ne m’a envoyé une délégation aussi importante dans nos manifestations», a lancé le chef religieux.
…Fameux cadeaux
Cheikh Béthio a tenu à dire : «J’étais en compagnonnage avec des politiciens qui sont devenus présidents, mais ils ne m’ont jamais envoyé une délégation comme ça». Pour finir, il a demandé aux membres de la délégation officielle ; «Dites au président que je suis content de lui». Il faut noter par ailleurs, que les thiant ont tenu toutes leurs promesses comme d’habitude. Tout était hors norme. Des préparatifs avec des centaines de bœufs, des cuisines à perte de vue, des tentes immenses et des nombreux fidèles qui avaient pris d’assaut Mermoz. Mais la fête a été tout aussi somptueuse avec un défilé incessant des «jëwrin» chargés de présents : chaussures, boubous, tissus, or, etc. le clou de la soirée est un 4x4 qui lui a été offert par ses talibés en plus d’un gâteau qui dépasse tout ce qu’on a pu voir et qui a coûté…2 milliards.
Mankeur rend…
Quand le ministre des Affaires étrangères et des Sunugaaliens de l’extérieur loue les qualités de l’ambassadeur Paul Badji. Mankeur Ndiaye qui dit avoir été «peiné et choqué» par les commentaires faits sur le cas du désormais ex-ambassadeur du Sunugaal en France a tenu rétablir la vérité des faits. Selon lui, «l’ambassadeur Paul Badji n’a pas été limogé comme dit. Il est âgé de 65 ans et est admis à faire valoir ses droits à une pension de retraite. On ne limoge pas quelqu’un à 65 ans alors qu’il devait même aller à la retraite à 60 ans». Et c’est d’ailleurs pour «sa grande compétence et ses excellentes qualités» que l’Ambassadeur Badji a été ainsi prolongé. Mankeur Ndiaye qui a «tenu à rendre hommage à ce diplomate émérite que le Président destine à d’autres responsabilités» clame urbi et orbi que« l’Ambassadeur Paul Badji est l’un des meilleurs diplomates, compétent, loyal qui a eu un cursus extraordinaire».
…Hommage à Paul Badji
Mankeur rappelle que Paul Badji a été Conseiller diplomatique du président Diouf jusqu’au moment où la Primature a été réinstaurée en 1991. A ce moment, il a intégré le cabinet du Premier ministre d’alors Habib Thiam comme Conseiller diplomatique. Il restera à ce poste jusque sous Hadjibou Soumaré avant d’être nommé ambassadeur en Allemagne puis ambassadeur représentant permanent du Sunugaal auprès des Nations unies à New York. De là, il migre à Bruxelles comme ambassadeur puis à Paris pour y remplacer un ministre des Affaires étrangères et des Sunugaaliens de l’extérieur, c'est-à-dire Mankeur lui-même. Le ministre rappelle, pour montrer toute la déférence qu’il a envers l’ambassadeur Paul Badji que ce dernier a été «son président du jury d’examen de sortie de l’Ena, il y a près d’un quart de siècle».
Le Grand cadre…
Le Grand cadre des syndicats de l’enseignement (Gcse) maintient sa pression, malgré les négociations en cours et les avancées notées. En réunion, hier, la plénière du Gcse a «salué le travail des médiateurs qui a permis de provoquer cette rencontre (avec le gouvernement)» et «noté positivement la promulgation de la loi 61-33 modifiée suivant de la loi 2015-08 du 13 avril 2015 qui constitue une étape importante pour la validation des années de volontariat, de vacation et de contractualisation des enseignants titularisés comme fonctionnaires». Seulement, le Gcse tient à préciser que «cette validation ne sera effective que si le décret d’application est signé». Sur les accords relatifs à la formation diplômante, aux lenteurs administratives et à l’habitat social, «le Gcse a noté des avancées, mais est resté sur sa faim» car «il n’y a aucun acte concret posé par le gouvernement concernant ces points qui constituent des attentes importantes des enseignants».
…Poursuit la lutte
Poursuivant, le Gcse relève n’avoir reçu «aucune réponse du gouvernement sur tous les autres points notamment l’indemnité de logement». Donc «en attendant les avis de la base relativement à ces réponses du gouvernement et tenant compte des propositions de la base», le Gcse annonce la poursuite de son 5è plan d’actions dans sa deuxième phase. La rétention des notes du 1er semestre et le boycott des conseils de classes et des cellules pédagogiques se poursuit alors qu’un débrayage et des assemblées générales groupées sont prévus le mardi 21 avril 2015. Le lendemain mercredi 22 et le jeudi 23 avril 2015, ce sera une grève totale et du mardi 21 au samedi 25 avril 2015, le Gcse va poursuivre ses tournées de mobilisation dans les localités et la campagne d’informations en plus de rencontres avec les leaders d’opinion.
50 milliards pour le…
Un projet immobilier futuriste. C’est ce que la communauté léboue s’apprête à lancer, lundi prochain, dans l’après-midi, au Radisson, en présence du Premier ministre, Momo Dionne. En effet, Abdoulaye Makhtar Diop, Grand Serigne de Ndakaaru, Chef supérieur de la Collectivité léboue, en accord avec le groupement Sismo Sénégal-I Africa ventures, filiale sunugaalienne de la société internationale Infini, basée à Londres, porte ce projet. Il est question de l’édification d’un complexe résidentiel dénommé «Faubourg Lebou émergent» (Falemé). Il comporte une tour panoramique de 40 étages avec des plateaux de 1 281,92 m2 de bureaux par étage d’une superficie totale de 51 276,8 m2, 20 blocs allant de 9 à 16 étages avec 924 appartements et 40 suites et un centre commercial sur 4 étages de 36 653,40 m2, avec des restaurants, une piscine, des espaces de détente et des terrains de jeux…
…«Faubourg lébou émergent»
Le projet est d’un coût de 50 milliards de francs Cfa et est inscrit par ses initiateurs dans le sillage du Plan Sunugaal émergent (Pse). Le partenaire technique chinois du projet est le premier constructeur mondial, la Crcc (China railway construction corporation limited) dont la filiale est la China Civil Engineering Construction Corporation (Ccecc). Cette dernière a mis à disposition de «Falemé» une ligne de crédit de 100 milliards de francs Cfa. Et si pour ce premier projet de la Collectivité, le besoin de financement est d’environ 50 milliards de francs Cfa, le reliquat servira au financement des deux autres grands projets des Lébous, renseigne-t-on. Le projet, dont la pose de la première pierre est programmée pour le mois de juillet prochain en présence du chef de l’Etat, SMS, sera érigé sur un site situé au Parc à Mazout à la Cité Port (Colobane), en face de la Maison du Parti socialiste et à proximité de la Grande Mosquée Massalikoul Djinane, sur une superficie de 5,4 hectares.
Me Mbaye-Jacques Ndiaye…
Du neuf dans l’affaire Arame Sow. Cette dame, pour rappel, a été le témoin clé qui avait enfoncé les jeunes de Colobane qui étaient jugés aux assises pour le meurtre du policier Fodé Ndiaye. Avant-hier, elle s’était retrouvée sur le banc des accusés dans une affaire de tentative d’escroquerie, poursuivie par un boutiquier. Lors de l’audience, elle avait accusé l’un des avocats de Cheikh Sidaty Mané alias «Gatuso» (un des déclarés meurtriers du policier et qui a écopé de 20 ans de travaux forcés) de l’avoir mise en mal avec le boutiquier qui la poursuit pour se venger de la lourde peine de prison dont a écopé son client. Une affaire jugée et mise en délibéré pour le 23 avril 2015. Eh bien ! Ses déclarations ont irrité Me Mbaye-Jacques Ndiaye, avocat de Gatuso.
…Se retourne contre…
Dans une lettre qu’il a envoyée, hier, au Président de la 1ère Composition du Tribunal des flagrants délits, l’avocat dit que «c’est avec indignation» qu’il a pu noter «les graves déclarations de la prévenue» qui a soutenu que «l’agent enquêteur aurait été son ex-amant et que celui-ci aurait été à l’origine de l’usurpation d’idendité» et qu’«un des avocats de Cheikh Sidaty Mané aurait été présent au moment de la commission des faits pour lesquels elle a été jugée et que précisément cet avocat serait à l’origine des poursuites». Selon Me Ndiaye, «de telles imputations inadmissibles et invraisemblables doivent faire l’objet d’investigations afin que nul n’en ignore».
…Arame Sow
D’autant plus, dit-il, que «le rôle de la justice est de faire éclater la vérité sur la base d’éléments sérieux et objectifs». Disant sa «désolation», Me Mbaye-Jacques Niaye, interpelle le Président de la 1ère Composition du Tribunal des flagrants délits : «je sollicite qu’il vous plaise, ordonner le rabat du délibéré et la réouverture des débats, en vue également de convoquer à la barre de votre juridiction, l’agent enquêteur que la prévenue a présenté comme son ex-amant». L’avocat rappelle d’ailleurs que «lors du procès d’Assises (des jeunes de Colobane), la prévenue déclarait que l’un des policiers était également son ex-amant».
Condoléances
Après avoir rendu visite, avant-hier, à Babacar Gaye, porte-parole du Pds, à qui il a présenté ses condoléances, suite au rappel à Dieu de sa mère, Ndamal Kajoor est allé compatir, hier, à la douleur d’un autre responsable libéral qui a récemment perdu son père. En compagnie de son N°2, Déthié Fall, et du député Thierno Bocoum, Mara Seck s’est rendu chez Mamadou Lamine Keïta. Sur place, confient nos machins, l’ancien «jardinier des rêves» de 3W a présenté ses condoléances au maire de la commune de Bignona qui a été très touché par cette visite.
Avocats de Rimka
Les avocats de Rimka Wade tiennent leur arrêté de condamnation. Le document qu’ils attendaient depuis le prononcé du délibéré par le juge Henri Grégoire Diop, le 23 mars dernier, leur a été remis hier par la Cour de répression de l’enrichissement illicite (Crei). Ce qui ouvre maintenant la perspective du dépôt du pourvoi en cassation devant la Cour suprême. Oumar Sarr, le Coordonnateur du Parti (ex)«dolécratique» sunugaalien (Pds) qui estime qu’«après un très long dilatoire, la Crei vient enfin de remettre l’expédition de l’arrêt du 23 mars aux avocats de (Rimka) ce jeudi 17 avril 2015», informe en conséquence de «l’annulation du sit-in ininterrompu prévu à partir du mardi 21 avril 2015 devant le siège de la Crei».
La SONATEL est une entreprise sénégalaise. Mais elle n'est pas que sénégalaise. Avec les 42% de France télécom, la société a aussi un autre visage. La preuve par les grosses pointures qui représentent la métropole dans le conseil d'administration.
"Le sens de notre combat, c'est de sauvegarder ce patrimoine, pour qu'il reste sénégalais et ne devienne pas français. C'est déjà trop qu'il ait 42 %, nous ne pouvons pas accepter qu'il ait plus. (…) En France, ces gens n'acceptent même pas que des étrangers entrent dans le capital. (…) La SONATEL (Société nationale des télécommunications) est un patrimoine national, tout comme France Télécom l'est pour la France". Ces propos tenus par Ibrahima Konté l'ont été lors d'une interview accordée au quotidien Wal fadjiri en avril 2009, au milieu de la bataille contre la francisation de la SONATEL.
L'ex-représentant du personnel au Conseil d'administration ajoutait dans ce même entretien : "L'État a du mal à contrôler France Télécom alors qu'elle n'a que 42%. Les Français font exactement comme la Royal Air Maroc avec Air Sénégal International. Quand il s'agit d'aller vers les marchés rentables, ils nous court-circuitent, nous concurrencent et y vont seuls. C'est l'exemple du Niger. Et depuis qu'ICATEL Mali leur a échappé, France Télécom a décidé d'aller seul dans la sous-région. Le jour où cette entreprise aura 52 %, elle va respecter qui ? Quelqu'un que vous ne pouviez pas arrêter quand il avait 42%, comment pourrez-vous le contrôler avec 52% ?"
Au Sénégal, on aime bien présenter la SONATEL comme une société nationale. La preuve, diront certains, le directeur est toujours un Sénégalais. Peut-être bien. Cependant, il y a lieu de se demander si France télécom est aussi une société sénégalaise. L'entreprise française est actionnaire à hauteur de 42%, donc actionnaire principal.
Et n'eût été l'opposition farouche des travailleurs de la société, l'ancien président Abdoulaye Wade l'aurait "offerte" à la France. N'empêche, la France est déjà bien présente comme l'a indiqué M. Konté. Elle assure la présidence du conseil d'administration en la personne de Marc Rennard. Ce dernier, 58 ans, est le patron de l'opérateur pour la zone Asie, Moyen-Orient et Afrique depuis 2006.
Outre le PCA, il y a Therry Breton. Il est un ancien Président directeur général de France Télécom. Cet ancien professeur de Harvard business school est également un ancien ministre français de l'Économie, des Finances et de l'Industrie. Il est aussi le PDG du géant Atos (27 000 emplois) et président du conseil d'administration de Bull.
Occupant la 18ème position sur les 124 patrons les mieux payés en France, il a encaissé 2 690 261 € en 2013. Comment ne pas se demander ce que ce poids lourd, officier de la légion d'honneur et commandeur de l'ordre national du Mérite, vient faire dans le conseil d'administration de la SONATEL. La réponse est dans les propos de M. Rennard.
Dans un entretien accordé à Jeune Afrique en juin 2012, le journaliste lui a demandé lesquelles des filiales africaines de France télécom sont les locomotives du groupe. Réponse : "Il n'y a pas de filiales anciennes qui ne soient pas très profitables. Je pense entre autres au Mali, au Sénégal, au Cameroun, à Maurice. Toutes les opérations datant d'avant 2003 ont atteint des niveaux de performance supérieurs à la moyenne".
Mieux, le PCA n'a pas hésité lui-même à qualifier le Sénégal et la Côte d'Ivoire de "deux plus gros pays d'Afrique de l'Ouest". Le Sénégal est donc au cœur du dispositif. Si l'on sait les difficultés que France télécom rencontre dans la métropole, on comprend bien pourquoi ses dirigeants tiennent tant à l'Afrique.
Marc Rennard : "Aucun risque d'investir dans les télécoms"
Il s'y ajoute que hormis les bons résultats actuels, et nonobstant quelques inquiétudes, l'avenir des télécoms est plus prometteur sur le continent qu'ailleurs. "La moitié de la population (africaine) a moins de 15 ans et elle va doubler d'ici à 2050. Celui qui investit dans les télécoms aujourd'hui n'a aucun risque de se tromper", avoue-t-il. En dehors de lui, il y a Hugue Foulon, directeur financier Afrique, Moyen-Orient, Asie de France télécom. Vient ensuite André Fabrice, directeur de la relation client de France télécom.
Enfin, il y a également l'ancien DG de la SONATEL Cheikh Tidiane Mbaye qui siège pour le compte de France télécom. Lui aussi est le PCA du groupe Orange service de Côte d'Ivoire. Comment Cheikh Tidiane Mbaye a pu siéger au CA pour le compte de la partie hexagonale ? Ça ne devrait pourtant pas surprendre. Quand le fils du magistrat Kéba Mbaye devait quitter son poste après 20 ans de services, le PCA Marc Rennard n'a pas tari d'éloges à son égard. Il a ajouté dans un communiqué envoyé à la presse : "Il continuera à apporter son expérience au Groupe France Télécom-Orange en tant que Conseil".
Côté État du Sénégal, il y a la Présidence, le ministère de l'Economie et des Finances, ainsi que l'Armée pour des raisons sécuritaires. Il est vrai qu'au-delà d'avoir la majorité avec lui, le Sénégal a tout intérêt à ce que cette entreprise soit en bonne santé (12% du PIB, 215 milliards dans les caisses de l'État en 2014, 40 000 emplois directs et indirects). Ce n'est pas pour autant que, dans le traitement, on doit oublier son autre visage français pour la considérer comme uniquement sénégalaise.
La mosquée Cheikh Oumar Foutiyou Tall de l'île de Gorée, victime de l'érosion côtière, va être sauvée de la destruction. La commune de Gorée, appuyée financièrement par le Qatar, a mis sur la table la somme de 11 milliards de F CFA, pour des travaux de réhabilitation débutés il y a un mois.
Selon un membre du service technique et environnemental de la commune de Gorée, Mamadou Diop, ces travaux vont prendre fin le mois prochain. "Le maire Augustin Senghor n'a attendu personne pour lancer les travaux. Depuis lors, il a lancé des appels aux investisseurs et bailleurs, et c'est l'ambassadeur du Qatar qui a bien voulu en premier nous soutenir", ditil. La collecte de fonds va continuer.
Mamadou Diop renseigne que la mosquée est restée quatre ans sans une seule construction, bien avant ce phénomène d'érosion côtière. D'ailleurs, ils sont confrontés à d'autres obstacles, vu que la mosquée est près de la montagne de Castel et qu'il y a souvent des roches qui tombent.
Profitant de l'occasion de la visite de l'ambassadeur du Qatar Ali Abdulatif Maslamani, l'imam de la mosquée, Hamdiatou Dia, a salué les efforts fournis par la commune et l'aide du Qatar. En ce qui concerne les autres projets, il espère le soutien du gouvernement.
En effet, la situation à Gorée est critique et des membres du gouvernement, le maire de Dakar Khalifa Sall, ont fait le déplacement pour constater les dégâts. L'imam lance un appel à l'ensemble des élites pour prêter main forte à la population de Gorée, surtout ceux dont les maisons sont en bordure du littoral.
ARAME "BANDIT" DANS LE COLLIMATEUR DES AVOCATS DES JEUNES DE COLOBANE
FAUX TÉMOIGNAGE DANS L'AFFAIRE DU POLICIER FODÉ NDIAYE
Rebondissement dans l'affaire du meurtre du policier Fodé Ndiaye qui a vu Cheikh Sidaty Mané et Cheikh Diop écoper de 20 ans de travaux forcés, lors des dernières assises. L'un des avocats du premier nommé a saisi le procureur de la République pour que le principal témoin de l'affaire, Arame Sow dite Arame Bandit, déjà en prison pour tentative d'escroquerie, soit poursuivie pour faux et usage de faux, escroquerie à jugement et usurpation d'identité.
Arame Sow dite Arame "Bandit" risque de payer pour les accusations qu'elle a proférées contre les avocats de Cheikh Sidaty Mané. Comparaissant mercredi dernier, devant la première composition du tribunal des flagrants délits de Dakar pour tentative d'escroquerie, la jeune fille a allégué que l'un des avocats des deux jeunes de Colobane condamnés pour le meurtre du policier Fodé Ndiaye était derrière son arrestation.
Arame Sow, dont le procès a été renvoyé lors de sa troisième comparution pour s'être présentée sous le nom de Ndèye Sokhna Diouf, a déclaré aux juges que la robe noire était présente lors de la commission des faits.
Accusée de s'être rendue dans une boutique pour acheter du jus et réclamer de la monnaie de 10 000 francs, alors qu'elle n'avait remis aucun centime au boutiquier, la prévenue a affirmé que la robe noire l'a accusée d'être coutumière des faits.
D'où son arrestation. Outre l'avocat, Arame "Bandit" a également accusé le policier enquêteur. A l'en croire, celui-ci était son amant et a sciemment écrit le nom de sa mère (Ndèye Sokhna Diouf) au lieu du sien.
Autant de déclarations jugées "très graves" par Me Mbaye Jacques Ndiaye. "De telles imputations inadmissibles et invraisemblables doivent faire l'objet d'investigations, afin que nul n'en ignore", écrit Me Ndiaye dans une correspondance adressée au juge ayant présidé l'audience de mercredi dernier.
En d'autres termes, le conseil de Cheikh Sidaty Mané sollicite un rabat du délibéré prévu le 23 avril prochain, ainsi que la réouverture des débats. Il souhaite la comparution de l'agent enquêteur. Me Ndiaye ne compte pas s'arrêter là.
Il a en effet saisi d'une plainte le procureur de la République pour le compte de Cheikh Sidaty Mané. L'avocat veut qu'Arame Sow alias Ndèye Sokhna Diouf soit poursuivie pour faux et usage.
Les conseils des deux jeunes de Colobane l'accusent d'être à l'origine de la condamnation de Cheikh Sidaty Mané dit Gattuso et Cheikh Diop dit Chris" à 20 ans de travaux forcés pour le meurtre du policier Fodé Ndiaye, tué lors des violences préélectorales de 2012.
Arame Bandit est en prison depuis une quinzaine de jours pour tentative d'escroquerie. Devant la barre, elle a affirmé avoir donné de l'argent pour acheter du jus Pressea. Si le parquet s'en est rapporté, le tribunal a mis l'affaire en délibéré pour le 23 avril prochain.
"THIÈS VAUT PLUS QUE 199 MILLIONS", SELON YANKHOBA DIATTARA
RÉPARTITION DES FONDS DE DOTATIONS DES COLLECTIVITÉS LOCALES
En marge de la cérémonie d'ouverture du séminaire du cercle des communicants en décentralisation, le premier vice-président du conseil départemental de Thiès, Yankhoba Diattara, a dénoncé l'amateurisme de l'État sur les fonds de dotations alloués aux départements. Et promet une riposte des présidents départementaux.
Le département de Thiès a reçu l'arrêté interministériel portant sur la répartition des fonds de dotations de la décentralisation.
Et selon le premier vice-président du conseil départemental de Thiès, Yankhoba Diattara, grande a été la surprise des élus locaux de Thiès, surtout les présidents des conseils départementaux, de voir que les dotations qui leur sont affectées ne pourront même pas couvrir les frais de fonctionnement de leurs institutions. Alors que ces dernières sont considérées comme un point nodal de l'acte 3 de la décentralisation.
"Pour le département de Thiès, nous n'avons reçu que 140 millions de fonds de dotations et 59 millions de fonds de concours pour l'investissement. Ce qui fait un total de 199 millions uniquement pour tout le département de Thiès qui compte 16 communes, une ville et 600 000 habitants", renseigne M. Diattara, qui s'empresse d'ajouter :
"Je pense que si Macky Sall avait misé sur l'acte 3 de la décentralisation pour apporter une plus-value au développement local, c'est raté, à cause de son manque de vision, d'engagement et de volonté politique mais également du manque d'orientation de son ministre de tutelle".
Poursuivant ses diatribes contre le pouvoir central, le premier vice-président du conseil départemental de Thiès informe que les présidents des départements sont en train de s'organiser pour apporter la riposte nécessaire.
Car dit-il, "ce n'est pas avec 199 millions que nous allons développer des départements qui sont aujourd'hui confrontés déjà à des problèmes de fonctionnement mais aussi à des problèmes d'investissements."
Pour sa part, le président du cercle des communicants en décentralisation, Ibrahima Ethia, fera savoir que son organisation a pour objectif d'informer en temps réel sur l'évolution de l'acte 3 de la décentralisation mais également d'avoir des informations par rapport aux territoires au Sénégal. Il souligne que le constat est qu'au niveau central, les journalistes n'ont pas trop d'informations concernant les collectivités locales ; pareil pour les partenaires aux développements surtout les nouvelles collectivités locales.
"C'est dans ce cadre que nous avons organisé ce séminaire pour élaborer un plan stratégique sur 3 ans". Lequel plan va permettre aux journalistes d'avoir une feuille de route et dérouler des activités.
"Nous avons prévu des sessions d'échanges et de renforcement de capacités à l'intention des journalistes. Aussi des tournées d'études au niveau des collectivités locales. Cela va nous permettre d'avoir le maximum d'informations sur les difficultés auxquelles sont confrontées les collectivités locales mais aussi leurs besoins pour ensuite les relayer au niveau central et auprès des partenaires au développement."
"IL FAUT OUVRIR LA POLITIQUE DE DÉCENTRALISATION AU PRIVÉ"
ALIOUNE NIANG MBAYE, DG DE L'INSTITUT AFRICAIN DE DÉVELOPPEMENT LOCAL
Selon le directeur de l'Institut africain de développement local, la réussite de la politique de décentralisation mise en œuvre par l'État devrait passer inéluctablement par une implication du secteur privé sénégalais. Pour Alioune Niang Mbaye qui s'est entretenu avec EnQuête en marge d'un séminaire de formation sur l'acte III de la décentralisation, celle-ci se heurte à plusieurs facteurs à la fois endogènes et exogènes.
Globalement, comment appréciez-vous la politique de décentralisation au Sénégal ?
J'ai l'habitude de dire qu'on a fait beaucoup de choses mais il reste encore beaucoup de choses à faire. A la première phase de la politique de décentralisation qui marque l'acte I, les principales forces qu'on avait, c'était une volonté de découpage du Sénégal en zones homogènes, c'est-à-dire les zones de terroir, les zones urbaines, les zones classées et les zones pionnières. On avait au moins réussi quelque chose de fabuleux, c'était de comprendre que l'activité agricole doit se développer sur telle partie du territoire, le développement urbain devait se réaliser à partir de telle circonscription.
Ça, c'était bien. Mais surtout comme point fort, il y avait la création des communautés rurales pour mettre en exergue des principes sociologiques, c'est-à-dire les liens de voisinage, de parenté et les liens socio-économiques ont été mis à contribution pour qu'on ait des espaces d'expression de développement. Mais il faut reconnaître qu'on avait trop concentré nos efforts sur le monde rural et laissé en rade le monde urbain. Voilà la faiblesse de l'acte I.
Qu'en est-il de l'acte II ?
L'acte II était bien. Nous avons créé la région en tant qu'ordre de collectivité locale, on a peaufiné les compétences, on a mis en exergue une définition du champ d'application de la décentralisation pour chaque collectivité locale. Mais la contrainte majeure de cette réforme, c'est que la région n'avait pas de ressources propres. C'est cela qui fait que l'acte II a été un échec, il faut le reconnaître. On n'a pas peaufiné les textes pour que les régions puissent avoir des ressources propres. Or, une collectivité locale existe lorsqu'elle a une personnalité juridique. Ça, c'est du ressort de l'État.
Et pour l'acte III ?
L'acte III de la décentralisation en est encore à ses débuts. Pour le moment, on ne peut parler ni de réussite, ni d'échec. Mais on peut identifier les risques.
Quels sont ces risques ?
Le premier risque, c'est une mauvaise définition du territoire des collectivités locales. Parce que si on veut réussir la décentralisation, il faut une maîtrise des territoires et que l'on puisse apporter une clarification sur le territoire lorsque le territoire de la collectivité locale correspond au territoire de la circonscription administrative. Il faut essayer de réfléchir sur cela.
L'autre risque qu'on a, c'est la faiblesse des ressources. J'ai personnellement peur qu'on crée des départements et que les départements n'aient pas de ressources propres. Le risque, c'est aussi l'inexistence d'un cadre général de concertation des acteurs tant au niveau national qu'au niveau des territoires.
Y'a-t-il d'autres risques ?
Il y a également un autre risque lié au turn-over trop fort au niveau des conseils municipaux et départementaux. Un renouvellement du personnel qui peut toucher dans certaines collectivités locales 80 à 100%. Donc de nouveaux acteurs qui ne maîtrisent pas les textes. Il y a des efforts sérieux à faire dans ce domaine. Il y a également le risque de clonage de la politique entre des acteurs classiques. C'est pourquoi il urge de diversifier les acteurs.
Je rêve qu'on ait aujourd'hui dans la politique de décentralisation une forte présence du privé. Aujourd'hui, quand on veut matérialiser la formation, qu'on le veuille ou non, l'État n'a pas de centre spécifique pour la formation des élus locaux et des fonctionnaires locaux. Il faut associer le privé. Mais le facteur nécessaire pour associer le privé, c'est la mise en place de cadre permettant aux journalistes, à la société civile, d'évaluer les politiques et de proposer des solutions, mais pourquoi pas de catalyser des propositions des populations.
On parle de territorialisation des politiques publiques, mais ce sont des œufs avec une coquille sans jaune et blanc d'œuf. Il faut clarifier ces concepts mais pas de manière académique, pour que les gens comprennent quel devrait être l'engagement des populations, du secteur privé, de l'État, des organisations communautaires de base. Il faut définir des niveaux d'engagement et de participation.
Parce que sans cela, nous aurons des acteurs qui vont se regarder sans pouvoir agir ensemble. Nous disons aussi que dans le cadre de la territorialisation des politiques publiques, il faut diversifier les activités. Aujourd'hui au Sénégal, on mise trop sur l'agriculture, on parle peu d'industrialisation. Comment pourrons-nous nous développer si nous développons un système agricole sans mettre en place un système industriel.
Je pense que dans le cadre de la définition des pôles de développement économique, il faut obligatoirement une diversification au niveau de l'économie avec des activités agricoles, des activités artisanales et industrielles. Il faut qu'on réfléchisse sur ce que j'appelle le pluri acteur et la pluri-activité. Dans le Sine Saloum par exemple, on peut miser sur l'agriculture. Mais dans l'Est, est-ce qu'on devrait miser sur l'agriculture en tant que secteur économique pilote devant enclencher le processus de développement économique ?
Que préconisez-vous en tant qu'acteur du secteur ?
Il faut qu'on s'accorde à reconnaître que l'ensemble des acteurs de la politique de décentralisation doit travailler pour une réinstauration d'un climat de confiance. Aujourd'hui, nous allons réussir très difficilement la politique de décentralisation s'il n'y a pas un climat de confiance entre ceux qui dirigent et ceux qui sont administrés. Il sera difficile de bien dérouler la politique de décentralisation.
Il faut travailler à cela en mettant en place le développement de valeurs d'éthique. Il faut qu'aujourd'hui le décideur soit perçu par la population comme un acteur qui est venu le servir. Je suis entièrement d'accord avec le président de la République quand il s'acharne sur la restauration de l'État de droit, la bonne gouvernance, l'Ethique et la transparence.
Est-ce que les collectivités locales ont une maîtrise de l'environnement dans lequel se meut la politique de décentralisation ?
L'environnement est un aspect très important dans la politique de décentralisation. Quand les acteurs doivent évoluer sur le plan économique ou politique, il est important qu'ils connaissent l'environnement dans lequel se meuvent leurs activités. Cet environnement est complexe, très mutant et très changeant. Par exemple, le Sénégal est aujourd'hui dépendant de l'environnement technologique.
Or, il ne faut pas aujourd'hui que nos économies soient trop dépendantes. D'où l'intérêt de maîtriser l'environnement. Mais l'aspect important, c'est l'environnement socioculturel. Aujourd'hui, si on veut reformater, transformer les mentalités, il faut une analyse sérieuse de nos valeurs sociales et culturelles pour comprendre un peu quelles sont les mentalités qu'il faut extirper pour mettre en place un nouveau type de Sénégalais. Parce que dans notre politique de décentralisation, il y a des facteurs qui bloquent le développement.
Parmi ces facteurs dont vous parlez, n'y a-t-il pas le problème de maîtrise de nos territoires par les élus locaux ?
Quand on fait un découpage administratif, on parle ici d'un territoire de la circonscription administrative. Mais des fois, il y a un chevauchement entre le territoire de la collectivité locale et le territoire de la circonscription administrative. Tous les acteurs ayant le même champ d'espace, on devrait certainement délimiter les champs d'action. La délimitation des champs d'action permettra de comprendre comment exercer une compétence ou une stratégie de développement. Aujourd'hui, si les territoires ne sont pas bien maîtrisés, on aura beaucoup de conflits fonciers.
Idrissa Seck aussi insaisissable que son maître Abdoulaye Wade. Alors qu'on pensait que tous les ponts étaient coupés, voilà donc que l'ex-fils banni du Pds s'invite dans le cercle "intime" de Wade.
Hier, pendant qu'il présentait ses condoléances à Mouhamadou Lamine Keïta, (au domicile de ce dernier à Sacré Cœur,) qui a récemment perdu sa mère, Idrissa Seck, (accompagné de Déthié et de Thierno Bocoum) a beaucoup disserté sur les retrouvailles de la famille libérale.
En présence de jeunes cadres du Pds dont Khafor Touré, Abdoulaye Sow, Pascal Badji et Pape Birame Ndiaye ancien député, ancien Sg du MEEL, de responsables politiques de Bignona, il a déclaré que rien ne l'a jamais opposé à Me Wade si ce ne sont deux choses : la dévolution monarchique du pouvoir et le troisième mandat qu'il a voulu s'octroyer.
Sinon, pense-t-il, Me Abdoulaye Wade "a du génie". Idrissa Seck estime qu'il a de la vision et qu'il a réussi à donner au pays une envergure qu'il ne pouvait espérer avec l'OCI et le NEPAD. Mais le jeu ne s'est pas arrêté au seul Wade.
Au total, pense-t-il, les services qu'il a rendus au pays compensent largement le tort qu'il a causé au Sénégal. Il a été question aussi des années qui ont précédé la prise du pouvoir en 2000 par le PDS.
A ce propos, le président de REWMI s'en ira louer le rôle que la génération des Keïta, Khafor, Badji et Sow a joué. Des souvenirs ont ainsi été exhumés, alors que ces derniers étaient à l'époque, étudiants à l'Université Cheikh Anta Diop de Dakar.
Il les a invités à parachever, même sans lui, la réconciliation de la grande famille libérale. Il faut dire que l'axe des jeunes cadres du PDS, organisé autour de la Fédération nationale des cadres libéraux (FNLC) est politiquement assez intéressant, dans le cadre de la recomposition qui s'annonce inévitablement…
BATHIE SÉRAS ET AMINA NGUIRANE ENTENDUS AU FOND LE 29 AVRIL PROCHAIN
Les choses bougent dans les multiples dossiers d'information qui ont expédié plusieurs libéraux en prison, pour atteinte à la sûreté de l'État.
Du moins pour le dossier impliquant le lutteur Samba Sow alias Bathie Séras et la coordinatrice du mouvement Karim Horizon 2017, Aminata Thiam dite Amina Nguirane.
Les deux inculpés seront en effet auditionnés au fond le 29 avril prochain par le juge du 2ème cabinet d'instruction. Bathie Séras et Amina Nguirane ont été placés sous mandat de dépôt le 20 mars dernier.
C'était à trois jours du verdict du procès Karim Wade. Une période tendue avec les menaces du Parti démocratique sénégalais (Pds) de déstabiliser le pays en cas de condamnation du fils de l'exprésident Wade.
C'est dans ce contexte que les deux inculpés ont été arrêtés et écroués pour atteinte à la sûreté de l'État. La jeune libérale est accusée d'avoir recruté le lutteur chargé à son tour de recruter des nervis en vue de commettre des casses.
Selon les enquêteurs, Amina Nguirane avait à cet effet remis la somme de 2 millions au lutteur. Mais Bathie Séras l'a contesté, confiant que la demoiselle ne lui avait remis que la somme 25 000 francs pour le dépanner.
Le Lutteur aurait aussi confessé qu'il a eu des tête-à-tête avec certains leaders du Front patriotique pour la défense de la République (FPDR), sans aucune précision.
PAR L'ÉDITORIALISTE DE SENEPLUS, SALIOU GUÈYE
NON M. LE PRÉSIDENT !
Macky Sall a fait preuve de reniement d’un principe qui a présidé au choix des électeurs qui l’ont installé au pouvoir le 25 mars 2012. Il s’agit de l’éthique et de la morale qui récusent la transhumance
Saliou Guèye, Éditorialiste de SenePlus |
Publication 18/04/2015
Dans l’émission Perspectives 2012 de Walf TV, Pierre Edouard Faye, accompagné de Georges Nesta Diop, demandait au candidat de Bennoo Bokk Yaakaar et de Macky 2012, si son appel aux autres forces politiques pour assurer la victoire au second tour, ne favorisait pas déjà la transhumance. Macky Sall répondait sans circonlocution en ces termes : «Ce n’est pas la transhumance dès l’instant que des gens viennent avant la victoire. On a tendance à dire, très souvent, que lorsque les rats quittent le navire, c’est que le naufrage est imminent. Les gens qui viendront avant la victoire, qui vont se battre, seront accueillis. Certes ils sont venus tardivement mais ils sont venus, même si c’est à la 25e heure. Mais je les respecte. Ce qui est déplorable, c’est le fait que certains attendent que d’autres se battent et gagnent pour venir les bousculer. Cela est inacceptable. La porte ne leur sera pas fermée, mais ils seront derrière, à la queue. Ils attendront le temps que cela nécessitera pour faire leur parcours de combattant dans les rangs. On ne peut continuer à faire la transhumance telle qu’elle se fait aujourd’hui. Il faut mettre de l’éthique dans tout cela. Il faut que les gens reviennent aux valeurs. Nous ne pouvons pas changer positivement notre pays dans le ‘boul falé, le masla’ où chacun fait ce qu’il veut et après on tapote entre camarades et c’est fini. »
Cinq jours après la victoire de Macky Sall à la présidentielle de 2012, Alioune Tine, l’alors coordonnateur de la Raddho, a félicité vivement le Président nouvellement élu en lui rappelant qu’au chapitre des pratiques politiques récusées par l’éthique, la morale, et dénoncées par l’ensemble des parties prenantes aux Assises nationales ou au M23, et par l’opinion publique sénégalaise, figure en bonne et due place «la transhumance». Et cette pathologie politique y est définie comme une «abomination politique, un acte opportuniste de lâcheté politique pour ceux qui s’y adonnent et, surtout, un acte de complaisance coupable pour ceux qui l’acceptent et qui accueillent ses auteurs». C’était pour lui signifier qu’il faut bannir, durant son magistère, cette pratique politique abjecte de nos mœurs politiques.
En recevant les journalistes des groupes de presse GFM, D-Média et la RTS à la fin de sa tournée politico-économique à Kaffrine, le 16 avril, le chef de l’Etat a fait preuve de reniement d’un principe fondamental qui a présidé au choix des électeurs qui l’ont installé au pouvoir le 25 mars 2012. Il s’agit de l’éthique et de la morale qui récusent les mauvaises pratiques en politique telle que le changement d’allégeance partisane, trivialement appelé transhumance.
Interrogé sur la transhumance à outrance qui s’opère depuis un certain temps au sein de l’Alliance pour la République (Apr), le président Macky Sall, courroucé, a plaidé pour le respect de la dignité des transhumants. Sauf que ces éternels bergers ayant une boussole à la main et une calculatrice dans la tête et allant de pâturage en pâturage pour brouter n’ont pas de dignité. Sauf que ces adeptes de reniements, de revirements, de ralliements qui trahissent les idéaux de leur parti pour rejoindre la mouvance présidentielle avec l’espoir de paître dans ses pâturages plus fertiles constituent des anti-modèles, des parangons de contre-vertus.
Trois ans après le flétrissement sans aménités de la transhumance, le candidat devenu président semble amnésique au point de faire l’apologie de la transhumance. En quelque sorte, le pourfendeur de cette transmutation élève au rang de valeur cette prostitution politique qui détonne avec l’éthique républicaine, et bénit ce cancer qui se métastase dans le corps politique sénégalais. Mais l’ordure ne deviendra jamais de l’or à moins que le chef de l’Etat, alchimiste, dispose d’une pierre philosophale pour transmuer les déchets politiques en modèles politiques vertueux. Jamais en politique, la vertu ne deviendra pathologie et jamais la pathologie ne deviendra vertu. Ainsi soutenir que la transhumance ne sied pas à ses nouveaux ralliés, c’est ramer à contre-courant des valeurs qui fondent l’action politique.
Les grands principes, l’attachement idéologique, les convictions politiques demeurent toujours la pierre angulaire de l’action politique. La probité, l’honnêteté scrupuleuse et le désintéressement le plus total sont bien le minimum attendu de ceux qui détiennent le pouvoir ou s’opposent au nom du peuple. L’intérêt des politiciens transhumants dépourvus de morale n’est pas dans la défense des idéaux qu’ils prétendent porter mais dans la satisfaction de leurs instincts bassement alimentaires. Ainsi on voit un tel grand responsable politique renier sa profession de foi et déchirer ses oripeaux idéologiques pour aller se jeter dans les bras souvent du parti au pouvoir prébendier pour jouir de strapontin ou de maroquin ou pour échapper au glaive de la justice.
Ainsi un transhumant-transmutant libéral comme Adama Bâ, sans faire les rangs, comme énoncé par Macky Sall dans l’entre-deux tours, a brûlé les étapes et a été récompensé respectivement du poste de président du conseil d’orientation de la plateforme de Diamniadio. Awa Ndiaye, au prix de sa transhumance, échappe au glaive de la justice et bénéficie d’un non-lieu alors qu’un rapport de la Cour des comptes avait épinglée sa gestion lorsqu’elle était ministre de la Femme et de la Famille. Il ne serait pas surprenant que les néo-transhumants, en l’occurrence Abdou Fall, Bécaye Diop, Sitor Ndour, prennent part très prochainement au festin présidentiel.
Pour cette race de politiciens, il faut toujours être là où il y a à manger à satiété et à boire à suffisance. Evidemment, pour les transhumants, il faut toujours aller là où il fait bon vivre, se mettre en sécurité en restant du côté du pouvoir en place. La faim des transhumants justifiant leurs moyens peu orthodoxes, diantre pourquoi s’embarrassent-ils de convictions idéologiques superfétatoires ?
Ces hommes ou femmes politiques, toujours prêts à tenir des discours lénifiants, thuriféraires pour entrer dans les bonnes grâces du Prince. Leur posture est toujours une imposture parce qu’ils sont toujours prêts à un retournement de veste dès qu’un changement de régime intervient. Ils n’hésitent pas à adorer ce qu’ils abhorraient hier.
Avec tous les qualificatifs dévalorisants de la transhumance, le président de la République, obnubilé par la massification de son parti, peint ceux qui ont troqué leurs convictions politiques pour des passe-droits sous la même couleur que ces hommes et femmes politiques qui sont restés dignes, dans le pouvoir comme dans l’opposition, et qui ont fait de l’éthique et de la morale, les principes sacro-saints de l’action politique.
Les transhumants trainent une maladie incurable, une tare congénitale qui ne trouvent leurs sédatifs que dans la jouissance et les ors du pouvoir qui les plongent dans le nirvana. Dès lors vouloir lustrer et l’élever à l’échelle des valeurs qui régissent les partis la transhumance devient une opération démagogique et sisyphéenne.
Les Marocains, conscients du danger de la pratique malsaine du nomadisme politique, ont constitutionnalisé son interdiction en son article 61. Au Sénégal, c’est le même modus operandi. L’article 60 de la Constitution de la République ainsi que l’article 7 du Règlement intérieur de l’Assemblée nationale stipulent que «tout député qui démissionne de son parti en cours de législature est automatiquement déchu de son mandat». Suffisant pour que le président de la République, clé de voûte des institutions, soit à l’avant-garde de ceux qui combattent ce cancer qui continue de défigurer notre corps politique.