Le Grand cadre de l’enseignement a déterré la hache de guerre et s’engage en ordre de bataille pour le respect de sa plateforme revendicative à travers des séries de débrayages et de grèves.
Il est regrettable de voir ces perturbations s’ériger en tradition. En effet, il est devenu rare de vivre une année scolaire sans crise dans ce pays. Cela est d’autant plus vrai que les autorités s’entêtent à faire la sourde oreille en privilégiant d’autres agendas au détriment des syndicats dont les préavis de grève ne sont plus synonymes d’ouverture de négociations sérieuses.
En conséquence, les organisations syndicales sont contraintes, pour se faire entendre, de recourir à leur ultime arme : les débrayages et les mouvements de grève qui, sans aucun doute, ne plaisent pas au Peuple. Malheureusement, nos concitoyens ne prennent pas le soin de s’informer sur les revendications avant de condamner ou de culpabiliser les enseignants.
Or, Dieu sait qu’ils n’ont pas toujours tort face à des autorités qui, délibérément, préfèrent le pourrissement à la place du respect des accords dûment signés entre responsables.
Une telle attitude des autorités amène les enseignants à comprendre qu’ils n’auront gain de cause qu’au prix d’une lutte hardie dans la cohésion et la détermination, quelles qu’en soient les conséquences.
A la sempiternelle revendication du respect des accords, l’Etat semble avoir trouvé une parade qui consiste en des lenteurs administratives excessives et inadmissibles qui retardent les traitements des dossiers relatifs à la carrière des enseignants sur plusieurs années. Personne n’est épargné.
C’est ce qui explique la forte mobilisation jamais réussie derrière les mots d’ordre déclenchés par le Grand cadre des syndicats de l’enseignement. Ainsi, dans un élan fédérateur et mobilisateur, il compte combattre cette anomalie et cette injustice jusqu’à ce que l’Etat remette les uns et les autres dans leur droit.
On peut ne pas être d’accord sur la pertinence d’une grève. On peut aussi polémiquer et ne pas s’entendre sur le niveau de réalisation des points d’accord d’une plateforme revendicative, mais on peut tout de même comprendre que les enseignants soient à bout lorsqu’on joue avec leur carrière jusqu’à hypothéquer leur avenir. Car c’est de cela qu’il s’agit.
A titre d’exemples, on a une pensée pieuse pour tous ces maîtres ou professeurs contractuels décédés, laissant derrière eux une famille sans aucun dédommagement de l’Etat. On peut ajouter le préjudice moral, financier et statutaire causés à l’enseignant pour avoir retardé, des années durant, sa promotion qu’il risque de perdre, si jamais il décède avant la régularisation. Que dire du brave retraité sevré de salaire et sans pension pendant plusieurs mois après de loyaux services rendus à la Nation ?
Ce qu’il faut malheureusement constater pour le déplorer, c’est qu’en dehors des lenteurs occasionnées par les remaniements ou réaménagements ministériels et les éventuels rejets devant nécessiter la reconstitution d’un nouveau dossier, la plupart des dysfonctionnements supposés relevant de lenteurs administratives sont volontairement créés.
Madame le ministre de la Fonction publique, de la rationalisation des effectifs et du renouveau du service public a laissé entendre, lors d’une rencontre entre le gouvernement et le Grand cadre des syndicats de l’enseignement, son impuissance face aux lenteurs administratives malgré le temps qu’elle consacre à signer des actes. C’est parce qu’elle ne se rend pas compte que les dossiers qui sont soumis à sa signature n’auraient pas dû être sur sa table.
Autrement dit, par des pratiques peu orthodoxes de certains agents, on met de côté ou on fait traîner d’anciens dossiers au profit d’autres, plus récents, mais considérés comme des «cas» et devant faire l’objet de traitement spécial pour diverses raisons : clientélisme, laxisme, propagande syndicale ou pour des raisons pécuniaires.
Pourtant, certaines autorités sont régulièrement informées de ces goulots qui étranglent notre Administration à l’occasion des audiences qui sont accordées aux responsables syndicaux et par le biais de correspondances. Des coupables sont même identifiés, mais rien n’y fait. Le mal persiste.
Le mal de notre Administration, c’est l’absence de contrôle sérieux des agents dans l’exercice de leurs fonctions. Les chefs de service ne se préoccupent guère de la régularité et de la ponctualité de leurs agents, encore moins de l’exécution des tâches. Les directeurs ne reçoivent pas de compte-rendu fidèle et exhaustif de la marche du service. C’est pourquoi il n’est pas étonnant d’entendre un ministre dire qu’il n’est pas au courant d’une situation décriée dans son ministère.
Nonobstant tous ces sabotages de l’Administration, il est heureux de constater qu’en réaction aux plans d’actions du Grand cadre des syndicats de l’enseignement, le ministère de la Fonction publique ait sorti un calendrier «d’opération coup de poing» pour le traitement des dossiers et la sortie des actes.
Que cela se réalise et perdure. La même réaction est attendue des autres ministères, principalement du côté du ministère de l’Economie, des Finances et du Plan en attendant l’effectivité de la dématérialisation des actes administratifs tant annoncée pour définitivement mettre fin aux lenteurs et aux lourdeurs administratives.
UN TALENT DU REGGAE ROOTS MARINÉ À LA MUSIQUE DIOLA
Ils n’ont fait que deux concerts, mais les membres du groupe Kkdv sont prêts à faire découvrir au monde entier, leur reggae mâtiné d’Ekonkone. Nous avons rencontré Léon, l’un des deux compositeurs, sur son île de Karabane, en Casamance.
Léon regarde la mer. Assis à la porte de son bar, les pieds dans le sable de la plage de son île natale de Karabane. Il profite de la douceur du soir, de l’air porté par les bolongs. A quoi songe-t-il Léon, en attendant les clients ? A sa guitare sûrement, à son groupe de musique. Depuis 2008, cet artiste est l’un des meneurs de Kkdv, une formation de reggae composée de quatre Casamançais. Kkdv pour «Karabane Kanene Dépôt de Vibration», en référence au local de musique sur l’île dans lequel les créations du groupe prennent vie.
«Nous sommes deux à composer : Paul, le batteur, et moi. Paul travaille à Ziguinchor. Dès que l’un de nous écrit les bases d’une chanson, on s’appelle, et Paul débarque à Karabane pour peaufiner le titre au local», explique Léon. Les deux compères ne possèdent pas une grande expérience dans le monde de la musique, mais ils peuvent compter sur le bassiste et le guitariste soliste du groupe.
Clotaire et Samuel sont des musiciens accomplis, le dernier officiant d’ailleurs dans le fameux «New Casamance Band». C’est en les regardant jouer dans des festivals de la région que Léon et Paul ont fait leur connaissance en 2005. «Dès que la composition d’une chanson est terminée, nous allons à Ziguinchor où Clotaire possède un studio, puis nous enregistrons tous ensemble», précise Léon.
Un Cd de 8 titres dans les tiroirs
Avec son grand bonnet vert jaune rouge, le chanteur ne laisse pas de doute sur le style musical de son groupe : «Nous faisons du reggae roots, bien à l’ancienne quoi !», annonce Léon avec un sourire fier. Mais la formation inclut dans sa cuisine jamaïquaine, des épices bien locales.
«De mes grands-parents, je possède un fort héritage de musique traditionnelle diola. Or, il se trouve que l’ékonkone ressemble beaucoup au reggae. On tente de mélanger les deux, pour rendre la musique diola internationale comme le reggae, prophétise-t-il. On chante déjà en diola, maintenant on cherche à remplacer la batterie par un bonbolong, le tambour diola géant. Mais ça pose problème pour le transport !»
Les thèmes abordés dans les paroles sont eux aussi issus de la culture d’origine du compositeur. «Dans les musiques traditionnelles, toute chanson porte un message. On reprend cela, mais en rajoutant des références à la vie actuelle, à ce que les gens vivent au quotidien, explique Léon. Nos parents, on ne vit plus comme eux.
On chante pour dire aux gens que, malgré le système moderne, malgré le matérialisme, les drogues ou la prostitution, il ne faut pas oublier la culture et le passé. Nos thèmes sont une forme de sensibilisation, on dit : «Ce n’est pas ça qui fait la vie ! ».»
Kkdv n’a fait pour l’instant que deux concerts, l’un à Karabane, l’autre à Ziguinchor. Actuellement, l’objectif est de trouver un promoteur et surtout de sortir le Cd de 8 titres qui patiente secrètement dans les tiroirs des membres du groupe.
«C’est un parcours du combattant pour acquérir les droits d’auteurs. Ils sont très chers !», critique Léon. Alors que le soleil se couche sur l’île casamançaise, les beaux jours du reggae sur Karabane commencent déjà à se lever.
PAR KADIALY GASSAMA
LE CHEMIN D’EDEN POUR LA RÉDUCTION DE LA DURÉE DU MANDAT PRÉSIDENTIEL
La vraie question que les Sénégalais devraient se poser est de savoir pourquoi snober pendant trois ans la représentation populaire pour corriger une anomalie juridique, sans coup férir pour la démocratie, l’ordre constitutionnel et nos finances
Si la volonté politique de réduire la durée du mandat présidentiel de sept à cinq ans est réelle pour respecter un engagement électoral ferme plusieurs fois réaffirmé solennellement et, si nous sommes d’accord que le Conseil constitutionnel dans son avis sur la modification de la durée du mandat par le Parlement en 2010 n’avait pas rendu obligatoire le référendum, pourquoi alors solliciter à nouveau le peuple pour qu’il se reprononce sur la même question ? Le Conseil constitutionnel est le juge de l’interprétation des lois.
Son avis favorable sur la constitutionalité de la loi modifiant la durée du mandat présidentiel de cinq à sept par le Parlement en 2010 fait force juridique. En effet, la Constitution de 2001, en son article 27 combiné à l’avis du Conseil constitutionnel, peuvent servir de base juridique valable pour justifier le recours au Parlement afin de corriger une cé- sure juridique introduite dans le corpus juridique sénégalais par le Président Wade.
L’utilisation de la voie parlementaire pour réduire le mandat présidentiel est d’autant plausible que nous nous trouvons dans un contexte politiquement chargé, à la veille d’échéances électorales capitales (présidentielle et législatives de 2017) sur fond de rareté de ressources financières. Or, il s’agit de replacer simplement la durée du mandat présidentiel dans sa norme originelle de cinq ans, telle que pratiquée depuis la Constitution de 1963 et réaffirmée par le peuple en 2001.
La vraie question que les Sénégalais devraient se poser est de savoir pourquoi snober pendant trois ans la représentation populaire qui est le chemin légitime le plus court pour corriger une anomalie juridique, sans coup férir pour la démocratie, l’ordre constitutionnel et nos finances publiques ?
La voie parlementaire pour la modification de la durée du mandat présidentiel est d’autant rationnelle et cohérente qu’elle emporta l’adhésion de toute la classe politique, à la suite d’un tripatouillage orchestré par le Président Wade en 2010, lequel tripatouillage grossier avait amené tous les candidats à l’élection présidentielle de 2012 à prendre l’engagement ferme de remettre la chose à sa place dès les premiers moments de la victoire.
C’est dire que la jurisprudence du Conseil constitutionnel relative à l’avis favorable de constitutionalité de la loi modifiant l’article 27 de la Constitution en 2010, constitue une base juridique sérieuse pour utiliser la même voie parlementaire afin de remettre la norme à son état originel et, au surplus, la réponse du peuple par un plébiscite en faveur du mandat de cinq ans en 2001 en assure la légitimation populaire.
Nous nous souvenons que, en début de mandat de la nouvelle législature, tous les moyens politiques étaient mis en ouvre pour dissoudre le Sénat ou voter en procédure d’urgence une réforme majeure du code des collectivités locales. Qui peut le plus, peut le moins !
De toutes les manières, il vaut mieux faire deux mandats de cinq ans en misant sur ses propres forces que de faire un seul mandat difficile de sept ans en bafouant l’éthique et l’esprit démocratique, car le pouvoirisme est en inadéquation avec l’évolution politique du Sénégal actuel et mène inévitablement à des manipulations anti-démocratiques, ré- trogrades et contreproductives. Si bien que le démocrate, dans un système normal, ne doit pas craindre ou avoir peur du verdict du suffrage universel, quel que soit le moment.
Pour l’éthique, la démocratie et la cohérence, BBY devrait prendre très vite cette question essentielle en charge, afin de réunir les conditions de mettre la nation en harmonie avec sa propre histoire politique et la pratique mondiale et de sauvegarder ainsi une dé- mocratie égratignée par l’impré- cision d’un calendrier électoral, préjudiciable au développement économique et à la stabilité.
LE PDS SOUPÇONNE UN TRIPATOUILLAGE DE L’ARRÊT DE LA CREI
Après avoir annoncé un pourvoi en cassation suite à la condamnation de Karim Wade à 6 ans de prison, le Parti démocratique Sénégalais (Pds) et ses alliées du Front pour la défense de la République, ont fait face à la presse hier pour dénoncer la lenteur noté chez le greffier de la Cour de répression de l’enrichissement illicite (Crei) sur la délivrance de l’arrêt en question. Ils soupçonnent des retouches préjudiciables à Wade fils
L’arrêt rendu par la Cour de répression de l’enrichissement illicite (Crei) condamnant l’ancien ministre d’Etat, Karim Wade, est en train d’être modifié par des juristes. Ce sont les responsables du Parti démocratique Sénégalais (Pds) qui ont fait la révélation hier.
En conférence de presse, le Pds et ses alliées du Front pour la dé- fense de la République (Fndr) ont manifesté leur indignation face à la rétention dudit arrêt au niveau du greffe de la Crei.
Selon le coordinateur du parti, Oumar Sarr, la question n’est porte plus sur le lieu où se trouve le document tant attendu, mais sur son contenu. «Vous savez avant même que la condamnation de Karim Wade ne soit rendue, le jour du délibéré, certains journalistes détenaient déjà la copie de l’arrêt.
Et d’après nos sources, le contenu de l’arrêt de la Crei est en train d’être modifier par des juristes », révèle Omar Sarr, le coordinateur de la formation politique de Me Abdoulaye Wade. Mamadou Diop Decroix a, pour sa part, appelé ces camarades à comparer l’arrêt qui sera rendu par le greffe de la Crei avec celui que le juge, Henri Grégoire Diop avait lu le jour du délibéré.
« Nous devons être logique, car un arrêt que la Crei devait nous rendre automatiquement est toujours en attente. Mais nous disons à l’opinion publique que nous avons déjà l’enregistrement ainsi que la copie distribuée à une partie de la presse.
Et nous allons minutieusement les comparer. Car, ça sent la magouille», prévient le coordinateur du Front pour la dé- fense de la République, Mamadou Diop Decroix. Pour rappel, l’arrêt rendu par la Cour de répression de l’enrichissement constitue un élément de taille pour que la défense de Karim Wade espère que son pourvoi soit déclaré recevable devant la Cour suprême.
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ÉTATS-UNIS: UNE VOITURE DE POLICE PERCUTANT UN PIÉTON ARMÉ
La police de l'Arizona a rendu public des images montrant un véhicule de patrouille renverser volontairement par derrière un homme armé, avant de terminer sa course encastré dans un mur. Le policier et l'homme renversé ont tous deux survécu à la collision.
La condamnation de l’ancien ministre des Transports Aé- riens, Karim Wade s’est invité à la conférence de presse animée, hier, par le président de la République.
Interpellé sur l’éventualité d’utilisation de la grâce présidentielle pour faire libérer le fils de son prédécesseur, Macky Sall n’a pas voulu s’épancher sur ce sujet. Pour cause, explique t-il, l’affaire est toujours pendante devant les juridictions.
«La procédure n’est pas encore terminée. La Cour de ré- pression de l’enrichissement illicite (Crei) a délibéré. Mais, je me suis renseigné, le juge à un délai d’un mois pour délivrer l’arrêt de la Crei. J’ai moi-même demandé à quelqu’un qui connaît le droit, au Garde des sceaux, Ministre de la justice. Je pense que la Crei va délivrer le document aujourd’hui ou demain (ce vendredi).
Après la défense fera son pourvoi devant la Cour suprême. En attendant, vous comprendrez que je ne pourrai en parler. Mais, sachez que la grâce est un artifice qu’on ne marchande pas. On ne doit pas en discuter ici. Nous avons gracié plusieurs détenus, il y a quelques jours, lors de la fête de l’indépendance, mais personne n’en parle», a expliqué Macky Sall.
En ce qui concerne les accrochages notés dans la région Sud du pays entre éléments pré- sumés appartenir au Mouvement des forces démocratiques de la Casamance (Mfdc) et la dernière sortie de son homologue de la Gambie, le président de la République s’est montré très prudent et très diplomatique.
Relativement à la Casamance, il a demandé à la presse d’être plus républicaine. «Vous ne devez pas être le relais des fossoyeurs de la paix. Nous essayons de donner des réponses concrètes à cette question. On ne peut pas la traiter comme une simple actualité. Il y va de la sécurité de nos soldats, des populations», a-t-il dit aux journalistes. Pour ses relations avec le président du pays voisin, la Gambie, Macky Sall a déclaré :
« Le Sénégal n’est pas dans les dispositions pour faire quelque action pour essayer de déstabiliser son régime, car nous avons d’autres chats à fouetter. On ne peut pas encourager des actions subversives contre le régime Gambien, et c’est pour cela que l’on a expulsé Sidya Bayo.
Le Sénégal n’est pas une terre de déstabilisation, c’est vraiment nous faire un mauvais procès. Je suis un dé- mocrate et je suis occupé à autre chose. Si un gambien ou de quelque autre nationalité s’oppose dans notre pays, il sera expulsé.
On ne peut pas s’opposer à partir d’un autre pays! Mais le Sénégal est une terre d’accueil. Les gens vivent en paix chez nous, ce que nous leur disons, vous devez respecter le droit d’accueil.»
Près de 600 migrants d'Afrique subsaharienne arrivent au port d'Augusta, en Sicile, où la Croix Rouge leur donne de l'eau et des chaussures et leur fait un examen de santé avant de les emmener à différents centres d'accueils.
PAR ALIOUNE DIOP
REALPOLITIK OU TRAHISONS ?
Le Sénégal vogue dans une période de turbulence. Les élites intellectuelles et politiques, tout en réclamant la discipline aux populations, s’illustrent par le reniement et la trahison
Dans son adresse à la nation, le 03 avril 2015, le Président de la république a, entre autres questions, convoqué celles de l’indépendance économique, de la discipline et de l’équité dans la justice. Or, au même moment des contestations massives venaient de suivre les décisions de justice et le sens commun est alarmé par l’affaissement des valeurs. De plus, les distorsions installent des incompréhensions, menacent l’équilibre et laissent couver des risques d’explosions.
Que se passe-t-il ? Pourquoi les discours semblent-ils si opposés entre eux et avec la réalité ? Pourquoi ne sont-ils pas rassurants ? L’espoir suscité par les fortes mobilisations qui ont précédé et favorisé l’avènement du président Sall serait-il en train de refroidir ? Cela autorise à interroger la pertinence des questions soulevées.
Historiquement, dans les anciennes colonies et les pays dominés, les revendications d’indépendance économique comportent des mesures radicales comme les nationalisations, les rachats d’entreprises et la souveraineté sur la production et la consommation. Or, rien de tel ne figure dans les politiques publiques déroulées par le gouvernement du Président SALL. Au contraire, elles continuent dans la trajectoire de celles menées depuis 1960.
Et pourtant, les revendications des populations se font de plus en plus nombreuses et des menaces de luttes sociales planent. En effet, du nord au sud et de l’est à l’ouest, partout des voix s’élèvent des profondeurs du Sénégal pour réclamer qu’on ne touche pas à leurs terres. Pourtant, les autorités restent sourdes et avancent à pas forcés dans la spoliation des terres au profit des firmes étrangères. Fanaye et Mbane n’avaient –elles pas suffisamment alerté ?
On le sait, la terre est devenue un enjeu essentiel dans la compétition économique actuelle. Et, les multinationales et les oligarchies sont partout à la quête de terres. Le Sénégal n’est pas épargné. C’est pourquoi la circonspection et la prospective devraient empêcher que ces richesses des générations futures ne soient bradées. De toute façon, les firmes de l’agrobusiness transformeront inéluctablement les populations en ouvriers agricoles. Or, cette perspective, pour que l’expérience en révèle, est terrible pour les précarités et la perte de souveraineté qu’elle entraine. Ainsi, il clair que si ce processus continue, il ne sera pas possible de réaliser une épargne dans l’agriculture et de contribuer à la formation du capital national.
De la même façon, les entreprises nationales et les petits producteurs sont défavorisés par rapport aux firmes étrangères. De plus, l’accord de partenariat économique (APE) adopté par le gouvernement va les exposer davantage aux assauts des firmes européennes qui ont des dimensions supérieures. C’est dire, de toute évidence, qu’en termes relatifs, la croissance et les profits seront pompés vers l’extérieur. Par conséquent, ces politiques publiques extraverties ne peuvent pas constituer un socle à la formation d’un sentiment national et d’une conscience citoyenne. En vérité, les peuples mobilisés autour d’intérêts nationaux sont, en général, les plus aptes à accepter un code de discipline et à l’assumer.
Comme, dans le domaine économique, la justice et le système judiciaire posent problème. Et, incontestablement les déceptions sont énormes. Même si le premier ministre a tenté de rassurer en proclamant devant l’assemblée nationale, le jeudi 12 mars, sa confiance à la justice et affiché une retenue sur les procès en cours, la sérénité n’est pas établie. En effet, dans la même période des citoyens d’un quartier de Dakar, des organisations des droits humains et d’autres aux origines diverses se sont organisés pour contester une décision de justice frappant deux jeunes citoyens de vingt ans de prison.
Cette remise en cause est massive et plus intense en ce qui concerne les procès en cours devant la cour de répression de l’enrichissement illicite (CREI). Par ailleurs, la contestation tente de montrer que la séparation des pouvoirs est une illusion et que la justice est aux ordres.
C’est une façon de reprendre ce que notre concitoyen Abdou Latif Coulibaly écrivait, il y a peu : "les juges sénégalais emprisonnent des citoyens sur ordre et libèrent également de la même manière".
Du reste, la plupart des tenants du pouvoir actuel serinaient le même discours pendant qu’ils évoluaient dans l’opposition au régime précédent.
Et, qui plus est, certains avaient poussé la coquetterie jusqu’à l’élaboration d’un projet de nouvelle constitution dépouillant le Président de la république du conseil supérieur de la magistrature et comportant des mesures hardies et largement partagées par des secteurs importants de l’opposition actuelle.
C’est pourquoi en différant les réformes qu’il avait acceptées avant d’accéder au pouvoir, le Président Sall peut être suspecté de se frayer le temps nécessaire à la mise en place d’un pouvoir personnel et patrimonial. Serait-ce dans cette perspective qu’il a infiltré les pouvoirs par les membres de sa famille ?
Cette pratique, plus exagérée que celle qui était reprochée à son prédécesseur, a contribué à le discréditer. Or, ses laudateurs, parmi lesquels des ministres de la république, le présentent comme un homme providentiel. Hélas ! Ce culte de la personnalité et ces flatteries sont les mêmes que ceux qui encensaient le Président Wade. Et, on peut déjà soupçonner les flatteurs les plus zélés d’être les détracteurs les plus tonitruants lorsque les vents changeront d’orientation.
A la vérité, les élites intellectuelles et politiques ont pendant longtemps œuvré pour montrer que la séparation des pouvoirs et l’indépendance de la justice n’ont aucune effectivité. Elles changent de discours et d’attitudes selon les postures qu’elles occupent. C’est ainsi que notre compatriote Abdou Latif Coulibaly écrivait : "La vassalisation du juge est un fait consacré par les textes au Sénégal".
Comment peut-on après une telle assertion, faire croire que les statuts des juges ont changé alors que les textes sont presque les mêmes ? Les élites se moquent-elles de populations ? De toute façon, Abdou Latif Coulibaly nous a édifiés depuis longtemps en affirmant : "Les pouvoirs publics tiennent des discours qui se veulent rassurants, quant à l’impartialité et à l’indépendance des juges. Avec une démagogie renversante n’ayant d’égale que l’hypocrisie qui la fonde, certains osent appeler les citoyens à faire confiance à la justice."
Evidemment, la promptitude avec laquelle les élites renient les discours qu’elles proposaient avant d’accéder au pouvoir témoigne de l’hypocrisie dont parle Coulibaly et du manque d’intérêt pour les changements attendus. C’est cette capacité d’hypocrisie collective qui a permis au Président Sall, à mi-chemin de son mandat, de ne pas engager les réformes institutionnelles qu’ils avaient contractées.
Il est, d’ailleurs, aidé dans cette manœuvre par les partis, les groupes et les personnalités qui avaient participé aux "Assises nationales" et qui sont dans sa mouvance. En effet, ils gardent le profil bas alors qu’ils avaient pris l’engagement d’appliquer et de faire appliquer les préconisations des "Assises nationales".
Quand les élites trahissent et renient leurs paroles d’hier, comment peuvent-elles forger les vertus et la discipline au sein des populations ? Dés lors, on peut convenir que le système judiciaire et plus généralement les institutions nécessitent une réforme profonde et surtout largement partagée par les populations.
N’est-il pas regrettable que les élites sénégalaises soient des orfèvres dans le reniement de la parole donnée et des engagements ? L’arrogance, l’ostracisme et la désinvolture des hommes qui nous dirigent ne risquent-ils pas d’engendrer des violences ?
Les citoyens doivent exiger de ceux qui dirigent qu’ils respectent leurs paroles et leurs engagements. C’est de cette manière qu’on commencera à jeter les bases d’une refondation.
Par ailleurs, de plus en plus, certains partisans et alliés du président de la République s’acharnent à codifier le culte de la personnalité et la « pensée unique ». C’est dans cette veine qu’ils demandent le départ de leurs alliés sur des bases platement partisanes.
Pourquoi des compétences qui appartiendraient clairement à un parti d’opposition ne pourraient –elles pas assumer des fonctions de direction dans l’Etat ? Ces partisans oublient que la question relève d’une revendication des forces démocratiques depuis le régime de Senghor et Diouf.
De plus, certains cercles très proches du président de la République sont en train de manipuler les populations pour revenir sur l’engagement de réduire le mandat présidentiel. L’argument du serment du Président de s’en tenir à la constitution n’est pas recevable dans ce débat. En effet, celle-ci prévoit les conditions dans lesquelles on procède à sa révision et au référendum.
De plus, on ne le dit pas assez au demeurant, le Président Sall s’était engagé à faire voter une nouvelle constitution qui rétablirait le mandat du Président à cinq ans en faisant appliquer cette mesure au mandat en cours. Or, il n’est pas d’obstacle à cela, il s’agit d’en porter les mentions dans la nouvelle constitution à proposer. Dans ses termes actuels, le débat sur la durée du mandat est une diversion qu’il faut écarter. Il est superfétatoire d’impliquer le conseil constitutionnel dans cette manœuvre politicienne.
Le Président ne s’est-il pas engagé à remplacer celui-ci par une cour constitutionnelle ? Aussi, les citoyens ne devraient-ils pas veiller pour que les réformes ne soient pas taillées sur mesure pour le roi ?
Incontestablement, le Sénégal vogue dans une période de turbulence. Le calme apparent cache mal la perturbation des valeurs et des repères. Or, les élites intellectuelles et politiques, tout en réclamant la discipline aux populations, s’illustrent par le reniement et la trahison. La plupart n’opèrent pas par l’exemplarité. C’est ainsi que les dirigeants ont, une fois au pouvoir, renoncé aux programmes qu’ils avaient proposés aux citoyens et aux préconisations des « Assises nationales ».
De toute façon, ce sont les politiques économiques extraverties qui se poursuivent et les maquillages ne suffisent à changer le réel. C’est pourquoi le Président SALL et ses laudateurs peinent à convaincre et à rassurer les populations quant à l’équité dans le système judiciaire et à susciter l’acceptation d’une discipline et d’une éthique. Les gouvernants s’acharnent à trouver tous les prétextes pour renoncer à leurs engagements, ils préfèrent conserver le plus longtemps leurs privilèges. Ils ne prêchent pas la discipline par l’exemplarité. Le Sénégal a besoin de réformes profondes. Et, dans cette perspective les citoyens devraient exiger de ceux qui nous dirigent ou y aspirent que leurs paroles soient conformes à leurs actes.
NB : Les propos de Monsieur Abdou Latif Coulibaly sont tirés de l’ouvrage : « Une démocratie prise en otage par ses élites »Dakar 2006
Alioune DIOP
Président du CIMAC (Comité d’Initiative pour une Mobilisation Alternative et Citoyenne)
Visages ensanglantés, corps sans tête, maisons brûlées: au camp de réfugiés de Dar-es-Salam, près du lac Tchad, les enfants rescapés de Boko Haram dessinent les atrocités qu'ils ont vécues au Nigeria.
"On reconnait la personne à travers ses actes, selon ce qu'il a fait ou selon ce qu'il a dit". Cet état de fait nous conduit sans aucun doute à réfléchir sur l'idée maitresse qui découle de son message adressé à la Nation. Une idée selon laquelle travailler pour asseoir l'indépendance économique doit être la feuille de route que les Sénégalais doivent avoir en bandoulière.
Le président de la République n'a-t-il pas fait une erreur en employant ce verbe "travailler" ? Est-ce que l'Occident accepterait que nous soyons indépendants économiquement ? Est-ce qu'en travaillant réellement, on pourra obtenir cette indépendance économique si l'on sait que travailler, c'est se lever le matin et aller à la recherche de la grâce, de revenus ? Ne doit-on pas l'arracher ? Mais comment ? Certainement en adoptant la lutte.
Dans ce cas, de quelles méthodes de lutte s'agira t-il ? Le verbe "lutter" ne semble pas être mieux adapté pour inciter consciencieusement la population à la conquête de l'indépendance économique ? Pour autant, la question fondamentale est de savoir si nos dirigeants actuels, au premier chef le Président Macky SALL, ne sont pas en train de tromper le peuple Sénégalais ?
Au regard de tous ces questionnements, il s'agira d'abord d'énumérer un certain nombre d'actes posés afin de mieux apprécier l'étendue de la volonté des autorités. L'injustice existante et qui continue de demeurer sera ensuite retracée pour que les jeunes prennent conscience des techniques peu morales utilisées par ceux qui sont au sommet de l'appareil étatique. En tout état de cause, les actes d'engagement ainsi que le respect de l'égalité sociale ne cessent de hanter le sommeil de la jeunesse.
Les actes posés
Dès son accession à la magistrature suprême, le Président SALL a mis en œuvre la Bourse familiale destinée à aider les plus vulnérables. Bien qu'elle reste une bonne chose, le hic c'est que l'idée ne vient pas de lui. Car il s'agit fort probablement d'une mesure dictée par le FMI. La preuve, Christine Lagarde, Directrice de l'Institution dans Jeune Afrique N 2785 du 25 mai 2014 disait ceci relativement à la subvention des produits essentiels :
"nous disons aux autorités mettez-vous d'accord sur les populations qui ont vraiment besoin de ces subventions, les plus démunies, et distribuez-leur soit du cash, soit des bons d'achats pour se procurer les bonbonnes de gaz qui leur sont nécessaires…". Et Macky a opté pour la première option, à savoir leur distribuer de l'argent liquide. Ce qui semble dire en réalité que ceux qui gouvernent notre pays ne sont pas des Sénégalais, et n'y résident pas.
Un état de fait coutumier se pratique également dans les pays Africains. Il s'agit de l'embauche qui se fait de bouche à oreille. Le clientélisme prend des proportions à redouter avec son lot de dégâts : le népotisme notamment. C'est précisément le cas chez Wangari Maathai, Prix Nobel de la Paix, dans son ouvrage autobiographique, où elle dénonce avoir été victime d'une discrimination ethnique. Elle s'était présentée devant son patron avec sa lettre d'embauche, celui-ci lui annonce que le poste a été offert à quelqu'un d'autre. Et c'est peu après qu'elle a su que ce quelqu'un se trouvait être de la même ethnie que le patron.
Par ailleurs, et même pour un stage celui qui est censé vous appeler pense immédiatement à placer son parent. Devant cette situation inquiétante, que faire alors des fils de paysans ? Pourtant, à la lecture de la grande majorité, la volonté de réaliser l'indépendance économique est un but à atteindre sous peu. Cette volonté comme argument ne suffit pas.
Car il faut impérativement d'abord une vision et ensuite de la cohérence. Il est noté une incohérence dans les politiques publiques jusqu'à ce que les ordonnateurs de crédits confondent le plus souvent le quitus fiscal et la croissance. Conséquence : les entreprises ferment sous le poids de la dette intérieure. Le Président SALL veut coute que coute protéger à la fois les producteurs, les consommateurs et les recettes. C'est une illusion. Qui est le perdant dans tout ce scénario ? Bien sûr, c'est le consommateur.
Notre Président tient énormément à l'équilibre budgétaire uniquement pour faire plaisir aux Institutions de Breton Woods. C'est la raison pour laquelle il se tue à embellir la loi de finance, c'est-à-dire faire en sorte que la masse salariale ne dépasse pas 30% du Budget, en un mot mettre de l'ordre dans le profil de la dette. Dans le passé, l'équilibre budgétaire était un principe irréprochable. Cependant, de nos jours où presque tout est coté à la bourse, il ne s'agit plus d'équilibrer le budget mais plutôt d'équilibrer l'économie. En faisant quoi ?
Encourager fortement la concurrence et permettre à chaque Sénégalais d'avoir la capacité d'acheter les produits qui lui sont offerts. Obtenir en fait un emploi, puisque l'emploi naît automatiquement de la croissance. Trois branches constituent alors la croissance : la demande des ménages, l'investissement des entreprises et l'action de l'État. Or, en l'espèce, l'État est en train de freiner son action sous prétexte d'embellir son déficit budgétaire, ce qui constitue encore un point négatif pour le régime de Macky.
On dit très souvent que le Président SALL ne répond pas aux suggestions et recommandations qui lui sont faites car il garde le silence. Qui ne dit rien n'a rien dit. Il a certainement raison car il est dans son droit le plus absolu. Mais Macky oublie sans nul doute qu'entre lui et nous il y a bien évidemment un contrat. Or nous sommes déjà dans une relation puisque nous l'avons porté au pouvoir. Son comportement en réalité est un silence éloquent, un silence bruissant de paroles. Et par voie de conséquence, Macky a dit un mot sans pour autant parler.
L'injustice existante
"Nul n'est censé ignorer la loi". Quel mensonge juridique ! Encore une fois, une enveloppe sous laquelle les gouvernants se bornent à détourner le regard des populations. Ils nous font croire que la loi est impersonnelle. Mais en réalité, la loi c'est une volonté mise en forme. Les quelques cas de figures suffiront largement à démontrer les astuces, ainsi que les subtilités dont usent nos autorités pour demeurer longtemps au sommet.
De prime abord, l'article 5 du Décret 2007-547 du 25 avril 2007 portant création de la Direction centrale des marchés publics (DCMP) dispose que : "les agents de la DCMP perçoivent une indemnité spéciale … ils conservent tous avantages indemnités et primes que leur confèrent leur statut et service d'origine". Une seule personne cumule autant d'avantages, et on ne donne pas la possibilité aux autres jeunes de pouvoir faire quelque chose. Où est donc la place de la morale dans tout cela ?
De plus, les autorités, y compris les transhumants qui se disent les seuls experts capables et dynamiques puisque les fils de paysans ne le sont pas, veulent occuper des postes de Président de conseil d'administration (Pca). Ils bénéficient de salaires exorbitants, d'avantages qui se résument aux bons d'essence, véhicules 4/4 de fonction…
Or le texte régissant la rémunération de ces Administrateurs est très clair. A cet effet, l'article 482 de l'Acte Uniforme Ohada portant droit des sociétés dispose que : "Hors les sommes perçues et les avantages dans le cadre d'un contrat de travail, le Pca ne peut percevoir aucune autre rémunération de la société…". Que dire alors de cette pratique ? Tout s'apparente à vouloir faire ce que bon leur semble.
Autre souci, il provient de la loi organisant la profession d'avocat. En effet, l'alinéa 3 de l'article 34 de la loi 2009-25 du 08 juillet 2009 relative à l'Ordre des Avocats dispose que : "A titre transitoire, … un examen d'aptitude au stage sera organisé, tous les 3 ans, en début d'année judiciaire par les soins du Ministre de la justice…".
Un texte qui est passé inaperçu. Même la société civile ne s'en est pas rendu compte. Certainement elle a fermé obstinément les yeux. Voila ce que font des corporations pour fermer hermétiquement l'accès à leur profession. Un étudiant doit attendre 3 ans pour tenter de poser ses premiers pas dans la fonction. Et s'il ne réussit pas au premier essai, il va encore attendre 6 ans. Pendant ce temps, que va t'il devenir, alors qu'il s'agit de sa passion la plus ardente.
D'ailleurs, cette préoccupation fait inéluctablement apparaître la réforme relative aux bourses de 2014. En effet, les étudiants des Universités publiques n'ont droit à une bourse que s'ils sont âgés de 30 ans au maximum. Alors que ceux des autres Ecoles étatiques, ENA, CFJ, ENTSS notamment, bénéficient de la bourse jusqu'à l'âge de 35 ans. Et leur bourse est parfois beaucoup plus consistante que celle des étudiants des Universités. N'ont-ils pas en commun le titre d'étudiant ? Qu'est-ce qu'ils ont de meilleur que les autres étudiants ? Voila encore une discrimination de plus qui fera sans doute perdre des points au Président SALL.
Au demeurant, la question qui mérite d'être posée est de savoir pourquoi les Représentants du peuple ont préféré la fine bouche. C'est une absence totale de capacité institutionnelle. Il découle de ce comportement des Députés un problème de capacité. Ils semblent ne pas avoir le niveau requis pour s'éclairer sur les lois qui leur arrivent.
Et pourtant ils disposent de prérogatives devant être exercées dans leur plénitude. Mais on constate amèrement qu'il y a effectivement une absence d'expertise nécessaire pour évaluer l'impact des politiques publiques sur la qualité de vie des populations. Est-ce qu'ils ont en réalité travaillé comme le décrète Macky ?
La lutte précède le travail
Au vu de toutes ces considérations, Macky pense, à tort ou à raison, que seul le travail pourra nous épargner. La négative semble s'imposer ! Réglons d'abord les injustices grandissantes. Ensuite, rompons courageusement avec les méthodes de développement de l'Occident qui sont à coup sûr, incompatibles avec nos réalités. L'ancien Président Iranien disait : "C'est la culture et la morale Occidentale qui menacent le monde et non la bombe atomique". Comment mener cette noble lutte ? Il s'agit là de réfléchir aux formes de lutte à envisager sans qu'elles ne se transforment en conflit.
Hier pour faire entendre le cri de révolte à l'occupant, la littérature a servi de tribune pour déplorer toutes les manières de gouverner de l'administration coloniale. C'est précisément le cas dans Ville Cruelle d'Eza Boto (Mongo Béti), œuvre dans laquelle il dénonce l'exploitation des peuples noirs pendant la période coloniale. Dix ans après, la satire n'a pas disparu cependant.
Amadou Kourouma, dans Les Soleils des indépendances, se borne à faire la satire des maux générés par les Indépendances tels que : la dictature, la corruption, le népotisme… Et pourtant ces mêmes blessures continuent aujourd'hui de plus belles d'assaillir le peuple Sénégalais. C'est le tour maintenant des intellectuels actuels de prendre leur plume et de dénoncer l'immixtion de l'Occident dans nos système de gouvernance. Ils doivent donc prendre position et défendre la cause sociale en vue d'améliorer la condition des populations. Le sevrage brut n'est-il pas envisageable ?
Rompre avec l'Occident. Mais avant de procéder à la rupture, il faudra préalablement qu'on invite tous les économistes pour qu'ils nous disent comment et quand. Ce qui évitera de subir des conséquences pénibles à l'économie sénégalaise. Comme recommandations, le Président Macky SALL doit impérativement savoir que le temps est venu de revoit son rapport au pouvoir, tout en améliorant le fonctionnement qualitatif de nos Institutions.
Au total, les actes que pose la Gouvernement SALL, ainsi que les pratiques d'injustice et de discriminations ethniques et sociales ne semblent pas rassurer jusqu'ici la jeunesse Sénégalaise.
Aly Sané
Étudiant en Master à la Faculté des sciences Juridiques et politiques de l'UCAD