SenePlus | La Une | l'actualité, sport, politique et plus au Sénégal
18 mars 2025
PAR WALY NDIAYE
RÔLE ET PLACE DES INTELLECTUELS
Il s’agit de rendre à la politique ses lettres de noblesse. Pour ce faire, les intellectuels doivent reprendre l’initiative qu’ils ont malheureusement perdue avec l’avènement de la pensée unique
Le retour des intellectuels dans la gestion de la cité et dans la définition de la trajectoire de nos sociétés se pose aujourd’hui comme une exigence. Au demeurant, il nous faut aussi recentrer le débat politique, les interventions des politiques sur l’essentiel, c’est-à-dire l’économie politique, sur les mécanismes, voies et moyens de positionner la politique au service du développement, du progrès social, du bien-être des populations, plutôt que d’arrimer tout le débat à la politique politicienne, aux intérêts individuels, de famille, de positions et de positionnements.
En d’autres termes, il s’agit de rendre à la politique ses lettres de noblesse. Pour ce faire, les intellectuels, pour ce qui en reste, catégorie sociale naguère avant-gardiste, doivent reprendre l’initiative qu’ils ont malheureusement perdue avec l’avènement de la pensée unique.
Absence de plateformes intellectuelles d’échanges
Le mal aujourd’hui dans notre pays est que le débat et l’analyse politiques volent très bas du fait de la rareté de l’espèce intellectuelle, mais surtout de l’absence de plateformes intellectuelles d’échanges permettant de déblayer, de baliser les voies du progrès de notre société et de réorienter l’action des décideurs politiques et des acteurs du développement.
La situation de l’intelligentsia sénégalaise est plus que préoccupante : l’intellectuel est devenu une denrée rare, certains comme feu Sémou Pathé Guèye ont tiré leur révérence, paix à leur âme, ceux comme Souleymane Bachir Diagne, que Dieu les garde longtemps parmi nous, sont obligés momentanément de s’exiler, d’autres, gagnés par l’austérité de la vie, ont rejoint les lambris du pouvoir ou des officines, le reste du gotha trouve de la peine à sortir la tête de l’eau pour saisir les mutations en cours, ployant sous le poids des corvées routinières implacables dans des universités agonisantes.
Des bassins de formatage politico-politicien et de promotion politique et sociale
Ainsi, la recherche, l’analyse prospective, la critique constructive, les délibérations scientifiques sur l’ensemble des problématiques politico-socio-économiques, indispensables à la dynamique de progrès, sont quasi inexistantes.
De soi-disant cadres d’intellectuels dont les critères d’appartenance relèvent du domaine de l’arbitraire et l’approche lourdement partisane, se construisent au sein des partis ou autour du pouvoir, mais en réalité ne servent que de bassins de formatage politico-politicien et de promotion politique et sociale.
Alors, le champ politique, lieu idéal de confrontation des idées, des projets de société, de programmes et de stratégies de transformation sociale, est occupé par des gladiateurs parfois avec des armes non conventionnelles, qui s’affrontent impitoyablement sur des rings médiatiques, organisés par une presse en proie au sensationnel. Les plateaux médiatiques de pugilats verbaux remplissent les grilles du programme des organes de presse et on détourne l’attention de tous de l’essentiel.
Ce faisant la matière politique n’est plus le développement de la cité, de la société, mais le spectacle, l’audimètre, les arguties pour descendre l’autre dans une perspective de le supplanter. Ainsi, les protagonistes sont exclusivement mus par des intérêts partisans, individuels ou de groupes et la politique politicienne prend le pas sur la problématique des politiques sectorielles, sur les programmes, au grand dam du pays.
N’est-ce pas là une explication de l’attitude indifférente ou le silence cathédral de ces intellectuels sur l’expérience historique et inédite en Afrique que notre pays est en train de vivre après la deuxième alternance, où toute une classe politique, sociale s’est unie dans un sursaut national, s’est mobilisée pour arrêter un péril national (un complot républicain de dévolution monarchique), s’est accordée pour gouverner ensemble,(ce qui est encore une réalité), a élaboré un programme commun (Pse), validé au plan national par la majorité et international par la presque totalité des partenaires techniques et financiers, et qu’elle s’efforce de mettre en œuvre ?
Peut-on alors aller chercher plus loin l’absence d’analyses du contenu de ce programme, d’appréciation de ses trois piliers et des approches techniques et politiques de mise en œuvre de ce Pse où on a fait l’effort de le faire transcender les limites étroites d’un mandat politique ?
Non, les intellectuels n’ont pas le droit de faire la politique de la chaise vide et laisser la place aux politiciens qui y vont chacun selon l’angle réducteur des ses intérêts de groupe, y compris jusque dans l’entourage immédiat du chef de l’Etat. Pour ce dernier, il faut le reconnaître, il est en avance sur son Peuple mais aussi sur son époque.
La forme de gouvernance inclusive dont il s’est accommodé contre la volonté de ses partisans, la reddition des comptes dont la traque des biens mal acquis constitue seulement un volet à côté des nombreuses institutions de contrôle et l’action des parlementaires invités à jouer leur mission de contrôle de l’action gouvernementale, confirment son slogan «la Patrie avant le parti» et constituent un paradigme nouveau, une vision nouvelle du pouvoir convoité par les partis mais qui doit rester sans parti.
Cette gestion impersonnelle du pouvoir, cette ouverture du pouvoir à d’autres influences, cette approche participative à tous les niveaux , exécutif central, local, Parlement, et autres organes consultatifs, ajoute à l’exception sénégalaise et inscrit le Sénégal comme pionnier en Afrique de l’expérimentation d’une culture d’économie politique fonctionnelle et viable.
En outre, le Pse n’est pas l’affaire d’un parti, moins encore l’affaire d’une génération. Il y est inscrit dans ses priorités, la transformation structurelle de l’économie et de la croissance pour un développement durable tout en corrigeant au fur et à mesure les injustices et les inégalités et en consolidant l’Etat de droit qui a été vendangé.
Le premier jalon vers un changement de mentalité est de pouvoir reconnaître ce qu’il y a de positif dans l’autre pour y apporter son soutien. Mais avant, il importe de s’approprier le contenu du Pse, ne serait-ce que pour manifester ses réserves, c’est toujours un apport à la construction nationale. C’est un devoir impérieux pour tout patriote mais particulièrement pour les intellectuels et tous les acteurs du Benno.
Alors, si l’on part du postulat que le développement d’un pays part de l’identification d’un ensemble de problèmes qui se posent à des secteurs, d’équations qui se posent aux citoyens de ce pays et qu’il faut les résoudre sur la base du tryptique organisationnel (Production-distribution-consommation), il faut admettre qu’en amont, l’intellectuel, dont la fonction essentielle reste l’analyse d’une réalité donnée, sa dissécation pour en saisir les composantes et les relations entre celles-ci, a un rôle et une place importante dans tout processus de développement.
Les jeux d’influences doctrinaires, philosophiques, les contingences sociopolitiques, les soubassements culturels ; sociologiques, anthropologiques, les stratégies géopolitiques qui dictent le comportement des acteurs, des groupes d’acteurs ou des institutions et les relations entre eux, nécessitent une analyse lucide et détachée dont seul l’intellectuel est dépositaire de la légitimité intellectuelle et morale.
Il faut donc créer les conditions de l’implication des intellectuels
Sur cette base, l’intellectuel analyse de manière libre et scientifique, délibère sur une base objective dépouillée de toutes considérations partisanes, éclaire la voie au politique qui se charge de la mobilisation sociale et des ressources pour la solution des problèmes. Il est donc évident que, contrairement à une idée très répandue dans nos pays, les moyens à eux seuls ne suffisent pas pour asseoir le développement.
Pour preuve, combien de milliards ont été engloutis dans des projets et programmes concoctés par d’autres sans grands effets sur les conditions de vie des nos populations ? Non, nos intellectuels doivent se mettre au service de la société et non au service d’officines internationales et de promotion personnelle.
Les politiciens à eux seuls ne peuvent développer nos pays parce qu’il leur est difficile de penser global et ils ne peuvent pas cerner à la fois les réalités sociales physiques et environnementales et leurs interconnexions. Il faut donc créer les conditions de l’implication des intellectuels en mettant rapidement en place des plateformes intellectuelles nationales, d’échanges de concertation et de consultation sur toutes les questions d’intérêt national.
Cet appel à un changement dans le traitement de la matière politique au Sénégal, de changement d’approche et de paradigmes est motivé d’une part par l’équilibre précaire au plan politique, social et économique de notre pays dans un contexte international lourd de menaces et d’autre part par la conviction personnelle qu’aujourd’hui pour la réalisation des ambitions et des politiques déclinées dans le Pse, aucun parti politique au pouvoir, seul, ne peut prétendre y arriver.
C’est pourquoi les analyses simplistes, auto centrées, les approches machiavéliques du pouvoir, le nombrilisme, le sectarisme, la condescendance, doivent céder la place à l’ouverture, à l’humilité, à l’action solidaire pour créer les conditions d’une réflexion approfondie, féconde parce que contributive.
C’est de cette manière seulement qu’on pourra sortir notre pays de ces chemins tortueux de la politique politicienne où les stratégies occultent les programmes s’ils existent et, ces stratégies se résument malheureusement à la conquête du pouvoir et au partage du gâteau.
La vocation première de l’homme politique est de servir la Cité en tout temps et en tout lieu
Dans ce cadre, il faut récuser cette fuite en avant qui cache mal un orgueil mal placé qui consiste à croire que la vocation d’un parti politique est la conquête du pouvoir. Je dis que la vocation première de l’homme politique est de servir la Cité, la société, en tout temps et en tout lieu, la conquête du pouvoir restant une hypothèse haute mais pas la seule.
Le pouvoir n’est ni une fin en soi, ni la chose la plus importante en politique mais plutôt le programme et à cet effet il est important de demander à ceux-là qui sont déjà au pouvoir, dans un programme conçu, validé et déroulé ensemble, ce qui peut les faire courir encore.
Oui faire la politique autrement, c’est ne pas être obsédé par le pouvoir à l’autel duquel il faut sacrifier, l’intérêt supérieur du pays, les valeurs sociétales d’éthique, de partage et de solidarité mutuelle, les nobles principes qui fondent la politique, au compte d’intérêts égoïstes de personne ou de groupe. Ce faisant, on dénature la politique, on déshabille le politique pour le vêtir de manteau d’éboueur.
Cette haute conscience de la politique et de la loyauté républicaine, la plupart des partis de gauche qu’on taxe souvent de manière irresponsable de partis «yobaléma», en ont fait une religion en acceptant de renoncer à une partie de leur identité et aspirations pour l’intérêt général.
Cette grande vision de la politique est incarnée aussi par le président Niasse et c’est le lieu de saluer sa lucidité de l’heure et le courage légendaire avec lequel il assume ses idées.
"LES JOURNALISTES NE SONT PAS LES AMIS DES POLITIQUES"
DAN BALZ, CHEF DU DESK POLITIQUE DE "WASHINGTON POST"
Daniel J. Balz recevait récemment quelques journalistes travaillant pour des médias basés en Afrique de l'Ouest et du Centre, pour échanger autour du sujet de la couverture médiatique en période d'élections. Fort de 37 ans d'expérience au sein du Washington Post, Dan Balz est également l'auteur de plusieurs livres politiques. EnQuête qui était de la partie revient sur les temps forts de cet entretien.
Quelle est la bonne distance entre le journaliste politique et l'homme politique pour que celui-là ne devienne pas, d'une certaine manière, le chargé de communication de ce dernier ou de son parti ?
Il y a un dicton en Amérique qui dit que le seul moyen de regarder un politicien est "de le toiser de haut". Ce qui veut dire que notre rôle est de rester sceptiques et de faire en sorte que les politiciens, élus ou candidats, aient à rendre des comptes. Nous ne sommes pas, nous les journalistes, des amis des politiciens car nos relations avec eux se doivent de rester conflictuelles jusqu'à un certain degré. Ce qui ne veut pas dire qu'un respect mutuel ne peut pas exister entre le reporter et la personne sur qui il fait un travail ! Je ne crois pas au manque de respect mais il ne faut pas oublier que nous, journalistes, avons un contrat moral avec ceux qui nous lisent, nous regardent et nous écoutent. Ce que cela veut dire, c'est que le professionnel de l'information a l'obligation de produire un travail qui soit le plus juste, le plus équilibré et le plus objectif possible quel que soit le sujet. Nous ne devons donc être les porte-voix d'aucun parti.
Depuis que je travaille au Washington Post, il n'y a probablement eu aucun Président qui ait apprécié la couverture que le journal a fait de lui. Presque tous ont, au contraire, eu des griefs et pas seulement du fait de notre couverture mais de celle de toute la presse, dans sa globalité. En général, ils trouvent que la presse est de plus en plus fouineuse et, dans ce monde, l'information est diffusée en continu ; cela peut causer pas mal de désagréments mais ce sont les règles du jeu et nous travaillons très dur à ce que ces règles soient claires et la démarcation établie entre les journalistes, les politiciens ou même les stratégies politiques mises en place par ces derniers.
En Afrique, la plupart des médias privés ou même d'État appartiennent ou sont à la solde des politiques, est-ce que cela veut dire que les journalistes africains sont, d'une certaine façon, plus des communicateurs que des journalistes ?
Je pense que tous les gens qui s'engagent dans le journalisme le font, en vertu d'un même idéal : celui de changer le monde. Et donc, faire ce que nous faisons, que ce soit dans l'écrit ou dans l'audiovisuel, c'est poursuivre une même idée de changement sociétal et d'amélioration, petite ou grande, des conditions de vie de sa communauté. Aux USA, les médias bénéficient d'une longue tradition de journalisme impartial même si cela commence à changer. De la même manière que notre système politique devient plus polarisé et partisan, la presse elle aussi change. Fox News, par exemple, est une chaîne d'actualité câblée qui traite l'information sous la lentille de sa ligne éditoriale conservatrice. Et c'est une chaîne très suivie à la fois par les conservateurs et les républicains !
Avec l'avènement d'internet, nous avons également vu l'émergence de sites qui sont plus idéologiques dans leur orientation et donc, dans un certain sens, nous avons maintenant des organes de presse qui sont plus comme le Washington Post, estimant que leur rôle est de rester le plus impartial possible. Il y a donc toujours cette distance même s'il est maintenant possible, pour le citoyen lambda ayant telle ou telle sympathie politique, de trouver accès à l'intégralité de la couverture médiatique seulement via des organes de presse qui vont renforcer son point de vue et non le mettre en question.
Pour les gens qui travaillent au Washington Post ou encore au New York Times, par exemple, nous pensons que la meilleure chose possible dans toute société démocratique est d'avoir accès à une information qui fait réfléchir autant qu'elle conforte toute opinion préexistante. La vérité est qu'il y a d'excellents journalistes tout autant au Washington Post que dans d'autres médias aux penchants plus "idéologiques". Tant qu'il fait preuve d'honnêteté intellectuelle, de curiosité et de courage, tout journaliste est capable d'avoir des opinions qui définissent son point de vue sur le monde sans que cela ne lui ôte son opiniâtreté lorsqu'il s'agit de creuser l'information ou sa clarté d'esprit lorsqu'il doit présenter son travail. Tout journaliste qui se respecte doit faire preuve de ces qualités-là et, en fonction de l'environnement dans lequel il travaille, doit apprendre à naviguer de manière à rester fidèle à ses valeurs tout en continuant à exercer librement son métier.
Les politiques, en Afrique, taxent souvent les journalistes d'être à la solde de l'opposition quand ces derniers s'attellent à leur demander des comptes. Est-ce que ce genre de choses peut arriver aux USA ?
Pas tellement de la part des autorités et ceci en partie parce que ce n'est pas la manière dont opère le gouvernement dans ce pays. Ce qui n'est pas le cas partout, apparemment. Du côté de ceux qui lisent mes articles, cependant, j'entends souvent ce genre de choses que ce soit d'un côté ou d'un autre parce que la politique est, par essence, un sujet passionné. Selon le jour ou la semaine, je me vois personnellement accusé de supporter Obama ou les Républicains, selon que j'écris tel ou tel papier. Dès qu'on écrit quelque chose qui n'est pas favorable à un côté, on se voit taxé de militer en faveur de l'autre et la seule chose à faire est de prendre tout cela avec professionnalisme et de continuer à faire son travail sans se laisser affecter par ce genre de chose.
Est-ce qu'un candidat donné disposant, lors d'une élection, de plus de moyens financiers qu'un autre, peut être en mesure d'influencer la presse pour que l'information traitée sur lui soit plus favorable. Si oui, comment faire pour éviter de tomber dans une sorte de complaisance envers ceux qui ont le plus de moyens financiers ?
Cette "complaisance", comme vous dites, est certainement une chose avec laquelle tous les journalistes doivent "jouer" au quotidien. Tous les candidats ne sont pas égaux, évidemment, qu'importe le système dont ils puissent faire partie. La capacité de rassembler de l'argent est certainement un atout mais ce n'est pas la seule chose qui compte : le niveau expérience d'un candidat en est un, tout comme les thèmes de sa campagne et la mesure dans laquelle son discours trouve écho auprès des votants ou encore sa place dans les sondages ou le type de soutien que possède le candidat auprès d'autres élus, à savoir s'il dispose de l'appui de personnalités proéminentes ou pas. Tous ces facteurs pèsent dans la balance et nous permettent de savoir de quelle manière on doit s'y prendre concernant la couverture du candidat car qui dit couverture dit frais pour le journal. Bien sûr, il s'agit là d'indicateurs imparfaits mais leur conjonction est ce qui nous permet de déterminer qui mérite une couverture. Mettre tous les candidats sur un même tableau permet également de savoir lesquels d'entre eux ont la stature nécessaire pour tenir le marathon électoral, si on peut dire les choses ainsi.
Est-ce qu'il arrive que des politiciens puissent donner de l'argent ou, d'une toute autre manière, soutenir financièrement un média comme le Washington Post ?
Non. Nous sommes des privés donc nos ressources proviennent des abonnements au journal, de la publicité dans les éditions imprimées et en ligne et, pour être honnête, également des "poches sans fond" du nouveau propriétaire, Jeff Bezos (NDLR : Jeff Bezos est à la tête d'Amazon, le leader mondial de la vente en ligne. Il a racheté le Washington Post en octobre 2013). Ces dix dernières années, nous avons perdu beaucoup d'argent comme tous les organes de presse, d'ailleurs. Au summum de notre popularité, le journal avait environ 800 000 abonnés à qui on livrait quotidiennement un exemplaire "papier" du journal et ce nombre a décliné de manière substantive.
Aujourd'hui, nous avons moins de 500 000 souscripteurs. A cause de cela, nos recettes publicitaires ont aussi baissé parce qu'on ne peut évidemment plus facturer comme avant. Le choc économique de 2008 a affecté tous les organes de presse. Si on met le problème de la distribution de côté, il y a aussi le fait que les clients n'ont plus autant d'argent qu'avant pour acheter de l'espace publicitaire. Cela s'est répercuté sur la vie du journal. La manière dont cela s'est traduit a été une réduction drastique de notre effectif. Nous avions, avant 2008, une rédaction d'environ 900 personnes et nous en sommes, à l'heure actuelle, à quelque chose comme 500 à 600 personnes. Nous avons aussi dû réduire les dépenses, fermer des bureaux domestiques (NDLR : à l'intérieur du pays), proposer des retraites anticipées à certains de nos employés pour les encourager à partir et même réduire le personnel par attrition.
Est-ce qu'aux USA il est permis aux propriétaires de médias, qui sont en général des hommes d'affaires, d'influencer la ligne éditoriale des organes de presse qui leur appartiennent ou encore, par exemple, de participer à la levée de fonds des candidats ?
La réponse courte est "non" mais on sait tous que ce n'est pas toujours vrai et que cela varie en fonction des organes de presse. Des propriétaires de journaux ont déjà fait pression sur leurs employés pour orienter la couverture d'un sujet dans telle ou telle direction dans quelques cas mais au Washington Post, nous avons eu la chance de ne jamais avoir eu de propriétaire qui ait voulu faire cela. Le propriétaire d'un journal a évidemment la possibilité de donner son opinion quant à la partie éditoriale du travail ou encore, si l'on veut, sur les opinions adoptées par le journal mais il y a un mur de séparation clair entre cet aspect et le traitement de l'information factuelle ou "actualité". Je crois même que les journalistes se rebelleraient si un propriétaire tentait de faire mainmise sur le traitement de l'information ! Quant aux campagnes, à présent, il est impossible pour un journal de financer un candidat mais ce que l'organe peut faire, d'un point de vue éditorial, c'est de manifester son appui à ce dernier. Mais cet appui du département éditorial ne veut pas non plus dire que la couverture de son actualité sera plus favorable que celle d'un autre. Donc, là encore, c'est non.
Le Washington Post en tant que média a-t-il déjà été une fois poursuivi en justice ?
Oh oui, de nombreuses fois ! Occasionnellement, nous perdons mais je n'arrive pas à me rappeler la dernière fois où cela nous est arrivé. Le cadre légal dans ce pays est assez favorable aux organes de presse grâce au premier amendement de la constitution qui en garantie la liberté. C'est quelque chose qui n'existe malheureusement pas partout mais cela reste un bouclier très efficace. Aux USA, pour gagner en justice contre un média devant un tribunal dans un cas de diffamation, par exemple, il faut prouver non seulement qu'il a diffusé une fausse information mais surtout qu'il l'a fait en connaissance de cause et avec le but de nuire. Et on peut dire que c'est une barre assez haute à franchir, surtout si le plaignant est un personnage public.
Poursuivre un journaliste pour diffamation quand on est politicien est extrêmement difficile. En général, ce ne sont que des firmes qui s'estiment calomniées par la presse qui s'y risquent mais cela reste assez rare. Il arrive que le gouvernement essaye d'intimider la presse pour l'empêcher de diffuser une information. Il est aussi arrivé que nous nous abstenions de rendre publiques certaines informations pour des raisons de sécurité nationale. Il ne nous viendrait pas à l'idée de faire quoi que ce soit à l'encontre de la sécurité des États-Unis.
Malgré les auspices favorables sous lesquels se déroulaient les négociations entre le Grand cadre des syndicats de l'enseignement (GCSE) et le Gouvernement, les positions restent toujours divergentes.
Le dialogue de sourds perdure entre les syndicalistes et le Gouvernement. Malgré une rencontre entre le GCSE, trois ministères (Education nationale, Budget, Fonction publique), et le Conseil du dialogue social, rien de concret n'est sorti de l'entrevue d'hier qui aura duré plus de 6 tours d'horloge.
Si pour Mamadou Lamine Dianté, lever le mot d'ordre de grève "n'est pas à l'ordre du jour", la tutelle tient un autre langage. "Des avancées substantielles et significatives ont été apportées aux préoccupations des organisations syndicales", déclare le ministre de l'Education, Serigne Mbaye Thiam. Sa collègue de la Fonction publique estime que la situation d'exécution des points d'accords inscrits dans le protocole du 17 février 2014 est satisfaisante.
"Sur les 33 points d'accords, plus de 24 ont été réalisés entièrement", fait-elle savoir. Les points d'achoppement concernent 5 questions qui cristallisent l'attention des enseignants : validation des années de vacation, de contractualisation et de volontariat ; rappel des mises en soldes ; habitat social ; formation diplômante ; relèvement des indemnités.
Pour ce dernier point, Viviane Bampassy estime que les syndicalistes ont mis le gouvernement au pied du mur : "Dans l'accord, gouvernement et syndicats avaient convenu de renvoyer ce point ainsi que toutes les questions à incidence financière aux résultats de l'étude sur le système de rémunération des agents de l'État en cours", déclare-t-elle.
Un nouveau paramètre qui s'est invité au problème et risque d'envenimer la situation est la question salariale. "Dans ce contexte où les uns et les autres appellent à l'apaisement, il ya des mesures qui sont prises en toute illégalité et qui ne feront que jeter de l'huile sur le feu. Quand des syndicats d'enseignants respectent la procédure et arrivent à des arrêts de travail conformément à la loi de ce pays, les ponctions de salaire doivent se faire en toute conformité avec la procédure. Ce qui se fait ne va pas aider à décrisper la situation", prévient le coordonnateur du GCSE Mamadou Lamine Dianté.
Mais pour le ministre de l'Education nationale, ce n'est que le corollaire du droit de grève qui est appliqué. "Ce n'est pas une sanction, c'est la loi, c'est la jurisprudence. La contrepartie du droit de grève, c'est que le gouvernement qui utilise l'argent du contribuable sénégalais pour payer des fonctionnaires, ne les paie pas quand les jours ne sont pas travaillés", déclare Serigne Mbaye Thiam.
En attendant la rencontre d'aujourd'hui entre le Gouvernement et tous les syndicats d'enseignement, l'issue de cette crise tarde à se préciser.
Le Sénégal figure parmi les pays producteurs d'or en Afrique de l'Ouest. Il occupe la 13e place sur les 50, et est 15e dans le classement mondial des producteurs en phosphate.
Le Sénégal occupe aujourd'hui la 13ème place de producteur d'or en Afrique. Une information donnée par M. Sidy Diop qui présentait hier une étude sur les mines, lors de l'ouverture d'un colloque international sur les enjeux du secteur minier au Sénégal.
"Le Sénégal qui a commencé à exploiter son or en 2009 figure aujourd'hui parmi les principaux pays producteurs d'or en Afrique de l'Ouest. Il occupe à l'heure actuelle la 13e place de producteur d'or sur 50 pays africains. La concurrence dans la filière aurifère est manifeste et se joue dans le cadre de la recherche et l'acquisition de terrains miniers", a dit M. Diop.
Selon lui, ces développements ont hissé le métal précieux au rang de première source minière de revenus à l'exportation du Sénégal. "En 2013, 9 tonnes d'or à l'état brut ont été exportées. La quasi-totalité de la production, soit une progression de 12% par rapport à 2012", a-t-il expliqué.
A côté de l'or, le zircon et l'ilménite constituent des ressources minières d'avenir pour le Sénégal. "Le pays est entré depuis peu dans le club très fermé des pays producteurs de zircon et de l'ilménite. Le gisement de titane et de zircon en exploitation depuis 2014 est situé sur 100 km le long de la côte sénégalaise au nord de Dakar. Selon les experts du secteur, celui-ci représenterait la 3e plus grande réserve de zircon et d'ilménite au monde", a-t-il fait savoir.
S'agissant du phosphate, le Sénégal occupe la 15e place dans le classement mondial des producteurs de phosphates en 2012.
Par ailleurs, le ministre de l'Industrie et des Mines Aly Ngouille Ndiaye a soutenu que le Sénégal dispose de suffisamment d'atouts pour atteindre les objectifs fixés au secteur.
"Il y a différents facteurs qui attirent les investisseurs. C'est vrai, ce n'est pas seulement parce qu'il y a la rentabilité mais la stabilité joue un rôle important. Le Sénégal jouit d'une situation politique stable et d'un cadre macroéconomique favorable à l'investissement", a dit le ministre.
La position géographique du pays, poursuit Aly Ngouille Ndiaye, donne aux investisseurs la possibilité d'accéder à "un marché de plus de 300 millions de consommateurs". Le pays a aussi un code minier suffisamment incitatif, avec l'attribution de plusieurs permis ouvrant l'accès à une nouvelle mine d'or de fer et de phosphate".
D'après toujours le ministre, les mines constituent en même temps un secteur où les investissements peuvent être risqués si la stabilité politique n'est pas assurée. Mais au Sénégal, on est un pays de démocratie, les gens peuvent venir investir comme ils veulent sans être inquiétés. "Certes, nous avons eu des contentieux qui ont été initiés par les acteurs du secteur minier, mais nous faisons partie des pays les plus attractifs en termes d'investissement minier", a soutenu le ministre.
En outre, il a invité le secteur privé à soutenir le développement du secteur. Pour lui, l'implication des privés dans l'économie minière est d'autant plus opportune que le secteur minier africain est un domaine d'investissement privé par excellence. Ce secteur a besoin de financements, mais il est confronté à une insuffisance des ressources. D'où l'invite au secteur privé à soutenir les efforts engagés par l'État et à contribuer à la réalisation des ambitions fixées pour le secteur minier".
Tout en rassurant du respect de l’échéance de l’introduction de la Télévision numérique terrestre (Tnt) au Sénégal, les experts misent sur l’achat dans les délais par les populations des nouveaux décodeurs que vont distribuer Excaf Telecom, pour ne pas retarder le basculement général à la télévision numérique. Ils l’ont fait savoir en marge de la journée d’information organisée, hier, à l’intention des journalistes par le Comité national de pilotage de transition de l’analogique vers le numérique (Contan).
L’entrée du Sénégal dans l’ère du numérique par la télévision est attendue à partir du 17 juin prochain. Avec ce passage de l’analogique au numérique, les téléspectateurs devraient s’attendre à une véritable révolution qui va changer les habitudes télévisuelles.
Comme si on n’avait pas beaucoup communiqué sur les contours de cette révolution numérique, beaucoup de Sénégalais se posent encore la question de savoir ce que l’introduction de la Tnt va changer dans leur façon d’utiliser la télévision. Face aux journalistes les experts du Comité national de pilotage de transition de l’analogique vers le numérique (Contan) et ceux d’Excaf Télécom sont revenus sur la nouvelle offre de service de la télévision numérique.
«Avec la Tnt la télévision va offrir une multitude de services. Tout dépendra de l’usage qu’on en fera, en plus de regarder vos programmes, votre poste téléviseur pourra vous servir d’ordinateur», explique Mamadou Ball, expert audiovisuel et membre du Contan.
Pour permettre aux téléspectateurs de jouir pleinement des atouts qu’offre la télévision numérique, il faudrait, d’après lui, que les populations se dotent d’un nouveau décodeur, celui dont le groupe Excaf Télécom aura en charge de commercialiser et de distribuer. Ces décodeurs, n’étant pas offerts gracieusement aux populations, ces dernières devront l’acheter à un prix qui ne dépassera pas 10.000 frs.
Toutefois, avertissent les experts, ces nouveaux décodeurs, qui sont obligés de s’inviter dans nos foyers avec l’introduction de la Tnt, sont différents de ceux vendus actuellement sur le marché. «Les décodeurs que nous avons demandé à Excaf Télécom sont aux normes internationales en matière de télévision numérique et ce sont ces seuls décodeurs qui vont permettre de bénéficier de tous les services qu’offre la télévision numérique», a précisé Mamadou Ball.
Sur la disponibilité de ces nouveaux genres de décodeurs à date échu, le directeur technique d’Excaf Télécom est formel. «Les commandes ont été faites, c’est prés d’un million de décodeurs. A la date butoir, nous allons disposer de tous les décodeurs et alimenter les foyers», a rassuré Pape Ciré Cissé.
Toutefois, l’arrivée de ces décodeurs n’aura pas suffit pour basculer totalement de la télévision analogique à la numérique à la date du 17 juin prochain. Le Contan et le groupe Excaf Télécom, comptent sur la rapide disponibilité des populations à acheter ces nouveaux décodeurs.
«Il faut qu’on attende d’avoir une masse critique de foyers qui aura accès à ces décodeurs avant de prononcer l’extinction définitive de l’analogique», a-t-il encore souligné. Pour dire que le 17 juin prochain, la télévision sera, en même temps, analogique et numérique au Sénégal.
Comme nombre de sportifs devenus riches, son passé n'a pas été facile. Et Diafra Sakho n'a pas oublié par où il est passé, sur les sentiers de la galère.
Rien ne lui a été offert sur un plateau d'or. Si Diafra Sakho en est arrivé à ce niveau de performance dans le football anglais, c'est le fruit d'un surpassement pour un garçon qui sait d'où il vient. Issu d'une famille qui a connu la pauvreté, les millions de francs qui tombent chaque semaine dans son compte bancaire font sourire un garçon qui a dû serrer les dents à un moment de sa vie.
Dans la presse anglaise, il est revenu sur ce passé de pauvre, avec une maman débrouillarde et un papa chauffeur qui vivait sur la route.
"Mon père était loin de la maison presque tout le temps. Il était chauffeur de bus sur le trajet Sénégal-Guinée Bissau. J'ai grandi sans lui. Il revenait à la maison une fois ou deux par mois. Mais en tant que famille, nous avons accepté ça et cela ne veut pas dire qu'il ne nous aimait pas. Au contraire, il a fait tout cela parce qu'il nous aimait et il fallait qu'il trouve de l'argent pour nous nourrir. Il nous a beaucoup aidés et nous lui en sommes reconnaissants", raconte Diafra Sakho.
Derrière le sourire et la mine radieuse que le buteur sénégalais montre tous les weekends sur les pelouses anglaises, se cache donc un souvenir difficile à rayer du disque dur cérébral de l'attaquant de West Ham.
"Il nous arrivait de nous réveiller sans avoir de quoi manger. J'étais jeune et ma mère n'avait pas assez d'argent. D'ailleurs, je me souviens à maintes reprises lui avoir proposé d'aller manger chez mes amis. Juste pour ne pas la voir pleurer de ne pas avoir quelque chose à me donner", explique le "Hammer" qui veut montrer à travers cette sortie que rien ne lui a été offert. Ces difficultés de la vie ne l'ont cependant pas empêché de croire en "des jours meilleurs".
Pensant à ces jours où le père rentrait de voyage de travail et "pouvait apporter de l'argent à la maison". Ayant rejoint West Ham en début de saison, celui qui peinait parfois pour manger le matin pèse désormais 13 millions par semaine. Un salaire qui pourrait même doubler avec le nouveau contrat qui devrait lui être proposé par ses dirigeants. Sans compter ce qu'il gagne en termes de primes et de sponsoring.
Aujourd'hui, sa maman récolte les fruits des peines d'hier. "Maintenant au moins, je peux lui donner la vie qu'elle n'était pas en mesure de m'offrir quand j'étais jeune. J'essaie de lui faire plaisir maintenant", sourit-il. Ce plaisir ne pourra cependant pas être partagé avec un père qui a passé sa vie sur la route Sénégal–Guinée Bissau pour nourrir sa famille, puisque n'étant plus de ce monde.
"Malheureusement, mon père est décédé à l'âge de 53 ans. Maintenant la responsabilité de la famille repose sur moi." Une famille de cinq personnes. "J'ai deux frères et une soeur, ma mère et ma fille à soutenir. Evidemment, le choix de venir à West Ham était à la fois sportif et financier et je suis simplement heureux d'être en mesure de soutenir la famille", souligne-t-il.
LE SUTSAS EXIGE A L’ETAT DE RESPECTER LES ACCORDS SIGNES
Le syndicat unique des travailleurs de la santé et de l’action sociale (Sutsas) qui a déroulé son premier plan d’action hier travers un arrêt de travail pendant trois heures sur toute l’étendue du territoire compte accélérer sa cadence dans les prochains jours pour pousser l’état aux respects des accords signés en 2014. Une grève générale sera observée le 28 avril prochain.
En signant des accords avec les syndicats des travailleurs de la santé le 17 Février 2014, l’Etat du Sénégal s’était engagé à respecter ses engagements qu’il avait jugé réalistes et réalisables. Un an et 2 mois plus tard les travailleurs de la santé et de l’action sociale ont fini de patienter de voir ces accords réalisés.
Ils l’ont fait comprendre aux autorités hier en observant un arrêt de travail de 10 h à 13 heures dans toutes les structures de santé publiques. Pour Mballo Dia Thiam, secrétaire général du syndicat unique des travailleurs de la santé et de l’action sociale (Sutsas), « ceci n’est qu’un premier jalon de notre plan d’action car nous avons engagé le combat pour l’application des accords avec l’état et le syndicat va le mener jusqu’au bout.»
Ce qui laisse deviner d’autres actions que le Sutsas compte mener dans les prochains jours comme une marche nationale dans toutes les régions du Sénégal le 21 avril prochain, suivi d’une grève générale dans toutes les structures de santé publique le 28 Avril prochain avec respect des urgences et du service minimum.
Revenant sur les 57 points de leur plate revendicative qu’ils avaient soumise à l’Etat, Mballo Dia Thiam insiste sur les huit points qui restent à être appliqués. Le Sutsas attend encore l’état sur l’organisation de l’élection de représentativité des syndicats du secteur de la santé.
Autres exigences des travailleurs de santé, il faut retenir la signature du décret portant statut du personnel des établissements de santé, la modification du décret portant répartition de l’enveloppe des travaux d’heures supplémentaires et paiement des heures supplémentaires aux contractuels, il y’a aussi la question du parachèvement du texte organisant le système de rémunération des directeurs d’établissements publics de santé.
Les travailleurs de la santé et de l’action sociale se battent aussi pour la création d’un statut pour les présidents de conseils d’administration des hôpitaux « qui ne bénéficient pas des mêmes faveurs que les autres Pca des sociétés nationales», déplore Mballo Dia Thiam.
La question du recrutement des agents de santé communautaire dans la fonction publique locale reste aussi une priorité pour le Sutsas, tout comme l’octroi d’un prêt au logement aux contractuels bénéficiaires d’un contrat à durée indéterminée dans les structures de santé sans oublier la signature du décret pour la mise à disposition de la carte d’égalité des changes pour les personnes handicapées.
Et Mballo Dia Thiam de préciser que « toutes ces revendications ayant fait l’objet d’accords signés par l’état, le Sutsas va continuer la bataille qui se mènera en crescendo, jusqu’à ce que l’état les applique ».
DE LA NÉCESSITÉ D’AMÉLIORER LA QUALITÉ DE L’INFORMATION
La qualité de l’information est un facteur clé pour attirer plus d’investissements étrangers dans le secteur minier. D’imminents économistes, experts financiers et juristes se sont penchés sur la question.
Les résultats de l’étude sur «Les mines au Sénégal : analyse du marché 2015», ont été présentés hier à l’occasion du colloque qui a réuni les acteurs miniers au Sénégal. Le Sénégal dispose, selon ce rapport, d’importantes ressources minières. Si le phosphate et le calcaire qui sont exploités depuis les années 80 sont menacés par l’épuisement, d’autres comme l’or et le zircon sont d’exploration récente, mais connaissent une évolution favorable.
Le premier lingot d’or a été découvert au Sénégal seulement en 2009, cela n’empêche ce pays de se positionner à la 13 place de producteurs d’or sur 50 pays africains. Environ une trentaine de sociétés sont présentes dans la filière aurifère du Sénégal. Ces développements, relève l’économiste Sidy Diop, «ont aujourd’hui hissé le métal précieux au rang de première ressource minière de revenus à l’exportation du pays».
Le Sénégal qui possède par ailleurs la 3ème plus grande réserve de zircon et d’ilménite au monde commence à exploiter ce minerai depuis 2014. Le fer quant à lui présente un potentiel qui n’est pas encore exploité. Cela dit, il est aussi important pour les acteurs miniers du Sénégal de réfléchir sur la manière d’attirer les investissements.
François Leveque, professeur à l’Ecole des mines de Paris et fondateur du cabinet Micro-économie, qui a réalisé l’étude, a identifie l’importance de l’information économique pour attirer les investissements étrangers. «C’est un facteur clé qui guide la décision des investisseurs. Les pays qui disposent de la meilleure base d’information bénéficient d’un quart d’investissements supplémentaires», a-t-il dit.
L’Afrique, de manière générale, n’est pas bien placée pour ce qui est de la disponibilité et de la qualité des informations économiques. «C’est ce constat qui nous a conduit à créer Eco d’Afrique pour réaliser des monographies pour faciliter et permettre d’accroître les investissements directs étrangers», a-t-il révélé.
Avant de poursuivre : «En Afrique, le Sénégal fait partie des bonnes écoles grâce aux statistiques réalisées par l’Ansd.»
Le privé appelé à soutenir les efforts de l’Etat
Pour sa part, le ministre de l’Industries et des Mines, Aly Ngouille Ndiaye, a magnifier la rencontre qui, selon lui, s’inscrit dans la même dynamique que le Plan Sénégal émergent (Pse), de hisser le Sénégal au rang de hub minier. «Identifier parmi les six secteurs les plus prioritaires du Plan Sénégal émergent, les mines sont un important projet pour le chef de l’Etat», a-t-il dit.
Dans le cadre du Pse, le gouvernement sénégalais veut «développer l’exploitation du phosphate fertilisant, accélérer l’exploitation du zircon et de l’or, mais également relancer les mines de fer de la Falémé et d’encadrer les mines artisanales».
Mais cela requiert des financements importants. «C’est un secteur d’investissement privé par excellence. J’exhorte alors le secteur privé à soutenir les efforts engagés par l’Etat», déclare le ministre. Jean Pierre Gaudel, fondateur de
Paris Corporate finance, a noté toutefois que l’argent ne manque pas. «Ce sont les dossiers d’investissement de qualité qui manquent selon les investisseurs », soutient-il.
«J’AI ÉTÉ TÉMOIN DU MEURTRE DE FODÉ NDIAYE À COLOBANE, JE SUIS TRAUMATISÉE»
Attraite devant la barre du tribunal des flagrants délits de Dakar pour tentative d’escroquerie portant sur 10 mille FCfa au préjudice du boutiquier Fallou Ndiaye, la tombeuse des jeunes de Colobane condamnés à 20 de travaux forcés, Arame Sow a persisté sur ses dénégations. Toutefois, elle soutient que depuis le meurtre du policier, Fodé Ndiaye, elle est traumatisée. Pis, elle est victime de menaces de mort de la part des populations de Fass-Colobane
Son procès a été renvoyé, ce mardi, pour la régulation du procès verbal. Car, en détention pré- ventive depuis plus d’une semaine à la Maison d’arrêt des Femmes (Maf) de Liberté 6, Arame Sow a été appréhendée sous le nom Ndèye Sokhna Diouf pour tentative d’escroquerie portant sur la modique somme de 10000 FCfa au préjudice du boutiquier Fallou Ndiaye.
Emmitouflée dans un grand boubou mauve, le foulard de tête bien noué, des cicatrices visibles sur son petit minois, de teint marron, la tombeuse des jeunes de Colobane emprisonnés à 20 ans de travaux forcés, a comparu, hier, devant la barre du tribunal des flagrants délits de Dakar, en boitillant. Elle souffre d’une blessure au niveau de la jambe gauche.
N’empêche, elle s’est défendue devant le prétoire. Célibataire et mère d’un enfant, Arame Sow a contesté les faits pour lesquels elle est poursuivie. «Je me nomme Arame Sow. Je suis allée à la boutique qui se trouve au Rond point de Yoff pour acheter du jus. J’ai donné 10000 FCfa au boutiquier et il a refusé de me rendre ma monnaie. C’est, moi-même qui lui a suggéré qu’on aille à la police pour régler ce problème», narre la prévenue.
Sur le nom de Ndèye Sokhna Diouf mentionné dans le procès verbal d’enquête préliminaire, elle révèle : «C’est mon ex-copain, Ibrahima Sène qui m’a entendue à la gendarmerie. Mais, il ne m’a pas demandé de décliner mon identité. C’est ma mère qui s’appelle Ndèye Sokhna Diouf».
A la question du Substitut de procureur de savoir, si elle était coutumière des faits, Arame Sow avance que ce sont des accusations gratuites. «Dans l’affaire du policier Fodé Ndiaye, j’ai été le témoin. Une telle chose ne m’était jamais arrivée. Je suis traumatisée. A Fass-Colobane, j’ai reçu des menaces de mort après mon té- moignage devant la Cour d’assises. C’est pourquoi, j’ai déménagé à Yoff», fait-elle savoir.
Intervenu pour assurer la dé- fense de sa cliente, Me Issa Diop a rappelé que l’escroquerie suppose des manœuvres frauduleuses. A l’en croire, on n’a pas d’éléments objectifs pour condamner cette dame. De plus, le conseil indique que le problème devait se régler à l’amiable. «Elle a été traumatisée puisqu’elle a témoin d’un meurtre.
Pis, elle est menacée de mort. Comment la Cour d’assises peut condamner juste par témoignage alors qu’elle a un procès verbal. Si cela continue, la Cour d’assises va se retrouver un jour avec zéro té- moin. Cela doit cesser. Ma cliente a le droit d’aller témoigner.
Aux Etats-Unis, on l’aurait protégé ou l’emmenée dans un autre Etat », laisse entendre, Me Issa Diop. Non sans lancer des piques aux avocats de l’un des meurtriers du policier à savoir, Cheikh Sidaty Mané qui s’est constitué partie civile dans cette affaire. «Je ne comprends pas pourquoi, on vient greffer un autre dossier qui n’a rien à voir dans la cause.
Au Sénégal, on n’entre pas dans une boutique et décliner son identité. Donc, l’histoire de faux nom n’intéresse pas ce dossier». Le parquet s’est rapporté à la sagesse du tribunal. La décision est attendue au 30 avril prochain. Par ailleurs, les avocats de Cheikh Sidaty Mané ont brillé par leur absence.
Me Mbaye Jacques Ndiaye et Cie ont déjà interjeté appel contre le verdict de la Cour d’assises. Et lorsqu’ils ont appris l’arrestation d’Arame Sow sous le nom de Ndèye Sokhna Diouf, ils se sont constitués partie civile. «C’est de l’escroquerie.
Elle a été témoin dans le procès des jeunes de Colobane. C’est sous un faux nom et sur la base de son témoignage clé que nos clients ont pris 20 ans de travaux forcés. Nous sollicitons la vérification de la vraie identité de la prévenue car il y a une différence sur les noms, les dates de naissance et les noms des parents», avaient fait savoir les conseils de Cheikh Sidaty Mané.
«NOUS ALLONS RÉDUIRE L’OPPOSITION À SA PLUS SIMPLE EXPRESSION»
MACKY SALL SUR LA TRANSHUMANCE ET LE DEMENTELLEMENT DU PDS
Le leader de l’Alliance pour la République (Apr), a avoué, hier, lors d’une conférence de presse restreinte à Kaffrine, son intension d’encourager l’accueil des transhumants, même s’il récuse cette appellation. A travers une véritable reprise en main de sa communication, le Chef de l’Etat a su aborder avec diplomatie les questions difficiles relatives à l’affaire, Karim Wade, à l’implosion annoncée de sa Coalition Benno bokk yakaar (Bby).
La transhumance politique, qui sous-tend le démentiellement de l’opposition, a encore de beaux jours devant elle. Le président de la République, Macky Sall, qui a récusé cette expression du fait de sa charge «péjorative», va l’encourager davantage. «Ne parlons pas de transhumance qui a une charge très péjorative.
Le terme n’est pas acceptable. Mais, il ne faut pas oublier que nous sommes dans une démocratie. La liberté d’aller et venir est garantie par la Constitution. On ne peut pas empêcher aux gens dans des carcans politiques. Lorsque vous avez une majorité, il faut chercher à la consolider en allant chercher dans le camp adverse, dans l’opposition.
L’opposition est dans son rôle, elle critique et cherche à récupérer des gens dans la majorité. Que quelqu’un quitte un parti où il ne se sent plus à l’aise pour rejoindre un autre parti, il n’y a rien de plus normal. Pourquoi quand quelqu’un quitte le parti au pouvoir pour aller dans un parti d’opposition, on ne parle pas de transhumance. Je suis un exemple, j’ai quitté le Pds pour aller créer mon parti dans l’opposition mais personne n’a parlé de transhumant.
Les idéologies sont désormais relativisées. Nous n’accueillons pas des responsables politiques de l’opposition à coût de milliards ou avec des postes. Non ! Nous sommes dans une logique politique. Nous cherchons à renforcer notre majorité pour gagner le 1er tour. Le mot d’ordre : c’est l’ouverture.
Amenez des gens d’où qu’ils viennent avec n’importe quel moyen. Nous allons réduire l’opposition à sa plus simple expression (Ndlr : Supprimer totalement, ou réduire à l‘extrême). Ça va continuer», a expliqué, le président de la République, Macky Sall. Ça marche dans la coalition Benno Pour le leader de l’Apr, il n’est pas question de porter l’idée ou la position selon laquelle, «les alliées qui donnent leurs opinions ou qui ont d’autres ambitions, doivent soutenir en silence ou quitter la Coalition Benno bokk yakaar».
Selon le président Sall, «il n’y a aucun problème dans la Coalition Benno bokk yakaar. La Coalition se porte très bien. Ce sont des gens à la périphérie qui s’agitent en disant accompagnez moi ou quitter Je ne peux pas soutenir ces positions. Nous n’avons pas de problème de fond avec les alliés.
Maintenant, plus on s’approche de 2017, la tension va monter». Revenant sur ses tournées économiques, le président de la République, Macky Sall a rétorqué à ceux qui parlent de campagne électorale déguisée, qu’il y a d’éternels insatisfaits.
«Moi, je travaille. J’ai moins de 2 heures de sommeil par jour, pour aller rencontrer les populations à la base. Notre présence auprès des populations va relancer les localités visitées. Les populations doivent accueillir leur président de la Ré- publique. Même l’opposition doit accueillir le président, reconnaître sa légitimité. Ce sont de simples règles de civilité», a martelé Macky Sall.