Comme nombre de sportifs devenus riches, son passé n'a pas été facile. Et Diafra Sakho n'a pas oublié par où il est passé, sur les sentiers de la galère.
Rien ne lui a été offert sur un plateau d'or. Si Diafra Sakho en est arrivé à ce niveau de performance dans le football anglais, c'est le fruit d'un surpassement pour un garçon qui sait d'où il vient. Issu d'une famille qui a connu la pauvreté, les millions de francs qui tombent chaque semaine dans son compte bancaire font sourire un garçon qui a dû serrer les dents à un moment de sa vie.
Dans la presse anglaise, il est revenu sur ce passé de pauvre, avec une maman débrouillarde et un papa chauffeur qui vivait sur la route.
"Mon père était loin de la maison presque tout le temps. Il était chauffeur de bus sur le trajet Sénégal-Guinée Bissau. J'ai grandi sans lui. Il revenait à la maison une fois ou deux par mois. Mais en tant que famille, nous avons accepté ça et cela ne veut pas dire qu'il ne nous aimait pas. Au contraire, il a fait tout cela parce qu'il nous aimait et il fallait qu'il trouve de l'argent pour nous nourrir. Il nous a beaucoup aidés et nous lui en sommes reconnaissants", raconte Diafra Sakho.
Derrière le sourire et la mine radieuse que le buteur sénégalais montre tous les weekends sur les pelouses anglaises, se cache donc un souvenir difficile à rayer du disque dur cérébral de l'attaquant de West Ham.
"Il nous arrivait de nous réveiller sans avoir de quoi manger. J'étais jeune et ma mère n'avait pas assez d'argent. D'ailleurs, je me souviens à maintes reprises lui avoir proposé d'aller manger chez mes amis. Juste pour ne pas la voir pleurer de ne pas avoir quelque chose à me donner", explique le "Hammer" qui veut montrer à travers cette sortie que rien ne lui a été offert. Ces difficultés de la vie ne l'ont cependant pas empêché de croire en "des jours meilleurs".
Pensant à ces jours où le père rentrait de voyage de travail et "pouvait apporter de l'argent à la maison". Ayant rejoint West Ham en début de saison, celui qui peinait parfois pour manger le matin pèse désormais 13 millions par semaine. Un salaire qui pourrait même doubler avec le nouveau contrat qui devrait lui être proposé par ses dirigeants. Sans compter ce qu'il gagne en termes de primes et de sponsoring.
Aujourd'hui, sa maman récolte les fruits des peines d'hier. "Maintenant au moins, je peux lui donner la vie qu'elle n'était pas en mesure de m'offrir quand j'étais jeune. J'essaie de lui faire plaisir maintenant", sourit-il. Ce plaisir ne pourra cependant pas être partagé avec un père qui a passé sa vie sur la route Sénégal–Guinée Bissau pour nourrir sa famille, puisque n'étant plus de ce monde.
"Malheureusement, mon père est décédé à l'âge de 53 ans. Maintenant la responsabilité de la famille repose sur moi." Une famille de cinq personnes. "J'ai deux frères et une soeur, ma mère et ma fille à soutenir. Evidemment, le choix de venir à West Ham était à la fois sportif et financier et je suis simplement heureux d'être en mesure de soutenir la famille", souligne-t-il.
LE SUTSAS EXIGE A L’ETAT DE RESPECTER LES ACCORDS SIGNES
Le syndicat unique des travailleurs de la santé et de l’action sociale (Sutsas) qui a déroulé son premier plan d’action hier travers un arrêt de travail pendant trois heures sur toute l’étendue du territoire compte accélérer sa cadence dans les prochains jours pour pousser l’état aux respects des accords signés en 2014. Une grève générale sera observée le 28 avril prochain.
En signant des accords avec les syndicats des travailleurs de la santé le 17 Février 2014, l’Etat du Sénégal s’était engagé à respecter ses engagements qu’il avait jugé réalistes et réalisables. Un an et 2 mois plus tard les travailleurs de la santé et de l’action sociale ont fini de patienter de voir ces accords réalisés.
Ils l’ont fait comprendre aux autorités hier en observant un arrêt de travail de 10 h à 13 heures dans toutes les structures de santé publiques. Pour Mballo Dia Thiam, secrétaire général du syndicat unique des travailleurs de la santé et de l’action sociale (Sutsas), « ceci n’est qu’un premier jalon de notre plan d’action car nous avons engagé le combat pour l’application des accords avec l’état et le syndicat va le mener jusqu’au bout.»
Ce qui laisse deviner d’autres actions que le Sutsas compte mener dans les prochains jours comme une marche nationale dans toutes les régions du Sénégal le 21 avril prochain, suivi d’une grève générale dans toutes les structures de santé publique le 28 Avril prochain avec respect des urgences et du service minimum.
Revenant sur les 57 points de leur plate revendicative qu’ils avaient soumise à l’Etat, Mballo Dia Thiam insiste sur les huit points qui restent à être appliqués. Le Sutsas attend encore l’état sur l’organisation de l’élection de représentativité des syndicats du secteur de la santé.
Autres exigences des travailleurs de santé, il faut retenir la signature du décret portant statut du personnel des établissements de santé, la modification du décret portant répartition de l’enveloppe des travaux d’heures supplémentaires et paiement des heures supplémentaires aux contractuels, il y’a aussi la question du parachèvement du texte organisant le système de rémunération des directeurs d’établissements publics de santé.
Les travailleurs de la santé et de l’action sociale se battent aussi pour la création d’un statut pour les présidents de conseils d’administration des hôpitaux « qui ne bénéficient pas des mêmes faveurs que les autres Pca des sociétés nationales», déplore Mballo Dia Thiam.
La question du recrutement des agents de santé communautaire dans la fonction publique locale reste aussi une priorité pour le Sutsas, tout comme l’octroi d’un prêt au logement aux contractuels bénéficiaires d’un contrat à durée indéterminée dans les structures de santé sans oublier la signature du décret pour la mise à disposition de la carte d’égalité des changes pour les personnes handicapées.
Et Mballo Dia Thiam de préciser que « toutes ces revendications ayant fait l’objet d’accords signés par l’état, le Sutsas va continuer la bataille qui se mènera en crescendo, jusqu’à ce que l’état les applique ».
DE LA NÉCESSITÉ D’AMÉLIORER LA QUALITÉ DE L’INFORMATION
La qualité de l’information est un facteur clé pour attirer plus d’investissements étrangers dans le secteur minier. D’imminents économistes, experts financiers et juristes se sont penchés sur la question.
Les résultats de l’étude sur «Les mines au Sénégal : analyse du marché 2015», ont été présentés hier à l’occasion du colloque qui a réuni les acteurs miniers au Sénégal. Le Sénégal dispose, selon ce rapport, d’importantes ressources minières. Si le phosphate et le calcaire qui sont exploités depuis les années 80 sont menacés par l’épuisement, d’autres comme l’or et le zircon sont d’exploration récente, mais connaissent une évolution favorable.
Le premier lingot d’or a été découvert au Sénégal seulement en 2009, cela n’empêche ce pays de se positionner à la 13 place de producteurs d’or sur 50 pays africains. Environ une trentaine de sociétés sont présentes dans la filière aurifère du Sénégal. Ces développements, relève l’économiste Sidy Diop, «ont aujourd’hui hissé le métal précieux au rang de première ressource minière de revenus à l’exportation du pays».
Le Sénégal qui possède par ailleurs la 3ème plus grande réserve de zircon et d’ilménite au monde commence à exploiter ce minerai depuis 2014. Le fer quant à lui présente un potentiel qui n’est pas encore exploité. Cela dit, il est aussi important pour les acteurs miniers du Sénégal de réfléchir sur la manière d’attirer les investissements.
François Leveque, professeur à l’Ecole des mines de Paris et fondateur du cabinet Micro-économie, qui a réalisé l’étude, a identifie l’importance de l’information économique pour attirer les investissements étrangers. «C’est un facteur clé qui guide la décision des investisseurs. Les pays qui disposent de la meilleure base d’information bénéficient d’un quart d’investissements supplémentaires», a-t-il dit.
L’Afrique, de manière générale, n’est pas bien placée pour ce qui est de la disponibilité et de la qualité des informations économiques. «C’est ce constat qui nous a conduit à créer Eco d’Afrique pour réaliser des monographies pour faciliter et permettre d’accroître les investissements directs étrangers», a-t-il révélé.
Avant de poursuivre : «En Afrique, le Sénégal fait partie des bonnes écoles grâce aux statistiques réalisées par l’Ansd.»
Le privé appelé à soutenir les efforts de l’Etat
Pour sa part, le ministre de l’Industries et des Mines, Aly Ngouille Ndiaye, a magnifier la rencontre qui, selon lui, s’inscrit dans la même dynamique que le Plan Sénégal émergent (Pse), de hisser le Sénégal au rang de hub minier. «Identifier parmi les six secteurs les plus prioritaires du Plan Sénégal émergent, les mines sont un important projet pour le chef de l’Etat», a-t-il dit.
Dans le cadre du Pse, le gouvernement sénégalais veut «développer l’exploitation du phosphate fertilisant, accélérer l’exploitation du zircon et de l’or, mais également relancer les mines de fer de la Falémé et d’encadrer les mines artisanales».
Mais cela requiert des financements importants. «C’est un secteur d’investissement privé par excellence. J’exhorte alors le secteur privé à soutenir les efforts engagés par l’Etat», déclare le ministre. Jean Pierre Gaudel, fondateur de
Paris Corporate finance, a noté toutefois que l’argent ne manque pas. «Ce sont les dossiers d’investissement de qualité qui manquent selon les investisseurs », soutient-il.
«J’AI ÉTÉ TÉMOIN DU MEURTRE DE FODÉ NDIAYE À COLOBANE, JE SUIS TRAUMATISÉE»
Attraite devant la barre du tribunal des flagrants délits de Dakar pour tentative d’escroquerie portant sur 10 mille FCfa au préjudice du boutiquier Fallou Ndiaye, la tombeuse des jeunes de Colobane condamnés à 20 de travaux forcés, Arame Sow a persisté sur ses dénégations. Toutefois, elle soutient que depuis le meurtre du policier, Fodé Ndiaye, elle est traumatisée. Pis, elle est victime de menaces de mort de la part des populations de Fass-Colobane
Son procès a été renvoyé, ce mardi, pour la régulation du procès verbal. Car, en détention pré- ventive depuis plus d’une semaine à la Maison d’arrêt des Femmes (Maf) de Liberté 6, Arame Sow a été appréhendée sous le nom Ndèye Sokhna Diouf pour tentative d’escroquerie portant sur la modique somme de 10000 FCfa au préjudice du boutiquier Fallou Ndiaye.
Emmitouflée dans un grand boubou mauve, le foulard de tête bien noué, des cicatrices visibles sur son petit minois, de teint marron, la tombeuse des jeunes de Colobane emprisonnés à 20 ans de travaux forcés, a comparu, hier, devant la barre du tribunal des flagrants délits de Dakar, en boitillant. Elle souffre d’une blessure au niveau de la jambe gauche.
N’empêche, elle s’est défendue devant le prétoire. Célibataire et mère d’un enfant, Arame Sow a contesté les faits pour lesquels elle est poursuivie. «Je me nomme Arame Sow. Je suis allée à la boutique qui se trouve au Rond point de Yoff pour acheter du jus. J’ai donné 10000 FCfa au boutiquier et il a refusé de me rendre ma monnaie. C’est, moi-même qui lui a suggéré qu’on aille à la police pour régler ce problème», narre la prévenue.
Sur le nom de Ndèye Sokhna Diouf mentionné dans le procès verbal d’enquête préliminaire, elle révèle : «C’est mon ex-copain, Ibrahima Sène qui m’a entendue à la gendarmerie. Mais, il ne m’a pas demandé de décliner mon identité. C’est ma mère qui s’appelle Ndèye Sokhna Diouf».
A la question du Substitut de procureur de savoir, si elle était coutumière des faits, Arame Sow avance que ce sont des accusations gratuites. «Dans l’affaire du policier Fodé Ndiaye, j’ai été le témoin. Une telle chose ne m’était jamais arrivée. Je suis traumatisée. A Fass-Colobane, j’ai reçu des menaces de mort après mon té- moignage devant la Cour d’assises. C’est pourquoi, j’ai déménagé à Yoff», fait-elle savoir.
Intervenu pour assurer la dé- fense de sa cliente, Me Issa Diop a rappelé que l’escroquerie suppose des manœuvres frauduleuses. A l’en croire, on n’a pas d’éléments objectifs pour condamner cette dame. De plus, le conseil indique que le problème devait se régler à l’amiable. «Elle a été traumatisée puisqu’elle a témoin d’un meurtre.
Pis, elle est menacée de mort. Comment la Cour d’assises peut condamner juste par témoignage alors qu’elle a un procès verbal. Si cela continue, la Cour d’assises va se retrouver un jour avec zéro té- moin. Cela doit cesser. Ma cliente a le droit d’aller témoigner.
Aux Etats-Unis, on l’aurait protégé ou l’emmenée dans un autre Etat », laisse entendre, Me Issa Diop. Non sans lancer des piques aux avocats de l’un des meurtriers du policier à savoir, Cheikh Sidaty Mané qui s’est constitué partie civile dans cette affaire. «Je ne comprends pas pourquoi, on vient greffer un autre dossier qui n’a rien à voir dans la cause.
Au Sénégal, on n’entre pas dans une boutique et décliner son identité. Donc, l’histoire de faux nom n’intéresse pas ce dossier». Le parquet s’est rapporté à la sagesse du tribunal. La décision est attendue au 30 avril prochain. Par ailleurs, les avocats de Cheikh Sidaty Mané ont brillé par leur absence.
Me Mbaye Jacques Ndiaye et Cie ont déjà interjeté appel contre le verdict de la Cour d’assises. Et lorsqu’ils ont appris l’arrestation d’Arame Sow sous le nom de Ndèye Sokhna Diouf, ils se sont constitués partie civile. «C’est de l’escroquerie.
Elle a été témoin dans le procès des jeunes de Colobane. C’est sous un faux nom et sur la base de son témoignage clé que nos clients ont pris 20 ans de travaux forcés. Nous sollicitons la vérification de la vraie identité de la prévenue car il y a une différence sur les noms, les dates de naissance et les noms des parents», avaient fait savoir les conseils de Cheikh Sidaty Mané.
«NOUS ALLONS RÉDUIRE L’OPPOSITION À SA PLUS SIMPLE EXPRESSION»
MACKY SALL SUR LA TRANSHUMANCE ET LE DEMENTELLEMENT DU PDS
Le leader de l’Alliance pour la République (Apr), a avoué, hier, lors d’une conférence de presse restreinte à Kaffrine, son intension d’encourager l’accueil des transhumants, même s’il récuse cette appellation. A travers une véritable reprise en main de sa communication, le Chef de l’Etat a su aborder avec diplomatie les questions difficiles relatives à l’affaire, Karim Wade, à l’implosion annoncée de sa Coalition Benno bokk yakaar (Bby).
La transhumance politique, qui sous-tend le démentiellement de l’opposition, a encore de beaux jours devant elle. Le président de la République, Macky Sall, qui a récusé cette expression du fait de sa charge «péjorative», va l’encourager davantage. «Ne parlons pas de transhumance qui a une charge très péjorative.
Le terme n’est pas acceptable. Mais, il ne faut pas oublier que nous sommes dans une démocratie. La liberté d’aller et venir est garantie par la Constitution. On ne peut pas empêcher aux gens dans des carcans politiques. Lorsque vous avez une majorité, il faut chercher à la consolider en allant chercher dans le camp adverse, dans l’opposition.
L’opposition est dans son rôle, elle critique et cherche à récupérer des gens dans la majorité. Que quelqu’un quitte un parti où il ne se sent plus à l’aise pour rejoindre un autre parti, il n’y a rien de plus normal. Pourquoi quand quelqu’un quitte le parti au pouvoir pour aller dans un parti d’opposition, on ne parle pas de transhumance. Je suis un exemple, j’ai quitté le Pds pour aller créer mon parti dans l’opposition mais personne n’a parlé de transhumant.
Les idéologies sont désormais relativisées. Nous n’accueillons pas des responsables politiques de l’opposition à coût de milliards ou avec des postes. Non ! Nous sommes dans une logique politique. Nous cherchons à renforcer notre majorité pour gagner le 1er tour. Le mot d’ordre : c’est l’ouverture.
Amenez des gens d’où qu’ils viennent avec n’importe quel moyen. Nous allons réduire l’opposition à sa plus simple expression (Ndlr : Supprimer totalement, ou réduire à l‘extrême). Ça va continuer», a expliqué, le président de la République, Macky Sall. Ça marche dans la coalition Benno Pour le leader de l’Apr, il n’est pas question de porter l’idée ou la position selon laquelle, «les alliées qui donnent leurs opinions ou qui ont d’autres ambitions, doivent soutenir en silence ou quitter la Coalition Benno bokk yakaar».
Selon le président Sall, «il n’y a aucun problème dans la Coalition Benno bokk yakaar. La Coalition se porte très bien. Ce sont des gens à la périphérie qui s’agitent en disant accompagnez moi ou quitter Je ne peux pas soutenir ces positions. Nous n’avons pas de problème de fond avec les alliés.
Maintenant, plus on s’approche de 2017, la tension va monter». Revenant sur ses tournées économiques, le président de la République, Macky Sall a rétorqué à ceux qui parlent de campagne électorale déguisée, qu’il y a d’éternels insatisfaits.
«Moi, je travaille. J’ai moins de 2 heures de sommeil par jour, pour aller rencontrer les populations à la base. Notre présence auprès des populations va relancer les localités visitées. Les populations doivent accueillir leur président de la Ré- publique. Même l’opposition doit accueillir le président, reconnaître sa légitimité. Ce sont de simples règles de civilité», a martelé Macky Sall.
Invité à commenter le groupe du Sénégal pour les éliminatoires de la CAN-2017, Khalilou Fadiga est d’avis que les Lions sont supérieurs à leurs adversaires. Mais, le gaucher magique appelle les poulains d’Aliou Cissé à plus d’humilité et de concentration.
Kali, pensez-vous comme la plupart des Sénégalais que le groupe K que les lions partagent avec le Niger, le Burundi et la Namibie est facile à jouer ?
Vu les qualités intrinsèques de notre équipe, on n’a pas à avoir peur de nos adversaires. on a un nouveau sélectionneur, avec une vision, des ambitions et plein d’humilité. À partir de là, le sénégal n’aura pas de problème majeur, mais à condition qu’on respecte bien les adversaires. il ne faut pas sous-estimer ces derniers, ni surestimer nos qualités par rapport à ce groupe. je pense que la meilleure des choses c’est se dire que le sénégal doit se qualifier sans souci, mais avec la manière et sans se mettre la moindre pression.
Etes-vous de ceux qui pensent que le Sénégal a des problèmes avec des équipes qui lui sont inférieures sur le papier ?
Justement, cette tendance doit être inversée. Vous savez, l’équipe soi-disant inférieure à son adversaire redouble d’efforts. on a pu le constater. Les petites équipes sont souvent sublimées face aux grandes parce qu’elles veulent tout le temps créer l’exploit. Si tous ces contextes-là ne sont pas pris en compte, elles rendent souvent difficiles la tâche aux équipes favorites. Mais, si on part du principe de la qualité de jeu et de l’expérience, je pense que le sénégal est vachement au-dessus. Maintenant, il y a quelque chose qui ne doit pas être négligée, c’est l’humilité. il faut rentrer dans ce genre de compétition avec beaucoup d’humilité, mais aussi et surtout se dire que les soi-disant petites équipes ont envie de bousculer les grands.
A quel niveau se trouvera le piège dans ce groupe ?
On connaît bien ces équipes-là et, personnellement, l’équipe que je connais mieux, la namibie, est anglophone. Là-bas, ce sont des gens qui ont beaucoup de fierté. en jouant contre le sénégal, ils vont convoquer l’histoire parce qu’on les avait battus sur le score de 5-0, sur la route de la Coupe du monde 2002. après cette humiliation à Windhoek, ils viendront certainement avec un esprit revanchard. Mais, avec les données tactiques et techniques que le sélectionneur du sénégal mettra en place, la namibie ne pourra pas rivaliser avec nous.
Quel est, selon vous, le secteur en chantier pour Aliou Cissé ?
je ne pense pas qu’il rencontrera un problème particulier dans un secteur donné. Vous savez, le travail d’un technicien, c’est toujours se poser les bonnes questions et rectifier le tir au fil des rencontres. C’est ce qu’aliou Cissé est en train de faire. il suffit juste de jeter un regard sur ses deux premières sorties pour vous rendre compte qu’il est dans le bain. Maintenant, il faut toujours peaufiner. Mais, au niveau de la tactique, la mayonnaise est en train de prendre forme. il faut laisser au coach le temps de bosser pour savoir les aspects auxquels il faut apporter des solutions.
Le sélectionneur précédent avait un réel problème de communication avec certains joueurs…
Aliou Cissé n’est pas giresse et vice-versa. La mauvaise communication, les malentendus avec certains joueurs sont un réel problème dans un groupe. et ça, aliou le comprend très bien pour avoir été un des leaders du vestiaire de notre génération. Mais il y aura impérativement un onze de départ avec des remplaçants qui savent qu’ils seront remplaçants. Mais, quand ils rentrent, ils devront donner le meilleur d’euxmêmes pour faire douter le sélectionneur. il est clair que c’est lui qui vit avec le groupe. je ne pense pas qu’il y ait quelqu’un d’autre que lui qui puisse connaître mieux que lui son équipe. Aliou est venu en sélection avec un état d’esprit plus positif que celui qui était là, avec une autre conception du football. C’est surtout ces choses-là qu’il faut faire comprendre aux joueurs.
Ce serait quand une catastrophe si le Sénégal ne se qualifiait pas dans ce groupe ?
où est-ce que vous êtes allé chercher ce pessimisme ? C’est ça aussi le problème. De temps en temps, les gens oublient que nous devrons être optimistes sans être arrogants. nous devrons être optimistes sans être prétentieux et nous devrons être optimistes en étant très humbles. C’est comme ça qu’on doit attaquer ce genre de tournoi. Mais ne commençons pas déjà en étant pessimiste, en disant si on ne se qualifie pas. ne soyons pas négationnistes. Essayons d’être dans un état d’esprit positif. Parce qu’une attitude positive et une pensée positive ne peuvent amener que de bonnes choses.
Ambassadeur du dernier CHAN U20, qu’avez-vous ressenti ?
J’ai ressenti un certain engouement au niveau de la jeunesse sénégalaise. il y a énormément de potentiel dans ce pays. il faut signaler aussi qu’il y a eu un travail de titan qui a été fait en amont par la Fédération sénégalaise de football, qui a réussi à mettre cette équipe nationale des u20 dans des conditions de performance.
Qu’est-ce qui vous a le plus marqué dans cette compétition ?
Ce qui m’a beaucoup plu lors de ce Chan, c’est la montée en puissance de cette équipe du sénégal. C’est vrai qu’au début, elle avait un peu l’air d’être frileuse, mais on a pu constater qu’ils ont mis sur la balance le courage et l’abnégation qui leur ont manqué au début. si on devrait parler tactiquement et techniquement, on dirait que le début du tournoi a été compliqué, mais au fur et à mesure qu’on avançait, joseph Koto a réussi à faire comprendre aux joueurs qu’ils étaient chez eux et qu’ils devraient être la fierté de tout un peuple. Même s’il fallait perdre, il fallait que ça soit dans la dignitié. C’est-à-dire perdre la guerre avec les armes en main. C’est ce qui a fait que cette équipe est allée jusqu’en finale. Cela est dû aussi à toute l’organisation qu’il y a eu autour de cette sélection qui a de l’avenir.
AFFAIRE SUDATEL, "ÉVITER UN REMAKE"
CHEIKH TIDIANE NDIONGUE, EXPERT EN TÉLÉCOMMUNICATIONS
Faire recours à un cabinet pour faire un travail pour lequel l'ARTP est mieux outillée. Cheikh Tidiane Ndiongue y trouve une aberration. L'ancien directeur des Etudes et de la règlementation des postes et télécommunications veut que l'ARTP prenne ses responsabilités pour un contrôle efficace des opérateurs.
Il y a beaucoup de polémique dans le secteur des télécoms. Pensez-vous que les textes qui régissent le secteur (code des télécommunications) permettent à l'ARTP de mener à bien sa mission ? Ou alors pensez-vous qu'il faut réviser les textes ?
A priori et de manière générale, les textes réglementaires sont toujours perfectibles. Ils font régulièrement l'objet de modification et de complément, compte tenu des mutations rapides et permanentes qui caractérisent le secteur et qui empêchent toute visibilité au-delà du court terme. L'actualité le confirme avec l'examen et l'adoption en Conseil des ministres la semaine dernière d'un Projet de décret arrêtant les modalités de contrôle et de supervision du secteur par l'ARTP.
Est-ce que la proposition du choix d'un cabinet pour l'analyse des textes vous paraît pertinente ?
Vous savez, les modifications et les compléments apportés régulièrement au cadre légal et réglementaire résultent pour une large part des résultats du suivi et du contrôle de son application sur le terrain par l'ARTP. Aussi, l'ARTP est-elle plus outillée qu'un Cabinet pour faire un tel travail, en relation avec le Ministère chargé des Télécommunications. Je constate que l'ARTP fait systématiquement appel à des Cabinets pour faire le travail qui lui revient et pour lequel elle dispose des Ressources humaines nécessaires. En effet, qu'il s'agisse du contrôle des appels Entrants, de la gestion du processus de vente de licences, ou de l'analyse des textes, l'ARTP n'a pas besoin de faire appel à un Cabinet. Ce serait incompréhensible, compte tenu des ressources humaines qu'elle possède. Le recours à un Cabinet est tellement injustifié que je ne peux m'empêcher de penser à cette vaste opération de corruption, de concussion et de prévarication que s'est révélé être le processus qui a abouti au choix de SUDATEL en 2007. Il faudrait éviter un remake de l'attribution de la troisième licence dont le processus est jalonné de scandales. D'abord dans les faramineuses sommes dépensées (environ 1,5 milliard de francs Cfa) pour s'attacher les conseils d'un cabinet tout au long du processus ; ce qui n'était pas utile car notre pays dispose d'une expertise en la matière et sollicitée même à l'étranger, avec une rémunération dont le montant est sans commune mesure avec celui alors payé.
L'ARTP semble décidé à contrôler davantage le secteur des télécommunications. Pourquoi maintenant ?
C'est une question qu'il faudrait peut-être poser à l'ARTP. Cependant, en tant qu'observateur, comme j'ai eu à le dire depuis plusieurs années dans différentes interviews, mon sentiment est qu'elle devrait davantage assumer ses responsabilités en remplissant la mission de régulation du secteur des télécommunications qui lui revient. Le contrôle est une des tâches relevant de cette mission. En conséquence, s'il est avéré que l'ARTP est décidée à contrôler davantage le secteur comme vous le dites, je ne pourrais que m'en féliciter.
Pour l'instant, la Sonatel refuse l'installation du dispositif de contrôle. Comment interprétez-vous ce refus ?
Je ne sais pas. Il faudrait peut-être poser la question à la SONATEL. Cependant, avec le Projet de décret examiné et adopté en Conseil des ministres la semaine dernière, comme je l'ai rappelé il y a quelques instants, je crois comprendre qu'il y avait peut-être un vide juridique que ledit décret va combler lorsqu'il sera signé et publié.
L'installation du matériel de contrôle, à votre avis, doit-elle être permanente ou périodique ?
Il faut qu'elle soit permanente, car le monitoring doit être régulier et permanent. L'ARTP doit être en mesure de vérifier à tout instant les données fournies par les opérateurs.
Les ressources humaines de l'ARTP ont longtemps été des cadres de la Sonatel. La difficulté de contrôler ne vient-elle pas de l'histoire ?
Je ne le pense pas. Même si un agent de l'ARTP a été au préalable un employé de la SONATEL, cela ne signifie pas forcément qu'il va demeurer inféodé à cette dernière, parce que de facto, il n'est plus agent de la SONATEL mais celui de l'ARTP pour lequel il a prêté serment. La loyauté et l'éthique relèvent plutôt de la personnalité propre de l'agent quelle que soit son origine. Cependant, ce dont il faut s'assurer est que l'agent n'ait plus aucun lien juridique avec l'Entreprise après son départ.
Est-ce qu'on peut sentir la présence de France télécom dans l'attitude de la Sonatel ?
Forcément. FRANCE TELECOM est actionnaire et détient 42% du capital, donc plus qu'une minorité de blocage et exerce la Présidence du Conseil d'Administration de la SONATEL. Il n'y a donc aucun doute là-dessus.
Avez-vous le sentiment que les opérateurs sont prêts à se soumettre au contrôle ?
Je ne saurais répondre à leur place. Cependant, si l'État, à travers le cadre légal et réglementaire qui relève de son unique et seule souveraineté, décide de leur suivi et de leur contrôle, tout en fixant les modalités pratiques, les opérateurs ont l'obligation de se soumettre. Cela relève du pouvoir régalien et exclusif de l'État du Sénégal.
Est-ce que les autorités vous semblent décidées à doter l'ARTP de moyens d'un contrôle effectif du trafic ?
On peut le penser après l'examen et l'adoption, en Conseil des ministres la semaine dernière, d'un Projet de Décret arrêtant les modalités de contrôle et de supervision du secteur par l'ARTP.
Mamadou Aïdara Diop déclare que les tarifs sont réglés par le marché, l'ARTP ne peut pas imposer de prix. De façon plus générale, est-ce que cela ne pose pas la question de la définition des pouvoirs de l'ARTP ?
J'ai effectivement entendu Mamadou Aïdara DIOP le dire, ainsi que le Directeur Général de l'ARTP d'ailleurs. Je ne suis pas d'accord avec eux. L'existence de la concurrence sur le marché ne garantit nullement des prix compétitifs ou les plus bas possibles. C'est un raisonnement totalement erroné. La preuve, souvent, à travers l'actualité, pour des ententes illicites, il a évoqué des décisions sanctionnant et infligeant des amendes à des entreprises évoluant dans un secteur concurrentiel et prises par des autorités chargées de veiller sur l'effectivité de la concurrence. Aussi, les prix doivent-ils être surveillés, même dans un contexte concurrentiel. Lorsqu'il s'agit d'un monopole de fait, comme au Sénégal avec l'accès à l'internet via l'Adsl, il faut encore plus le faire, en analysant la comptabilité analytique de l'opérateur afin de vérifier si les marges faites par l'opérateur sur ce segment du marché ne sont pas exorbitantes.
Les chiffres disponibles sur les télécommunications relèvent du déclaratif volontaire. Quelle fiabilité peut-on accorder à ces statistiques ?
Une Autorité de Régulation sérieuse ne peut pas se baser sur ces données uniquement. Il faut qu'elle se donne les moyens de les vérifier parce que l'on ne peut pas être juge et partie.
Le projet d'externalisation des opérateurs vous paraît-il faisable ? Y a-t-il des risques pour les emplois ? Combien ?
Un de vos confrères m'a déjà posé la question la semaine dernière et je voudrais vous répondre de la même manière. Au même titre que les syndicats de la Sonatel, deux des projets de transformation de cette dernière devraient retenir l'attention de l'État du Sénégal. D'abord, le changement du mode de gestion des sites des stations de base (énergie, climatisation, pylônes, bâtiments) : abandon du mode de gestion directe via de nombreux sous-traitants à un mode "Managed Services" confié à une seule entreprise. Ensuite, le passage d'une exploitation locale de l'infrastructure réseau vers un centre de gestion centralisée au niveau sous régional de l'Afrique de l'ouest. Autant la Direction générale de la Sonatel a raison sur le principe quant à la rationalisation et à la mutualisation de certaines activités en vue d'améliorer la productivité de l'Entreprise, autant les syndicats devraient logiquement se soucier des conditions de mise en œuvre, compte tenu des éventuelles conséquences économiques et sociales pour l'entreprise et le pays. Aussi, l'État du Sénégal devrait-il également, à l'instar des syndicats, s'en soucier. En effet, que vont devenir ces travailleurs des Pme/Pmi sous-traitants dans un pays comme le nôtre où il y a un besoin urgent d'avenir pour des jeunes générations profondément perturbées par la crise de l'emploi ? Quel est le statut juridique de l'entreprise unique qui devrait s'occuper des stations de base ? Serait-elle une entreprise de droit sénégalais ? ce qui permettrait le cas échéant d'avoir un transfert intra muros du chiffre d'affaires consécutif aux dépenses d'exploitation et de maintenance (Opex) des stations de base (énergie, climatisation, pylônes, bâtiments). Ces mêmes questions demeurent quant au second projet portant sur la gestion centralisée au niveau sous régional de l'infrastructure réseau.
Peut-on parler de concurrence si un opérateur détient le monopole pour faire de l'internet ?
Non, pas du tout. C'est le cas au Sénégal pour l'accès à l'internet par la technologie ADSL. C'est un monopole et il le restera tant qu'il ne sera pas procédé au dégroupage de la boucle locale de la SONATEL.
Les délais de consommation de crédit imposés aux usagers vous paraît-il justifiables ?
En tant qu'observateur voyageant beaucoup en Afrique, je trouve effectivement ces délais relativement trop courts par rapport à beaucoup d'autres pays en Afrique.
Le fait que le directeur de l'ARTP soit un ancien cadre de la Sonatel vous fait-il craindre un conflit d'intérêts.
Pour une éventuelle allégeance à la SONATEL et due au statut d'ancien Cadre ou Employé de cette dernière, j'ai déjà répondu. Cependant, s'il est avéré qu'il détient des Actions de la SONATEL, il y a manifestement conflit d'intérêts et dans ce cas, la morale et l'éthique réprouvent cela.
Cinq ans de prélèvements de surtaxes sur les appels entrants internationaux jamais reversés. Quatre ans d'exploitation de la 3G sans aucune contrepartie. De quoi surveiller davantage les opérateurs de téléphonie sachant que leur poids dépasse largement le système bancaire de l'UEMOA.
Le gouvernement manifeste une volonté d'exercer pleinement son devoir de contrôle sur le secteur des télécommunications. Il y a de quoi! Car, si l'on se fie aux dernières informations données par les autorités compétentes, il y a de bonnes raisons de douter de la loyauté des opérateurs de téléphonie au Sénégal.
En effet, lorsqu'en 2009, Wade a signé un décret portant surtaxe sur les appels entrants, une grande polémique s'en était suivie. L'ancien président a alors suspendu l'application du décret. N'empêche que les opérateurs ont continué de prélever cette surtaxe. En 2012, arrivé au pouvoir, l'actuel président Macky Sall a abrogé ce décret. Cela veut dire donc que la surtaxe était définitivement close.
Là encore, les opérateurs continuent à prélever de l'argent sur chaque appel entrant international. Ce, sans jamais verser un centime à l'État. Autrement dit, à la fois l'État et les consommateurs se retrouvent grugés par les opérateurs. Combien ces appels ont-ils été facturés à la minute ? Pour quelle manne pendant toutes ces années ? Pourquoi rien n'a été ni dit ni fait pendant tout ce moment ? Quelle est la destination de cet argent ?
Voilà autant de questions sans réponses. Nous avons contacté la SONATEL. Nous avons même envoyé un questionnaire au service de communication sur sa demande, mais rien. La responsable de la communication de Tigo a pris notre numéro de téléphone en promettant de rappeler. Ça n'a jamais été fait. Et comme si cela ne suffisait pas, une autre hausse qui devait entrer en vigueur le 7 avril dernier est annoncée. Elle a été démentie par la SONATEL, mais confirmée par le DG de l'ARTP.
L'autre raison de douter est la 3G. En 2011, avec le renouvellement des cahiers des charges de la SONATEL, il était prévu qu'elle paie 3 milliards en plus de 3% du chiffre d'affaires généré par la 3G à verser à l'État. Depuis lors, pas un seul franc dans les caisses du trésor. Le directeur de l'ARTP Abdou Karim Sall affirme que la seule réponse que SONATEL a pu fournir est de dire que c'est parce qu'elle n'a pas été facturée par cette institution.
M. Sall décide alors de le faire. Il va rencontrer un obstacle de taille : "J'ai demandé les chiffres qui devaient me permettre de facturer. Je suis resté 6 mois sans chiffres. J'ai été obligé de recourir à une mise en demeure pour que SONATEL me livre les chiffres", révèle-t-il à la TFM.
Au-delà du refus de communiquer ces chiffres, il y a le problème de transparence. Comment ne pas douter des chiffres fournis par un opérateur qui non seulement n'a pas payé mais a refusé de manière catégorique de délivrer les statistiques, jusqu'à ce qu'elle soit mise en demeure ? Alex Coranthin de l'Observatoire sur le système d'information, les réseaux et les info-routes du Sénégal (OSIRIS), dira que dans un secteur économique, le principe de la confiance est à la base.
"Malgré tout, l'ARTP doit avoir des moyens d'inquisition pour aller de temps en temps vérifier", ajoute-t-il. L'ancien directeur des télécommunications lui est catégorique dans ce domaine. Le point de vue de Cheikh Tidiane Ndiongue est que l'ARTP doit pouvoir vérifier à tout moment, parce que c'est sa mission.
Boîte de Pandore… boîtes à milliards…
Dans sa dernière livraison, l'hebdomadaire Jeune Afrique affirme que "chaque année, ce sont plus de 50 milliards de dollars qui quittent le continent de manière illicite, par le biais de la corruption et du blanchiment d'argent, mais surtout grâce aux pratiques commerciales douteuses mises en place souvent par des multinationales".
Une bonne partie de cette manne est le fruit de fausses déclarations sur les chiffres, poursuit le journal. "Et contrairement aux idées reçues, ce ne sont pas les deux premiers canaux cités (corruption, blanchiment) qui saignent le plus l'Afrique mais bien le dernier qui concerne notamment les grandes multinationales. A elles seules, les pratiques peu scrupuleuses de ces entreprises représentent 65% des capitaux qui sortent du continent" De quoi privilégier le doute sur tous les multinationaux, et même au-delà.
A partir de ce moment, il est clair que l'État a intérêt à voir de plus près, surtout que le secteur des télécoms génère énormément d'argent. EnQuête a eu accès à un document (un autre) qui permet de lever un coin du voile. Prenons l'exemple de deux jours du mois d'août 2014. Un tableau récapitulatif fait état de 740 millions de consommation et 767 millions Cfa.
La consommation Kirène s'élève à 360 millions au premier jour du mois et 210 millions au deuxième jour. Pratiquement un milliard de consommation Orange et Kirène pour chacun de ces deux jours. Ceci sans compter le fixe, l'internet et les autres services de transfert d'argent, de paiement de facture… Si l'on prend la même référence, le crédit expiré est chiffré à 1,7 million et le Dalal Tone à 4 millions.
C'est dire que les Sénégalais dépensent de grosses sommes par jour dans les télécommunications. Sans d'ailleurs que les artistes dont la voix est utilisée ne puissent bénéficier de droits d'auteur. Lorsqu'on met sur la balance les crédits perdus pour n'avoir pas été utilisés, les promotions récurrentes et incontrôlées, on se perd facilement dans la comptabilité des déclarations.
Dès lors, comment s'étonner des chiffres d'affaires faramineuses. A l'exercice de 2014, SONATEL a fait un chiffre d'affaires de 816,019 milliards F CFA pour 218 milliards F CFA de bénéfice. En 2013, c'était 738,314 milliards avec un bénéfice de 189,635 milliards. La même année, l'ensemble du système bancaire de l'UEMOA a fait un résultat net provisoire de 239 milliards F CFA, selon le rapport 2013 de la commission de l'Union.
En d'autres termes, la SONATEL à elle seule pèse presque autant que l'ensemble des banques des 8 pays de l'UEMOA. Qu'en est-il alors du poids des trois opérateurs réunis ? Et dire que ce sont les banques qui sont censées financer l'économie d'un pays !
Au Sénégal, cette différence de taille est énorme. En fait, le pays contribue à hauteur de 56% du chiffre d'affaires de la SONATEL. Et le reste par les 3 autres pays. Ces 56% rapportés au bénéfice de 218 milliards donnent 122 milliards environ de contribution pour le Sénégal.
Or, la CBAO Attijariwafa Bank qui est la première banque au Sénégal a fait un bénéfice de 10,821 milliards, selon son rapport annuel 2013. Un des interlocuteurs n'a peut-être pas tort d'affirmer : "Le jour où on saura combien génèrent les télécommunications, le PSE (Plan Sénégal émergent) sera financé" !
GUERRE DES TELECOMS
CONTRÔLE DES APPELS, VOLUME FINANCIER, 4G, PORTABILITÉ...
Le Secteur des Télécommunications connaît un boom sans précédent au Sénégal. Si son apport dans le Produit intérieur brut (PIB, 12%) est indéniable, plusieurs zones d'ombre subsistent dans la gestion du secteur aux allures de "mammouth". Dans cet univers où tous les codes sont "cryptés", il est important de savoir qui contrôle véritablement l'activité. L'État a-t-il réellement les moyens sur le plan humain, des textes de loi, de l'infrastructure, de surveiller les opérateurs de la téléphonie ? Le partage des rôles entre opérateurs et régulateurs est-il aussi limpide qu'il ne se donne à voir ? Bref, la question principale : "Qui tire les ficelles ?" garde toute sa pertinence. EnQuête tente d'y répondre, dans ce premier jet d'un dossier qui a été difficile à mener du fait que les langues ne se délient paradoxalement pas dans ce domaine.
RÉGULATION DES TÉLÉCOMMUNICATIONS
Les séquelles de l'histoire
Affirmation d'un côté, contre-affirmation de l'autre. Depuis plus d'une semaine, la SONATEL et les autorités étatiques se livrent à une véritable bataille médiatique. Sur ce qui ressemble à un ring à gladiateurs des temps modernes, le problème de fond est que l'État n'a aucune maîtrise sur ce secteur. Les raisons de cette perte du pouvoir sont, en grande partie, à chercher dans l'histoire de la privatisation du secteur.
Il y a une hausse sur les tarifs des appels entrants internationaux ! C'est faux, il n'y a pas eu de hausse. Polémique sur l'augmentation des coûts ou pas d'un côté. Défiance de l'autre côté sur le contrôle des flux téléphoniques. Et enfin, déclaration et contre-déclaration sur la 4G. Le commun des Sénégalais qui n'a pas une bonne maîtrise des télécommunications peut facilement se perdre dans ce jeu de ping-pong. Bien que divers, au fond, ces différents points renvoient à une même problématique : la maîtrise de l'État du secteur des télécommunications.
Tout cet affrontement à distance entre l'État d'une part à travers ses démembrements que sont l'Autorité de régulation des télécommunications et des postes (ARTP) et le ministère en charge de ce département, et d'autre part la Société nationale des télécommunications (SONATEL), n'est que la traduction d'une volonté des deux côtés soit d'arracher soit de conserver le pouvoir de décision, en fonction des intérêts.
De façon plus claire, l'État à qui revient la prérogative de dégager la vision, de définir la stratégie et surtout de réguler le secteur, n'a presque aucun élément qui lui permet d'exercer ce pouvoir régalien. Au Sénégal, les informations dont dispose l'autorité publique sur le secteur des télécommunications est le fruit du déclaratif volontaire, c'est-à-dire que les chiffres lui sont communiqués par les compagnies, sans qu'elle n'ait aucune possibilité de vérifier l'exactitude des déclarations.
Toutefois, les temps semblent avoir changé. L'État est décidé à mettre un terme à ce non-sens. Les propos du directeur général de l'ARTP Abdou Karim Sall, subitement ferme (?) sur la question, ne laissent pas la place au doute. "Un régulateur qui se respecte, ne peut pas accepter ad vitam aeternam, des informations basées sur du déclaratif."
Mais une question se pose. Comment expliquer que l'État ne dispose d'aucun levier pour procéder au contrôle d'un secteur aussi lucratif. Le ver est à chercher non pas dans le fruit, mais dans le passé. En effet, la SONATEL a d'abord été une société nationale et publique. En 1997, quand il fallait passer à la libéralisation, l'État étant majoritaire, tout le monopole a été accordé à la boîte. Mieux, l'ensemble des instruments de décision ont été mis entre les mains de la SONATEL.
En quelque sorte, comme l'affirme une source, c'est un privé au cœur du public. Tout était donc entre ses mains, parce qu'étant seule à l'époque, dans le secteur.
Un document interne à l'État qui fait le diagnostic du secteur et que EnQuête a parcouru constate l'impuissance de la Direction des Etudes et de la Réglementation de la Poste et des Télécommunications (DERPT) depuis sa création le 5 septembre 1994.
"Au lendemain de l'ouverture du secteur à la concurrence, la DERPT et le Ministère de la Communication étaient dépourvus de moyens techniques et humains pour être à même d'exécuter correctement leurs tâches, notamment en matière de vérifications d'ordre technique. Il s'y rajoute que c'est la SONATEL qui continuait à assurer la planification, la gestion et le contrôle du spectre de fréquences", note le document.
Agents de la SONATEL et régulateur
Afin que l'État puisse assurer sa mission un tant soit peu, des agents de la SONATEL sont mis à la disposition de l'autorité. Autrement dit, SONATEL a toujours pu placer, en détachement, des ressources humaines à tous les niveaux stratégiques de l'Administration publique. Le document relève ce fait en ces termes :
"Des salariés de SONATEL, de surcroît actionnaires, se sont donc retrouvés aux postes de Conseiller au Ministère en charge des Télécommunications, Responsable de département au FONSIS, Directeur des TIC, agents de l'ARTP, Conseiller du Premier Ministre ou Directeur de Cabinet du Ministère, tout en conservant leurs avantages, actions et plans de carrière à SONATEL".
Bref, depuis l'ouverture du secteur à la concurrence, la gouvernance, la législation et la régulation des TIC ont toujours été, pour l'essentiel, l'œuvre des agents de SONATEL. Le cordon ombilical n'est pourtant pas encore coupé. La preuve par l'actuel Directeur général de l'ARTP qui est un ancien d'Orange. Ce n'est sans doute pas le fruit du hasard si le Dg de la Sonatel est devenu très fréquent dans les locaux de l'Agence de régulation des postes et télécommunications (ARTP).
Il a été noté, depuis l'arrivée d'Abdou Karim Sall à cette agence stratégique, un va-et-vient inhabituel du Directeur général de la SONATEL au bureau du boss de l'ARTP. Simple coïncidence ? Entre quatre murs, qu'est-ce qu'un ancien cadre de la SONATEL, qui n'a sans doute pas goûté aux délices du top management… Orange (il fut chef d'agence à Bargny), peut raconter au Directeur général Alioune Ndiaye ?
Sans que cela puisse être mathématiquement prouvé, il revient dans nos différentes discussions que la SONATEL a d'une manière ou d'une autre contrôlé les différents directeurs qui se sont succédé à la tête de l'ARTP. Par quel mécanisme ? Avec le bâton ? La carotte ? Les deux à la fois…
Le contrôle s'exerce aussi de façon plus subtile par les mouvements d'aller et retour du personnel très restreint des Télécoms de la SONATEL vers l'État, puis de l'État vers la SONATEL. Ces agents étant dans les centres de décision, rien ne pouvait échapper à la multinationale en termes d'informations. Mais également, ils pouvaient facilement influencer les décisions de l'État.
Une source de relever : "Ceci a permis à SONATEL, d'une façon ou d'une autre, d'anticiper sur la stratégie de la concurrence, de surveiller la politique développée par celle-ci et de pouvoir la retarder ou la contrecarrer puisque ce sont ses employés qui assuraient la conformité du matériel, bref tout le volet technique que l'État en ce moment ne pouvait assumer en personne".
Ce dispositif fait que lorsque l'ART a été créée en 2001, elle n'avait aucune ressource, ni technique, ni humaine lui permettant de mener sa mission. Cette tare congénitale poursuit encore sa fille l'ARTP. Certes, beaucoup d'efforts ont été faits sur la question des ressources humaines. Mais toujours est-il que la conséquence de ces faits de l'histoire est que l'ARTP ne dispose aujourd'hui d'aucun outil pour recenser et caractériser les chiffres et données du secteur (nombre d'abonnés, qualité de service, flux des appels, coût des produits et services, chiffre d'affaires…).
D'où l'idée "de faire l'audit des ressources humaines de l'Administration publique en charge du secteur, d'éliminer les conflits d'intérêts, et de projeter un programme de Formation et de recrutement de fonctionnaires".
Dépenses par jour dans le téléphone
Ce qui reste évident, c'est qu'il y a des informations capitales dont l'État a besoin. Par exemple, les données réelles sont aujourd'hui indispensables à l'État pour savoir s'il faut une quatrième licence globale de téléphonie. Avec la 4G, il faut définir une redevance sur la base des statistiques. Idem pour la mise en œuvre de la portabilité des numéros.
Il y a également l'application de la législation et de la règlementation en vigueur, tous tributaires des statistiques qui encore une fois, à l'absence de tout contrôle, ne sont que ce que les opérateurs veulent qu'elles soient. A tout cela s'ajoutent la TVA et les autres taxes qui sont appliqués aux chiffres réels dans le secteur.
Mieux, il y a une question très simple à laquelle il faut trouver une réponse : combien les Sénégalais dépensent par jour dans les télécommunications ? Si l'on en croit une source, personne n'a cette réponse à part les opérateurs. Ni l'ARTP ni aucune autre personne ou institution. C'est dire donc que l'État a intérêt à mettre fin au régime déclaratif.
C'est pourquoi dans les recommandations du document susmentionné, il est conseillé aux décideurs de "demander à l'ARTP de sommer les opérateurs à fournir les données telles que le montant collecté quotidiennement au titre de la vente en mode prépayé de services aux abonnés, tous types de recharge confondus".
Seulement, rien n'indique que la SONATEL est prête à se faire contrôler. Le document de l'État cité ci-dessus dénonce cette attitude. "L'ARTP s'est dotée récemment d'un matériel de supervision, mais SONATEL refuse l'installation des sondes du dispositif de contrôle arguant un vide juridique, là où Expresso et Tigo ont déjà accepté et accueilli les sondes", s'indigne-t-on.
Alex Coranthin de l'Observatoire sur le système d'information, les réseaux et les info-routes du Sénégal (OSIRIS), estime qu'il y a soit une mauvaise lecture soit une mauvaise écriture des textes. "Si la loi le permet, SONATEL ne peut pas aller à l'encontre. Peut-être que c'est nous qui avons mal écrit les textes", s'interroge-t-il.
Aux dires de M. Coranthin, l'ARTP vérifie mais n'ordonne pas. Et c'est là ou se situe le problème, car l'architecture institutionnelle n'y est pas. Les textes réglementaires qui régissent le secteur aussi ont des failles. "Les textes ne sont pas aussi clairs et aussi précis qu'ils devraient l'être. Ils ont été très larges et peuvent poser des problèmes dans la mise en application". Il plaide donc pour que la législation soit sectorisée afin de séparer les types d'activité.
Global Voice : un chiffon rouge
Mais en attendant, l'État a décidé de combler ce vide juridique par la voie la plus rapide. Lors du conseil des ministres du mercredi 8 avril, il a été question de finaliser le "décret portant mise en place d'un dispositif de supervision et de contrôle de l'activité des opérateurs et de lutte contre la fraude dans les télécommunications". Il a pour objectif de fixer les modalités pratiques permettant à l'ARTP d'assumer sa mission de contrôle. Mais déjà, le directeur de l'ARTP a compris dans les propos de Mamadou Haïdara Diop une volonté de défiance.
Cet administrateur de la Sonatel représentant le personnel au conseil d'administration dans l'émission Grand Jury de la Rfm de dimanche dernier semble dire que même avec un décret, la SONATEL ne se soumettra pas à ce contrôle. Abdou Karim Sall espère que ce n'est pas la position de la direction de SONATEL et s'est voulu ferme en ce sens. "Nous à l'ARTP, nous ne comptons pas, nous n'entendons pas négocier l'application d'un décret."
En fait, la SONATEL récuse particulièrement la société Global Voice qui ne rappelle pas que de bons souvenirs au Sénégalais. Mais contrairement à ce qu'affirme la SONATEL, il ne s'agit point de contrat de prestation de service avec Global Voice, si l'on en croit les autorités. En fait, Global Voice n'a fait que former les agents de l'ARTP dans le contrôle des flux. Mais le matériel appartient à l'ARTP. Et ce sont ses fonctionnaires qui feront le travail. On peut dire donc que c'est l'ARTP qui exerce enfin sa vraie mission.
Le journaliste et Directeur de la RFM Alassane Samba Diop estime que Global Voice n'est qu'un chiffon rouge que la SONATEL agite pour faire peur au Sénégal. "Il y a toute une logique de communication derrière", constate-t-il. D'autant plus que ce même dispositif de contrôle existe dans d'autres pays africain comme le Rwanda, le Ghana, la Tanzanie et la Guinée.
NIGERIA : REPRISE DES VOLS INTÉRIEURS SUITE À LA GRÈVE DES CONTRÔLEURS AÉRIENS
Lagos, 17 avr 2015 (AFP) - La grève des contrôleurs aériens a été suspendue au Nigeria, où les vols intérieurs, interrompus jeudi, ont pu reprendre vendredi, selon un responsable.
"La grève avait fait l'objet d'un préavis (...) les vols ont maintenant repris normalement", a déclaré à l'AFP Yakubu Dati, le porte-parole de l'Autorité fédérale des aéroports du Nigeria (FAAN).
Les contrôleurs aériens réclamaient notamment une augmentation salariale et une amélioration de leurs conditions de travail. Les vols internationaux n'ont pas été affectés par la grève de jeudi.
Mais la grève de l'Association nationale des contrôleurs aériens a semé le chaos, jeudi, dans tous les grands aéroports du pays. Les vols intérieurs sont cruciaux au Nigeria, où les mauvaises infrastructures routières rendent les routes dangereuses, et où le réseau ferroviaire est peu développé.
Victor Eyaru, le président du syndicat en question, cité vendredi dans plusieurs médias nigérians, a menacé de lancer une grève plus importante à partir du 20 avril si les revendications des contrôleurs aériens ne sont pas entendues par les autorités.