Le Président Macky Sall est attendu, demain, dans le Saloum, pour une tournée économique de 4 jours dans la zone (du 12 au 15 avril). Une visite pour mener un dialogue direct avec les acteurs économiques des régions administratives de Kaolack et de Kaffrine aux relents politiques, comme le regrettent certains démembrements du secteur privé dessaisis, selon eux, au profit des politiques.
Que vient faire le président de la République au Saloum ? Vient-il s’enquérir de la situation économique d’une zone en pleine récession économique avec une campagne de commercialisation arachidière qui tarde à décoller ? Ou cherche-t-il à consolider sa majorité électorale en perspective de la Présidentielle de 2017 ? Le débat est lancé.
Du côté des caciques de l’Alliance pour la République (Apr), la question ne se pose même pas. Lors d’un Comité
régional préparatoire (Crd), alors qu'un des responsables départementaux du parti au pouvoir avait recommandé de mettre aux vestiaires la guerre des pancartes et les démonstrations de force partisanes, il avait essuyé un tir croisé de ses camarades de parti engagés dans une surenchère politique pour l’accueil de leur mentor. D’autant que, comme le soulignent des sources proches du commandement territorial, les responsables locaux de l’Apr tiennent à se rattraper, car lors du premier Conseil des ministres décentralisé, tenu à Kaolack en 2012, la mobilisation était en demi teinte.
Une politisation à outrance du séjour présidentiel qui fait grincer des dents chez les opérateurs économiques du Saloum.
«C’est tout simplement regrettable que pour la seule activité à caractère économique qui a été minutieusement préparée par un comité scientifique, sous la supervision du gouverneur, qu’on soit dessaisi, au dernier moment pour l’organiser à Guinguinéo, en lieu et place du 'Coeur de ville' à Kaolack, pour des considérations purement politiciennes», confie un opérateur économique sous le couvert de l’anonymat.
Une analyse corroborée par des informations annonçant le ralliement de Daba Diouf , successeur de l’ancien Premier ministre Souleymane Ndéné Ndiaye à la tête de la capitale du département de Guinguinéo, qui expliquerait le transfert à la dernière minute du forum économique.
Autre enjeu politique, l’unité introuvable chez les «apéristes» de la capitale du Saloum, où lors des investitures pour Les locales de 2014, pas moins de 9 sensibilités se sont fait face à l’Apr. Pour ajouter à la confusion, il faut relever les déchirures dans la coalition présidentielle dans certaines localités comme Nioro, Keur Madiabel ou le département de Kaolack, où une liste parallèle du parti au pouvoir s’est opposée à celle de «Bby». Ce qui continue de nourrir des rancœurs.
Quid des bastions contrôlés par les socialistes, notamment à Kaffrine et à Paoskoto, dans un contexte de guerre larvée entre partisans du Secrétaire général du Ps et Macky Sall ?
C'est dire que cette tournée est plus que politique qu'économique.
La vie ne fait pas que des heureux, il y a des personnes qui souffrent en silence au plus profond de leur chair à cause de leur situation de vulnérabilité. Les femmes et les filles victimes de maltraitances ou de violences de toute sorte se sont réfugiées dans une structure d’accueil et d’accompagnement dénommée Maison Rose ‘’Dar As Salam’’. Une sorte de havre de paix pour retrouver le sourire à travers un programme de formation et de travail psycho-social.
Dans la maison d’accueil, il y a une multitude de cas de maltraitances ou de violences qui existent au Sénégal. Elle est implantée dans la bâtisse qui abritait l’ancien tribunal d’instance de Pikine-Guédiawaye, entièrement rénovée pour accueillir les femmes en situation de vulnérabilité ou de violences. Parmi ces personnes figurent des filles mineures-mères, des femmes adultérines rejetées par leurs familles, des filles violées, des filles fugueuses, des filles victimes de mariages forcés. Les pensionnaires de la Maison Rose Dar Es Salam sont au nombre de trente et un dont dix bébés nés de viols suivis de grossesses non désirées. Tous sont entièrement pris en charge par la maison d’accueil. Il y a également dix enfants qui passent la journée pour ne rentrer que le soir. Chaque femme ou fille qui arrive à la maison d’accueil a une histoire particulière. Toutes les ethnies s’y retrouvent. Les histoires des filles se suivent et ne se ressemblent guère. Voici le récit du calvaire de quelques filles victimes qui ont voulu se prêter à nos questions.
POUSSEE PAR SA MERE DANS LES BRAS DES HOMMES
I.D est une fille âgée de 13 ans et mère. Son aveu est saisissant : « C’est ma mère qui me poussait dans les bras des hommes », avoue-t-elle. D’une démarche nonchalante, le regard dans le vide, de petite taille, Isabelle (nom d’emprunt) est mère d’un petit garçon. Elle a tenu à partager avec nous sa mésaventure. « Je suis originaire de la Casamance. Je suis issue d’une famille démunie à l’extrême et ma mère ne jouit pas de toutes ses facultés mentales. Ma mère me forçait à coucher avec des hommes pour faire bouillir la marmite. Quelques fois je suis dans l’angoisse de trouver de quoi manger. Mon père nous a abandonnées ma maman et moi, arguant qu’il n’est pas mon géniteur», souligne-t-elle. La jeune fille-mère en détresse vide son sac : « Ma mère est la responsable de mon exclusion à l’école. Elle m’obligeait à se prostituer pour vivre. C’est un ami de mon père qui abusait beaucoup de moi, moyennant de petites sommes d’argent. Je suis tombée enceinte de lui ».
Elle poursuit ses aveux en ces termes : « J’ai un enfant de 6 mois qui est dans la maison Rose. Il est bien entretenu par Mona. Seulement, avant d’accoucher j’avais toutes les difficultés du monde, j’ai failli même y laisser ma vie n’eut été l’intervention et le soutien de la Maison Rose Dar Es Salam ».
ID continue d’expliquer son calvaire. « Imaginez, être enceinte à l’âge de 13 ans. C’est l’AEMO de la Casamance qui a sollicité mon transfèrement à Dakar pour les soins liés à ma grossesse sinon j’allais mourir», dit-elle.
Elle a tout de même tenu à préciser qu’avant cette histoire, elle a été aussi violée à l’âge de 10 ans par un individu du quartier à qui sa mère devait de l’argent pour des chaussures achetées à crédit. Sa mère, rappelle-t-elle, lui avait remis de l’argent pour aller payer. Mais aussitôt la commission faite, il l’a attirée dans sa chambre, l’a bâillonnée avant d’abuser d’elle. C’est depuis ce jour qu’elle a commencé à vivre son calvaire, au point même d’être taxée de prostituée. Mais actuellement, elle se sent mieux depuis qu’elle est admise dans la Maison Rose où il y a un programme de réadaptation pour toutes les pensionnaires de la maison d’accueil. On y apprend un métier en couture. D’ailleurs, ID nous apprend qu’elle n’a plus envie de rentrer à Ziguinchor.
EXPULSEE PAR SA MERE POUR GROSSESSE
CB est quant à elle âgée de 16 ans. Elle nous révèle que sa maman l’a expulsée de chez elle avec sa grossesse. « Ma mère m’a mis dehors avec ma grossesse. J’ai failli me suicider », nous apprend-elle. Pour cette jeune fille mineure la vie est trop cruelle. Elle qui avait fait ses baluchons, quittant son Ndiambour pour la capitale afin de vivre des lendemains meilleurs, a vite regretté son choix car la vie en avait décidé autrement. Comme les autres filles de son village, Codou a loué une chambre qu’elle n’arrive pas à payer correctement avec son travail temporaire. Acculée par son logeur après avoir accumulé plusieurs mois d’arriérés de loyer, elle vit dans la tourmente. Selon elle, c’est la pression du logeur qui l’a poussée dans les bras d’un homme. « J’en ai parlé à un homme avec qui je travaille dans une usine. Ce dernier a souligné pouvoir régler mon problème d’arriérés de loyer mais je devais coucher d’abord avec lui. Le gars qui était gentil avec moi a profité de ma faiblesse pour me faire chanter. Au début, j’avais refusé mais j’ai finalement cédé à son chantage. Je suis tombée enceinte de lui et j’ai finalement perdu le boulot avec ma grossesse », renseigne-t-elle.
Toujours, selon la jeune fille de 17 ans, le calvaire s’est accentué quand elle est partie informer sa maman de sa grossesse. « Ma maman déçue de moi m’a mis dehors. Car elle ne pouvait pas concevoir que cela m’arrive. Elle avait trop confiance en moi jusqu’à me laisser venir à Dakar travailler. Et je ne lui en veux pas. Je suis revenue à Dakar. Durant trois jours j’ai erré dans les rues. Je marchais avec ma grossesse sans rien manger. J’étais trop désespérée. Je me suis même évanouie à Yoff dans une rue. On m’a transférée au centre de santé Philippe Senghor. C’est de là, après avoir narré mon histoire, que les médecins m’ont signalé la maison Rose à Guédiawaye », raconte-t-elle.
Revenant sur son séjour dans la maison, elle révèle qu’elle avait muri l’idée de se suicider ou d’avorter. Mais l’intervention des techniciennes de la maison a changé son intention. « Quand on m’a interrogée sur la situation, je leur avais indiqué que je voulais mourir. Mona m’a beaucoup soutenu sur le plan psychologique. Même la prise en charge médicale jusqu’à mon accouchement est gérée par la maison d’accueil. J’ai un mignon petit garçon. Actuellement on nous fait faire des activités qui nous occupent pour chasser les pages noires de notre vie pour ensuite affronter la vie et les regards de la société qui nous taxe de filles faciles », souligne-t-elle. Et de poursuivre pour évoquer le rôle de médiation qu’a joué la maison d’accueil avec sa famille. « Au début ma mère ne voulait rien entendre de moi. Il a fallu des médiations entreprises par Mona avec ma famille qui a abouti à mon acceptation et au pardon de ma mère. Actuellement, pas d’écueils entre nous, on est en très bons termes », nous apprend-elle. La vie a pourtant failli basculer pour Codou n’eût été l’intervention de la Maison Rose qui l’a accueillie et hébergée. Aujourd’hui, elle envisage de repartir dans son village natal pour affronter son destin, une fois qu’elle aura un boulot et suffisamment d’argent pour soutenir sa maman.
POUSSEE A L’EVASION PAR LES VIOLS DE SON ONCLE
L’histoire la plus triste est sans doute celle de cette fillette de 12 ans. HT a été victime de maltraitances familiales et de viols au point de fuir le domicile familial. « Mon père me battait tous les jours et mon oncle m’a violée. J’ai fui la maison », renseigne-t-elle.
L’histoire de cette petite fille de taille élancée, est aussi pathétique. HT (nom d’emprunt pour garder la confidentialité), âgée de 12 ans, a fui le domicile familial avec sa sœur et son petit frère pour avoir subi des atrocités d’un cousin de son père qui a tenté de la violer. Visiblement traumatisée par les brimades et violences faites sur elle par son « ivrogne » de père qui n’arrête pas de les battre à longueur de journée. HT est très traumatisée à tel enseigne que ses explications sont même décousues. Ses parents divorcés, le père assure la garde des enfants. Sans assistance, la fille a indiqué avoir souffert de son père. Revenant ivre tous les soirs, leur père n’arrêtait pas de les battre, témoigne la fille dont la taille élancée ne colle pas avec son âge.
« Chaque vendredi soir mon père avec son groupe de copains squattaient la maison. On ne pouvait pas dormir. S’il nous trouvait endormis, il nous réveillait et nous torturait toute la nuit, moi, ma grande sœur et mon petit frère », dévoile-t-elle. « Un jour on était à la maison, ma grande sœur partie chercher de quoi manger. Tonton A. était venu me réveiller en demandant après ma grande sœur. Quand je lui avais répondu qu’elle était allée chercher à manger, il m’avait ensuite invitée à jouer au Lido avec lui. Je m’étais exécutée. Juste après, il m’avait demandé de me déshabiller, sinon il allait le dire à mon père. Je m’étais encore exécutée. Il avait alors sorti son sexe et tenté de coucher avec moi sans succès », témoigne-t-elle. Avant d’enchaîner : « Il s’était par la suite couché sur moi et commencé à frotter son sexe au mien. Après, j’avais senti un liquide blanchâtre qui avait couvert tout mon sexe. J’avais eu peur et j’étais partie le dénoncer à un voisin militaire qui était avec son ami dans leur chambre ».
Ce dernier l’avait apostrophé sur ces agissements délictuels. Selon HT, après le divorce de ses parents, sa maman s’était remariée avec un autre qui avait pris l’engagement de nous garder avec lui, mais son père était venu pour briser le mariage. Nous étions alors obligés de retourner chez ma grand-mère où nous avions des problèmes d’espaces. Actuellement, sa grande sœur est partie chez son homonyme. Mais HT est bien dans sa peau maintenant car elle a commencé à apprendre la couture. Elle révèle toutefois qu’elle ne veut plus retourner vivre avec son père, encore moins dans la maison de sa grand-mère où on lui faisait vendre à longueur de journée des produits alimentaires.
PRISE EN OTAGE PAR UN VOISIN VIOLEUR
Agée de 16 ans, K une fille de forte corpulence est violée par son voisin. Avec son regard inquisiteur et sa grande taille, K ne donne pas l’image d’une mineure. Disposant de tout ce que la nature offre comme rondeur pour être attirante, elle ne savait pourtant pas que son voisin la guettait depuis un certain moment. Un jour, alors qu’elle s’était rendue dans la maison voisine, le gars avait abusé d’elle avant de la menacer de mort, témoigne-t-elle, tout en semblant surmonter son malheur. « Je suis allée dans cette maison. Le gars a fait appel à moi par l’entremise de sa sœur. Une fois dans la chambre, il a refermé la porte derrière moi. Il a mis sa main sur ma bouche et abusé de moi. Après son forfait, il m’a menacée de mort si je le dénonce. J’ai pris panique et gardé le silence durant des mois », dit-elle.
Selon elle, c’est quand la métamorphose de son corps s’est déclenchée que son viol est découvert. « J’ai souffert en silence. Je ne savais même pas que je suis tombée enceinte à la suite du viol. C’est ma tante qui a informé ma mère de ma grossesse quand elle a vu que je commençais à avoir des rondeurs. On m’a pressé de questions et j’ai dénoncé le gars qui avait nié au début. Mais il était finalement condamné après une plainte à la police », renseigne-t-elle. « Les membres de sa famille m’ont menacée de mort après sa condamnation. On m’a alors suggérée de me réfugier dans la maison rose. Actuellement, je suis bien ici. Ma mère venait me rendre visite durant toute ma grossesse, et jusqu’à mon accouchement. Je suis bien traitée avec mon enfant dans la maison, on fait du yoga pour chasser nos soucis, on est formée en couture, entre autres», laisse-t-elle entendre. Maintenant, elle se dit prête à affronter le regard réprobateur de ses voisins de quartier.
MONA CHASSERIO, PRESIDENTE DE UNIES VERS’ELLE SENEGAL : «Notre objectif c’est d’humaniser le monde»
L’association Unies Vers ’Elle est implantée dans les locaux de l’ancien tribunal d’instance départemental de Pikine-Guédiawaye. La coordonnatrice Mona Chasserio est connue pour son engagement à accompagner les femmes qui vivaient dans la rue en situation de grande souffrance en France pendant plus d’une vingtaine d’années. Un modèle qui a porté ses fruits en France et dont la « Mère Theresa » de la banlieue voudrait imprimer dans le Sénégal à travers un paquet de services. Selon elle, l’expérience est très profonde car une autre forme de thérapie existe. « Ce qui m’intéresse c’est de rentrer dans l’histoire de chacune des victimes, d’essayer de l’aider à transformer sa douleur en vie. Je suis venue avec une philosophie, avec une manière de faire, une manière de voir c’est-à-dire beaucoup plus humanisée », a-t-elle indiqué. « Ce qui m’intéresse, c’est l’être mais non pas comme le font les travailleurs du social. Quand je te prends, je résous tes problèmes extérieurs et je te remets dans la case. Ce qui m’intéresse c’est d’aider chacune à renaître de sa souffrance parce qu’à l’intérieur de soi, il y a autre chose que çà. On peut toujours enlever les épines, quand c’est possible », signale-t-elle.
«La maison rose est un lieu de renaissance. On vient poser son histoire pour la transformer et renaitre. C’est un lieu où on vient pour apprendre à se connaitre. Les journées sont faits d’ateliers qui stimulent tous les sens, que ce soit le corps parce qu’il faut savoir que quand vous êtes violée petite ou victime d’attouchements, le corps se divise en deux. Il y a la tête d’un côté qui réfléchit et le corps qui devient presque anesthésié. C’est pour cela qu’on peut même le vendre et devenir prostituée sans problème parce qu’on vous a pris votre corps», renseigne-t-elle. Pour elle, le but des ateliers physiques (yoga, basket, jogging) est de réapprendre à unifier le corps de la victime, afin que la tête et le corps se remettent dans l’unité du tout pour pouvoir choisir.
L’autre volet important de prise en charge psycho-affective de Unis Vers’ Elles Sénégal reste les médiations entre les victimes et leur famille. Un travail de médiation pour que la famille arrive à comprendre ce qui s’est passé et puisse accepter leur tort et les réintégrer dans la cellule familiale. Pour les filles victimes de grossesses non désirées, le Yoga leur permet de sentir leur bébé. Ce qui leur permet également de l’aimer et de tenir la grossesse jusqu’à terme. Plus d’une centaine de victimes ont réussi le retour en famille après un séjour d’hébergement dans la maison d’accueil Maison Rose Dar Es Salam.
D’après Khady Badio, éducatrice spécialisée, non moins coordonnatrice de la Maison Rose Dar Es Salam, la prise en charge des enfants victimes de maltraitances n’est pas chose aisée. «Ce sont des filles qui sont psychologiquement atteintes car elles sont victimes de toutes sortes de maltraitances.
Sur le plan émotionnel et affectif, elles ont des problèmes. C’est ça le plus difficile à gérer, car il n’y a pas la famille derrière, surtout les femmes qu’on accompagne. Parce que les parents sont séparés et cela les suit jusqu’à l’adolescence. Elles sont souvent victimes de grossesses non désirées et de violences conjugales », indique la coordonnatrice des activités de la maison d’accueil.L’association « Unis Vers ‘Elle » dispose aussi d’un centre d’accueil l’espace « Yaakaaru Guneyi » (l’espoir des enfants en Wolof) implanté non loin de la maison d’accueil Dar As Salam pour répondre d’une façon efficace à toutes les demandes concernant la protection holistique des enfants en situation de vulnérabilité et particulièrement des enfants en danger, victimes ou en conflits avec la loi. Ce centre effectue la mise à l’abri et la prise en charge d’urgence des enfants perdus, d’enfants en fugue et d’enfants errants.
Dans son avis trimestriel portant sur les mois de janvier, février et mars, le Conseil national de régulation de l’audiovisuel (Cnra) s’est indigné des dérapages notés dans le milieu audiovisuel. Ces manquements, trouve-t-il, contribuent à l’exacerbation des vices et nuisances dans la société.
«Dans l’accomplissement de leurs missions, les médias audiovisuels se doivent de préserver l’intérêt public, de sauvegarder l’enfance et l’adolescence et les groupes vulnérables, mais aussi et surtout de rester attachés à la consolidation des valeurs fondatrices et des principes intangibles qui gouvernent la vie en société. Quand l’amplification inhérente à l’activité audiovisuelle s’applique à certaines dérives qui mettent à mal nos valeurs et nos croyances, elle conduit à la banalisation de l’inacceptable ». C’est en ces termes que le Conseil de régulation de l’audiovisuel (Cnra) a dénoncé dans son avis trimestriel portant sur les mois de janvier, février et mars, les dérapages notés dans l’espace médiatique.
Selon cet avis, le Cnra s’insurge, entre autres, contre la diffusion et la forte médiatisation de propos ou d’attitudes obscènes, injurieuses et irrévérencieuses pouvant porter atteinte aux institutions de la République, à l’unité nationale et à la paix sociale. Le fort élan médiatique autour de l'élimination de l'équipe nationale de football du Sénégal dès le premier tour de la Coupe d'Afrique des Nations 2015 et un déséquilibre manifeste dans le traitement et la condition de sélection des intervenants sur les plateaux est aussi indexé.
Par ailleurs, l’instance de régulation a déploré la présence soutenue dans des émissions de télévision, de publicités commerciales déguisées au profit de produits supposés avoir des vertus aphrodisiaques avec des termes qui choquent les mœurs. Les autres manquements évoqués par le Cnra sont aussi la violation de l’obligation pour les chaînes audiovisuelles de veiller à la moralité, la valeur éducative et informative de leur ligne programmatique, le non-respect des horaires de diffusion des programmes audiovisuels et l’absence de système de retardateur de la voix dans les régies audiovisuelles.
Face à de tels manquements, le Cnra recommande aux médias de s’abstenir de relayer des propos ou comportements discourtois, voire obscènes, injurieux et irrévérencieux susceptibles de porter atteinte à la cohésion sociale, à la stabilité du pays, à l’honneur et à l’intégrité de la personne humaine ainsi qu’à la crédibilité des institutions de la république.
Mieux, il appelle les médias à ne pas porter ou amplifier des jugements ou des propos désobligeants pouvant porter atteinte à la dignité et à la respectabilité des responsables en charge de l’organisation d’événements inhérents à des enjeux sportifs, socio-économiques. Le Cnra souhaite aussi que les médias fassent preuve de plus de rigueur et de professionnalisme dans la conduite d’émissions, de débats sur les plateaux avec des invités. Dans ses recommandations, le Cnra demande aussi aux médias de faire preuve d’une créativité plus diversifiée et plus objective.
Les avocats de l’Etat aussi n’ont vu l’ombre de l’arrêt de la Crei, sans lequel la défense de Karim Wade ne peut se pourvoir en cassation. Pour Me Moussa Félix Sow, avocat de l’Etat, le délai d’un mois n’a pas encore expiré.
De même que les avocats de la défense, les conseils de l’Etat ne disposent pas encore de l’arrêt de la Cour de répression de l’enrichissement illicite (Crei), condamnant Karim Meïssa Wade à 6 ans de prison ferme.
La partie civile n’y voit rien de grave et accuse les lenteurs de la justice. «Ce n’est pas la première fois que cela arrive dans un procès», minimise Me Moussa Félix Sow, un des avocats de l’Etat du Sénégal. Sur les ondes de la Rfm, Me Sow considère que le procès de Karim Wade n’est pas une exception. «Il arrive, dans d’autres cas que l’arrêt ne soit pas disponible (à temps)», précise-t-il.
L’ancien bâtonnier évoque l’article 62 de la loi organique portant création de la Cour suprême. «La loi prévoit, dans ces cas-là, que le demandeur en pourvoi est relevé à la déchéance encourue s’il établit que l’expédition de la décision attaquée ne lui a pas été remise en dépit de sa demande dans le délai d’un mois», indique-t-il.
Dès lors, Me Sow demande à ses collègues de la défense d’adresser une lettre au greffier de la Crei pour voir si l’arrêt est disponible ou pas. «Il me semble que le délai d’un mois n’est pas encore expiré. La loi prévoit un délai d’un mois pour déposer une requête contenant les faits et les moyens soulevés pour demander la cassation de l’arrêt rendu. Cela fait à peu près 17 jours que la Crei a rendu l’arrêt. Nous avons 13 jours devant nous», rappelle-t-il. L’avocat espère qu’avant l’expiration du délai, l’arrêt sera disponible.
Toutefois, il faut reconnaître que sans l’arrêt, qui demeure le seul document authentique, la défense de Karim Meïssa Wade ne pourra pas faire valoir un pourvoi devant la Cour suprême. Me Sow confirme cette thèse : «Normalement, pour pouvoir déposer une requête, il faut entrer en possession de l’arrêt.»
DEMOCRATIE INTERNE OU MANQUE DE CONFIANCE ?
CONTROVERSE AU SEIN DE L’APR, SUR LA REDUCTION DU MANDAT
La controverse touchant de l’Alliance pour la République (Apr), relativement à la volonté du chef de l’Etat, Macky Sall, de réduire son mandat de 7 à 5 ans, est diversement appréciée par les observateurs de la scène politique. Si certains, à l’image de Ndiaga Sylla, analyste politique, estiment que cette polémique interne est le résultat des doutes de certains lieutenants de Macky Sall sur leur capacité à conserver le pouvoir, d’autres par contre, comme Moustapha Samb, professeur au Cesti, pensent que c’est l’expression d’une démocratie interne, d’autant plus que le chef de l’Etat n’est pas du genre à donner des directives pour dire «ne parlez pas».
Les diverses prises de positions au sein de l’Alliance pour la République (Apr) sur la réduction du mandat présidentiel de 7 à 5 ans, engagement promis et réitéré à multiples reprises par le chef de l’Etat, Macky Sall, suscitent moult questionnements. Si certains observateurs de la scène politique y voient une balle de sonde lancée par le pouvoir pour jauger la portée d’un possible «Wax waxeet», d’autres par ailleurs estiment que c’est l’expression d’un manque de confiance de la part des lieutenants du chef de l’Etat.
Ndiaga Sylla, analyste politique, joint au téléphone par la rédaction, dira ainsi : «je pense qu’au vu de l’enjeu et de la complexité de la question, ces réactions dénotent simplement un manque de confiance en soi qui a suscité des appréhensions sur leur capacité à conserver le pouvoir». Pour lui, les «caciques du régime laissent croire qu’ils ne sont plus sûrs de garantir un autre mandat au président Macky Sall».
«C’est du à un manque de confiance en soi», trouve-t-il. Par ailleurs, réagissant sur les arguments avancés par certains membres de l’Apr, disant que la question de la réduction du mandat de Macky n’a pas été discutée à l’interne, M. Sylla estime que «cette question dépasse même le cadre interne du parti. Parce que l’engagement a été pris par le président devant le peuple entre les deux tours de l’élection présidentielle». Pour lui, la question ne peut pas être réglée en posant un débat interne au sein de l’Apr, mais plutôt en donnant l’occasion au peuple sénégalais d’en décider. Ainsi, trouve-t-il que la polémique existant au sein de la formation politique n’est nullement l’expression de la vitalité de la démocratie interne au sein du parti, encore moins le fruit du manque de structuration du parti, mais plutôt un manque de confiance.
De son coté, Moustapha Samb, professeur au Cesti estime que cette polémique suscitée par la réduction du mandat de Macky au sein de sa formation politique n’est pas à l’origine causée par le manque de structuration. Cependant, le docteur en communication informe que le chef de l’Etat est du genre à ne pas donner de directives et à laisser faire. Pour M. Samb «celui qui connait bien Macky, sait qu’il est le genre de personne qui ne dit rien à personne. Macky est un spectateur. Il n’a pas le même style que Wade». A son avis, si c’était l’ancien chef de l’Etat, il aurait clos le débat si ça ne lui plait pas. Et de poursuivre, «j’ignore si c’est une démocratie interne ou la liberté, mais en tout cas Macky est un personnage complexe».
Toutefois, Moustapha Samb a tenu à préciser que l’Apr n’est pas assimilable à une armée mexicaine. A son avis, «s’il y a des pressions, comme quoi Macky doit arrêter ses troupes, il va les arrêter». Mieux, selon lui, «si tu fais ce qui l’offusque peut être, si tu es son ami, il va te le dire». Pour autant, M. Samb a estimé «qu’il a donné sa position et je sais qu’il veut la respecter, bien vrai que si c’était à refaire, il allait y réfléchir à deux fois avant de se prononcer».
Ces cinq dernières années, les touristes fuient la Casamance. Les annonces du Président Macky Sall en faveur du tourisme rassurent les acteurs du secteur, mais la crainte reste palpable.
Il suffit d’une courte balade dans les rues de Cap Skirring pour être frappé par la désertion des touristes en Casamance. Les habitants de cette station balnéaire, qui se repose presque exclusivement sur le tourisme, sont à l’affût du moindre passant.
Un touriste, identifié comme tel, ne marche pas cinquante mètres sans se faire arrêter dans sa promenade par un vendeur de rue qui essaie désespérément de vendre ses bijoux artisanaux, ses fruits ou ses masques de bois. Toujours très gentiment, très poliment ils essaient de gagner quelques francs Cfa supplémentaires pour survivre.
Le tourisme est un secteur clef pour le développement économique de la région, mais ces dernières années les voyageurs désertent le Sénégal. La saison 2014-2015 a d’ailleurs été la pire pour les professionnels du tourisme en Casamance. Ce phénomène est d’autant plus frappant à Cap Skirring, cette ville quasiment créée pour et par le tourisme.
Pour expliquer la baisse des fréquentations touristiques, Modou Diouf, coordinateur de l’Office de tourisme de Casamance, évoque plusieurs raisons : «Le conflit séparatiste, l’effet Ebola, l’enclavement de la région et les recommandations négatives des différents ministères des Affaires étrangères à leurs ressortissants.»
Depuis près de 30 ans, la Casamance souffre d’une mauvaise image auprès des Sénégalais et des étrangers à cause du conflit séparatiste qui oppose les rebelles indépendantistes du Mouvement des forces démocratiques de la Casamance et les forces gouvernementales. Même si le conflit est en voie de résolution, les touristes semblent redouter un regain de violence.
De plus, la Casamance est une région difficilement accessible. Coincée entre la Gambie et la Guinée Bissau, les voyageurs ne peuvent s’y rendre que par avion ou par bateau.
Récemment, l’Etat a mis en circulation deux nouveaux bateaux pour tenter de désenclaver la région.
Coup de massue supplémentaire : la crise du virus Ebola en Guinée. Beaucoup de touristes, craignant que le Sénégal soit touché par le virus, ont annulé leurs réservations sur le champ. «Les occidentaux font beaucoup d’amalgames sur l’Afrique et ils confondent les pays concernés par Ebola», commente Modou Diouf.
Le président de l’Office de tourisme de Casamance critique également le fait que «plusieurs ministères des Affaires étrangères occidentaux considèrent la Casamance comme une région dangereuse». A titre d’exemple, la France, principal pays émetteur de touristes au Sénégal, inscrit la Casamance parmi les régions plus dangereuses du pays. Cette zone est décrite comme «déconseillée aux voyageurs sauf raison impérative» par le site du ministère des Affaires étrangères français.
Tout le reste du Sénégal est classé «vigilance renforcée». «Les recommandations fournies par ce site sont d’une importance capitale, car les Français accordent beaucoup de crédit à ces informations et 50% de la clientèle touristique au Sénégal provient de France justement», avance Modou Diouf.
Pour Véronique Chiche, propriétaire de l’hôtel Le Flamboyant à Ziguinchor, «la France fait preuve d’une grande prudence à l’égard de ses ressortissants, mais en Casamance on n’est pas plus à risque que d’autres régions du Sénégal».
A ce sujet, Christian Jacquot, membre du syndicat d’initiative pour le tourisme en Casamance, estime qu’«il est inadmissible que les autorités sénégalaises ne demandent pas à la France de revoir sa copie». Il propose de prendre exemple sur le Maroc : «Les autorités marocaines ont alerté le ministère français et depuis tout le Maroc est inscrit en ‘vigilance normale’».
Pour autant, les recommandations de la France ne peuvent pas être tenues pour seules responsables de la détérioration de l’image de la Casamance : «La crise économique en Europe est également un facteur de baisse touristique important. Les Européens font des économies et leur budget vacances en a pris un sacré coup ces dernières années», assure Christian Jacquot.
Les établissements hôteliers ferment tour à tour et le sentiment d’inquiétude gagne les acteurs du tourisme en Casamance. Youssouph Cissoko, propriétaire de l’hôtel Cisko, juge que la baisse du tourisme est «une véritable catastrophe pour la Casamance». Dans son complexe hôtelier doté d’une trentaine de chambres, toutes sont vides. Aucune n’est louée ni même réservée. A la pause déjeuner, la serveuse dresse soigneusement les tables.
«Le restaurant peut accueillir une centaine de couverts, mais en moyenne on ne dépasse pas 3-4 couverts par jour», précise le gérant. Une fois la nuit tombée, les faisceaux colorés illuminent la piscine, mais la terrasse est vide et le silence règne. Youssouph espère vainement de nouveaux clients.
«Lorsque j’ai ouvert l’hôtel j’ai embauché quarante personnes, mais je n’avais pas assez de clients. Du coup, j’ai dû licencier une vingtaine d’employés», avoue-t-il avec une pointe d’amertume dans la voix. Le cas de Youssouph est loin d’être isolé à Cap Skirring. Chaque fois qu’un établissement met la clef sous la porte, plusieurs emplois sont supprimés. Le secteur du tourisme est sinistré en Casamance ; les répercussions sur les habitants sont parfois terribles.
«Ici tout le monde vit du tourisme, explique Youssouph, s’il n’y a pas de touristes les pêcheurs ne peuvent plus vendre leur poisson aux restaurants, les agriculteurs ne peuvent plus vendre leurs légumes, les taxis n’ont plus de clients... C’est un engrenage.»
Ce jeune Sénégalais d’une quarantaine d’années a failli décider, comme d’autres hôteliers, de fermer son établissement pour retourner en Suisse, où il gère une école de musique. Mais pour lui, «hors de question de baisser les bras».
Au lieu de suivre le mouvement, Youssouph a décidé au contraire de poursuivre ses projets. Il entend ainsi attirer un autre type de clientèle : les groupes de touristes et les tours opérateurs. «J’ai également créé un studio d’enregistrement dans lequel je laisse les jeunes Casamançais enregistrer leurs disques gratuitement pour les aider à se lancer», dit-il.
Dans ce climat de crainte ambiant, les annonces du Président Macky Sall le 3 avril, en faveur du tourisme, ont rassuré les habitants et les acteurs du tourisme casamançais. Le gouvernement sénégalais a promis de supprimer le visa à partir du 1er mai 2015 pour simplifier l’entrée dans le pays. Depuis juillet 2013, toute personne étrangère souhaitant se rendre au Sénégal pour un court séjour doit d’abord commander un visa sur internet ou dans une ambassade, puis s’acquitter de la somme de 33 mille francs Cfa. Une démarche administrative qui a découragé de nombreux touristes.
Parmi la série de mesures annoncées pour relancer le tourisme au Sénégal, il y a aussi la réduction des taxes aéroportuaires. Le prix du billet d’avion pour se rendre au Sénégal devrait ainsi fortement baisser. Lorsque Youssouph a appris la nouvelle, il a organisé une grande fête dans son hôtel avec plusieurs groupes de musique du village. Au son des tam-tam et des djembés, une centaine d’habitants de Cap Skirring ont célébré toute la nuit un probable retour du tourisme dans la région.
«L’APR N’A PAS LE DROIT DE POLLUER LE DEBAT»
BENOIT SAMBOU SUR LA REDUCTION DU MANDAT PRESIDENTIEL
La question de la réduction du mandat présidentiel fait fureur au sein du parti présidentiel. Cette fois-ci, c’est le responsable Apr de Ziguinchor, à savoir Benoit Sambou, qui est monté au créneau pour faire un contrepied à Moustapha Cissé Lô et Me Omar Youm, lesquels encouragent Macky Sall à faire un «Wax waxeet». De l’avis de l’ancien ministre de la Jeunesse, le devoir des responsables apéristes, quelle que soit leur position, est de respecter l’engagement du chef de l’Etat. Benoit Sambou est d’avis que les membres de l’Apr ne doivent pas polluer le débat politique, mais plutôt faire la promotion des actions de Macky Sall et du Pse. Entretien.
-Des voix se sont élevées pour contrecarrer la position du président de la République, sur son engagement de réduire son mandat. Pensez-vous que le président doit se dédire, parce qu’au fond, certains responsables le poussent à le faire ?
Ce qu’il faut dire sur cette question, c’est d’abord préciser que tous ceux qui aujourd’hui élèvent la voix sur cette question le font à titre personnel. La deuxième chose, c’est que l’élection présidentielle est la rencontre entre un homme et son peuple. Et le président Macky Sall, dans la conquête du pouvoir, et compte tenu du mandat qu’il demandait au peuple sénégalais, a pensé renoncer volontairement à 2 ans de ce septennat. Quand il le faisait, il l’a fait en toute souveraineté, en toute responsabilité, en ne demandant l’avis d’aucun responsable du parti. Parce qu’à l’époque, j’avais posé la question du pourquoi. Mais, il était persuadé que les 2 ans du septennat n’étaient pas une volonté du peuple. Et que lui, pour refuser le tripatouillage de la Constitution par Wade, il considérait que son devoir était de retourner ses 2 ans au peuple sénégalais. Je dois saluer cette grandeur d’esprit, cette magnanimité, cette générosité dans un contexte africain où les chefs de l’Etat cherchent à se maintenir coûte que coûte au pouvoir, quitte à violer la Constitution. C’est un exemple dans le contexte africain comme au niveau mondial. Notre devoir à nous, quelque soit notre position, qu’on soit d’accord ou pas, parce qu’à priori, il ne nous a pas demandé notre avis, il faut respecter cet engagement de cet homme qui a choisi d’être au service de son peuple.
-Pour réduire ce mandat, faut-il nécessairement passer par le référendum ?
Je suis d’accord avec ceux qui pensent que Macky Sall ne peut pas ne pas passer par le référendum. D’abord pour l’éthique, puisqu’il considère que les deux années supplémentaires, il faut qu’il les rende au peuple. Donc, il faut qu’il demande son avis. Mais aussi, constitutionnellement, il considère que le référendum est le moyen le plus efficace pour interroger le plus largement possible les populations et cela éviterait de se retrouver à l’Assemblée nationale où une majorité mécanique pourrait voter dans un sens ou dans un autre. N’oublions pas le 23 juin, nous nous sommes battus devant l’Assemblée nationale pour éviter le tripatouillage de la Constitution. Macky Sall ayant été à la pointe de ce combat, il ne peut pas refaire la même chose. Croyez-moi, chaque fois que le débat a été posé au sein du secrétariat exécutif ou ailleurs, il nous a apporté la même réponse.
-Est-ce que ceux qui soutiennent que les chantiers comme le Pse qu’il a entamés sont énormes et que 5 ans c’est peu, n’ont pas raison quelque part ?
La vision du chef de l’Etat transcende les clivages politiciens et les générations. Le Pse est une vision pour 35 ans. Le président sait pertinemment que le Pse, ce n’est pas lui qui va l’achever mais il l’a entamé. A mon avis, il aura 10 ans pour poser les fondements comme les pères fondateurs de nos Nations ont posé les jalons. Senghor n’a pas développé le pays, tout comme Abdou Diouf qui a posé des actes allant dans le sens du renforcement de la démocratie. Aujourd’hui, il est en train de poser des actes extrêmement important pour l’avenir de notre pays et pour les générations futures. A mon sens, nous responsables de notre parti, n’avons pas le droit de vicier le débat, de le polluer, parce que le président est résolument engagé dans la construction du pays. Et aujourd’hui, le discours qui vaille est celui de la promotion de ces actions et du Pse. Il faut créer toutes les conditions pour que tous les Sénégalais se donnent la main pour que nous puissions construire ce pays.
-Vous venez de parler des Sénégalais, s’il (Macky) venait à faire du Wax waxeet, qu’est ce qu’il pourrait perdre ?
Depuis que je connais Macky Sall, je ne l’ai jamais vu se dédire. Maintenant, comme je l’ai dit, ce débat interpelle moins l’Apr et les responsables du parti que le président Macky Sall lui même et le peuple sénégalais. Connaissant l’homme, ma conviction est qu’il sait, qu’il est conscient que ce qui a perdu Wade, c’est le Wax waxeet et sa volonté à imposer aux Sénégalais son fils Karim. Le président a un profond respect pour ce peuple. Il s’est toujours battu pour ce peuple. Il est en train de construire les bases de l’émergence et d’une perspective meilleure pour le pays. Je ne crois pas qu’il soit dans des logiques de dilapider tous ces acquis qu’il a construit pour notre pays. Même au niveau international, parce qu’il force le respect pour ses pairs. Et la dimension de Macky Sall, ma conviction est qu’il va aller au delà de ce qu’il peut faire pour ce pays.
«LA CONSULTATION DU PEUPLE N’EST PAS NECESSAIRE»
EL HADJI DAOUDA FAYE SUR LA REDUCTION DU MANDAT PRESIDENTIEL
L’ancien ministre des Sports, El Hadj Daouda Faye, s’est prononcé sur le débat sur le mandat présidentiel. Face à la presse hier, vendredi 10 avril, il a signalé que la consultation du peuple n’est pas du tout nécessaire. Pour cause, il a estimé que la question peut facilement être réglée par le Président Macky Sall qui peut prendre avec le Conseil constitutionnel la décision d’organiser des élections anticipées en 2017.
«Aujourd’hui, je crois que la consultation du peuple du peuple n’est pas nécessaire », a déclaré hier, vendredi, El Hadj Daouda Faye, ancien ministre des Sports, pour apporter sa contribution au débat sur la réduction du mandat présidentiel de 7 à 5 ans. Partant du fait que le président Macky Sall a souvent dit que « c’est son problème personnel, une décision personnelle de réduire son mandat de 7 à 5 ans», l’ancien ministre a souligné qu’il y a toutefois une nuance. « Il y a le mandat d’une manière générale, et il y a un mandat. Un mandat, c’est celui de Macky Sall. Le mandat, c’est le mandat en général et désormais », a-t-il expliqué.
Dans la foulée, El Hadj Daouda Faye a fait remarquer qu’il n’est pas pour le référendum, encore moins pour une consultation ou du peuple ou de l’Assemblée nationale. « Je ne suis pas pour le référendum. Je ne suis même pas pour une consultation, ni du peuple ni de l’assemblée, parce qu’une affaire personnelle doit être traitée personnellement », soutient-il. L’ancien ministre des Sports ira droit au but en indiquant ce qu’il pense être le meilleur conseil pour le président de la République. «Je lui aurais conseillé de prendre la décision avec les institutions qui sont concernées, en l’occurrence le Conseil constitutionnel, pour décider d’organiser lui-même des élections anticipées en 2017 », a-t-il laissé entendre. Pour lui, il est bien possible de le faire, car il a estimé qu’une décision personnelle, comme pour une démission, n’a pas besoin de référendum pour être entérinée.
« La réduction de son mandat à 5 ans est une renonciation aux deux années. Et pour ça, il n’y a pas besoin de consultation. Personne ne peut l’obliger à faire 7 ans, s’il veut en faire 5. Personne ne peut également lui en vouloir s’il décide de faire 7 ans parce qu’il est élu pour 7 ans », poursuit-il. El Hadj Daouda Faye signalera dans le sillage qu’il ne souhaite même pas que les Sénégalais en parlent en termes de « wax waxeet » (dire et se dédire, en Wolof) compte tenu du caractère sérieux de la question. Il trouve simplement « que ce n’est pas sérieux ». Car sur cette question, le Président Macky Sall peut toujours avoir des arguments pour défendre sa position. Toutefois, l’ancien ministre avertit qu’il est mieux pour le président de la République de consulter son parti et ses alliés.
Le parti au pouvoir, depuis mars 2012, commence véritablement à exaspérer les Sénégalais. L’Apr de Macky Sall évite difficilement, à la lumière de ses actes, de marcher sur les pas du parti de Wade. On ne parle même plus de la transhumance qu’il semble vouloir promouvoir et encourager. Mais son entêtement à vouloir copier tout ce que le Pds a eu à faire durant son règne est incompréhensible, alors qu’il avait promis aux Sénégalais la rupture.
C’est à se demander si réellement cette Alliance pour la récidive (Apr) veut un second mandat de Macky Sall ? Comme le Parti socialiste (Ps) et le Parti démocratique sénégalais (Pds), l’Apr décide de peindre des biens publics à ses couleurs. Drôle de façon de vouloir montrer des réalisations. L’on s’interroge encore sur ce qui ne va pas dans cette formation politique ? Pourtant, elle n’ignore pas que cette patrimonialisation de nos biens n’a rien servi au Ps encore moins au Pds.
Beaucoup de Sénégalais qui se sont exprimés à travers les radios ont clairement désapprouvé la démarche, tout en demandant à Macky Sall et à son parti d’apprendre des leçons du passé. Les électeurs sont tellement mûrs que ce ne sont pas des bus en beige marron qui vont leur dicter leur choix dans les urnes. Ils sont devenus plus exigeants et plus ambitieux, sinon Wade ne serait pas parti.
Aussi, sommes-nous surpris et indignés du débat inutile que des responsables du même parti veulent entretenir sur le mandat de 7 ans que Macky Sall avait promis d’écourter à 5 ans. Le Président Sall sait très bien qu’un «wax waxeet» peut lui être fatal. Ce ne sera ni Moustapha Cissé Lô ni Oumar Youm qui vont le sauver d’un probable camouflet, s’il décidait de rompre d’avec son serment.
C’est heureux d’entendre des cadres du parti nager à contre-courant de ces deux, mais ce serait bien si c’est Macky Sall himself qui clôt le débat une bonne fois pour toute. C’est lui qui a tout à perdre dans cette histoire, si des faucons de son camp réussissent à le faire revenir sur sa décision.
Ce qui est sûr, c’est qu’il n’entraînera pas Moustapha Cissé Lô dans sa chute. Celui-ci l’a dit et répété que si l’Apr perd le pouvoir, il va transhumer vers le nouveau parti qui va présider aux destinées des Sénégalais.
L’Apr gagnerait à se concentrer sur son programme de gouvernance et son projet de société, plutôt que de vouloir lancer infiniment des ballons de sonde sur le mandat de Macky Sall. A la limite, elle donne l’impression d’un manque de confiance et d’une frilosité à aller aux élections. Pourtant, son bilan est pour le moment enviable par endroits. Sur le plan social, des efforts sont bien tangibles.
Le Plan Sénégal émergent (Pse) tant chanté peut bel et bien remettre le Sénégal sur les rampes du développement. Il suffit juste d’éviter des erreurs de casting et mettre les hommes qu’il faut aux places qu’il faut.
A deux ans de la fin du mandat de Macky Sall, son parti devrait plus se concentrer sur les réalisations et mieux communiquer sur ce qui est déjà visible et non cristalliser les rancœurs des Sénégalais sur des futilités qui sont loin d’être leurs préoccupations.
C’est ce samedi que va commencer le «daaka» de Médina Gounass située dans le département de Vélingara. Des pèlerins de la Guinée Conakry y étant attendus, les autorités sanitaires sont à pied d’œuvre pour apporter la réponse adéquate contre l’intrusion d’Ebola dans la Ville sainte.
Les frontières terrestres restent ouvertes entre le Sénégal et la Guinée Conakry, pays qui a enregistré, il n’y a guère longtemps de nouveaux cas de malades de la fièvre hémorragique à virus Ebola.
Sans aucun doute, des ressortissants de ce pays qui a une frontière commune avec le département de Vélingara seront présents à cette édition du «daaka» annuel de Médina Gounass, une localité se trouvant dans le département de Vélingara.
Mais, le préfet du département Amadou Matar Cissé rassure : «Il y a un dispositif de riposte contre Ebola qui existe à la frontière, précisément dans le village de Kalifourou. Il s’agit d’équipements de lavage des mains et d’un centre de transit pour l’isolement des cas suspects.» Selon le chef de l’exécutif départemental, 2 ambulances seront prépositionnées le temps du «daaka» : l’une sera à Kalifourou et l’autre dans la ville de Médina Gounass.
Dans cette cité religieuse de la confrérie tidiane, un centre de santé est en construction. Le préfet renseigne : «Le centre de santé est en phase de finition. Il reste juste à y mettre de l’eau et du courant électrique. Les travaux de raccordements ont commencé.
Seul un manque de personnel pourrait l’empêcher de démarrer dans les prochains jours. Nous souhaitons que ce centre soit ouvert pendant le daaka».
Déjà sur le site du «daaka», qui se trouve à 10 km de la ville, se trouve une équipe d’agents du Service d’hygiène qui veille au grain et qui est d’attaque pour traquer le vibrion dans tous les replis des mains. Le «daaka» est une retraite spirituelle de 10 jours dans un lieu isolé de la ville et où les femmes n’ont pas le droit d’accéder.