Moh Dediouf fait partie de cette nouvelle vague d'artistes qui ne se fixent pas de limite. Attaché à ses racines et profondément africain, Moh est un "enfant" de Nelson Mandela qu'il prend comme modèle et dont le message, pense-t-il, doit inspirer tout le continent. Avant de monter sur la scène de l'Institut Français (ex CCF) le 10 avril prochain, Moh Dediouf confie à EnQuête ses idées sur la musique sénégalaise et nous parle de son album à venir.
1er prix dans la catégorie Voter’s Choice l’Afrotainment Music Awards en 2011, artiste officiel du mondial sud -africain en 2010 avec Akon ou encore Shakira. Comment gérez-vous tout ce succès ?
Garder les pieds sur terre. Prendre les succès avec beaucoup d'humilité et nous dire justement qu'on n’a encore rien fait, rien accompli et continuer à travailler. On ne peut pas vivre dans le même pays qu'un artiste comme Youssou Ndour qui a eu tant de succès au Sénégal et dans le monde, et prendre la grosse tête à cause d'un prix. C'est gratifiant de recevoir des distinctions mais il faut surtout les prendre comme un encouragement et pas comme un aboutissement. Voilà mon état d'esprit. Et puis vous savez, on ne commence pas une carrière de chanteur en fixant des conditions du genre : je vais avoir des prix ou des Grammys. Ce qui te fait entrer en musique, c'est d'abord le feeling, la passion de la chose et l'amour.
Vous viviez en Europe et depuis 2 ans, vous êtes plus présent dans le continent notamment en Afrique du Sud. Pourquoi avoir choisi le pays de Madiba ?
C'est un choix à la fois sentimental et stratégique. Sentimental, parce que nous nous inscrivons dans la voie tracée par ce chantre de la paix et des libertés qu'est Mandela. J'ai une grande admiration pour son œuvre et pour ses combats, mais cela ne doit pas s'arrêter à de l'admiration uniquement. On doit essayer de porter ses valeurs et de vivre à travers son message. Stratégique aussi, parce que je ne sors pas de mon continent tout en étant dans un pays-monde où toutes les cultures sont présentes, ce qui est fort enrichissant. Enfin, l'Afrique du Sud offre du point de vue technique toutes les potentialités pour une musique de qualité.
Les libertés semblent être le crédo du mouvement Y'en a marre. Vous comprenez le fait qu'ils aillent porter le combat hors du Sénégal ?
Sur cette actualité, je dirais qu'on ne peut pas reprocher aux gens de Y'en a marre de prôner la paix et de militer pour les libertés. Ce combat pour la démocratie devait être porté par les hommes politiques africains, malheureusement, les leaders politiques ou gouvernements du continent ne font que constater les dégâts. Très peu, pour ne pas dire personne ne prévient les dérives. Tout le monde laisse pourrir les situations de dictatures ici et là. Vous savez, la nature à horreur du vide. Les activistes de Y'en a marre sont d'abord des artistes, mais ils font partie de la génération Mandela dont le message transcende les diversités, c'est tout simplement une jeunesse consciente et éprise de justice. Mandela était d'abord avocat, mais quand il a fallu s'engager, il l'a fait. Que Y'en a marre soit financé par X ou Y, le plus important, c'est d'être dans l'action. J'invite leurs détracteurs à répondre par l'action ; qu'ils essayent de faire avancer les choses. Je crois aussi que tout n'est pas parfait. Quand on s'engage, on peut faire des erreurs ; il peut y avoir des insuffisances mais il faut agir et rester dans la construction.
Comment voyez-vous la scène musicale sénégalaise : vous citez souvent Youssou Ndour comme exemple. Que représente-t-il pour vous ?
Ah ! Youssou Ndour, c'est un modèle artistique extraordinaire. Au-delà du chanteur génial, Youssou est une école managériale à étudier, à enseigner car il n'y en a pas deux au monde. Oui, je pense fortement que le monde musical sénégalais devrait étudier, analyser ce qui a fait l'excellence de sa carrière. Comment il arrive à se renouveler, à s'inscrire dans la durée et à être toujours dans l'air de son temps. Pour pouvoir reproduire peut-être un héritier de Youssou Ndour, ça sera difficile, mais il y a en lui tout ce dont on a besoin pour imposer notre musique partout dans le monde...
Mais à part Youssou Ndour, Baaba Maal, Cheikh Lo ou vous-même, la musique sénégalaise n'a pas trop de présence au niveau international. Comment analysez-vous ce phénomène?
Bien sûr que non ! Et détrompez-vous, beaucoup d'autres artistes représentent bien notre pays à l'international. La musique sénégalaise avance, le rythme est lent peut-être mais il faut juste continuer à travailler. Des leaders comme Baaba Maal, Ismael Lo ou Youssou Ndour ont fait un travail extraordinaire avec peu de moyens, et surtout à une période qui n'était pas évidente, où rien n'était donné. Jusqu'à présent, rien n'est donné, mais c'était pire à leur époque en matière de conditions de travail. Aujourd'hui, une nouvelle génération peut profiter de l'œuvre de tous ces musiciens et chanteurs de légende qui ont balisé le terrain. Maintenant, une nouvelle génération arrive avec plein d'idées, plein d'enthousiasme. Si elle est bien encadrée, elle peut porter la musique encore plus loin que sa devancière. Mais entendons-nous bien, je ne les enterre pas. Au contraire, ils sont encore hyper-productifs et je fais partie de leurs nombreux admirateurs. La génération des Omar Pène est irremplaçable. Ma conviction est que la musique va muter. On ne va pas aller vers des nouveaux Ismaël Lo ou Baaba Maal. Ce qui va se passer à mon avis, c'est une mutation vers autre chose. Nous le vivons déjà avec les nouvelles technologies et internet qui bouleversent l'industrie traditionnelle.
L'industrie de la musique n'a pas l'air de préparer cette mutation...
Vous savez, l'industrie musicale a souvent été bousculée par les avancées technologiques. Rappelez-vous : le passage du Vynil à la cassette et des cassettes au CD-Rom s'est fait dans la douleur, mais l'industrie musicale a toujours su s'adapter après des années d'ajustement. En Europe et ailleurs, ils y travaillent déjà.
Justement, le numérique et le mobile s'imposent partout. Est-ce l'avenir de la musique sénégalaise ?
Les deux outils que vous citez font partie du changement attendu et l'avenir de la musique passera par ce chemin. Seulement, ce n'est pas tout que de proclamer partout l'ère du numérique. Il faut que des investissements conséquents suivent mais aussi une bonne organisation. Par exemple, la musique et la culture doivent faire partie des leviers du Pse dont on parle tant. On parle beaucoup d'émergence en faisant référence à l'économie mais la culture devrait en être la rampe de lancement. Je le crois profondément.
Où et comment doit-on investir pour soutenir ce changement ?
(Rires)... En fait, la musique est un marché très concurrentiel et il faut du talent bien sûr pour se faire une place, de la détermination pour durer, mais il faut surtout de l'argent. Cet argent ne doit pas être vu comme des dépenses mais plutôt comme des investissements capables de créer des richesses et des emplois. Le potentiel des produits culturels en général est énorme et pas encore exploité à sa juste dimension. Je pense qu'il serait bon d'investir dans le sens de rehausser le niveau des productions en favorisant par exemple une plus grande proximité entre groupes de presse, groupe Telecoms et maisons de production. Cela pourrait prendre la forme d'une joint-venture. C'est une voie, parmi tant d'autres, pour participer à une création de qualité. À côté d'une production de qualité, il faudrait promouvoir des investisseurs dans les circuits de distribution et dans le booking (Tourneurs), inciter les tourneurs à organiser des événements. Il y a des festivals dans le pays et c'est une excellente chose, mais il en faut encore beaucoup plus. Par le biais des subventions, des incitations fiscales, on doit faciliter la créativité. Dans l'environnement de la musique sénégalaise, il y a beaucoup d'hommes et de femmes de grande volonté, bourrés d'énergies et d'idées qu'il faut aider à libérer leurs talents. Le potentiel est là et les produits culturels sont un pan entier du développement de notre pays le Sénégal.
Vous êtes dans la préparation de votre prochain album. Où en êtes-vous ?
Nous sommes dans la dernière ligne droite.
Peut-on avoir une idée sur la date de sortie de cet album ?
La date de sortie est prévue vers le mois de mai ou plus tard au début de l'été 2015. On n'est plus sur une logique de sortir un Album en un bloc. On est sur une stratégie qui fait qu'on va sortir un single tous les 4 mois, ce qui permet de rester sur la scène musicale de manière plus efficiente.
Quelle en sera la couleur, l'idée ?
Une couleur fraîche, des sonorités encore plus africaines, plus enracinées en même temps, tellement mondiale parce qu'on parle à l'humain, à l'intime. Je vais y associer des musiciens africains et sud-américains.
Vous parlez d’album intime. Est-ce à dire que vous allez vous dévoiler un peu plus dans cette nouvelle production ?
Intimiste oui car j’ai voulu ramener dans ma musique un sourire éternel et inconditionnel. A une époque où tout dans la musique n'est que déprime, ruine et renoncement. Pour vous dire, jamais je n'aurais pu réaliser cet album en dehors de l'Afrique. Pour ce faire, les instruments traditionnels africains sont sortis de leur spectre mélodique habituel et vont à la rencontre du monde sans perdre leur âme. Une photographie fidèle de ce que représente l'Afrique de demain, ancrée dans la tradition tout en étant parfaitement et sereinement ouverte au reste du monde, à l’instar des talentueux joueurs de football africains dans les grands clubs européens.
On avait déjà du mal à classer votre musique entre Mbalax et musique du monde ; avec ce que vous nous dites là, elle va être encore plus insaisissable ?
Je ne suis pas trop dans les définitions ou classements. Ma musique, je dirais, est à la fois africaine et sénégalaise. Elle est tout simplement ancrée chez nous dans le terroir et s'ouvre au monde. En fait, je me rends compte après des années de voyages et de rencontres que plus on s'enracinait intelligemment chez soi, plus on s'ouvrait au monde. Cet album brise définitivement les frontières entre la world et ses consœurs de rayon chez le disquaire, mais nous laisserons aux auditeurs la liberté de le placer quelque part dans leur cœur.
Moh semble ne pas se fixer de frontières ou de limites dans sa création. Le sérère que vous êtes, est-il un peu nomade ?
Sortir, voyager, prendre des risques, découvrir, échanger, restent primordiaux. La création pour moi commence quand on sort de sa zone de confort et ne pas se limiter à ses certitudes.
Avant l'album, vous serez le 10 avril prochain pour la seconde fois sur la scène de l'Institut français de Dakar ?
Tout à fait ! J'ai hâte d'y être. La première fois, cela s'est bien passé. C'est excitant de jouer dans cet endroit. Le cadre est génial et il y a toujours une relation extraordinaire avec le public. C'est une scène qui me plaît bien et d'ailleurs, j'en profiterai pour offrir au public quelques nouveautés piochées dans le prochain album. Après avoir concocté de nouveaux sons en studio, c'est toujours excitant de les jouer en live et d'attendre les réactions. La vérité, c'est la scène.
Qui sont les musiciens qui vont vous accompagner pour ce concert ?
Comme j'ai toujours fonctionné depuis mes débuts, je vais continuer de créer des trait-d'unions entre instrumentistes de divers horizon. Les musiciens peuvent changer mais l'idée reste la même. J'aurai à mes côtés le Jahmo Band plus Alain Oyono et Christian Obame, saxophoniste et bassiste qui accompagnent actuellement Youssou Ndour, et j'aurai aussi quelques invités. On a créé un beau mélange pour proposer au public de l'Institut Français un spectacle inoubliable. Rendez-vous le 10 avril !
Dakar, 23 mars (APS) – La traque des biens mal acquis, au nom de la bonne gouvernance et de la reddition des comptes, a reçu une consécration ce lundi avec la condamnation de l’ancien ministre d’Etat Karim Wade à 6 ans de prison ferme et au paiement d’une amende de 138 milliards de francs.
La reddition des comptes, une promesse de campagne du candidat Macky Sall à la présidentielle de 2012, a connu une application dès le début du magistère du président nouvellement élu, avec les premières convocations adressées à des dignitaires du régime d’Abdoulaye Wade.
La traque des biens mal acquis, l’expression consacrée pour désigner ce processus, était mise en branle. Si le pouvoir en place défend une réponse à une forte demande de justice, de transparence dans la gestion des deniers publics, l’opposition dénonce une chasse aux sorcières, une volonté de brimer de potentiels opposants à Macky Sall.
Les autorités chargées de l’enquête sur l’enrichissement présumé de responsables de l’ancien régime sont déterminées à instruire toutes les questions relevant de ce dossier, en dépit des lenteurs notées à ce sujet, assurait, en 2012 le ministre de la Justice, Aminata Touré, qui avait enclenché cette procédure.
"Je peux comprendre que les Sénégalais aient l’impression que la justice est lente. Mieux veut avoir une justice lente, transparente et équitable. Cela n’a rien avoir avec la détermination" des autorités concernées, répondait Mme Touré aux interpellations de certains députés, lors de l’examen du projet de loi modifiant la loi organique sur la Haute Cour de justice.
L’instrument phare dans cette politique de bonne gouvernance est la Cour de répression de l’enrichissement illicite (CREI) votée depuis 1981 sous le président Abdou Diouf.
A l’époque, le pouvoir considérait que la si répression ‘’a pu atteindre une grande partie de ces objectifs en ce qui concerne les détournements de deniers publics, elle n’a pu s’exercer efficacement contre la corruption, forme plus insidieuse d’action illicite qui n’apparait jamais au grand jour (…)’’.
Pour le gouvernement d'alors, ‘’les signes extérieurs d’une richesse mal acquise ne manquent pas, constituant l’expression choquante d’une inégalité sociale que rien ne vient justifier’’.
Après une longue étude, le gouvernement propose la création d’un nouveau délit d’enrichissement illicite.
Selon le législateur, ''ce délit est constitué non pas par l’enrichissement en soi qui peut avoir été réalisé à n’importe quelle date dans le passé, mais le fait qu’une personne donnée, ayant pu abuser de sa qualité et de ses fonctions, se trouve dans l’impossibilité, après la sommation qui lui en a été faite, d’apporter la preuve de l’origine de son patrimoine actuel ou de son train de vie''.
Rangée aux oubliettes, la CREI est réactivée en 2012. C'est pednant cette même année que les députés adoptent à l’unanimité le projet de loi créant l’Office nation al de lutte contre la fraude et la corruption (OFNAC) en remplacement de la Commission nationale de lutte contre la non-transparence, la corruption et la concussion, la CNLCC.
La création de l’OFNAC traduit ''l’option résolue du chef de l’Etat du gouvernement pour une gestion vertueuse exige une utilisation optimale des ressources publiques et une lutte permanente contre la corruption et l’enrichissement illicite par une maitrise de l’évolution du patrimoine des personnes en charge des affaires publiques''.
L’OFNAC reçoit les déclarations de patrimoine, selon la loi. Les personnes assujetties à la déclaration de patrimoine sont les administrateurs de crédits, les ordonnateurs de recettes et de dépenses et les comptables publics dont les niveaux d’opérations porte sur un total annuel supérieur ou égal à un milliard de francs.
Dakar, 23 mars (APS) - Le procès de l’ex-ministre Karim Wade, principal prévenu dans la traque des biens présumés mal acquis devant la Cour de répression de l’enrichissement illicite (CREI), a été marqué par sa durée (23 mois de procédures et 8 d’audience) et de multiples incidents.
La CREI a condamné Karim Wade à 6 ans de prison ferme et à une amende de 138 milliards de francs CFA. Ses complices ont écopé 5 ans de prison et 138 milliards de francs d’amende.
Entamé le 31 juillet 2014, le procès du fils de l’ex-président de la République, Abdoulaye Wade a été clôturé le jeudi 19 février par le président de la CREI, Henry Grégoire Diop, mettant en délibéré ce procès pour le lundi 23 mars 2015 à 10 heures.
Auparavant, le parquet spécial avait requis une peine de 7 ans de prison ferme, 250 milliards, la confiscation des biens présents des prévenus et la privation des droits prévus à l’article 34 du Code pénal, contre Karim Wade, l’auteur principal pour enrichissement illicite et corruption.
Le ministère public avait également requis des peines allant de 4 à 10 ans de prison, 250 milliards d’amende, ainsi que la confiscation des biens des co- prévenus pour ‘’complicité’’.
Les 23 mois de la procédure ont été marqués par de multiples batailles de procédure notamment sur l’incompétence de la CREI à juger l’ex-ministre, justiciable devant la Haute cour de justice, selon ses avocats.
A l’ouverture de l’audience devant la CREI, les avocats des prévenus vaient saisi la Cour suprême de plusieurs exceptions de nullité, sans incidence sur la suite du procès.
Toutefois, de nombreux incidents d’audience sont venus émailler les débats d’audience entre les avocats des deux parties, d’une part, et d’autre part entre ceux Karim Wade et la CREI.
Parmi les incidents d’audience les plus marquants, on peut citer le limogeage, le 11 novembre 2014, en pleine audience du procureur spécial Alioune Ndao, remplacé par Cheikh Tidiane Mara.
Le mercredi14 janvier 2015, Me Amadou Sall, un des avocats du prévenu Karim Wade est renvoyé de la salle d’audience par le président de la CREI. Aussitôt, les autres avocats par solidarité sont sortis de la salle.
Le jeudi 15 janvier 2015, Karim Wade refuse de comparaître tant qu’il n’a pas d’avocat. Il sera amené de force devant le box des prévenus par les agents de sécurité.
A cette occasion, le prévenu avait dit être victime de violences de la part des forces lui occasionnant un genou droit endolori.
Le 16 janvier, le fils de l’ex-président refuse de comparaître et ses avocats, ainsi que ceux des autres co-prévenus officialisent leur boycott du procès, dénonçant une parodie de justice.
Le 23 janvier, coup de théâtre, le juge Yayah Abdoul Dia démissionne en pleine audience, après un vif échange de propos avec le président de la CREI, Henry Grégoire Diop. Il a été remplacé, après une suspension de séance, par Tahir Ka comme assesseur.
L’ex-ministre Karim Wade et ses co-prévenus étaient poursuivis pour un enrichissement illicite pour un patrimoine estimé à 117 milliards de francs.
Etaient aussi poursuivis dans cette même affaire Ibrahima Khalil Bourgi, Pierre Agbobga, Mbaye Ndiaye et Vieux Aïdara, aujourd’hui en fuite.
Karim Wade est en détention depuis le 15 avril 2013.
CREI : KARIM WADE ACCUEILLE LE VERDICT AVEC ''CALME ET SÉRÉNITÉ’’
Dakar, 23 mars (APS) – L’ancien ministre d’Etat, condamné lundi à 6 ans de prison ferme, a accueilli ce verdict ''avec beaucoup de calme, sérénité et sans surprise'', selon un de ses avocats, Me Ciré Clédor Ly.
Me Ly qui a rencontré son client à Maison d’arrêt de Rebeuss a confié, lors d’un point de presse, que Karim Wade ''compte poursuivre'' son combat.
La Cour de répression de l'enrichissement illicite (CREI) a condamné, lundi, Karim Wade à 6 ans de prison ferme et à une amende de 138 milliards de francs Cfa.
Karim Wade a déjà passé 23 mois en détention préventive à la prison de Rebeuss. Il est poursuivi pour des biens illicites estimés à 117 milliards de francs CFA.
La CREI a également infligé 5 ans de prison ferme et 138 milliards d’amende à Ibrahima Khalil Bourgi, Pape Mamadou Pouye et Alioune Samba Diassé, trois co-prévenus de Karim Wade dans le procès des biens mal acquis.
L’ex-directeur général de l’Agence des aéroports du Sénégal (ADS), Mbaye Ndiaye, et l’ancien Président du conseil d’administration d’Aviation Handling Services (AHS), Pierre Agboba ont bénéficié de la relaxe.
Il est sous le feu des projecteurs et son procès marathon qui livre son verdict ce matin le place au cœur de toutes les discussions dans les chaumières sénégalaises. Karim Wade, inconnu en 2000, s'est révélé au grand public à travers une fulgurance déconcertante. Profil.
Il est l'héritier de son père de président jusque dans sa légendaire formation politique le Pds. Investi candidat du Parti démocratique sénégalais à la prochaine présidentielle de 2017, ce week-end, à l'issue de primaires qu'il a remportées haut la main, Karim Wade devra subir le contraste de sa vie.
Le paradoxe d'un homme qui savoure son ascension politique au fond d'une cellule de la célèbre prison de Rebeuss où il se trouve depuis bientôt deux ans. Accusé de détournement de deniers publics et de s'être enrichi de manière illicite, Karim Wade, jugé par la Cour de répression de l'enrichissement illicite (CREI), était le grand inconnu des Sénégalais lorsqu'arrivait son père Abdoulaye Wade en 2000.
C'est en 2002 qu'il décide de s'installer au Sénégal, laissant derrière lui à Londres le poste de directeur associé avec de consistants avantages, au sein d'UBS Warburg. Au Sénégal, il intègre très vite l'entourage de son père et se voit nommé conseiller personnel du président de la République, chargé de la mise en œuvre de grands projets dont l'Aéroport Dakar Blaise Diagne et la mise en place d'une zone économique spéciale intégrée dans la capitale.
Il occupe de plus en plus de place et grandit dans la confiance de son père qui ne peut plus se passer de cet homme de main.
Anoci ou la révélation au grand public
Du statut de conseiller spécial de son père, Karim a commencé son envol lorsqu'il s'est vu hisser à la présidence de l'Agence nationale pour l'Organisation de la conférence islamique (Anoci) en 2004. Du haut de son mètre 90, l'homme au crâne aussi dégarni que celui de son père a en charge les multiples chantiers qui devraient mener le Sénégal vers l'émergence.
L'Organisation de la conférence islamique qui devait se dérouler 4 années plus tard à Dakar devait réunir les responsables de 57 pays musulmans. Aussi bien pour Karim que pour son père, ce tournant de l'histoire devait être saisie au rebond pour s'éloigner davantage des partenaires historiques, notamment la France et les Etats-Unis, afin de pouvoir se rapprocher des investisseurs arabes du Golfe, pensent plusieurs observateurs. Karim négocie les contrats, multiplie les voyages et apparaît comme le principal interlocuteur des pays arabes (Moyen orient).
Il devient international et est connu de tous. Ses appétits politiques ne tardent pas à se faire remarquer avec la création en 2006, avec Abdoulaye Baldé, d'une association dénommée "Génération du concret". L'idée est d'amener les populations à adhérer et à soutenir les grands chantiers qui sortent de terre dans tout Dakar. Génération du concret devient un mouvement politique et draine des masses.
Karim contre Macky, une revanche sur l'histoire
En octobre 2007, Macky Sall alors président de l'Assemblée nationale convoque Karim pour qu'il s'explique sur sa gestion des fonds de l'Anoci. Une convocation motivée par un retard des travaux et une obscurité entourant la gestion des fonds dont on faisait état d'un dépassement de plus de 8 milliards.
Il se disait à l'époque que le fils d'Abdoulaye Wade avait une boulimie dans le domaine des affaires. Ce qui lui avait valu d'ailleurs le surnom de "Monsieur 15%". Abdoulaye Wade, pris dans une colère noire, oppose son veto à cette convocation et Macky Sall entre en disgrâce, lui qui a eu le "toupet" de commettre un crime de lèse-majesté.
Le scandale de l'ANOCI, la dégringolade politique
Lorsqu'arrive le sommet de l'Oci les 13 et 14 mars 2008, toutes les infrastructures promises n'ont pas été livrées. Néanmoins, la rencontre s'est bien déroulée même si le débat sur sa gestion nébuleuse fait rage. Malgré les milliards injectés, à la fin de l'année 2008, la France prêtera à l'Etat du Sénégal 125 millions d'euros, ce qui constitue l'équivalence d'une année d'aide publique au développement.
En mars 2009, Karim fait partie des naufragés des élections locales qui ont vu le Pds perdre dans plusieurs localités du pays. Le fils du président Wade, qui s'était politiquement engagé, perdra jusque dans son bureau de vote. Loin de le sanctionner, son père fait de lui son ministre d'Etat en 2009.
Puis, le 5 octobre 2010, il est nommé ministre de l'Energie par son père de président. Après le décès de sa première femme, une Française, Karim soigne son image et se positionne de plus en plus comme potentiel héritier de son père. Taxé de "jeune français" ne parlant pas wolof parce qu'ayant vécu pendant longtemps en Europe, il veut s'affirmer en tant que Sénégalais.
Il s'habille en grand boubou, porte des bonnets et enfile des écharpes, il dit aimer le Mbalax bref, il se "sénégalise". Pendant ce temps, la situation sociale emprunte une pente matérialisée par des coupures intempestives d'électricité, la cherté vertigineuse du coût de la vie et une jeunesse sans espoir s'engouffrant dans des embarcations de fortune.
Le clap de fin...
En 2012, Abdoulaye Wade perd les élections et tous les yeux se rivent sur son fils Karim qui doit rendre compte de sa gestion. Surtout que les Sénégalais venaient d'élire un certain Macky Sall, celui-là même qui avait été puni pour avoir demandé des explications à Wade-fils.
La Cour de répression de l'enrichissement illicite (Crei) est ressuscitée pour traquer Karim dont la fortune est évaluée à 700 milliards de F CFA. Le 15 mars 2013, il est mis en demeure à l'issue d'une audition de la commission d'instruction de la CREI qui lui donne un délai d'un (1) mois pour justifier sa fortune.
Il sera inculpé d'enrichissement illicite et emprisonné avec 7 autres personnes le mercredi 18 avril 2013 à la Maison d'arrêt de Rebeuss. Son procès connaîtra plusieurs soubresauts : c'est le cas du président du tribunal qui expulse un avocat de la défense, le même président qui impose un prévenu sur des brancards, un assesseur qui claque la porte en pleine audience, des témoins absents, une fortune qui passe de 700 à 117 milliards etc....
Aujourd'hui, jour de vérité pour Karim Wade, le Sénégal retient son souffle.
ANOCI, Plan Takkal, Scandale Qatari …
Il était une fois Karim Wade et les milliards
Des milliards, Karim Wade en a géré durant le règne de son père-président Abdoulaye Wade. Mais qu’en a-t-il fait ? Un parfum de scandale s’est fait sentir partout où il est passé au point d’en faire aujourd’hui une cible publique. Retour sur quelques affaires qui ont éclaboussé l’opinion.
Les dernières années de règne du président Abdoulaye Wade ont projeté son fils Karim au devant de la scène. Très vite, ce dernier s’est retrouvé au cœur de la sphère étatique avec des centaines de milliards à gérer. De portefeuille en portefeuille, Karim Wade bénéficie d’une confiance presque aveugle d’un père accusé de vouloir en faire son successeur à la tête de la magistrature suprême.
L’Organisation de la conférence islamique en mars 2008 a été un test grandeur nature avec la création d’une Agence nationale dénommée ANOCI et confiée à Wade fils. Au total, plus de 205 milliards seraient dépensés dans cette affaire qualifiée de gouffre financier.
Si l’ANOCI affirmait au lendemain de cette conférence avoir dépensé 72 milliards dans la réalisation des travaux pour accueillir l’événement, beaucoup de voix se sont élevées pour démentir ces allégations. Le journaliste d’investigation Abdou Latif Coulibaly écrivait, dans un livre intitulé "Contes et mécomptes de l’ANOCI", que l’Agence aurait utilisé pour l’organisation de l’événement la somme totale de 205 milliards 211 millions de dépenses effectives et réelles.
Des dépenses avec une composante appelée "Aménagement des bureaux du siège de l’ANOCI". Ce volet a mobilisé 750 millions de F CFA à lui seul. De l’argent utilisé pour l’aménagement des bureaux de Karim Wade. Mais aussi l’équipement des bureaux de ses collaborateurs.
Estimées à 101 milliards, les réalisations des chantiers ouverts à la veille de l’OCI dépasseraient de loin ce chiffre et l’argent serait en grande partie pompé du trésor public, diton. La bâche sous laquelle le président Wade recevait les hôtes aurait coûté 600 millions de F CFA à l’Agence des aéroports du Sénégal (ADS). Le pire, c’est qu’une récente publication dans la presse apprenait que la bâche faisait l’objet d’une plainte déposée au parquet pour vol.
Du plan Takkal aux 13 milliards du Qatar
Autre affaire, autres reproches. Le plan Takkal créé pour améliorer la fourniture en électricité des ménages et entreprises est estimé à 650 milliards de F CFA. Sur le sujet aussi, il a été reproché au fils du président Abdoulaye Wade des passations de marché absentes du champ des marchés publics.
Cette absence d’enregistrement du code des marchés publics de l’acquisition de combustible tout comme les opérations et la maintenance d’installations destinées à produire de l’énergie électrique, a été à l’origine de curieux actes. Elle a engendré la modification de l’article 3 du code des marchés publics par un décret, sans en avertir l’Autorité de régulation des marchés publics (ARMP).
Karim disposera désormais des coudées franches et se permettra même de passer en l’espace de 6 mois des marchés de gré à gré d’achat de produits pétroliers pour un montant de 115 milliards F CFA. Pour réaliser une centrale à charbon à Sendou d’un coût estimé à 300 milliards de F CFA, un gré à gré similaire est passé par là, avec le choix du géant sud coréen KEPCO.
L’autre scandale financier dans lequel le fils du président Abdoulaye Wade a été impliqué est lié aux 13 milliards en provenance du Qatar. Et c’est Saïf Al Islam, le fils de l’ex-guide libyen Mouammar Kadhafi, qui donne l’information. Me Wade aurait reçu 13 milliards de francs Cfa du Qatar. La contrepartie étant de réclamer le départ de Kadhafi. En somme, Karim Wade a été mêlé à plusieurs scandales financiers et aujourd’hui, c’est à la justice de décider de son sort.
LE KHALIFE SERMONNE LES JEUNES MARABOUTS MBACKÉ MBACKÉ
Face à la situation politique délétère, le Khalife général des mourides a demandé aux jeunes Mbacké Mbacké de cesser le bavardage inutile. Pour se consacrer au travail et à l’apprentissage du Coran. C’était à l’occasion du Magal de Mbacké Kadior célébré vendredi dernier.
Le Magal de Mbacké Kadior a vécu. L’édition 2015, célébrée le vendredi dernier, aura été marquée par la déclaration du Khalife général des mourides. Serigne Cheikh Sidy Mactar Mbacké a profité de la cérémonie officielle du magal, par l'entremise du porte-parole de Gouy-Bind, Serigne Cheikh Thioro Bassirou Mbacké, pour s'attaquer aux agissements déplorables des jeunes marabouts Mbacké-Mbacké.
De ces derniers, le Khalife a exigé qu’ils aillent apprendre le Coran, prier, travailler et se taire. "Consacrez-vous à l'apprentissage du Coran, retournez dans les Daara, fréquentez davantage les mosquées, regagnez les champs, c’est cela l'héritage de votre grand-père", a déclaré Cheikh Thioro Bassirou Mbacké.
Il a, par la suite, appelé au nom du Khalife, les petits-fils de Cheikh Ahmadou Bamba à éviter et à cesser le bavardage inutile pour se consacrer au travail. "Il y a trop de bruit dans ce pays", leur dira-t-il. Avant d’ajouter : "Un pays ne peut pas évoluer quand tout le monde se met à parler et que personne ne travaille."
Dans le même sillage, le Khalife a même fustigé et déploré "le discours et le verbiage stériles et irresponsables qui polluent actuellement l’arène politique au Sénégal". Ainsi, il demandera, dans la foulée, que soient définitivement oubliées les récentes déclarations formulées par un éminent homme politique, (Abdoulaye Wade).
"Quiconque ne sait que calomnier ou invectiver doit se taire", a-t-il laissé entendre, avant de poursuivre : "Les mauvaises langues attirent, inéluctablement, la colère et le châtiment de Dieu. "N'oublions pas que des pays comme le Mali, l'Irak, la Syrie et le Niger ont connu des revers à cause de la politique politicienne."
Auparavant, le ministre d'État Mbaye Ndiaye, qui a conduit la délégation gouvernementale constituée de plusieurs personnalités, parmi lesquelles le ministre Khadim Diop, la présidente de l’Ofnac Nafy Ngom Keïta, entre autres, en prenant la parole, a tenté de justifier la traque des biens mal acquis en déclarant que nul n'a le droit d'user, à des fins personnelles, les deniers de l'État.
MME VIVIANE WADE BIENTÔT DÉPOSSÉDÉE DE 3,5 HECTARES À HANN
Ce n'est pas encore le bout du tunnel pour la famille Wade. Au moment où Karim Wade passe ses nuits à Rebeuss, loin du cocon familial, l'appareil d'État s'active à reprendre les terrains octroyés à sa mère Mme Viviane Wade.
La fondation de Mme Wade "Education santé" et une société qui lui appartiendrait ont eu à bénéficier sous le régime d'Abdoulaye Wade d'un octroi de 3,5 ha de terres au moment où Abdoulaye Diop était l'argentier de l'État. Ces hectares de terres sont situés, selon nos sources, à Hann, précisément au niveau du centre de contrôle technique.
Un mur a été construit autour du périmètre où sont stationnés des véhicules, mais l'espace n'est pas utilisé. En réclamant la restitution de ces terrains, l'État projette de les réaffecter au ministère des Infrastructures, des Transports terrestres et du Désenclavement pour des projets tels que l'extension du centre technique, la construction d'un centre de sécurisation des permis, d'identification des véhicules importés, de sécurisation des plaques et la mise en place d'une fourrière.
Dans la lettre datée du 02 janvier 2015 et adressée au ministre de l'Economie des Finances et du Plan Amadou Ba, le ministre des Infrastructures, des Transports terrestres et du Désenclavement, Mansour Elimane Kane lui signifie clairement qu'il a reçu des "instructions fermes pour la récupération de terrains sis à l'ex TP Som de Hann, qui seront réaffectés à mon département pour abriter des projets structurants d'infrastructures et de service de transport".
Poursuivant, M. Kane énumère les lots concernés à savoir "lots B1 et B2 d'une superficie totale de 22 385 m², lot non identifié d'une superficie calculée selon l'échelle 1/2000, lot A2 de 4000 m² déjà occupé par le centre de contrôle technique des véhicules automobiles".
Me Wade, Bara Sady et d'autres gros calibres dans le viseur de l'État
Il faut noter toutefois que cette décision émanant du président de la République Macky Sall ne vise pas seulement ces terrains de Mme Viviane. Nos sources nous révèlent que son mari également qui aurait une assiette foncière derrière la Clinique du cap sera dépossédé de ces terrains sous peu. Il en sera de même des terrains situés près des cimetières Saint-Lazare de Béthanie.
On ignore encore le niveau d'implication de Bara Sady ou encore de Goudiaby Atépa, mais toujours estil que leurs noms ont été cités dans cette affaire. Ce dernier dégage cependant en touche, déclarant qu'il n'a pas bénéficié des largesses de Wade, qu'il travaille depuis 40 ans et que rien qui sorte du cadre de la loi ne peut lui être opposé.
Un audit foncier a d'ailleurs été engagé et fera certainement tomber de gros bonnets de la République. Dossier à suivre.
«LE 23 MARS, LES SENEGALAIS VAQUERONT TRANQUILLEMENT A LEURS OCCUPATIONS»
MAME MBAYE NIANG, MINISTRE DE LA JEUNESSE DÉFIE L’OPPOSITION
Ousseynou Baldé & Amadou BA |
Publication 23/03/2015
Le ministre de la Jeunesse avertit Me abdoulaye Wade et ses partisans que l’état a pris toutes les dispositions pour assurer la sécurité des populations pour la journée d’aujourd’hui. Mame Mbaye niang déclaré qu’il ne se passera rien ce 23 mars contrairement aux menaces de l’opposition. Il revient dans cet entretien qu’il a accordé à «l’as» sur sa proximité avec le chef de l’état, le procès de karim Wade, l’emploi des jeunes, l’emprunt obligataire de la mairie de dakar…
Vous êtes connu pour être très proche du président de la république et de son épouse. est-ce cette position qui vous donne cette liberté de ton ?
Je ne revendique pas une proximité avec le chef de l’État. Certes, je suis un militant et un jeune qui a eu à s’approcher de lui lors des combats politiques. Je partage les mêmes valeurs et principes avec le chef de l’État. Moi, j’adhère à une cause sur la base de principes et de valeurs. J’ai beaucoup d’affection à son endroit de par son humilité, sa sincérité et sa générosité. Je ne réclame pas cette proximité. Je ne pense pas qu’on peut être très proche du président Macky Sall au point de l’influencer. Non ! C’est méconnaître la personne. Beaucoup de personnes revendiquent cette proximité. Nos relations se limitent à celles de responsable à militant, de Président à ministre et cela ne dépasse pas ce cadre.
Cela explique-t-il votre courage à vous attaquer même à la famille du président, notamment à Aliou Sall ?
Lorsqu’on défend des principes, on ne réfléchit pas en termes de famille. Le choix ne peut pas être basé sur l’affection, sinon je militerais au Mrds (Ndlr, le parti de son père). Le choix est bâti sur des valeurs, des principes et une vision.
Le président ne vous a-t-il pas remonté les bretelles après votre sortie contre Aliou Sall ?
Non ! C’est méconnaître le président de la République. J’ai donné un point de vue que j’assume. Je ne pense pas que j’ai attaqué une personne. Tout choix est un renoncement.
Aliou Sall ne vous en a-t-il pas voulu ?
Je ne pense pas qu’il m’en voudra. C’est un camarade de parti avec qui je discute beaucoup et qui a compris pourquoi j’ai soutenu la candidature d’Abdoulaye Diouf Sarr qui est aussi membre du Secrétariat exécutif national du parti. On a dépassé cela. Maintenant, on travaille pour la mobilisation de nos forces, énergies et moyens dans le seul but de réélire le Président Macky Sall en 2017 au premier tour.
Mame Mbaye Niang est sur tous les fronts. Etes-vous un va-t-en-guerre ?
Ceux qui me connaissent savent qu’on ne peut pas avoir une éducation basée sur l’islam et être un va-t-en-guerre. Seulement, je suis de ceux qui pensent que lorsqu’on croit en des principes on les défend. Et dans la défense des principes, il n’y a pas de limites autres que la morale.
Continuez-vous toujours à penser que l’ancien premier ministre Aminata Touré lorgne le fauteuil du chef de l’état ?
Vous savez, une bataille se mène en tenant compte de deux paramètres : le temps et la géographie.
Actuellement, nous mobilisons nos forces pour un seul but : créer les conditions d’une réélection de Macky Sall au premier tour. Naturellement, nous aurons en face l’autre camp qui va tenter de soutenir d’autres contre cette volonté.
Certains leaders de Macky2012 s’attaquent parfois au chef de l’état et on soupçonne des collaborateurs du président de tirer les ficelles. qu’en pensez-vous ?
Je pense que ces soupçons n’existent que dans la tête de certains Sénégalais. On ne peut pas être dans l’entourage du Président et tirer des ficelles. C’est méconnaître le chef de l’État. On ne peut pas l’influencer.
Pourtant vous aviez accusé Mahmoud saleh de tirer les ficelles…
Non ! Non ! Mahmoud, c’est une référence politique qui dans ses choix, heurte parfois, mais aussi fait l’affaire de certains. Je pèse mes mots : personne ne peut influencer le Président, à commencer par moi. Il a ses paramètres et il consulte. De temps à autre, on cite certains responsables mais je ne crois pas à cela.
L’Apr traverse des difficultés. Y a-t-il un problème de restructuration ?
On ne change pas une stratégie qui gagne. On nous reproche de ne pas être structuré, mais le constat est que l’Apr, trois ans après sa création, a gagné la présidentielle, les législatives, les locales et va gagner encore. Je pense qu’on gagnerait à mieux nous organiser, mais vouloir nous imposer une structure, c’est
vouloir nous faire renoncer à une stratégie qui nous a menés au pouvoir.
Vous êtes en train d’accueillir des transhumants, ce qui crée des frustrations. cela ne risque-t-il pas de déteindre sur le fonctionnement du parti ?
Il faut faire la différence entre le président de la République et le président de l’Apr. Lorsqu’on est chef de l’État, on est obligé de s’ouvrir à l’ensemble des Sénégalais parce qu’on ne gère plus son parti seulement. Donc, le Président Macky Sall a besoin de parler à l’ensemble des Sénégalais et même à l’opposition. Maintenant, est-ce-que le président de la République a le droit de dire non à un Sénégalais qui vient lui dire : j’adhère à votre politique et votre vision ? J’entends par transhumance ce que les autres faisaient, c’est-àdire donner de l’argent à des hommes politiques pour qu’ils vous rejoignent. Ces maires qui nous ont rejoints ont déjà la confiance de leurs populations. Vous voulez qu’on rejette ces leaders parce qu’ils ne sont pas de l’Apr ? Ils jouissent de la confiance d’autres Sénégalais. On ne peut pas leur refuser cela. Ce n’est pas cela la transhumance.
Les changements tardent à venir et les sénégalais s’impatientent. et il y a la problématique de l’emploi…
On est en train de réglementer d’abord, c’est-à-dire créer les conditions d’une société juste et d’une justice équitable. Après la réglementation, on crée les procédures : c’est-à-dire la réalisation de projets basés sur les priorités de la nation. Ensuite, on développe la culture qui consiste à inculquer aux citoyens les notions fondamentales de développement, de travail, d’abnégation, de sacerdoce et de patriotisme. Tout ceci ne peut pas se faire en trois ans. Ce sont des étapes. Et ceux qui sont avertis comprennent que nous sommes sur la bonne voie. Maintenant, nous sommes dans un pays de justice où personne n’est au-dessus de la loi. On n’entend plus ces scandales à milliards, désormais on réfléchit beaucoup avant d’engager l’argent public. Certes c’est lent, mais les procédures définies sont respectées. Naturellement, qui parle de redressement parle d’ôter à des gens des privilèges indus. Et c’est normal que ces derniers essaient de s’organiser pour opposer une résistance. Toutefois, il appartient au pouvoir étatique qui veut imprimer cette volonté de justice et de redressement d’assumer cette partie du combat à travers des explications, un comportement et un savoir-faire. Donc, il y a des difficultés. Le problème le plus ardent reste l’emploi des jeunes. Mais il faut comprendre que cela fait trente ans que l’école sénégalaise forme en ne donnant pas une qualification aux apprenants. On peut avoir une maîtrise en droit, sciences naturelles, géographie, mais cela ne vous donne pas la possibilité d’entrer dans le marché de l’emploi. On a hérité de cette situation. C’est pourquoi le président de la République a changé de paradigme. On mise sur trois choses. On essaie d’atténuer le chômage à travers des choix et des objectifs : l’agriculture qui ne nécessite pas une qualification, ni un temps d’encadrement très élevé, mais qu’il faut accompagner avec la technologie. Dans le moyen terme, on réoriente, d’où la création des deux universités agricoles et technologiques, 17 lycées de formation professionnelle. Ce travail est planifié pour des années. Dans le long terme, il faut créer des situations économiques favorables à l’investissement à travers la bonne gouvernance, une fiscalité attirante et la reprise des poumons économiques.
Vous avez promis 100 000 emplois. vous rendez-vous compte qu’il est impossible de réaliser cette promesse ?
On a eu l’honnêteté de faire la situation sur l’emploi des jeunes. En juin passé, la Direction de l’emploi, en partenariat avec l’Ansd et l’Inspection du travail, a publié le nombre d’emplois créés en deux ans, à savoir 97 000. Les solutions ont tardé à être mises en oeuvre, notamment le Prodac, l’Anpej et le Papej. Le Prodac ambitionne de créer 300 000 emplois, l’Anpej qui découle de la fusion de trois agences va créer 110 000 emplois. Malheureusement, ils ont tardé à commencer, mais aujourd’hui ils commencent à faire leurs
preuves. Comme réalisations, je peux citer l’aménagement du domaine agricole de Sédhiou d’une superficie de 2 000 ha, où des milliers de jeunes travaillent. Les Sénégalais qui suivent l’actualité savent que le domaine agricole de 2 000 ha de Kédougou, avec l’aquaculture de 80 bassins va démarrer dans deux semaines. À Keur Momar Sarr, Keur Samba Kane, l’aménagement de 7 000 ha a démarré. Certes les projets ont démarré tardivement, mais d’ici 6 mois les Sénégalais verront qu’ils dépasseront les promesses du Président. Nous disons la vérité aux concitoyens, car 42 % des demandeurs d’emplois n’ont pas de qualification. Voilà la difficulté majeure. 56, 07 % des demandeurs d’emplois viennent des zones rurales. Donc, ils auront plus d’opportunités dans les domaines agricoles et ils resteront dans leurs localités. Cela règle le problème de l’exode rural.
Le pays est ébranlé à deux jours du verdict de la crei sur l’affaire karim Wade. Quelle analyse faites-vous de cette situation ?
Je ne suis pas d’accord quand vous dites que le pays est ébranlé. Il est stable, vit ses difficultés avec dignité et essaie de les solutionner. Le seul problème qu’on a, c’est un père qui malheureusement, fut-il un ancien chef d’État, a des problèmes parce que son fils est en prison. Son fils est en train de rendre compte. Son père veut le soustraire de la justice vaille que vaille, au détriment de l’intérêt supérieur de la Nation. Cette personne utilise l’aura qu’elle avait et le poste qu’elle occupait pour prendre en otage les médias et communiquer de manière regrettable avec le peuple. Il a marqué la ferme volonté de déstabiliser le pays et le gouvernement a marqué la ferme volonté de ne pas accepter cette tentative de déstabilisation.
Donc la confrontation est inévitable…
Non, il ne peut pas y avoir de confrontation. Nous avons affronté Me Wade lorsqu’il était au pouvoir, avec ses moyens et ses institutions. On l’avait battu. Comment peut-on avoir peur de Me Abdoulaye Wade l’opposant, qui est dans une direction qui n’est pas conforme à la morale politique, religieuse et la morale tout court ?
Comment expliquez-vous cette panique du pouvoir avec les arrestations tous azimuts d’opposants ?
Ce n’est pas une panique. On ne peut pas faire face à une personne qui a dit publiquement qu’elle va déstabiliser le pays et que le gouvernement reste les bras croisés. Tant qu’il se limitait aux déclarations, on pouvait le mettre dans le cadre de déclarations politiques. Dans toutes les démocraties du monde, lorsque la sécurité et la cohésion nationale sont menacées, les forces de sécurité prennent des dispositions. La police a une expertise avérée et elle est capable de déceler les gens qui s’adonnent à certaines pratiques.
Au Pds, il y a combien de responsables ? On a arrêté qui ? Ce sont des gens identifiés et qui ont la volonté de recruter des gros bras pour leur faire commettre des choses inacceptables. Les forces de sécurité font leur travail.Tant qu’ils manifestent et que cela se limite dans le cadre réglementaire, je ne vois pas d’inconvénients. Maintenant, s’ils veulent saboter, c’est l’État qui réagira. La République, c’est le respect des symboles et des institutions qui l’incarnent.
Cela présage que Karim Wade sera condamné…
J’ai une position que j’ai défendue et que 80 % des Sénégalais ont défendue : combien de fois votre journal et d’autres journaux ont fait leur Une sur des scandales auxquels Karim Wade était mêlé il y a de cela 5 ans ? Ces affaires ont besoin d’être élucidées. Ce que je sais dans mon domaine de compétence, c’est qu’il a y eu des scandales. Il y a eu une volonté manifeste de contrôler les poumons économiques du pays. Dans un pays, lorsqu’un particulier détient le port, l’aéroport, la Suneor et les institutions financières, ce pays a perdu sa souveraineté. Comment pouvez-vous expliquer que 90% de notre aéroport puissent appartenir à une personne ? Comment pouvezvous expliquer que les services les plus lucratifs et les plus rentables dans le transport aérien, notamment Ahs et Shs, soient détenus par ses amis ou lui qu’on soupçonne ? C’est une volonté manifeste de confisquer l’économie sénégalaise au détriment de l’État. Donc, le gouvernement travaille pour ramener ces poumons économiques entre les mains de l’État. Il y va de notre souveraineté. On a le port et l’aéroport les plus chers, parce que tout simplement ces gens ont créé les conditions où on ne peut rien faire.
Malgré les accusations, les avocats de Karim Wade soutiennent que la Crei n’a rien trouvé. que répondez-vous ?
On prend l’exemple de Ahs. Dans aucun pays au monde le handling ne se fait à 100% par un privé. Ce sont les rares secteurs de l’aéroport où on fait 40% de bénéfices. Dans tous les pays du monde, même Singapour qui est une référence, l’État détient 60% du handling. Ici, on donne tout à un privé qui n’a pas d’expertise, ni d’expérience, mais seulement sur la base de l’amitié. Ahs n’appartient pas à l’État du Sénégal, mais à un privé. Fraport appartenait à un privé. On investit 450 milliards F Cfa du contribuable sénégalais et on donne 90% de l’exploitation sur 20 ans de cet aéroport à un privé.
Est-ce un délit ?
Aujourd’hui, si je prends les 100 milliards du Prodac et je confie la gestion des 90 milliards à un ami, est-ce un délit ? Donc, il revient à la justice de dire s’il est coupable ou non. Le procureur spécial a donné ses arguments et ses avocats ont également livré les leurs, c’est aux juges d’apprécier. Ceci étant, les Sénégalais ont l’obligation de respecter le verdict. Le gouvernement prendra ses responsabilités pour que ce verdict soit respecté. Le 23 mars, les Sénégalais vaqueront tranquillement à leurs occupations, il n’y
aura aucune perturbation.
Cela ne vous rappelle-t-il pas un 23 juin ?
C’est très différent parce que les contextes diffèrent. Le 23 juin auquel ils veulent faire allusion, c’est l’intérêt supérieur de la Nation qui était menacé. On voulait donner la possibilité à 25% des Sénégalais de choisir au détriment de 75%. On voulait nous imposer un ticket, c’est-à-dire un père accompagné de son fils comme futur dirigeant. Aujourd’hui, ce à quoi on fait face, c’est un père et un fils qui sont dans des difficultés. Ils sont abandonnés par les ¾ de leur parti qui ont fini par comprendre qu’il ne se bat que pour son fils et qu’il n’hésite pas à menacer la vie des autres citoyens pour le bien de son fils.
Sur un autre front, pourquoi le gouvernement a-t-il bloqué l’emprunt obligataire de la ville de dakar ?
À propos de l’emprunt obligataire de la ville de Dakar, je pense qu’il faut dire la vérité aux Sénégalais. L’emprunt a été fait avant l’Acte III or l’acte trois recadre la ville de Dakar, limite ses responsabilités et son étendue. Un prêt bancaire, même pour un particulier, c’est en fonction de vos moyens et capacités qu’on vous prête une somme. Les capacités de la ville de Dakar ont changé. Comment le gouvernement peut-il autoriser l’emprunt obligataire qui a été rédigé sur la base de l’ancienne ville de Dakar. Juridiquement il y
a un problème. L’autre problème, c’est qu’on ne peut pas emprunter de l’argent sans pour autant avoir l’accord du garant. Ce que nous disons, ça a existé à Rio.
L’état avait quand même donné son accord pour la deuxième fois au mois de juillet…
C’était avant l’Acte III. Ce que les gens ne disent pas, c’est que l’Acte III est entré en vigueur.
Mais qu’est-ce que cela change puisque l’entité demeure ?
La ville de Dakar avant l’Acte III et après, il y a eu des changements. Les capacités ont changé. Comment Khalifa Sall peut-il dire qu’il n’a même pas besoin de la garantie de l’État ? Aujourd’hui, emprunter 20 milliards et ne pas pouvoir les rembourser équivaut à prendre 20 milliards des bourses.
Les états-unis qui sont plus rigoureux en la matière ont garanti les 50% de l’emprunt…
Non ! Il ne faut pas dire les Américains, les bailleurs ou les Ong. Le premier bailleur de la mairie de Dakar, c’est l’État du Sénégal. Il faut qu’on arrête de parler de bailleurs par-ci et parlà. Il faut arrêter d’alimenter de faux débats. S’il veut être candidat à la présidentielle, il n’a qu’à l’assumer.
C’est ce qui vous fait peur apparemment…
Non ! Comment peut-il nous faire peur ? Il faut que les gens assument leur combat. Il faut avoir l’honnêteté d’assumer son combat au lieu de le faire porter par la presse. Il y a des gens qui ne combattent qu’à travers la presse. S’il veut être candidat, il est libre. Mais qu’on arrête de raconter n’importe quoi pour se faire victimiser . Il y a une volonté manifeste de manipuler l’opinion. Il faut avoir le courage de ses idées. Les Sénégalais comprennent que c’est de la manipulation. On n’a pas peur de Khalifa Sall, parce qu’on a affronté des adversaires plus coriaces et on les a battus.
Pensez-vous donc que le ps doit assumer sa position ?
Moi je fais nettement la différence entre Khalifa Sall et le Parti socialiste (Ps). Le Parti socialiste est bien structuré et il a un Secrétaire général et des instances. J’attends que ces instances délibèrent pour prendre position.
Il a pris position en disant au gouvernement de laisser travailler khalifa sall…
Khalifa Sall n’a pas de problème avec le président de la République et le Gouvernement. Il n’a qu’à remplir les critères définis par le ministère des Finances. Comment peut-on mettre en garantie quelque chose dont on ne dispose pas ? C’est basé sur du faux. Il n’a qu’à monter un dossier de prêt dans la limite de ses potentialités, pour voir si on lui refusera cela. Mais ils sont en train de faire des élucubrations…
Khalifa Sall est-il un allié loyal ?
Nous ne sommes pas alliés avec Khalifa Sall, mais avec le Parti socialiste (Ps).
Récemment, il y a eu une rencontre entre le ps et la ld. n’est-ce pas qu’un bloc est en train de se former contre vous ?
Nous avons l’expérience de Bennoo, de Macky2012 et de l’Apr et pourtant on a gagné. On ne va pas se focaliser sur des éventualités. N’oubliez pas qu’il y a en face les Sénégalais qui, à 90%, ne sont pas dans des partis politiques et qui se feront une opinion de ce qui est en train de se faire. Le président avait dit : nous gagnons ensemble et nous gouvernerons ensemble. Vous n’avez pas entendu un parti décrier la gestion du gouvernement, parce que nous sommes en accord sur ce principe-là. Le jour où un parti ne se retrouvera plus, il prendra ses responsabilités. En tout cas, Bennoo continue de soutenir la politique du chef de l’État.
Khalifa SALL ne vous fait-il pas peur ?
Non ! Comment a-t-il gagné ? Il y a eu des frustrés de l’Apr qui ont voté pour Khalifa. Il gagnerait plus à travailler qu’à parler, et à respecter ses engagements. Il faut faire la différence entre une mairie et l’État central.
Est-ce que vous intégrez le second tour dans votre stratégie ?
On ne peut pas réaliser ce qui a été fait jusqu’à présent, même si cela souffre d’un déficit de communication, et avoir la phobie d’aller au second tour. Les Sénégalais jugeront. Ce dont je suis sûr, c’est que nous atteindrons nos objectifs parce que nous avons les moyens. Et ça commence à prendre forme. Il y a de cela deux ans, les gens prenaient des pirogues dans la banlieue. La solution du président a prospéré. On va capitaliser tout cela. Certes nous avons des problèmes de communication, mais nos responsables sont en train de trouver des solutions à cela. Il n’y a pas de raison d’avoir peur. Nous travaillons au rythme du président et nous laisserons les Sénégalais juger. Un plan de combat sérieux prend en compte tout. On ne dévoile pas notre stratégie, mais on gagnera au premier. Le plan B consiste à ce que le plan A marche.
«IL Y A UNE SOLUTION POLITIQUE A TOUT PROCES POLITIQUE»
La Convergence des femmes «mackistes» (Cofem) a procédé hier au lancement de ses activités au Grand Théâtre. Me Alioune Badara Cissé qui a pris part à la manifestation s’est prononcé sur l’affaire Karim Wade dont le verdict est attenu aujourd’hui. Il y avait foule hier au Grand Théâtre qui abritait lancement national des activités de la Convergence des femmes «mackistes» (Cofem). Un mouvement mis sur pied en octobre 2014 par des femmes leaders et dont le seul objectif est de réélire l’actuel président de la République en 2017.
Venu assister à la manifestation, Me Alioune Badara Cissé, a été interpellé en marge de cette cérémonie sur le délibéré du procès de Karim Wade pour qui il s’est constitué. L’avocat révèle qu’il ne se rendra pas au Tribunal car le boycott décidé par la défense s’étale sur toute la durée du procès et le délibéré s’inscrit dans le cours normal de ce procès. Pour autant, il souhaite que le droit soit dit suite aux multiples violations des droits de la défense. « Nous espérons que ce qui reste du droit sera dit et qu’en tout état de cause, le peuple civil, le peuple politique et les Sénégalais devront pouvoir comprendre qu’il s’est écoulé un procès à la lisière de ce que le droit ne permet pas. Un procès en dehors de ce que le droit a permis et que l’on prenne date que notre justice a beaucoup souffert, mais que l’on reste dans le calme et la sérénité parce qu’il y’a une solution politique à tout procès politique.
Tout finit autour de la table de négociation», soutient l’avocat de Karim Wade qui ajoute : «Le Président de la République est armé de plusieurs leviers pour agir sur les décisions. Il lui appartiendra le moment venu, tenant compte de sa capacité à pardonner et à dépasser, d’en faire usage», déclare l’ancien ministre des Affaires Etrangères qui est d’avis que le dialogue entre l’ancien Président Wade et le Président Macky Sall est une nécessité majeure.
«IL Y A TROP DE MENTEURS ET D’HYPOCRITES AU SENEGAL»
La présidente du conseil économique, social et environnemental (cese) n’a pas mis de gants pour répondre aux attaques ont elle dit être victime depuis quelque temps. Aminata Tall, qui a exhorté ses militants à la mobilisation et à l’élargissement des bases de l’Apr pour offrir une victoire éclatante au président Macky sall en 2017, n’y est pas allée avec le dos de la cuillère pour solder ses comptes. très remontée, elle affirme qu’«il y a trop de menteurs et d’hypocrites au sénégal». elle considère que ces derniers ne méritent pas qu’elle se rabaisse à leur niveau.
Recevant hier ses militants à son domicile sis au quartier Escale de Diourbel, Aminata Tall a eu du mal à camoufler sa colère. Toutes griffes dehors, la présidente du Conseil économique, social et environnemental (Cese) a apporté une cinglante réplique à ses détracteurs, même si elle s’est gardée de les nommer. «Je ne vais jamais répondre à certaines mauvaises langues qui, comme vous l’avez constaté, continuent à m’attaquer délibérément. Tout le monde sait que je ne verse pas dans ces futilités et ce n’est pas aujourd’hui que je vais commencer.
En tout cas, sachez qu’il y a trop de menteurs et beaucoup trop d’hypocrites au Sénégal. Ils ne méritent même pas que je leur réponde. Dans ce cas, le silence est la meilleure réponse», tonne la quatrième personnalité de l’Etat. Cependant, la baronne libérale qui se réclame aujourd’hui responsable de l’Apr n’entend plus rester les bras croisés. Désormais, elle répondra coup pour coup. C’est dans ce cadre qu’elle a annoncé la mise sur pied d’une commission restreinte qui sera chargée de riposter énergiquement aux attaques perpétrées contre sa personne.
Par ailleurs, Aminata Tall a invité ses militants à occuper le terrain politique et à récupérer «les apéristes frustrés» et les a encouragés à tout mettre en oeuvre pour offrir un second mandat au Président Macky Sall en 2017, dès le premier tour. Elle a annoncé l’ouverture d’un nouveau siège de l’Apr qui abritera les rencontres des «apéristes » sans aucune distinction. Cette décision, soutient-elle, est motivée par «les nombreuses polémiques inutiles qui sont en train de miner l’Apr depuis l’ouverture du siège».