En vertu de la constitution, c’est le président de la République qui définit la politique de la Nation appliquée par le gouvernement sous la coordination du Premier ministre. Le secteur de l’artisanat n’échappe pas à la règle. C’est la raison pour laquelle, plusieurs conseils des ministres ont consacré des mesures importantes tendant à faire de l’artisanat, un secteur prioritaire dans le développement économique et social.
Lors du Conseil des ministres de Tamba, pour marquer sa volonté, le président de la République a fait trois commandes :
La réforme des chambres de métiers pour leur permettre de jouer un rôle de pivot dans le développement local de leur région d’implication.
La révision des missions de l’Apda pour plus d’efficacité et d’efficience dans l’exercice de ses missions d’encadrement et de promotion du secteur.
La définition d’une nouvelle stratégie nationale de développement de l’Artisanat comme un cadre de référence pour une plus grande cohérence dans la formulation et la mise en œuvre de la politique gouvernementale de l’Artisanat.
Les autres conseils des ministres, qui se sont succédé par la suite, ont mis l’accent sur des particularismes qu’on retrouve dans le cadre beaucoup plus globalisant de la Stratégie nationale de développement de l’artisanat (Snda).
Il s’agit notamment de l’ouverture de la commande publique aux artisans, de la mise en place d’un comptoir d’or extrait des mines de Sabadola pour l’approvisionnement en matière première des bijoutiers, du projet du mobilier national entre autres. Ce bref rappel de mesures issues des Conseils des ministres montre à suffisance, la volonté politique du président de la République d’impulser le développement du secteur de l’Artisanat.
Quand le secteur peut se targuer d’avoir dans cette décennie, un ministre ayant des compétences avérées, une probité morale indiscutable et une humilité qui ne souffre d’aucun doute, il lui appartient de réussir obligatoirement.
Deux (2) ans après l’expression de cette volonté politique, il est opportun de s’interroger sur l’état d’avancement des axes stratégiques déclinés lors du Conseil des ministres de Tamba :
Aucune réforme n’a été enregistrée en ce qui concerne les chambres de métiers, qui restent en l’état. En ce sens, des réformes capitales sont attendues aussi bien sur le plan organique que dans le domaine des textes qui régissent le fonctionnement des chambres de métiers, les titres de qualification et le mode de délivrance des cartes professionnelles, qui cristallisent à la fois une qualification professionnelle et un droit de vote, faisant naître ainsi des suspicions légitimes dans la mesure où le signataire est également candidat au même titre que les autres, surtout avec les élections prochaines qui auront lieu au courant de cette
année 2015. Par ailleurs, l’avènement du code communautaire de l’Uemoa, adopté en mars 2014, entré en vigueur le 1er juillet dernier, repositionne le secteur de l’artisanat dans son rôle de développement économique, social et environnemental dans les pays membres.
Aucune campagne de sensibilisation n’est organisée jusqu’ici pour une appropriation de ce nouveau texte par les acteurs d’une part, et la vérification de la conformité des textes qui régissent l’artisanat au Sénégal avec ce nouveau code d’autre part.
A l’heure actuelle, l’Apda a révélé le peu d’intérêt que lui accordent les artisans, au regard de la nonexécution des projets qui leur sont destinés et pour lesquels, les décaissements des financements sont effectifs sur plusieurs exercices budgétaires. L’absence de réalisations de ces projets est au détriment de nos intérêts. Pour élucider ces zones d’ombre, un audit approfondi doit être fait pour faciliter la reddition des comptes et situer les responsabilités.
En vertu du principe de la redévabilité, l’obligation de rendre compte est de mise après utilisation des fonds publics. La nécessité impérieuse de réviser les missions de l’Apda, de remettre cette agence, pourtant utile, au travail est une évidence pour donner corps à la volonté du Président de la République.
Un cabinet de consultance a été sélectionné pour réaliser une étude sur la Snda, après que les chambres de métiers et certaines Opa comme le Cadre national de concertation des artisans du Sénégal (Cncas/Artisanat), l’Union régionale des professionnels artisans de la métallurgie (Urpam) ont déposé leur contribution.
Il a rendu ses travaux depuis bientôt une année. A l’unanimité de ceux qui en ont pris connaissance, le document est un référentiel pertinent pour promouvoir le développement de l’Artisanat au Sénégal. La Snda que nous avons lue, comporte 6 axes stratégiques qui sont des propositions concrètes tendant à faire émerger le secteur de l’Artisanat.
Au delà de la déclinaison des projets, le document de la Snda propose un outil de pilotage, un mécanisme de reddition des comptes et la clarification du rôle de chaque acteur ainsi que la mise en place d’un cadre de concertation pour harmoniser les interventions dans le cadre de la recherche de l’efficacité et de l’efficience. Au total, il s’avère que ces 3 points qui résument la volonté politique du président de la République sont encore malheureusement à l’état de projet.
Pourtant, la journée du 22 décembre 2014 sur les terres du Cayor, un des berceaux de l’Artisanat, aurait pu être une tribune pour la validation de la Snda et le point de départ de la mise en œuvre des projets du Pse destinés a l’Artisanat. De ce point de vue, la première édition de la journée de l’Artisanat aura été un rendez-vous important pour les artisans que nous sommes. Pourtant, les projets déclinés dans les discours entrent en droite ligne des projets structurants de la Snda.
Autant dire que l’option a été prise délibérément de puiser une partie d’un ensemble qui forme un tout. Il aurait été plus indiqué de faire adopter la Snda à l’occasion de cette journée, après l’organisation des séances de partage avec les artisans, pour une appropriation effective.
Il s’avère indispensable de continuer le processus de concrétisation des mesures du Conseil des ministres de Tamba jusqu’à son terme en levant tous les blocages, de quelque nature qu’ils soient et quel qu’en soit l’auteur. Il est remarquable que dans le secteur de l’Artisanat, des forces de résistance aux changements se développent chaque fois qu’il est question de progrès. Suivez mon regard.
Pour matérialiser la volonté du président de la République, il est nécessaire d’organiser un nouveau casting et de repenser les paradigmes sur lesquels se fonde le secteur. Le nouveau casting devra entériner nécessairement le choix de nouveaux acteurs aptes à porter les changements induits par les réformes dans toutes les stations de responsabilités aussi bien des leaders d’Opa que de l’encadrement de l’Artisanat.
Les paradigmes nouveaux seront définis après une démarche de déconstruction (dites ailleurs) des fondements du système d’encadrement actuel, de refondation sur la base des axes stratégiques de la Snda et de reconstruction du secteur au moyen des programmes et projets structurants. Mettre un terme à cette dualité que les artisans vivent entre la tutelle et l’Apda, avec cette prétendue évaluation sectorielle de la journée de Ngaye organisée par cette dernière le 26 février 2015.
Lors de la séance d’évaluation, les participants n’ont pas été avares en critiques contre le Directeur général de l’Apda, qui a toujours affiché un mépris vis-à-vis des organisations professionnelles. Ils ont déploré le mauvais traitement qu’ils ont subi à l’occasion de leur participation à la journée du 22 décembre 2014.
Ils ont passé la journée sans boire ni manger, alors que promesse leur avait été faite. Il s’en est suivi une grosse déception que nous avons vertement signifiée au directeur de l’Agence pour la Promotion et le Développement de l’Artisanat (Apda).
C’est à mon avis, à ce prix que la nouvelle politique de l’Artisanat, définie par les pouvoirs publique, aura des chances de progrès.
S’il n’y avait pas l’intervention des eaux et forêts et de ses partenaires, le phénomène de la destruction des terres serait beaucoup plus prononcé dans la région de Fatick. Et les conséquences seraient plus dramatiques sur les populations.
Ces acteurs conjuguent leurs forces, pour dérouler une série d’initiatives visant à barrer la route à l’érosion et à la salinisation et à reprendre des portions de terres affectées. Une intervention qui a permis selon le Colonel Ousmane Fall, Inspecteur régionale des eaux et forêts de Fatick, de reboiser 450 hectares de terres.
Un travail dont le résultat est vivement ressenti par les populations dans les villages comme Sangaï, Ndiongolor et Ouyal Sandé. Le reboisement y porte sur des étendues de terres qui s’étalent à perte de vue. L’agriculture se fait sur des terres complètement détruites par le sel il y a quelques années. Les superficies reboisées les plus importantes se trouvent au niveau d’Ouyal Sandé.
Elles sont longues de 5km. Tout le village s’est impliqué dans le processus avec chaque famille qui s’est portée volontaire pour un nombre déterminé d’hectares. L’opé- ration est appuyée par l’ex conseil régional. Ce qui de l’avis du répondant de la localité, Babacar Ndiaye, a donné des résultats satisfaisants.
«Nous avons repris la culture du mil sur une partie des terres, le tapis herbacé est de retour de même que certains animaux sauvages qui avaient fuit depuis longtemps comme le chacal, le phacochère, la biche et certains reptiles».
L’intervention au niveau de Diofior, a consisté à la mise en place de digues de protection de sel. L’ouvrage s’étend sur 1km de long et couvre plus de 100 hectares de superficie. Les populations ont repris l’agriculture sur une soixantaine d’hectares récupérés.
Les eaux et forêts à travers le Projet Codeval qui s’activent dans la lutte contre la dégradation des terres, mettent également à contribution l’école. Il s’agit de ne plus se contenter de d’apporter des financements aux populations, mais de les amener à intégrer des actions de prévention et de dégradation des terres dans leurs plans d’actions annuels respectifs, définis de manière autonome grâce à une capacité éprouvée de mobilisation de leurs propres ressources.
Où va le tourisme sénégalais ? 40 ans après la naissance des premières stations balnéaire, le Sénégal résistera-t-il à la mort d’un secteur touristique bien mal en point ? Pendant des années, le manque d’initiatives aggravé par la faiblesse d’une offre touristique attractive et de qualité, a fini de faire comprendre que la destination n’était plus aussi crédible qu’on pouvait le penser. Et, c’est au moment où la Société d’aménagement de la Petite côte (Sapco) a décidé de s’investir dans des zones comme Pointe Sarène et le sud de Mbodiène, que le secteur du tourisme traverse sa période la plus délicate. La rumeur Ebola a fait beaucoup de mal. Tout comme certaines négligences. Mais, aujourd’hui et demain, c’est comme s’il fallait désormais se préparer à la fin des colonies de vacances et la mort d’une certaine idée du tourisme.
Un début d’après midi du mois de mars. Il est 13 heures et un soleil au zénith chauffe les roues de la petite voiture qui mène vers la station balnéaires en direction de Nianing. Sur les petites routes de la Petite côte en allant vers Joal, la voie est libre. Peu de voitures. La chaussée est brûlante ; et à part le cri des oiseaux de la petite forêt sèche des environs, on sent que la fin de l’hiver commence à pousser, ces espèces migrateurs, vers le retour au bercail, dans le climat boréal du nord. L’ambiance est calme. Mbour, Warang, Nianing, Direction Joal et Mbodiène, le silence qui règne, le calme qui règne n’annonce en rien que nous sommes bien dans un domaine du tourisme de vacances. Il n’y a personne. Pas les habituels randonneurs en vélo. Ni de bus transportant des touristes en vacances pour les marchés de la ville de Mbour.
C’est le grand vide. Une ambiance morose dans ces zones naguère occupées toute l’année à offrir aux gens du voyage, des aires de repos, avec une belle animation, le soir autour des barbecue, des bars et restaurants. Il n’y a presque plus de touristes ici. Harcelés par les badauds et très mal informés sur la destination Sénégal, «le touriste » a fui la Petite côte, depuis la station de Saly jusqu’aux abords de la lagune à Joal où le Laguna beach est nul doute le seul établissement qui ose défier l’enfer de la crise.
Fermeture d’hôtels, faillites en perspectives…La fin d’un monde. George Caze, l’auteur des « Nouvelles colonies de vacances » ne s’en remettrait pas en visitant les stations de vacances sénégalaises en ce moment. Pendant que le tourisme d’affaires cherche une nouvelle voie, le balnéaire ne cesse de prendre l’eau. Novotel et Royam à Saly ; fermés au cours des années 1990. Savana Coumba et Saly au début des années 2000. Depuis une décennie, le Club Aldiana, hôtel-phare de la Petite côte des années 1970. Et, plus récemment l’Espadon Club de Saly a suivi en attendant d’autres ...
La fin des vacances et d’une certaine idée du rêve. Voila comme qui dirait et finalement, on ne sait même pas à quand finira ce massacre qui a débuté bien avant qu’on ne l’ait pensé et aujourd’hui, c’est comme une boule de feu qui tourne sur les hôtels de Dakar, de Mbour et de la Casamance. La raison, expliquent certains hôteliers au bord de la crise de nerfs, à Ebola. Le seul malade déclaré l’année dernière, a enfoui les espoirs de toute une profession. Les professionnels n’ont pas d’autres mots à la bouche. Et, c’est dans ce sens également qu’ils tirent sur la presse occidentale et les chancelleries dans leur zèle à voir le mal partout sur le continent. Et arrive finalement, ce qui devait arriver. Le vide dans les stations et la désolation pour les promoteurs. Dans ces « palais» exotiques du côté de la Petite côte, la tristesse est perceptible. Et, à l’intérieur de ces lieux, l’on ne se retrouvait plus qu’avec un personnel plus nombreux que les touristes. La suite est logique : la fermeture.
Une véritable catastrophe se prépare aujourd’hui autour des gros villages et des villes d’accueil de ces hôtels. Surtout pour tous ces agriculteurs, éleveurs et maraichers qui travaillaient chaque jour dans l’espoir d’écouler le produit de leur labeur dans ces grands marchés qu’étaient les hôtels. Mais tout cela n’était-ce pas prévisible ? Bientôt une décennie que le Club Aldiana a fermé ses portes. Un hôtel quatre étoiles, cela ne s’ouvre pas tous les jours. Loin de Dakar, c’était la Petite Côte, a été le « paradis » du tourisme balnéaire. Foyer du tourisme international, base de la clientèle allemande et française, avec plus d’une vingtaine d’établissements dans les années 1970-1990, la station de Saly et la zone de Nianing-Joal, traversent la crise la plus violente qu’il a été donné d’observer dans le secteur.
On a accusé un moment la formule des hôtels résidence ; mais encore, ces petits détails qui vous privent de tout : agressions, vols et petits larcins. Aujourd’hui, c’est plus que çà. Le mythe fabriqué d’Ebola, pour certains pays, est aussi passé par là. S’y ajoute, toute cette histoire sur la réciprocité des visas à l’arrivée à l’aéroport de Dakar. On y a cru un moment. Depuis peu, çà sonne comme la fin d’un monde. A Saly et Nianing, le rêve semble s’être envolé. Sur ces sites où l’on trouve encore les seules plages laissées intactes, des établissements historiques tombent un à un depuis une quinzaine d’années. Les uns après les autres, sans que l’Etat n’ausculte aucune mesure susceptible de permettre la relance d’un secteur menacé.
Le tourisme se meurt ; la faute à toutes ces questions évoquées plus haut. Mais, l’avenir alors, comment il se dessine alors ?
Avec des points d’interrogation au moment des hôtels-phare des années 1970 jusqu’au milieu de la décennie 2000-2010, ferment leurs portes. Hôtels-résidence, site balnéaire, réserve de faune et enclave forestière, le Domaine de Nianing, un modèle du village typique de vacances, est resté un mythe dans l’univers du tourisme sénégalais. Depuis peu, les portes sont closes.
Aujourd’hui, devant ce beau joyau, une brave dame résiste dans la souffrance. Armande Anastassopoulos, c’est son nom, a baissé les bras, après plusieurs années d’alerte et de résistance. Aujourd’hui, c’est en femme presque vaincue, qu’elle reconnaît que le rêve a cédé la place à la résignation. Et, la pire des décisions à prendre quand on a plus le choix, c’est la fermeture, reconnaît-elle. Avec ces nombreuses familles désormais installées dans l’incertitude, le risque de tout perdre et de plonger dans une forme de dépression aigue se précise dans toute la zone.
L’Etat n’a rien vu venir
Si gouverner, c’est prévoir, l’Etat qui gère l’économie de la nation, a aussi le devoir de venir souvent en aide aux sociétés en difficultés au lieu de brandir pour chacun de ses ministres, le nombre de milliards mis en réserve dans les banques au prix d’un simple mouvement de la main. Ces énormes sommes d’argent gagnées au prix d’aucun effort et non investies dans l’économie, représentent aujourd’hui, la plus grosse perte qu’un pays comme le Sénégal ne saurait rattraper. Sous les deux mandats de Wade, l’on a vu ce gaspillage prend forme au grand bonheur de ceux qui se remplissaient les poches. Sous celui du président Sall, l’approche n’a pas changé.
Si ceux qui font l’économie ne sont jamais aidés, si ceux qui font vivre et entretiennent nombre de familles en offrant à leurs enfants, de quoi vivre, ne sont pas soutenus, le pays ne peut avoir aucun avenir et il ne sert à rien de parler d’économie. Avec les agressions dont sont souvent victimes les visiteurs qui viennent ici, l’on ne se doutait pas qu’un jour, le secteur du tourisme devra payer inéluctablement, la note. 240.000 visiteurs en moyenne dans les années 80-90 , 500.000 nuitées pour chaque année, la majorité étant surtout une clientèle venue de France, le Sénégal avait bien raison d’espérer en recevoir davantage.
Mais, tout de suite, avant la fin des années 2000, le gouvernement s’est rendu compte que l’objectif fixé d’un million de nuitées, à cet horizon, était une utopie. En 1998, Abdou Diouf et son dernier gouvernement dirigé par Mamadou Lamine Loum, ont décidé de changer de cap en jugeant finalement l’option peu réaliste. On se contenta de la moyenne déjà très honorable des 500.000 nuitées annuelles en cherchant à booster davantage les arrivées annuelles de visiteurs dans les stations.
Réalisme ou échec, ce renoncement avait sonné le glas d’un secteur en difficulté. Parce qu’aucune des prévisions ne pouvaient être atteintes. Et devant les tergiversations de la Sapco à réaménager une autre station dans la zone de Pointe Sarène, la situation va, pour la suite, compliquer davantage, la vie des promoteurs du secteur. Le tourisme déjà malmené sous Wade, malgré les conférences et sommets qui se tiennent au Sénégal, ne s’en portera guère mieux quand le président Macky Sall sera au pouvoir.
NGOR DIARAMA, ASTA KÉBÉ, SAVANA SALY, CLUB ALDIANA… : Le blues des grands établissements hoteliers
On entend souvent sonner son nom, mais peu de Sénégalais connaissent l’Hôtel Asta Kébé aménagé par feu Ndiouga Kébé dans la paisible ville de Tambacounda. A côté du Méridien, de Ngor Diarama. Il est l’un des plus grands établissements bâtis au Sénégal. Une idée de génie pour son époque pour le tourisme cynégétique (la chasse). Une belle œuvre d’architecture pour les hommes et femmes venus d’ailleurs qui cherchaient à découvrir le Sénégal de l’intérieur. Cet établissement a été le premier à montrer que le tourisme dans le pays n’était pas une vocation nationale. Des 70 chambres initiales, seule que 28 exploitées aujourd’hui, propres, mais sans intérêt. Avec sa petite piscine et son immense jardin dont seule une infime partie est entretenue, l’hôtel ressemble à un musée du tourisme de masse. « Dans le genre, Asta Kébé est un hôtel mal exploité », regrettent certains exploitants.
Loin du Sénégal oriental et de ses terres ocres, un autre site souffre de l’indifférence et de la banalisation dont il est l’objet. Adossé sur l’atlantique et le front nord de la presqu’île du Cap Vert, l’Hôtel de Ngor était le fleuron et l’un des piliers du tourisme de vacances et d’affaires. Mais, que reste-t-il aujourd’hui de cet établissement ? Edifié sur les parties rocheuses de la côte Cap-Verdienne, depuis 1953 par l’architecte français, Le Corbusier, l’actuel hôtel Ngor Diarama qui portait autrefois le nom de « Relais aérien », a changé de cap et de vocation, sans se doter de moyens efficaces pour décoller. Pourtant, ce premier hôtel de l’Afrique occidentale française (Aof), abritait tous les grands événements sportifs, culturels et politiques dans Dakar dans les années 1960-1970, jusqu’au milieu des années 1980. Même passé à « Quatre étoiles », le départ du Groupe Méridien à la fin des années 1980, va sonner le glas de cet établissement devenu bien anonyme dans l’univers touristique sénégalais d’aujourd’hui.
Dans la capitale, seules restent encore présentes deux zones touristiques, la zone des Almadies-Ngor, fief du King Fahd Palace et des Almadies ; et le bord de mer sur la corniche où se meurt le Savana et sur laquelle sont adossés les rares hôtels encore en vie comme Radisson blue, Sokhamon etc. Le centre ville n’est pas mieux doté. Pendant que l’hôtel Indépendance est mort, certains résistent encore aux temps ; ils ont nom : Pullman et le Novotel Dakar.
Où va donc le tourisme au Sénégal ? Revenons du côté de la Petite côte pour faire le point. Au milieu de nulle part, cette vieille dame trouvée perdue au centre de son club de vacances, a sans doute une première réponse. « Nous avons vu venir tout çà avec l’histoire de la maladie d’Ebola qui n’était pas à proprement parler, un problème sénégalais. Mais, la presse internationale surtout française et européenne, n’a cessé d’amplifier toutes ces dernières années. L’autre grosse affaire, déplore madame, est dans l’inconscience des autorités sénégalaises qui n’ont jamais soutenu le secteur touristique comme il se devait. »
« Sous l’ère Wade, poursuit la pauvre femme, nous n’avons pas eu ce soutien. Nous l’espérions de Macky Sall et son gouvernement. Mais, cette affaire liée à la réciprocité des visas, a contribué à plomber davantage la situation. Comment voulez-vous faire fonctionner, un établissement aussi grand que le nôtre, avec seulement quelques dizaines de clients et que pendant ce temps, vous croulez derrière de lourdes factures et d’eau, d’électricité et de téléphone, avec toutes ces taxes encore… »
Désolée et meurtrie, seule avec ses gardiens perdue au milieu de son mobilier, malheureuse de laisser de nombreux pères et de mère de famille sur le quai, elle s’affaire à ranger ce qui reste de cet hôtel prestigieux contrainte, comme l’Hôtel Indépendance, de mettre la clé sous le paillasson.
Au final, la conséquence est claire ; et si le secteur n’est pas relancé et vite, le gros de la main d’œuvre active devrait se retrouver dans la rue avec le risque de mettre en péril le désir d’émergence dont parlent encore les autorités sans se soucier des réalités et exigences de l’économie réelle : celle des entreprises.
Dakar aussi dans la morosité
Dakar, sauvé par les conférences et séminaires, n’est pas au mieux. Les hôtels d’affaires résistent à la crise économique qui bloque certains clients occidentaux chez eux. Mais, depuis quelques années, « L’Hôtel Indépendance » un des plus grands hôtels de Dakar est fermé. C’est une petite catastrophe qui n’a pas attiré l’attention des gens exceptés, ceux du milieu. On y passe tous les jours, à la Place de l’Indépendance sans se rendre compte qu’il ne reste dans cet autre joyau que des meubles poussiéreux, des saletés en tout genre et le désarroi des anciens employés laissés à eux-mêmes et qui crient leur détresse quand les ondes de la Fm, leur sont tendues à travers micros, par quelques journalistes.
Le tourisme va bien mal ici aussi ; et cela ne date ni de 2013 encore moins de l’année 2014, mais de bien avant. Avant le sommet de l’Oci, Dakar a rêvé de retrouver sa place de leader du tourisme d’affaires dans la sous-région. Pendant que de nouveaux hôtels comme le Radisson blue étaient en construction dans Dakar, certains parmi eux, ne finiront jamais leurs travaux jusqu’à la tenue du sommet qui aura lieu sans que ces infrastructures préparés pour l’évènement, ne soient terminés. Un bateau sera d’ailleurs affrété au port pour recevoir certains invités et conférences.
On lui trouvait des talents pour tout réussir, les premiers échecs de Wade, président sont là devant l’opinion, mais on n’en parle peu. Devant certains promoteurs, il se raconte que l’homme leur disait ne pas préférer ce type de tourisme à la sénégalaise, mais plutôt, ce qui se faisait du coté de Dubaï… avec des choses du genre « Palm Island ». Rêve insolite et fou, Dubaï n’est pas Dakar. Se trompait-il de monde qu’il ne le savait pas, faute de conseillers compétents capables de lui faire retrouver la raison avant qu’il ne soit trop tard.
Sans disculper le président Macky Sall et son gouvernement, le piège risque d’être à la solde d’une seule idée : l’émergence au détriment des questions économiques urgentes. Pour construire le Sénégal et redonner confiance aux bailleurs, chaque zone économique, chaque région a ses réalités dans le vaste continent qu’est l’Afrique. Pour la Petite côte, le Cap Vert et la Casamance, le tourisme représentait encore beaucoup dans les rouages économiques avant que la rebellion ne plonge le sud du Sénégal dans la misère et la permanence de la pauvreté. Dans Dakar et ses environs, il est encore regrettable que l’offre touristique n’a pas beaucoup progressé depuis le Festival mondial des arts nègres qui s’est tenu du 1er au 24 avril 1966.
ÉMERGENCE ECONOMIQUE DE FATICK
UN REVE UTOPIQUE A CAUSE DE L’EROSION ÉOLIENNE ET LA SALINISATION
Souffrant d’un manque terrible d’infrastructures comme le sont du reste la plupart des ré- gions de l’intérieur, Fatick garde la particularité d’être une zone confrontée à des contraintes environnementales très sérieuses.
Ayant pour noms érosion éolienne et salinisation, elles annihilent toutes initiatives des populations pour sortir la tête de l’eau et les replongent à des niveaux plus profonds de pauvreté et de dénuement.
De véritables poisons pour les sols, elles détruisent systématiquement les champs où elles ne laissent pousser que les herbes les plus sauvages. Une particularité qui fait de l’émergence à Fatick, un rêve utopique et l’autosuffisance en riz un besoin hors de portée des femmes malgré la frénésie et la bravoure avec lesquelles elles se tuent à la tâche dans les rizières.
Récolter devient l’exception et la perte de productions et de terres demeure l’implacable règle. Le service des eaux et forêts estime la proportion de terres touchées par l’érosion et la salinisation à 33% à Fatick, soit le 1/3 des terres qui sont détruites par ces deux poisons.
Une difficulté dont tout le monde peut parler à satiété, parce que chacun ayant sa petite douloureuse expérience. C’est le cas à Sangaï, un village d’un millier d’âme situé dans la communauté rurale de Niakhar.
Le présentant comme le plus gros village de la communauté rurale après Niakhar, son chef de village, Mamadou Faye de confier : «si le village est à ce niveau de pauvreté aujourd’hui, c’est essentiellement à cause de ces deux fléaux que sont l’érosion éolienne et la salinisation.
Malgré leur bravoure, les populations sont sérieusement handicapées par ces deux problèmes». Les vastes étendues de champs détruites lui servent d’exemples pour illustrer ses propos. «Des habitants qui gagnaient jusqu’à 500 000 francs dans le maraichage ont tout perdu de leurs productions à cause de la salinisation et l’érosion», regrette-t-il.
Abondant dans le même sens que son chef de village, Rama Ngom, Présidente du groupement des femmes de Sangaï de renchérir : «le sel détruit tout sur son passage. Il n’y a pas longtemps, tout le riz consommé par le village était cultivé ici même, mais maintenant, le plus petit sac est acheté, parce que le sel a détruit les rizières où ne poussent que le type de plante le plus sauvage qui peut supporter le sel».
Ce qui fait dire à sa voisine Khady Diouf, «l’érosion et la destruction des terres appauvrit davantage les populations et tue à petit feu Fatick». De Ndiongolor à Ndangane en passant par Fimela, et Diofior, le constat et les réactions sont les mêmes partout au niveau des villages visités.
Le Sel détruit tout sur son passage et récolter relève du miracle. Une contrainte qui est une sé- rieuse préoccupation à Fatick et qui la relègue aujourd’hui à des années lumières de l’autosuffisance en riz visée en 2017 et de l’émergence espérée en 2035.
Le Pds choisit son candidat aujourd’hui et, sans doute, ce sera Karim Wade. Il y aura donc un 21 mars chez les Libéraux puisqu’ils ne peuvent échapper à ce virus de la rébellion interne qui les guette.
Les Libéraux vont se libérer aujourd’hui. Ils sauront qui des leurs fera face à Macky Sall en 2017. Une décision qui sera validée par le Bureau politique du Parti démocratique sénégalais (Pds).
Mais, le choix du candidat semble déjà fait. La «dizaine» de postulants peu lourds ressemble plus à une stratégie de légitimation d’une candidature qu’à une réalité démocratique interne. En effet, à l’ouverture du processus, les noms attendus et pouvant se frotter au fils de l’ancien Président Abdoulaye Wade se sont abstenus de participer à cette compétition. Souleymane Ndéné Ndiaye, Modou Diagne Fada, Oumar Sarr ont vraisemblablement rangé leurs ambitions.
En tout cas pour la candidature du Pds à la Présidentielle. Sauf surprise donc, Karim Wade, poursuivi pour enrichissement illicite présumé, sera l’heureux élu. Les tendances lui donnent favori. Depuis quelques jours, des structures départementales ou communales, des instances de jeunes, de femmes du parti clament publiquement leur soutien à l’ancien ministre.
C’est aussi un tapage qui doit résonner dans la tête des Sénégalais à qui l’on voudrait prendre à témoin sur d’éventuelles contestations.
Et auparavant, le père lui-même n’avait pas caché son penchant pour le fils en invoquant des sondages qui placeraient ce dernier au second tour avec Macky Sall. Mais aussi parce que le secrétaire général du Pds a pris son monde de court en décidant d’ouvrir ces Primaires à la veille du verdict du procès de Karim Wade alors qu’il avait annoncé la date du 8 août.
C’est sans doute une opération de calcul mental de haute facture que le Pape du Sopi a encore soumise aux analystes politiques. Difficile à résoudre. Mais, Wade voudrait ainsi faire croire, en cas de con damnation de son fils, que le régime a peur de laisser un candidat «sérieux» contre Macky Sall.
L’éventualité de candidats suppléants du Pds derrière le titulaire renseigne sur le scénario mûri par le patron des Libéraux en cas d’inéligibilité déclarée de Karim.
Le soulèvement populaire qui a embrasé pendant la dernière semaine d’octobre 2014 le Burkina Faso, balayant le régime de Blaise Compaoré, a aussi permis de libérer l’accès au cimetière de Dagnoen gardé pendant plusieurs décennies par des militaires armés. A l’époque, il n’y avait presque pas de visite sans laissez-passer officiel, à l’exception d’un seul jour dans l’année. Mais aujourd’hui, les choses ont bien changé. La tombe de Thomas Sankara fait l’objet de pèlerinage. Le mythe reste encore vivant et l’on va jusqu’aux extrêmes pour lui ressembler ou avoir son aura.
Le corps du défunt Président Thomas Sankara a été enterré au cimetière de Dagnoen au secteur 29 de Ouagadougou. C’est du moins la version communément repandue. Venir à Ouagadougou et ne pas aller se recueillir sur cette tombe, c’est pour beaucoup de personnes, comme passer à côté d’un prophète et ne pas tourner son regard. 10 minutes à moto à partir du centre-ville et nous voilà dans une décharge publique clôturée par un long mur.
Au fur et à mesure que l’on approche du portail d’entrée, la clôture du cimetière se fait interminable. «Est-ce vraiment dans ce dédale que le capitaine est enterré ?», s’interroge notre compagnon. Puis soudain, nous voilà au lieu indiqué.
A peine l’entrée franchie, l’on aperçoit au loin cette tombe unique, dont la photo a fait le tour du monde. Les inscriptions qui y sont gravées sont lisibles même de loin : «Noël Isidore Thomas Sankara....» Entourée d’herbes sèches et de détritus, cette tombe semble posée au milieu de nulle part. Et sous un soleil de plomb, seuls quelques animaux traînent dans cet immense cimetière de Dagnoen.
Personne ici n’interdit l’entrée aux visiteurs. Pourtant, dans la ville de Ouagadougou, les rumeurs les plus folles racontent que depuis l’arrivée au pouvoir des autorités de transition, l’on y a placé des militaires qui interdisent systématiquement l’accès au public et surtout à ceux qui veulent s’orienter vers la tombe de Sankara. Il s’agit dit-on, de mesures de précaution visant à empêcher les esprits malveillants d’ouvrir le caveau à l’insu des autorités.
Surtout que depuis quelques temps, ce débat portant sur l’identification du corps qui se trouve dans la tombe, est agité dans tout le Burkina. Il faut souligner que ces rumeurs sur l’existence ou non du corps du capitaine dans ce caveau, ne datent pas d’aujourd’hui.
Depuis le 29 septembre 1997, date de la première plainte pour assassinat déposée par la veuve de Thomas Sankara, Mariam, et par ses deux enfants, l’affaire qui n’était jusque-là que politique a pris des allures de véritable feuilleton judiciaire dans lequel les procédures se suivent et se ressemblent.
Il y a quelques mois encore, le Président de la transition Burkinabè Michel Kafando, avait annoncé qu’il allait traiter diligemment le dossier concernant l’identification du corps de Thomas Sankara.
«Au nom de la réconciliation nationale, des investigations seront menées pour identifier le corps de Thomas Sankara, les investigations ne seront plus assujetties à une décision de justice mais à celle du gouvernement», avait-il dit. Depuis lors, «ces paroles très applaudies à l’investiture ont changé de tournure», informe-t-on.
Une tombe plus que prestigieuse
Cheikh, un homme de taille courte et d’un certain âge s’avance la mine serrée pendant que nous nous recueillons sur la tombe. «Nous ferat-il partir de force ?» s’inquiète l’un des visiteurs. Non ! Ce Burkinabè, la cinquantaine révolue est juste venu aux nouvelles. «Vous êtes des visiteurs ? Vous êtes ici dans le cadre du Fespaco ? Nous, nous surveillons la propreté des lieux parce que les gens y jettent trop de déchets....», sert-il sur un ton courtois, après nous avoir proposé de nous prendre en photo.
Une discussion s’engage. Il dénonce l’interdiction que bravent les autochtones pour venir enterrer leurs morts à Dagnoen alors que l’Etat l’a interdit depuis plusieurs années. «Les gens viennent nuitamment pour enterrer ici leurs morts. Alors que c’est interdit. Nous, nous veillons à tout cela. Mais parfois, on constate juste le lendemain» explique Cheikh.
Puis il enchaîne : «Vous savez les rumeurs sur la sépulture de Sankara ne datent pas d’aujourd’hui. Le lendemain de son décès, la rumeur sur l’emplacement des corps que vous voyez ici, s’était répandue dans toute la capitale et les premiers curieux ont découvert des mottes de terre surplombées de papiers portant les noms des victimes dont celui de l’ancien Président. Ce sont à ce jour les seuls témoignages tendant à prouver que le corps de Sankara est bel et bien dans sa tombe».
Cheikh, tel un conservateur de ce lieu emblématique et de son histoire, confie également que depuis ce temps, le cimetière de Dagnoen est devenu le lieu de tous les intérêts et de tous les gens de passage au Burkina.
A l’en croire, au-delà de ce débat portant sur l’existence ou non du corps de Thomas Sankara sur ces lieux, et de la volonté de sa famille de faire identifier le corps, la tombe du guide de la première révolution burkinabè est visitée pour de multiples raisons. Quelles sont alors ces autres raisons pour lesquelles on peut venir dans ce cimetière si ce n’est pour se recueillir et repartir. Notre interlocuteur, d’un air sérieux s’approche pour faire des confidences plus intimes.
«Je vous le dis, pour beaucoup de gens, Thomas Sankara est un génie, c’est un grand type qui a des dons. Donc, il y a certaines personnes qui viennent ici, dans l’intention de prendre un de ses organes et aller faire du Wakk (de la magie) avec et devenir riche, ou puissant comme lui», explique-t-il sur un ton convainquant.
Sankara et ses douze apôtres
Cheikh, mis en confiance, poursuit sa confession intime : «Moi, je suis ici depuis des années et je vous affirme qu’il y a beaucoup de choses qui se passent ici. Les gens viennent ici et à défaut de pouvoir toucher à la sépulture, ils repartent avec le sable qui est aux alentours de la tombe pour aller faire des gris-gris avec...»
Mais est-ce que cela marche ?
«Si vous voulez tout de suite, je peux vous lire les cauris ici dans le sable qui entoure la tombe. Moi, je sais qu’il y a des forces surnaturelles ici. Thomas n’est pas n’importe qui...», réagit Cheikh.
Il s’empresse de révéler également qu’à l’époque, il y avait non loin de la tombe du capitaine, un égout. «C’est dans cet égout que ceux qui les ont tués ont lavé leur sang et y ont jeté les habits maculés de sang», dit-il.
Notre interlocuteur insiste également sur le fait que «Thomas Sankara a été enterré ici, avec douze de ses compagnons». De quoi faire dire à l’un des visiteurs que ce chiffre douze est très significatif. Car, estime-t-il, «Jésus Christ avait douze apôtres et Thomas est enterré ici avec douze de ses compagnons.... C’est surement prémonitoire».
A vrai dire dans la croyance chrétienne, puisque Thomas Isidore Noël Sankara était un chrétien, le nombre 12 renferme plusieurs symboliques. Il sert à exprimer l’élection. Ainsi, parlera-t-on des 12 tribus d’Israël, bien qu’en fait l’Ancien Testament en signale plus de 12 ; mais ce qu’on veut signifier, c’est que ces tribus sont élues. De même, on ramène à 12 le nombre de prophètes mineurs de l’Ancien Testament.
L’Évangile, à son tour, mentionne 12 apôtres de Jésus et les nomme les Douze, parce qu’ils sont les élus du Seigneur. On lit également que Jésus assure de tenir à sa disposition 12 légions d’anges. L’Apocalypse, quant à elle, parlera des 12 étoiles qui couronnent la femme, des 12 portes de la Jérusalem céleste, des 12 anges et des 12 fruits de l’arbre de Vie. Et ce n’est pas que dans la religion chrétienne que le chiffre 12 a un sens.
«Le 12 est le nombre des divisions spatio-temporelles. Il divise le ciel, considéré comme une coupole, en douze secteurs, les douze signes du Zodiaque, qui sont mentionnés dès la plus haute Antiquité», explique-t-on. Il y a également les douze mois de l’année. D’ailleurs, certaines personnes font également savoir que pour les Dogons et les Bambaras du Mali, le chiffre 12 est «le symbole du devenir humain et du développement perpétuel de l’univers».
Aussi, l’unité de mesure chez les grossistes est la douzaine. Et chez les musulmans analyse-t-on, La ilahilahou en arabe est composé de 12 lettres, Mouhamadou Rassouloulahi est aussi fait de 12 lettres. Mais surtout dans le Saint Coran on retrouve 12 fois le mot Imam.
Autant de sens à ce chiffre qui poussent à la fois «chrétiens, musulmans ou animistes» à donner un sens au passage sur terre de Thomas Isidore Sankara et surtout à vouloir tirer chacun à sa façon, profit de cette tombe plusieurs fois profanée.
Pour la postérité
Sankara est mort. Peut-être finirat-on un jour par connaître la vérité sur cet assassinat. Aujourd’hui quelques questions s’imposent tout de même à la conscience collective : Que restera-t-il de cette révolution d’octobre inspirée par Sankara ? Punira-t-on un jour les assassins du Capitaine ?
A Ouagadougou, les visions sont partagées sur ces sujets. Beaucoup restent encore sur leur garde malgré le départ de Blaise Compaoré. «Il y a des sujets qui fâchent ou qui poussent à la confrontation. Et il vaut mieux les éviter», répond d’emblée Patient Ky, étudiant en licence de communication.
Surtout que certains anciens dignitaires du régime précédent restent dans l’ombre et s’activent toujours pour le contrôle du pouvoir. C’est le cas mentionne-t-on, du général Gilbert Diendéré, ancien chef d’Etat-major particulier de Blaise Compaoré, accusé d’avoir envoyé ses hommes assassiner Sankara ce fameux jour d’octobre 1987.
Thomas Isidore Noël Sankara n’est plus. Mais au cimetière de Dagnoen ou partout ailleurs, il vit à jamais et continue d’opérer le mystère autour de ce qu’a été son aura. Le «Che Guevara africain», restera longtemps encore au regard du monde, un leader singulier, charismatique et visionnaire.
Un homme qui avait une politesse malicieuse, qu’il a su inculquer à ses concitoyens. Au pays des Hommes intégres et sous son inspiration, l’histoire est en marche... Surement qu’elle fera date.
BURKINA: LE MILITANT ARRÊTÉ EN RDC ET EXPULSE DÉNONCE "UNE TORTURE MORALE"
Abidjan, 20 mars 2015 (AFP) - Le militant burkinabé Sibiri Ouédraogo, arrêté dimanche en République démocratique du Congo, puis finalement expulsé vers son pays, a expliqué vendredi avoir "vécu une "torture morale" au cours de sa détention.
Une cinquantaine de membres du groupe "Balai citoyen", en pointe dans la révolution qui a chassé le président burkinabé Blaise Compaoré en octobre 2014, étaient venus accueillir M. Ouédraogo à l'aéroport de Ouagadougou, dans la nuit de jeudi à vendredi, et avaient entonné l'hymne national burkinabé à la vue de leur camarade.
Ils avaient ensuite repris en choeur des slogans hostiles au président congolais Joseph Kabila, tels que "Kabila zéro, le peuple aura ta peau" et "Kabila, salaud, le peuple congolais aura ta peau".
Son mouvement pro-démocratie a quant à lui fustigé les "comportements de dictateur" de Kinshasa et appelé à la mobilisation contre les dirigeants africains cramponnés au pouvoir.
"Je suis très content pour cette mobilisation pour notre liberté, je dis que je suis vivant, je suis au Burkina et je remercie tout le monde", a déclaré M. Ouédraogo, tombant dans les bras de ses camarades, puis de ses parents, très émus.
"On nous a balancés dans un pick-up, menottés. On nous piétinait. Je criais et on m'a menotté avec un membre de Y en a mare", a raconté l'activiste burkinabé Sibiri Johanni Ouédraogo dit Oscibi Yohann, expliquant ses conditions d'arrestation par les agents de l'Agence nationale de renseignement (ANR, service de contre-espionnage congolais).
Conduits dans les locaux de l'ANR, "on nous a ordonné +Face au mur+ pour faire des photos sous les injures (...) sans savoir ce qu'on nous reprochait", a-t-il raconté. "J'ai pleuré parce qu'entre ce que nous sommes venus faire et ce que nous avons subi, c'était le jour et la nuit", a-t-il poursuivi, affirmant avoir "vécu une "torture morale".
Alors que le débat sur un éventuel troisième mandat du président Kabila agite la RDC, M. Ouédraogo avait été arrêté dimanche à Kinshasa en compagnie de militants sénégalais et congolais alors qu'il participait à une rencontre destinée à sensibiliser la jeunesse congolaise sur les questions de gouvernance et de démocratie.
Face aux protestations internationales, le gouvernement congolais avait expulsé mercredi soir M. Ouédraogo, ainsi que les trois militants sénégalais arrêtés avec lui. Le gouvernement congolais les accusait de préparer des "actes de violence".
"Ce sont des comportements de dictateurs et de voyous qui ont l'habitude de réagir avec des moyens de forçats pour nous obliger à obtempérer", a dénoncé devant la presse le rappeur Serge Bambara, dit Smockey, figure fondatrice du "Balai citoyen".
"On parle du printemps arabe. Maintenant il faut parler de l'harmattan (vent chaud et sec d'Afrique de l'Ouest) africain parce que c'est le moment où le vent doit faire basculer tous ces gens", a soutenu Serge Bambara.
Il a désigné le président Kabila (RDC), mais également le président tchadien Idriss Déby, arrivé au pouvoir par les armes en 1990, et le président camerounais Paul Biya, qui règne sans partage depuis 1982, les qualifiant de "dinosaures".
Le militant a également épinglé le président togolais Faure Gnassingbé, qui a succédé en 2005 à son père resté 38 ans au pouvoir, et le président du Congo Denis Sassou N'Guesso, au pouvoir entre 1979 et 1992, puis à nouveau depuis 2002.
"Il est évident que nous ne pouvons pas continuer à partager le même navire que des commandants aveugles", a-t-il ajouté, appelant la jeunesse africaine à agir "un peu plus que l'Union africaine, qui ne fout rien réellement pour l'unité de ce continent".
EBOLA : PREMIER TEST POSITIF AU LIBERIA DEPUIS UN MOIS
Monrovia, 21 mars 2015 (AFP) - Le Liberia a annoncé vendredi la découverte à Monrovia d'un nouveau malade infecté par Ebola, le premier cas depuis un mois dans le pays qui était sur le point de déclarer la fin de l'épidémie.
Le Liberia, un des trois pays les plus touchés par l'épidémie d'Ebola et où elle a tué plus de 4.000 personnes, était sur la bonne voie pour vaincre totalement la maladie et s'apprêtait à déclarer son éradication d'ici à la mi-avril.
"Une femme a été testée positive au virus Ebola. C'est un nouveau cas après plus de 27 jours sans en enregistrer un seul", a déclaré vendredi soir à l'AFP le porte-parole du gouvernement Lewis Brown.
Selon une source proche du dossier qui s'est exprimée à l'AFP sous couvert de l'anonymat, la femme contaminée serait l'épouse d'un patient guéri d'Ebola. Il n'existe ni traitement ni vaccin contre le virus Ebola.
Il se transmet par contact direct avec le sang, les secrétions corporelles (sueur, selles...), par voie sexuelle et par la manipulation sans précaution de cadavres contaminés. Selon des spécialistes, un malade guéri peut pendant quelques jours transmettre le virus par voie sexuelle.
Le Liberia, la Guinée et la Sierra Leone sont les trois pays les plus touchés par Ebola. Ils s'étaient fixé comme objectif de se débarrasser du virus à la mi-avril. La maladie a provoqué depuis son apparition en décembre 2013 dans le sud de la Guinée plus de 10.200 décès sur plus de 24.700 cas dans neuf pays au total, selon un dernier bilan de l'Organisation mondiale de la santé (OMS).
La plupart des victimes ont été enregistrées au Liberia, en Sierra Leone et en Guinée. Cette épidémie est la plus grave depuis l'identification du virus en Afrique centrale en 1976.
- Chaînes de transmission inconnues -
La dernière malade d'Ebola au Liberia, Beatrice Yordoldo, avait quitté son centre de traitement à Monrovia le 5 mars, deux jours après un second test négatif. L'OMS avait annoncé le 11 mars qu'aucun nouveau cas d'Ebola n'avait été découvert dans le pays depuis le 19 février.
La directrice de l'OMS, Margaret Chan, s'était félicitée mercredi, lors d'une conférence internationale à Abou Dhabi, de l'absence de nouveau cas recensé depuis février au Liberia et des "progrès phénoménaux" réalisés par la Sierra Leone, où les nouvelles contaminations ont atteint leur plus bas niveau depuis en huit mois.
La situation est plus préoccupante en Guinée, où les nouveaux cas sont repartis à la hausse, en grande majorité hors des contacts de malades déjà identifiés, ce qui révèle l'existence de chaînes de transmission jusqu'alors inconnues, s'était inquiétée l'OMS.
Ce nouveau cas au Liberia survient après l'annonce jeudi par la Sierra Leone voisine d'un nouveau confinement, du 27 au 29 mars, de quelque 2,5 millions d'habitants de la région de la capitale, Freetown, et du nord du pays pour endiguer l'épidémie.
Cette opération, dans la région Ouest comprenant Freetown, et les provinces de Bombali et Port-Loko, dans le nord, vise à y maîtriser une recrudescence des cas qui risque de compromettre le reflux de l'épidémie dans l'ensemble du pays, selon les autorités.
Ils sont des «Hommes intègres», mais aussi des hommes rebelles. Forgés par l’esprit Sankariste, les Burkinabè ont attendu avec patience leurs heures de gloire pour réveiller les souvenirs de celui que tous considèrent aujourd’hui comme un modèle de démocrate. 28 ans après son décès, Thomas Isidore Noël Sankara renaît dans les cœurs, les esprits, les rues, la vie des Burkinabè. Ils ressuscitent la mémoire, le souvenir de cet inoubliable guide de la première révolution (celle des années 80). Et cela donne en 2015, la Sankaramania.
Thomas Isidore Noël Sankara ! Un homme politique anti-impérialiste, panafricaniste et tiers-mondiste burkinabè, né le 21 décembre 1949 à Yako en Haute-Volta et assassiné le 15 octobre 1987 à Ouagadougou. Cet homme qui dirigeât la révolution burkinabè du 4 août 1983 jusqu’à son assassinat lors d’un coup d’État qui amène au pouvoir Blaise Compaoré, le 15 octobre 1987 est aujourd’hui, plus qu’hier, un héros reconnu et adulé à travers le monde mais surtout au Burkina Faso.
Ce, après la seconde révolution ou du moins l’insurrection d’octobre 2014 qui a vu partir du pouvoir son «ami et frère d’arme, Blaise Compaoré». Jamais sous le magistère de ce dernier, on pouvait s’imaginer voir vouer un culte à la mémoire de Sankara dans les rues du Burkina Faso.
Pourtant, c’est bien Thomas Sankara qui avait changé le nom de la Haute-Volta, nom issu de la colonisation, en un nom de la tradition africaine : Burkina Faso, qui est un mélange de moré et de dioula et signifie pays des Hommes intègres. Aujourd’hui, c’est chose faite. Les Burkinabè vouent un culte affiché à leur défunt Président et posent partout dans Ouagadoudou les portraits du défunt Président révolutionnaire.
L’histoire semble ainsi se réécrire dans ce pays qu’il avait dirigé de main de chef, avec des réformes majeures pour combattre la corruption et améliorer l’éducation, l’agriculture et le statut des femmes. Il y a seulement quelques mois de cela, il était en effet impossible de voir un grand poster de Thomas Sankara dans la rue à Ouagadougou.
Aujourd’hui dans la capitale burkinabè, le doux visage de ce brave fils d’Afrique est fièrement dessiné ou peint sur différents supports de propagande. Sur l’avenue menant au quartier de la patte d’Oie, à quelques mètres seulement des anciens locaux de l’ex-belle-mère nationale, Alizéta Ouédraogo, réfugiée à Paris, depuis la chute de Blaise Compaoré (Mme Ouédraogo est la belle-mère de François Compaoré, frère cadet de l’ex-homme fort du pays.
Alizéta Ouédraogo était devenue une femme d’affaires prospère. Elle a fait fortune dans le cuir et dirigeait, depuis 2011, la Chambre de commerce et d’industrie du Burkina. Une ascension fulgurante qui, informe-t-on, avait coïncidé avec le mariage de sa fille Salah avec François, le frère cadet de Blaise Compaoré, en 1994), trône un géant portrait du fils de Sambo Joseph Sankara.
Comme pour célébrer le vent de liberté qui souffle aux pays des Hommes intègres, c’est devenu presque une mode de choisir le défunt guide de la révolution comme parrain de différents évènements. L’on hésite donc plus désormais à placarder un peu partout ses portraits tout aussi beaux les uns que les autres.
La consécration au Fespaco
Le Fespoco 2015, n’est pas resté en marge de cette dynamique. La Sankaramania s’est aussi emparée des affiches de cette 24e édition. Deux films ont rendu hommage au révolutionnaire burkinabè assassiné en 1987 et longtemps banni des écrans. Il s’agit de : «Twaaga», remarquable court métrage du Burkinabè Cédric Ido et le documentaire «Capitaine Thomas Sankara» du Suisse et Burkinabè d’adoption Christophe Cupelin.
Ce film refusé par le Fespaco en 2013 a été non seulement programmé cette année, mais il a été surtout acclamé par de nombreux Burkinabè venus assister à la projection. Mieux, pour la première fois dans l’histoire de ce festival panafricain, il a été décerné un prix Thomas Sankara pour «célébrer la créativité et l’espérance panafricaines incarnées» par l’ancien Président du Burkina Faso.
Ce prix a également fait l’objet d’une large promotion à travers la capitale burkinabè. Outre les affiches de propagande, les medias burkinabè et africains ont réservé un accueil des plus chaleureux à cette initiative de la Guilde africaine des réalisateurs et producteurs, association sans but lucratif créée en 1998 et ayant son siège à Paris. Cela était impensable, il y a quelques années.
D’ailleurs, Luc Aimé Ouédraogo, un jeune burkinabè de 35 ans, analyse : «C’est normal. Sankara est aujourd’hui plus qu’hier vivant dans les cœurs des Burkinabè. Pour les jeunes d’aujourd’hui, même ceux qui ne l’ont pas connu, il reste l’homme politique qui les captive le plus. Cela ne me surprendra même pas que de nombreux leaders politiques pour obtenir le vote des populations aux prochaines élections présidentielles, puissent brandir ses idéaux ou utiliser ses portraits, ou encore promettre de le réhabiliter, afin de berner le peuple. Sankara restera unique !».
Assis à côté de lui dans la cour du Ciné-Neerwaya, Boukary Sanou, 26 ans n’a pas connu Sankara. Il en a entendu parler par ses parents et aînés, témoins de l’aventure révolutionnaire. Toutefois, il donne son avis sur ce personnage qu’il dit n’avoir pas fini de connaître : «Quand on discute avec nos aînés, on constate que le sujet revient de plus en plus souvent, les tabous se brisent et l’on nous dit tout sur cet homme. Ce qui fait qu’aujourd’hui, il y a une soif de connaissance de l’individu. Je suis venu suivre ce film pour en connaître davantage sur sa personne. Je n’ai pas été déçu».
Le jeune Sanou poursuit très en verve «C’est vrai, une grande partie de la jeunesse revendique son discours et s’identifie à lui. Ce qui est normal. Car au Burkina, Sankara est resté un héros singulier».
La Sankaramania, c’est dans les cœurs, les esprits, mais c’est surtout dans la vie de tous les jours. Au grand marché de Ouagadougou comme un peu partout dans les boutiques de la ville, des tee-shirts à l’effigie de Sankara sont en vente. Et l’on y grave des déclarations du leader tel que «la patrie ou la mort, nous vaincrons» ou encore des messages de sensibilisation en direction des élections à venir : «Peuple du Burkina, prends ton destin en main...».
Ces messages sont écrits en Français, en Anglais, en Moré, en Dioula... Et les clients en redemandent. «J’ai épuisé le stock de tee-shirts XL et XXL, à cause du Fespaco.... Beaucoup de festivaliers en ont achetés. Revenez demain pour voir. Les tee-shirts Sankara sont très à la mode ces temps-ci et nous faisons de bonnes affaires. Demain vous l’aurez propre !», réagit Bouga un commerçant du marché.
Dieu de la jeunesse
Dans les rangs de la jeunesse burkinabè, Sankara est incontestablement l’incarnation du démocrate le plus accompli. Michèle Compaoré, étudiante en histoire à l’université de Ouagadougou dit être convaincu que si Thomas Sankara était encore en vie, il allait gagner sans sourciller les élections à venir.
«Quand vous regardez la façon dont le culte pour Sankara a pris de l’ampleur ces derniers mois, vous jurez sans vous tromper qu’il allait gagner haut les mains l’élection présidentielle s’il était encore en vie», dit-elle.
Rappelant que dans les derniers temps précédant son assassinat et constatant le décalage entre son empressement révolutionnaire et un peuple essoufflé, il avait déclaré : «Je préfère faire un pas avec le peuple, que cent pas sans le peuple», la jeune étudiante estime que son épouse Mariam Sankara devrait faire sienne cette phrase et se lancer dans la course à la présidence de la République.
Cette idée, beaucoup de jeunes, notamment les dames l’évoquent avec espoir. «Ce ne serait que justice rendue à sa famille, à ses proches» commente-t-elles, non sans estimer pour certaines, que le mieux serait que la famille de Sankara reste loin de la chose politique.
Une chose est sûre, à Ouagadougou les journaux annoncent avec beaucoup d’enthousiasme ce retour de la veuve de Sankara. Un retour qui pourrait, dit-on, changer beaucoup de choses dans la vie politique à Ouagadougou.
Pour le moment, la Sankaramania a atteint le cœur de la jeunesse. C’est devenu un véritable phénomène qui prend de l’ampleur à tel point que l’on pourrait croire qu’à la veille des élections à venir, cette jeunesse est en quête d’un héros pour remplacer Sankara, puisqu’elle n’a pas encore fait son deuil.
Sentinelles des idéaux Sankaristes
Il faut reconnaître que le phénomène Sankaramania semble bien en tretenu par les jeunes du Balai citoyen, ce mouvement d’activistes burkinabè, qui a participé en octobre dernier à la chute de Blaise Compaoré. Mais il y a aussi tous ceux-là qui se réclament Sankariste, à l’instar de Bénéwendé Sankara, leader d’un principal parti d’opposition dit «sankariste» (sans lien de parenté direct avec Thomas Sankara).
Lui affirmait sans ambages : «Nous resterons une sentinelle, la mauvaise conscience des gouvernants... Le peuple a décidé que l’exercice du pouvoir ne se ferait pas sans lui : ça, c’est du Sankara ! Mais il est mort il y a près de trente ans et son discours doit être adapté aux défis du monde actuel.
Or, dans ce pays, nous n’avons pas d’avant-garde politique dans laquelle la population se reconnaîtrait spontanément». Son mouvement n’a été créé qu’en 2000, dans la foulée de la vague de contestations qui avait suivi le meurtre de Norbert Zongo. Et il est à l’instar du mouvement Balai citoyen, un parti conservateur des idéaux du «Che Guevara africain».
D’ailleurs, il y a quelques semaines, en plein Fespaco et prenant conscience du fait que le monde a le regard tourné sur Ouagadougou et que l’Afrique est rassemblée autour de la fête du cinéma, les membres du Balai ont marqué les esprits en organisant un concert sur les ruines de l’Assemblée nationale du Burkina. Ce fut encore une belle occasion pour les rappeurs burkinabè Smockey et le Sénégalais Didier Awadi aux cotés d’autres artistes africains, de lancer en direction des jeunes, des messages forts légués par Thomas Sankara.
Smockey soulignait à cette occasion que son album «Pré-volution» est une réunion de trois concepts, à savoir prémonition, révolution et évolution. Dans cet opus tricolore exprimé respectivement par les couleurs jaune, rouge et vert, il rend hommage à Norbert Zongo, le journaliste assassiné le 13 décembre 1998 et à l’ex-Président du Faso, Thomas Sankara.
Mais surtout Smockey a rappelé à cette tribune l’objectif de son combat pour le continent : Balayer tous les chefs d’État africain qui ambitionnent de s’éterniser au pouvoir. La formule est servie avec la bonne méthode ; celle de Sankara. Celui-là même qui savait saisir les bonnes occasions pour déranger à travers des réflexions fortes et puissantes. Sa magie opère.
L’esprit Sankara vit toujours. Le lendemain de ce mythique concert durant lequel Smockey a lancé son album Pré-volution, ces jeunes disciples se sont tous rendus sur la tombe de Thomas Sankara, pour prier et se recueillir près du maître. Une manière de reprendre des forces et lui dire de toujours être leur éclaireur ?
Sûrement. Smockey, Awadi et leur suite n’ont également pas manqué de rendre visite à la famille du vénéré maître. Là, informent plusieurs sources concordantes, les deux artistes du rap africain ont pour la première fois pris dans leur main, la propre guitare de Thomas Sankara avec beaucoup d’émotion.
Surement, une autre façon de marquer de leur empreinte l’histoire mais également de jouer aux rythmes du nouvel air Sankara qui souffle sur le Burkina ou simplement d’inviter à la source de la nouvelle ère Sankariste, qui s’impose au Faso.
Les partisans de Karim Wade, poursuivi pour enrichissement illicite et de corruption, continuent de protester contre la sortie du diplomate français, accrédité au Sénégal, Jean Félix Paganon. L’ambassadeur avait tenu lors de l’émission Grand Jury de la Rfm, que « c’est un non lieu de M. Karim Wade qui serait une surprise ». Non contents, les « Karimistes », avaient prévu de tenir un sit-in, hier, devant les locaux de l’Ambassade de France. Cependant, la rencontre n’a pas eu lieu.
L’affaire entre Karim Wade et l’Etat du Sénégal étale ses tentacules. La tension s’intensifie pour prendre une allure diplomatique. L’Ambassade de la France était hier, sous haute surveillance. Motif, les partisans de Karim Wade, poursuivi pour enrichissement illicite, ont manifesté le désir de tenir un sit-in devant les locaux de cette structure.
Ces derniers, voulant montrer leur désapprobation, accusent l’Ambassadeur, d’immixtion dans les affaires internes du pays. Ainsi, prenant les devant, la sécurité a été renforcée sur les lieux. Le périmètre est entièrement quadrillé pour parer à toute éventualité. Le constat est là. Point de manifestants visibles devant ces locaux.
Les pro-karim, n’ont pas d’autorisation pour tenir cette assemblée. L’ambiance est plutôt calme. Aux alentours de l’Ambassade, les personnes vaquent librement à leurs occupations. Certains préparent leur descente. Et, les laveurs de voitures continuent leur business, comme si de rien était. La présence des forces de l’ordre ne reste inaperçue.
« Est-ce qu’elle ne fait pas partie des manifestants », se demandent des curieux, inquiets de notre pré- sence sur les lieux, tout en restant sur leurs gardes. Interrogé sur la présence des Gmi, Diallo, un laveur de voitures trouvé sur le site, lance avec un sourire large : « leur présence ne m’empêchent pas de faire mon travail.
Ils font aussi leur travail et personne ne dé- range personne », rassure-t-il. Le périmètre de l’Ambassade, malgré la présence des forces de l’ordre, n’a pas dérogé à sa règle habituelle. Sauf, quelques uns qui ne souhaitent pas voir de manifestants, s’inquiètent.
« Ici, certains travailleurs ne peuvent pas accomplir leurs tâches, correctement par crainte d’être dérangés. Si, la manifestation aura lieu, elle occasionnera des pertes pour notre commerce », déplorent certains travailleurs du petit métier. Non loin, l’oisiveté prédomine. L’activité reste au ralenti.
« Si j’étais à votre place, j’allais partir faire autre chose. Parce qu’ils (les politiciens) ne valent pas la peine. Les manifestants vont soutenir Karim Wade jusqu’à ce qu’il sorte de prison. Et, après il leur tourne le dos», avertit ce vieux wadiste, Kouyaté qui s’est retiré de son militantisme au Parti démocratique sénégalais (Pds).
Au moment où, les occupants du bâtiment, jouxtant l’Ambassade, certainement des laveurs de voitures, broient du noir. Ils écoutent de la musique et devisent entre eux. Il n’y a point de clients qui veulent s’attacher de leurs services. A 16 heures, les tendances se précisent et la réalité de l’impossibilité de cette tentative de forcing pour un sit-in se clarifie.
« Il fait 16 heures passées. Les politiciens ont tous leurs enfants dans l’autre bout du monde en train de faire correctement des études. Ils ne vont pas venir », insiste Kouyaté. Et, au-delà de 17 heures, le vieux, Kouyaté, très actif dans le l’environnement, fait constater l’absence de manifestants sur les lieux. « Pas une seule personne ne s’est pointée le bout de son nez pour crier libérer Karim », nargue-t-il.