Après leur séjour carcéral en république démocratique du Congo (rdc), les responsables du mouvement « Y en a marre » ont profité de leur rencontre avec la presse, hier, pour apporter des éclaircissements sur leur voyage au pays du président Kabila. Ainsi, ils sont revenus sur les circonstances de leur arrestation par la police militaire congolaise. Mais cette page douloureuse n’altère en rien leur détermination à lutter pour l’émergence d’une citoyenneté inclusive africaine.
La rencontre avec la presse a été l’occasion pour Fadel Barro & Cie e réagir contre la campagne de déstabilisation et de sabotage à l’encontre du mouvement «Y en a marre», suite à leur séjour carcéral en République démocratique du Congo (Rdc). Ainsi, vêtus de tee-shirts floqués d’un sifflet et d’un carton rouge, ils ont répondu aux détracteurs de leur structure qui les disent être à la solde de l’Occident. « Nous ne sommes pas des activistes à la solde de puissances étrangères comme le prétendent certaines rumeurs.
En outre, nous ne sommes pas manipulés par des pays pour tenter de déstabiliser des régimes africains », vocifère Fadel Barro. D’après lui, toute cette manipulation fait suite à des procès d’intention souvent faits à « Y en a marre ». « Les gens s’arrêtent sur nos rencontres avec les puissants de ce monde (Obama, Laurent Fabius), alors que nous sommes engagés dans beaucoup de projets sociaux et la promotion de la bonne gouvernance», se plaint-il.
Avant d’ajouter : « Nous n’allons pas nous faire divertir par ce discours rétrograde qui veut subordonner tout mouvement de lutte africain à des puissances coloniales. Cette tentative de déstabilisation ou de musèlement de «Y en a marre» ne marchera pas. Nous restons fidèles à nousmêmes dans la défense de nos convictions. Nous sommes comme l’or et le feu ; plus on nous brûle et plus on brille », nargue-t-il.
Poursuivant son propos, il réaffirme leur engagement pour l’émancipation de la jeunesse et le renforcement d’une citoyenneté africaine participative, malgré toutes les difficultés. « Durant cette affaire, nous avons toujours tenté de respecter les lois et règlements du Congo. Nous sommes entrés avec des visas délivrés par l’ambassade du Congo à Dakar. Ceci en réponse à l’invitation de Filimbi qui est une organisation citoyenne congolaise qui signifie coup de sifflet en Swahili. Ces derniers, en collaboration avec des organismes internationaux comme l’Usaid, la jeunesse de partis politiques et de lucha, nous ont fait venir à Kinshasa pour animer des conférences sur le civisme et la citoyenneté.
Après notre arrivée, les membres de Filimbi nous ont assuré que toutes les autorisations ont été obtenues pour cette manifestation. Mais au deuxième jour (dimanche) des travaux, la police militaire est venue nous appréhender pour nous envoyer à l’Agence nationale du renseignement (Anr) où nous avons été détenus séparément des autres membres de la société civile congolaise », relate Fadel Barro.
«NOUS N’AVONS SUBI AUCUNE VIOLENCE, NI D’INTIMIDATIONS ET BRIMADES DE LA PART DES FORCES DE SECURITE CONGOLAISES»
Toutefois, le rappeur Malal Talla a tenu à préciser n’avoir subi aucune violence, ni intimidations, ni brimades de la part des forces de sécurité congolaises. «Nous avons même reçu la visite du chef de l’agence qui nous a demandé si on n’a pas été violenté. Ainsi, après les interrogatoires des agents congolais où on a exposé toute notre démarche dans la transparence, ils nous ont libérés le mercredi dernier à 15 heures avant de nous conduire à l’aéroport pour prendre l’avion pour Bruxelles. Et Fadel Barro d’ajouter : «cette parenthèse n’est qu’une petite étape dans notre parcours pour l’émancipation de la jeunesse africaine. Mais, cela n’ébranle pas notre conviction et la réussite de la mobilisation à Ouagadougou contre Blaise Compaoré nous conforte dans notre combat».
Pour le journaliste, cette lutte est le symbole d’une jeunesse africaine qui se prend en main. « Nous voulons faire bénéficier de votre expérience et notre expertise à toute organisation de la société africaine. Ainsi, l’émergence des mouvements citoyens au Togo, au Mali, au Burkina Faso et en Mauritanie témoigne de la vigueur de ce concept qui vise à l’émancipation des jeunes et à se battre contre tous les fossoyeurs de la démocratie en Afrique », conclut-il.
«Y en a marre» appelle à la libération des membres de la société civile congolaise
Lors de la rencontre d’hier avec la presse, les responsables du mouvement Y en a marre en ont profité pour lancer un appel aux autorités congolaises pour la libération de Sylvain Sanousseké, leader de Filimbi et des membres de l’organisation la Lutte pour le changement (Lucha) en provenance de l’Est du Congo. Pour les responsables de Y en a marre, «ces organisations citoyennes ne mènent pas des idées subversives, mais seulement un travail de conscientisation des jeunes congolais afin de les imprégner dans les principes de civisme et de la citoyenneté». Ces organisations ont pour mission de siffler la fin du massacre de la population congolaise qui depuis des décennies souffre dans l’indifférence de la communauté internationale.
KARIM WADE
Avec 257 voix sur 268, l’ancien ministre d’État est désigné candidat du Pds pour la prochaine présidentielle
FRÉDÉRIC ATAYODI DE SENEPLUS |
Publication 21/03/2015
Karim Wade a remporté les primaires du Pds, ce samedi 21 mars. Il est désigné par les libéraux pour affronter Macky Sall à la prochaine présidentielle. L’ancien ministre s’est imposé en obtenant 257 voix sur 268. Un véritable plébiscite. Le mieux classé de ses quatre adversaires, Amadou Kane Diallo, a récolté 7 suffrages.
Au départ, les candidats à la candidature du Pds pour la course à la magistrature suprême étaient au nombre de douze. Quatre seront recalés. Sur les huit personnalités retenues, trois se sont finalement désistés. Au profit de Karim Wade. Il s’agit de Serigne Mbacké Ndiaye, Habib Sy et Aïda Ndiongue, en détention préventive dans le cadre de la traque aux biens supposés mal acquis.
L’ancien ministre d’État a été investi au cours d’un Bureau politique transformé en congrès et présidé par l’ex-Président Abdoulaye Wade. Lequel était entouré du coordonnateur du parti, Oumar Sarr, et d’autres responsables libéraux.
La désignation de Karim Wade intervient à trois jours du verdict de son procès, fixé lundi prochain. Il est poursuivi pour enrichissement illicite présumé. Le procureur a requis à son encontre 7 ans de prison ferme, une amende de 250 milliards de francs Cfa et la perte de ses droits civiques. Une éventualité qui, si elle se confirmait, pousserait sûrement les libéraux à revoir leur copie. À désigner un autre candidat pour la présidentielle.
Se retrouver du jour au lendemain derrière les barreaux, privé de la liberté d’aller et venir et vivre constamment sous la haute surveillance de gardes, c’est une expérience qu’aucun individu au monde ne souhaite connaître. Naturellement, cette épreuve doit être beaucoup plus douloureuse pour des célébrités souvent habituées à vivre dans l’opulence, à mener grand train, et brusquement contraints de se contenter du strict minimum. Depuis l’accession de notre pays à la souveraineté internationale, beaucoup d’hommes politiques, d’hommes d’affaires, d’acteurs du showbiz et du monde des médias ont connu l’enfer du séjour carcéral. On peut citer pêle-mêle Mamadou Dia, Me Abdoulaye Wade, Idrissa Seck, Abdoulaye Bathily, Mamadou Diop Decroix, Mbaye Diack, Dr Diallo Diop, Mademba Sock, Bara Sady, Sada Ndiaye, Abdoul Aziz Tall, Ndèye Khady Guèye, Thierno Ousmane Sy, Amadou Kane Diallo, Barthélémy Diaz, le célèbre importateur de riz Moustapha Tall, Cheikh Béthio Thioune, Luc Nicolaï, les journalistes Cheikh Yérim Seck, Madiambal Diagne et Moustapha Sow, et enfin le célébrissime pensionnaire de Rebeuss Karim Wade. Et la liste est loin d’être exhaustive. «L’As» est allé à la rencontre de certains d’entre eux (le politicien Mamadou Diop Decroix, le syndicaliste Mademba Sock et l’homme d’affaires Moustapha Tall) qui ont accepté de raconter les différentes péripéties de leur séjour carcéral.
«La prison, c’est quelque chose de difficile. On ne souhaite pas la prison à son pire ennemi». Ces propos tenus par Barthélémy Dias juste après son élargissement de la prison le 22 mai 2012, résument parfaitement l’appréhension des Sénégalais par rapport à la prison. Des déclarations qui confortent la position de Me Ousmane Sèye selon laquelle personne au monde ne peut dire qu’il n’a pas peur de la prison. Si l’emprisonnement inspire une telle phobie, c’est parce qu’au-delà de la privation de liberté qu’il implique, il est vécu comme une déchéance sociale suprême, voire une malédiction.
Chez une importante frange de la société sénégalaise, l’incarcération est assimilée à une cinglante et humiliante défaite. Mais Mamadou Diop Decroix, qui a été incarcéré à quatre reprises, bat en brèche l’idée selon laquelle tout le monde a peur de la prison. «Les hommes politiques se foutent pas mal de la prison», recadre le leader d’Aj/Pads tendance opposition. Car en Afrique, indique-t-il, «la prison est la seconde maison des hommes politiques».
DECROIX: «DANS UNE SOCIETE INJUSTE, LA JUSTE PLACE DES JUSTES C’EST LA PRISON»
Un des principaux animateurs du mouvement estudiantin qui a fortement ébranlé le régime de Senghor entre les années 60 et 70, Mamadou Diop Decroix a fait les frais de sa rébellion en subissant la répression du pouvoir qui l’a mis au frais. Sa première incarcération intervient en 1971. Plus de quatre décennies après, Decroix qui est crayonné comme un homme courageux et teigneux en garde des souvenirs impérissables. «Mon premier contact avec le milieu carcéral ne m’a fait aucun effet. Je découvrais avec intérêt la prison, mais cela ne m’a pas du tout perturbé. Je n’avais absolument pas peur de la prison. Car tout dépend de pourquoi vous allez en prison, ce qui est à la base de votre emprisonnement », rectifie d’emblée l’ancien ministre du Commerce avant de retracer le contexte dans lequel est intervenue son incarcération. «Au début des années 70, le régime de Senghor a été sérieusement secoué. Et ce fut une décennie de répression très violente. Il y avait dans le pays un mouvement populaire insurrectionnel puisque les étudiants avaient fait front avec les travailleurs pour combattre Senghor. Donc c’était un contexte assez difficile pour Senghor qui avait durci ses positions au point de fermer l’université. Si bien que nous qui étions dans l’opposition clandestine, nous nous attendions à tout moment à être assassinés.
Par conséquent, c’était une aubaine qu’on nous envoie en prison. Notre credo à l’époque, c’était ceci : dans une société injuste, la juste place des justes c’est la prison ». A la faveur de la forte agitation qui régnait à l’université de Dakar, Decroix est arrêté en 1971 en compagnie des Abdoulaye Bathily, Mbaye Diack, Famara Sarr, Mamadou Sall, Bassirou Faty, Sakhewar Diop, Mohamadou Sanokho, Mbaye Diouf, Tidiane Ly, Pape Konaré Niang, Alhousseynou Cissé. Decroix est ensuite enrôlé de force dans l’armée pendant 18 mois et envoyé à la prison militaire de Tambacounda où la chaleur était étouffante. «Il faisait 45° à l’ombre. Dans nos cellules, on avait remplacé les fenêtres par des contreplaqués de sorte qu’on ne pouvait pas distinguer le jour de la nuit. Nous étions douze dans la pièce et les toilettes se trouvaient à l’intérieur. Les gens pensaient qu’on allait y rester», se rappelle le coordonnateur du Fpdr qui ne manque pas de relever la grande capacité d’adaptation de l’être humain. «Car malgré l’installation des contreplaqués, le jour on arrivait pratiquement à lire. Le commandant du camp, qui voyait qu’on n’était pas malheureux, a décidé de nous faire sortir et de nous larguer».
DANS LES CELLULES, LES FENETRES ONT ETE BOUCHEES PAR DES CONTREPLAQUES
Véritables têtes brûlées, Decroix et ses codétenus n’avaient pas hésité pas à défier le commandant du camp en observant pendant une semaine une grève de la faim. «Malgré la grève de la faim, on nous apportait toujours des repas et des fruits. Ce qui constituait pour nous une torture. La plus grande torture quand vous avez faim et que vous avez décidé de ne pas manger, c’est qu’on vous apporte des repas et que vous n’y touchez pas», se souvient-il en guise d’anecdote. Autre anecdote : «pendant la guerre de libération de la Guinée Bissau menée par l’armée de libération du Paigc qui se battait contre les troupes coloniales portugaises, on nous a balancés à la frontière bissau-guinéenne. Car Senghor ne voulait pas que les guerrilleros traversent la frontière, pour ne pas impliquer le Sénégal. Dans le quartier général où j’étais à Pakour dans le Kolda, toute la nuit on entendait le bruit des armes. On se disait qu’à tout moment les gars pouvaient venir. Du coup, on ne dormait pas et on était sur le qui-vive».
BALANCES A LA FRONTIÈRE BISSAU-GUINEENNE AVEC DES MINUTIONS AVARIEES
Mamadou Diop Decroix et les autres soldats sénégalais positionnés à Pakour, près de la frontière bissau-guinéenne sont de véritables miraculés. Il suffisait juste d’une petite incursion des guerrilleros ou des troupes portugaises dans leur base pour qu’ils passent de vie à trépas. Car durant tout le temps qu’ils étaient à Pakour, ils étaient sans moyens de défense puisqu’ils ne disposaient que de minutions avariées. «Lorsque nous avons quitté Pakour et que nous sommes retournés à Tambacounda pour les exercices de tir, nous nous sommes rendu compte que les caisses de minutions étaient toutes avariées. Donc, si les gens nous avaient surpris sur place, ils nous auraient égorgés tout simplement», relate-t-il.
«TUE A SANTHIABA MANJACK, L’ETUDIANT ALHOUSSEYNOU CISSE A ETE ENTERRE SANS TETE»
Sur les douze étudiants enrôlés de force dans l’armée et envoyés à la frontière sud lors de la guerre de libération de la Guinée Bissau, si les onze s’en sont sortis indemnes, ce n’est malheureusement pas le cas de Alhousseynou Cissé. Etudiant en deuxième année de droit, Cissé est mort au front à Santhiaba Manjack, tué par les supplétifs portugais qui lui ont coupé la tête. «On l’a enterré sans tête à Ziguinchor. Mamadou Sall, frère de l’ancien ministre Seydou Sy Sall, était présent au moment où Alhousseynou Cissé a été tué. A l’annonce de sa mort, il y a eu beaucoup de grabuges à l’université de Dakar», affirme Decroix avant d’ajouter : «quand nous avons appris la nouvelle à Bignona où nous étions, Sakhewar Diop et moi, notre seule réaction c’était de savoir qui allait être le suivant. Tous les jours, on s’attendait à ce qu’un ou plusieurs d’entre nous meurent. Pourtant, nous n’avons jamais flanché». Après 18 mois de séjour sous les drapeaux marqués par 45 jours de prison militaire, Decroix est de nouveau envoyé derrière les barreaux en 1975. Une fois de plus, les motifs de son arrestation sont relatifs à son opposition aux réformes universitaires instituées par le régime de Senghor.
Sous le coup de l’article 80 du Code pénal, il est jugé pour troubles à l’ordre public, actes et manoeuvres de nature à jeter le discrédit sur les institutions de la République et condamné à huit mois de prison ferme. «Je retournais en prison avec fierté. Durant mon emprisonnement, mon épouse qui portait notre premier enfant était fière de voir son mari s’opposer à un régime autocratique. Elle était au front du combat. Ma maman ne m’a jamais découragé, mon père non plus», déclare l’ancien ministre d’Etat sous Wade, avant d’ajouter : «le pouvoir d’alors savait que je m’en foutais pas mal de la prison. Alors par décret du président de la République, j’ai été exclu de l’université de Dakar et empêché de m’inscrire dans toutes les écoles supérieures du Sénégal». En 1985, à l’occasion d’une marche anti-apartheid, Decroix est encore arrêté en même temps que Wade, Mazid Ndiaye, Bathily, etc. Ils passent la Tabaski en prison. C’était la première fois que Me Wade allait en taule. «Diouf a considéré qu’on voulait saboter la visite de Mobutu, alors que je n’étais même pas au courant que Mobutu venait au Sénégal», argue-t-il.
MADEMEBA SOCK
Seize ans après, la bravoure et l’héroïsme de Mademba Sock sont encore loués à la maison d’arrêt et de correction de Rebeuss où il a séjourné de juillet 1998 à 22 janvier 1999. Emprisonné en compagnie de 26 dirigeants syndicaux pour s’être opposé au projet de privatisation de la Senelec, le leader du Sutelec n’a jamais flanché en prison, selon des agents de l’administration pénitentiaire. Le principal concerné joue à fond la carte de la modestie et vend sa recette qui consiste, dit-il, à «penser sa vie et vivre sa pensée».
Pour Mademba Sock, «c’est un concept qui vous permet de surmonter toutes les épreuves. Quand on est dans certaines situations, on est obligé de recourir à la foi et l’engagement». En tant que leader d’un groupe «qui est agressé et pour lequel l’Etat attendait des moments de faiblesse», Sock s’est construit une carapace autour de sa personne. Et cela, bien avant la prison. «Cela peut m’arriver et voilà comment je devrais me comporter », explique le leader de l’Unsas, attablé dans un célèbre restaurant de la place en cette journée de mars. «En prison, je faisais du sport, je lisais beaucoup et je réfléchissais. C’est quand même un lieu de réflexion. Le rôle du leader c’est de tirer les autres. Chaque fois, j’essayais d’appuyer des camarades qui n’étaient pas forts psychologiquement. Le sport m’a beaucoup aidé à tenir le coup à Rebeuss», soutient l’emblématique leader du Sutelec. Quand on a fait la prison, note-t-il, on n’a plus peur de rien.
«EN PRISON, ON ESSAIE DE VOUS DEPERSONNALISER»
D’un caractère trempé et vrai dur à cuire, Sock a tenu à marquer son territoire dès son arrivée à Rebeuss. Il raconte : «les relations ont été houleuses entre les gardes et moi. L’administration pénitentiaire n’admettait pas que les détenus achètent des produits à l’extérieur et les amènent à l’intérieur de la prison. Mais nous, nous étions 27 personnes et nous avions l’habitude d’acheter du pain et du sucre à l’extérieur. A un moment donné, le régisseur a tenté de nous vendre par tous les moyens certains produits comme le sucre et le café. Le petit sachet de café qui coûtait 25F était vendu à 50F dans la prison.
Considérant cela comme de l’arnaque, j’ai refusé de prendre. Résultat : j’ai eu des problèmes avec le régisseur. C’est ainsi que j’ai adressé une lettre au ministre de la Justice de l’époque, Serigne Diop, via le régisseur qui était obligé de transmettre le courrier. Dans la lettre, j’attaquais le régisseur lui-même. Ce commerce déguisé, pratiqué par l’administration pénitentiaire, était une manière pour le pouvoir de nous affaiblir. Mais cela ne m’a jamais fait flancher. Au contraire, un jour j’ai apostrophé des gardes en leur disant : «on vous amène toujours de l’argent à la porte : il faut que vous arrêtiez, sinon je vais vous dénoncer. A partir de ce moment, les gardes ont compris que j’étais décidé à me battre».
SOCK EN A FAIT BAVER LES GARDES
Alors que la majorité des Sénégalais ont une grande appréhension du milieu carcéral, Mademba Sock relativise : «la prison est plus accueillante que les violons des commissariats de police. Mais le problème de la prison, c’est qu’on essaie de vous dépersonnaliser. Quand vous êtes pudique, vous êtes obligé d’aller aux toilettes très tôt le matin, avant que les autres ne se réveillent et vous observent». Pour tuer le temps, Sock se jette dans la lecture et s’adonne à la belotte et au sport. Le pensionnaire de la cellule 38, qui a adopté les caïds de l’époque comme le célèbre Ino et Pape Ndiaye, se montre alors fervent amateur des séances de lutte. «Ino qui m’appelait «père» était un excellent lutteur, mais il n’y avait que moi pour le faire lutter. Dès que je le lui demandais, il priait quatre rakkas et s’introduisait dans l’enceinte de l’arène. La prison est un milieu à part», indique Sock qui s’offusque du fait que la reconversion soit souvent ratée.
Un des rares détenus à ne pas porter de gris-gris lors de son incarcération et acclamé par les prisonniers à son arrivée à Rebeuss, Sock faisait beaucoup dans le social. Si bien qu’il a été adoubé par la plupart des détenus. Soutenu par ses deux épouses qui se sont beaucoup impliquées dans le combat, le syndicaliste est davantage ragaillardi par le fameux tube «Mademba» que Youssou Ndour a chanté en son honneur. «En prison, la chanson passait en boucle sur la bande Fm et les autres détenus la reprenaient en choeur», se rappelle Mademba Sock qui, à la veille de sa sortie le 21 janvier 1999, a demandé à goûter pour la première fois au fameux «Diagan» (Ndlr, le repas préparé en prison et qu’on sert aux détenus).
SEJOUR DE IDRISSA SECK ET DE BARA TALL
Si Mademba Sock est cité en exemple de détenu courageux, Idrissa Seck, ancien Premier ministre de Abdoulaye Wade, n’est pas en reste. Pendant son séjour de plus de six mois à Rebeuss, il serait resté intact, assure une source pénitentiaire. Il disait aux gardes qu’il ne leur demandera jamais un service, révèle notre interlocuteur. «Si je le fais, on me le reprochera quand je serai Président de la République et que je sois amené à vous voir défiler devant moi. Durant donc tout le temps que je passerai ici, je ne vous demanderai rien». Ainsi dit, ainsi fait. D’autres sources indiquent toutefois que Idrissa Seck était devenu nerveux vers la fin de son séjour. «Il se montrait de plus en plus désagréable envers les gardes pénitentiaires et leur criait dessus », assure un de nos interlocuteurs. «Surtout quand les négociations avec Wade ont commencé à piétiner», croit savoir un autre de nos interlocuteurs. Il n’est pas le seul à s’être montré désagréable envers les gardes pénitentiaires. Tel personnage célèbre pour ses écrits et séjournant au Camp pénal ne supportait pas de ne pouvoir recevoir sa mère dans un pièce confortablement aménagée. Aussi, refusait-il tout simplement de recevoir. Tel autre Directeur général de société nationale, emprisonné en fin 2001, se défoulait sur son avocate et sur le régime de Wade pour déverser son trop plein de rancoeur.
Autre exemple de courage en prison, c’est bien l’entrepreneur Bara Tall, inquiété dans l’affaire dite des chantiers de Thiès. «Fort du soutien constant du personnel de Jean Lefebvre, de ses amis et parents, Bara est resté le même», soutient un élément de l’administration pénitentiaire qui l’a côtoyé.
MOUSTAPHA TALL, HOMME D’AFFAIRES LE SUCRE SALE DE L’IMPORTATEUR DE RIZ
Dans le monde des affaires, ils ne sont pas nombreux ceux qui ont survécu à la prison. Adel Korban, Oumar Ba (un richissime commerçant qui était établi à Kaolack) et Khadim Bousso sont tous décédés alors qu’ils avaient maille à partir avec la justice. Moustapha Tall, le célèbre importateur de riz, est l’un des rares hommes d’affaires à se rappeler et à raconter les 58 jours qu’il a passés derrière les verrous. Ecroué le 7 septembre 2004 dans une sombre affaire de fraude douanière sur le sucre, qu’il considère comme un faux dossier monté de toutes pièces, l’homme d’affaires affirme avoir été imperturbable à l’annonce de sa mise sous mandat de dépôt par le juge Moustapha Fall qui siégeait à l’époque au 3ème cabinet d’instruction. «Quand le juge Moustapha Fall m’a placé sous mandat de dépôt, cela ne m’a pas surpris parce que je savais que je serais pris. Sur le coup d’ailleurs, j’en ai rigolé parce qu’on m’a écroué sans dossier et sans que je sois entendu. Il ne pouvait même pas soutenir mon regard», dit-il en se redressant dans son fauteuil. A la chambre 43 de la Mac de Rebeuss qu’il partage avec 20 détenus, il se montre stoïque et parvient à tenir le coup. «J’ai un mental fort, j’ai été éduqué comme cela. Donc ce n’est pas cela qui pourrait m’ébranler. Je considérais mon séjour à Rebeuss comme un pèlerinage, à l’image de mon guide le vénéré Cheikh Ahmadou Bamba Mbacké qui a été déporté par les Blancs. Je l’ai pris avec philosophie», clame-t-il.
Alors qu’il avait refusé de transiger avec la Douane qui lui réclamait 650 millions F en guise de différentiel de péréquation, Moustapha Tall s’est senti lâché aussi bien par l’Unacois que ses collègues commerçants a compris qu’il ne devait compter que sur lui-même pour s’en sortir. Il casse sa tirelire et décaisse un milliard de francs Cfa pour recouvrer la liberté, après 58 jours de détention au cours desquels il a reçu de nombreuses visites. N’empêche, il considère que c’est dangereux de mettre les gens en prison. «J’ai été particulièrement frappé par la promiscuité dans le milieu carcéral. Des personnes qui viennent de divers horizons sont entassées par dizaines dans des cellules et on les entendait crier, se cogner la tête contre le mur», raconte notre interlocuteur qui ne s’étonnerait guère que des individus en arrivent à se suicider dans le seul but d’éviter la prison.
CONFIDENCE D’UN PROCUREUR : «Placé sous mandat de dépôt, un homme marié demande souvent s’il peut appeler son épouse…»
Avec plus d’une dizaine d’années d’exercice dans la magistrature, un parquetier qui a eu à notifier à des centaines d’individus leur mise sous mandat de dépôt a relevé les mêmes réactions chez ces clients particuliers et noté l’importante place que la mère, l’épouse, bref la femme occupe dans les moments de difficultés. Sous le sceau de l’anonymat, un procureur qui a longtemps servi au tribunal régional hors classe de Dakar déflore les conduites adoptées dans le secret de son bureau. «Très souvent, quand un homme marié est inculpé et placé sous mandat de dépôt, la première réaction qu’il a c’est de dire : « est-ce que je peux appeler mon épouse ?». S’il s’agit d’homme célibataire, il dira : «puis-je appeler ma mère ? » Et d’habitude, ce sont les épouses et les mères qui font les différentes tractations et les démarches pour trouver un avocat. Il peut arriver qu’une femme qui a un bébé soit mise sous mandat de dépôt. Dans ce cas, elle est souvent accompagnée de son mari qui s’empresse de prendre le bébé et de le mettre face au mur, pour qu’il ne voie pas la détresse de la maman», confie un procureur qui a aussi remarqué la grande propension des personnes écrouées à invoquer Dieu. «Ce sont des gens qui retournent rapidement vers Dieu et retrouvent la foi. «Allahou Akhbar», «Mouhamed Rassoulilahi» font partie des premiers mots qu’ils prononcent. A la cave, quelle que soit l’heure, ils demandent aux gardes s’ils peuvent faire leurs ablutions et prier, ne serait-ce que quatre rakkas».
Wade fait immoler des taureaux
Dire que Wade est très préoccupé par le sort de son fils, poursuivi pour enrichissement illicite portant sur 117 milliards, serait une lapalissade. Nos radars qui suivent le Pape du Sopi ont intercepté une délégation de Gorgui envoyée dans les régions de l’intérieur du pays. Renseignement pris, c’est Gorgui himself qui a ordonné le sacrifice d’un taureau dans chacune des capitales régionales du pays. Cela s’est passé mardi dernier et la viande fraîche a été distribuée aux populations en guise d’offrande.
Macky offre dix millions
Comme Gorgui, Macky Sall a présenté ses condoléances à la Famille Sy suite au rappel à Dieu de Sokhna Oumou Kalsoum Sy, fille aînée de Serigne Babacar Sy. Niangal a été reçu par le porteparole du Khalife général des Tidianes, Serigne Abdoul Aziz Sy «Al Amine». Niangal était accompagné de Makhtar Cissé, Aly Ngouille Ndiaye, Mansour Sy, Mor Ngom, Cheikh Mbacké Sakho, Khadim Diop, a offert à la famille du défunt, en guise de contribution aux funérailles, la somme de 10 millions de francs.
Wade à la Médina
Suite au décès de la doyenne de la famille Sy, Me Wade s’est rendu, hier, à la Médina Rue 14, ans la maison mortuaire pour présenter ses condoléances à la famille de la défunte. C’était en début d’après-midi et Gorgui a été reçu avec les honneurs par la famille Sy représentée au plus haut niveau par Junior qui a remercié Me Wade avant de rappeler ses relations amicales avec Gorgui. Avant de prendre congé, Me Wade a laissé une enveloppe, sans doute pour le fameux Jaxal.
Serigne Assane Mbacké nouvel imam de la prison
Serigne Assane Mbacké, placé sous mandat de dépôt, lundi dernier, par le juge Makha Barry pour incendie volontaire du domicile de Cissé Lô, est devenu l’imam de la prison de Diourbel. Le présumé pyromane a dirigé la prière du vendredi à la prison de Diourbel, devant un grand nombre de détenus. Serigne Assane Mbacké, qui selon nos sources garde le moral intact depuis son déferrement, passe le plus clair de son temps à prier, lire le Saint Coran et les enseignements de son illustre grand-père Cheikh Ahmadou Bamba. Pour rappel, Serigne Assane Mbacké présumé cerveau des incendies chez «El pistolero», est poursuivi pour les délits d’incendie volontaire de maisons habitées, vol en réunion avec effraction et escalade. Lesquels délits sont punis par les articles 364, 366, 368 et 406 du Code de procédure pénale. À en croire certains professionnels du droit, il risque tout bonnement d’être renvoyé aux assises.
Conseiller spécial
N’en déplaise à la coalition Macky2012, le chef de l’État va continuer à recevoir des transhumants et même à les recaser. Le maire libéral de la commune de Vélingara, Woury Baïlo Diallo, a été reçu en audience, il y a quelques jours au Palais et a décidé de rejoindre Macky. Et cerise sur le gâteau, il a été nommé conseiller spécial du président de la République. Démarché au début par le député Amadou Tidiane Talla, il avait exigé une audience en tête à tête avec le chef de l’État. Et c’est finalement le ministre de la Justice, Sidiki Kaba, qui l’a conduit au Palais.
Audience avec le Boundou
Hier, le chef de l’État a reçu en audience une forte délégation du Boundou conduite par le chef du village de Sendébou, Anoune Sy. Les hôtes du chef de l’État lui ont présenté leurs doléances qui sont, entre autres, l’enclavement du Sénégal oriental qui manque cruellement de pistes de production, le chômage des jeunes, la non adduction d’eau etc. Pragmatique, Niangal a annoncé le début du bitumage des pistes du département de Bakel et Kidira pour le mois d’avril prochain.
20 briques
La rencontre avait démarré sans la télévision, mais dès que Koli Ndiaye a commencé à parler de l’histoire du Boundou et surtout de la place des ethnies et le rôle joué par les Sébékoliyaabé, classe sociale à laquelle appartient le Président, Macky Sall a demandé à la télévision d’immortaliser l’événement. Qui disait que Niangal est insensible aux flagorneries ? Au terme de l’audience, il a dégainé 20 millions de francs, soit dix millions pour le transport de ses hôtes, mais aussi dix autres destinés à la mosquée omarienne de Kidira.
Ahmed Susanne Camara tacle Kalidou Diallo
Après la parution de l’interview que Kalidou Diallo a accordée à «L’As», Ameth Suzanne Camara nous a saisi pour apporter un cinglant démenti à l’ancien ministre de l’Éducation. Ce dernier disait, en effet, qu’après la suspension du salaire de Ahmed Suzanne Camara, c’est lui qui remettait chaque mois une somme équivalente à « l’apériste » dans son bureau. «Tout ce que Kalidou Diallo a dit est faux, ce sont des mensonges. Vu les responsabilités qu’il a eues dans ce pays, il ne devrait pas avoir un tel comportement», tonne le Secrétaire général du Syndicat des enseignements du préscolaire et de l’élémentaire. Il rappelle que c’est Kalidou Diallo qui l’a renvoyé de la fonction publique, mis en prison et coupé son salaire pendant plusieurs mois. Et aujourd’hui il revient à la charge pour «raconter des contre-vérités sur lui». À propos du coup de fil de Macky Sall au ministre de l’Éducation de l’époque pour plaider sa cause, Suzanne Camara répond que Kalidou n’a pas présenté les faits tels qu’ils se sont passés.
Suzanne Camara recadre Kalidou Diallo
«C’est vrai que le président l’avait appelé pour s’enquérir de notre situation dans un premier temps. Ensuite quand j’étais dans son bureau avec un autre syndicaliste, Souleymane Diallo, pour discuter des questions du syndicat Kalidou m’a dit : «Mais toi, il paraît que ton président m’a appelé», je lui ai dit oui. Il a rappelé le président Macky Sall et est entré dans les toilettes parce qu’il ne voulait pas que Souleymane Diallo et moi entendions ce qu’il disait. C’est ça, mais il ne m’a jamais remis de salaire en main propre et durant tout son passage à la tête du ministère de l’Éducation, je n’ai jamais reçu l’intégralité de mon salaire. Quand il a fait faire un rapport pour me radier, je suis resté 3 mois sans salaire et jusqu’à présent je n’ai pas eu le rappel de ces salaires. Je vivais des situations difficiles avec ma famille et c’était à cause de Kalidou Diallo». Poursuivant, il considère que Kalidou Diallo fait des sorties dans la presse pour se positionner en vue d’un éventuel remaniement, pensant qu’avec les problèmes de l’école, il peut remplacer Serigne Mbaye Thiam ; mais c’est peine perdue, car il ne peut pas tromper le président Macky Sall comme il l’a fait avec Me Wade. Très remonté contre l’ancien ministre de l’Éducation, Ahmed Suzanne Camara demande à Kalidou Diallo «d’être digne et de soutenir Karim Wade au lieu d’attaquer ce dernier qui est en prison et de faire les yeux doux à Macky Sall».
Prolongation du 8 mars à la gendarmerie de Thiès
La célébration de la journée du 8 mars par les femmes de l’Alliance pour la République (Apr) de Thiès s’est prolongée, hier, à la gendarmerie de Nguinth. En effet, mécontente d’avoir été privée de parole, Ndèye Soukèye Guèye responsable Apr de Thiès- Est avait boycotté l’évènement pour ensuite tenir un point de presse pour asséner ses vérités. Ce qui n’avait pas plu à certains cercles de l’Apr à Thiès et elle a même reçu sur son téléphone portable des messages d’intimidation. Pour parer à toute éventualité, elle avait nommément porté plainte contre Martial Ndione, chef de cabinet du Dr Augustin Tine et Abel Tine, chef du village de Fandène, auprès du Procureur de la République près le Tribunal régional de Thiès. Eh bien, Ndèye Soukèye Guèye a été convoquée hier par la gendarmerie pour les besoins de l’enquête et ce sera certainement après au tour des autres.
Mame Mbaye Niang
Le ministre de la Jeunesse est en train d’étendre ses tentacules politiques à travers un mouvement regroupant des femmes. La Convergence des femmes Mackystes (Cofem) va lancer ses activités dimanche au Grand Théâtre. Aïny Mbodj de la Rts fait partie des animatrices de ce mouvement proche du ministre Mame Mbaye Niang.
Barth parle cet après-midi
Face au retour de flammes contre Khalifa Sall dans l’affaire du blocage de l’emprunt obligataire de la ville de Dakar, le député-maire socialiste de la commune de Sacré coeur-Mermoz va claquer la langue aujourd’hui. Désigné Secrétaire adjoint à la vie politique du Parti socialiste (Ps), à la faveur du dernier congrès dudit parti, Barthélémy Dias va faire face à la presse dans les locaux de sa mairie. Des flèches acerbes y sont attendues.
500 000 F Cfa de faux billets
Marabout qui formulait des prières pour aider ses «clients» à avoir un meilleur sort, Assane Fadiga n’a pas vu venir. Il a été arrêté et déféré devant le procureur par les limiers du commissariat des Parcelles Assainies pour détention et tentative d’écoulement de faux billets de banque. Dans la chambre qu’il louait à l’Unité 9 des Parcelles Assainies, il a été découvert un lot de papiers découpés en format de billets de 10 000 F Cfa, des seringues, flacons d’encre noire (pour lavage). Interrogé, il a servi une histoire cousue de fil
blanc en soutenant être victime d’un multiplicateur de faux billets qui lui aurait joué un sale coup. Il y a deux mois, raconte-til, il a reçu un client qui sollicitait des prières de sa part. Pour le remercier, ce dernier il lui a promis de le rendre riche comme Crésus. C’est ainsi que le marabout soutient avoir remis à son «client» 250 000 F Cfa en espérant récolter 500 000 F Cfa. Il a oublié que le matériel de lavage a été trouvé dans sa chambre. Comme quoi, un crime n’est jamais parfait.
Dr Cheikh Dieng libéré
Le maire de Djedah Thiaroye Kaw, le Dr Cheikh Dieng, qui a été arrêté lundi dernier par les hommes du commissaire Diarra à cause d’une centaine de pneus découverts dans sa mairie, a finalement été libéré hier. Toutefois, il devra se présenter devant le juge mardi prochain au lendemain du délibéré de l’affaire Karim Wade. Le Karimiste a toujours soutenu qu’il faisait l’objet d’une arrestation politique et que les pneus, qu’il gardait depuis novembre, étaient destinés à une campagne de reboisement.
Y en a marre en Gambie ?
Y en a marre au pays de Yaya Jammeh. Ce n’est pas pour maintenant. «Nous avons échangé avec la jeunesse gambienne dans beaucoup d’ateliers et de rencontres. On a même lancé une chanson. Même si l’organisation se préoccupe de la situation de la démocratie en Gambie. Nous ne pouvons pas aller faire la révolution à leur place», tente de botter en touche Fadel Barro. En outre, pour Malal Talla, alias Fou Malade, «il faut que les dynamiques viennent même des sociétés civiles des pays concernés. Si les jeunes gambiens ne se lèvent pour dire non à ce qui se passe dans leur pays, Y en a marre ne peut rester que dans l’attente et examiner la situation. Ce n’est pas à nous de porter leur lutte», précise le rappeur. Pourtant lors de son passage sur Rfm, Simon avait révélé que Yen a marre s’est rendu en Gambie et il avait même promis de diffuser les photos.
Sauvageons
Le Mouvement des étudiants et élèves républicains est au bord de l’implosion depuis la nomination de sa coordonnatrice Thérèse Faye Diouf à la tête de la Cojer. D’après nos radars, Moustapha Sall de la Cojer de Mbacké et Moussa Sow de Linguère se livrent actuellement une bataille acharnée pour la succession de Thérèse Faye Diouf, en attendant la décision du président Macky Sall. Si le premier nommé s’est auto- proclamé coordonnateur du Meer en organisant une conférence de presse jeudi, au siège de l’Apr, le second qui ne veut pas se laisser faire a pondu un document destiné à la presse en signant noir sur blanc :«le nouveau coordonnateur du Meer national».
Cheikh Yérim est papa
Notre confrère Cheikh Yérim Seck a toutes les raisons d’être aux anges. En effet, son épouse lui a donné un mignon garçon, lundi dernier. Cheikh Yérim s’est fait discret depuis les dernières locales où il avait lancé un mouvement politique et citoyen. L’As souhaite longue vie au bébé et à sa maman.
KARIM, C'EST SHOW
Serigne Mbacké Ndiaye, Habib Sy et Aïda Ndiongue votent pour l’ancien ministre
FRÉDÉRIC ATAYODI DE SENEPLUS |
Publication 21/03/2015
De huit au départ, ils sont passés à cinq. Trois candidats pour les primaires du Pds, qui tient son Bureau politique ce samedi à la permanence Oumar Lamine Badji, se sont désistés au profit de Karim Wade. Il s’agit de Serigne Mbacké Ndiaye, Habib Sy et Aïda Ndiongue qui, comme le fils de Wade, est en détention préventive dans le cadre de la traque aux biens mal acquis.
Au terme de ses retraits, la course oppose désormais Karim Wade donc, Doudou Dieng, Amadou Seydi, Mountaga Guèye et Amadou Kane Diallo. En ce moment, les votes ont débuté à la permanence du Pds où le Bureau politique a été transformé en congrès. Lequel est présidé par Abdoulaye Wade, entouré du coordonnateur du parti, Oumar Sarr, et d’autres responsables libéraux.
Plus de 13 ans après l’adoption du protocole portant sur la lutte contre la corruption, le gouvernement du Sénégal vient d’introduire un projet de loi autorisant le président de la République à ratifier cet important instrument. Ledit projet a été adopté, avant-hier, en Conseil des ministres. Le ministre de l’Intégration africaine, du Nepad et de la Promotion de la Bonne gouvernance a salué cette initiative de haute portée symbolique du président Macky Sall.
Adopté le 22 décembre 2001 ici même à Dakar, le protocole a/p3/12/01 portant sur la lutte contre la corruption va entrer en vigueur sous peu de temps après son examen et vote par l’Assemblée nationale. Dans un communiqué de presse, le ministre de l’Intégration africaine, du Nepad et de la Promotion de la Bonne gouvernance, Khadim Diop a salué
« cette avancée majeure qui illustre, une fois de plus, la ferme résolution du président de la République de lutter, sans relâche, contre la corruption et toutes les formes de prévarication des deniers publics. »
Khadim Diop a précisé que même si ce texte adopté depuis décembre 2001 n’avait pas fait l’objet de ratification, le Sénégal n’a pas attendu pour appliquer ses directives. Le communiqué souligne que « le Sénégal, sous la bienveillante direction du président Macky Sall, est en avance sur le protocole. »
Cet instrument qui fait obligation aux Etats-parties « de prendre des mesures pour connaître le patrimoine des dirigeants d’une part, et d’autre part de créer des structures chargées de lutter contre la corruption. ».
Khadim Diop rappelle que « les instruments et mesures préconisés par le protocole sont déjà mis en œuvre à travers l’institutionnalisation de la déclaration de patrimoine et la création de l’Office national de Lutte contre la Fraude et la Corruption (Ofnac) ».
Il a aussi révélé, dans la même dynamique, que son département a inscrit, dans l’agenda 2015, le projet de ratification de la charte africaine de la démocratie, des élections de la gouvernance adoptée le 30 janvier 2007 à Addis-Abeba.
Un septième titre pour le Nigeria ou une première couronne pour le Sénégal ? La question trouvera sa réponse dimanche en début de soirée, l’issue de la finale du 19ème Chan des – 20 ans qui opposera au stade L.S. Senghor, les Flying Eagles et les Lionceaux.
Si le passé récent (victoire en ouverture, 3 – 1) et le palmarès global plaide pour le Nigeria, ce n’est cependant pas gagné d’avance pour les garçons du coach Manu Garba. Certes, c’est la même équipe du Sénégal qu’ils avaient battue, il y a deux semaines, au premier jour de cette compétition.
Mais depuis, les Lionceaux se sont bonifiés au point de se retrouver à la dernière étape où absolument personne ne les attendait. Surtout, ils semblent s’être décomplexés par rapport à l’enjeu et à la pression, grandement aidés qu’ils ont été par leur qualification historique en demi-finales et au Mondial juniors de mai – juin 2015 en Nouvelle Zélande.
D’avoir atteint leur objectif (passer le premier tour) ne les a donc pas rassasiés, comme l’on aurait pu le craindre. Au contraire, cela leur a donné les crocs, ainsi que les Aiglons du Mali l’ont vérifié à leurs dépens, jeudi dernier. Et c’est gonflés à bloc qu’ils retrouveront, demain, les Flying Eagles pour solder leurs comptes.
Mais, attention à ne pas tomber dans les mêmes travers qui, heureusement, ont été sans conséquence en demi-finale face au Mali : dans ses moments faibles, l’équipe du Sénégal a trop tendance à se faire transpercer de part en part par les raids individuels adverses ou les combinaisons du vis-à-vis.
Au lieu de constituer un bloc et de resserrer les rangs, le temps de retrouver leur influx et leur jeu, les joueurs de Joseph Koto ont trop tendance à distendre les lignes. Il est vrai que le Nigeria procède moins par attaques placées que la Côte d’Ivoire, le Mali ou le Congo, mais il a une arme offensive de destruction massive en ce colosse de Taiwo Micheal (voire en Usman Sale) qui adore jouer dans le dos des défenses.
Couper la ligne de transmission entre les « archers » et cette « réincarnation » du grand Rashidi Yekini, son prédécesseur nigérian au poste, sera l’une des clefs pour contenir les offensives de l’équipe de Manu Garba. Les Lionceaux qui ont encaissé au moins un but à chacun de leurs quatre matches, ont là un sérieux challenge. Ce qui peut rassurer un tant soit peu, c’est la défense sénégalaise qui a été plus imperméable que jamais, lors de la demi-finale face au Mali.
Conséquence de la titularisation d’Ibrahima Sy, dans la cage ? Peut-être bien, puisque le « petit » gardien de but a sauvé au moins deux situations chaudes qui, en d’autres temps, auraient certainement coûté des buts. Cependant, face aux malabars de l’attaque nigériane, il lui faudra soigner ses sorties aériennes et éviter de trop s’aventurer loin de sa surface de but.
Et en attaque, la moindre occasion qui se présentera devra être convertie en but pour éviter les mauvaises surprises.
On le voit donc, cette équipe du Sénégal a beau être en finale, elle traîne encore quelques tares. Les Nigérians en avaient largement profité au match inaugural. Cette finale est donc l’occasion pour les Lionceaux qu’ils ont appris de leurs erreurs et qu’ils ont grandi
L’ETAT SIGNE UN ACCORD AVEC LES ACTEURS DE LA FILIÈRE RIZ
En procédant hier, à la signature du protocole d’accord, pour la commercialisation du riz local, le ministre du Commerce, Alioune Sarr, a rassuré les producteurs de l’appui de l’Etat, mais aussi, invité les populations à faire la promotion du consommer local.
«La question de la commercialisation devra nécessairement être réglée en amont, car les exigences du marché d’aujourd’hui prouvent qu’il faut bien vendre avant de produire », a soutenu, hier, le ministre du Commerce, du Secteur informel, de la Consommation, de la Promotion des produits locaux et des Pme, Alioune Sarr. Le protocole d’accord qui a été signé permettra, selon le ministre, de réguler les importations du riz au Sénégal et d’aménager un marché tourné vers l’offre locale.
Le protocole précise les engagements et les obligations des différentes parties en l’occurrence les importateurs, la Saed, la Bnde, et les riziers. De l’avis de M. Sarr, du respect des engagements de chaque partie dépendra la réussite du mécanisme qui sera profitable à tous les acteurs.
Rappelant l’ambition de l’Etat d’atteindre l’autosuffisance en riz, en 2017, grâce à une production de 1,6 millions de tonne de riz paddy, soit l’équivalent de 1 million de riz blanc, le ministre a souligné que les importateurs distributeurs de riz se sont engagés à accompagner l’Etat. Déjà, a indiqué M. Sarr, le comité technique regroupant l’ensemble des acteurs a matérialisé les engagements pris par les différentes parties, dans le protocole d’accord, signé le 30 janvier 2015 à Saint-Louis, pour l’écoulement du stock en souffrance dans les rizeries, évaluées à 8400 tonnes.
Près de 2160 tonnes (équivalent à 485 millions de FCfa) qui étaient déjà certifiées conformes par une tierce partie ont été payées et enlevées. Les commerçants ont partagé le stock résiduel estimé à 3375 tonnes. Il a, par ailleurs, souligné que le marché du riz sénégalais, estimé à plus d’un million de tonne par an, constitue le plus grand marché des produits alimentaires en volume au Sénégal.
Pour cette année, le quota des importations est fixé à 500 000 tonnes. Ce quota sera réduit à la baisse au fur et mesure que la production nationale va augmenter.
De l’avis du ministre, avec un chiffre d’affaires annuel de près de 200 milliards de FCfa, l’option de régulation des importations est synonyme de croissance économique, de création d’emplois, de souveraineté alimentaire et de stabilité sociale.
De l’avis du ministre, les fortes productions attendues durant les prochaines campagnes de saison chaude et pluviale nécessitent une bonne planification des conditions de mise en marché. C’est pourquoi il a invité les banques à s’inscrire dans la dynamique de la Banque nationale de développement économique du Sénégal (Bnde), mais aussi, a demandé aux populations de consommer le riz local qui, comparativement au riz importé, a une qualité organoleptique et nutritionnelle sans commune mesure.
Pour sa part, le directeur général de la Société nationale d'aménagement et d'exploitation des terres du Delta du fleuve Sénégal (Saed), Samba Kanté, a ajouté que leur structure va apporter son soutien technique aux producteurs.
Du côté de l’Unacois/Jappo, le président Idy Thiam a invité le gouvernement à respecter ses engagements. «La balle est désormais dans le camp des producteurs », estime M. Thiam.
Le président du Comité interprofessionnel du riz (Ciriz), Saliou Sarr, a exhorté les producteurs à produire du riz en quantité et en qualité pour le vendre aux industriels. Le secrétaire général de la Bnde, Moustapha Diop, a indiqué que la banque est disposée à prêter de l’argent aux producteurs pour un taux d’intérêt de 7%. «La Banque a accepté de sortir un financement de 864 millions pour soutenir les producteurs.
Cette démarche est nouvelle », a-t-il avancé. Le secrétaire général de l’Unacois/Jappo, Ibrahima Lo, a qualifié d’historique cet accord signé. A son avis, les 200 milliards de FCfa que l’Etat dépensait, chaque année, pour l’importation du riz seront désormais orientés vers des secteurs essentiels comme l’éducation, la santé, etc.
‘’L’ETAT ASSURERA LA SÉCURITÉ DES BIENS ET DES PERSONNES’’
Délivrance d’actes administratifs : Des services extérieurs inaugurés au Palais de justice de Dakar
Le Garde des Sceaux, ministre de la Justice, Me Sidiki Kaba, a procédé hier à l’inauguration des services extérieurs du Palais de justice de Dakar. Ces services construits en face du bâtiment du Palais de Justice constituent un jalon dans le rapprochement de la justice au justiciable. La délivrance du casier judiciaire, du permis de visite et du certificat de nationalité se font désormais dans ces nouveaux locaux.
Le Garde des Sceaux, ministre de la Justice, Me Sidiki Kaba, a procédé hier à l’inauguration de la première structure des services extérieurs du Palais de justice de Dakar. Le mobile office installé est estimé entre 60 et 100 millions FCfa, selon le ministre de la Justice. Il sera certainement étendu aux autres régions du Sénégal.
Le goulot d’étranglement a été identifié à travers la présence massive des personnes dans les halls du tribunal. Cette présence créait une situation d’insécurité, cela faisait qu’il y avait beaucoup de rabatteurs qui déroutaient les justiciables par moment. Toutes ces conditions réunies ont poussé les autorités à initier la mise en place ces centres délocalisés.
« Ce qu’il faut retenir, c’est que c’est un bel édifice qui a une fonctionnalité qui répond essentiellement aux demandes pressantes des justiciables. Notre souci, c’est que les usagers de la Justice puissent avoir une bonne qualité de service », a confié Sidiki Kaba.
Le nouveau bâtiment abrite trois grands services : un bureau de permis, le bureau du casier judicaire et celui des nationalités. Le bureau de permis de visite s’occupe essentiellement de la délivrance des documents de permis de visite destinés aux familles ou connaissances des détenus.
Initiative à étendre à d’autres villes
« On pourra, dans des délais très réduits, gérer et remettre les permis de visite aux personnes qui désirent voir les détenus. C’est un droit qu’il faut respecter. C’est pour faciliter les procédures que nous l’avons fait pour les familles des détenus », indique le garde des Sceaux.
Il y a également un bureau du casier judicaire qui draine énormément de personnes, plus particulièrement les jeunes qui ont besoin de faire des concours, de s’inscrire, d’intégrer l’administration. Il y a aussi le bureau des nationalités qui reçoivent beaucoup de monde.
« Les personnes qui ne peuvent accéder au bâtiment central peuvent se procurer ces documents ici. C’est une première expérience à Dakar, mais nous allons sans doute essayer de l’expérimenter dans les autres régions. Le coût du financement est estimé entre 60 et 100 millions de FCfa. C’est une initiative qui sera répandue dans les autres endroits du pays où le besoin se fait sentir», annonce le ministre de la Justice.
''L’Etat va assurer la sécurité des citoyens et des biens''
Le garde des Sceaux, Me Sidiki Kaba, a indiqué hier, au ministère de la Justice, que l’Etat va assurer la sécurité des citoyens et des biens. « La libre expression sera respectée, mais dans le cadre de la loi », fait-il savoir.
Sidiki Kaba a également rappelé que le ministère de la Justice n’à rien avoir avec le procès de Karim Wade. Selon le garde des Sceaux, «la Cour de la Crei est souveraine et le ministre n’a aucune décision à prendre sur ce dossier ou sur tout autre».
« A l’image de tous les citoyens sénégalais, nous attendons le verdict avec sérénité. La décision qui sera rendue sera celle de la Cour, une juridiction indépendante », a-t-il précisé. «Les concernés auront toujours des voies de recours prévues par la loi», a-t-il ajouté.
Plein de joie de vivre, l'esprit vif et "jeune", actif, le Xalam 2 n'est âgé que dans l'esprit des gens. Ces musiciens restent jeunes et pleins de vie. Henry Guillabert, Ibrahima Koundoul dit Brams et Baye Babou le talentueux bassiste du groupe ont accordé une interview à EnQuête dans le studio de Guillabert aux Almadies. Une occasion pour retracer certaines grandes lignes de l'épopée Xalam 2 et de parler de leur dernière production.
L'actualité de Xalam, c'est votre dernier album, pouvez-vous nous le présenter brièvement ?
Henry Guillabert : On rêvait de réaliser cet album depuis plus de 15 ans. On voulait surtout le faire au Sénégal. De toute notre carrière, c'est le deuxième album que nous faisons ici. Le premier, c'était aux débuts des années 1970. Nous avons fait cet album pour prouver qu'on a gardé cet esprit, ce son. On est des rescapés du Xalam. On était huit. Certains sont morts, d'autres ont arrêté. Il fallait qu'on fasse un album qui soit dans l'esprit de ce qu'on a toujours voulu montrer. Cet esprit de reprendre des chansons traditionnelles et de retravailler les textes et les sonorités.
Cet album est composé musicalement pour le public nostalgique de Xalam ou pour la jeune génération ?
Baye Babou : C'est surtout pour la jeune génération que nous avons fait cet album-là. Il y a un titre "tagouti" qui rassemble tous les grands rappeurs, ceux qui sont au top. Nous nous sommes ouverts à ces jeunes-là. Il y a des jeunes qui ont toujours entendu le Xalam sans avoir jamais vu les membres du Xalam. On s'est ouvert à eux pour les attirer dans ce que nous faisons. C'est une ouverture pour cette génération.
H.B : On avait un véritable dilemme. Il fallait satisfaire les gens qui sont des inconditionnels de Xalam. Parce que le plus grand fan club de Xalam est constitué par des gens du deuxième et troisième âge. On a commencé très tôt. Ces gens sont les gardiens du son de Xalam. Ils ne tolèrent même pas qu'on dévie un peu. On a voulu satisfaire cette génération et celle de nos enfants aussi qui écoutaient nos chansons. Alors comme le dit Baye, il fallait trouver un compromis. L'idée, c'était de recomposer des morceaux dans l'esprit de Xalam et d'inviter des générations. On a fait un morceau dans lequel le refrain est un peu notre hymne. On a invité des rappeurs dans cette chanson comme Awadi, Dug E Tee, Simon, Xuman et Bakhaw. Ils se sont approprié le morceau comme s'ils étaient des musiciens de Xalam. Ils ont grandi avec notre musique. Du coup, on a trouvé un bon équilibre. Depuis que l'album est sorti, on a un feed back génial.
Ibrahima Koundoul : Il y a 10 ou 15 ans, on avait un truc qui s'appelait "Dooley mboolo". On avait invité des groupes traditionnels. Donc, c'est la continuité avec ce featuring avec les rappeurs dans ce que nous faisons. C'est nous qui étions allés voir ces gens-là à l'époque de "Dooley mbolo". La Xalam a toujours fait ça.
"Dooley mbolo" était un laboratoire musical. Qu'en reste-t-il aujourd'hui ?
H.G : Le Xalam a vécu. Mais quand on est revenu, on a retrouvé notre place. Cela veut dire qu'il n'y a pas eu une sorte de révolution qui a pu nous reléguer dans les maisons de retraite. Il y a eu un progrès musical, c'est vrai. Mais il n'a pas été significatif dans la mesure où on devait tant soit peu nous effacer, même s'il y a toujours des nostalgiques. Si aujourd'hui on arrive encore à remplir les salles et avoir des dates, c'est parce qu'il y a certains qui nous suivent encore. Il y a des musiciens, je ne parle même pas de groupes, mais des musiciens qui ont grandi dans cet esprit Xalam. Et ce sont les virtuoses qu'on voit actuellement. Ils ont grandi sous la houlette de Xalam. Des groupes, il n'y en a presque pas. C'est pourquoi, on existe. Il y a eu un vide qui n'a pas été comblé. C'est dommage. L'esprit de "Dooley Mboolo", c'était de pouvoir réunir différents artistes autour des projets. Les Américains le réussissent bien en faisant travailler des artistes de diverses générations autour d'un seul et même projet.
B.B : Je crois qu'ils n'ont pas cette culture. Il y a plutôt un esprit de concurrence entre les artistes.
H.G : Il faut voir quelle musique on fait ici. On a pris des risques dans la mesure où on faisait ce que tout le monde aimait ici. Et après de la variété à côté. On joue notre musique. Peu importe qu'elle soit du jazz ou autre chose. Aujourd'hui, cette musique existe. Il faut oser. Mais nos artistes n'osent pas prendre des risques. Ils devraient essayer d'élaborer leur musique afin qu'elle soit plus audible et puisse être écoutée partout.
Donc pour vous, la jeune génération devrait avoir plus de courage pour innover ?
H.G : Je dirais plus d'audace. Il faut savoir serrer la ceinture. Nous, quand on a décidé de faire cette musique-là, on a eu faim. Et ce ne sont pas des blagues.
Quel a été votre plus grand calvaire en ces temps-là ?
H.G: C'est quand on a joué à un concert après deux ans de travail sur notre nouvelle musique. On était très enthousiaste à l'idée de la faire découvrir au public. On a commencé à jouer un morceau, deux et les gens ont commencé à partir. Imaginez dans une salle où il y avait pas moins de mille places, il n'y a plus que 30 ou 40 personnes. C'est un calvaire.
B.B : Cela nous a affectés. On en était malade.
I.K : C'était vers la fin de 1976. Ndiaga Mbaye avait joué en première partie. Et quand on a commencé, les gens se demandaient : mais qu'est-ce que c'est que ça. Ils sont partis.
Cela ne vous a-t-il pas découragé ?
Non, on est un groupe. L'esprit de groupe nous a sauvés. On est sorti de ce concert complètement désemparés et stressés. On s'est dit qu'un jour, on sera compris mais que ce ne sera pas ici. La chance qu'on a eue, c'est quelque temps après. Un très grand musicien, You Masekela, est passé par là par hasard alors qu'il était en tournée et nous a entendus. Il a été séduit par ce que nous faisions. C'est ce monsieur-là qui nous a sorti du “guerté thiaff” pour nous amener au “poulet rôti”. Il a parlé de nous à tous les grands musiciens qu'il rencontrait. Ce qui fait que quand nous sommes partis en Europe en 1980, tous les grands artistes savaient qu'il y avait un groupe sénégalais qui avait imaginé une musique de synthèse qui allait bombarder le monde.
Donc c'est cette incompréhension du public qui explique votre longue absence de la scène musicale sénégalaise en ces temps-là ?
H.G : On a été piégé. Parce que je crois si c'était à recommencer, on ne resterait pas aussi longtemps en Europe. Le problème, c'est que quand vous arrivez et que vous êtes adulé, les managers vous prennent. On devait faire trois mois au départ. Au bout des trois mois, on s'est retrouvé avec des cartes de séjour. On n'a pas arrêté de tourner pendant très longtemps. On a enchaîné des dates. Donc, on n'a pas eu le temps de réfléchir sur ce qu'on devait faire. Quand on est revenu en 1984, on a fait une tournée. Et c'est là qu'on devait rester. C'était le moment idéal. On est reparti parce qu'on avait des dates déjà calées. On était venu jouer au Sénégal, mais c'était des concerts de prestige. On était arrivé à un stade où payer le Xalam, c'étaient des sommes importantes. On a fait des concerts un peu partout mais il n'y avait pas de cachets.
Peut-on dire que c'est l'innovation dans votre musique qui vous a valu une invitation au festival de Woodstock ?
H.G : Ohh ! Woodstock!
B.B : Oui ! Woodstock !
I.K : Ohh ! Woodstock !
Il y a quoi de particulier qui explique toutes ces exclamations et cet air nostalgique ?
H.G : Woodstock, c'est un lieu mythique. Nous, quand on voyait le film Woodstock, on se disait : c'est le lieu où il faut aller. Toutes les grandes stars ont explosé là-bas. Quand on partait aux USA, à l'aéroport quand les gens voyaient nos badges avec Woodstock écrit dessus, ils étaient éblouis. C'est un festival de rock mais on nous a invités quand même. C'est vrai que notre musique est très rythmée mais ce n'est pas du rock. Les gens voyaient en notre musique un soupçon de rock, de jazz, etc. Mais toujours avec une base africaine. C'est cela qui nous réconfortait.
Comment définissez-vous votre musique ?
I.K : On dirait que c'est une musique africaine. On y met beaucoup de sauce.
H.G : Papa Wemba a dit dans un article qu'il n'y a pas un grand musicien qui n'a pas un album de Xalam. On n'est pas prophète chez nous. On est presque prophète seulement.
C'est quoi le génie de Xalam ?
H.G : On est audacieux. On aime prendre des risques. Mais des risques calculés. On a toujours eu comme référence les artistes qui ont réussi. On se demandait si on pouvait être au niveau de ces artistes. Et le jour où on a rencontré nos points de mire, on a été surpris. Eux, il nous regardait jouer et nous disaient à la fin qu'on jouait dix mille fois mieux qu'eux. Cela nous motivait. Si on pouvait faire que ce style soit un standard ici, on serait heureux.
B.B : Il faut aussi dire qu'on a été à bonne école. On s'essayait à des standards de jazz très compliqués. On arrivait à les faire en une journée. Chacun faisait sa partie correctement. C'est une bonne école. Cela nous a permis de faire des clubs de jazz. Ce que personne n'a fait ici.
Le Xalam, c'est aussi l'engagement. Vous avez participé à la caravane Gerico pour la libération de Féla Kuti
H.G : (il coupe) Hiii vous ! Vous avez un bon cerveau (rires). J'avais complètement oublié Gerico. Mais, avant même qu'on parte, certaines de nos chansons étaient censurées ici au Sénégal. C'est vrai aussi que hormis cette marche pour Féla, il y avait aussi celle de Mandela. On a même fait Emmaüs pour l'Abbé Pierre. On était le seul groupe à oser titrer notre album “apartheid” en Europe en ces temps-là. C'est pour cela que notre album n'a jamais eu de gros échos. Chaque fois qu'on faisait un concert, il y avait un monsieur qui venait avec sa colombe quand on jouait ce morceau. C'est en ces temps qu'on a permis à Johny Clegg (ndlr alias le Zoulou Blanc) de jouer en première partie de Xalam. Il n'avait pas de scène. C'était au cercle d'hiver.
On dit que l'âme du Xalam, c'était Prosper Niang ; que retenez-vous de lui aujourd'hui ?
B.B : Prosper était un combattant, un rassembleur. Il était toujours devant. Il avait une curiosité insatiable. Il essayait toujours de rassembler d'autres musiciens autour de nous. Il aimait ce qu'il faisait.
H.G : Pros était le fouineur. Nous, on était là mais lui, il sortait et allait vers les gens. Quand il savait qu'il y a un musicien qui est là, il faisait tout pour le trouver et l'amener vers nous. Il était notre porte-parole parce que c'est lui qui allait vers le public. Il était dans les médias et tout. Il cherchait toujours de nouveaux contacts pour nous. Des fois même, on le grondait pour ça en lui disant : Pros, tu sors trop, viens travailler. Pour lui, on faisait des choses merveilleuses qui méritaient d'être partagées. Pros a ruiné sa santé pour ça. Il ne dormait pas à cause de ca. Le public ne voyait que Pros. C'est pour cela qu'on dit qu'il est l'âme du Xalam. Mais Xalam, c'est plusieurs cœurs.
Vous l'avez dit tout à l'heure, vous êtes les rescapés de Xalam. Qu'est-ce qui explique les départs successifs de Ansoumana, Georges Dieng ou encore Yoro Guèye ?
H.G : On ne peut pas expliquer cela en fait. Des fois, c'est lourd de rester en communauté. A un certain moment, on n'a même pas de vie de famille. Yoro, à un certain moment, a eu envie de vivre sa vie en solo. Il s'est marié et cela tombait bien. Il voulait être indépendant et tester sa valeur hors Xalam. Tant qu'on est ensemble on est puissant. Mais des fois, on a envie de se tester soi-même. C'est comme ça dans tous les groupes. Si vous regardez bien, chacun d'entre eux a tenté, après avoir quitté Xalam, de faire un album. Je les condamne un peu parce que je me dis que l'un n'empêche pas l'autre. Je pense que dans leur for intérieur, ils doivent regretter ça.
B.B : Comme dit Henry, on ne peut expliquer ces départs. C'est la vie. Il n'y a pas d'animosité entre nous. S'ils souhaitent jouer avec nous, ils peuvent le faire. D'ailleurs, on leur a adressé des notes de remerciements. Leurs noms sont inscrits sur la pochette de l'album.
Revenons à l'histoire de Xalam, pourquoi l'album Xarit sorti en 1989 n'a pas eu de tournée promotionnelle ?
H.G : Parce que les bandes originales ont brûlé. L'album n'est même pas sorti en France. Tous les morceaux sortis sont des copies. Après cet incident, Pros est décédé. On avait la guigne. Après, Souleymane Faye a dit qu'il rentrait. Alors la vérité est que cet album n'est jamais sorti. Ce qui est sorti ici, ce sont des copies de copies piratées. On ne peut même pas le retravailler. C'est terrible.
I.K : On devait normalement signé avec BMG avec cet album. On les avait rencontrés au cours d'une tournée aux USA. Mais tout est parti en fumée. Il ne restait que deux ou trois titres qu'on ne pouvait pas exploiter. On avait tout pour réussir cet album. Il y avait un gros boulot derrière. On avait osé des choses.
Les allers et retours de Souleymane Faye ne vous handicapent pas ?
H.G : Cela ne nous handicape pas. Parce que très tôt, après Xarit, on a réellement compris certaines choses. Souleymane Faye est un fan de Xalam. Le problème est que Diego nous a montré d'autres visages au fur et à mesure de notre compagnonnage. Souleymane Faye, on l'a accueilli parce que Prosper avait un coup de cœur pour lui. Il l'a vu et l'a fait rapidement venir à Paris. Pros a débarqué avec lui et on l'a testé le même jour. Il connaissait Xalam et a du génie. Il s'est intégré facilement. On l'a mis à l'aise. On a conçu des chansons pour lui. Souleymane Faye, c'était comme un diamant brut comme ça. Nous, on l'a taillé. Ça, on peut le dire. On a du métier et on l'a mis en valeur. Il a adopté divers comportements. C'est après Xarit qu'on a vraiment compris. Maintenant, quand on a besoin de lui, on le paie et il vient jouer. On est en de bons termes avec lui. Mais il n'est pas un musicien du Xalam. Il a eu une période avec Xalam. Il faut que les gens comprennent ça. Il joue ses morceaux qui sont devenus des morceaux cultes. Il en a cinq.
Quelles sont vos perspectives ?
I.K : On a prévu de faire une soirée à Sorano. On veut faire une tournée sénégalaise. On a pour l'instant ciblé quatre régions que sont Dakar, Kaolack, Saint-Louis, Thiès et éventuellement Tamba.
Pourquoi pas le Grand-théâtre ?
I.K : On sent plus Sorano. A Sorano, il y a l'acoustique. C'est une salle de spectacles. Et Sorano est historique. On y a fait de bons concerts. Alors que là-bas, c'est un théâtre, ne l'oubliez pas, construit par des Chinois. C'est une salle de théâtre, donc il y a une sorte de réverbérations. On doit y faire de la symphonie, du ballet et du théâtre.