Dakar, 21 mars (APS) – Les Etats africains doivent faire leur possible pour se doter de moyens sécuritaires légaux pour combattre le terrorisme et maintenir la paix à travers le continent, a soutenu, samedi à Dakar, Gilles Yabi, initiateur du Wathi, un Think Tank citoyen pour l'Afrique de l'Ouest.
"Il y a sans doute à la fois un réel manque de ressources, notamment pour financer des interventions militaires et des opérations de maintien de la paix qui sont très coûteuses. Mais, nos gouvernants doivent apporter une réponse aux défis sécuritaires", a-t-il dit.
Gilles Yabi animait un débat sur la montée du terrorisme en Afrique et les défis sécuritaires qu'elle implique, dans les locaux de la Fondation Rosa Luxembourg.
Selon cet analyste et chercheur indépendant dans l'analyse des conflits, la montée du terrorisme résulte également d'un "déficit de volonté politique permettant de mettre en œuvre un plan d'action cohérent, décliné sur la durée et qui ne change pas tout le temps".
Donnant en exemple les attaques du groupe Boko Haram au Nigéria, Gilles Yabi a invité les peuples africains, notamment ceux de l'Afrique de l'Ouest, à faire "une introspection" concernant "les réalités de nos pays telles qu'elles sont pour pouvoir concentrer notre énergie, notre temps, notre intelligence collective sur les questions les plus cruciales pour l'avenir du continent".
"Il y a beaucoup d'Etats africains qui ont perdu prise sur l'évolution de leur société. Rares sont ceux qui peuvent vous dire ce qui se passe dans telle ou telle localité de leur pays. Et cette population oubliée qui se forme en clans et se rebelle", a-t-il dit.
Selon le conférencier, dans les pays africains comme partout ailleurs, "il n'y a que très peu de chances pour que les personnes issues des catégories les plus pauvres aient le temps, l'énergie et les capacités de mobilisation indispensables à l'organisation d'actions collectives d'envergure, afin d'obtenir des changements radicaux et durables".
Aussi a-t-il invité "les gouvernants à contre-attaquer le terrorisme en mettant en œuvre les moyens sécuritaires en mesure de frapper toute menace'', estimant qu'aucun pays africains n'est désormais à l'abri d'une attaque terroriste.
"Avant nous, des pays démocratiques victimes du terrorisme n'ont pas hésité à employer la manière forte et à appliquer la loi dans toute sa rigueur, car dans ce combat, ce sont les plus décidés, les mieux formés et entraînés et les mieux équipés qui remportent la victoire", a-t-il ajouté.
"LE SOUFISME PEUT CONTREBALANCER TOUTES LES DÉVIATIONS EXTRÉMISTES"
Dakar, 21 mars (APS) - Le soufisme correspond à "une dimension essentielle et intérieure" apte à contrebalancer "toutes les déviations extrémistes" à travers son message teinté de pluralisme, de tolérance et de paix, a soutenu, samedi à Dakar, le philosophe sénégalais Souleymane Bachir Diagne.
Le soufisme véhicule "un message que nous avons besoin d'entendre et qui va contrebalancer toutes les déviations ou tendances extrémistes qui traversent aujourd'hui les sociétés musulmanes", a-t-il déclaré à l'ouverture de la huitième édition du colloque international sur la Tijaniya et les défis du XXIème siècle dont il est le co-président.
Selon ce logicien et spécialiste de la philosophie islamique, dont l'intervention portait sur l'introduction à la spiritualité musulmane et au soufisme, "il ne faut pas diviser l'islam en un islam radical ou autre", l'islam étant "une seule et même religion''.
De même, "le soufisme n'est pas une partie de l'islam, il n'est pas composé de partis, c'est au contraire la dimension la plus intérieure, la dimension véritable de rattachement non seulement à la tradition du Prophète de l'islam mais également sur son caractère", a indiqué M. Diagne, enseignant à l'Université de Columbia (Etats-Unis).
"Le soufisme de manière générale et la voie de la Tijaniya en particulier peuvent être véritablement pensés comme une lumière qui brille dans notre monde, car la leçon que porte cette dimension essentielle et intérieure de l'islam est une leçon de pluralisme, de tolérance et de paix et qui lie aujourd'hui la réalité religieuse de notre monde", a-t-il estimé.
L'islam "est une religion de la compassion et de la fraternité humaine qui insiste sur le fait que les différences entre les humains sont réelles'', a soutenu le philosophe.
De la même manière, a-t-il ajouté, l'islam reconnait "les différences dans les traditions religieuses, dans les interprétations", les "différences de spiritualité, de couleur, de langue, mais par-delà toutes ces différences, il y a une fraternité humaine fondamentale qui est sous l'éclairage du nom de Dieu'', référence à la miséricorde.
"Quand le Coran dit que la miséricorde de Dieu embrasse toute chose, cette miséricorde ne fait pas de distinction entre des choses qui mériteraient cette miséricorde ou celles qui ne le mériteraient pas. Au contraire, cette miséricorde vise la totalité des êtres créées", a-t-il poursuivi.
Il a en outre rappelé que le soufisme au Sénégal "s'incarne dans certains nombres de confréries qui partagent toutes ces même valeurs (…)", puisque "les valeurs de fraternité humaine se retrouvent au cœur de toutes les confréries".
Dakar, 21 mars 2015 (AFP) - Brillant, adulé par son père l'ex-président Abdoulaye Wade qui voyait en lui son successeur, Karim Wade, désigné samedi candidat à la présidentielle du principal parti d'opposition, reste impopulaire au Sénégal, où il est considéré comme coupé des réalités et de la culture du pays.
Cette désignation intervient à deux jours du verdict de son procès pour corruption. Il est accusé d'avoir illégalement acquis 178 millions d'euros par le biais de montages financiers complexes du temps où il était conseiller puis ministre de son père, ce qu'il nie.
"Karim fait partie des meilleurs financiers d'Afrique", avait pour habitude de dire son père, qui a présidé le Sénégal de 2000 à 2012, lui confiant des missions de plus en plus importantes, jusqu'à en faire en 2009 un "super ministre" chargé de plusieurs secteurs clés.
Avant la défaite le 25 mars 2012 d'Abdoulaye Wade face à Macky Sall, un de ses ex-Premiers ministres, Karim, 46 ans, cumulait les ministères de la Coopération internationale, des Transports aériens, des Infrastructures et de l'Energie, ce qui lui avait valu le surnom de "ministre du Ciel et de la Terre".
Titulaire d'une maîtrise de gestion et d'un diplôme d'études supérieures en ingénierie financière obtenus à la Sorbonne à Paris, il part à la City de Londres où, à la fin des années 1990, il est expert financier pour une grande banque suisse.
Il entre alors en contact avec de grands groupes internationaux et plusieurs gouvernements africains, ce qui lui servira par la suite. A la victoire de son père à l'élection présidentielle de 2000, il fait des allers-retours entre Londres et Dakar avant, deux ans plus tard, de rentrer définitivement au Sénégal, où Abdoulaye Wade le nomme conseiller spécial à la présidence.
Il est alors chargé de travailler sur de grands projets économiques comme la construction du nouvel aéroport international de Dakar, la restructuration des industries chimiques ou la création d'une zone économique spéciale.
Des dossiers techniques, jusqu'à ce qu'il soit propulsé en 2004 président de l'Agence nationale de l'Organisation de la coopération islamique (Anoci) qui a pour but d'organiser le 11e sommet de l'OCI qui réunira en mars 2008 à Dakar les dirigeants de 57 pays musulmans.
La préparation de cette conférence va transformer le visage de Dakar, qui se dote de nouveaux axes routiers, d'hôtels de luxe. La gestion de l'Anoci, brassant des sommes considérables liées à de juteux contrats avec les pétromonarchies du Golfe, est cependant jugée opaque par les opposants.
Cette conférence sera pourtant une réussite, et un tremplin sur la scène internationale, persuadant le père et le fils qu'il est temps pour Karim Wade de se lancer en politique. Ebloui, Abdoulaye Wade ne cache plus sa volonté de le voir lui succéder.
- Epreuve de la prison -
Karim Wade se présente en mars 2009 aux municipales de Dakar, première étape d'une ascension programmée comme météorique. La campagne se solde par un échec retentissant, le candidat étant battu jusque dans son propre bureau de vote.
Car s'il est indéniablement doué pour les affaires et apprécié dans les milieux de la finance internationale, il reste aux yeux des Sénégalais un homme distant, hautain, arrogant parfois, qui maîtrise mal la langue nationale wolof, incarnation d'une élite clinquante en rupture avec la sobriété du pays.
Il a beau préférer porter, lorsqu'il est au Sénégal, d'élégantes tenues traditionnelles en lieu et place des costumes occidentaux, le courant ne passe pas avec la grande majorité de ses compatriotes.
En dépit de leur ressemblance physique, le fils métis (sa mère, Viviane, est d'origine française) d'1,90 mètre n'a ni le charisme ni l'aisance de son père. Dans son propre pays, celui qui a longtemps vécu à l'étranger est perçu comme un "toubab" (Blanc) plutôt que comme un Sénégalais.
L'épreuve de la prison, depuis son arrestation en avril 2013, l'a néanmoins rapproché des Sénégalais, lui permettant de rallier une partie des mécontents du pouvoir actuel.
Cette impopularité n'a d'ailleurs pas empêché Abdoulaye Wade de tenter de créer en juin 2011 un poste de vice-président en vue de permettre à son fils de lui succéder, selon ses opposants.
Sous la pression populaire et internationale, il fera marche arrière. Père de trois filles, Karim Wade a perdu son épouse française, Karine, décédée en 2009 à Paris des suites d'un cancer.
LE PRESIDENT OUATTARA DESIGNE DIMANCHE CANDIDAT A SA SUCCESSION
Abidjan, 22 mars 2015 (AFP) - Le président ivoirien Alassane Ouattara sera investi dimanche par son parti comme candidat à la présidentielle d'octobre, une élection cruciale pour ce pays qui sort d'une décennie de crise politico-militaire et qui a renoué ces dernières années avec forte croissance économique.
Plus de 6.000 membres du Rassemblement des républicains (RDR), sa formation, sont attendus dimanche au palais des sport de Treichville (un quartier d'Abidjan) pour un Congrès extraordinaire de désignation aux allures de plébiscite:
Alassane Ouattara, 73 ans, n'a pas de concurrent, ni même d'adversaire, au sein du RDR. "Ce congrès va sonner le départ d'une large campagne, pour la réélection du président Alassane Ouattara dès le premier tour à un taux de 75%", a assuré à l'AFP le député RDR Adama Bictogo, président du comité d'organisation.
- Croissance très forte -
Le président ivoirien, arrivé aux affaires au terme d'une crise postélectorale sanglante, causée par le refus de l'ex-chef de l'État Laurent Gbagbo de reconnaître la victoire de M. Ouattara à la présidentielle de novembre 2010, s'est fixé 2020 comme horizon.
Face à une opposition divisée, il est d'ailleurs favori du scrutin d'octobre. "J'ai trouvé un pays complètement en ruine, effondré, qui avait et a besoin d'être reconstruit, expliquait-il à l'AFP en juin 2013 lors d'un voyage au Japon. J'ai indiqué clairement que je ne suis pas sûr de pouvoir finir ce travail dans le temps qui me reste et que vraisemblablement je briguerai un second mandat".
Après une décennie de crise politico-militaire, marquée par la partition du pays, ayant laissé la Côte d'Ivoire exsangue, l'ancien vice-président du Fonds monétaire international (FMI) peut se vanter d'une réussite économique certaine en quatre ans de règne.
Sous sa houlette, la Côte d'Ivoire, premier producteur mondial de cacao, a retrouvé une croissance très forte, d'environ 9% par an entre 2012 et 2014, soutenue par un investissement public fort. Le troisième pont enjambant la lagune d'Abidjan, chantier monumental désormais en fonction, constitue le symbole de son premier mandat.
Ses soutiens lui tressent des lauriers, tel le ministre du Plan Albert Toikeusse Mabri, qui louait mardi le "leadership éclairé" de ce "gagneur", cet "homme providentiel", lors d'une conférence régionale qui avait justement pour thème l'"émergence".
Alassane Ouattara a fait de l'"émergence" - un fort développement économique et social - son objectif pour la Côte d'Ivoire en 2020. Une ambition dont se gausse l'opposition, qui critique une mauvaise répartition des fruits de la croissance.
Le président Ouattara peut également se flatter d'avoir accompagné l'apaisement de la Côte d'Ivoire. Plus de 3.000 personnes sont mortes en cinq mois de violences postélectorales entre décembre 2010 et mai 2011.
Mais son action pour la réconciliation demeure en l'état critiquée. La commission vérité et réconciliation, censée provoquer une catharsis dans la société ivoirienne par l'audition de victimes et de leurs bourreaux, n'a débouché sur rien de concret.
Les témoignages, souvent très émouvants, n'ont pas été retransmis à la télévision comme prévu.
- 'Justice des vainqueurs' -
De même, aucun cadre pro-Ouattara n'a été inquiété pour son rôle dans la récente crise alors que des exactions ont été commises par les deux camps, nourrissant les accusations de "justice des vainqueurs".
L'ex-Première dame Simone Gbagbo a été condamnée le 10 mars à 20 ans de prison pour "attentat à la sûreté de l'État" au terme d'un procès dont la Fédération internationale des droits de l'Homme (FIDH) a pointé les "insuffisances", notamment l'"absence d'éléments de preuve probants".
Alassane Ouattara est également accusé par ses détracteurs de "verrouiller" le processus électoral, à l'image de l'ex-président de l'Assemblée nationale sous Laurent Gbagbo, Mamadou Koulibaly, qui dénonce une volonté de "se garantir une victoire trop facile".
Le Parti démocratique de Côte d'Ivoire, allié du RDR, a décidé de ne pas présenter de candidat en octobre pour garantir la victoire du président sortant, au nom d'un hypothétique renvoi d'ascenseur lors de la présidentielle de 2020, provoquant la colère de certains de ses cadres.
Quant au Front populaire ivoirien (pro-Gbagbo), dont des cadres sont inquiétés par la justice, on ne sait s'il présentera un candidat. Une coalition anti-Ouattara, aux contours encore flous, composés de membres de l'opposition et de la majorité, dont des frondeurs du FPI et PDCI, a également vu le jour mercredi. Mais son poids n'est pas encore connu.
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JEAN ROCHEFORT RÉSUME "MADAME BOVARY" DE GUSTAVE FLAUBERT EN LANGAGE DE JEUNES
Jean Rochefort bien assit sur son fauteuil, parle de Madame Bovary, l'une des œuvres majeures de Gustave Flaubert en langage de jeunes
La vidéo a été publiée sur YouTube et résumée comme suit:
La vérité Jean Roch balance son premier feat avec les boloss des belles lettres !!!!! Il envoie sans aucune pression les bails littéraires façon gros moonwalk sur la piste avec ce classique posé : Madame Bovary, par Gustave Flaubert !
Me Amath Bâ brise le silence. Le bâtonnier de l'ordre des avocats, qui est l'invité du quatrième numéro de Grand Format du groupe Sud Communication, tire la sonnette d'alarme sur les risques que le procès de Karim Wade pourrait avoir sur l'image de la justice sénégalaise mais aussi sur sa démocratie.
Dans cette interview exclusive réalisée le 27 février dernier, l'avocat suggère également la révision de tout le dispositif de lutte contre la corruption.
Parce que, selon lui, "la volonté politique n'est pas suffisamment forte pour aller le plus loin possible dans la lutte contre la corruption".
Mieux, ajoute-t-il, "les poursuites ne doivent être politisées, sélectives et attentatoires aux libertés fondamentales, aux droits des gens".
LES LIGNES DE TIDIANE KASSÉ
DEVENEZ DES HÉROS
Ce que les "Lionceaux" ont réussi en renversant toutes les sentences sans sursis, ne peut réellement marquer le football sénégalais que si ce dimanche est un jour de sueur, de rires et de larmes à la fois
L'Histoire (la grande) peut ressembler à une course vaine vers l'infini. Quand toutes les quêtes s'évanouissent et que les itinéraires finissent toujours dans le vide, le perpétuel recommencement de l'échec vous fait penser à une sorte de damnation qui condamne à rester en marge des grands destins qui se façonnent. Le football africain va sur ses soixante ans et le football sénégalais n'y a laissé que de vagues souvenirs. Jamais il n'a réussi à fixer des repères pour marquer une époque.
La finale de la Ja en Coupe de la Caf en 1998, suivie d'une autre finale des "Lions" lors de la Can-2002 ne sont que des pointillés. Ce sont les vainqueurs qui avaient écrit l'histoire.
Ce dimanche, le trait sera un peu plus rempli, quand les juniors auront disputé la première finale du Sénégal dans cette catégorie.
Qu'il serait alors merveilleux de voir se tracer une ligne pleine et franche, sanction d'un premier titre continental, plutôt que de nouveaux pointillés pour rappeler le finaliste.
La qualification des "Lionceaux" rappelle que les plus belles histoires sont celles qu'écrivent les hommes dits sans histoire. Quand on les découvre, elles enchantent. Elles apportent du neuf là où les sentiers battus ont fini d'ennuyer. Une finale Ghana-Nigeria aurait été une fade évidence. Voilà que le Sénégal impose une autre lecture du football africain, ouvrant des perspectives nouvelles, donnant un autre sens au réel.
On est comme face à un "Big bang". Une sorte de commencement quand n'existe que le néant. On a encore du mal à saisir d'où tout cela vient, mais les belles œuvres ne s'expliquent pas. On les savoure. C'est la force de l'instant présent. Le "making of" viendra plus tard.
Comme sous le burin du sculpteur, la création part souvent d'une masse informe. Les lignes se dessinent ensuite, les traits se détachent et les contours commencent à donner vie et mouvement. On semble assister à un tel enfantement, avec la progression des "Lions" depuis leur première sortie de route devant le Nigéria.
Ainsi donc, un football des jeunes dont on a du mal à sentir la réelle existence, est en train de bousculer les doutes dans lesquels on l'a enfermé. Et l'impressionnant aboutissement auquel sont parvenus les "Lionceaux", avec une qualification en finale du Chan des U23, montre que si l'histoire se façonne avec des idées, elle s'écrit par les actes.
Au début de cette compétition, le 8 mars dernier, parier sur Roger Gomis et compagnie aurait ressemblé à une grosse blague. Ni leur préparation ni leurs capacités intrinsèques, encore moins leur cheminement au cours de ces deux dernières années, ne pouvaient fonder des certitudes carrées.
Depuis plusieurs mois, aussi bien les dirigeants fédéraux que l'encadrement technique avaient limité leurs ambitions au "miracle" d'une demi-finale. Voilà que la volonté des jeunes transforme leur maigre semis en belle moisson. C'est comme jeter du plomb dans la forge, pour se retrouver avec de l'or entre les mains. Et peut-être même avec un joyau lumineux au doigt, si les "Lionceaux" maintiennent le foyer à incandescence, dimanche, face aux "Flying Eagles".
Violer l'histoire, dit-on, est permis. "A condition de lui faire un enfant", avait ajouté Alexandre Dumas.
Ce que les "Lionceaux" ont réussi en renversant tous les préjugés, les prémonitions et les sentences sans sursis, ne peuvent réellement marquer le football sénégalais que si ce dimanche est un jour de sueur, de rires et de larmes à la fois.
Les "Lions" de 2002 ont écrit une légende. C'est beau, ça se raconte encore, mais rien n'en atteste dans un coin de l'armoire à souvenirs, sinon un fanion échangé entre Aliou Cissé et Rigobert Song avant le coup d'envoi.
Plus qu'une légende, les "Lionceaux" sont appelés à écrire une histoire.
Ne la ratez pas, jeunes hommes. Sinon, demain, il ne restera plus rien de vous. Vous êtes trop jeunes pour faire des vedettes, devenez alors des héros !
Satisfait des primaires du Pds, à l’issue desquelles son fils, Karim Wade, a été désigné candidat du parti pour la prochaine présidentielle, l’ancien Président Abdoulaye Wade a encore laissé éclater sa colère. S’il se considère comme un non-violent, il met en garde ceux qui seraient tentés de le pousser ‘’à bout’’.
‘’Je suis capable diriger un mouvement de libération dans le maquis, a-t-il déclaré à l’issue du bureau politique du Pds transformé en congrès d’investiture de Karim Wade. Je suis vieux mais j’ai le courage de mes idées. Si Macky confisque le pouvoir, je peux appeler l’armée à intervenir.’’
S’il assure garder ce potentiel de nuisance, celui qui se qualifie de ‘’vieux jeune’’ assure que ce n’est pas la voie qu’il privilégierait. Il y a quarante ans, rappelle l’ancien Président, alors opposant à Léopold Senghor, il fustigeait, dans un article, la prise du pouvoir par les armes.
Et, rappelle-t-il, ce ne sont pas les occasions qui ont manqué. Wade confie, une nouvelle fois, que de nombreux pays qu’il s’est gardé de citer, lui auraient proposer de lui larguer des armes sur une partie du sol sénégalais de son choix, afin de lui permettre de s’emparer du fauteuil de Senghor. Il déclinera toujours les propositions d’insurrection. Gardant le cap d’une opposition républicaine, pacifique, jusqu’à son élection en 2000.
Le Pds est sur la même ligne. Et la tenue de son congrès, ‘’dans l’unité’’, en est une preuve. ‘’Les oiseaux de mauvais augure avaient prévu un clash au sein du Pds lors de ce bureau politique. Ils avaient tout prévu’’, ironise Wade. Comme pour dire qu’il ne s’est rien passé de tel.
Son fils Karim Wade désigné candidat du PDS pour la prochaine présidentielle, Abdoulaye Wade met au défi l’APR de Macky Sall, l’AFP de Moustapha Niasse et le PS de Tanor Dieng de faire autant pour choisir leur candidat.
C’est fait. Karim Wade est désigné, à l'issue d'un Bureau politique transformé en Congrès extraordinaire, pour porter les couleurs du Parti démocratique sénégalais (PDS) à la prochaine présidentielle. En effet, sur les 268 votants, composés des membres de différentes fédérations, dont celles étrangères, Karim Meïssa Wade a enregistré 257 voix, contre 7 pour Amadou Kane Diallo, et 1 respectivement pour Amadou Seydi et Mountaga Guèye. Doudou Dieng, le 5ème candidat en lice n’a reçu aucune voix. Tandis que 2 bulletins nuls ont été enregistrés.
Les militants qui se sont fortement mobilisés ont tressailli de joie à l’annonce du résultat du scrutin qui n’était pas une surprise. Satisfait et galvanisé par ce choix, Abdoulaye Wade n’en attendait pas moins. Pendant le dépouillement, des militants surexcités scandaient : "Karim président, Karim président". A l’annonce du verdict, c'était l’extase à la permanence Oumar Lamine Badji qui était grouillante de monde.
Prenant la parole, l’ancien président s'est dit très satisfait de la qualité du "processus ouvert et démocratique" qui, selon lui, n’existe nulle part au monde. Ni en France ni chez les démocrates américains dont il a dit assister à l’investiture depuis 15 ans, minimisant du coup, la fiabilité du vote électronique en cours de l'autre côté de l'Atlantique. Abdoulaye Wade a aussi insisté sur le fait que l’urne n’a pas été bourrée, comme savait bien le faire le PS à l’époque.
"Ce choix s’est fait selon un processus démocratique, transparent, en public, en présence des militants, des délégués et même de la presse", s’est félicité le chef de file du PDS, à l’issue d’un scrutin qui lui permet de se donner bonne conscience.
Benno bokk yaakaar défiée
"Un choix ne peut être plus démocratique que ce que nous venons de faire. Ça n’existe nulle part au monde", a ajouté Wade devant ses militants. Il considère même que c’est un exploit des temps révolus que vient d’accomplir le Parti démocratique sénégalais. "C’est une tradition qu’on ne retrouve qu’à Rome, il l y a 2000 ans. C’est l’Agora. Je suis fier d’être à la tête de ce grand parti, un parti qui donne l’exemple, un parti courageux qui affronte ses militants, qui ose demander à ses militants de choisir son candidat", s’est félicité le pape du Sopi.
Le vote s’est en effet déroulé devant un parterre de militants et de sympathisants, de la presse nationale et internationale qu’il a voulu prendre à témoin par rapport à ce qui venait de se passer. Dans l’euphorie, Abdoulaye Wade, plein d’humour, a mis au défi ses adversaires politiques de faire autant. En effet, il a appelé expressément Macky Sall et ses alliés à procéder de la même façon que le PDS pour le choix de leur candidat à la prochaine présidentielle.
"Nous venons de donner l’exemple. Il appartient aux autres de faire ce minimum Macky Sall, Moustapha Niasse. Nous les invitons à faire comme nous. Mais s’ils ne le font pas, nous allons considérer leur candidat comme imposé par les bureaux politiques de leurs parti", a lancé Abdoulaye Wade à l’endroit de la majorité. Il a estimé que ce que vient d’accomplir son parti à travers ce choix de Karim n’est pas seulement un acquis du PDS, mais du peuple sénégalais tout entier.
King Fahd Palace Hôtel
Ironique, Wade ne s’est pas contenté de lancer un défi à ses adversaires, il leur promet aide est assistance du PDS pour la réussite de leurs primaires. "Nous serons prêts à les aider techniquement à organiser les primaires ouvertes et démocratiques", a-t-il dit entre un large sourire et le tonnerre d’applaudissement des militants médusés et acquis à sa cause. Relevant que même les fédérations les plus reculées ont participé à ce vote, pour s’en féliciter.
Il s’est, par contre, permis de dire à l’endroit des autres parti : "On n’organise pas un congrès avec des militants qu’on va ramasser à Guédiawaye, dans la banlieue." Revenant sur le King Fahd Palace Hôtel (ex-Méridien Président) qui a refusé la salle à son parti pour la tenue de ce congrès, Wade a dit qu’il aurait pu porter plainte contre l’établissement qui serait, sans doute, condamné. Mais, il ne voulait pas de cette option.
Il a rappelé que cet hôtel était pendant longtemps géré par des étrangers et que c’est lui, alors président de la République, qui l’a arraché de la main des étrangers pour le confier aux Sénégalais. Mais, aujourd’hui, ces mêmes Sénégalais lui refusent d’y tenir son congrès. Toujours est-il que les frais de location (3 millions) qu’ils avaient versés leur ont été rendus avec la note de refus.
Rendez-vous après le Verdict
Les primaires se sont bien déroulées. Un candidat est élu. Mais, ce n’est que la première manche de la bataille qui est gagnée pour le PDS. Le plus difficile est assurément devant. Karim Wade est choisi comme candidat à la présidentielle. Mais seulement, il n’est pas à ce jour un citoyen libre. Détenu depuis environ deux ans pour enrichissement illicite, il a été jugé par la Cour de répression de l’enrichissement illicite, (CREI) qui donnera son arrêt lundi 23 mars.
Si le tribunal suit la réquisition du parquet, c’est que le candidat choisi du PDS ce dimanche purgera une peine de 7 ans avec une amende de 250 milliards francs CFA et la perte de ses droits civiques. Donc il ne peut pas sur le plan constitutionnel être candidat. Dans ce cas, le parti démocratique devra se trouver un autre candidat pour faire face à l’actuel chef de l’Etat qui est porté par une coalition avec laquelle, il gère le pouvoir depuis 2012 (la coalition Benno Bokk Yakaar; BBY).
Mais les libéraux avaient déjà promis qu’ils ne croiseront pas les bras si Karim Wade est condamné lundi. Parlant justement de l’arrêt de la CREI , Wade espère que le pouvoir en place ne tentera pas d’empêcher les militants du PDS d’aller au tribunal écouter la délibération. Ce, d’autant plus que depuis quelques jours les autorités gouvernementales sont aux aguets. Les forces de l’ordre sont mobilisées et promptes à interpeller des membres du parti qui s'agiteraient d'une certaine manière.
Tout compte fait Abdoulaye Wade a demandé à ses militants de se rendre au tribunal comme lui-même, lundi, d écouter le l’arrêt de la Cour et de rentrer tranquillement chez eux comme ils sont venus sans rien casser. Il a promis qu’après la délibération de la CREI, il fera face à ses militants pour faire "un commentaire" tout comme d’autres aussi en feront. On se dirige, en toute vraisemblance, vers un lundi très mouvementé.