Le tribunal correctionnel de Rufisque a connu d'une affaire, hier, opposant Adama Seydi à ses deux enfants, tous des mineurs. Cette dernière, poursuivie pour tortures sur ses enfants de moins de 15 ans, sera fixée sur son sort le 18 mars prochain.
Méchanceté, frustration, désespoir… Les mots ne suffisent pas pour qualifier les agissements intolérables d’Adama Seydi à l’égard de ses deux enfants âgés de moins de 15 ans. Sous prétexte de les éduquer, elle les avait brûlés à l’aide d’une cuillère qu’elle avait chauffé elle-même.
Des accusations réitérées par A. Sow père d’un ami d’un des fils de la mère qui, dans sa déclaration, a révélé : «Un jour, A. Camara était en compagnie de mon fils, mais il avait du mal à marcher correctement. Lorsque ce dernier l’a interrogé sur les raisons de son comportement, il lui a montré des brûlures avant d’accuser sa maman d’en être l’auteure». Sur ce, ajoute A. Sow, son fils qui avait invité son ami à venir s’installer chez lui finit par tout lui raconter. Et pour éviter l’infection des brûlures, M. Sow l’avait amené à l’hôpital avant de se présenter chez A. Seydi qui, croyant que ce dernier est un agent de la police, a reconnu son forfait.
Des propos confortés par A. Camara qui raconte : «Souvent on passe la nuit à la belle étoile. J’ai fui car ma mère est toujours absente de la maison. Et à chaque fois qu’elle se présente, elle est de mauvaise humeur et nous violente régulièrement. Ce jour, nous n’avions rien fait. Elle nous a enfermés dans la chambre avant de nous frapper. Pire, elle a chauffé une cuillère jusqu’à ce qu’elle devienne rouge, elle a enlevé nos vêtements et tamponné chacun à trois reprises. Elle a brûlé nos dos et deux côtes. Et j’ai tout raconté à mon ami qui m’a beaucoup aidé avec son père».
Des allégations reconnues par la mise en cause, selon qui, ses enfants sont belliqueux. Elle remue ciel et terre pour leur offrir une bonne éducation en vain. Elle a agi de la sorte pour les éduquer. «Avec leur âge, ils veulent devenir des voleurs. La preuve, ils ont pris le portefeuille de leur maîtresse avant d’aller prendre 6 000 francs chez le boutiquier du quartier», dit-elle. Le plus âgé a 11 ans. Il est issu du mariage de son défunt époux et vivait avec sa grand-mère jusqu’en 2013. Elle vient de le récupérer afin de le redresser.
Pour le procureur, A. Seydi est une mère irresponsable, d’une méchanceté démesurée. Il a requis un mois ferme à son encontre.
L’affaire sera vidée le 18 mars prochain.
«AUJOURD’HUI CE SONT SEULS LES DOMAINES AGRICOLES COMMUNAUTAIRES QUI PEUVENT PERMETTRE DE CREER DES EMPLOIS MASSIFS»
JEAN PIERRE SENGHOR, COORDONNATEUR NATIONAL DU PROGRAMME DES DOMAINES AGRICOLES COMMUNAUTAIRES (PRODAC)
Idrissa Benjamin SANE (Correspondant) |
Publication 12/03/2015
Sortie exclusive du coordonnateur national du programme des domaines agricoles communautaires (Prodac) quelques mois, après sa nomination à la tête de ce nouveau programme. Jean Pierre Senghor dit avoir comme objectif, de garantir la sécurité alimentaire au Sénégal. Toutefois, celui qui a reçu publiquement les félicitations du chef de l’Etat à Sédhiou de préciser qu’aujourd’hui «seuls les Domaines agricoles communautaires peuvent permettre de créer des emplois massifs et de résorber les sous-emplois ». Selon M. Senghor, un Dac peut générer 10.000 emplois directs, au minimum 120000 emplois. Entretien…
Pourquoi le Programme des domaines agricoles communautaires (Prodac) au Sénégal ?
Ça c’est une question intéressante. La justification, elle est simple. Vous savez notre agriculture souffre de plusieurs types de contraintes pour ne pas dire de maux. Premièrement, vous savez que depuis toujours nos producteurs travaillent sur trois mois, quatre mois et puis avec le peu qu’ils gagnent, ils sont obligés de vivre 12mois. Vous ne pouvez pas travailler trois, quatre mois, le peu que vous avez gagné, vouloir vivre avec le reste de l’année. C’est pour ça qu’on a toujours eu des difficultés avec le monde rural et que dans la plupart du temps, on a des périodes de soudures et les gens n’ont pas de quoi manger. Et donc, tout le monde est en train de dire, voilà, il faut moderniser les exploitations familiales et personne ne peut vous dire comment les moderniser. Vous n’allez pas entrer dans les familles pour donner des tracteurs à chacun. C’est pour ça qu’il y a le second pilier. Toutes les exploitations familiales que nous avons souffrent de la contrainte climatique, du fait qu’on ne compte que sur l’hivernage. Quand il ne pleut pas assez, forcément ce sont des situations difficiles en milieu rural qui parfois aboutissent à des périodes de soudures qui peuvent être difficiles. Donc, de plus en plus, les gens se réfèrent, en tout cas, à l’irrigation. C’est pour ça que depuis le début des années 2000, au Sénégal, on a lancé cette agence-là sous l'appellation de Reva. Ce n’était pas une mauvaise idée cette agence. Aujourd’hui elle s’appelle Anida (agence nationale d’insertion et le développement agricole). Elle a commencé à vulgariser et à développer des fermes villageoises. Mais, la contrainte de Anida, c’est une petite agence qui n’a pas beaucoup de moyens, ni des moyens financiers, ni assez de ressources humaines. C’est pour ça que le président de la République a dit : l’Etat va reprendre l'idée avec les grands domaines, qui est un modèle tout à fait nouveau. Il (Macky Sall) dit : "on va créer de grands domaines. Vous savez que ce qui a développé l’agriculture ouest-américaine au 19ème siècle, c’est ce modèle-là, les domaines irrigués ça s’appelait. C’est l’Etat qui dit on va prendre de grands espaces, on va créer de véritables pôles de compétitivité. On a choisi dans le pays des sites avec deux critères : l’existence de l’eau et l’existence de grands espaces. Et quand on a, avec les services spécialisés de l’Etat déconcentrés comme centraux, pu choisir 10 sites, 30000 hectares. Ce sont les collectivités locales qui vont attribuer ces terres-là au Prodac.
Comment maintenant fonctionne un Dac ?
Lorsque vous avez déjà choisi un hectare, une personne plus trois en incubation, donc sur chaque hectare, on place quatre emplois. C’est très important ce ratio-là parce que c’est un ratio presque universel. Ici les trois, c’est un hectare, une personne et les trois sont en formation. Cette formation, elle est importante parce qu’on mobilise l’expertise nationale pour former dans des métiers de l’agriculture, de la production végétale, de la production animale, de la production aquacole, les gens ont besoin d’être formés. Et on vous forme pendant 6, 18, 24 mois indépendamment du système de production. Ces jeunes en incubation, leur mission c’est quoi quand ils auront terminé leur formation, ils ne sont pas obligés de rester à l’intérieur. Ils sortent appuyés en cela par les instruments de développement qui ont été mis en place par l’Etat : le Fongip, la Bnde…pour aller s’installer dans les exploitations familiales et les moderniser.
Pour les 5ans, vous avez besoin de combien d’hectares de terres dans tout le pays ?
Nous, on a demandé 30.000 hectares pour 5ans. Est-ce que vous vous souvenez de Sen huile Sen éthanol, ils avaient demandé 20.000 hectares dans un coin du pays. Nous, on a dit 30.000 hectares pour 5ans sur l’ensemble du pays, ça correspond à 1,33% des superficies totales cultivées chaque année, c’est rien du tout. Khelcom, c’est pratiquement 45.000 hectares, nous, on a dit 30.000 hectares pour 5ans sur le territoire national. Pour vous montrer la faisabilité de cette affaire-là et sa pertinence. Lorsque vous avez 30.000 hectares, si vous aménagez ensemble les 30.000 hectares au bout de 4ans, 30.000hectares, c’est 30.000 emplois tout de suite sur le ratio un hectare, une personne. Or comme je vous l’ai dit, la charte dit pour chaque hectare et pour chaque tuteur, il faut trois jeunes en incubation. Donc, sur l’ensemble des 30.000hectares, vous avez 90.000 c'est-à-dire 3X30.000 ça fait 90.000 jeunes en formation. Donc tout de suite à l’intérieur du domaine agricole, vous avez 30.000 emplois + 90.000 emplois en formation ça vous fait 120.000 emplois directs. Et là, je ne parle que de la production végétale. Je ne parle pas de la production animale, je ne parle pas de la production des métiers de la transformation, je ne parle pas des conditionnements, je ne parle pas de la mise en marché, je ne parle même pas des emplois connexes qui sont créés. Donc pour vous dire qu’on est dans des hypothèses basses.
Le Prodac est-elle une solution à l’autosuffisance alimentaire au Sénégal ?
Moi, je ne parle pas d’autosuffisance parce que pour moi l’autosuffisance, c’est un but qu’on veut atteindre, mais on contribue à l’atteindre. Ce qui m’intéresse moi, c’est la sécurité alimentaire d’abord. Parce qu’on a toujours besoin de choses qu’on ne produit pas. Les pommes, je vais les importer parce que je ne peux pas les faire. Il y a des productions que nous, on ne fera pas, ailleurs aussi, il y a des produits que nous, nous faisons ici : des mangues qu’on exporte par certains pays. Donc, moi je pense que la notion la plus importante, c’est plutôt la sécurité alimentaire. Qu’on ne soit pas dans un pays où les gens ont faim. Donc nous c’est la sécurité d’abord, l’autosuffisance après. Pour moi, ce n’est pas important l’autosuffisance. Si, on arrive à mettre en place un système de production et de transformation, une chaîne de valeur complète qui permette aux gens de ne pas se mettre dans une situation où ils n’ont pas de quoi manger, on a déjà réglé vraiment 98% de nos problèmes sur la sécurité alimentaire. En plus, le Prodac est aujourd’hui le seul programme qui est capable d’engranger des emplois massifs en milieu rural. Ça va transformer structurellement notre économie rurale, ça va inverser la tendance de la courbe, le sens de la courbe de sorte qu’on ne parlera plus d’exode rural, on parlera d’exode urbain parce qu’on va atteindre un niveau où on arrivera à un moment où les gens vont quitter les villes vers les pôles de compétitivités que le Prodac va contribuer à créer. Et ça, ça va changer complètement le visage du Sénégal parce qu’en plus, dans les domaines agricoles, nous avons les mouvements, on crée une base de vie parce que vous ne pouvez pas mobiliser les gens aussi dans des zones comme Keur Momar Sarr, Keur Samba Kane, des zones reculées, des jeunes surtout, si vous n’avez pas une base de vie. C’est carrément de nouvelles villes rurales que le Prodac va mettre en place, où il y a création d’emplois, création de richesses. C'est beaucoup d’emplois qui vont être créés. C’est ça qui va contribuer à augmenter la base productive du pays. Le slogan que nous avons c’est : « Tekki ci mbey, tèèd ci, teraal ci ».
Chaque Dac produit combien d’emplois ?
On part sur le nombre d’hectare parce que un Dac ça va de 1000 hectares à 5000 hectares. Prenons un Dac moderne de 1000 hectares, ce sont 10000 emplois, rien que dans la production sur la base de l’équation que je vous ai donnée. 1000 hectares, ce sont 1000 emplois tout de suite. A cela, il faut ajouter 3X1000 emplois cela veut dire 3 jeunes en formation sur 1000hectares ça fait 3000 emplois, c’est 3000 qu’il faut rajouter aux 1000 ça fait 4000 emplois à l’intérieur du Domaine agricole. Les 3000 sont formés mais ils sortent pour aller créer leurs propres business et chaque business créé, c’est deux emplois. Donc 3 x 2000 ça fait 6000 emplois hors Dac. Ces 6000 emplois hors Dac, vous les rajoutez aux 4000 ça fait 10.000 emplois directs en s’amusant. Aujourd’hui, c’est le seul secteur qui peut nous permettre de créer des emplois massifs et de résorber les sous-emplois pour ne pas dire le chômage.
A Sédhiou où le besoin se fait sentir, le Dac de Séfa que le chef de l’Etat a récemment inauguré peut créer combien d’emplois ?
Le Dac de Séfa peut créer 20.000 emplois facilement au bout de 4ans, on peut créer 20.000emplois tout de suite, rien que dans les espaces de production. Ce qu’il faut savoir, c’est que, nous allons spécialiser la zone de Séfa en zone de production de semence de qualité pour l’ensemble du pays. Les semences de maïs surtout, c’est pour ça que nous avons mis en place une station d’essai de semence où nous avons testé plusieurs variétés, surtout de maïs mais également d’autres spéculations comme le blé, le soja, comme l’arachide, le piment, le gombo…plusieurs variétés de cultures et lorsqu’on aura procédé à la sélection de la meilleure variété qui adapte le mieux à notre biotope, on passe à l’étape production. Cette année, on a démarré avec le maïs, nous allons installer des unités qui vont transformer, qui vont conditionner les produits et créer de la valeur ajoutée. Le piment du Pakao par exemple, le gombo du Pakao, la patate douce du Pakao, des produits labélisés. Donc, c’est ça en fait le domaine agricole.
A l’occasion de la cérémonie inaugurale du Dac de Séfa, le chef de l’Etat avait souligné vos qualités et vos compétences. Vous vous attendiez à de tels compliments venant de Macky Sall ?
Non pas du tout, non ! Recevoir des félicitations du président de la République, c’est déjà un grand honneur, mais en plus les mots gentils qu’il a eus à mon endroit…je pense que c’est un encouragement pour moi-même, mais surtout pour toute mon équipe aussi bien de l’équipe de Dakar mais aussi de Sédhiou qui a abattu un travail considérable. Je profite de l’occasion pour féliciter le chef de projet, Ismaël Diallo qui est un homme de conviction, un homme d’expérience qui a su vraiment donner un visage intéressant à cette vision du chef de l’Etat. Vraiment c’est toute une équipe qui a travaillé et nous y croyons tous. Je crois que ce sont des encouragements qui nous disent simplement qu’on a plus le droit de reculer. C’était très émouvant, c’était très intéressant et ça franchement c’est mon équipe.
Le «Rewmi» de l’ancien Premier ministre Idrissa Seck est de plus en plus attractif, à moins de deux ans de la prochaine élection présidentielle. Il continue d’enregistrer des ralliements sur toute l’étendue du territoire national.
Le parti de l’ancien numéro 2 du Pds, Idrissa Seck, a vrament le vent en poupe. Après les ralliements qu’il a enregistrés à Dakar, Kaffrine, Tambacounda, entre autres localités, le «Rewmi» vient d’être renforcé par l’adhésion d’un groupe de riches commerçants issu de régions différentes.
Ce groupe a été reçu par Déthié Fall, Vice-président de «Rewmi», qui multiplie les initiatives politiques dans le dessein de faire de son mentor le prochain président de la République.
Au sortir de leur rencontre avec le lieutenant d’Idrissa Seck, Abdourahmane Syll, porte-parole du groupe de commerçants, a indiqué : «Moi, je ne suis pas commerçant. Je suis un étudiant qui a décidé de cheminer avec le 'Rewmi'. C'est par mon entremise que ces commerçants ont été reçus par Déthié Fall. Ce sont de grands électeurs. Ils ne sont pas venus dans le parti pour des intérêts. Ce sont de riches commerçants qui voyagent un peu partout dans le monde. Ils sont à l'abri du besoin».
M. Syll d'ajouter : «D'ailleurs, ils comptent participer à la massification de 'Rewmi'. Ils ont été convaincus par le programme d'Idrissa Seck. Ils ont constaté que le Président Macky Sall n'est pas à la hauteur. Et ils sont catégoriques là-dessus. La seule alternative crédible, c'est le président Idrissa Seck. Il a les qualités humaines et intellectuelles pour diriger le Sénégal».
«Rewmi» va lancer des consultations citoyennes
A l’en croire, «le président Idrissa Seck est la solution idéale. Nous avons décidé de le soutenir avec fermeté. Nous irons partout où il le faudra pour amener les populations à voter pour Idrissa Seck en 2017. Nous allons ratisser large».
Il faut signaler qu’il y a eu d’autres adhésions à Tambacounda. De jeunes «apéristes», avec à leur tête Amadou Ba, ont décidé de rejoindre le «Rewmi». «Rien n'a été fait à Tambacounda. Le président Idrissa Seck est un homme d'Etat. Nous avons confiance en lui. On va se battre pour qu'il gagne les prochaines élections dans notre localité», a souligné M. Ba.
Interpellé sur ces nouveaux ralliements, Déthié Fall s'est réjoui de voir les populations, de «manière spontanée», «venir en masse rejoindre la plateforme de solutions aux urgences nationales». Avant de révéler : «D'ailleurs, nous allons, très prochainement, débuter la première phase des consultations citoyennes, à travers la mise sur pied de groupes de réflexions, sur des thèmes majeurs : l'agriculture, l'éducation, l'emploi, l'énergie, la réforme des institutions et l'efficacité de l'action publique, etc.».
CES MILLE ET UN MAUX QUI ETOUFFENT KOLDA
ENCLAVEMENT, MAUVAIS ETAT DES ROUTES, DIFFICILE ACCES AU CREDIT, MYSTICISME…
Malgré son érection en région il y a plus de trois décennies, Kolda tarde à s’envoler véritablement et se morfond dans son statut de région parmi les plus pauvres au Sénégal. Elle est dans un dénuement total, ne possède pas d’usine capable d’accueillir une jeunesse totalement désoeuvrée. Ses routes sont en mauvais état. Ce qui ne contribue guère à la sortir de son enclavement. Alors qu’elle est dépourvue d’infrastructures sociales de base, Kolda est contrainte de traîner la mauvaise réputation de dévoreuse de maires. Le mysticisme est passé par là. «L’AS» vous amène à la découverte d’une région où tout est priorité.
LE MAL-ETRE DE LA JEUNESSE KOLDOISE : une jeunesse «bridée» par le sous-développement
La ville de Kolda compte 82 650 habitants, selon le rapport de l’Agence nationale de la Statistique et de la Démographie de 2013. Elle a une population relativement jeune. Mais si dans beaucoup de parties du monde la jeunesse rime avec espoir et un avenir radieux à l’horizon, les jeunes de la capitale du Fouladou n’ont comme débouchés que l’armée ou l’enseignement, à défaut de la célèbre moto de transport communément appelée «Djakarta». Ces propos sont de Malamine Cissé, président du conseil départemental des jeunes qui regroupe toutes les associations de jeunes de la région.
D’après lui, le véritable problème des jeunes Koldois est l’accès à l’emploi et à une formation adéquate, pour pouvoir s’insérer dans le tissu économique de la région qui regorge de potentialités. Pour Seydou Wane du Congad, les travaux d’infrastructures dans la région ont révélé la faiblesse des ressources humaines dans le département. «Il y a très peu de jeunes qui ont été employés dans les chantiers car les compétences qui y étaient requises réclamaient un certain niveau de qualification. Et nos jeunes qui sont souvent initiés à l’enseignement général n’étaient pas aptes à remplir ce travail d’ouvrier spécialisé. Il faut mettre en adéquation l’environnement économique avec la formation des jeunes Koldois», ajoute-til. 16 heures au quartier Sikilo, le soleil brûle les principales artères.
Devant une maison, une bande de jeunes se prélasse. Pour Mame Balla Kane, la lutte contre le sousemploi ne doit pas être l’affaire des seules autorités, mais aussi celle des jeunes qui doivent se prendre en main. «Nous voulons créer une association dénommée «Kolda ma fierté» pour mettre fin à la situation de chômage. Nous voulons aussi les sensibiliser sur les risques liés à la conduite des motos Djakarta qui poussent beaucoup d’élèves à abandonner leurs études», déclare-t-il avec véhémence. Et son ami Amadou Aidara de renchérir en déplorant le fait qu’aucune politique n’ait été mise en place pour favoriser l’entrepreneuriat des jeunes, avec un meilleur accès au crédit pour qu’ils puissent développer leurs activités. «Les garanties exigées par les banques pour démarrer une activité sont trop exorbitantes. Ce qui décourage souvent les jeunes qui veulent se lancer dans un projet de développement », se plaint-il.
D’après Daouda Sidibé, premier adjoint au maire, la ville envisage de mettre en place un fonds de Crédit Mutuel Municipal (Cmc) dédié aux jeunes et aux femmes afin de les aider à monter leurs projets. C’est un engagement ferme de la nouvelle équipe municipale afin de développer les potentialités de la commune dit-il. Pour une région agricole et sylvo-pastorale comme Kolda, la création d’instituts et d’universités agricoles permettra de fixer cette jeunesse qui, à défaut d’une alternative au chômage chronique, prendra le chemin de l’exil, avertit un responsable politique.
KOLDA : BILAN DU CONSEIL DES MINISTRES DECENTRALISÉ D’AVRIL 2013 : quand les graines de promesses tardent à germer
Les engagements pris par le gouvernement de Macky Sall il y a deux ans, lors du conseil des ministres décentralisé de Kolda, tardent à se réaliser aux yeux des populations du Fouladou. Elles espèrent que la mise en pratique de ce programme triennal permettra de développer les énormes potentialités de la région
200 milliards FCfa ! Si ce chiffre ne dit rien à la plupart des Sénégalais, en revanche il résonne comme l’espoir déçu d’un décollage annoncé pour beaucoup de Koldois. En effet, lors du conseil des ministres délocalisé du 17 avril 2013, le gouvernement avait promis un programme d’investissements de 200 milliards pour toute la région. Mais près de deux ans après, cette promesse qui a suscité d’énormes espoirs est restée lettre morte. Les Koldois sont las d’attendre la concrétisation de cette mesure, selon Malamine Cissé, président du Conseil départemental de la jeunesse.
A l’en croire, la mobilisation autour de la tournée économique du chef de l’Etat n’en valait pas la peine, puisque la ville n’a obtenu que l’inauguration du pont qui faisait partie du package du programme américain Millenium Challenge Account et du programme Kolda ville d’indépendance de 2009. Ce sentiment est partagé par l’ensemble des Koldois.
FABOULY GAYE DEPLORE UN DEFAUT DE COMMUNICATION
Premier adjoint au maire, Daouda Sidibé estime que les gens vont vite en besogne car ils pensent que cette somme va être décaissée d’un seul coup, alors qu’il s’agit de l’ensemble du budget pour le développement de toute la région. «La plupart des travaux d’infrastructures d’envergure comme la route nationale 6 (Ziguinchor, Tanaf, Kolda Vélingara) et le pont Abdoul Diallo ont démarré sous Macky Sall. Même si les financements datent de l’ancien régime, leurs réalisations sont à comptabiliser dans le bilan du Président Macky Sall qui a lancé ces ouvrages pour le bien des populations de Kolda», indique-t-il. Pour expliquer cette déception des populations du Fouladou, Fabouly Gaye, ancien Président du conseil régional de Kolda, déplore un défaut de communication dans cette affaire. «On a fait croire aux gens qu’on va déverser toute cette manne, alors qu’on devait leur faire comprendre qu’il s’agit d’investissements pour développer la région. Et pour éviter toute confusion, l’Etat doit faire savoir aux populations qu’il s’agit d’un programme triennal », dit-il. Toujours selon le responsable libéral, cette situation montre les difficultés des Koldois à saisir les différents projets prévus à l’issue de ce conseil des ministres. «Des projets comme le lycée technique, le stade régional de Kolda, les deux ponts de Sarre Kemo et de l’Ilel ont été versés dans le programme triennal, alors qu’ils étaient tous en voie d’achèvement. Donc, l’Etat gagnerait à éclairer les Koldois sur les vrais projets ficelés dans ce programme pour la localité».
Pour Seydou Wane, chef de la cellule locale du Conseil des Organisations non gouvernementales d’Appui au Développement (Congad), toute initiative des autorités visant à améliorer la situation économique est à saluer. «Si les nouvelles autorités, à travers ce plan, veulent s’inscrire dans une nouvelle dynamique de développer le département, il faudrait l’encourager. En outre, chaque fois que les autorités du pays sont venues ici, on a noté des avancées dans beaucoup de domaines», soutient-il. Et enfin pour Fabouly Gaye, compte tenu des énormes potentialités dont regorge la région de Kolda, il est plus qu’urgent de mettre en place de vrais investissements pour permettre à la population de sortir de l’ornière.
CARNET DE ROUTE SUR LA RN º 6. : 256 km dans l’enfer du sud
La route Tambacounda-Vélingara-Kolda, en réfection depuis deux ans, est un vrai supplice pour les habitants de la Casamance. Avec une chaussée délabrée, des déviations et pistes non balisées, cette voie d’accès devient un véritable calvaire pour les hommes et les machines.
Pour rallier Kolda en provenance de Tambacounda, nous empruntons la Rn6. Le ronflement du moteur de la Toyota trouble la quiétude de la flore et de la faune qui s’éveillent aux abords de la route nationale (Rn6). Les quelques rares camions s’échappent devant nous à vive allure, à destination de Mandat Douane.
La douceur de la campagne cède peu à peu la place aux va-etvient des femmes qui s’affairent devant leurs concessions. A Mandat Douane, une petite cabane en dur sert de poste de contrôle aux gabelous. Des gros porteurs attendent sur le bas côté. La chaussée défoncée ne présente que quelques portions de bitume. La chair rouge de cet itinéraire laisse apparaître de gros trous et autres multiples cratères. Cette route à l’allure d’un vrai fromage gruyère met au supplice les voitures et leurs passagers. A certains endroits, d’épais troncs et de gros engins obstruent poussant les automobilistes à emprunter les nombreuses déviations en rase campagne. «La chaussée est en travaux », nous révèle un compagnon de voyage visiblement habitué de ce parcours. Un panneau blanc avec l’inscription «allumez les phares» annonce la couleur. La poussière enveloppe la voiture et ne laisse poindre que quelques lueurs qui apparaissent sous le manteau ocre. La poussière s’infiltre à l’intérieur de l’habitacle, poussant les voyageurs à s’abriter derrière des ouvertures et autres serviettes. Aux portions peu roulantes, la voiture s’engage sur les pistes rurales non balisées. Les nombreux cahots du véhicule mettent à mal les corps et les machines. Aux abords de Vélingara, la chaussée en meilleur état laisse un moment de répit aux passagers. Après un passage à la station-service, le véhicule continue sa randonnée mécanique et le calvaire redémarre.
Le chauffeur, comme dans un rallye, tente de maîtriser la voiture ballottée par les nombreuses cavités et autres trous. A une allure réduite, la voiture roule vers Kolda. Les premiers rayons de ce début de matinée dorent la végétation luxuriante qui s’étend des deux côtés de la route. De temps en temps, ils éclairent quelques camions garés au bord de la route victimes d’ennuis mécaniques. Les organismes sont mis à rude épreuve. De rares engins de terrassement çà et là tentent de redonner une seconde vie à la route en mauvais état. Au loin, des bâtiments, émergent de la poussière. Il s’agit du Lycée Technique de Kolda qui laisse échapper son effectif pour les besoins de la recréation. Fin du périple pour les explorateurs de la route nationale Nº6 que nous sommes. Des silhouettes saupoudrées descendent de la voiture, enfin délivrées de l’enfer du sud.
MYSTICISME A KOLDA : quand la politique se heurte aux croyances populaires
La superstition a fini de faire du fauteuil de maire de Kolda une vraie malédiction pour son occupant. Mais pour certains responsables de la ville, c’est une tentative de détourner les jeunes de la chose publique.
Les légendes ont souvent fait la notoriété de beaucoup d’endroits du globe. Mais à Kolda, à défaut d’un animal ou d’un être exceptionnel. Le chat noir n’est autre que le fauteuil du premier magistrat de la ville. Selon la rumeur, tous les occupants de ce poste finissent de manière tragique ou risquent d’être gravement malades. «Je ne crois pas à ce genre de choses. Nous ne sommes pas dans cela. Nous n’accordons aucune importance à ce genre d’histoires», fulmine d’entrée Daouda Sidibé, premier adjoint au maire de Kolda. Les déboires des anciens maires Bécaye Diop, Makhtar Kébé, Demba Koita, Yéro Kandé et Dicory Diop, qui ont tous été éprouvés par le sort, suscitent diverses interrogations dans ce terroir attaché aux traditions. Mais d’un autre côté, la pression sociale, l’âge avancé, les nombreuses charges politiques, la fatigue peuvent être autant de facteurs dégradants pour la santé de tout un chacun, affirme Seydou Wane du Congad. D’après lui, beaucoup de maires souffraient de maladies chroniques avant d’occuper le fauteuil de maire. «L’ancien maire Makhtar Kébé était hypertendu, donc les nombreuses sollicitations liées à ses fonctions n’ont pas arrangé les choses», a-t-il révélé.
Quant à Fabouly Gaye, il voit dans cette rumeur une tentative de la vieille garde politique d’éloigner les jeunes de la chose publique. «Je vois dans cette histoire une tentative de manipulation d’un certain groupe qui veut faire de la mairie sa chasse gardée. Je ne pense pas qu’il y ait une quelconque malédiction», clame-t-il. Les anciens maires de la ville étaient de vrais politiques et se préoccupaient peu de leur santé, ce qui leur a causé souvent des problèmes. Mais pour Tapa Dia qui se dit témoin privilégié du magistère de ces maires, un mystère entoure leur maladie. «Dicory Diop a été emporté par une hémorroïde incurable. Yéro Kandé, le député, a perdu la vue à l'Assemblée nationale, un jour, alors qu'il était en pleine session au Parlement...», témoigne le vieil homme dans les colonnes de «L’Observateur».
CETTE CROYANCE MYSTIQUE EST FORT ANCREE DANS LE FOULADOU
Et selon un notable du quartier Bouna, cette croyance mystique est fort ancrée dans le Fouladou. C’est ainsi que dans les années 90, il y avait un député très craint par ses adversaires politiques. Car on disait ses parents très versés dans ces pratiques occultes. Selon la légende, il était en possession d’une corne magique qu’il lui suffisait de pointer sur un adversaire pour s’en défaire. Et à la fin, personne n’osait lui disputer son fief électoral, dit le vieil homme. Toutefois, pour monsieur Gaye l’arrivée d’une nouvelle génération d’hommes politiques à Kolda, en la personne du maire actuel Abdoulaye Baldé, montre que les jeunes ont tordu le cou à ce vieux serpent de mer réduit au stade de rumeur
COMMERCE À KOLDA : une activité plombée par l’enclavement
Profitant de la tournée économique du président de la République à Kolda, les commerçants de la localité ont réclamé une meilleure prise en compte de leurs difficultés. Lesquelles difficultés ont pour nom l’enclavement de la zone et les conditions difficiles d’accès au crédit. C’est un préalable pour pouvoir enfin exploiter les énormes potentialités du département.
11 heures : dans la poussière la rue principale en chantier, qui mène au centre-ville de Kolda, un groupe de passants se dirige vers le marché central, au coeur de la ville de Kolda. Près de la mairie, les automobilistes et les motocyclistes manifestent leur impatience à coups de Klaxons. Les passants se faufilent entre les étals et les nombreuses échoppes qui bordent le marché central. Les enseignes des magasins de commerce et des banques et sociétés d’assurance surplombent la rue principale. Le soleil darde ses rayons ardents sur les étals où trônent fièrement les ballots de friperie, des accessoires de mode et matériels électroniques. L’odeur piquante des poissons séchés et des nombreux fruits et légumes donne au marché une atmosphère particulière.
Véritable poumon de la ville, le marché vit et vibre au rythme de la santé économique de la capitale du Fouladou. Ainsi si le marché tousse, c’est toute la ville qui est malade. «A part le transport par motos jakarta, aucun secteur économique n’est prospère à Kolda», dit le cordonnier Ibrahima Diallo qui tente de
redonner une seconde vie à une vieille chaussure. Selon les commerçants, les maux qui plombent leurs activités sont l’enclavement, le faible pouvoir d’achat des populations, le manque d’unités de conservation des produits et de financements. Son ami Alioune Diouf, gérant d’un magasin d’accessoires de lits, lui emboîte le pas. «On passe des jours à attendre des livraisons via la Gambie ou Tambacounda, car toutes les voies d’accès à la ville sont exécrables. Même si la route de Vélingara à Kolda est en réfection, le département manque de voies d’échanges, ce qui entrave réellement notre activité. En outre, avec la crise le faible pouvoir d’achat de la population se répercute sur notre activité, avec un chiffre d’affaires
carrément en baisse depuis quelque temps», se désole-t-il.
12 heures : les voitures et autres motos continuent leur sérénade mécanique sur cette artère. Les quelques bicyclettes, comme des funambules, se faufilent entre les voitures, au risque de renverser les clients distraits. Aux clameurs des microphones, se mêlent les cris des marchands qui cherchent d’accrocher les passants. Devant son magasin de vente d’oignons, Khadim Guèye est plongé dans la lecture de poèmes de Khadimou Rassoul. Derrière son comptoir, il dresse la situation de son commerce. «Je les fais venir des villages environnants de Kolda avant de les revendre à 300 francs le kilogramme. Mais malheureusement, les clients font défaut en ce moment. On peut dire que les prix sont abordables ici à Kolda. Malgré la forte chaleur de Kolda, nous n’avons pas d’unités de conservation des légumes et de fruits. S’ils sont avariés, nous sommes obligés de les jeter à la poubelle. Ce qui constitue souvent un énorme manque à gagner», déplore-t-il. Avant d’ajouter que si la situation persiste, il compte déplacer son commerce vers d’autres cieux plus cléments. Fatima Mballo, gérante d’un magasin de denrées alimentaires, embouche la même trompette pour dénoncer la léthargie des autorités locales et nationales face à la morosité du commerce à Kolda. «Nous faisons face à d’énormes difficultés à cause de l’enclavement qui limite notre rayon d’action. L’accès au crédit est aussi problématique. Les garanties qu’exigent les banques sont trop contraignantes pour nous permettre de développer notre commerce. Nous voulons seulement un meilleur accompagnement des pouvoirs publics pour nous permettre de mieux mettre en valeur les énormes potentialités de la localité», plaide-t-elle.
Pour Abdou Diouf, président du marché, cette situation doit être mise en rapport avec la conjoncture mondiale marquée par la crise économique. «La situation est difficile pour tout le monde et dans toute activité économique on passe par de très mauvais moments. Même si les difficultés de financement et l’accès difficile certaines zones constituent un problème, ils ne sont pas insurmontables pour des hommes d’affaires entreprenants», déclare-t-il avant de rappeler que «la seule chose qu’il faut demander aux autorités, c’est de résorber le déficit de cantines qui entrave la bonne marche de ses activités. De l’avis de Fabouly Gaye, ancien Président du Conseil Régional (Pcr) de Kolda, les commerçants de Kolda doivent essayer de diversifier leurs offres. «Ils ne doivent pas se contenter de stocker et de revendre. La région regorge d’énormes potentialités qui peuvent être transformées et exploitées. Donc, ils doivent faire preuve d’ingéniosité pour se prémunir des aléas de la conjoncture économique », dit-il. Mais pour le premier adjoint au maire, Daouda Sidibé, des efforts sont en train d’être accomplis par la nouvelle équipe municipale pour améliorer la situation du commerce à Kolda. «Nous avons engagé les travaux de finition du nouveau marché de Kolda et d’un centre commercial qui vont assurer aux commerçants d’un outil de travail de qualité. Ces nouveaux ouvrages vont permettre aux opérateurs économiques de bénéficier d’un cadre adéquat pour développer le commerce dans la ville», rassure-t-il.
TROIS QUESTIONS A FABOULY GAYE, RESPONSABLE PDS : «Kolda est un îlot de richesses qui accueille une population pauvre»
Au regard des énormes potentialités de la région de Kolda, le responsable politique libéral Fabouly Gaye attend de l’Etat la mise en place d’une vraie politique de développement agro-pastoral de la zone.
Malgré les nombreuses potentialités dont il regorge, Kolda n’arrive pas à asseoir les bases de son développement. Selon vous, où se situe le problème ?
«Les ressources naturelles de Kolda sont mal exploitées. Leur valorisation laisse souvent à désirer car les plus-values ne restent pas à Kolda. Les fruits bruts que nous envoyons à Dakar nous reviennent sous la forme de jus de fruits. Il y a un manque criant de ressources humaines pour les mettre en valeur. A cela s’ajoutent les problèmes de l’enclavement avec des routes en mauvais état ou insuffisantes. En fin de compte, on peut dire que Kolda est une terre de paradoxe. Parce que Kolda est un îlot de richesses qui abrite une population pauvre.
Les différentes rencontres comme le conseil interministériel d’avril 2013 et la tournée économique de cette année ne sont-elles pas un début de solution pour la région ?
A mon avis, Il aurait dû attendre la fin de tous les travaux avec la réalisation des routes Kolda- Tanaf et Madina –Mbanda, pour se pencher entièrement sur le sort de Kolda. Il est bon de lancer des travaux d’infrastructures. Mais il serait mieux aussi de mettre l’accent sur des filières d’activités économiques
porteuses de croissance comme le riz avec la vallée de l’Anambé qui pourra ravitailler tout le Sénégal en riz, puisque les militaires à eux seuls ont récolté 162 tonnes. Aussi, la création de zones prioritaires d’investissements dotées d’équipements agricoles conséquents est nécessaire pour sortir Kolda de la pauvreté et de la misère.
Le chef de l’Etat a pourtant visité l’ Anambé et a promis de développer la filière riz. N’est-ce pas un pas dans la bonne direction ?
Pour développer ce secteur d’activité qui est le riz, il faudrait des mesures courageuses comme la fermeture des frontières. Car on a beau vouloir privilégier les variétés locales, si la concurrence asiatique persiste, son essor sera toujours entravé. J’attends de l’Etat une vraie politique de valorisation de la production locale, qui pourra même être étendue à l’oignon, à la transformation des produits locaux. Je suis sûr qu’avec ses nombreuses richesses agricoles, Kolda a un grand rôle à jouer dans ce programme d’autosuffisance alimentaire si toutes les énergies sont mobilisées dans ce sens.
Face à l'impasse dans lequel se trouve le nouveau projet du code de la presse, le Cored entend réécrire la partie relative à la dépénalisation du délit de presse.
Dans le débat relatif au vote du nouveau code de la presse, le Conseil pour l'observation des règles d'éthique et de déontologie (Cored) entend jouer sa partition. Le code qui dort dans les tiroirs de l'Assemblée nationale depuis belle lurette n'est pas encore voté du fait de l'article stipulant la dépénalisation du délit de presse.
Suffisant donc pour que le Cored monte au créneau afin de décanter la situation. "Nous actualisons le projet de loi portant sur le code de la presse par rapport au contexte que nous vivons", a déclaré hier le chargé de communication du Cored, Mamadou Thior, lors d'une rencontre entre le Conseil national de régulation de l'audiovisuel (Cnra) et la convention des jeunes reporters.
Le chargé de communication du Conseil pour l'observation des règles d'éthique et de déontologie est revenu sur l'article qui a bloqué et qui continue de bloquer l'adoption du projet de loi portant sur le code de la presse. "L'article qui a empêché l'adoption de cette loi depuis 2005, c'est celui sur la dépénalisation. Pourtant, ce projet de loi est composé de plus de 200 articles".
Ainsi, selon Mamadou Thior, les représentants du peuple n'ont pas pris connaissance du projet de loi. "Les députés n'ont pas pris la peine de lire le projet de loi portant sur la presse. Ce sont plusieurs dizaines d'articles et pourquoi c'est uniquement celui de la dépénalisation qui pose problème ?" s'interroge-t-il.
Pour le chargé de communication du Cored, "le journaliste est une personne comme les autres. Il n'est pas au-dessus de la loi. Donc, il peut-être jugé par le tribunal des pairs, s'il commet un délit. Surtout que des sanctions qui peuvent aller jusqu'à la radiation total du journaliste sont prévues", a-t-il précisé.
Sur un autres registre, le Cored va prendre en compte la Télévision Numérique Terrestre (TNT) parce que lors de la rédaction du projet de loi portant sur le code de la presse, on ne parlait pas encore du TNT et les radios communautaires étaient à leurs premiers balbutiements, à en croire le journaliste Thior de la RTS.
"Nous allons réécrire une partie de ce projet de loi pour prendre en compte des aspects qui n'existaient pas lors de la rédaction du projet de loi portant sur le code de la presse", a-t-il révélé. Dans sa lancée, le chargé de Com du Cored d'ajouter : "Nous allons repartir dans les prochains jours vers le gouvernement parce que c'est lui qui fait les projets de loi".
VIDEO
UN "TÊTE D'OR" AFRICAIN JOUE À PARIS, UN AN APRES BAMAKO
Paris, 12 mars 2015 (AFP) - "Tête d'or" de Paul Claudel joué par des Africains comme une oeuvre contemporaine qui parle du jihad et du despotisme: c'est le pari de Jean-Claude Fall, qui monte la pièce à Paris avec 15 comédiens maliens pendant un mois au Théâtre de la Tempête, un an après sa création à Bamako.
"La pertinence de la pièce saute aux yeux aujourd'hui", a expliqué à l'AFP son metteur en scène Jean-Claude Fall. "J'ai fait de Tête d'or un personnage qui peut ressembler à des figures de jihadistes aujourd'hui, avec un pouvoir de fascination extraordinaire, la fascination qu'un monstre peut exercer".
Tête d'Or a été écrit en 1889, peu après la conversion fameuse de Paul Claudel le jour de Noël 1886 à Notre-Dame ("j'étais debout, près du deuxième pilier"....). "C'est un Claudel jeune, rebelle, en lutte contre la religion qui est en train de l'envahir et qui est complètement sous l'influence de Rimbaud, de Shakespeare, un Claudel presque violent", décrit Jean-Claude Fall.
Accablé par la pensée matérialiste des années 1880 (déjà!) Claudel transfigure ses aspirations spirituelles dans la destinée de Tête d'or, un conquérant qui s'empare du pouvoir avant de mourir en reconnaissant sa vanité.
Pour Jean-Claude Fall, c'est "un aventurier qui a tout perdu et qui, dans une situation où la tribu est attaquée, prend le pouvoir, tue le roi, devient le despote et met en place des règles qui renvoient les femmes à la maison et appellent les hommes à la guerre.
Il emmène tout le monde vers une guerre de conquête folle, à la fin de laquelle il va rencontrer la figure qu'il cherche depuis toujours, qui est la mort". Jean-Claude Fall revendique une lecture politique de la pièce et s'affranchit de la mise en scène légendaire et poétique de Jean-Louis Barrault à la création en 1959.
"Claudel sait que sa pièce est politique", assure-t-il. "Il y a dans Tête d'or une posture critique et à la fois fascinée pour un ordre ancien qu'il faudrait rétablir. Quand les Allemands ont demandé à la Comédie-Française de monter "Tête d'or", il a refusé les droits en expliquant que certes, les valeurs de Hitler et Mussolini ressemblent aux valeurs de Tête d'or, mais qu'elles en sont une caricature".
- le sable de l'Afrique -
Jean-Claude Fall n'a pas atterri à Bamako par hasard: l'ancien directeur du TGP de Saint-Denis, où réside une importante communauté malienne, est le fondateur en 1989 du festival Africolor, un des plus importants festival de musique africaine urbaine au monde.
"Quand j'ai travaillé sur la pièce, je me suis rendu compte qu'elle ne parlait pas d'une France qu'on connait aujourd'hui. J'ai pensé à l'Europe de l'Est, la Russie, des régimes où le despotisme est très présent, où le rapport à Dieu est très passionnel, le rapport au spirituel très violemment présent, et plus encore j'avais pensé à l'Afrique."
A Bamako, lors de la création, "le public africain était persuadé que c'était une pièce écrite par un auteur africain!" Jean-Claude Fall a travaillé avec BlonBa, la troupe la plus active sur le plan théâtral et politique dans le pays, avec des acteurs aguerris et pour certains très connus au Mali, comme le rappeur Ramsès Damarifa (Tête d'Or), le joueur de flûte peul Cheick Diallo, les acteurs
"Kass" alias Hamadoun Kassogué et "Banyango", alias Nouhoum Cissé. A la création, la pièce était jouée en décors naturels, dans un petit bois, une paillote et au bord du Fleuve Niger. A Paris, le spectateur sera aussi invité à se promener dans le théâtre dans trois lieux, "avec une constante: le sable rouge de l'Afrique".
Lorsque la pièce a été montée à Bamako, "c'était très tranquille, on a absolument pas eu peur, aujourd'hui on serait plus vigilant, mais plus déterminé aussi", assure le metteur en scène, qui espère monter une tournée africaine de la pièce. "L'auto-censure, c'est la victoire de la terreur".
VIDEO
LE GRAND JURY AVEC JEAN-FÉLIX PAGANON
L'AMBASSADEUR DE LA FRANCE AU SÉNÉGAL ÉTAIT L'INVITÉ DE MAMADOU IBRA KANE
Maire de Yoff et responsable de l’Alliance pour la République (Apr) à Dakar, Abdoulaye Diouf Sarr ne veut pas se laisser perturber par la candidature de Khalifa Sall à la présidentielle de 2017. Il est convaincu que le maire socialiste de Dakar ne peut pas empêcher le Président Macky Sall de rempiler en 2017. Abdoulaye Diouf Sarr a tenu ces propos hier à Yoff Ndenate, lors d’une tournée de mobilisation pour la conquête de Dakar. Décidé à barrer la route au maire de Dakar qu’il juge prétentieux, le ministre du Tourisme s’engage au premier rang de ce combat.
Le combat pour la conquête de Dakar est lancé par le ministre du Tourisme et des Transports aériens Abdoulaye Diouf Sarr, par ailleurs maire de la commune de Yoff. Dans le cadre d’une tournée dans les différentes localités de sa commune, il a sonné la mobilisation des troupes en vue de la prochaine élection présidentielle. «Le processus est déclenché pour que Dakar se remette debout, pour qu’en 2017 nous puissions avoir les meilleurs résultats», a indiqué Diouf Sarr devant ses militants. Et dans ce combat politique, l’adversaire à abattre n’est personne d’autre que Khalifa Sall.
Dans un discours à peine voilé, Abdoulaye Diouf Sarr accuse l’édile de Dakar de vouloir utiliser la mairie de la capitale pour se forger une crédibilité politique et accéder à la magistrature suprême. «Ce qui n’est pas possible», tranche-t-il. Et pour cause, il considère que la candidature de Khalifa Sall n’est pas d’une dimension nationale qui puisse ébranler la certitude d’une victoire au premier tour du Président Macky Sall. N’empêche, il invite les 19 communes d’arrondissement de Dakar à faire bloc pour barrer la route à celui qui, dit-il, veut utiliser Dakar pour se positionner.
Dans ce combat, indique Abdoulaye Diouf Sarr, il faut un général pour diriger les troupes afin d’éviter de partir en rangs dispersés. Même si Khalifa Sall a remporté les dernières locales, cette élection s’est faite sans sa commune qui avait fermé ses portes à ce dernier, dit-il.
Revenant sur l’élection du Président Macky Sall en 2012, sur la base du programme «Yonou Yokkouté» devenu le plan Sénégal émergent (Pse), Abdoulaye Diouf Sarr estime que ce plan est en marche avec des résultats probants. «Quand on va vers l’émergence et que des gens veulent nous distraire pour stopper le processus, c’est tout le Sénégal qui doit se lever pour dire non. Donc, réélire le Président Macky Sall en 2017 est un besoin important pour maintenir le cap vers l’émergence. Ce sera du gâchis si on laisse des prétentieux nous barrer la route», tonne le maire de Yoff avant d’enfoncer le clou : «il faut stopper la route aux prétentieux qui veulent stopper le train de l’émergence. C’est impérieux et urgent et je serai le premier lieutenant à barrer la route à ces prétentieux».
Par ailleurs, Abdoulaye Diouf Sarr a affiché son ambition de marquer d’une pierre blanche son magistère à la commune de Yoff. Son souhait, souligne-t-il à ses administrés, est de voir sa commune présenter le meilleur bilan parmi toutes les 19 communes d’arrondissement au terme de son mandat. Ce qui passe par des réalisations et des programmes d’appui aux jeunes et aux femmes. A ce sujet, il a annoncé la pose prochaine de la première pierre du quai de pêche de Yoff. Aux femmes de sa localité, il a promis de mettre à leur disposition des lignes de crédit à travers les structures de financement des jeunes et des femmes.
LE PRÉSIDENT GNASSINGBÉ PEUT BRIGUER UN TROISIÈME MANDAT
Lomé, 12 mars 2015 (AFP) - La cour constitutionnelle du Togo a validé mercredi soir la candidature du président sortant Faure Gnassingbé, qui briguera donc un troisième mandat le 15 avril malgré les protestations de l'opposition et de la société civile.
Jean-Pierre Fabre, considéré comme le chef de l'opposition togolaise, à la tête de l'Alliance Nationale pour le Changement (ANC), apparaît comme le principal rival de M. Gnassingbé pour ce scrutin.
Trois autres opposants, qui avaient déposé leur candidature devant la Comission électorale indépendante (CENI) avant la date limite du 1er mars, ont également été autorisés à se présenter.
"Après l'examen des dossiers, tous les postulants remplissent les conditions fixées à l'article 62 de la Constitution", a déclaré la cour dans un communiqué. Depuis une modification de la Constitution en 2002 par le général Gnassingbé Eyadéma, prédécesseur et père de l'actuel président, il n'y a plus de limitation des mandats présidentiels au Togo.
Un projet de loi visant à limiter le nombre de mandats présidentiels avait été rejeté en juin 2014 par le Parlement, où le parti au pouvoir est majoritaire. Les partis d'opposition et la société civile sont descendus plusieurs fois dans la rue, ces derniers mois, pour réclamer une limitation des mandats présidentiels et protester contre un troisième mandat de M. Gnassingbé.
Mais l'opposition togolaise, très divisée, peine à parler d'une seule voix et à mobiliser les foules. Porté au pouvoir par l'armée à la mort du général Eyadéma, qui a gouverné le Togo d'une main de fer pendant 38 ans jusqu'en 2005, Faure Gnassingbé a remporté en 2005 et 2010 des scrutins présidentiels aux résultats contestés par l'opposition.