Exploitant artisanal, Mamadou Dramé est l’interlocuteur désigné par ses pairs. Ce président de la Fédération des orpailleurs de la région de Kédougou revient sur sa compréhension des stratégies de l’Etat et des sociétés minières souvent mises en œuvre au détriment de ses camarades.
Monsieur le président pourquoi les orpailleurs ont-ils senti la nécessité de se regrouper en association ?
La fédération a été créée en 2011. Son but est d’aider les orpailleurs traditionnels et les petits exploitants. Elle ne regroupe que des Gie (Groupements d’intérêt économique), 35 au total, à cette date (l’entretien a eu le 24 février 2015). Nous étions formés pour aider les Gie d’orpailleurs à faire une demande d’exploitation artisanale. Une douzaine de Gie étaient formés.
C’est à la suite de cela qu’on a mis une fédération. A la fin de ce projet, nous avons cherché à pérenniser le projet dans la région en essayant de formaliser les orpailleurs. A partir de là, d’autres Gie ont été formés et ils ont fait des demandes.
Aujourd’hui, beaucoup d’exploitants ont tendance à passer à la petite mine. Mais faute de grands partenaires, ils n’y arrivent pas. Il y a des Canadiens, des Gambiens, des Maliens et des Français qui viennent ici (Tomboronkoto).
Ce sont de petits partenaires. Il y a aussi un projet de l’Onudi (Organisation des Nations-Unies pour le développent industriel) qui couvre le Mali, le Burkina Faso et le Sénégal. Elle veut amener les orpailleurs à exploiter de manière responsable.
Les Gie sont-ils concernés par la mesure de fermeture des sites d’orpaillage ?
Non, mais ici à Tomboronkoto, il y a un seul couloir d’orpaillage. Au mois de mai passé, le gouvernement a décidé de fermer les diouras (site d’orpaillage) brusquement, sans impliquer les orpailleurs et les collectivités locales dans le processus de prise de décision. N’empêche que nous nous sommes dit qu’il faut s’organiser pour exploiter. Les gens parlent ici de l’agriculture.
Nous sommes nés dans l’agriculture, mais la région a une potentialité aurifère. Il faut que nous en bénéficions avant que d’autres ne viennent. Il y a beaucoup de ressortissants de l’Afrique de l’Ouest ici. Ils sont mieux outillés que nous.
Ils sont plus expérimentés que les Sénégalais. Ils ne paient rien. Quand ils seront formalisés, nous ne pourrions rien contre eux.
Y a-t-il parfois des conflits qui vous opposent à des étrangers ?
C’est quand même rare. Ça a eu lieu à Diabougou, dans la région de Tambacounda. Ce conflit opposait des Maliens, des burkinabè à des Sénégalais. Pourtant dans chaque site, il y a des gens qui règlent les problèmes.
Il y a des tomboulmans (agent de sécurité) qui assurent un rôle de policiers dans les diouras. C’est réglementé, traditionnellement parlant. Mais il y a des gens qui s’en foutent. Ils font ce qu’ils veulent.
L’Etat a décidé de confectionner des cartes d’orpailleur. Comment appréciez-vous cette mesure ?
Auparavant, l’Etat disait qu’il allait formaliser les Gie pour leur donner des titres miniers sur des sites d’orpailleurs ne dépassant pas 50 ha. Treize couloirs sont actuellement identifiés dans la région de Kédougou. Le site que mon Gie exploite a cette superficie. Après la fermeture des diouras, les autorités ont fait des simulations entre les orpailleurs traditionnels et ceux qui ont des titres d’exploitation artisanale.
Finalement, elles ont tout confondu alors qu’il s’agit de deux réglementations différentes. Lors de la visite du ministre des Mines et de l’industrie (16 février 2015), nous avons fait un mémorandum. Nous leur avons dit que les réglementations ne sont pas les mêmes. Le ministre nous a demandé de déposer notre mémorandum à la Gouvernance. Ce que nous avons fait. Mais, l’autorité ne nous a même pas répondu.
Nous avons fait la situation des petits exploitants et des propositions sur l’organisation du secteur. Pour avoir la carte d’orpailleur, il faut payer 5 000 francs Cfa, en plus des autres frais de dossiers. Il faut trouver un casier judiciaire, alors que la région n’a pas encore de Tribunal régional.
Je ne maîtrise pas trop le reste. Je sais qu’on peut avoir un permis d’exploitation artisanale, ensuite passer à la mine et devenir demain une société. Je viens de demander une extension de mes 50 ha. Là où j’étais, la teneur en or n’était pas bonne.
Les couloirs identifiés par l’administration des mines sont-ils les bons pour vous ?
Quand le ministre était là, les gens ont cité quelques couloirs. Certains ne font pas l’affaire des populations. Elles vivent de l’orpaillage depuis très longtemps. Ces sociétés sont venues nous trouver dans ces sites, avec un permis d’exploration de l’Etat. Elles veulent nous pousser à quitter.
Comment vous écoulez vos productions d’or ?
Ce n’est pas du tout réglementé. Il n’y a aucun contrôle. Des commerçants viennent de la Guinée, du Mali... On ne sait pas comment ils ont obtenu leur argent. Ça se passe ainsi, parce qu’il n’y a pas de comptoir d’or au Sénégal. Sans cela, la vente ne peut pas être réglementée. Le prix n’est pas fixe.
Parfois, le gramme coûte 18 000 francs Cfa, parfois, 20 000 francs Cfa... Parfois le carat n’est pas bon et on se tourne vers Dakar pour vendre clandestinement à 25 000 francs Cfa le gramme. Parfois, on se demande si le client n’est pas un blanchisseur. Mais personne ne contrôle, parce que ce ne sont pas de grandes exploitations. Donc, il faut que les gens aient leurs titres miniers.
"QUE LES FEMMES COMPRENNENT QUE DANS L’ENTREPRISE, RIEN NE S’OFFRE..."
MARIAM SELLY KANE DIOP, JOURNALISTE, DIRECTRICE DE RTS 2
Mariam Selly Kane Diop, directrice de la Rts 2, lance ce 12 mars un magazine en ligne focalisé sur le genre. Journaliste spécialiste des médias audiovisuels, elle préside, depuis 2011, le Réseau pour le Développement des Femmes du Nord qui est une organisation d’encadrement et d’autonomisation des femmes qui vise à les insérer dans l’entrepreneuriat féminin. Dans cet entretien, la journaliste exhorte les femmes à plus d’audace...
Mariam Selly Kane apparaît de moins en moins sur le petit écran. Qu’est-ce qui l’explique ?
En fait, je suis plus dans l’administration de la télévision que dans la production. Depuis 2012, j’ai été nommée directrice de la RTS 2 qui peine à démarrer ses programmes. Mon équipe et moi avons terminé le montage éditorial de cette chaîne et restons dans l’attente du feu vert de la direction générale. Ce qui est dommage, parce que cette chaîne aurait dû se positionner comme une réponse pertinente à la perte d’audimat de la RTS. Dans ce tournant numérique, la RTS 2 se devait d’être à l’avant-garde des chaînes thématiques pour présenter une offre programmatique aux Sénégalais. Bien sûr, j’ai le loisir de prendre une émission et de la dérouler à l’antenne, mais je m’investis beaucoup dans les nouveaux enjeux de la télévision nationale.
Le Sénégal célèbre, à l'image de la communauté internationale, la journée de la femme, ce 8 mars ; que représente cette date pour vous ?
Je suis de celles qui pensent que la date du 8 mars n’est en fait qu’un rappel, parce que les femmes n’ont pas besoin d’une date pour commémorer leurs actions et leur engagement pour le développement de la société. La célébration de la journée du 8 mars permet cependant de faire le point sur les politiques en vigueur afin de les évaluer pour voir quelles sont les avancées et les limites de ces politiques, d’organiser des panels sur la cause des femmes et de faire des revues conjointes avec les partenaires au développement qui interviennent dans la promotion féminine. Donc globalement, la journée internationale des femmes est un point marqué dans l’agenda annuel qui permet une prise de conscience plus large des hommes et des femmes sur ce qu’est le rôle de celles qui représentent la moitié de la planète, surtout du continent africain, qui ont les vies les plus difficiles.
Une table ronde organisée récemment par l'institut Panos et l'article 19 a mis en exergue la sous-représentativité des femmes dans les sphères décisionnelles au sein des médias. Qu'est-ce qui l'explique à votre avis, si l'on sait que les journalistes femmes sont, pour la plupart qualifiées ?
Avec l’avènement des nouvelles technologies, le monde des médias est devenu un business, cela l’a toujours été d’ailleurs dans les continents comme l’Amérique et l’Europe. Alors à mon avis, il faut appréhender les organes de presse comme de l’entrepreneuriat. Or, on sait que dans le milieu de l’entreprise, rien ne s’offre tout se conquiert. Pourquoi les femmes ne dirigent-elles pas les entreprises de médias ? Tout simplement parce qu’elles ne sont pas assez entrées dans le monde de l’entreprise en général. Mais cela viendra parce qu’effectivement, elles sont très qualifiées et souvent très motivées. En fait, le milieu des médias est un milieu très macho dans le monde entier.
Vous procédez au lancement d'un magazine en ligne dénommé Debbosenegal, dans quelques jours, la semaine prochaine. Qu’est-ce qui a motivé ce projet ?
Ce n’est pas ma première expérience en dehors de la télévision. J’avais eu à lancer en 2008 un magazine d’informations générales et d’analyses économiques dénommé Emergence plus, qui a été une riche expérience pour mes associés et moi. Mais cette fois-ci, il s’agit d’un magazine féminin en ligne qui va présenter la femme sénégalaise et africaine dans tous ses aspects. Notre motivation est de rendre hommage au rôle et à l’action des femmes de notre continent, de leur donner la parole et un peu de visibilité. Il s’agit de permettre aux femmes d’ici et de la diaspora de saisir les opportunités qui s’offrent à elles sur le continent. Elles pourront ainsi mieux entreprendre et mieux s’insérer dans le développement économique de nos pays. Le magazine s’inspire des concepts occidentaux dans sa modernité et le design, mais avec un contenu bien de chez nous qui devra fédérer des femmes de talent sur une plateforme communicationnelle à valeur ajoutée afin de sortir des chantiers battus.
Qu’est-ce que Debbo va apporter de particulier au paysage médiatique ?
Debbosenegal est une initiative d’un groupe de jeunes professionnels qui vivaient au Canada et qui ont décidé de revenir entreprendre au Sénégal dans le domaine de l’informatique. Debbosenegal est un de leurs trois projets en développement. Je les soutiens de même que d’autres professionnels des médias et nous voulons tout simplement animer un peu plus le paysage médiatique sénégalais, lui apporter un peu de fraîcheur et de légèreté dans le cadre d’un magazine consacré aux femmes.
L’EAU INSALUBRE ET LE MANQUE D’HYGIENE PROVOQUENT LA MORT DE 800 000 FEMMES CHAQUE ANNEE
CITES PARMI LES 5 PREMIERES CAUSES DE MORTALITE FEMININE
Les maladies liées à l’eau non potable et au manque de toilettes adéquates sont la cinquième cause de mortalité des femmes dans le monde. Selon les chiffres publiés par l’Organisation internationale de développement Water Aid, ce fléau provoque davantage de décès chez les femmes que le diabète, le Vih/sida ou le cancer du sein, et tue une femme toutes les 40 secondes.
Dans un communiqué rendu public, hier, à l’occasion de la Journée internationale de la femme, Water Aid, présent dans 26 pays d’Afrique, d’Asie, d’Amérique centrale et du Pacifique, souligne avoir identifié les dix principales causes de mortalité chez les femmes dans le monde. En effet, le document indique que les maladies liées au manque d’accès à l’eau potable, aux équipements sanitaires et à l’hygiène de base provoquent par an le décès de près de 800 000 femmes à travers le monde. Soit, la cinquième cause de mortalité des femmes après les maladies cardiaques, les accidents vasculaires cérébraux, les infections respiratoires des voies inférieures et la broncho-pneumopathie chronique obstructive.
380 millions de femmes sans accès à l’eau potable…
Près de 88 % de toutes les maladies diarrhéiques et la moitié de toutes les carences nutritionnelles sont associées au manque d’accès à ces services de base. Aussi, la même source révèle que plus de 380 millions de femmes sur la planète vivent aujourd’hui encore sans accès à l’eau potable, et 1,25 milliard n’ont pas accès à des sanitaires adéquats, respectueux de l’intimité. La vaste majorité des décès liés à un accès insuffisant à l’eau potable et à un assainissement de base, soit quatre sur cinq, survient dans les pays en développement. «Cette situation totalement inacceptable affecte l’éducation des femmes et des filles, leur santé, leur dignité et aboutit bien trop souvent à un décès prématuré qui aurait pu être évité», a dénoncé la directrice régionale de Water Aid Afrique de l'Ouest.
…1,25 milliard n’ont pas accès à des sanitaires adéquats
Pour Mariame Dem, «alors que nous célébrons la réussite des femmes, c’est une véritable honte que tant de femmes, tant de filles se voient privées de leur droit le plus fondamental à l’eau et à l’assainissement». Par ailleurs, souligne-t-elle, ces femmes et ces filles qui n’ont pas d’endroit pour faire leurs besoins risquent davantage d’être victimes de harcèlement ou de se faire agresser. «On estime que les femmes et les filles qui n’ont pas accès à des toilettes passent 97 milliards d’heures chaque année à chercher un endroit sûr pour se soulager», fait-elle remarquer.
Raison pour laquelle, Mariame Dem a plaidé pour que soit défini «un objectif dédié à l’accès à l’eau et l’assainissement parmi les Objectifs de développement durable qui sont en train d’être négociés à l’Organisation des Nations unies (Onu), et que ces services de base soient inclus dans les objectifs portant sur la santé, l’éducation et l’égalité hommes-femmes».
«LA CREI N'EST PAS TOTALEMENT ACCEPTEE DANS NOTRE COMMERCE JURIDIQUE ET JUDICIAIRE»
ME SERIGNE KHASSIMOU TOURE, AVOCAT A LA COUR
Ibrahima SALL, Barka Isma BA |
Publication 09/03/2015
Ténor du barreau sénégalais, Me Serigne Khassimou Touré plaide. L'avocat, spécialiste des grands dossiers, donne, avec une certaine érudition, l'avis du juriste sur la légalité ou non de la Crei, l'indépendance de la justice dans le cadre de la séparation des pouvoirs et le régime politique de l'Etat. Dans l'entretien qui suit, Me Touré fait le procès de la société sénégalaise, réinterroge ses fondamentaux à la lumière de la fameuse sortie d'Abdoulaye Wade contre Macky Sall et sa famille.
Comme tous les Sénégalais, vous avez suivi le procès de Karim Wade et ses co-acusés. De manière globale, quel commentaire faites-vous de la manière dont la traque des biens mal acquis est menée ?
Les avis sont partagés sur cette affaire. Pour les uns, c’est une chasse aux sorcières, pour les autres, il s’agit de faire les comptes, c’est ce que l’on a appelé la reddition des comptes. Les uns ont déploré la manière dont cette traque est faite, les autres ont dit que cette traque se fait conformément aux lois et règlements en vigueur. Pour ce qui me concerne, personnellement, je pense que - et j’ai eu l’occasion de le dire sous d’autres cieux - que la manière avec laquelle la traque aux biens mal acquis est menée peut laisser planer beaucoup de doutes et de scepticisme sur sa finalité. Certains ont déploré la manière sélective dont cette traque aux biens mal acquis est faite. On a dit que, depuis que l’ancien Procureur spécial, Alioune Ndao, à l’occasion de sa fameuse conférence de presse, avait sorti une liste de dignitaires de l’ancien régime, le bilan des poursuites est maigre. Parmi les dignitaires de l’ancien régime, qui ont eu à être cités expressément par l’ancien Procureur spécial, il n'y a que le nom de Karim Wade qui est apparu. Il n'y a que les poursuites contre Karim Wade qui ont pu aboutir à un jugement. Sous cet angle, d’aucuns ont parlé de poursuites sélectives, de chasse aux sorcières sélective, de traque aux biens mal acquis sélective, pour empêcher à un éventuel candidat à l’élection présidentielle future de se présenter et de pouvoir requérir le suffrage des Sénégalais. Sous cet angle, donc, il y a beaucoup de choses à redire. Avant cela, on a longuement eu à épiloguer sur la légalité ou non de la juridiction qui serait chargée de juger les délinquants financiers, ceux qui feraient l’objet de poursuites dans ce qu’on appelle la traque aux biens mal acquis. Une institution qui était tombée en désuétude, qui a été créée en 1981 par le Président Abdou Diouf. Beaucoup ont épilogué sur cette Cour qui a été créée par une loi spéciale pour un but bien déterminé. Pour certains, cette Crei n’avait pas sa raison d’être, et que les juridictions de droit commun étaient compétentes, avaient suffisamment de ressources pour pouvoir organiser des procès de ce genre, organiser les procès relatifs à la reddition des comptes et en tirer toutes les conséquences de droit. Mais, ce débat doit être, aujourd’hui, dépassé.
Pourquoi ce débat doit être dépassé ? Expliquez-nous Maître ?
Le débat sur la légalité ou non de la Crei doit être dépassé, pour la bonne et simple raison, que notre charte fondamentale, la Constitution de la République du Sénégal, a été convoquée par une des parties au procès, à travers ce qu’on a appelé l’exception d’inconstitutionnalité, lorsque la Cour suprême avait été saisie d’un recours. On aurait parlé de question préjudicielle de constitutionnalité en France. Au Sénégal, on a parlé d’exception d’inconstitutionnalité. Et à cette occasion, et conformément à la loi qui organise le fonctionnement de la Cour suprême et du Conseil constitutionnel, ladite Cour, dans sa formation criminelle, avait déféré à la censure du Conseil constitutionnel la l’égalité de la Crei en demandant au Conseil constitutionnel de voir si les textes qui organisent la Crei sont constitutionnels ou pas, sont conformes à notre Constitution ou pas. Mais, ce Conseil constitutionnel est considéré par certains auteurs sérieux comme une juridiction politique avec tout ce que cela comporte comme charge péjorative.
Ce Conseil constitutionnel, après avoir statué, a dit que rien dans notre charte fondamentale n’a été violé par la Crei, et que, par voie de conséquence, la Crei et les textes qui l’organisent sont conformes à notre Constitution. Et le premier enseignement à en tirer, c’est que jusqu’à preuve du contraire - parce que les décisions du Conseil constitutionnel sont des décisions en premier et dernier ressort - il n’y pas de voie de recours devant le Conseil constitutionnel. Après les décisions du Conseil constitutionnel, ces décisions sont versées dans le commerce juridique, et par voie de conséquence, la Crei, aujourd’hui, est dans le commerce juridique et judicaire. Ce débat doit être dépassé. Certes, certains principes standards, certains standards internationaux qui organisent des procès équitables et justes sont mis à rude épreuve, dans le cadre des textes qui organisent la Crei.
Qu’est-ce qui vous gêne véritablement avec cette juridiction ?
Il y a l’absence du double degré de juridiction qui est un droit fondamental. Qui signifie quoi ? De façon sommaire que, si une décision est rendue dans une affaire, et que vous n’êtes pas satisfait de la décision, vous pouvez saisir un palier supérieur, une juridiction supérieure, pour lui déférer la décision qui était rendue et lui dire d’apprécier ladite décision pour savoir s'il y a eu une bonne et saine application de la loi. Cette absence du double degré de juridiction n’est pas totale, elle est même sélective. Je vous donne un exemple : lorsqu’une décision de non-lieu est rendue par la chambre d’instruction de la Crei, une voie de recours est accordée au Procureur spécial pour interjeter appel de ladite décision, alors que ce droit n’est pas accordé aux autres parties en procès. Ce qui est inéquitable. Ce qui ne rencontre pas l’adhésion des juristes qui pensent que le Sénégal, actuellement, qui est en train de consolider ses règles juridiques, sa gouvernance juridique, ne devrait pas s’accommoder de certains principes anachroniques, parce que dépassés. Il y a un autre dysfonctionnement d’organisation de la Crei qui a été décrié, c’est relatif au renversement de la charge de la preuve. Il y a deux types de procès. Pour rechercher la preuve, parfois, on est dans une procédure inquisitoire. Parfois aussi, nous pouvons nous retrouver dans une position récusatoire, et la preuve est un élément essentiel dans un procès, lorsque la charge de la preuve incombe, non pas à l’accusateur, mais à l’accusé.
Pour certains juristes, d’éminents juristes, cela pose problème. Le renversement de la charge de la preuve ne doit plus être mis dans un système démocratique où l’Etat de droit en est le socle, parce que la démocratie ne peut pas aller sans le droit. Le droit ne peut pas aller sans la démocratie. Donc, ce couple droit-démocratie, c’est un couple qui doit aller de pair, c’est un couple qui ne doit pas être fragilisé, c’est un couple qui ne doit pas être piétiné, c’est un couple qui ne doit pas écraser, pour la bonne et simple raison que, si la démocratie, pour parler comme l’autre, est le nerf du système, à l’exclusion de tous les autres, le droit en est le ciment, en est l’âme. Donc, on ne peut continuer à construire un Etat de droit, à poser les charpentes fondatrices d’un Etat de droit, sans que les principes standards qui organisent un procès juste et équitable, ne soient convoqués.
Que prônez-vous alors face à cette situation ?
Le sujet est vaste à ce niveau. Il y a des thèses, il y a des antithèses, et il y a eu une synthèse. La synthèse, c’est de prendre ce qu’il y a de bien dans la Crei et d'en rejeter ce qui est mauvais. Faire une synthèse entre ce qu’il y a de mieux dans notre commerce juridique pour la manière, parce que la corruption est prévue par le droit commun, la procédure est prévue par le Code de procédure pénale, et que, donc, on peut puiser dans la corbeille du droit commun et dans la corbeille qui organise la Crei pour créer une chambre toujours spéciale, mais qui respecterait les principes fondateurs d’un procès juste et équitable.
Est-ce à dire que sur ce dossier vous êtes resté sur votre faim ?
Je suis resté sur ma faim, pour la bonne et simple raison que, quelle que soit la décision qui sera rendue, il y aura toujours un goût d’inachevé, pour la bonne et simple raison que, si on avait pris toutes les dispositions utiles, après avoir peaufiné, tamisé, fait le tri des textes qui organisent la Crei et l’adapter aux contingences actuelles de ce que nous voulons construire, un Etat modèle, un Etat de droit, si ce préalable avait été fait, les décisions qui seraient rendues seraient beaucoup plus comestibles, seraient beaucoup plus digestes, parce qu’il ne faut pas l’oublier, encore une fois, la justice est rendue au nom du peuple sénégalais, et que les décisions de justice qui seront rendues sont avant tout pour une consommation intérieure. Et le drame, ce qu’il faut éviter, c’est qu'avec certaines décisions qui sont rendues, qu’on en vienne à ce que le peuple, pour qui la justice est rendue, commence à douter de ces décisions de justice, commence à remettre en cause ces décisions de justice. Ca va fragiliser, ça va piétiner le couple Etat de droit-démocratie, droit-démocratie. Donc, comme je le disais, je suis resté sur ma faim, comme de nombreux Sénégalais sont restés sur leur faim. Je ne veux pas préjuger de la décision qui sera rendue, mais ce dont je suis sûr, après avoir tâté le pouls de beaucoup de juristes de ce pays, de beaucoup de Sénégalais lambda, c’est que la Crei n’est pas totalement acceptée dans notre commerce juridique et judiciaire
Parmi les ruptures annoncées par le nouveau régime figure en bonne place la séparation des pouvoirs. Y a-t-il véritablement une séparation des pouvoirs au Sénégal ?
La séparation des pouvoirs est un vœu pieux. La séparation des pouvoirs a une longue histoire. Montesquieu en a parlé dans «De l’esprit des lois», d’autres éminents juristes en ont parlé pour dire que pour qu’il y ait équilibre dans l’Etat, il faut que les pouvoirs se contrôlent entre eux, que chacun connaisse son domaine de compétence, et que l’équilibre entre les pouvoirs soit instauré. Et l’on a dit qu’il y trois pouvoirs qui sont consacrés par notre Constitution. Le pouvoir Exécutif, le pouvoir Législatif et le pouvoir Judicaire. Mais, aujourd’hui, ce que nous remarquons, c’est que lorsque le régime en place est un régime présidentialiste, il bouffe les autres pouvoirs qui sont à sa solde. Parce que c’est l’Exécutif qui détient le monopole de la guerre, le nerf de la guerre. Il détient les deniers publics, et il détient le pouvoir de nomination. Ces pouvoirs sont définis par la Constitution. Le pouvoir Exécutif, comme son nom l’indique, exécute, le pouvoir Législatif crée la loi, et le pouvoir Judiciaire est chargé d’appliquer la règle de droit. Mais, pour que ce principe de séparation des pouvoirs ne soit plus un vœu pieux, mais une réalité concrète, il faut que ces pouvoirs, ces différents pouvoirs, aient des compétences bien déterminées.
Chacun pour ce qui le concerne, et que le pouvoir puisse arrêter le pouvoir, pour parler comme Montesquieu. Pour que le pouvoir puisse arrêter le pouvoir, et que l’équilibre des pouvoirs soit une réalité concrète, il faudrait que l’on repense le système de régime politique que nous voudrions pour notre Etat. Certains ont pensé, à juste raison, que le régime parlementaire rationnalisé serait le mieux adapté, aujourd’hui, pour nous. Il y a le régime présidentiel, le régime parlementaire. Aujourd’hui, on a instauré un troisième régime qui semble faire l’unanimité, c’est le parlementarisme rationalisé. Pas trop de parlementarisme, pour qu’il y ait un gouvernement des députés, mais pas moins de parlementarisme, pour éviter que le pouvoir Exécutif règne souverainement sur les autres pouvoirs, exerce sa pression sur les autres pouvoirs.
Donc, si nous pensons mettre en place ce qu’on a appelé le régime parlementaire rationalisé, en donnant pas trop de pouvoirs au Législatif, mais en lui donnant des pouvoirs qui lui permettraient de contrôler les autres corps de l’Etat, ce serait mieux. Ce qui est dramatique comme je le disais, c’est lorsque ça affecte le corps, lorsque ça affecte le pouvoir Judiciaire.
Maître, pouvez-vous être plus explicite ?
Le pouvoir judiciaire a d’énormes pouvoirs. C’est le dernier garant de la liberté. C’est le gardien de la liberté. C’est le gardien d’une bonne application de la règle de droit. Lorsque ce pouvoir est assujetti, cela veut dire que l’Etat de droit est assujetti. Cela veut dire que l’Etat de droit est arrimé à d’autres pouvoirs, à d’autres leviers, et ça devient dangereux pour notre Etat. C’est pourquoi on a parlé d'indépendance de la magistrature, mais j’ai toujours dit, et je suis fondé de croire que l’architecture actuelle du système ne permet pas de promouvoir l’indépendance de la magistrature. Qui en est le président ? Le président du Conseil supérieur de la magistrature, c’est qui ? C’est le président de la République. Le Vice-président du Conseil supérieur de la magistrature, c’est qui ? C’est le ministre de la Justice, Garde des Sceaux. Les magistrats peuvent être promus par des décrets, les pouvoirs qui leur sont conférés peuvent être retirés par un acte administratif.
Et pour sanctionner un magistrat, la formule qui a été empruntée, la formule qui est usitée, on a parlé d’inamovibilité des magistrats du siège, c’est la nécessité de service qui est une formule creuse, qui est une formule biaisée, qui permet de sanctionner un magistrat qui ne serait pas à la solde de ce que le pouvoir Exécutif voudrait qu’il fasse, et on peut le muter à Fongolimbi, pour dire que c’est par nécessité de service. Et malheureusement, il n’y a aucune voie de recours qui est exercée contre cette décision de muter un fonctionnaire de l’Etat dans un poste où il doit officier. C’est le laisser à la distraction du pouvoir public. Et comme j’ai souvent eu à le dire, la question de l’indépendance de la magistrature, c’est une équation à résoudre.
Que faut-il faire pour que cette indépendance de la justice soit une réalité ?
Pour que cette indépendance de la justice soit une réalité, il faut que la volonté politique y soit. On a beau crier sur tous les toits que le pouvoir exécutif n’interfère pas dans les décisions qui sont rendues, mais la réalité est toute autre. Qui définit la politique pénale de ce pays ? C’est le pouvoir Exécutif. L’organisation judicaire est réglementée par quoi ? Par un décret. Un décret pris par qui ? Par le pouvoir Exécutif. Donc, je suis fondé de croire qu’il n’y a pas le départ nécessaire. Il n’y a pas le recul nécessaire entre les pouvoirs pour que chacun puisse jouer et jouir pleinement des prérogatives qui sont rattachées à sa fonction et qui sont consacrés constitutionnellement. Malheureusement, la forme de gouvernement, la forme de régime mis en place dans notre pays ne plaide pas en faveur de l’indépendance de la justice et a fortiori de l’indépendance des magistrats.
Donc, on ne peut parler de séparation des pouvoirs…
Pour moi, il n’y a pas de séparation des pouvoirs. La forme est là. On l’a consacrée constitutionnellement, mais tout le monde sait, à l’épreuve, que tous les autres pouvoirs sont assujettis au pouvoir exécutif. A l’Assemblée nationale, par exemple, tous les projets élaborés par le gouvernement sont examinés, étudiés et passent en général. On a entendu rarement parler de propositions de lois qui aboutissent, qui connaissent une suite, alors que le pouvoir législatif, comme le pouvoir exécutif, a la prérogative de susciter une loi, soit par le projet, si ça vient du gouvernement, soit par la proposition, lorsque ça vient d’un député. Et que, donc, je suis fondé de croire que la séparation des pouvoirs est un vœu pieux, mais, dans la réalité des faits, à l’épreuve, cette séparation est plus fonctionnelle qu’effective.
Quelle sont les réformes judiciaires que vous suggérez ?
J’ai suivi la dernière actualité qui a été de mettre en place de nouvelles formes d’institutions pour rapprocher les justiciables de la justice. Parce que la finalité de la justice, en fin de compte, c’est quoi ? C’est de permettre au justiciable de croire en sa justice et de le rapprocher de cette même justice. Et qu’ensuite, la procédure de saisine de la justice soit assainie, soit beaucoup moins lourde et accessible à tout le monde. Donc, l’actualité actuellement, l’actualité sur la réforme, c’est de changer certaines formes de juridictions. Les tribunaux départementaux et les tribunaux de première instance vont être éliminés, vont être changés. On va parler maintenant de tribunal d’instance et de tribunal de grande instance. De nouveaux arrondissements judiciaires seront créés. Avec la réforme qui est en cours, on va assister à l’érection de nouveaux tribunaux de grande instance. Par exemple, Mbacké va bénéficier d’un tribunal de grande instance, Mbour va bénéficier d’un tribunal de grande instance. On a aussi parlé du remplacement des Cours d’assises par des Chambres criminelles qui auront l’avantage d’amoindrir les détentions préventives, d’accélérer les procès et de désengorger les Maisons d’arrêt et de correction. Donc, je crois que c’est des réformes globalement positives qui, si elles sont mises à exécution, avec le maximum d’efficience et d’efficacité, peuvent permettre de prendre en charge les lourds contentieux qu’il y a dans ce pays, parce que le Sénégal est un pays de contentieux. Les gens ont le réflexe - il faut le saluer - de saisir les juridictions, lorsque des problèmes se posent entre eux.
Ce qui est dramatique, ce qui est mauvais, c’est de se faire justice soi-même. Ce que nous avons vu, en tant qu’acteur de la justice, c’est que le Sénégalais est prompt à saisir la justice pour être rétabli dans ses droits, et c’est tout à l’honneur de l’Etat de droit que nous voulons construire.
L’arrestation d’un informaticien de la Crei, accusé d’avoir transmis des informations à la défense, dans l’affaire Karim Wade, n’est-elle pas de nature à décrédibiliser le système judiciaire sénégalais ?
Non ! Cela ne peut pas affecter le système judicaire sénégalais. Cela ne peut pas décrédibiliser le système judiciaire sénégalais, pour la bonne et simple raison, que le système judicaire sénégalais, pour votre gouverne et pour la gouverne de l’opinion publique, est un système sécurisé. L’un des systèmes judicaires les plus appropriés dans le monde, à part quelques scories et quelques impuretés, bien sûr. C’est un système judiciaire respectable. Ce ne sont pas des digressions de ce genre, un informaticien qui serait pris, qui peuvent affecter le fonctionnement normal et régulier du service public de la justice. Le service public de la justice au Sénégal est un service public respectable, et comme je le disais, il conviendra tout simplement de repenser ce système, de l’améliorer, de le faire adhérer au maximum de Sénégalais possible, au maximum des acteurs du système judicaire, pour que nous parvenions à atteindre le sommet standard en la matière. Il n’y a aucun système juridique au monde qui est achevé. Le système juridique, comme le système démocratique, sont toujours des systèmes à parfaire. Même l’Etat, qui est considéré comme la forme la plus achevée de l’organisation sociale, connaît des limites, aujourd’hui. Et la science politique a commencé a posé la problématique de la légitimité de l’Etat. Est-ce qu’aujourd’hui cette forme achevée, presque achevée de l’organisation sociale, de la vie en communauté, c’est-à-dire l’Etat, est apte à prendre en charge les contingences, la mondialisation, les phénomènes sociaux nouveaux ? La science politique d’aujourd’hui se penche avec sérieux sur la légitimité de l’Etat pour voir si on ne peut pas pousser la réflexion et la dynamique jusqu’à trouver une autre forme d’organisation des sociétés humaines supérieure à l’Etat et qui serait mieux à même de capter, d’apprivoiser et de domestiquer les problèmes qui se posent à nous.
Restons dans le domaine de la justice. Où est-ce que vous en êtes avec l’affaire du double meurtre de Médinatoul Salam, en tant qu’avocat de la partie civile ?
Je suis l’avocat de la partie civile dans une affaire qui interpelle ma communauté, parce que je me considère comme un mouride, jusqu’à preuve du contraire, bien sûr. C’est une affaire douloureuse. D’abord, à cause de sa sensibilité, parce que l’un des protagonistes est un éminent membre de la famille mouride, une icône de la société sénégalaise. Mais, en face de lui, il y a des gens, d’honnêtes citoyens qui ont fait l’objet de meurtres dans des circonstances dramatiques. Donc, la question qui se pose est de voir comment gérer cette tension entre cet éminent membre de la société sénégalaise et le crime qui a été commis de façon atroce. Comment gérer ce contentieux, sans flétrir les fondamentaux de notre société, sans flétrir l’une des parties au procès, mais aussi, sans gêner les pouvoirs publics en place. On ne m’a jamais entendu parler dans cette affaire, pourtant je suis partie civile dans cette affaire. Je défends la veuve et l’orphelin. Et j’ai des relations particulières avec le mis en cause. Donc, vous voyez ma posture. Ils ont fait des sorties publiques pour écraser mes clients, pour piétiner mes clients, mais mon éducation et la posture que j’ai dans la communauté mouride ne m’autorisent pas à verser dans l’anathème et à jeter l’opprobre sur qui que ce soit. On va inéluctablement vers un procès, je défendrai, s'il plaît à Dieu, la veuve et l’orphelin, conformément aux règles de l’art, dans la courtoisie et dans la discipline qui sont des traits fondamentaux du mouride. Je les défendrai, parce qu’avant de prendre le dossier en charge, j’ai requis les avis autorisés. Et ces avis que j’ai eus avant de prendre cette affaire en main, m’ont sécurisé, m’ont demandé de faire mon travail, dans le principe des enseignements de Cheikh Ahmadou Bamba et du respect de la règle de droit, parce que nous sommes dans un Etat de droit. Et dans un Etat de droit, il y a des règles qui fonctionnent, il y a des règles qui organisent la vie en société, l’harmonie dans la société, et lorsque quelqu’un transgresse ces règles, c’est normal qu’on le sanctionne, s’il est coupable. Avec l’organisation judiciaire de ce pays, le système répressif, l’application de la règle de droit, je crois que la lanterne de tous les Sénégalais sera éclairée sur les tenants et les aboutissants de cette douloureuse affaire. J’ai foi en la justice de notre pays. Je n’ai pas voulu porter presse comme les autres l’ont fait, et je pouvais crier au haro, dire ce que je pense de ce dossier. Ce dossier est là dans mon cabinet, j’en connais un peu, mais personne ne m’a jamais entendu parler de cette affaire.
Je suis en train de souffrir avec mes clients dans notre coin. Il y aura un jugement, ici, mais demain, il y aura un autre jugement devant l’être suprême. Donc, vous me permettrez de ne pas entrer dans le fond du débat, surtout que cette affaire a été clôturée, et que, certainement, il y aura renvoi des accusés devant une Chambre criminelle, si tant est que la Chambre criminelle, au moment où le procès se déroulera, serait mis en place.
En tant qu’observateur de la scène politique, que vous inspire la sortie de Me Wade taxant son successeur, Macky Sall, de descendant d’esclaves et d’anthropophage ?
Ça m’a fait très mal, mais mon éducation ne m’autorise pas à jeter l’opprobre sur une personne âgée, surtout que cette personne âgée, à l’image de beaucoup de Sénégalais, a eu à avoir mon destin, après Dieu, entre ses mains. Je ne vais pas jeter l’opprobre sur lui, mon éducation ne me le permet pas. Mais, je voudrais dire, que le commun vouloir de vie commune, pour parler comme Ernest Renard, n’est pas un vain mot. Le génie sénégalais a eu à transcender des questions beaucoup plus pertinentes que celle-là. Ce que je déplore, par contre, et ce que je voudrais dire, c’est que la société sénégalaise est une société hypocrite. C’était une occasion, un prétexte de poser le débat sur la classification des classes sociales, sur certains phénomènes sociaux qui gangrènent notre République, qui gangrènent notre société, au lieu de ruer dans les brancards, comme on dit. Ça devrait être un prétexte pour la réflexion, pour interpeller la conscience des Sénégalais sur ces questions qui sont anachroniques, dépassées. Vous vivez, dans votre quartier, avec des gens à qui on donne une certaine classe sociale. Ça se voit dans notre pays, dans nos villes, dans nos familles, dans nos quartiers, et nous vivons avec. Tel ne pourrait pas être l’époux de telle ou telle ne pourrait être l’épouse de tel. Tel ne doit pas être coiffeur ou tel autre ne doit pas être forgeron. Qu’est-ce que cela signifie ? Alors, que c’est la division du travail, alors que ce sont des travaux très nobles.
Au lieu de saisir cette opportunité, même si elle est malheureuse, bien sûr, pour poser les véritables questions qui gangrènent la société sénégalaise, on pratique la politique de l’autruche, en s’enfonçant la tête dans le sable. C’était un prétexte pour les journalistes, pour poser ce débat sur la table, interroger les sociologues, les psychologues, les juristes, le Sénégalais lambda. Autant j’ai mal à qualifier les propos du Président Wade, autant je réprouve, avec la plus grande énergie, les quolibets et les invectives qui ont été jetés sur lui. C’est une fuite en avant. C’est caresser Macky Sall dans le sens du poil. Ce n’est pas lui rendre un bon service. Lui rendre un bon service, c’était de donner l’occasion au peuple sénégalais de poser ces débats, de le regarder avec circonspection, avec objectivité, et d’en tirer des enseignements. Je crois que c’est le meilleur service qu’on pouvait rendre, aussi bien à Me Abdoulaye Wade, qu’à Macky Sall.
Que dites-vous de la posture adoptée par le chef de l’Etat ?
J’ai beaucoup apprécié la posture du Président Macky Sall, un homme pondéré, un homme républicain, un homme sérieux, un Sénégalais imbu des valeurs fondatrices de notre République. Je ne le dis pas pour attendre quoi que ce soit de lui. Je l’ai observé, je l’ai pratiqué, et je sais de quoi je parle. Il n’a pas eu à réagir, il n’a pas eu à parler, à manifester sa colère. Il a été atteint au plus profond de son âme, de son être, mais il a gardé sa dignité. Il a choisi, il a renoncé aux invectives, il a renoncé à la réplique, il a renoncé au débat de bas étage, pour adopter une posture républicaine, et ce choix le grandit davantage. Les Sénégalais sont fiers de lui, de la réponse qu’il a apportée à cette affaire. Feu Lamine Guèye disait : «Tout choix est un renoncement, et tout renoncement est douloureux». Macky Sall a renoncé, a choisi de ne pas répondre à cette personne qui, quoi qu’on puisse dire, est une personne honorable qui a rendu d’éminents services à notre nation, lorsqu’il a été dans l’opposition et lorsqu’il a eu à gérer le pouvoir. Il ne faut pas se voiler la face. Il a eu à trébucher, certes, mais il a rendu d’immenses services à notre pays. En ne répondant pas à cette personne qui a participé à sa formation, qui a participé, ne serait-ce que modestement à ce qu’il est, aujourd’hui, en adoptant un profil bas, Macky Sall est en train de donner aux Sénégalais une véritable leçon de démocratie, une véritable leçon de déontologie, une véritable leçon de sociologie, une véritable leçon de philosophie, pour dire aux Sénégalais : «Il y a d’autres priorités qui m’attendent : vos souffrances, vos besoins, vos souhaits pour un Sénégal émergent. C’est ça des sur priorités, mais pas verser dans l’amalgame et les invectives». `
DOUBLE PEINE
DIFFICILES CONDITION DE VIE DES FEMMES DANS LES PRISONS
Le rapport sur la situation des droits des femmes dans les lieux de détention au Sénégal a été lancé hier, à la maison d'arrêt et de correction pour femmes de Liberté VI. Ledit rapport montre que les conditions de détention n'obéissent pas aux normes et standards internationaux.
La maison d'arrêt et de correction pour femmes (MAF) de Liberté VI n'a pas été en reste dans le cadre de la journée internationale de la femme, célébrée hier. La cérémonie était aussi une occasion pour lancer le rapport sur la situation des droits des femmes dans les lieux de détention au Sénégal.
Elaboré par le Bureau régional pour l'Afrique de l'Ouest du Haut-commissariat des Nations unies aux droits de l'Homme (HCDH-BRAO) en partenariat avec l'Association des juristes sénégalaises (AJS), l'Association des femmes médecins du Sénégal (AFMS) et l'Observatoire national des lieux de privation de liberté (ONLPL), le rapport concerne cinq prisons visitées entre mars et juillet 2014. Il montre que sur les 8 625 personnes détenues dans les prisons sénégalaises, les 283 sont des femmes dont 46 étrangères.
Le trafic des stupéfiants, première cause de détention
S'agissant des causes des détentions, le trafic de stupéfiants vient en tête, avec 31% des cas. Ensuite, viennent successivement l'infanticide avec 16% et le délit de vol (11 %). Les violences constituent également l'une des causes de détention des femmes. Puisque les coups et blessures volontaires représentent 8% des cas et l'homicide 7%. Les délits d'association de malfaiteurs et d'escroquerie représentent chacun 5%.
Représentant 3,28% de la population carcérale, les détenues sont réparties dans les 13 prisons pour femmes que compte le Sénégal. Mais, bien que représentant une portion minime de la population carcérale, elles ne sont pas détenues dans des conditions aux normes et standards internationaux.
Pour leur profil, il ressort du rapport que la majorité est issue de milieux défavorisés avec un faible niveau d'instruction. Sur 140 femmes consultées, les 66% n'ont pas dépassé le niveau du primaire. 34% sont non instruites, tandis que les 32% ont le niveau du primaire. Les détenues, avec les niveaux secondaire et supérieur, sont estimées respectivement à 20% et 14 %.
72 % en détention préventive
Le rapport fait également état du nombre élevé des longues détentions préventives. L'écrasante majorité des femmes incarcérées sont en détention préventive. Soit un pourcentage de 72% contre 28% pour les condamnées. La MAF de Liberté VI arrive en tête, car 68% de la population carcérale est en détention préventive contre 32% de condamnées.
A Kaolack, 9 femmes sur les 12 consultées attendaient d'être jugées. Le pire dans cette situation : beaucoup d'entre elles font l'objet d'une longue détention préventive. Une situation que les détenues interrogées imputent à l'absence de diligence dont font montre leurs avocats, surtout ceux commis d'office.
D'après le rapport, la situation est préoccupante dans les régions de Thiès, Kaolack et Tambacounda où 21% des détenues interrogées ont déploré le manque de diligence de leurs avocats. Le régisseur de la MAC de Kaolack a déploré la situation en faisant savoir que certains avocats commis par les familles disparaissent après avoir reçu leurs honoraires.
Dans cette même prison, un drame a été évité de justesse avec l'effondrement du bâtiment abritant le quartier des femmes. Quelques semaines avant le drame, le régisseur était obligé de loger les femmes avec les mineurs, violant ainsi le respect de l'obligation de séparation des détenus. Cette situation vécue à Kaolack traduit l'insuffisance et la vétusté de locaux destinés aux femmes.
Selon le rapport, la situation est particulièrement difficile pour les mères emprisonnées dont les enfants ne disposent pas d'aires de jeu. Au-delà, se pose la problématique de la prise en compte des détenues enceintes, allaitantes ou avec enfants. "On ne tient pas compte des besoins spécifiques des femmes allaitantes, de celles qui voient leurs menstrues et qui sont pauvres", a déploré hier Fatou Kiné Kamara, présidente de l'Association des juristes sénégalaises (AJS).
11 enfants âgés de 0 à 20 mois incarcérés avec leurs mères.
Tout en déplorant une absence d'espaces aménagés pour ces catégories de détenues, le rapport révèle que la situation est plus préoccupante chez les détenues incarcérées avec leurs enfants en bas-âge. Au moment des visites, 11 enfants âgés de 0 à 20 mois étaient incarcérés avec leurs mères.
Outre l'absence d'espaces aménagés, les cinq prisons visitées font face à l'insuffisance des équipements de base comme la literie, les moustiquaires et les ventilateurs. Des installations sanitaires adaptées font défaut. En moyenne, 14 détenues par cellule partagent les mêmes sanitaires d'où la fréquence des infections urinaires.
Or, la prise en charge médicale n'est également pas des meilleures dans son ensemble. Les détenues souffrant de troubles mentaux ne sont pas logées dans des espaces adéquats par rapport à leur état et constituent une source d'insécurité pour leurs codétenues. Il s'y ajoute que celles souffrant d'infections urinaires, de cancer du col de l'utérus et de fibromes ne bénéficient pas de prise en charge "adéquate", "en dépit de la gravité de quelques cas".
La liste est loin d'être exhaustive, mais compte tenu de ces manquements, les initiateurs du rapport ont fait un certain nombre de recommandations regroupés en cinq points. Il est prôné la révision des infractions basées sur des stéréotypes de genre discriminant les femmes.
Ceci passe, selon l'Ambassadeur de la Grande Bretagne, par la légalisation de l'avortement médicalisé en cas de viol, la requalification du crime de trafic de drogue en délit, lorsqu'il s'agit de femme... Le législateur sénégalais est invité à limiter la détention préventive et à prévoir des peines de substitution pour les femmes.
L'humanisation des lieux de privation de liberté est aussi suggérée. De même, le développement des actions de prévention dans la mesure où, selon le Garde des Sceaux, "la place de la femme n'est pas dans une prison mais dans les universités, les instances de décisions...". Pour cela, le lieutenant Rose Sarr, directrice de la MAF de Liberté VI, estime que l'autonomisation des femmes doit être effective pour que des enfants ne naissent plus ou grandissent en prison.
Il faut souligner que l'ambiance était festive, avec la présence de la troupe théâtrale "Espoirs de la banlieue" et des chanteuses Coumba Gawlo Seck et Fatou Guéweul. Les détenues étaient vêtues toutes de tissus Khartoum aux couleurs rouge et blanc. Elles ont reçu plusieurs dons en plus d'une consultation gratuite et volontaire du cancer du col et du sein.
Les orpailleurs de la région de Kédougou étaient sur le point de retrouver le sourire, plus de sept mois de fermeture des sites, après le passage de Aly Ngouille Ndiaye. Malheureusement, la promesse du ministre de l’Industrie et des Mines de rouvrir les mines d’or traditionnelles à la fin du mois de février n’est pas encore tenue. Les exploitants attendent toujours la distribution des cartes d’orpaillage. Ceci tarde à voir le jour.
La mine des orpailleurs laisse briller des inquiétudes. L’Eldorado est toujours dans l’expectative. Le sevrage est amer et dépeuplant. Par un arrêté daté du 14 août 2014, le gouverneur de la région de Kédougou fermait tous les sites d’orpaillage communément appelés diouras. Depuis sept mois, les orpailleurs ont été interdits de fréquenter les fosses «dorées».
Ce chômage technique a vidé Kharakhéna de la plupart de ses hôtes intéressés par la mine. Du coup, le village agonise. L’économie locale se meurt. Au pied des collines aux roches convoitées, les centaines de taudis se superposent et chancellent.
Au sommet de la montagne, des gendarmes, patrouillant sous plus de 40° C à l’ombre, armes à la main, interdisent l’activité d’extraction. Faute d’activité alternative dans la contrée, chacun vit de ses économies.
A défaut, il faudra chercher onces ailleurs, au Mali ou en Guinée. Certains ont préféré décamper ou squatter les diouras de Moussala, un village de la frontière sénégalo-guinéenne.
Sourire accueillant, le commerçant Mamady Sow entonne le refrain le mieux «parcœurisé» depuis l’arrivée de Macky Sall au pouvoir : «L’argent ne circule plus.» Le marchand d’onces transpose ce constat à Kharakhéna qu’il fréquente depuis des années. «Ce village est mort. La fermeture des diouras est un désastre», se désole-t-il.
3 800 cartes disponibles à la gouvernance
Cet habitant de Guédiawaye était en train de construire sa vie dans le business de l’or extrait avec des moyens artisanaux. Subite ment, l’activité est suspendue.
Toutefois, une tournée officielle a suffi pour que l’espoir renaisse. Le 16 février dernier, le ministre des Mines et de l’industrie a ponctué une visite de la région de Kédougou pour présider un comité régional de développement.
A cette occasion, Aly Ngouye Ndiaye a annoncé la réouverture des sites d’orpaillage à la fin de ce mois de février. Les autorités administratives ont été publiquement appelées à prendre toutes les dispositions nécessaires pour rendre effective une telle décision.
«Il nous a donné des instructions allant dans le sens de rouvrir les diouras à la fin du mois (de février)», reconnaît le préfet de Saréya, Pape Alioune Ndao.
Après deux semaines, les diouras restent fermés et surveillés par les bérets bleus. En tous cas, jusqu’au 4 mars dernier, l’accès est interdit. Les orpailleurs de Kharakhéna attendent encore de voir la couleur des cartes.
La réouverture risque d’être lente. Le gouverneur de la région et le chef de service régional des Mines et de la géologie doivent soumettre les exploitants traditionnels à un préalable, celui du retrait de la carte d’orpailleur.
Le ministre Aly Ngouille a annoncé la confection de 3800 documents numérisés. Mieux, ces pattes blanches sont disponibles à la gouvernance de Koudougou.
Elles ont été confectionnées à Dakar, à la suite d’un déplacement d’une équipe technique dans la région.
Treize couloirs à ouvrir, baisse des transferts d’argent
Sur la possibilité de libérer des diouras, le vendredi 27 février, une dernière évaluation s’est tenue autour de la première autorité administrative. A la fin, un rapport a été envoyé au ministère de tutelle.
Au même moment, les membres de la fédération des orpailleurs de la région sont en assemblée générale à Kédougou. Son président, Mamadou Dramé, décrie leur manque d’implication dans le processus d’organisation de l’activité d’orpaillage.
Le mémorandum déposé à la gouvernance attend encore une suite. Devant le ministre de tutelle, il a été retenu que la distribution des cartes doit se faire par couloir d’orpaillage, c’est-à-dire d’un site à l’autre officiellement identifié par l’autorité en charge des Mines et de la géologie.
Dans la région de Kédougou, treize couloirs d’orpaillage (et trois à Tambacounda) ont été officiellement sélectionnés, concordent le président des orpailleurs et le préfet de Saréya, Pape Alioune Ndao.
Ce dernier reconnaît les conséquences néfastes de la fermeture des diouras sur le pouvoir d’achat des populations. Au bureau de la Poste de Kédougou, les transferts d’argent ont considérablement chuté.
La baisse mensuelle est comprise entre 25% et 75% depuis la fermeture des sites, apprend-on d’une source au fait des opérations. Le patron du département le justifie par un besoin d’organisation et de sécurisation de l’activité. Il se trouve que la région comptait plus de 100 diouras.
Des orpailleurs expriment ainsi leurs inquiétudes de voir les couloirs autorisés insuffisants. «Les orpailleurs risquent de se concentrer dans ces couloirs dont certains ne font pas une teneur en or encourageant», indique M. Dramé.
Aucun service ne dispose de statistiques sur la population d’orpailleurs. Le chef du service régional des Mines et de la géologie l’estime à dix mille personnes.
Nationalisation de la filière, les mineurs out
L’autre inquiétude concerne la nationalisation de la filière. En effet, pour obtenir une carte d’orpailleur, il faudra prouver sa nationalité sénégalaise. Le dossier de candidature exige une copie d’identité nationale, un casier judiciaire, deux photos et une somme de 5 000 francs Cfa.
Les orpailleurs de Saréya déplorent le fait de parcourir plus de 330 km pour décrocher un casier judiciaire, étant donné que Kédougou ne dispose pas encore de Tribunal régional. Il leur est précisé que l’activité est réservée aux Sénégalais.
«Mais il sera possible de recruter des étrangers», relativise Mamadou Lamine Diakité, un tomboulman (agent de sécurité) dans un dioura de Kharakhéna. Par ailleurs, les mineurs ne seront plus tolérés dans l’activité d’orpaillage.
Les autorités administratives ne cessent de le signifier aux acteurs. La ruée des enfants vers l’exploitation traditionnelle de l’or est un frein à l’éducation universelle.
Au lycée de Saréya, 60 abandons ont été constatés cette année. Le Préfet mise sur la sensibilisation pour atténuer ce phénomène. «Quand je suis arrivé ici en 2013, j’ai effectué une tournée économique pour inviter les populations à retourner vers l’agriculture. L’or est une ressource qui n’est pas éternelle», indique M. Ndao.
De nos jours, il préside un comité départemental de protection de l’enfant. Ce projet, dit-il, est réalisé avec le concours de l’Ong World vision et de l’Usaid. «Dans chacun des deux arrondissements du département, nous avons mis en place un comité local de protection de l’enfant. Nous voulons créer dans chaque village,
un comité qui va sensibiliser davantage les parents d’élèves», ambitionne le Préfet.
Ansoumana Keïta : «J’ai gagné 4 millions de francs Cfa»
Le défi risque d’être une tâche de Sisyphe. Pour certains qui se sont frottés à l’orpaillage, le gain est parfois surprenant.
Au lycée de Saréya, Ansoumana Keïta est arrivé à reléguer les cours au second plan. Cet élève en classe de première a gagné de l’extraction d’or, «4 millions de francs Cfa en une seule campagne».
«J’ai obtenu cette somme après la répartition des roches extraites des damas. C’est un hasard.» Les orpailleurs utilisent le mercure ou le cyanure pour ressortir le précieux minerai. Le censeur du lycée regrette que le jeune garçon n’étudie plus.
L’enfant millionnaire n’attend que la réouverture des diouras pour plonger dans les damas (fosses). A l’école élémentaire de Kharakhéna, le directeur Amath Sène se réjouit de garder ses élèves depuis le début de l’année.
«Ici, les parents ont quand même accepté de laisser leurs enfants dans les classes», salue-t-il. Toutefois, ses propos ne font pas l’unanimité car, ouvert en 2009, l’établissement ne compte que 66 élèves. Il compte trois salles pour six classes pédagogiques.
A en croire le Préfet du département, les exploitants de Kharakhéna n’auront droit qu’à un seul couloir. Le reste de la réserve sera accessible à une société minière en phase de recherche. Il s’agit de Afrigold.
Sur les 78 000 jeunes demandeurs d’emploi par an, plus de 32 760 n’ont pas de qualification. Venu présider l’ouverture du premier salon de l’emploi de Pikine, samedi, le ministre de la Jeunesse, de l’Emploi et de la Protection civique a fait cette révélation, en s’exprimant sur la politique de l’emploi.
Selon les chiffres livrés par le ministre Mame Mbaye Niang, il y a 100 000 demandeurs d’emploi, chaque année. "Sur ces 100 000 demandeurs d’emploi, les 78% (78 000) sont des jeunes. Et parmi cette population de jeunes, 42% (32 750) n’ont pas de qualification. Cela veut dire qu’ils ne sont pas diplômés, ils n’ont pas de profession. Donc, ils n’ont pas de savoir-faire". Le ministre de dire qu’il "y a un problème".
Pour s’adapter à cette situation, le ministre a indiqué le changement de paradigme opéré dans la politique du président de la République en matière de lutte contre le chômage. Avec notamment le programme des domaines agricoles communautaires, qui a été financé par la Banque africaine de développement à hauteur de 17,8 milliards, et réservé exclusivement aux jeunes et aux femmes.
"On va s’implanter à Keur Momar Sarr, Keur Samba Kane, et nous allons essayer d’aménager 500 ha pour les jeunes de Sangalkam. Mais, si nous ne trouvons pas des formations professionnelles aux jeunes, le problème du chômage des jeunes va se pérenniser. Et c’est dans ce sens que 17 lycées techniques professionnels sont en train d’être construits", a annoncé M. Niang.
Le ministre a aussi révélé qu’il y a plus de 600 millions bancables qui sont disponibles pour cette année, et qui n’attendent que des preneurs. Il a aussi précisé que les financements ne se font plus sur la base de la clientèle politique et ou de la proximité avec le régime.
Concernant les 200 emplois promis au collectif des groupements et associations initiateurs du salon, Mbaye Niang a annoncé qu’une entreprise dénommée WAP va recruter exclusivement au niveau des jeunes de la banlieue.
"Mais il faudra qu’on cherche les meilleurs profils, les plus appropriés, les plus capables, afin de faire de bons résultats", a-t-il prévenu.
JOURNÉE MONDIALE DE LA FEMME : LES RUFISQUOISES UNIES POUR UN MÊME OBJECTIF
Rien ne sera plus comme avant ! C’est le cri de guerre des femmes du département de Rufisque qui, à l’occasion de la journée mondiale de la femme du 8 mars, se sont voulues unies comme une seule femme pour améliorer leurs conditions. D’où la pertinence du guide produit à l’occasion de leur atelier tenu au centre national de formation et d’action (Cnfa) de Rufisque
Mieux vaut tard que jamais, les femmes du département de Rufisque, pour cette journée mondiale de la femme, se veulent unies pour faciliter leur promotion. Profitant de la journée mondiale de la femme du 8 mars, dont le thème de cette année est «Femme en marche», elles ont tenu un atelier destiné à l’élaboration des projets.
Une initiative qui, selon le député Oulèye Diaw, est pleine de sens lorsque l’on que sait que «la femme a toujours participé au processus de développement. Mais, elles ne sont pas impliquées de manière effective». Une situation qui a abouti à une prise de conscience chez les femmes du département de Rufisque.
«Il y a toutes les sensibilités politiques et toutes les douze collectivités locales sont représentées; ce qui est une première. Car, nous sommes conscientes de notre sort et nous voulons avoir une autre démarche par rapport au passé.
Nous nous sommes retrouvées entre femmes pour plaider notre cause, revisiter nos faiblesses et être unies pour pouvoir atteindre nos objectifs en matière de développement. Nous ne pouvons pas nous développer sans que les femmes ne soient réunies autour d’un même objectif», a indiqué la parlementaire, porte-parole du jour.
Et de faire remarquer qu’il «est tant que les femmes du département prennent leur destin en main. Nous voulons tendre vers l’entreprenariat, que les femmes aillent de l’avant, qu’elles soient des entrepreneurs. Elles ont toujours été dans l’informel la plupart du temps.
Mais, nous, nous voulons qu’elles soient formelles, qu’elles aient des entreprises par rapport aux activités qu’elles développent». Pour Mame Bineta Cissé, conseillère municipale et départementale, l’intérêt de l’atelier, c’est de sortir deux documents. L’un sera un guide à l’entreprenariat féminin et l’autre un mémorandum qui sera mis à la disposition des autorités politiques.
Car, estime-t-elle, «les femmes du département de Rufisque veulent une émergence dé- cidée par nous-mêmes. Dorénavant, si les femmes veulent se développer, il faudrait qu’elles pensent par elles-mêmes, qu’elles réfléchissent, qu’elles posent des actes, qu’elles travaillent sans aucune coloration politique».
Selon toujours la conseillère départementale, les femmes ne veulent plus rencontrer certains problèmes. Ces difficultés ont pour seul nom: manque d’informations. «Il y a toujours des problèmes au niveau de l’accès aux financements, au niveau juridique, au niveau socio-économique, au niveau de l’accès à la terre, mais aussi au niveau de la parité», a dénoncé Mame Bineta Cissé.
Qui explique: «Aujourd’hui, on vote le budget de la commune de Rufisque-Est. Je ne peux pas être là-bas parce que personne n’a pris en compte la journée du 8 mars, personne n’a pris en compte la journée du 7 mars. Deux jours, ce n’est pas beaucoup dans une année. Qu’on nous laisse nos journées pour partager avec nos sœurs».
RUFISQUE-EST PERD 2 MILLIARDS AU PROFIT DE LA VILLE
Les communes, nées avec l’acte 3 de la décentralisation, ont revu leurs ambitions à la baisse. C’est le cas de Rufisque-Est qui s’attendait à un budget consistant. Au finish, elle se retrouve dans une situation ne lui permettant pas de réaliser ses projets. Près de deux milliards de patentes y sont relevés par la ville de Rufisque
La montagne a accouché d’une souris. La nouvelle équipe municipale de la commune de Rufisque-Est, qui s’attendait à un budget consistant, vit une désillusion causée par l’acte 3 de la dé- centralisation.
En effet, cette collectivité locale n’a même pas atteint le milliard et se chiffre en recettes et en dépenses à la somme de 887.621.816 francs Cfa. «Ce budget est en dessous des attentes de la population de Rufisque Est. Parce qu’elle s’attendait à un budget peut être de deux milliards.
Avec l’acte 3, on s’est retrouvé dans une situation un peu confuse», se désole Boubacar Albé Ndoye, maire de Rufisque-Est. Qui regrette, aussi, le fait que la ville de Rufisque récolte l’ensemble des patentes industrielles son périmètre communal.
«A l’Est, en dehors de la patente de la Sococim, qui avoisine les un milliards deux cents, il y a d’autres industries qui sont là. Il y a la Ccbm, l’Espi, la Senhar et pas mal d’industries qui se trouvent dans le périmètre communal de Rufisque Est», fait noter le premier magistrat de Rufisque-Est.
Pour toutes ces unités industrielles regroupées, continue-t-il, «la ville récolte près de deux milliards de francs Cfa en terme de patentes industrielles. Il y a aussi les autres patentes commerciales émanant des grands commerçants et autres». Albé d’espérer un arbitrage de l’Etat pour que sa commune puisse souffler.
«Nous attendons l’arbitrage de l’Etat pour quand bien même faire le dispatching ou une péréquation pour pouvoir permettre aux nouvelles communes de pouvoir faire face aux obligations qui les attendent», dira-t-il. D’après lui, cette situation a conduit les trois communes, que compte Rufisque et la ville elle-même, à signer une convention de mutualisation.
Car, explique l’édile de Rufisque-Est: «Les communes ne peuvent pas prendre les salaires des employés de la santé qui ont été dévolus aux communes. Le maire de la ville a accepté dans une période transitoire, pour un an maximum, de reprendre en charge ces salaires pour permettre aux communes de souffler.
Il le fera pour Rufisque-Est pour la santé, pour Rufisque-Ouest pour l’éducation, pour Rufisque-Nord pour l’ensemble du personnel». Poursuivant sur la même lancée, Albé Ndoye se dit déçu par les résultats de cette réforme. «Nous avons alerté l’Etat que sur l’esprit de l’acte 3 de la décentralisation.
C’était qu’on devait aller à des communes très fortes. Avec les dispositions des textes, les communes se sont retrouvées avec des problèmes. La ville de Rufisque est restée avec son budget et elle s’est déchargée de pas mal de choses. Elle ne donne plus une dotation de 400 millions aux communes, elle a déchargé des employés au niveau de ces communes-là qui ont une masse salariale de 400 millions.
Ce qui veut dire que les communes vont supporter plus les problèmes que la ville», a souligné le maire de Rufisque-Est. Une situation, selon lui, comprise par le maire de la ville avec la mise en place d’une conférence des maires.
«Nous, en tant que maire, dans le cadre de la mutualisation, on est en train de travailler dans le cadre de la conférence des maires qu’on a instaurée à Rufisque, de pouvoir s’aider mutuellement parce qu’en réalité la ville est la mutuelle des communes. Elle doit accompagner les communes dans leurs grands projets. Cela, le maire de la ville l’a compris et on y travaille», a-t-il conclu.
PAR IBRAHIMA SÈNE
LA FRANCE PAYE POUR SES CONTRADICTIONS GÉOSTRATÉGIQUES AU MALI !
Ce n’est qu’avec la tenue des négociations de paix à Alger, que le MNLA a découvert peu à peu le changement de la politique française envers l’Algérie, et ses conséquences sur les engagements qu’elle avait pris pour la réalisation de son projet politique
Moktar Belmoktar, Chef d’un groupe armé proche d’AL QAIDA, vient de revendiquer publiquement l’attaque terroriste de la nuit du 6 au 7 Mars à Bamako, qui est intervenue quelques jours seulement, après que le Ministre des Affaires Etrangères de la France ait exigé des mouvements armés en lutte contre Bamako, de « signer sans délai » les « Accords de paix d’Alger.
Dans son communiqué rendu public, il ne fait aucun doute que c’est la France qui est visée dans cet attentat au Restaurant « La Terrasse », alors que le Belge, et les Maliens tués dans une rue adjacente, ne seraient que des victimes collatérales lors de la fuite des assaillants.
Le fait que cette attaque soit aussi intervenue dans un contexte marqué par le refus du ……. de signer les « accords d’Alger », sous prétexte de la nécessité d’un « délai pour consulter leurs bases », montre bien que ces « accords » ne mettrons pas fin à la crise au Nord du Mali.
Ce serait un signal évident de la volonté de mettre en échec ce « compromis franco –algérien » pour ramener la paix dans cette partie de la Zone sahélo sahélienne, que reflètent les « Accords d’Alger ». Les Autorités Françaises se sont avérées incapables de faire accepter, par le MNL qu’elles ont toujours utilisé dans cette crise, ce « compromis franco-algérien » qui éloigne toute perspective d’un « Etat indépendant Touareg » aux frontières de l’Algérie.
En effet, le MNLA est victime du changement politique intervenu en France avec le départ de Sarkozy et l’Arrivée de François Hollande. Ce Changement au niveau de l’Exécutif Français, a entrainé des modifications dans les modalités de mise en œuvre des objectifs géostratégiques des Autorités Françaises dans la zone sahélosahélienne.
C’est ainsi que l’instrumentalisation du MNLA par Sarkozy dans la mise en œuvre de la politique géostratégique de la France au Mali, avait comme contrepartie sa promesse de le soutenir pour obtenir de Bamako, son accord pour transformer le Nord Mali, en République indépendante de l’AZAWAD sous la direction de celui-ci.
C’est pour mettre en œuvre cet «Accord» rendu public , à plus reprises, par les dirigeants du MNLA sans jamais être démentis par les Autorités Fran- çaises, que ce groupe armé fut transféré et équipé de Libye sous l’égide de la France, pour s’installer au Nord Mali, avant qu’il ne s’attaque aux forces de sécurités du pays pour proclamer l’Indé- pendance de l’AZAWAD.
De leur côté, les Autorités Françaises mirent la pression sur Bamako pour qu’il s’attèle à respecter le calendrier électoral pour tenir des élections présidentielles, à la place de s’occuper de la libé- ration du Nord Mali, transformé en «République indépendante de l’AZAWAD».
Pour la France, il faillait, après les élections présidentielles, puis législatives du Mali, que les nouvelles Autorités, puissent ouvrir de négociations avec les séparatistes du Nord, et non mener une guerre pour libérer cette partie de leur territoire national.
L’acceptation de ce scénario de Paris, par le Président Malien de l’époque, Amadou Toumany Touré (A.T.T), fit fatal à son régime qui fut renversé par un coup d’’état militaire mené par de jeunes officiers, qui étaient outrés de l’abandon de la souveraineté de leur peuple sur toute l’étendue du territoire malien, dont une partie était livrée à des troupes jihadistes qui se livraient à des massacres des troupes des forces de sécurité et des populations, livrées à elles par le gouvernement malien.
Cette réaction patriotique de ces jeunes officiers, fut pour Paris, un crime de lèse-majesté qu’il fallait sanctionner sans tarder, et de façon exemplaire. C’est ainsi que Paris eut recours aux Chefs d’Etat de l’UEMOA , de la CEDEAO et de l’Union Africaine (U.A), qui avaient à leur tête ses «hommes liges» , pour étouffer économiquement, financièrement, militairement et politiquement, le nouveau pouvoir militaire afin de l’empêcher de mobiliser le peuple malien d’un un « rassemblement de salut national» pour libérer le Nord de leur pays, et assurer l’intégrité de leurs frontières et la sécurité du peuple.
C’est pour cela que les avoirs extérieurs du Mali furent bloqués par l’UEMOA, comme cela fut le cas de la Côte d’Ivoire sous BAGBO, et un embargo économique et sur les armes fut décrété par la CEDEAO. C’est dans ce cadre que Paris suspendit ses accords de défense avec le Mali, et qu’eut lieu le blocage à Accra des armes commandées par le Gouvernement du Mali, bien avant la chute de A.T.T.
Cependant, les tentatives de Sarkozy de mobiliser une armée d’intervention de la CEDEAO pour le «rétablissement de l’ordre constitutionnel » au Mali, furent bloqués par la résistance du Ghana et du Nigéria, malgré l’activisme de partis politiques et d’organisations de la société civile du Mali, regroupés dans un «Front anti putschiste» pour réclamer le départ des militaires, le retour à l’ordre constitutionnel pour organiser les élections dans le « respect du calendrier républicain».
Ce contexte avait paralysé le nouveau pouvoir militaire, et avait permis aux groupes jihadistes de sanctuariser le Nord Mali en y imposant un pouvoir islamique radical, et d’y chasser vers le Burkina, le MNLA qui les avait associés dans sa lutte indépendantiste.
C’est dans cette situation de triomphe des jihadistes qu’est intervenue la chute de Sarkozy, avec l’arrivée de Hollande, qui dut changer de modalités de mise en œuvre de la politique géostratégique de la France, face au nouveau projet des groupes jihadistes, d’étendre leur pouvoir hors des limites du Nord Mali, baptisé République indépendante de l’AZAWAD, pour d’ébranler vers Bamako.
La France de Hollande ne pouvait donc plus attendre la tenue d’élections, encore moins l’envoi de troupes de la CEDEAO, et dé- cidait ainsi de l’« Opération Serval » en s’appuyant non pas sur l’armée malienne pour libérer le Nord Mali, mais sur le MNLA qu’elle a fait revenir du Burkina sous ses ailes.
C’est ainsi que l’armée malienne fut parquée dans les environs de Gao, par la France, avec le soutien des USA et la complicité des Nations Unies qui ont dépêché des forces pour maintenir la paix au Nord Mali, en laissant le MNLA contrôler la région de Kidal, d’où l’ « Opération Serval » avait chassé les jihadistes.
Cette deuxième occupation du nord Mali par le MNLA grâce à la France, avait fini par convaincre ses dirigeants, du respect par Hollande, des engagements de Sarkozy, d’amener Bamako à accepter leur revendication d’indé- pendance de l’AZAWAD.
Et surtout que le nouveau pouvoir issu des élections présidentielles, n’avait pas hésité de faire arrêter les dirigeants du putsch qui a fait tomber A.T.T, et avait libéré certains de leurs principaux dirigeants pourtant accusés de « crimes de guerre », par les Autorités maliennes, et qui avaient même annulé les mandats d’arrêt internationaux lancés contre les autres.
D’autant plus que le nouveau pouvoir avait signé de nouveaux « « Accords militaires » avec la France, lui permettant d’exhausser son vœu de toujours, de faire de la base militaire stratégique de Tessalit, au nord Mali, sa base opérationnelle dans le cadre de sa nouvelle opération militaire dans la zone sahélo sahélienne, baptisée « Bahran ».
Mais ce que le MNLA n’avait pas pu voir venir, c’est le changement de la politique Française vis-à-vis de l’Algérie qui ne voyait pas d’un bon œil l’avènement d’un Etat Touareg dans le nord Mali à ses frontières, et qui faisait d’elle l’alliée stratégique du nouveau pouvoir malien qui voulait empêcher la partition de son territoire. D’où le double rapprochement de Paris et de Bamako vers Alger.
C’est ainsi que l’Algérie, de verrou qu’il faillait faire sauter, sous Sarkozy, au même titre que la Libye sous Khadafi, est devenue avec Hollande, un partenaire stratégique dans la zone sahélo sahélienne avec qui il fallait coopérer, et pour le Mali, l’Algérie est devenue un allié stratégique contre un Etat indépendant Touareg au Nord.
Ce n’est qu’avec la tenue des négociations de paix à Alger, que le MNLA a découvert peu à peu le changement de la politique Française envers l’Algérie, et ses consé- quences sur les engagements qu’elle avait pris pour la réalisation de son projet politique.
D’où le dépit amoureux entre Paris et le MNLA, qui refuse d’obéir aux injonctions de Paris pour signer « les Accords de Paix » d’Alger, et l’attentat spectaculaire du mouvement jihadiste proche de Al Qaida qui vient rappeler tristement ses engagements d’hier, à la France, vis-à-vis de l’AZAWAD.
Comme les Etats Unis avec l’Armée de l’Etat Islamique qu’ils ont aidé à s’armer et à s’entraîner contre la Syrie, et qui aujourd’hui s’est retournée contre les intérêts américains dans cette sous région du Moyen Orient, la France risque de voir un nouveau rapprochement du MNLA avec les groupes jihadistes, pour frapper ses intérêts dans la zone sahélo sahéliennes, et Bamako, risque de retourner à la case départ pour défendre militairement l’intégrité de son territoire et la sécurité de ses populations.
La France, une fois Tessalit en poche, veut se retirer du Mali le plus rapidement possible pour concentrer ses efforts militaires au soutien du Tchad et du Niger dans la guerre contre Boko Haram, pour exploiter au maximum, par sa présence, les conséquences de la reconfiguration du Nigéria et du Cameroun, qu’entrainerait inéluctablement la partition attendue du Nigéria sous les effets conjugués des coups de Boko Haram et d’une grave crise post électorale.
D’où son engagement total au « compromis franco- algérien » de paix, qui lui permet, avec l’implication totale de l’Algérie, de mieux assurer la sécurité de ses intérêts économiques dans la zone, contre les jihadistes.
En effet, une crise post « électorale qui va paralyser l’Etat nigérian, serait du pain béni pour Boko Haram pour faire éclater le Nigéria au détriment de nos aspirations pan africaines, et de la sécurité de nos peuples.
Les Nigérians qui ont poussé leur pays vers ce gouffre, ont trahi à jamais ces aspirations des peuples d’Afrique, pour satisfaire les intérêts géostratégiques des USA et de la France en Afrique. Ils n’ont tiré aucune leçon de ceux qui, au Moyen Orient et au Mali, ont servi pour faire cette sale besogne pour les grandes puissances occidentales, et qui aujourd’hui, par « dépit amoureux » s’en prennent à elles.
La preuve est aussi faite, que les « Accords de Défense » avec la France et les USA, signés par nos Gouvernants, ne résistent nullement à leurs intérêts stratégiques qui priment sur nos intérêts nationaux que ces «Accords» sont censés défendre.
Bamako, devrait donc, lui aussi, profiter de l’implication totale d’Alger pour faire appliquer ces « accords de paix », et solliciter le soutien de la CEDEAO, sous la direction du Ghana, et de l’UA, sous la direction de Mugabé, pour faire respecter l’intégrité de son territoire et y assurer la sécurité de ses populations.
Plus que jamais, avec les « Accords d’Alger », les conditions sont politiquement réunies pour permettre à la CEDEAO et à l’UA, de remplir leurs missions historiques d’intégration de nos forces armées et de sécurité, pour défendre l’intégrité territoriale des Etats issus du colonialisme et la sécurité de leurs populations.
C’est ce défi que la crise politique et militaire du Nigéria lui impose aussi de relever. C’est pourquoi, il est attendu du Président de la CEDEAO et de l’UA de s’impliquer auprès des partis politiques en compétition et des organisations de la société civile du Nigéria, pour éviter tout recours à la violence ou à la paralysie de l’Etat, pour régler les contentieux électoraux que le monde entier attend et que l’Afrique redoute profondément.
Pan Africanistes de tous les pays d’Afrique et de la Diaspora, Unissons - nous pour le respect des « Accords de paix d’Alger », et pour un « traitement politique » approprié de toute crise post électorale au Nigéria. Ne laissons pas les ennemis de l’Afrique nous avoir une nouvelle fois.