SenePlus | La Une | l'actualité, sport, politique et plus au Sénégal
6 février 2025
LES CANDIDATS RECALÉS AU PARRAINAGE AU MENU DE LA REVUE DE PRESSE DE L’APS DE CE VENDREDI
Les livraisons de ce vendredi 12 janvier s'intéressent Le sort candidats à la candidature pour l’élection présidentielle du 25 février 2024 et qui n’ont pas pu franchir l’étape des parrainages
Dakar, 12 jan (APS) – Le sort candidats à la candidature pour l’élection présidentielle du 25 février 2024 et qui n’ont pas pu franchir l’étape des parrainages, intéresse particulièrement les quotidiens reçus vendredi à l’APS.
“Ils se considèrent désormais comme des +spoliés+ du parrainage : Bougane Gueye, Aminata Touré et Dr Abdourahmane Diouf n’ont pas raté Macky Sall lors d’une conférence de presse organisée jeudi’’, écrit le journal L’Info qui signale à sa Une “Un bloc en guerre contre la continuité’’.
“Nous avons tous les mêmes problèmes (…) c’est un véritable tripatouillage et une manipulation de nos parrains. Nous devons nous unir face à Macky Sall et ses hommes’’, a réagi l’ancienne Premier ministre, Aminata Touré dans la même publication.
Elle fait partie d’une longue liste de plus de 60 candidats qui ont été recalés après l’examen de leurs parrains par le Conseil constitutionnel.
A sa Une , le journal Kritik parle d’un “troisième tour très contentieux’’ . Le même journal fait état des nombreux recours, des plaintes, complaintes et récriminations après l’examen des parrains par la juridiction constitutionnelle.
“Le processus électoral traverse une phase de turbulence avec le tollé soulevé par le système de contrôle des parrainages qui a mis hors course plusieurs candidats (…) désormais toutes les attentions sont rivées sur le Conseil constitutionnel qui va trancher les recours avant de proclamer la liste définitive des candidats retenus pour briguer le suffrage des Sénégalais’’, fait observer Kritik.
Sud Quotidien traite aussi en priorité le tollé soulevé après le contrôle des parrainages en écrivant à la Une “Les recalés jouent la prolongation’’.
“Les anciens candidats à la candidature Aminata Touré, Bougane Gueye et Dr Abdourahmane Diouf ont +clashé+ le contrôle des parrainages, mais sans manquer de se mettre en ordre de bataille pour déloger le régime en place’’, constate Sud Quotidien.
C’est ce qui fait dire au journal La Tribune que ces trois anciens candidats précités ont lancé l’opération “Doggali Benno’’ (en finir avec Benno Bokk Yaakaar, l’actuelle majorité dirigeante).
“Nous sommes dans une logique d’unité et de combat’’, martèle Abdourahmane Diouf dans le journal. “C’est un véritable tripatouillage et une manipulation de nos parrains’’, renchérit Aminata Touré dans Tribune. Le journal rapporte aussi les propos de Bougane Gueye : “Ce n’est pas une bataille juridique qui fera reculer ces gens-là’’.
“Ça a craché du feu’’, titre Source A pour commenter les propos des candidats recalés au second tour du contrôle des parrainages par le Conseil constitutionnel.
Le journal EnQuête préfère mettre le curseur sur les 21 candidats qui ont déjà validé l’étape du parrainage et qui sont à l’écoute des sept membres du Conseil constitutionnel. EnQuête porte en manchette “Les autres pièges’’, faisant observer que d’autres pièces font aussi l’objet d’un examen minutieux par le Conseil constitutionnel.
“Dans le processus, le Conseil (constitutionnel) fait procéder à toute vérification qu’il juge utile’’, renseigne la publication.
Loin de toutes ces préoccupations politiques, le quotidien Le Soleil traite en priorité de la visite du chef de l’Etat Macky Sall en République islamique de Mauritanie.
Le journal salue “une relation particulière entre les deux pays qui se caractérise par une intensité et un niveau de confiance sans précédent’’.
“L’axe Dakar-Nouakchott se renforce davantage (…) les relations sénégalo-mauritaniennes qui sont au beau fixe ont connu une intensité et un niveau de confiance sans précédent’’ sous le magistère des présidents Macky Sall et Mohamed Ould Cheikh El-Ghazouani, commente Le Soleil.
«TOUTES LES INFRASTRUCTURES SPORTIVES SONT PRETES»
À trois jours du plus grand événement sportif du continent, le président du Comité local d’organisation a fait le point sur les préparatifs pour cette CAN 2023.
La Côte d’Ivoire s’apprête à accueillir la Coupe d’Afrique des nations masculine de football (CAN 2024) du 13 janvier au 11 février. À trois jours du plus grand événement sportif du continent, le président du Comité local d’organisation a fait le point sur les préparatifs pour cette CAN 2023.
À quelques jours du coup d’envoi de la Coupe d’Afrique des nations masculine de football (CAN 2023), pays hôte assure que tout est fin prêt. Le Comité d’organisation de la CAN (Cocan), qui organise cet événement, a fait le point face à la presse le 10 janvier.
«Toutes les infrastructures sportives sont prêtes», souligne François Amichia, le président du Cocan, à trois jours d’un tournoi prévu du 13 janvier au 11 février. Dès l’entame de sa conférence de presse, ce responsable abreuve les journalistes de chiffres : il y a 6 stades, 24 terrains d’entraînement, 52 matches, 101 arbitres, 20 000 bénévoles et près d’1,5 million de visiteurs attendus dans les stades.
«IL RESTE TRES PEU DE PLACES POUR LES MATCHES»
Le match d’ouverture Côte d’Ivoire-Guinée-Bissau se joue à guichet fermé. «Tous les tickets ont été vendus», assure François Amichia. «Il reste encore très peu de places pour les autres matches », ajoute ce responsable, sans donner de chiffres.
De nouvelles infrastructures ont été inaugurées ce 10 janvier à Abidjan pour faciliter les déplacements dans la capitale économique. Mais le Cocan encourage le public à utiliser les bus qui seront mis à disposition pour rallier les stades. «On souhaite que les véhicules particuliers ne soient pas utilisés», insiste François Amichia.
Par ailleurs, un plan de circulation d’Abidjan est en train d’être élaboré. Le but, poursuit François Amichia, «est de ne pas déranger les activités économiques».
(rfi.fr)
LES RECALÉS JOUENT LA PROLONGATION
Déçus de voir leurs candidatures invalidées pour insuffisance de parrainages, Aminata Touré, Abdourahmane Diouf et Bougane Guèye Dany font bloc contre le régime de Macky Sall et son candidat, Amadou Ba
La liste des candidats à la présidentielle 2024 ayant franchi l’étape des parrainages, arrêtée par le Conseil constitutionnel, n’en finit toujours pas de susciter le tollé au sein de la classe politique, surtout des recalés de ce premier filtre des candidatures au fauteuil présidentiel. Hier, jeudi 11 janvier, les anciens candidats Aminata Touré, Bougane Guèye Dany et Abdourahmane Diouf ont «clashé» le contrôle des parrainages mais sans manquer de se mettre en ordre de bataille pour déloger le régime en place.
Déboutés de leur aspiration à postuler à la succession du chef de l’Etat Macky Sall qui a renoncé au troisième mandat présidentiel, les candidats recalés par la Commission de contrôle des parrainages mise en place au Conseil constitutionnel, continuent encore de bander les muscles et de clamer urbi et orbi la « spoliation » dont ils auraient été victimes. A l’instar de l’ancienne Première ministre Aminata Touré, de Bougane Guèye Dany de Gueum sa bopp et d’Abdourahmane Diouf d’Awalé. Des candidats à l’élection présidentielle du 25 février qui n’ont pas franchi l’étape de contrôle des parrainages qui s’est achevée, mardi, au Conseil constitutionnel, et qui a validé provisoirement une liste de 21 prétendants potentiels à la magistrature suprême.
En conférence de presse conjointe tenue donc à Dakar hier, mercredi 11 janvier, pour interpeller l’opinion sur leur cas, notamment au niveau du Conseil Constitutionnel qui a jugé leurs dossiers inaptes à passer le cap du parrainage, Aminata Touré, Présidente de Mimi2024, Abdourahmane Diouf, président de la coalition Abdourahmane 2024 et Bougane Guèye Dany, leader de la coalition Guem Sa Bopp, ont joué les prolongations de ce bras de fer qui les a opposés aux « 7 Sages ». L’ancien Premier ministre Aminata Touré qui a pris la parole en premier, n’a pas ainsi fait dans la dentelle. « Nous avons tous les mêmes problèmes. C’est un véritable tripatouillage et une manipulation de nos parrains. Nous devons nous unir face à Macky Sall et ses hommes. Il ne nous reste plus beaucoup de temps. Juste 45 jours. Au Sénégal, nous devons établir les responsabilités. Nous ne devons pas rester les bras croisés », a martelé la présidente de Mimi 2024.
Abondant pratiquement dans la même perspective, le Dr Abdourahmane Diouf a mis l’accent sur la nécessité de faire bloc avec Bougane Guèye Dany et Aminata Touré, tous deux recalés, pour faire face à Macky Sall. « Nous avons su que ce n’est pas une compétition, mais nous sommes dans une logique d’unité de combat… », a affirmé avec force conviction le leader de Awalé. Dans la foulée, il n’a aussi pas manqué de dénoncer ce fichier électoral pas encore mis à la disposition des candidats. Mais surtout, les irrégularités dans le système qu’ils ont, en tant que candidats, notées au Conseil constitutionnel. De suite, le Dr Abdourahmane Diouf a appelé « tous les recalés à se retrouver au Conseil constitutionnel pour déposer tous les recours et individuellement »
Toute chose qui ne semble plus intéresser le patron de Guem Sa Bopp. Pour cause, Bougane Guèye Dany a relevé qu’il n’était point opportun pour lui de s’accrocher au parrainage. « Je ne ferai plus de recours. Pas parce que je ne suis pas résilient, mais parce que je connais bien ceux qui sont en face… ». Et d’affirmer sans ambages que « Le combat ne fait que commencer. Ce n’est pas une bataille juridique qui fera reculer ces gens en face. Il nous faut nous organiser». Une manière de dire qu’ils doivent continuer d’être en ordre de bataille pour faire reculer le régime en place « comme cela a été le cas pour le troisième mandat».
Par Makhily GASSAMA
BREF REGARD SUR LA FRANCOPHONIE ET LES LANGUES D’AFRIQUE A L’OCCASION DE LA JOURNEE NATIONALE DES DAARAS
Le plus grand des crimes, c’est de tuer la langue d’une nation avec tout ce qu’elle renferme d’espérance et de génie. (Charles Nodier -La Fée aux miettes, 1794)
Le plus grand des crimes, c’est de tuer la langue d’une nation avec tout ce qu’elle renferme d’espérance et de génie. (Charles Nodier -La Fée aux miettes, 1794)
Tout le monde sait, même dans nos zones rurales où l’activité culturelle est intense, dont les productions sont souvent de hautes qualités littéraires en arabe ou dans les langues locales, que la Francophonie est proprement linguistique : son existence est étroitement liée à celle de la langue française. Ambition énorme pour une institution internationale, car, dans son dictionnaire intraduisible (éd. Schena, 2006), C. Boubal écrit que « l’arme défensive suprême d’un peuple n’est pas la bombe atomique, c’est la langue : vous gagnerez sans faire la guerre ! » Partager une langue, c’est incontestablement partager un destin ; et quand nous croyons avoir un destin en commun, on ne se fait pas la guerre, on est de plain-pied dans la fraternité, dans le respect mutuel. La colonisation la plus intelligente est bien celle qui sait que les terres à conquérir ne sont pas vierges de valeurs humaines ; or partout, la colonisation française fait table rase de ces valeurs : pas de coexistence pacifique entre ses valeurs et celles qui ont déjà poussé sur les terres conquises ou à conquérir : comme des vampires, les valeurs françaises devaient absorber, digérer toutes autres valeurs existantes.
Les spécialistes reconnaissent que trois grands domaines linguistiques se partagent la littérature sud-africaine dès le début de la colonisation : le domaine des langues bantoues (sotho, khosa et zoulou), le domaine afrikaner et le domaine de la littérature de langue anglaise. Le premier domaine est le plus ancien, tout comme chez nous. On connaît le rôle pertinent et courageux que ce domaine a joué dans la longue et pénible lutte des Noirs. Très tôt, les missionnaires avaient entrepris la traduction en langues bantoues de certains livres comme la Bible ; au Sénégal, on n’avait pas besoin d’une traduction par un tiers du Coran dans nos langues ; une traduction polie par le temps et l’usage existe dans nos principales langues dans un style franchement littéraire. Il suffit d’en faire la collecte et éditer les textes. Pendant tout le temps des colonies et depuis l’Indépendance ce travail élémentaire n’a pas été fait. Il est vrai que l’école coloniale nous a appris à mépriser nos propres valeurs. Il n’existe pratiquement pas d’outils pédagogiques efficaces pour enseigner nos langues dans nos écoles. Or, paradoxalement, des outils pédagogiques de hautes qualités abondent dans nos daaras, parfois en pleine brousse. Des traductions, hautement littéraires des œuvres préislamiques et antéislamiques existent dans les principales langues de notre sous-région. Et autres œuvres en langues locales abondent. Elles ne sont pas recensées, elles ne sont pas collectées systématiquement.
Il semble, malheureusement, que la vigoureuse politique linguistique de la Francophonie a été éteinte depuis la création de l’Organisation Internationale de la Francophonie (OIF)). Cette Organisation spécifiquement politique a éloigné la Francophonie des préoccupations culturelles, alors intelligemment menées par l’Agence de Coopération Culturelle et Technique (ACCT)), devenue malencontreusement Agence Intergouvernementale de la Francophonie. La seule revue culturelle de ce merveilleux organisme de coopération multilatérale, connue sous le nom d’AGECOOP, avait largement permis de faire connaître les divers programmes de la Francophonie dans nos grandes villes mais surtout dans nos milieux ruraux. Aujourd’hui, qui sait ce que fait la Francophonie dans notre coopération avec les pays du Nord et surtout avec l’ancien colonisateur ? au temps de l’ACCT, autrement appelée l’AGECOOP (nom de sa célèbre revue) un écolier de brousse aurait pu répondre clairement à la question.
Alors que j’étais son Conseiller culturel, je n’avais jamais partagé les perceptions du président Léopold Sédar Senghor sur la création d’un organisme politique comme l’OIF. Il faut quand même reconnaître que la France, elle-même, ne l’avait pas suivi dans cette voie. Le président sénégalais s’était beaucoup investi dans la création du nouvel organisme de la Francophonie et il ridiculisait, à tort, les programmes dynamiques de l’ACCT en parlant de « Francophonie des minitels ». Il a fallu plusieurs années de tergiversations avant que l’OIF ne vît le jour. Cet organisme a donné un autre visage à la Francophonie, pas du tout rassurant, mais, bien au contraire, suspicieux aux yeux des anciens colonisés. Eu égard au vaste génie tout particulier de ses écrivains, la France a su séduire facilement le monde, à travers des siècles, même à ébranler le cœur de ceux qu’elle a colonisés dans les conditions que nous savons. Nous pouvons honnir les diverses élites de ce pays, mauvais colonisateur, mais nous recevrons toujours les œuvres de ses penseurs, de ses écrivains dans la plus profonde intimité de notre être. Ce n’est pas vrai seulement pour l’ancien colonisé, mais pour tous les amoureux de la culture, pour toute âme sensible aux productions de l’esprit. C’est bien ce qui fait de nous, de gré ou de force, les métis culturels authentiques des temps modernes, déjà des hommes de demain, qui possèdent leurs cultures et les cultures des autres : nous ne sommes plus la « somme de toutes les douleurs », comme le chantait le regretté Bernard Dadié, mais la somme de toutes les valeurs humaines… C’est ça l’orgueilleux « métissage culturel » de L. S. Senghor : Je ne suis plus seul en moi ; je suis en moi et il est en moi : comme je suis bouffi d’orgueil ! Arithmétiquement, je suis double et je suis riche ! Je suis toujours comme ébloui quand je pense que ces marabouts, en pleine brousse, parlent la langue du Coran et non pas les dialectes du Maghreb, si proche de nous dans le temps et dans l’espace ; ils parlent comme l’on parlait dans la cour du Prophète Mohamed (salut sur lui), il y a 1444 ans à Médine ! Et nous osons négliger un tel patrimoine ! Que savons-nous donc du développement humain ? L’homme n’est pas qu’ « un digestif ambulant » comme se plaisait à me dire mon cher Professeur de Lettres, mon ami, le brillant Amadou Samb (qu’Allah répande Sa miséricorde sur lui ).
Il faut se rendre à l’évidence : la Francophonie est devenue très ambiguë depuis la création de son organisme politique. Nous n’avons nullement besoin des interventions politiques de la Francophonie dans nos affaires. Nous avons besoin de la culture et de la technique de ses pays membres ; d’où l’importance, à nos yeux, d’un organisme comme l’ancienne Agence de Coopération Culturelle et Technique. Doublon avec les Centres culturels français ? Peut-être ; ci-gît le problème ; mais il faut bien choisir, dans ce domaine délicat du développement humain, entre la coopération bilatérale et la coopération multilatérale. La France a osé choisir pour elle et pour nous, la coopération bilatérale pour éviter de céder la moindre parcelle de sa puissance ou de son autorité dans les anciennes colonies : mauvais choix pour le long terme ; c’est une erreur car ce choix de l’hyène affamée est au détriment de l’expansion harmonieuse de sa langue et de sa pensée dans le monde, surtout dans ce qu’on appelait naguère le Tiers-monde.
La Francophonie choisie par la France ne laisse pas de place à une politique linguistique transparente, cohérente, dynamique et efficace. Même au temps de l’ACCT, on ne note pas un dialogue concret et sincère entre la langue française et les langues africaines, en dehors des tentatives isolées plus ou moins heureuses de nos écrivains comme les Léopold Sédar Senghor, Gontran Damas ou même des écrivains iconoclastes comme Ahmadou Kourouma qui, du reste, par manque de vision des éditeurs français, n’a pu faire éditer son œuvre la plus célèbre que par le Canada francophone et aussi en dehors des efforts considérables accomplis par l’ACCT dans le développement de l’édition francophone. D’ailleurs des institutions prestigieuses comme l’UNESCO, elle-même, faisaient appel à l’immense expertise de l’ACCT dans le domaine de l’édition. Et l’ACCT n’est pas étrangère à la prolifération des maisons d’éditions dans la partie francophone de l’Afrique. Tout cela a été éteint depuis la création de l’OIF, une ogresse « aux appétits funèbres » et on la soupçonne de « faire bouillir et manger son cœur » pour reprendre les mots de Baudelaire : elle a détruit la dynamique et aimable ACCT en voulant se substituer à elle ; ce qu’elle ne réussira jamais. Elle est plus proche de la Françafrique que de la Francophonie originelle. La Francophonie a été toujours suffisamment pudique pour ne pas se mêler des affaires toujours ténébreuses de la Françafrique. Ce n’est plus le cas.
Au fait, les diverses élites françaises ont une vision tristement courte de la coopération avec leurs anciennes colonies ; quant aux nôtres, elles ne sont pas capables de voir au-delà du mandat que les peuples imprudents leur ont confié : les élites françaises ne parviennent pas à croire à la maturité politique des peuples qui leur étaient soumis pendant des siècles. D’où, aujourd’hui, l’étonnement agacé et agaçant des élites françaises et africaines de ma génération devant les révoltes légitimes de notre jeunesse contre les politiques européennes dans nos pays. D’ailleurs, les élites françaises ont subtilement passé ce virus vicieux et dangereux à nos élites dans tous les domaines du développement humain. Nous sommes les premiers à nous étonner de l’attitude constructive de notre jeunesse, qui ne supporte plus notre indifférence et cette absence regrettable de dignité dans nos relations avec les pays dits développés. C’est pourquoi, malgré nous, un autre monde est en train de naître sous nos yeux incrédules. La vérité est que, à l’instar de l’ancien colonisateur, nous ne croyons pas à la maturité de notre jeunesse ni même de nos peuples sur le continent ; en conséquence, l’Histoire nous réservera de nombreuses surprises. Le virus qui en est la cause est robuste ; le mal est profond. Est-ce une seule fois les représentants de nos peuples à l’OUA puis à l’UA ont-ils consulté leur peuple par référendum sur certaines questions qui y sont souvent traitées comme celles liées à l’unité africaine ? pourtant leurs homologues à l’UE organisent bien des référendums pour pouvoir répondre à telle ou telle question majeure.
Le mépris pour nos peuples est un virus qui ronge nos hauts représentants dès qu’ils prêtent serment de nous servir. Il faut s’y attarder. J’ai souvent écrit que l’école occidentale nous a appris à faire table rase de nos valeurs, à mépriser la vie menée par nos parents à tel point que les valeurs qu’incarne la pédagogie pratiquée dans les daaras nous ont toujours échappé.
Même un homme, un génie politique et littéraire, en dépit de ses grandes qualités humaines, comme François Mitterrand, n'a pas échappé à ce virus singulier, né, développé et dompté par les élites politique, intellectuelle et économique de son pays avec la lourde complicité de nos dirigeants au plus haut sommet de nos États. Mitterrand était fortement attaché à nos dirigeants politiques individuellement, mais il semblait indifférent devant le hideux spectacle qu’offraient les dirigeants de notre continent au monde souvent ébahi devant nos gestes insolites et imprévisibles. Le regard de la France, du Gouvernement de Mitterrand, sur le génocide rwandais demeure énigmatique. Quel rôle ont joué les élites politiques françaises dans la genèse et la conduite des atroces tueries, le massacre de presque tout un peuple ? Si ce n’est pas encore su, on le saura tôt ou tard.
Il est à reconnaitre que depuis l’irruption de la Traite négrière dans notre histoire, on a assisté à une sorte de culte de l’infantilisme éternel de l’Africain, habilement cultivé et répandu dans le monde par l’ancien colonisateur pour justifier son comportement sur nos terres. Comme tous les chefs d’État français depuis la fin des deux Grandes Guerres, même Mitterrand a été, dans une certaine perspective, un agent impitoyable de la Françafrique, qui agit toujours sans état d’âme. Pourtant il avait tout - sauf l’accord de nos chefs d’État ! - pour mettre fin aux crimes de la Françafrique : la culture, le courage, la lucidité, les outils que lui offre la puissance publique et tous les outils intellectuels pour mener à bien une œuvre qui était la sienne, pensions-nous non sans affection pour l’homme multidimensionnel. Parmi les chefs d’État admirablement cultivés du monde de l’époque, L. S. Senghor me citait souvent le président François Mitterrand et le roi Hassane II. Il les admirait.
La France a tout intérêt à mener autour de la langue de Hugo, de Baudelaire, de Verlaine, de Prévert, une politique de coopération multilatérale intelligente et honnête. En ces temps modernes, au milieu d’une multitude d’intelligences artificielles, tout le monde est intelligent et notre intelligence est quotidiennement surexcitée par les Nouvelles Technologies qui élargissent nos champs d’investigation et nous rendent ainsi plus soucieux de nos intérêts individuels et collectifs. Mieux vaut donc agir, dans nos efforts de coopération, avec lucidité et honnêteté. Entre la langue française qui est une langue internationale prestigieuse et aussi une langue de création souple, généreuse et « honnête » parce que capable d’exprimer toutes les pensées venues de divers horizons, même les plus sinueuses (je vous renvoie aux œuvres de L. S. Senghor, de Hampaté Bâ, de Cheikh Anta Diop, de Césaire, de France Fanon, des jeunes poètes congolais…).
Au fait, la Francophonie a servi comme une puissante soupape de sécurité sérieuse et efficace entre l’ancien colonisateur et ses anciens sujets à la veille et au lendemain de l’indépendance de nos pays. Excepté le cas guinéen, la Francophonie a minimisé des tensions susceptibles d’opposer les deux parties. Sa véritable adversaire, pour ne pas dire son ennemie jurée, n’est rien d’autre que la Françafrique que personne n’a cherché à abattre ni en France ni en Afrique. Une sorte de fille bâtarde de la nouvelle coopération entre les élites des deux parties, non pas entre la France et ses anciennes colonies. Et cette Françafrique a ruiné tout ce que la Francophonie a construit grâce à son prestigieux organisme, l’ACCT qui, de plus en plus, n’est que l’ombre d’elle-même.
Il est temps de se ressaisir. C’est ce que le président Emmanuel Macron est en train d’accomplir ; certains observateurs semblent penser qu’il le fait par maladresses, voire par étourderie. Peu importe. L’essentiel est que la Françafrique soit enterrée. Macron l’étouffe. Il faut dépolitiser la Francophonie et ne pas avoir peur de l’élargir à d’autres pays développés utilisant partiellement ou désireux d’utiliser la langue française avec le statut qu’ils désirent lui donner librement dans leur politique linguistique. Le président Macron me paraît parfaitement conscient de la situation faite à la Francophonie par ceux qui croient que la politique peut tout résoudre entre nos pays. La récente création de la Cité Internationale de la Langue Française constitue une preuve. Son discours d’ouverture de ce nouvel organisme de la Francophonie est clair ; certes il s’agit d’un hommage à la Langue française, il faut enfin que cette langue coopère avec d’autres langues, en particulier avec les langues africaines. Des projets concrets dans ce sens existent sur le terrain en Afrique et la CILF doit accompagner les promoteurs dans l’exécution de ces projets. Le président français, avec une lucidité qu’il faut saluer, avait insisté sur les programmes de traduction des œuvres. Ce sera déjà un grand pas dans le dialogue nécessaire entre nos élites et entre nos peuples. Jusque-là, la Francophonie ne s’y était jamais intéressée. Or c’est l’initiative qui aurait dû être mise à l’œuvre dès la mise en place de la Francophonie institutionnelle. La création d’une Cité Internationale de la Langue Française fait du président français actuel un visionnaire sans conteste si cette cité devient un lieu de rencontre et de coopération entre la langue française et les autres langues du monde francophone.
« L’Afrique de papa » ne doit plus exister, ni en Afrique ni en France ; et ces générations à vernir feront tout pour que cette Afrique n’existe plus. Devant un parterre d’investisseurs étrangers, le président Houphouët Boigny ne disait-il pas sans gêne mais avec fierté, comme l’époque l’exigeait, que « Celui qui a l’Afrique a le monde » ! Non l’Afrique n’est pas à vendre à l’encan ; elle n’appartiendra à personne en dehors des Africains eux-mêmes : le comportement courageux et déterminé de la jeunesse africaine de nos jours l’annonce avec force, avec dignité et fierté.
Il est temps d’établir un véritable dialogue non pas entre politiciens africains comme le tente maladroitement l’OIF, mais entre la langue et la culture françaises d’une part et les langues et les cultures africaines d’autre part. Cela est possible : une multitude de projets peut naître d’une telle volonté. Des deux côtés il y a déjà des volontés qui s’expriment tous les jours à travers des projets qui trouvent rarement des bailleurs : celle de la jeunesse africaine et celle de la jeunesse française ; il convient de les écouter, de les supporter et de les accompagner.
Les autorités compétentes de l’époque n’avaient pas voulu écouter Jean Dard, qui avait ouvert, en 1817, la première école d’Afrique noire francophone à Saint-Louis du Sénégal, auteur du premier dictionnaire français-wolof et français-bambara et un ouvrage sur la grammaire wolof. Mort à SaintLouis le 1er octobre 1833. Il avait préconisé l’enseignement dans les langues locales et dans la langue française avec la certitude que l’enfant maîtrisera mieux les deux langues. Du reste, c’est la pédagogie toujours en cours dans nos daara où l’enseignement est pratiqué dans les deux langues : arabe et langue locale. Cette pratique de la transmission du savoir existe dans toutes nos communautés islamisées : bambara, wolof, soninké, pulaar, manding… le constat est amer plus de deux siècles après : le disciple, sorti du daara où l’enseignement se pratique dans les deux langues (maternelle et étrangère), maîtrise mieux les deux langues que l’enfant sorti d’une école où l’enseignement ne se pratique que dans la langue étrangère. On semble oublier que nos premiers et plus grands écrivains dans une langue étrangère sont restés inégalables dans la création littéraire : Cheikh El Hadj Omar Foutiyou Tall, Cheikh Ahmadou Bamba, Cheikh El Hadj Malick Sy, sans compter d’autres grandes familles et tous ces grands érudits dans nos villages de brousse, qui ont une maîtrise de la langue arabe classique, reconnue par les Oulémas les plus éminents du monde arabe. Ils maîtrisent mieux la langue arabe classique que nous ne maitrisons la langue française ; quels sont ceux parmi nous, formés à l’école occidentale, qui soient capables de traduire correctement un poème d’un génie français dans nos langues ? Très peu. Alors que n’importe quel marabout, à la tête d’un daara, est capable de traduire n’importe quel poème arabe, même préislamique, dans la langue maternelle, une langue littéraire construite à cet effet, depuis des siècles, de génération en génération (pulaar, wolof, bambara, soninké…). Cela a été possible parce que, dans ces milieux, la langue arabe et la langue maternelle ne se manifestent pas l’une sans l’autre dans la transmission du savoir.
Un fâcheux phénomène linguistique est en train d’ailleurs de se produire au Sénégal et qui risque de peser lourd sur notre développement parce qu’il tend à brouiller la communication avec l’interlocuteur surtout s’il est étranger : notre jeunesse n’est plus capable de parler notre langue maternelle sans l’intrusion du français et elle n’est plus en mesure de parler français, comme naguère, sans l’intrusion de la langue maternelle. Cela est loin de la conduire à créer une langue dite créole ou pidgin, ou petit nègre, mais un galimatias de mots et un fatras de constructions grammaticales impropres n’obéissant à aucune logique linguistique, un odieux charabia ! Or, même la croustillante langue de création du romancier ivoirien Ahmadou Kourouma est articulée autour des éléments apparemment soudés les uns aux autres. Pourtant, le Sénégal se croit francophone bien plus que les autres pays d’Afrique ! Ce qui est un leurre : le Gabon, en Afrique Centrale, est bien plus francophone que le Sénégal. La réputation du Sénégal est surfaite. Pas seulement en Francophonie mais sur d’autres terrains aussi, comme la création des produits de l’esprit. De nos jours, le Congo Brazza compte plus de grands poètes que le Sénégal ; le Congo a eu l’avantage de compter, dans sa jeunesse, des génies dans la création poétique. Au Sénégal, nos grands poètes appartiennent déjà à l’Histoire.
Bref, il est à se féliciter des résultats obtenus par nos daaras, dont les produits sont extraordinaires parce que d’une valeur incommensurable : mais où sont leurs productions ? Comment sont-elles exploitées dans nos efforts de transmission du savoir de génération en génération ?
A ce propos, nous invitons le chercheur sénégalais Birahim Thioune à conclure ces réflexions sur la rencontre et la cohabitation de la langue française et les langues africaines dans les anciennes colonies françaises (cf. Manuel de lecture et initiation littéraire au Sénégal et en Guinée, éd. L’Harmattan, p.107, Dakar, 2015) :
« Quelle place pour les langues africaines dans les systèmes francophones ? Les solutions envisagées sont nombreuses, en rapport avec l’idée de l’efficacité de la langue de scolarisation, mais également avec la perspective d’une promotion pour les langues locales. Au Sénégal, depuis 1971, la question est agitée mais aucune décision concrète et opérationnelle n’a été réellement prise, si on exclut les tâches d’expérimentation. Pourtant la formule d’une francophonie plus solidaire, respectueuse des identités plurielles qui la composent, est la meilleure solution pour assurer le meilleur destin à la langue française.
Quel que soit le type de bilinguisme envisagé (additif lorsque les deux langues sont valorisées ou soustractif lorsque l’une d’elle est dévalorisée, ou mixte, dans le cadre d’une utilisation indifférenciée), l’enseignement dans les langues nationales, assumé conjointement avec la langue française, apparait comme l’option irréversible ».