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6 février 2025
POUR FAIRE PLACE AU BRT, LE PRÉFET DE DAKAR PRÉPARE UNE VASTE OPÉRATION DE DÉGUERPISSEMENT
Le préfet de Dakar a pris les dispositions nécessaires pour une grande opération de désencombrement de l’espace public prévu du vendredi 12 au samedi 13 janvier 2024 dès 22 heures.
Les autorités territoriales sont à pied d’œuvre pour l’inauguration du Bus Rapid Transit (BRT) ce 14 janvier par le président de la République. A cet effet, le préfet de Dakar a pris les dispositions nécessaires pour une grande opération de désencombrement de l’espace public prévu du vendredi 12 au samedi 13 janvier 2024 dès 22 heures. A travers un communiqué, Cherif Mouhamadou Blondin Ndiaye demande au commissaire central de Dakar de prendre les dispositions qui siéent pour cette opération.
«En perspective de l’inauguration du BRT prévue le 14 janvier 2024 et comme suite aux sommations servies aux occupants des emprises du corridor, j’ai retenu, en rapport avec le CETUD, l’organisation d’une opération de désencombrement des espaces irrégulièrement occupés. Il s’agit : de la gare de Petersen et des allées Papa Gueye Fall jusqu’à la place de la nation, des alentours de la station de Liberté, l’axe rond-point Liberté 6 jusqu’au viaduc Aliou Ardo Sow», indique le préfet de Dakar
De la même manière le préfet de Guédiawaye a aussi lancé la même opération partant du dépôt de Gadaye, des stations préfecture de Guédiawaye, LPA au rondpoint Case Bi.
LA PRESSE À L'ÉPREUVE D’UN DOUBLE DÉFI
Entre CAN et élections, les médias sénégalais sont sur le pont. Plongée dans les coulisses des préparatifs de L'Observateur et Seneweb, déterminés à relever avec brio le challenge de la compétition footballistique et du rendez-vous démocratique à venir
Avoir de la matière. Cette expression trouve tout son sens dans le journalisme où elle est même rangée dans le registre du jargon. Et de la matière, la presse sénégalaise ne pouvait rêver mieux. Deux actualités la lui offrent : la trente-quatrième Coupe d’Afrique des nations (CAN) de football, en Côte d’Ivoire, qui démarre ce samedi, et l’élection présidentielle du 25 février.
Deux évènements qui feront battre le pouls du Sénégal pendant deux mois. Pour le premier, qui se tient du 13 janvier au 11 février, le Sénégal aura à cœur de défendre son titre de champion d’Afrique. Pour le second, il s’agira de choisir, le 25 février, l’homme ou la femme qui présidera aux destinées du pays durant les cinq prochaines années.
Du pain béni pour les rédactions sénégalaises. Dans deux d’entre elles, le quotidien L’Observateur et le site d’informations Seneweb, sises à Dakar, on a presque fini de peaufiner les plans de couverture de ces deux évènements, qui se chevauchent quasiment. En effet, si l’équipe nationale du Sénégal arrive jusqu’à la finale de la compétition, l’on sera dans le même temps dans la ferveur de la CAN et de la campagne électorale qui démarre le 4 février.
A L’Observateur, quotidien dakarois parmi les plus forts tirages, la coïncidence entre la compétition continentale de football et le début de la campagne pour le scrutin présidentiel sénégalais ne signifie pas une plus grande pression pour l’équipe éditoriale.
‘’L’expérience des grands évènements’’
‘’Nous avons l’expérience des grands évènements avec des journalistes qui ont l’habitude de couvrir la CAN et les échéances électorales sénégalaises’’, confie, sans fausse modestie, Saliou Gackou, le rédacteur en chef.
En cette veille de CAN, le service des Sports est évidemment mis en première ligne. Son principal responsable, Idrissa Sané, a déjà la tête en Côte d’Ivoire. Il devrait y aller en compagnie d’un autre journaliste et d’un photographe. La politique des quotas établie par la Confédération africaine de football pour faire face à un nombre record de demandes d’accréditation, en hausse de 90% par rapport à l’édition précédente, au Cameroun, ne permet pas à son journal d’envoyer une équipe plus conséquente de reporters.
Pour autant, Sané, quatre CAN et deux Coupe du monde à son actif, maintient intact son enthousiasme. ‘’Il faut se réinventer à chaque CAN pour offrir à nos lecteurs une bonne couverture – nous le leur devons, mais également rivaliser avec la concurrence’’, dit-il.
A en croire son rédacteur en chef, Gackou, ‘’L’Observateur mettra l’accent sur des papiers découvertes et des papiers magazine’’. ‘’Comme nous l’avions fait lors de la dernière édition, en 2019, avec des plongées dans les familles de joueurs’’, renchérit Sané, qui se remémore ‘’l’immersion’’, un reportage de leur correspondant à Louga (nord), dans la famille de Pape Guèye, le milieu de terrain sénégalais.
‘’Pour la présente, nous privilégierons les dossiers, les reportages, les enquêtes et portraits, notamment dans les pays voisins qui partagent le même groupe à la CAN avec le Sénégal : la Gambie et la Guinée’’, ajoute Gakou. ‘’Il s’agit de faire plus que ce que nous avions l’habitude de faire, c’est-à-dire ne pas seulement se limiter aux comptes-rendus de matchs et à ce qui tourne seulement autour de la compétition. L’instantanéité de la radio et de la télé, qui a l’avantage de montrer des images, nous commande d’aller au-delà », poursuit-il.
Une couverture décalée
Pour la campagne électorale et le scrutin proprement dit, ‘’nous avons concocté un plan de couverture avec des innovations que je ne vais pas divulguer, bien entendu’’, fait savoir Gackou, avec un léger sourire. L’homme n’est pas très disert. De sa voix posée, il répond néanmoins à toutes les questions sans trop entrer dans les détails.
Une prudence compréhensible, sans doute guidée par la volonté de ne pas dévoiler la cuisine interne de son canard. Tout juste consent-il à dire que ‘’les journalistes des autres desks seront mis à contribution pour la couverture, de même que nos dix correspondants dans les régions, et les journalistes de tout le groupe Futures Médias’’, qui compte également en son sein une radio, une télé et un site d’informations.
A Seneweb, l’un des médias en ligne sénégalais les plus visités, on met les bouchées doubles pour assurer une bonne couverture de la CAN et de la présidentielle. Le site éponyme et la chaîne Youtube du média sont en pleins préparatifs. Pour l’évènement footballistique, ‘’nous avons pris les dispositions idoines’’, assure le rédacteur en chef, Adama Ndiaye. Plus précisément, ‘’une équipe d’une dizaine de journalistes et de cadreurs sera dépêchée en Côte d’Ivoire’’. Dans ce groupe d’envoyés spéciaux figurent même des présentateurs, car ‘’il est prévu de réaliser des plateaux télé’’, ajoute-t-il.
Pour mettre tout ce beau monde dans les meilleures conditions de travail, ‘’Seneweb a pris en location ses propres locaux, à Abidjan et à Yamoussoukro’’, confie ce jeune rédacteur en chef, passé par Nouvel Horizon et Intelligences Magazine. Il ajoute : ‘’Nos équipes resteront jusqu’à la fin de la compétition, quels que soient les résultats obtenus par l’équipe du Sénégal’’. D’ores et déjà, quelques journalistes et cadreurs sont sur place, appuyés par la rédaction d’Ivoire Matin, l’autre site d’informations de Seneweb ouvert à Abidjan.
Bien que le média en ligne dakarois n’ait pas encore arrêté un plan définitif de couverture de la présidentielle, ‘’la rédaction multiplie les réunions, en attendant la publication de la liste définitive des candidats’’, précise Adama. Mais, jure-t-il, ‘’ça sera une couverture qui sortira de l’ordinaire’’.
De nouvelles rubriques pour la CAN
A Seneweb, l’équipe éditoriale a fait preuve de créativité. ‘’Pour la CAN, nous avons lancé de nouvelles rubriques dont certaines, +En route pour la CAN+, par exemple, ont déjà démarré »’, informe le chef de la rédaction. ‘’En plus des reportages sur la CAN, des chroniques, des entretiens avec des spécialistes du football’’, ses équipes en réaliseront de plus ‘’décalés, sur la vie de tous les jours dans des villes ivoiriennes. Nous allons prendre l’accent ivoirien’’, sourit-il. Le nouchi – ce savoureux argot, mélange de dioula, de français et de malinké parlé notamment par les jeunes au pays d’Ahmadou Kourouma ? Voire.
Toujours est-il que ‘’la rédaction de Seneweb organisera des plateaux spéciaux, diffusera des duplex sur sa chaîne YouTube’’, fait savoir Adama. L’un des journalistes préposés à leur animation piaffe d’impatience à l’idée de les présenter. Ndèye Astou Konaté, journaliste multitâches, n’est pas du genre à se limiter à un seul desk. Elle rédige des articles pour le site internet et anime des émissions sur la chaîne YouTube. ‘’Je suis polyvalente’’, dit-elle, dans un sourire à faire fondre le plus obtus des prédicateurs.
C’est pour cette polyvalence qu’elle a été choisie pour faire partie de la délégation devant se rendre en Côte d’Ivoire. Dans la spacieuse salle de rédaction de Seneweb, où elle reçoit, un détail a toute son importance : la prédominance de journalistes féminins…
À Abidjan, la capitale économique ivoirienne et à Yamoussoukro, le camp de base de l’équipe nationale du Sénégal, qui abrite la célèbre basilique Notre-Dame-de-la Paix, Ndèye Astou s’acquittera, ‘’bien sûr de la couverture de la CAN proprement dite, mais également de la production de sujets décalés, plus softs, portant sur des volets sociaux, culturels, économiques, le quotidien de villes ivoiriennes’’. Sans doute de quartiers emblématiques d’Abidjan (Cocody, la coquette ; Treichville, le quartier le plus sénégalais de Côte d’Ivoire ; la populaire et noctambule Yopougon …).
La journaliste n’est pas novice dans la couverture de la CAN. Elle en sera à sa deuxième, après celle qui a vu les »Lions » du Sénégal remporter au Cameroun, le premier titre continental de leur histoire. Sans se risquer à un pronostic, elle croit toutefois en leur chance, et ‘’espère que la bande à Sadio Mané rééditera le coup de 2019’’.
Le coût de l’investissement humain et logistique
Pour réussir l’ambitieux pari d’une couverture inoubliable de la CAN et de la présidentielle, Seneweb n’a pas hésité à casser sa tirelire pour renforcer son équipe éditoriale et ses moyens logistiques. Selon le rédacteur en chef, ‘’ des recrutements et des acquisitions de nouveaux matériels vidéo ont été opérés pour la couverture des deux évènements’’. Et le média n’entend pas s’arrêter là. A en croire Adama, ‘’l’objectif est d’avoir jusqu’à une quinzaine de nouveaux collaborateurs : des rédacteurs et des cadreurs, pour également étoffer notre équipe de veille à la rédaction centrale et assurer un plus large maillage du territoire avec plus de correspondants régionaux.’’
Dans le cadre de ces recrutements et le financement de la couverture de la CAN, l’équipe commerciale de Seneweb, sous la houlette de Mme Diallo Fatou Kiné Diouf, a fait preuve d’ingéniosité. ‘’Rien que pour la CAN, un budget prévisionnel de plus d’une dizaine de millions de francs CFA est exécuté sous forme de préfinancement sur fonds propres, après nous être assuré de l’apport des sponsors et de nos partenaires’’, explique-t-elle.
Elle sera d’ailleurs du déplacement en côte d’Ivoire pour démarcher de nouveaux prospects, ‘’convaincre certains annonceurs partis en Côte d’Ivoire à cause des évènements politico-judiciaires sanglants de mars 2021’’.
Pour Mme Diallo, le plus grand rendez-vous évènementiel du continent, dans la première puissance économique de la zone ouest-africaine, de surcroît, offre de réelles opportunités marketing.
En attendant, dans les rédactions de Seneweb et de L’Observateur, les plans de couverture de la CAN ivoirienne et de la présidentielle sénégalaise sont déjà peaufinés et les journalistes fins prêts.
RECRUTEMENT DE PERSONNELS DE MAISON, DES AGENCES DE PLACEMENT POUR TROUVER LA BONNE
Le recrutement de bonne, nounou, femme de ménage, cuisinière n’échappe pas à la modernité. Si aller dans les points de rassemblement a encore le vent en poupe, ce secteur informel connait un nouvel essor grâce à l’émergence d’agences de placement
Le recrutement de bonne, nounou, femme de ménage, cuisinière ou encore lingère n’échappe pas à la modernité. Si aller dans les points de rassemblement a encore le vent en poupe, ce secteur informel connait un nouvel essor grâce à l’émergence d’agences de placement.
Le rond-point Liberté 6 est célèbre pour être un lieu de commerce. Mais, il est aussi un point de convergence des domestiques, lingères, nounous ou encore cuisinières en quête de travail. Assises sur des bancs non loin de la station-service, elles attendent, tous les jours, leur futur employeur. Dix, vingt ou peut-être cinquante, il est difficile de faire le décompte exact de ces âmes besogneuses en quête de mieux-être. Venues des quatre coins du Sénégal, ces femmes sont regroupées en plusieurs groupes. Certaines ont même leurs bagages à côté, prêtes pour l’emploi.
Daba Sène vient de Fissel Mbadane (département de Mbour). Le corps frêle, le regard hagard, la jeune femme semble être perdue devant tout ce monde pour une raison bien particulière. « Je viens ici pour la première fois », dit-elle, jouant nerveusement avec ses doigts. La femme de 19 ans a rejoint ce site grâce à sa cousine. « Je suis venue avec elle dans l’espoir de trouver du travail pour subvenir aux besoins de ma famille », dit-elle.
Elle n’en rajoutera pas plus. Ici, il n’est pas question de papoter en toute quiétude avec ces filles sans passer par Seydou Samaké. Le quadragénaire veille au grain. Muni d’un stylo et d’un cahier, il gère son business d’une main de maître. Il ne tarde pas à venir se mêler à la discussion. Il s’occupe du placement des filles pour des postes de femmes de ménage, de nounous, lingères ou encore de cuisinières. Evoluant dans le métier depuis une dizaine d’années, il est difficile de tenir une conversation avec M. Samaké. Les appels fusent de partout. Son téléphone ne cesse de sonner.
Une organisation précaire
Seydou accepte de parler de sa profession après quelques minutes de négociations. « Je suis établi à Liberté 6 depuis plus de dix ans. Mais, nous n’avons pas d’aide de la part des autorités », se désole-t-il. Ce dernier a hérité ce travail de son père. Le business fonctionne très bien. Tous les jours, elles font appel à lui pour un emploi. « La jeune femme fournit quelques renseignements sur ses parents ou son tuteur et nous présente sa pièce d’identité. Faute de cela, elle nous donne le contact de ses proches comme garantie », renseigne-t-il.
Seydou Samaké se charge ensuite de discuter avec l’employeur qui donne 5000 FCfa ou plus et son adresse. « Nous plaçons plus de 500 filles par mois. Mais, nous ne sommes pas dans les meilleures conditions. Ce n’est pas normal de devoir entasser les filles ici, cependant nous n’avons pas beaucoup de choix », regrette-t-il. « Ce n’est vraiment pas présentable comme lieu », renchérit Soda Thiam, tout en relevant que ces femmes peuvent être exposées à de nombreux risques. La quinquagénaire gère une boutique de vente de tissus et a pris l’habitude de venir à Liberté 6 pour trouver une bonne. La résidente de Sacré-Cœur 3 a établi un rapport de confiance avec Seydou Samaké et fait appel à lui. Aujourd’hui, elle sollicite ce dernier pour deux lingères. Cependant, la commerçante affirme ne pas aimer venir dans ce lieu et juge qu’il doit être mieux organisé.
Des agences de placement pour une structuration
Safy Sène et Abdou Thiam ont tous les deux ouvert une agence de placement de personnels de maisons. Comme Seydou Samaké, ils proposent les mêmes services. Mais à quelques différences près. Les deux entrepreneurs apportent une nouvelle donne à ce secteur informel. Ils reçoivent les demandeurs dans leurs agences et servent d’intermédiaires entre employé-employeur.
« L’agence fait l’entretien téléphonique avec la candidate, puis l’entretien physique avant de proposer le profil à l’employeur », explique Safy Sène. « Nous veillons à ce qu’elles soient respectueuses, dignes de confiance et munies de leur pièce d’identité nationale », informe la propriétaire de l’agence « Gneweul job ». Il en est de même pour Abdou Thiam qui demande aux employées une pièce d’identité, le numéro de leur tuteur et des entretiens téléphoniques.
Safy Sène et Abdou Thiam tiennent à la « réglementation » et proposent des contrats. « Le recrutement se fait sous contrat aussi bien pour l’employeur que l’employé. La mise en placement est une prestation de services pécuniaire », renseignent-ils. « L’employeur verse 10.000FCfa à l’entreprise et l’employée donne 5000FCfa une seule fois à la fin du mois », informe Safy Sène. A l’agence Thiam Emploi de Abdou Thiam, l’employeur donne 10.000 FCfa et la femme de ménage donne 10 % de son premier salaire », a fait savoir M. Thiam.
Ces agences veulent « apporter une nouvelle donne » au recrutement de personnels de maison. « Nous voulons que ces travailleuses puissent un jour avoir elles aussi des contrats avec leurs employeurs avec des prises en charges médicales », espère Safy Sène, tout en plaidant pour plus de soutien. Abdou Thiam embouche la même trompette. Il estime que ce système de placement de personnels de maison est beaucoup plus moderne, plus sûr et plus rapide et mérite l’appui des autorités pour plus de contrôle, une meilleure structuration et une meilleure régularisation. « Nous avons même une association mais il nous faut plus de soutien », regrette-t-il
EL HADJI MAMADOU FALL, FONDATEUR DE L’ASSOCIATION NATIONALE DES AGENCES DE PLACEMENT ET DE RECRUTEMENT DU SENEGAL
« Notre objectif est qu’il n’y ait plus de travailleuses dans les rues »
L’Association nationale des agences de placement et de recrutement du Sénégal (Anaprs) est née en 2023. « Elle est le fruit de notre volonté de faire entendre nos voix et faire valoir nos droits. Notre objectif est qu’il n’y ait plus de travailleuses dans les rues », a expliqué El Hadji Mamadou Fall. L’association milite pour le respect de leurs droits. « Nous apportons un soutien et un accompagnement à ces travailleuses. Nous organisons également des formations sur nos droits et sollicitons des juristes pour les défendre au mieux », a fait savoir le propriétaire d’une agence de placement.
« Anaprs a la possibilité de partager des profils de femmes de ménage qui nécessiteraient une formation préalable avant leur insertion », renchérit M. Fall. Cette collaboration permet d’assurer « la qualité des services » offerts tout en offrant des opportunités d’emploi à ces femmes.
Une nouvelle donne avantageuse
« J’allais à Liberté 6 pour trouver du travail. Une amie m’a ensuite parlé d’une agence de placement de personnel. C’est très bénéfique car je collabore avec une personne de confiance depuis plus d’un an », confie Diarra Diouf. La femme de 22 ans a pu trouver un emploi sûr. A l’en croire, l’agence l’a toujours mise avec des employeurs de confiance. « Ils sont à l’écoute et veillent sur moi. Une fois par mois, ils m’appellent pour s’enquérir de ma situation », dit-elle guillerette.
La satisfaction est aussi au rendez-vous du côté de Ndoumbé Faye. Cette directrice d’école a fait appel à une agence de placement. « C’est une connaissance qui m’a mise en rapport avec la fondatrice d’une agence. Elle m’a mis en relation avec trois filles qui sont toujours avec moi. L’une s’occupe de la maison et les deux autres m’aident à l’école », dit-elle. Des travailleuses qui donnent satisfaction avec de très bonnes habitudes, d’après M. Faye. Corka Ndiaye Ndour est la présidente de l’Addad-Sénégal (Association de défense des droits des aides ménagères et domestiques du Sénégal). Cette association sous-régionale basée au Mali est actuellement dans 10 pays (Mali, Burkina Faso, Togo, Benin, Côte d’Ivoire, Guinée, Sénégal, Gambie, Ghana et Mauritanie). La présidente soutient que les agences sont « une bonne chose » et peuvent être un atout si elles sont formalisées. Comme quoi, la réforme a du bon !
CORONA, SOUNIOU 1000 MILLIARDS !
Corona, tardé nga ! Rien ne nous arrêtera. Sénégalais yi guemeutouniou leu. Tu es revenu avec ton business ? Nos 1000 milliards d’abord. Même la justice a mis le masque pour qu’on n’identifie pas ces visages démasqués par la Cour des comptes.
Corona, tardé nga ! Rien ne nous arrêtera. Sénégalais yi guemeutouniou leu. Tu es revenu avec ton business ? Nos 1000 milliards d’abord. Même la justice a mis le masque pour qu’on n’identifie pas ces visages démasqués par la Cour des comptes. Tu trouveras le gel de tous tes accessoires. Nous avons fait d’autres tests au Conseil constitutionnel. Sur les 93, seuls 21 sont positifs. Nous avons préféré le bulletin de vote au bulletin du ministère de la Santé. Nioo la gueuneu baadoolo.
par Assane Gueye
LE JOUR D’APRÈS : SORTIR DU TIRAGE AU SORT
Cela remonte à la nuit des temps et on l’a presque oublié. Le tirage au sort a bien été la première forme d’élection. La recherche d’égalité laissait ainsi beau- coup trop de place au hasard.
Cela remonte à la nuit des temps et on l’a presque oublié. Le tirage au sort a bien été la première forme d’élection. La recherche d’égalité laissait ainsi beau- coup trop de place au hasard. Ceux qui étaient tirés ne le devaient finalement qu’à la loterie, voire la prestidigitation. Ce fut une grande paresse. Doté de milliards de neurones pour réfléchir et être génial, l’être humain ne peut pas se résoudre à confier son sort à la seule chance. Une vie sans mérite est une vie chancelante. La seule circonstance atténuante est qu’on en était au tout début de l’expérience démocratique. Le tirage au sort est tout de même demeuré. Les tournois sportifs l’ayant récupéré sans que personne ne trouve à redire. Mais avoir recours à ce procédé pour fixer l’ordre de préséance des prétendants à la présidence de la République du Sénégal dans le cadre du parrainage a quelque chose de consternant. Qu’un expert électoral se glorifie d’en avoir eu l’idée le premier ne rassure point sur le terme «expertise». Pour dire vrai, cette idée est la plus mauvaise depuis que le Sénégal est indépendant. Elle est irrationnelle. Alors qu’en matière d’élection présidentielle, aucune brèche ne doit être ouverte ni laissée à l’invraisemblable. La présidence, c’est la cour d’honneur, la cour des grands. C’est une ligue des champions. Les critères pour entrer dans le saint des saints doivent d’abord prendre en compte les états de service. Il faut avoir déjà gouverné, avoir été ministre, député, maire, haut fonctionnaire, de profession libérale, de la société savante, capitaine d’industrie ou autres. L’expérience est une exigence car «elle est une école dont les leçons sont coûteuses mais on en sort toujours savant», me répète souvent un mentor. Il faut aussi avoir fait ses humanités. On parle ici de compétence. Mieux vaut un surdiplômé qu’un autodidacte. Mais avec ce qu’on appelle tristement l’air du temps, tout finit par se valoir. Même dans un grand pays comme le Sénégal, on triture de moins en moins nos méninges pour se contenter de la facilité du suffrage au sort. L’explication est toute simple. On n’est pas sortis des sentiers battus.
Profils intéressants
Sans verser dans le simplisme, on dira aussi que la plupart de ceux qui se sont rués à la Direction générale des élections pour la mise à disposition de fiches ont tout fait sauf désacraliser la fonction présidentielle. Ils se sont ridiculisés eux-mêmes si l’intention était d’amuser la galerie. «La différence entre un génie et un idiot est que le génie connaît ses limites», a écrit un grand auteur. Jamais au grand jamais depuis que le Sénégal est le Sénégal, aucun des quatre présidents n’a été déprécié. Bien au contraire. Le palais est non seule- ment resté la cour d’honneur où l’on décide de la politique du pays mais son locataire a gardé des pouvoirs exceptionnels pour gouverner. Le rendez-vous présidentiel n’est plus seulement la rencontre d’un homme ou d’une femme avec son peuple. Cet homme ou cette femme doit être exceptionnel(le). Les noms et profils qui sont passés entre les gouttes du parrainage sont pour l’essentiel dignes de figurer dans la compétition. Ils en ont pour la majorité la carrure et l’envergure. En attendant le dernier mot des sept sages, surtout pas d’arrogance pour ceux qui sont en train de sortir du lot. Le plus dur commence. Il leur faut être habile, futé et instinctif pour avoir la communauté et la communion. À l’endroit de ceux qui sont bloqués, ce n’est pas la fin du monde. Les gémissements ne servent à rien. Il faut être digne, stoïque, beau joueur, voire candide. Car tout le monde ne peut pas être candidat.
PARRAINAGES, BENNO DÉNONCE LES ATTAQUES CONTRE LES INSTITUTIONS ÉLECTORALES
Réponse du berger à la bergère: Le candidat Amadou Ba, soutenu par la mouvance présidentielle a tenu à répondre auc candidats recalés par le parrainage. Et il est passé par sa coalition.
Réponse du berger à la bergère: Le candidat Amadou Ba, soutenu par la mouvance présidentielle a tenu à répondre auc candidats recalés par le parrainage. Et il est passé par sa coalition .” Bennoo Bokk Yaakaar dénonce et condamne fermement les tentatives de jeter le discrédit sur les institutions de la République, spécialement sur celles en charge du processus électoral’’, déclare la mouvance présidentielle. La coalition au pouvoir estime que l’invalidation de certains parrainages a été dûment justifié.
‘”Bennoo Bokk Yaakaar appelle tous les acteurs au respect des institutions et des règles du jeu démocratique’‘, ajoutent Amadou Ba et ses camarades.
Par ailleurs la coalition Benno Bokk Yakkar appelle tous ses militants et militantes, sympathisantes et sympathisants, “à rester mobiliser dans l’unité et la cohésion jusqu’à la victoire finale”.
LES ÉTUDIANTS DE L’UCAD SACRIFIÉS SUR L’AUTEL DE LA POLITIQUE ?
Depuis la fermeture de l’université en juin 2023 suite aux violentes émeutes qui avaient éclatés, les autorités universitaires ne cessent de jeter les étudiants de l’UCAD dans la gueule du loup à cause des décisions qu’elles prennent pour finir l'année.
Depuis la fermeture de l’université en juin 2023 suite aux violentes émeutes qui avaient éclatés, les autorités universitaires ne cessent de jeter les étudiants de l’UCAD dans la gueule du loup à cause des décisions qu’elles prennent dans le but de finir illico presto l’année académique 2022-2023 sans tenir en compte beaucoup de paramètres.
Les cours de remédiations du deuxième semestre de la faculté des lettres et sciences humaines qui sont organisés hors de l’enceinte du temple du savoir afin de boucler le deuxième semestre, est loin d’être logique vu que l’on a jamais vu un semestre qui dure un mois hors que dans le système LMD (licence-master-doctorat), chaque enseignant doit au moins faire 20H de cours avant la programmation d’un quelconque examen. Nul besoin d’être un expert de l’éducation pour savoir que les apprenants de l’UCAD sont envoyés au casse-pipe et en témoigneront les résultats.
Bien vrai que des dégâts matériels sont notés à l’UCAD mais cela n’est aucunement un frein pour empêcher aux étudiants de faire cours comme il convient. D’autant plus que les professeurs de la dite université ont plus d’une fois lancé un cri de cœur demandant au gouvernement d’ordonner son ouverture. La politique se cache-telle derrière cette fermeture ? Est-il judicieux de voir certaines facultés comme la Médecine ou encore l’Ecole Supérieur polytechnique (ESP) poursuivre correctement les cours alors que les autres n’ont pas cette prérogative ? L’université Cheikh Anta DIOP de Dakar, ouvrira peut-être ses portes après la présidentielle de février 2024.
LA PRODUCTION DE FRUITS ET LÉGUMES A AUGMENTÉ DE PRÈS DE 700 TONNES ENTRE 2012 ET 2023
La production sénégalaise de fruits et légumes a augmenté de 905.000 tonnes en 2012 à 1,6 million de tonnes en 2023, soit une hausse de près de 700 tonnes, les exportations du Sénégal pour ces mêmes denrées étant passées de 56.000 à 120.000 tonnes
Diamniadio, 12 jan (APS) – La production sénégalaise de fruits et légumes a augmenté de 905.000 tonnes en 2012 à 1,6 million de tonnes en 2023, soit une hausse de près de 700 tonnes, les exportations du Sénégal pour ces mêmes denrées étant passées de 56.000 à 120.000 tonnes durant la même période, a-t-on appris du directeur de l’horticulture, Macoumba Diouf.
‘’Notre production de fruits et légumes est passée de 905.000 tonnes en 2012 à 1,6 million de tonnes maintenant. Les exportations sont passées de 56.000 tonnes en 2012 à 120.000 tonnes maintenant’’, a annoncé M. Diouf en marge d’une réunion de la Société d’exploitation du marché d’intérêt national et de la gare des gros porteurs (SEMIG) avec les horticulteurs, les commerçants et les transporteurs, jeudi, à Diamniadio (ouest).
Les emplois générés par l’horticulture ont augmenté durant la même période, selon Macoumba Diouf.
‘’Une importante partie de la production horticole est destinée à l’approvisionnement du marché sénégalais’’, a-t-il rappelé.
Ces statistiques font dire à M. Diouf que ‘’le sous-secteur horticole se porte très bien’’.
‘’Les productions horticoles ont atteint, de 2012 à maintenant, des niveaux jamais égalés’’, a-t-il ajouté.
Les acteurs de l’horticulture sénégalaise (commerçants, transporteurs et horticulteurs) bénéficient de nouvelles infrastructures, le marché d’intérêt national et la gare des gros porteurs, d’un investissement de 55 milliards de francs CFA, selon les pouvoirs publics.
Construites à Diamniadio, dans le département de Rufisque, ces deux infrastructures servent à stocker et à conserver la production de fruits et légumes convoyés du reste du pays et de l’étranger vers Dakar.
Bâtis sur un espace de 33 hectares, le marché d’intérêt national et la gare des gros porteurs ont une capacité de stockage de 15.000 tonnes, selon la directrice générale de la SEMIG, Fatoumata Niang Ba.
Les gros porteurs transportant des fruits et légumes en provenance du Sénégal ou d’autres pays doivent désormais les décharger au marché d’intérêt national de Diamniadio, selon un arrêté du gouverneur de Dakar, Al Hassan Sall.
DES CHEFS TRADITIONNELS S’ENGAGENT À PROMOUVOIR LE RESPECT ENTRES LES COMMUNAUTÉS
Des chefs traditionnels du Sénégal ont rendu public jeudi un document dans lequel ils prennent l’engagement d’assumer davantage la responsabilité de valoriser les mécanismes de régulation sociale et de prévention des conflits
Diakhao (Fatick) 12 jan (APS) – Des chefs traditionnels du Sénégal ont rendu public jeudi un document dans lequel ils prennent l’engagement d’assumer davantage la responsabilité de valoriser les mécanismes de régulation sociale et de prévention des conflits en promouvant le respect entre les communautés.
Cette déclaration a été rendue publique à l’issue d’une réunion des chefs traditionnels concernés à Diakhao, dans la région de Fatick (ouest), à l’occasion de la 12ᵉ édition du Festival national des arts et de la culture (Fesnac).
Intitulée »l’appel de Diakhao », du nom de la capitale de l’ancien royaume du Sine, correspondant approximativement à la région de Fatick, cette déclaration a été lue par Buur Sine Niokhobaye Diouf Fatou Diène.
Ce dernier a ensuite remis le document au ministre de la Culture et du Patrimoine historique, Aliou Sow.
« En tant que gardien de tradition, les chefs traditionnels assument la responsabilité de valoriser les mécanismes traditionnels de régulation sociale, de prévention des conflits et promouvoir l’amitié, et le respect entre différentes communautés », a dit Buur Sine Niokhobaye Diouf Fatou Diène.
Il s’exprimait au nom des chefs traditionnels du Sine, de Bignona, du Saloum, le Buur Guédé, ainsi que d’une délégation ayant représenté le résistant colonial Lat Dior.
Au cours de la réunion qu’ils ont tenue, ces chefs traditionnels « ont partagé des réflexions sur les moyens de renforcer l’unité nationale et la cohésion sociale. »
« Par la richesse de notre diversité culturelle, ethnique et religieuse, reconnaissons que l’harmonie et la stabilité sont les fondements du développement durable », a dit Buur Sine.
« Ainsi, a-t-il poursuivi, nous déclarons notre engagement à instaurer des mécanismes institutionnels robustes, afin de valoriser le dialogue et l’unité nationale ».
Ces chefs traditionnels ont appelé à une collaboration renforcée entre les autorités traditionnelles et les pouvoirs publics pour une contribution active des pouvoirs traditionnels.
Ils ont par ailleurs encouragé les programmes éducatifs devant permettre de sensibiliser davantage les générations présentes et futures sur la diversité de l’héritage culturel du Sénégal.
Ils ont émis le souhait que cette déclaration « serve de catalyseur par des actions concrètes pour le bien-être de tous les Sénégalais ».
Le ministre de la Culture et du Patrimoine historique, Aliou Sow, a promis de transmettre la déclaration au chef de l’État.
»La déclaration de Diakhao adoptée par les pouvoirs traditionnels du Sénégal que vous avez bien voulue me transmettre sera remise à qui de droit », a-t-il dit en faisant référence au président de la République, Macky Sall.
Aliou Sow a pris à son tour « l’engagement de transmettre fidèlement ladite déclaration à son très respectable destinataire ».
Par Ibou FALL
LES PREMIERS MINISTRES SE SUCCEDENT ET NE SE RESSEMBLENT PAS
La Présidentielle de 2024 aura vu, les cancres, vous pouvez compter sur les doigts, sept anciens premiers ministres déposer des candidatures qui connaissent des fortunes si diverses devant le Conseil constitutionnel…
La Présidentielle de 2024 aura vu, les cancres, vous pouvez compter sur les doigts, sept anciens premiers ministres déposer des candidatures qui connaissent des fortunes si diverses devant le Conseil constitutionnel…
Disons-le comme ça : ça va du moins mauvais au pire.
Dans le désordre, d’un côté, ceux du Président Wade, entre 2000 et 2012, trois au total : Idrissa Seck, Cheikh Hadjibou Soumaré et Souleymane Ndéné Ndiaye ; et de l’autre, les quatre restants, ceux du Président Macky Sall, de 2012 à 2024 : Abdoul Mbaye, Mimi Touré, Boun Abdallah Dionne et Amadou Ba, l’actuel, toujours en fonction, qui cumule les casquettes de chef de gouvernement et candidat…
Personne ne sait encore ce que va donner le dernier tri du Conseil constitutionnel mais, pour l’heure, il n’en reste plus tellement dans la course. On peut déjà compter Amadou Ba, le candidat officiel du camp présidentiel, dont la machine électorale est manifestement d’une redoutable efficacité, qui passe les doigts dans le nez l’épreuve des parrainages. Moins glorieuses, les qualifications, après rattrapages, de Idrissa Seck, vieux routier de la politique, que l’on découvre en 1988, fringuant directeur de campagne de Wade, le Pape du Sopi ; et de Mahammed Boun Abdallah Dionne, en rupture de ban avec son mentor, Macky Sall, dont il conduit en 2017 la liste aux Législatives et devient son directeur de campagne à la Présidentielle de 2019.
Passent à la trappe Cheikh Hadjibou Soumaré, Souleymane Ndéné Ndiaye, Abdoul Mbaye et Mimi Touré.
C’est sans doute à cause de ce quarteron de recalés que l’on devrait se pencher sur la longue et tumultueuse histoire des chefs de gouvernement du Sénégal.
Grandeurs et servitudes d’une fonction, il était une fois…
Le premier à ouvrir la longue marche, à n’en pas douter, est Mamadou Dia. En 1958, dans l’Afrique occidentale française, Aof, on est encore en République française, sous la Quatrième, et la loi-Cadre vient d’être votée. Dans les colonies, une sorte de transfert des compétences attribue alors aux indigènes une parcelle de pouvoirs.
Au Sénégal, le Conseil de gouvernement local est présidé par le Gouverneur Lamy ; Mamadou Dia, désigné par Senghor pour ces tâches rébarbatives, est d’abord vice-président du Conseil de gouvernement.
Ça ne dure qu’une année…
Le bonhomme est une forte tête qui finit par confiner le Gouverneur Lamy au rôle de spectateur en Conseil des ministres. L’année suivante, après une réforme des textes, Lamy quitte la table et Mamadou Dia en devient le patron.
Rapidement, entre Léopold Sédar Senghor et Mamadou Dia, ce n’est plus la relation du maître et son disciple, mais les deux faces d’une même pièce. Ils font la paire, et ça marche au point de conduire le Sénégal à l’indépendance sans effusion de sang. Peu de temps après, ils traversent ensemble la tempête de la Fédération du Mali en bloc inébranlable. Modibo Keïta supporte à peine Senghor, mais tient commerce agréable avec Mamadou Dia… Peine perdue : la complicité des deux Sénégalais aboutit à la fin de la Fédération du Mali et la proclamation de la République du Sénégal, après que les Soudanais seront arrêtés et mis dans le train pour Bamako sans autre forme de procès.
Là commence le face-à-face entre les deux têtes de la République du Sénégal. Le Président, Senghor, qui se tourne les pouces le plus souvent, commence à s’ennuyer ; et puis, Mamadou Dia, le chef de l’Exécutif, président du Conseil de gouvernement, avec lequel les grands de ce monde papotent, n’a plus vraiment de temps pour l’écouter…
En réalité, ils ne voient pas le Sénégal de la même manière depuis bien longtemps, mais ne se l’avouent pas.
C’est vrai, leur compagnonnage a quelque chose de romanesque : partis des coins reculés du monde indigène, l’un de Djilor-Djidiack et l’autre de Khombole, main dans la main, et bravant les tempêtes contre vents et marées, ils conduisent le Sénégal à l’indépendance après avoir dompté Lamine Guèye, le citoyen français devenu maître des quatre communes…
Que d’émotions pour en arriver là !
Sauf que Senghor ne voit pas le Sénégal sans la France, et Dia largue déjà les amarres et scrute de nouveaux horizons : le socialisme autogestionnaire du Yougoslave Tito le séduit, il voyage dans le Bloc de l’Est et rêve d’un Sénégal qui s’émancipe du joug colonial.
Pour Senghor, c’est trop tôt et, au Sénégal, il n’est pas le seul à le penser : le «système», comme on dirait aujourd’hui, n’a pas vraiment envie que ça change…
La fin officielle du tandem Senghor/Dia arrive le 17 décembre 1962.
Ça épiloguera longtemps sur le sexe des anges à ce sujet : coup d’Etat, pas coup d’Etat ? Les versions et les avis évoluent beaucoup de 1962 à 2024… Il reste à constater que la République, alors, ne peut plus supporter deux têtes, et qu’il faut en couper une.
Mamadou Dia, gracié en 1974, restera un des plus farouches opposants du régime Ups qu’il aura contribué à installer aux affaires. Il ouvre ainsi la longue tradition des anciens chefs de gouvernement devenus ensuite des ennemis irréductibles de leurs anciens camarades.
Sorti de là, Senghor, qui ne fait plus vraiment confiance à grand-monde, initie une réforme au terme de laquelle il supprime le poste et devient président de la République et à la fois chef du gouvernement.
Il tient la barre jusqu’en 1970.
Entre-temps, bien des événements secouent le pays, au sortir des élections présidentielle et législatives : en 1963, les Forces de l’ordre ouvrent le feu sur des récalcitrants qui peinent à admettre les résultats du scrutin. Officiellement, quarante morts… Rebelote en 1968, alors que les troubles sociaux mettent en péril le régime, reconduit avec 100% des votes à la Présidentielle et aux Législatives.
Est-il nécessaire de rappeler qu’il échappe de justesse en 1967 à une tentative d’assassinat ? Le pistolet du conjuré s’enraye alors qu’il tente de tirer sur Senghor à bout portant.
Le temps des réformes est là, manifestement.
Et le Président Senghor nous sort du chapeau un fonctionnaire longiligne qui n’a pas un sourcil plus froncé que l’autre, en l’honneur duquel il crée le néologisme «Primature». Ce veinard, Abdou Diouf qu’il se nomme, personne ne sait vraiment ce qu’il pense. Il nous vient de l’ecole nationale de la France d’Outre-Mer, Enfom, qui vous taille des administrateurs de colonies adroits dans l’art de mâter les Nègres. Signe particulier : il est béat d’admiration pour Jean Collin, un Toubab rien de plus Sénégalais, sorti peu avant lui de la même fabrique de dresseurs d’indigènes, qui passe au Cabinet du Président Dia, sera puni par un poste de Gouverneur de région avant de tâter aux Finances, et à l’Intérieur devenu son fief inexpugnable, depuis lequel il contrôle la République.
Ça va servir pour plus tard, jusque dans l’après-Senghor.
Abdou Diouf, pour ce que l’on peut en retenir sous Senghor, ne provoque pas de clash, rentre le cou et évite de faire de l’ombre au patron. Il se dit également que des ministres de son gouvernement l’écrasent même de leur personnalité, du style Babacar Bâ que l’on entrevoit quelque temps comme le dauphin de Senghor, ou Adrien Senghor, le neveu tout-puissant ou… Jean Collin, un taiseux qui a les yeux et les oreilles de l’Etat.
Senghor parti, Abdou Diouf qui le remplace choisit comme Premier ministre Habib Thiam. Apparemment, c’est son meilleur ami. Chacun des deux est le parrain d’un fils de l’autre, pour vous dire. On retiendra de leur compagnonnage le voile pudique dont Habib Thiam couvre leurs relations : remercié en 1983 après les élections couplées durant lesquelles il est tête de liste des députés socialistes, installé au Perchoir brièvement, et victime d’un «complot» comme on dirait aujourd’hui, il revient en 1991 après une longue traversée dans le… privé. Entre-temps, aucune déclaration fracassante, pas même un soupir ne se fait entendre de sa part. Il ne rejoint pas l’opposition, ne rappelle pas les services inestimables rendus qui lui seraient payés par l’ingratitude, ne menace personne d’aucun déballage.
Rien à voir avec les premiers ministres limogés de ces vingt dernières années : autres temps, autres mœurs ?
Lui succède Mamadou Lamine Loum. Avant ça, le nouvel impétrant est un agent du Trésor qui gravit tous les échelons avant de devenir ministre du Budget. Son nom se médiatise lors du fameux plan d’urgence, Sakho-Loum, qui évite au pays, nous serine-t-on, la banqueroute. Habib Thiam s’en va, et Loum s’installe en 1998. Ce n’est pas une bête politique. Plutôt un technocrate qui n’a manifestement pas l’ambition de devenir le successeur de qui que ce soit.
Il se susurre qu’il chaufferait la place pour Ousmane Tanor Dieng, alors tout puissant ministre d’Etat replié à la Présidence, qui attend son heure de gloire.
Hélas, l’Alternance…
Quand Wade arrive au pouvoir le 19 mars 2000, personne n’est surpris de la nomination de Moustapha Niasse à la Primature. Le Pape du «Sopi» nous l’annonce en pleine campagne électorale, quand débute le deuxième tour. Rien de neuf sous nos cieux puisque ce n’est pas la première fois que Niasse est titulaire de la fonction. En 1983, déjà, après les élections, Habib Thiam casé au Perchoir, Abdou Diouf l’y nomme, le temps de présenter une réforme qui supprime le poste. Moustapha Niasse est viré peu de temps après, pour avoir démontré son art du coup de tête et du pugilat au détriment de Djibo Kâ en pleine réunion du Bureau politique du Ps, sous les yeux d’un Abdou Diouf sidéré.
Il y fait long feu, encore, cette fois sous Wade et rejoint le camp de l’opposition pour y ronger son frein. Ça va durer jusqu’en 2012, avec l’arrivée au Palais de Macky Sall, lui aussi ancien Premier ministre qui rejoint le camp adverse avec hargne et bagages.
Qui se ressemblent, s’assemblent ?
Mame Madior Boye, qui remplace Niasse, première femme à cette fonction, est une vénérable dame tranquille, une magistrate qui ne fait pas de vagues. Ministre de la Justice en 2000, elle s’installe à la Primature sans manifestement la moindre ambition d’être cheffe de l’Etat.
On a même le sentiment que Madame la Première ministre ne veut pas déranger…
Rien à voir avec son successeur, Idrissa Seck, qui clame urbi et orbi qu’il est né pour être président de la République. Le quatrième de préférence. Forte tête, fort en thème, dès sa Déclaration de politique générale, malgré sa voix cassée, il marque son territoire. Ses détracteurs font remarquer au Président qu’il ne l’a même pas cité… Il ne mettra pas longtemps pour devenir suspect. Ses crocs rayent les parquets trop profondément. Dans l’entourage du Président Wade, ça s’échine à le démolir. Rien ne sera de trop. Après son limogeage, il bivouaque en prison sous l’accusation infâmante de détournement de deniers publics dans les fameux «Chantiers de Thiès». Il en ressort par un non-lieu auréolé d’un mythique «Protocole de Rebeuss» dont tout le monde parle, mais que personne ne voit.
C’est Macky Sall qui lui succède. Mieux, le tout nouveau Premier ministre, frais émoulu du ministère de l’Intérieur, sonne la charge de l’accusation qui conduit Idrissa Seck en prison.
La politique n’est pas un jeu d’enfants de chœur, n’est-ce pas ?
Macky Sall, le nouveau chouchou du clan Wade, ne tarde pas à s’en rendre compte lorsque, propulsé au Perchoir, il subit les tirs du camp présidentiel qui commence à lui trouver des attitudes ingrates… L’abominable crime dont ça l’accuse : il aurait voulu humilier Karim Wade dans l’Hémicycle à propos des comptes de l’Anoci, parce qu’il comploterait pour la succession du Président Wade.
Ah, l’ingrat !
Macky Sall, contraint de rendre ses mandats de président de l’Assemblée nationale et maire de Fatick, échappe de peu à la machine à broyer de l’Etat qui le destine à la prison.
Cheikh Hadjibou Soumaré est son successeur, que Souleymane Ndéné Ndiaye remplace.
La récente épreuve des parrainages nous confirme à quel point ce ne sont pas des foudres de guerre.
Arrive Macky Sall au pouvoir en 2012. Quand il nomme le sémillant Abdoul Mbaye, banquier respectable, «fils de» que son pedigree embellit plus que de raison, le président de la République fait terne figure, comparé à son Premier ministre qui pose précieux et sait jacter en public.
L’illusion ne dure pas.
Lorsqu’il est viré comme un malpropre, le fils du Père Kéba jure de rester loyal et au service de la République quelque temps, avant de changer de ton et muer en irascible opposant.
On se console comme on peut ?
C’est la précédente ministre de la Justice, la très médiatique Mimi Touré, qui s’y colle. Elle promet «d’accélérer la cadence», le progrès et l’émergence n’ayant pas la patience d’attendre ces lourdauds de Sénégalais…
Sa participation malvenue à une élection locale l’oblige à rendre le tablier, ranger sa cravache et ronger son frein, laissant la place à Mahammed Boun Abdallah Dionne. Un zélé serviteur de Macky Sall qui, tout comme Moustapha Niasse en 1983, présentera, comme chef de gouvernement, la réforme qui supprime son poste.
On est sadomaso ou on ne l’est pas…
Il vient, pour cette Présidentielle, comme Idrissa Seck, de franchir péniblement le barrage des parrainages.
Ce qui ne les grandit pas.
C’est Amadou Ba qui, donc, au final, remporte la timbale de Premier ministre désigné par le patron à sa succession. On lui met à disposition le redoutable appareil électoral de Benno bokk yaakaar, qui mène Macky Sall de victoire en victoire depuis 2012.
Relativisons : ils ont perdu la majorité aux dernières Législatives, l’an dernier.
L’actuel locataire de la Primature est un inspecteur du fisc qui gravit les échelons en rentrant le cou comme Abdou Diouf le fait avec Senghor de 1970 à 1980. Quand il est mis au placard après son exil comme ministre des Affaires étrangères, Amadou Ba n’a pas un soupir, ni un murmure pour s’en plaindre. Malgré ses soixante balais, pas un cheveu blanc. Son «étifor» est irréprochable et son sourire mécanique. On ne lui connaît pas de fâcheries jupitériennes, ni de frasques dans le privé comme dans le travail.
Je ne sais pas vous, mais moi, je me demande s’il n’est pas trop poli pour un vrai Sénégalais.