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24 février 2025
11 FILMS DANS LA COMPETITION OFFICIELLE
La 6e édition du Festival Dakar court se tient du 11 au 16 décembre prochains dans la capitale. Cet évènement qui met en compétition les jeunes réalisateurs dans le genre court métrage, 11 productions dont 5 films d’écoles.
Bés Bi le Jour |
Adama Aïdara KANTE |
Publication 29/11/2023
La 6e édition du Festival Dakar court se tient du 11 au 16 décembre prochains dans la capitale. Cet évènement qui met en compétition les jeunes réalisateurs dans le genre court métrage, 11 productions dont 5 films d’écoles.
La 6e édition du Festival international du court métrage de Dakar dénommé Festival Dakar court est prévue du 11 au 16 décembre prochains. L’édition de cette année met en lumière les femmes puisque le thème retenu est «La place de la femme». L’initiateur de cette manifestation, en prélude du festival, le réalisateur Moly Kane qui faisait face à la presse à l’Institut français de Dakar a fait savoir que 32 films du Sénégal, du Burkina-Faso, du Cameroun, de l’Algérie, de la France, entre autres pays, seront projetés. Avant de noter que l’un des programmes habituels sous l’appellation de «Talents Dakar court», dédiés à la formation des jeunes dans les métiers du cinéma. Mais également un programme non moyen important intitulé «Talents Dakar court critique» est une initiation à la critique cinématographique est dédiée aux journalistes et autres aspirants critiques, afin de leur donner des outils pour avoir une autre lecture du film. «15 jeunes vont suivre des ateliers de formation sur les archives, des masters class, sur l’impact économique du festival, etc. Dakar court prévoit également d’organiser, non seulement des tables rondes scientifiques et des ateliers, mais aussi de rendre hommage à certaines figures du cinéma sénégalais et français», a-t-il annoncé.
L’édition de cette année enregistrera plusieurs candidatures féminines pour toutes les compétitions. «Les femmes sont majoritairement représentées sur tous les plans, que ce soit au niveau des jurys, dans l’organisation ou pour les candidatures. Nous avons reçu plusieurs candidatures féminines pour cette édition. La réalisatrice et scénariste française d’origine sénégalaise, Ramata Toulaye Sy, sélectionnée en mai dernier au Festival de Cannes avec son film ‘’Banel et Adama’’, va présider le jury ‘’Talents Dakar court métrage’’», souligne le président de l’association «Cinémarekk». Il ajoute que sa compatriote et collègue Alice Diop, récompensée par le Grand prix du jury à la Mostra de Venise en 2022 avec son film «Saint Omer», présidera le jury de la compétition officielle du court métrage et le jury «Dakar talents court critique» sera présidée par la journaliste de France 24 Fatimata Wane. «Cette année, nous avons apporté quelques nouveautés dans le festival. Nous allons mettre en compétition les films d’écoles et le prix francophone, qui primera le film qui s’investira le plus dans l’usage de la langue française (…). Onze films sont retenus pour la compétition officielle, dont cinq films d’écoles», renseigne l’auteur de «Serbi».
UNE FRANÇAISE EMPRISONNÉE À DAKAR MANIFESTE PAR LA FAIM
Arrêtée pour avoir participé le 17 novembre à une manifestation de soutien à Sonko, Coline Fay, 26 ans est poursuivie pour "complot contre l'autorité de l'État" et "séjour irrégulier". Son avocat réclame sa libération immédiate
Brice Folarinwa de SenePlus |
Publication 29/11/2023
Selon une information de France Bleu Isère relayée mardi 28 novembre, l'avocat Juan Branco s'est dit "inquiet" pour le sort de sa cliente Coline Fay, une jeune femme iséroise de 26 ans incarcérée depuis le 24 novembre dans une prison pour femmes de Dakar au Sénégal.
Coline Fay, qui réside au Sénégal depuis un an où elle exerce comme kinésithérapeute, a été arrêtée alors qu'elle participait pacifiquement à une manifestation de soutien à Ousmane Sonko, principal opposant politique au président sénégalais Macky Sall. Accusée de "complot contre l'autorité de l'État" et de "séjour irrégulier", elle a entamé une grève de la faim et n'a pu parler à sa famille que lundi.
Selon Maître Branco, qui défend également Ousmane Sonko, "la France, qui soutient le président Macky Sall, semble gênée par la situation". L'avocat exige une prise de position publique des autorités françaises pour obtenir "sans délai" la libération de sa cliente, qualifiée de "militante pacifiste". "Il est très important que les Français sachent qu'elle encourt la perpétuité pour avoir défendu les valeurs qui sont les nôtres", déplore-t-il.
Contacté par France Bleu Isère, le ministère des Affaires étrangères indique suivre "avec attention" le cas de Coline Fay et confirme qu'elle bénéficie de visites consulaires pour s'assurer du respect de ses droits. Du côté de la famille iséroise de la jeune femme, l'inquiétude grandit tandis qu'un comité de soutien est en cours de constitution.
RÉGULATION DES PRIX DU LOYER, CE QUE PRECONISE ABDOU KARIM FOFANA
La Commission nationale de régulation du loyer à usage d’habitation (CONAREL) doit, pour bien exercer sa mission, se rapprocher des populations, a recommandé à ses membres le ministre de tutelle, Abdou Karim Fofana.
Dakar, 29 nov (APS) – La Commission nationale de régulation du loyer à usage d’habitation (CONAREL) doit, pour bien exercer sa mission, se rapprocher des populations, a recommandé à ses membres le ministre de tutelle, Abdou Karim Fofana.
‘’Nous devons être proches des usagers’’, a dit M. Fofana lors de la cérémonie d’installation officielle de la CONAREL, mardi, à Dakar.
Dans l’exercice de ses fonctions, la commission peut également recourir à des ‘’relais communautaires’’, selon le ministre du Commerce, de la Consommation et des Petites et moyennes entreprises.
‘’On peut compter sur les relais communautaires qui peuvent, en attendant l’arrivée des services de l’État, informer l’usager et calmer les situations de conflit’’, a-t-il proposé.
‘’Il faut que la CONAREL s’adapte à notre temps. Les usagers ont des attitudes différentes, surtout lorsqu’il s’agit de conciliation. Il faut aller vers eux et les informer davantage de leurs droits et devoirs’’, a-t-il ajouté.
Cette commission a été constituée en mars dernier pour exercer une mission de régulation et de conciliation entre les propriétaires immobiliers et les locataires.
Des commissions régionales ont été créées pour exercer la même mission, dans chaque région.
Cette mission de régulation des prix du loyer et de conciliation entre les promoteurs immobiliers et les locataires sera décentralisée dans les communes et les arrondissements, selon Abdou Karim Fofana.
Des proposions seront faites aux pouvoirs publics, concernant la catégorisation des bâtiments à louer et les tarifs du loyer, a dit Momar Ndao, le président du conseil d’orientation de la CONAREL.
Selon M. Ndao, la commission est confrontée à plusieurs obstacles, dont l’adoption tardive de son budget.
Depuis sa création, la CONAREL a enregistré près de 9.000 appels et 3.170 plaintes de bailleurs et de locataires en lien avec le loyer. Elle a traité 98 % des réclamations, a-t-il indiqué.
UNE MANE-DEPENDANCE DANGEREUSE POUR LES LIONS ?
Impliqué sur 8 des 17 buts marqués par les Lions lors de l’année 2023 (6 buts et 2 passes décisives), Sadio Mané a encore illustré son importance dans le dispositif d’Aliou Cissé.
Bés Bi le Jour |
Lamine Mandiang DIEDHIOU |
Publication 29/11/2023
Impliqué sur 8 des 17 buts marqués par les Lions lors de l’année 2023 (6 buts et 2 passes décisives), Sadio Mané a encore illustré son importance dans le dispositif d’Aliou Cissé. Jusqu’à rendre cette dépendance dangereuse pour l’avenir d’une sélection qui semble ne pas encore trouvé de plan B ?
La force d’un grand joueur, c’est de ne jamais douter, savoir répondre présent quand son équipe est dans une mauvaise passe ou encore réussir à prendre la barre tel un capitaine. Sadio Mané ne cesse de démontrer qu’il endosse avec responsabilité le costume de boss de l’équipe nationale du Sénégal. Il est même tellement essentiel que sa présence manque cruellement en son absence. Il est le détonateur de l’attaque sénégalaise. C’est presque toujours lui qui est là pour marquer ce but libérateur, offrir cette passe décisive ou créer cette éclaircie dans la grisaille quand tout va mal et que l’équipe a des difficultés pour débloquer la situation. Il l’a démontré durant cette année 2023 qui s’est refermée avec un doublé et une passe décisive contre le Sud Soudan avant de rester muet contre le Togo comptant pour les deux premières journées des éliminatoires de la Coupe du monde 2026.
Impliqué dans 65 buts en 101 sélections
Mané compte désormais 40 buts et 25 passes décisives en 101 sélections. Ce qui fait de lui le meilleur buteur et le meilleur passeur de l’histoire de l’équipe nationale du Sénégal. C’est tout simplement presque le double de buts de tous ses partenaires actuels d’attaque en sélection réunis (24) : Ismaïla Sarr, Boulaye Dia, Nicolas Jackson, Iliman Ndiaye, Habib Diallo voire Krépin Diatta... L’attaquant d’Al-Nassr est impliqué dans 65 buts depuis qu’il a fait ses débuts en équipe A, le 25 mai 2012. Ces chiffres montrent qu’il porte l’attaque des Lions sur ses épaules. Malgré un état de forme chancelant depuis sa blessure au genou qui l’a privé du Mondial qatari, Sadio continue de porter le flambeau de l’attaque sénégalaise en masquant toutes ses lacunes dans une animation qui ne saurait emprunter d’autres chemins que le sien pour aller jusqu’au but. Or l’équipe du Sénégal devrait être capable de proposer un jeu collectif sans son meilleur joueur car s’il n’est pas dans un bon jour ou blessé, ça risque d’être compliqué. Aliou Cissé a pu jauger l’étendue de ce que peut occasionner l’absence de Mané avec un Mondial 2022 où le numéro 10 des Lions a été l’absent le plus présent. Sans Nianthio, le Sénégal a certes atteint les huitièmes de finale mais aura manqué cette folie ou ce leader d’attaque capable de peser de par son statut sur une rencontre.
6 buts et 2 passes décisives en 2023
Les leçons de cette défection au dernier moment semblent ne pas avoir été suffisamment tirées. Sur cette année 2023 marquant son retour, Sadio a inscrit 6 buts et délivré 2 passes décisives en 9 matchs. Boulaye Dia (2 buts), et Habib Diallo (2 buts et deux passes décisives), Nicolas Jackson (une passe décisive), Iliman Ndiaye (1 but et une passe décisive) suivent derrière. Un léger mieux qui devrait être entretenu pour avoir plusieurs cordes à l’arc afin de rendre le pays de la Téranga davantage plus imprévisible. Le technicien aux dreadlocks a le vivier pour faire de cette constellation d’individualités une véritable force collective. Ce dernier devra créer les conditions nécessaires pour qu’ils puissent s’exprimer dans un collectif huilé. Cela passera peut-être par une meilleure efficacité devant les buts des attaquants de pointe (Boulaye Dia, Habib Diallo, Bamba Dieng) mais aussi une meilleure constance d’Ismaïla Sarr ou encore un Iliman plus inspiré et plus décisif. Autant de maux à panser pour de meilleures prestations en vue de la reconquête de la Can dans un peu moins de deux mois en Côte d’Ivoire. Une mission compliquée qui aura besoin de toutes les forces vives, surtout qu’aucune équipe n’a réussi à conserver son titre de champion depuis le triplé de l’Égypte (2006, 2008, 2010).
DES OFFICIERS GENERAUX «RENVERSENT» LE POUVOIR DES CIVILS
Au cours d’un atelier tenu hier, en marge du Forum de Dakar sur la paix et la sécurité en Afrique, des officiers de l’armée sénégalaise, à la retraite, ont croisé leurs regards sur les sources d’instabilités institutionnelles sur le continent noir.
Abou SY & Mamadou Mbakhé NDIAYE |
Publication 29/11/2023
Au cours d’un atelier tenu hier, en marge du Forum de Dakar sur la paix et la sécurité en Afrique, des officiers de l’armée sénégalaise, à la retraite, ont croisé leurs regards sur les sources d’instabilités institutionnelles sur le continent noir. Par ailleurs, ils n’ont pas manqué de préconiser des pistes de sortie de crise.
La crise institutionnelle notée en Afrique avec une série de coups d’Etat sonne comme un échec du pouvoir des civils. C’est le sentiment qui est ressorti hier des discussions du panel 4 de cette neuvième édition du Forum de Dakar sur la paix et la sécurité en Afrique qui a pour sujet : «Les solutions à l’instabilité pour une bonne gouvernance durable et effective. En effet, les panelistes s’accordent sur une chose. Les réflexions doivent être plus pragmatiques et réfléchir sur la crise institutionnelle.
Sous ce regard, le général en deuxième section, Talla Niang, se veut direct. Selon lui, la mauvaise gouvernance est la source de l’instabilité institutionnelle en Afrique. «La Bonne gouvernance est un concept inscrit dans toutes nos institutions. Mais on cherche cette bonne gouvernance et elle ne vient pas. C’est cette mauvaise gouvernance qui a conduit au Printemps arabe, à l’instabilité institutionnelle au Mali parce que c’est le peuple qui est descendu dans la rue et l’armée a ramassé le pouvoir, et a conduit aussi à ce qui s’est passé au Gabon. C’est cette mauvaise gouvernance qui amène une certaine situation au niveau du peuple, parfois exploitée par l’armée qui se croit obligée d’arbitrer ou de redresser des torts», a analysé l’officier général de l’armée sénégalaise à la retraite. Poursuivant sa réflexion, il tonne : «Qui sont les acteurs de la mauvaise gouvernance ? C’est vous les civils qui sont des élus ou qui sont nommés».
A cet effet, Talla Niang invite à une réflexion pour comprendre et limiter la mauvaise gouvernance civile. Le mécanisme d’évaluation par les pairs (Maep) est une belle approche, dit-il. Mais pourquoi elle n’a pas marché ? s’est-il interrogé. La cause, dit-il, c’est le fait qu’il n'y a rien de contraignant. «On devrait avoir un rapport annuel dans des forums où on discute pour pointer du doigt les mauvais élèves. Personne n'ose le faire. Parce que c’est entre eux que cela se passe», a regretté le Général Talla Niang. «Pour conquérir le pouvoir, les hommes politiques ont les meilleures intentions du monde mais à l'épreuve des réalités…»
Les notions de bonne gouvernance et démocratie, d’après le Général Babacar Faye, doivent être rapportées à l’épreuve des contraintes. «Au niveau mondial, s’est-on jamais interrogé sur la responsabilité de la gouvernance mondiale dans les crises qui surviennent dans les pays ? On dit souvent que c’est à cause des promesses électorales non tenues. Les Etats sont souvent dans des situations où la gouvernance mondiale leur impose des conditions qui ne peuvent pas respecter les promesses», a-t-il expliqué avant de poursuivre : «Au niveau national, quand nous parlons de démocratie, c’est la conquête et la conservation du pouvoir. Ce sont les deux notions que les politiques portent en bandoulière. Pour conquérir le pouvoir, ils sont dans des coalitions. Ainsi, ils arrivent au pouvoir avec les meilleures intentions du monde mais à l’épreuve des réalités, chaque groupe dans la coalition a des attentes. Ce qui fait que, quand on pense conserver le pouvoir, il faudra aller dans des compromissions. Ainsi, dans cette logique, on conserve la coalition avec des promesses qui font que souvent on ferme les yeux sur la corruption, l’impunité etc… Voilà la conséquence de l’exercice du pouvoir qui fait que nous versons dans la mauvaise gouvernance».
HARO SUR LE FINANCEMENT DES PARTIS POLITIQUES
Pour le Sous-préfet Djiby Diallo, le problème de la démocratie en Afrique, c’est d’abord la corruption. Mais qui est le corrupteur ? se demande-t-il avant d'arriver à la conclusion : «L’Afrique ne se corrompt pas elle-même. Regardez l’allure des campagnes électorales d’un parti politique, ses financements. D’où viennent-ils ? Et pourtant des mécanismes existent pour le financement des partis. Quel est le pays qui l’applique aujourd’hui ?»
COMMENT PARER AU VIRUS DE L'INSTABILITE INSTITUTIONNELLE ?
Face à l’instabilité institutionnelle, le Général Talla Niang a identifié, dans son intervention, 4 solutions. Sous ce rapport, il théorise la limitation du mandat du président de la République à 7 ou 8 ans et l'interdiction de ne plus pouvoir exercer un autre mandat. Dans la recherche de solutions, il estime que les pays africains doivent asseoir une bonne justice et une administration neutre. Enfin, il pense que l'éducation doit être mise à profit. L’école, dit-il, doit créer un citoyen formé et capable de choisir entre le bon et le mauvais. Sur le terrain des solutions, le Général Babacar Faye est d'avis avec son frère Talla Niang, sur la limitation du mandat. Pour lui, le mandat unique peut être une bonne solution. Cela évitera à l’Afrique l'injonction de la gouvernance mondiale. Le Souspréfet Djiby Diallo préconise trois solutions. D’abord, il estime que la culture peut être une stratégie par rapport à nos traditions africaines. L'administrateur civil invite aussi, dans la résolution des conflits institutionnels, à briser les frontières héritées de la colonisation. Djiby Diallo pense aussi qu'il faut briser «la diplomatie de la caméra». Il s'agit, selon lui, de nommer les faits et pointer du doigt les responsables. Enfin, pour sortir l'Afrique de cet engrenage, dit-il, il est nécessaire d'évaluer le rôle des organisations régionales et sous régionales en Afrique comme l’Union africaine et la Cedeao dans la résolution des conflits.
LES INSPIRES DE DERNIERE HEURE
À l’approche de la présidentielle, beaucoup de candidats s’essayent à la publication de livres-programmes pour essayer de se démarquer de la grande masse des autres candidats et faire connaître leurs idées politiques.
À l’approche de la présidentielle, beaucoup de candidats s’essayent à la publication de livres-programmes pour essayer de se démarquer de la grande masse des autres candidats et faire connaître leurs idées politiques. Néanmoins, ce choix de l'écriture dans un pays où le vote est plus affectif que rationnel interroge sur le rapport de nos politiques avec la plume.
Après Boubacar Camara et Abdourahmane Diouf, c’est au tour de Mame Boye Diao de se prêter au cérémonial du livre-programme. Le maire de Kolda et candidat déclaré à l’élection présidentielle a synthétisé à travers ‘’Le Sénégal qui vient’’, dont il a tenu la séance de dédicace le samedi 25 novembre, sa vision et les axes de son programme de gouvernance politique au Sénégal. L’ancien directeur de la Caisse des dépôts et consignations (CDC) entend, à travers cette nouvelle méthode, exposer ses idées, se démarquer de la masse. Le responsable politique de Kolda fait un état des lieux du secteur primaire (agriculture, pêche…) et la dernière partie de son livre est consacrée à la refondation du pays.
Quelques mois plus tôt, Boubacar Camara, économiste et ancien directeur général des Douanes, de s’essayer à cet exercice. Le candidat à l’élection présidentielle avait aussi procédé à la présentation de son livre-programme pour la présidentielle de 2024, le 15 janvier 2023. Dans cet ouvrage de 298 pages et découpé en neuf chapitres, le leader du Parti pour la construction et la solidarité (PCS)/Jengu Tabax, expose ses propositions pour construire le Sénégal du futur. Selon lui, chaque proposition de ce livre-programme a fait l’objet d’études de recherche approfondies depuis 2015. L’ouvrage balaie tous les secteurs de l’économie nationale et la refonte de l’Administration publique.
Abdourahmane Diouf, président du parti Awalé, avait profité de la cérémonie de dédicace de son nouveau livre ‘’Démocratie de concordance’’, pour officiellement lancer, le 30 octobre 2021, son nouveau parti politique à la place du Souvenir africain. Dans ce livre, l’ancien directeur général de la Sones a décliné les grands axes de son projet d’instauration d’une nouvelle République sénégalaise basée sur nos propres valeurs et réalités sociétales. Et cette semaine, il va encore présenter onze ouvrages qu'il a écrit au cours d'une cérémonie.
Selon plusieurs observateurs de la vie politique sénégalaise, cette volonté des politiques de prendre la plume répond à un besoin de suivre les pas d’Ousmane Sonko qui a bâti une partie de sa popularité dans la publication de plusieurs ouvrages : ‘’Solutions pour un Sénégal nouveau’’, ‘’Pétrole et gaz au Sénégal. Chronique d’une spoliation’’ et ‘’Territoires du développement’’. L’avant-dernière publication du maire de Ziguinchor qui a entretenu pendant plusieurs mois le débat public autour de la gestion de nos ressources naturelles.
Le chef de l’État n’est pas en reste. En décembre 2018, Macky Sall publie son autobiographie ‘’Sénégal au cœur’’ où il retrace son parcours, parle de sa famille et des événements récents au Sénégal.
Pour Seydi Sow, éditeur aux Éditions Salemata, cette volonté de nos politiques de prendre la plume doit être encouragée, dans la mesure où les Sénégalais sont en attente de ce genre d’ouvrage. ‘’Pour le moment, je n’ai pas été approché pour publier les livres-programmes, mais c’est une belle initiative de voir nos politiques s'essayer à l’écriture. Le livre leur permet de dresser les contours de leur pensée politique et de susciter le débat. Ils peuvent même s’enrichir de débats contradictoires émanant de ce livre. On doit exiger de chaque politique qui veut diriger ce pays de publier au moins un livre’’, soutient-il. D’autant plus, ajoute-t-il, c’est très rentable commercialement pour la maison d’édition.
Quant au peu d’enthousiasme de nos concitoyens face à tout ce qui ressemble à un programme écrit, l’éditeur se veut optimiste : ‘’Je crois que les gens lisent ce qu’ils ont envie de lire. Contrairement à l’oral, le livre est un élément froid qui peut susciter l’échange et l’interaction entre le candidat et l’électeur dans un climat apaisé de dialogue et d’échange’’, dit-il.
Ibrahima Bakhoum, politologue : “Le bouquin peut permettre d’enrichir le débat politique et d’ouvrir des pistes de réflexion pour les générations futures.”
Même son de cloche du côté du politologue Ibrahima Bakhoum qui indique que le livre est un instrument de communication qui ne peut à lui seul parler à tous les Sénégalais. ‘’Le livre est un bel instrument pour établir un débat et faire des synthèses sur les différentes aspirations du candidat. Il permet de toucher, à travers l’expression de différentes idées, certaines personnes parmi la masse silencieuse et qui à leur tour pourront le vulgariser. C’est une bonne chose pour nos politiques qui, à travers le livre, lèguent quelque chose à la postérité. Néanmoins, le livre ne vous dispense pas d’aller au contact, car il ne faut pas oublier qu’au Sénégal, le vote est plus affectif que rationnel’’, affirme-t-il.
Poursuivant son propos, l’analyste politique renseigne que dans un monde où l’on convoque tout le temps le savoir et la connaissance, il est important pour le politique de laisser une empreinte durable et solide de ses idéaux dans un livre. ‘’Le bouquin peut permettre d’enrichir le débat politique et d’ouvrir des pistes de réflexion pour les générations futures. Ces dernières peuvent s’approprier les idées d’un politicien dans cinq ou 10 ans. Un politique, même s’il n’est pas élu, les idées énoncées dans un livre peuvent fleurir à long terme et s’avérer bénéfiques pour lui lors d'échéances électorales futures’’, déclare-t-il.
HUIT BONNES RAISONS D’ALLER VOIR SENEGAL – EGYPTE AU STADE
Attention, match de haute facture en perspective jeudi 30 novembre. Pour sa dernière rencontre à domicile de l’année, l’Equipe Nationale Féminine du Sénégal recevra l’Egypte en barrage aller pour la CAN 2024.
Attention, match de haute facture en perspective jeudi 30 novembre. Pour sa dernière rencontre à domicile de l’année, l’Equipe Nationale Féminine du Sénégal recevra l’Egypte en barrage aller pour la CAN 2024. Alors, voici huit bonnes raisons de venir encourager les Lionnes au Stade Lat-Dior.
Parce que le Stade Lat-Dior est plus accessible que le Stade Abdoulaye-Wade
Faire quelques pas de marche – ça c’est pour les habitants de Thiès – ou descendre à voiture tout près, voire même dans l’enceinte sans qu’il ait des soucis de stationnement, c’est quand même beaucoup moins épuisant et ennuyant que de se taper les insupportables et impraticables embouteillages s’il s’agit de rallier le Stade Abdoulaye-Wade pour une rencontre. Après tout, Thiès transpire beaucoup plus le football que la nouvelle ville de Diamniadio. De façon indéniable.
Parce qu’il y aura l’Egypte en face… et un petit goût de revanche
Vous n’avez certainement pas oublié l’historique du sport sénégalais ces derniers mois, en particulier au niveau du football. Une rivalité sportive sénégalo-égyptienne naissante en début d’année 2022, avec l’Equipe Nationale masculine qui a dompté l’Egypte en finale de la CAN 2021 et en barrage du Mondial 2022. Puis l’Equipe Nationale de Beach Soccer, victorieuse des Pharaons en finale de la CAN 2022. Et maintenant, c’est autour des Lionnes de surfer sur cette domination face à l’Egypte. Mais si vous êtes de férus du foot féminin sénégalais, vous étiez peut-être présent dans les travées du Stade Caroline-Faye un samedi 11 avril 2015, jour de la dernière défaite à domicile des Lionnes… en amical contre l’Egypte (1-2). Vous voulez donc voir les Sénégalaises prendre leur revanche et un avantage sur la qualif’ ? C’est le moment de venir les encourager afin de les pousser à décrocher ce succès qui leur ferait voyager plus sereinement au Caire, dans un peu moins d’une semaine.
Parce que les Lionnes sont souvent spectaculaires face aux Arabes
Regarder jouer les Lionnes face à une nation arabe assure désormais des rencontres à buts. Contre l’Algérie au mois de juillet dernier, elles avaient marqué pas moins de sept buts en deux matchs, pour ainsi l’emporter dans une double confrontation amicale (3-1 & 4-0). Et c’était encore plaisant contre la Tunisie en octobre dernier, à Annaba où les Sénégalaises s’étaient imposées en amical à deux reprises face aux Aigles de Carthage (2- 0 & 3-2). Suffisant pour voir les filets de la portière égyptienne trembler à plusieurs reprises ? Venez assister au match et vous aurez votre réponse !
Parce que les Lionnes veulent continuer à grandir, en sentant le soutien des supporters
Quart de finaliste de la dernière Coupe d’Afrique des Nations, barragiste au dernier tournoi de qualification pour la Coupe du Monde, battre l’Algérie et la Tunisie à la même année… Il faut avoir de grandes ambitions pour le faire. Ambitions, ces Lionnes n’en manquent certainement pas, elles qui restent désormais sur neuf matchs (inclus le 2-1 contre le Mozambique) à domicile sans connaître la moindre défaite. Mais vous l’avez compris, l’adversité s’annonce rude si les Sénégalaises veulent rester doyennes de chez elles. Ainsi donc, elles auront besoin du soutien du Stade Lat-Dior. Elles auront besoin d’être beaucoup plus près de leurs supporters. Parce que partout au monde, les rencontres de football féminin remplissent désormais les stades. Pourquoi ne pas faire de même ?
Parce qu’il n’y a pas que les Lions
Une équipe qui marque des buts, qui en encaisse peu, qui gagne et qui se fait respecter à domicile, même par l’Algérie, c’est au Stade Lat-Dior qu’on la voit, et non au Stade Abdoulaye-Wade. Certes, on est très impatient de retrouver la bande à Kalidou Koulibaly, mais ce ne sera possible qu’en janvier, avec la Coupe d’Afrique des Nations en Côte d’Ivoire. Les férus du football de sélection au Sénégal peuvent légitimement trouver le temps long d’ici le voyage dans le pays de Drogba. Pousser sa sélection féminine vers la CAN, ne devrait-il pas être un privilège ? Alors pourquoi s’en priver ?
Parce qu’il y a un Cissé sur le banc sénégalais
Sans faire injure à l’excellent Aliou Cissé et à son merveilleux groupe, venir soutenir une équipe entraînée par Mame Moussa Cissé, c’est quand même autrement aussi attrayant. Donc, si vous en avez trop bavé des constants changements de systèmes de l’homme aux magnifiques dreadlocks, venez découvrir l’imperméable 4-2-3-1 du technicien au crâne rasé. Parce qu’un Cissé ne doit pas en cacher un autre, surtout si tous les deux sont là pour une même mission : mener leur nation vers les sommets. Alors, le rendez-vous avec Mame Moussa Cissé est-il pris par toi qui est en train de lire ?
Parce que ça ne t’empêche pas de voir un indécis OM – Ajax
Comme généralement à cette même période, le soleil s’annonce radieux. Donc, les gradins du Stade Lat-Dior ou le canapé ? Ce serait une bien mauvaise idée de préférer ce programme non alléchant de la Ligue Europa et Ligue Europa Conférence. D’autant plus que Sénégal – Egypte étant programmé à 17h00 GMT, le timing est parfait pour aller ensuite voir devant le petit écran Iliman Ndiaye et Ismaila Sarr à l’action lors d’OM – Ajax (20h00 GMT). Après tout, les dribbles de Korka Fall et les accélérations dévastatrices de Coumba Sylla Mbodji vous feront certainement lever de votre chaise.
Parce que la chaise est gratuite
C’est le tout dans le tout. L’ultime très bonne raison. Pour accéder au Stade Lat Dior pour cette rencontre – enfin pour les rencontres de l’Equipe Nationale Féminine- , il n’y a pas d’histoire sur la billetterie à se faire. Pas de prix d’entrée. Places libres et propres. Spectacle est gratuit. En plus, à la fin du match, si ça sourit, les joueuses ne filent pas directement dans les vestiaires. Elles viennent partager quelques pas de danse avec leurs supporters. Et après, elles prennent tout le temps possible pour quelques petits échanges de mots avec familles et fans, et forcément faire des clichés. Et pour la der’ de l’année à domicile, les célébrations seraient spéciales. Parce qu’aussi la RTS ne retransmet toujours pas les matchs de l’Equipe Nationale Féminine. Alors pas question pour toi de se taper la retransmission sur les canaux de la FSF ?
Texte Collectif
IL NOUS FAUT SORTIR LE PROCESSUS DE DECOLONISATION DE L’ORNIERE
En réponse aux crises récurrentes de l’impérialisme français, des changements interviennent sporadiquement afin d’en préserver l’essentiel. Paris doit annoncer un retrait militaire complet et une sortie inconditionnelle du franc CFA
Alors que se tient un bref débat à l’Assemblée nationale puis au Sénat, sur la politique africaine de la France, un collectif appelle à « s’attaquer à l’armature institutionnelle et culturelle du colonialisme français » et à cesser de focaliser l’attention sur des réformes minimalistes. « Il nous faut sortir du processus de décolonisation de l’ornière dans laquelle il a été poussé au moment des indépendances africaines. Paris doit annoncer un agenda de retrait militaire complet et de sortie française inconditionnelle du franc CFA. »
Un bref débat sans vote, en fin d’après-midi à l’Assemblée nationale puis au Sénat : voilà ce que la République française propose de mieux, en matière de débat démocratique, sur sa politique africaine – au moment même où celle-ci connaît une contestation populaire sans précédent depuis la période des indépendances en Afrique et où l’armée française tente vaille que vaille de retirer son matériel et ses soldats du Niger.
Dans une tribune publiée en janvier 2020 à l’occasion du Sommet de Pau, emblématique de l’incapacité des autorités françaises à penser leur rôle autrement qu’avec l’orgueil qu’implique une posture coloniale, nous prévenions : la présence militaire française au Sahel, prétendant apporter une « vaine solution militaire à des problèmes politiques et sociaux » ne pouvait que nourrir ce qui commençait à être qualifié de « sentiment «anti-français» » dans les rédactions parisiennes et couloirs du Quai d’Orsay. Un an plus tard, l’aviation française bombardait les abords du village malien de Bounti, tuant une vingtaine de civils qu’elle prétend toujours être des « terroristes », en dépit des conclusions inverses de l’ONU. Deux mois après, les intérêts français étaient pris pour cibles dans des émeutes au Sénégal. En novembre 2021, il y a deux ans quasi jour pour jour, une colonne militaire destinée à ravitailler l’opération Barkhane était bloquée par une foule hostile : d’abord au Burkina Faso puis au Niger, où l’armée française se dégageait en ouvrant le feu. Elle est accusée d’avoir tué trois personnes et mutilé une dizaine d’autres manifestants – un crime colonial qu’elle nie comme tant d’autres.
« La montée d’un sentiment «anti-français» n’a rien d’étonnant, écrivions-nous : il s’agit en somme d’un sentiment antiFrançafrique. »
La Françafrique, enterrée tellement de fois
Le putsch au Niger et le bras de fer diplomatique qui a suivi ont ravivé cette question lancinante du néocolonialisme français dans la région. Mais le président français ne se démonte pas : « le temps de la Françafrique est révolu, je vous le confirme », affirme-t-il dans une interview fin août, après l’avoir dit en mars depuis le Gabon. Sa ministre des Affaires étrangères Catherine Colonna lui emboite le pas début septembre, en assénant que « la Françafrique est morte depuis longtemps ». D’innombrables commentateurs leur donnent raison, à commencer par l’historien Achille Mbembe, devenu depuis 2021 un zélé ambassadeur de la politique africaine d’Emmanuel Macron. A chaque fois, les formules sont efficaces et marquent les esprits : la Françafrique, terme qui paraît aussi poussiéreux aujourd’hui qu’il semblait encombrant par le passé, relève à fortiori de l’histoire ancienne. Mais alors pourquoi ressort-ils ans cesse de sa boîte ? Ironie du sort, c’est Gérard Araud, ex-ambassadeur de France auprès de l’ONU au moment notamment de deux interventions militaires emblématiques de la Françafrique sous Sarkozy, en Libye et en Côte d’Ivoire, qui alerte contre ce discours tautologique. Dans une tribune publiée début août, il souligne l’importance de « cette Françafrique dont tout nouveau président annonce la fin dès son élection comme s’il ne se rendait pas compte que cette répétition rituelle prouvait qu’elle avait survécu à ses prédécesseurs et lui survivrait sans des mesures radicales qui ne sont jamais venues »
Mais disons l’évidence, puisque c’est le faux procès auquel on s’expose : la Françafrique des années 2020 n’est pas le clone de celle des années 1960 ou des années 1990. Inutile donc d’insister sur les différences avec l’époque de l’ancien président ivoirien Félix Houphouët-Boigny, à qui la paternité du mot est d’ailleurs attribuée à tort. Ce qu’il convient de regarder, c’est ce qui s’est perpétué.
Certes, le néocolonialisme français est aujourd’hui bousculé par le regain de contestation populaire auquel on assiste, amplifié par les réseaux sociaux – et encouragé par des puissances concurrentes, ce qui n’a rien de nouveau. Il est évidemment inédit depuis soixante ans que la France connaisse simultanément un recul dans trois pays africains voisins, tel un large trou dans la carte habituelle de l’influence française. Mais ce que l’histoire franco-africaine nous montre (1), c’est qu’en réponse aux crises récurrentes de l’impérialisme français, des changements interviennent sporadiquement avec pour effet, justement, d’en préserver l’essentiel.
Reprendre la décolonisation
Ceux qui brandissent l’incapacité de Paris à faire rentrer dans le rang les putschistes nigériens comme nouvelle preuve irréfutable de la fin de la Françafrique oublient un peu trop vite que l’histoire a souvent emprunté des méandres. Ils se leurrent en pensant que la France a toujours maîtrisé parfaitement le cours des événements et en omettant que c’est justement face à des déconvenues qu’elle a régulièrement modifié sa politique africaine pour ne pas être pleinement poussée vers la sortie. Elle a particulièrement bien réussi à le faire au moment des indépendances, préemptées avant même d’être accordées. Elle a continué à le faire depuis par une succession de réformes. En dépit des événements des dernières semaines, le pouvoir macronien fait le pari que cette stratégie peut encore payer.
Bien que l’arrogance française ait servi de paratonnerre aux putschistes depuis fin juillet au Niger, la politique d’Emmanuel Macron donne encore à voir un puissant système d’influence, auquel contribuent des élites africaines et qui en bénéficient en retour – une constante depuis les prémices de la Françafrique. La France n’a jamais été un deus ex machina intervenant en déconnexion voire en contradiction avec l’ensemble des forces internes d’un pays ou d’une sous-région. Elle a toujours tenté de manœuvrer au mieux selon ses intérêts, grâce à des leviers de pouvoir dont la pérennité depuis soixante-cinq ans est en réalité sidérante : la présence militaire multiforme, le franc CFA, la mal nommée « aide au développement », l’influence culturelle et linguistique, la fabrique d’une légitimité politique pour les dirigeants alliés… Autant d’« outils [...] dorénavant désuets », selon Achille Mbembe, qui reconnaît tout de même ainsi, en creux, la perpétuation des principaux attributs de la puissance française en Afrique. « Le temps est peut-être venu de s’en débarrasser, et en bon ordre », suggère-t-il : chiche !
Plutôt que de focaliser l’attention sur des réformes minimalistes, comme la mutation du franc CFA d’Afrique de l’Ouest fin 2019 ou l’annonce en février dernier de l’évolution des bases militaires permanentes, il est temps de s’attaquer à l’armature institutionnelle et culturelle du colonialisme français. C’est devenu une évidence : il nous faut sortir du processus de décolonisation de l’ornière dans laquelle il a été poussé au moment des indépendances africaines. Mener à bien ce processus sera long, mais deux étapes minimales sont d’ores et déjà évidentes : Paris doit annoncer un agenda de retrait militaire complet (bases, opérations extérieures, coopérants détachés) et de sortie française inconditionnelle du franc CFA
(1) Voir T. Borrel, B. Collombat, A. Boukari-Yabara, T. Deltombe (Dir.), Une histoire de la Françafrique. L’Empire qui ne veut pas mourir, Points Histoire, 2023.
Signataires : Boubacar Boris Diop, écrivain, Sénégal ;
Patrice Garesio, co-président de Survie, France ;
Demba Karyom Kamadji, syndicaliste, Tchad ;
Eric Kinda, Porte-parole du Balai citoyen, Burkina Faso ;
Younous Mahadjir, syndicaliste, Tchad
Issa Ndiaye, universitaire et ancien ministre, président du Forum civique Mali,
Jacques Ngarassal Saham, Coordinateur de Tournons la Page-Tchad ;
Ndongo Samba Sylla, économiste, Sénégal
JE NE CROIS PAS AU MINISTÈRE DE LA FEMME
La réaction de Nafissatou Diallo, député de la coalition Wallu pendant le vote du budget du ministère de la Femme, de la Famille et de la Protection des enfants a surpris plus d’un.
La réaction de Nafissatou Diallo, député de la coalition Wallu pendant le vote du budget du ministère de la Femme, de la Famille et de la Protection des enfants a surpris plus d’un.« Je ne crois pas au ministère de la Femme » a-t-elle dit de manière crue, s’adressant au ministre Fatou Diané. Elle précisera après que cela n’est pas dirigé contre le ministre. « Je n’ai rien contre vous mais c’est ma philosophie », a-t-elle précisé.
Poursuivant elle dira: « je n’ai jamais entendu parler de ministère des hommes, pourquoi on doit nous cantonner à des noms qui nous relèguent en arrière-plan. Cela joue contre notre psychologie, alors qu’on pouvait se limiter de donner à chaque homme et chaque femme ce qu’il mérite ».
Nafissatou Diallo milite pour qu’on fasse des femmes, de vraies leaders. Elle invite ces dernières à faire valoir leurs compétences pour être au-devant la scène. « Il ne faut pas qu’on discrimine les femmes, qu’on les traite d’ignorantes et d’incultes parce qu’elles n’auront pas fait leur travail », renchérit-elle.
Sur un autre volet, le député estime que le véritable rôle du ministère de la Femme est galvaudé. A l’en croire, pendant l’affaire Adji Sarr, le ministre a failli à sa mission. « Dès le début vous devriez recevoir la présumée victime, l’écouter et faire vos propres déductions. Si vous l’aviez fait on n’en serait pas là aujourd’hui en train de compter le lot de mort que cette affaire a drainé », se désole-t-elle.
Par Idriss Maham
DE L’URGENCE DE REPENSER LE SYSTÈME DES BOURSES AU SÉNÉGAL
Cette année, le Sénégal compte environ 270 000 étudiants et seulement 2400 enseignants-chercheurs, soit un triste ratio de 112 étudiants pour un professeur. Pour le budget du MESR cette année, ce taux d’encadrement n’est pas adéquat…
Cette année, le Sénégal compte environ 270 000 étudiants et seulement 2400 enseignants-chercheurs, soit un triste ratio de 112 étudiants pour un professeur. Pour un budget du MESR avoisinant les 347 milliards de FCFA cette année, ce taux d’encadrement n’est pas propice à la transmission de savoirs encore moins la production de savoirs qui est et demeure la principale mission de toute Université. En effet, tel que nous le rappelions dans une précédente réflexion, qu’il s’agisse d’innovations techniques, technologiques ou de nouvelles approches en économie ou dans l’organisation du travail, in fine, il est attendu que l’université ne se contente pas (seulement) d’enseigner, mais de répondre chaque jour et de façon concrète aux défis de la communauté et améliorer son bien-être. C’est ainsi qu’elle gagne son prestige et sa légitimité. Au vu de nos maigres moyens, ce budget est relativement important et appelle à une rationalisation, notamment pour ce qui a trait aux bourses lorsqu’on fait abstraction des autres défis structurels (adéquation de l’offre de formation, recrutement des professeurs de la relève, qualité enseignement, moyens de la recherche, équipements, etc.). Le déficit de politiques publiques pour l’équité sociale (sur la base des revenus familiaux très mal calculés dans le pays) et d’autres défaillances dans la prise en charge des inégalités par l’État viennent renforcer le sentiment que les bourses offertes relèvent de la justice sociale et qu’il faut donc les pérenniser, les sanctuariser sans aucune remise en question.
Ainsi donc, au Sénégal, toucher aux bourses, c’est se fourrer dans un sale guêpier. C’est prendre le risque de se mettre à dos les étudiants et déclencher des grèves déchainées, car les bourses sont considérées comme un acquis, un droit naturel, un butin de guerre indispensable à la «survie». Il est de notoriété publique que la vie des étudiants est un enfer et que les bourses offrent la possibilité de se consacrer pleinement aux études sans trop se soucier des contraintes financières. Cependant, il est grand temps d’oser repenser ce «système» au grand bénéfice réel du mérite, de la réussite, de l’excellence et de la production de savoirs. Il ne s’agit pas d’un appel à l’usage de la «tronçonneuse» pour réformer le système. Bien au contraire. Il est fondamental, au vu des enjeux et des équilibres à sauvegarder, d’ouvrir le dialogue avec les acteurs et de procéder à des réformes progressives et étalées sur un quinquennat. En effet, selon les chiffres de 2022, l’État du Sénégal dépense chaque année une fortune de plus de 61 milliards de francs en bourses d’études distribués à quelque 100 000 étudiants avec des critères peu contraignants et essentiellement basés sur les performances au baccalauréat. Outre cette dépense faramineuse, l’Etat dote les Universités sans contrepartie de résultats explicites plus de 74 milliards de francs CFA dont la moitié revient directement à l’Université Cheikh Anta Diop de Dakar (UCAD). Il existe également une autre ligne de dépense intitulée «œuvre sociale» dont la nomenclature peut porter à confusion tant elle peut être assimilée aux bourses. Sa valeur dépasse les 35 milliards (chiffres de 2022) et toujours à destination des universités.
L’État du Sénégal dans son PSNRI (Plan stratégique national pour la recherche et l’innovation) dit vouloir ériger la recherche et l’innovation en catalyseurs du développement durable, de l’industrialisation et de l’entrepreneuriat pour un Sénégal émergent à l’horizon 2035. La question des bourses est brièvement évoquée dans le plan stratégique et s’oriente plutôt sur la promotion des STEM avec une «emphase» sur la nécessité de supporter les filles dans les filières scientifiques. Il est alors fondamental d’aller au-delà des vœux pieux et des souhaits en repensant la redistribution des bourses et en conditionnant leur octroi au respect de l’esprit de la mission de l’Université : produire des connaissances. Pour ce faire, on peut partir du principe que les 3 premières années de Licence constituent une phase d’accumulation de savoirs tandis que les deux années de Master et les trois années de Doctorats représentent la véritable phase de production de savoirs. Ainsi donc, il serait pertinent de réserver les bourses exclusivement aux étudiants inscrits en Master et au Doctorat avec des obligations de résultat.
Tout étudiant régulièrement inscrit en Master devrait pouvoir bénéficier d’une bourse minimale de 150 000 Fr CFA mensuelle durant 2 ans pour un total budgétaire de 3 600 000 Fr CFA assorti d’un montant de 1 800 000 Fr CFA représentant la réserve en cas de redoublement et/ou l’aide à la participation à des activités scientifiques (congrès, symposium, conférence, stage technique, etc.) dans la sous-région. En prenant pour référence l’année 2022 où il y’a eu 14 400 étudiants inscrits en Master, cet investissement représente un budget annuel d’environ 26 milliards de francs CFA. Tout étudiant régulièrement inscrit au Doctorat devrait pouvoir bénéficier d’une bourse minimale de 250 000 Fr CFA mensuelle durant 3 ans pour un total budgétaire de 9 000 000 francs CFA fermes assortis d’un montant de 1 0 000 000 Fr CFA à but unique d’aide à la participation à des activités scientifiques (congrès, symposium, conférence, stage technique, etc.) dans la sous-région. La délivrance du diplôme doit systématiquement être conditionnée à la publication de deux articles dans des revues internationales à comité de lecture ou d’un livre chez une liste d’éditeurs d’exception ou lorsque cela ne s’applique pas, à toute équivalence pertinente. En prenant pour référence l’année 2022 où il y’a eu 6329 doctorants inscrits, cet investissement représente un budget annuel d’environ 19 milliards de francs CFA.
Le cout global de cette réorientation et redistribution des bourses envers les niveaux de production de savoirs représente environ 45 milliards de francs CFA, soit 74% du budget (61 milliards) des bourses en 2022. Les 16 milliards restant de ce budget (26%) peuvent être ventilés dans des bourses d’excellence thématique en licence (variable selon les intérêts stratégiques du pays), dans des bourses études-sports thématiques en licence (variable selon les intérêts stratégiques du pays), dans des bourses de formation professionnelle post-bac thématique (variable selon les intérêts stratégiques du pays) et enfin dans des bourses sociales destinées aux personnes atteintes de maladies chroniques, aux handicapés physiques ou aux orphelins avec cette fois une bonification exceptionnelle au nom de l’égalité des chances. Pour en saisir la faisabilité, il convient d’analyser cette proposition en tenant en compte de la perte annuelle dans le système des bourses (dossiers fictifs, douteux ou conflictuels, etc.) qui est estimée à plus de 11 milliards de nos francs. Il est utile également de préciser que les chiffres de 2023 font état d’un budget de plus de 90 milliards de francs pour les bourses.
Répétons-le une dernière fois, l’université est un haut lieu de compétition des idées dédiée exclusivement à la production de savoirs. Est-il nécessaire de paraphraser Lincoln ? Oui ! : Si vous pensez que l’éducation coute cher, essayez l’ignorance !