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17 avril 2025
ABDOURAHMANE SARR DÉVOILE LA STRATÉGIE DU GOUVERNEMENT POUR RÉDUIRE LA DETTE
Lors de la Conférence de presse du gouvernement, le ministre de l’Économie, du Plan et de la Coopération a détaillé les mesures envisagées pour ramener la dette du Sénégal à 70 % du PIB d’ici 2029-2035.
Lors de la Conférence de presse du gouvernement ce jeudi 13 férié, Abdourahmane Sarr a pris la parole. Le ministre de l’Économie, du Plan et de la Coopération a parlé de l’impact économique du rapport de la Cour des Comptes, ainsi que les leviers qui seront actionnés pour permettre au Sénégal de se sortir de cette situation.
Abdourahmane Sarr a d’abord insisté sur l’ampleur des déficits et des dettes accumulés par le Sénégal entre 2019 et 2024. Il révèle ainsi que la dette accumulée était à 99,7% du PIB en fin 2023. Cela s’explique par le fait que « Beaucoup de dépenses ont été engagées en dehors des circuits budgétaires normaux, sans autorisation parlementaire. Ceci a été rendu facile par des pratiques budgétaires qui consistaient d’une part à effectuer des transferts budgétaires dans des comptes de dépôt de l’Etat afin de pouvoir effectuer des dépenses supplémentaires non autorisées et pouvoir assurer le service de la dette cachée contractée sans autorisation parlementaire ». Et d’ajouter que certaines de ces dettes venaient du secteur bancaire local, du décaissement sur des projets financiers, sur des ressources extérieures car l’argent était disponible via des partenaires afin de donner un caractère légal à ces pratiques. « Les autorités sortantes donnaient des lettres de confort ou des lettres de couverture budgétaire afin que les travaux en question non prévus par les lois de finances votées puissent se faire », poursuit le ministre.
Abdourahmane Sarr continue en insistant sur les déficits élevés du dernier régime. Néanmoins, il assure que le régime de Bassirou Diomaye Faye s’attellera à réduire le déficit du Sénégal. celui-ci, projeté à 7,1% du PIB pour 2025, « sera ramené à 3% du PIB dans un horizon raisonnable de sorte à réduire également la dette à 70% du PIB comme demandé par les critères de convergence dans un horizon raisonnable. Les projets qui seront inclus dorénavant dans le budget seront strictement alignés à la vision 2050, compatible avec les lois de finances ». Concernant la taille de la dette, il l’explique par le fait que les membres du régime sortant avaient tendance à facturer des travaux déjà effectués, ou en cours mais qui avaient été déjà payés.
Objectif : ramener la dette à 70% du PIB
Concernant la projection, Abdourahmane Sarr assure que l’objectif du gouvernement d’Ousmane Sonko est de ramener la dette à 70% du PIB à l’horizon 2029-2035. Pour y arriver, le ministre de l’Économie du Plan et de la Coopération sait comment faire. « Je voudrais dire que cette trajectoire est crédible car le déficit est déjà presque à ce niveau. Ensuite, la croissance sera forte avec une croissance en moyenne de 6,5%. Elle est déjà au-delà grâce à la production de pétrole et de gaz qui vient de démarrer, confortant la trajectoire de réduction de la dette sur la période 2025-2029 à venir ».
Rappelant que la dernière analyse conjointe afin de viabiliser la dette du Sénégal, réalisée en 2023 par la FMI et la Banque mondiale en 2023, avait maintenu le Sénégal en risque de surendettement modéré, Abdourahmane Sarr rassure : la dette du Sénégal, malgré la hausse du ratio d’endettement, est toujours soutenable. Il y aura donc un ajustement budgétaire pour aider à la stabilisation de cette dette. « La nouvelle stratégie d’endettement que nous avons élaborée devrait aider à réduire considérablement l’exposition du portefeuille d’endettement de la dette en devises et à améliorer la viabilité de cette même dette. Nous allons attirer les non-résidents sur notre marché en monnaie locale afin d’approfondir notre marché en collaboration avec la Banque centrale dans un environnement de stabilité macroéconomique ».
Par ailleurs, le Comité national de la dette sera mis à contribution. M. Sarr annonce également que « le front-office de la gestion de la dette sera unifié avec un back-office dans une seule entité. Le ministère de l’économie du plan et de la coopération s’occupera de ce qui est communément appelé middle-office qui élabore la stratégie d’endettement en ligne avec le cadre macroéconomique et la viabilité de la dette et mettra tous les projets proposés au budget. De ce fait les manuels de procédure que nous avons déjà et qui sont en ligne avec les standards internationaux, seront donc totalement exécutés. La direction générale de la comptabilité et du Trésor, compte tenu, de ses aptitudes spécifiques liées notamment à ses interactions avec les marchés et ses prérogatives en matière de comptabilité de la dette, devrait assurer aisément l’exécution des activités propres au fond du pack office ».
Le ministre de l’Economie tient également à préciser que la procédure de redressement de l’endettement sera fait en conformité avec le cadrage macroéconomique de la Banque centrale. Cette dernière sera consultée par les différentes fonctions de gestion de la dette.
Enfin, M. Sarr annonce que les ministres vont finaliser leur lettre de politique sectorielle d’ici la fin du mois de février, conformément au processus de sélection des priorités enclenché par le Premier ministre Ousmane Sonko.
RAPPORT DE LA COUR DES COMPTES, DÉTHIÉ FALL APPELLE À DES SANCTIONS EXEMPLAIRES
Le leader du PRP rappelle que le Sénégal figure parmi les pays les plus pauvres du monde et estime qu’aucun dirigeant ne devrait se permettre de tels abus sur les deniers publics.
Les réactions se succèdent après la publication du rapport de la Cour des comptes. C’est au tour du président du Parti Républicain pour le Progrès (PRP), Déthié Fall. Dans un communiqué, il a fermement dénoncé les détournements de fonds publics révélés par cette enquête, soulignant ainsi l’ampleur des abus financiers commis par les précédentes autorités.
« Alors qu’ils nous réprimaient, emprisonnaient et calomniaient, ils pillaient en même temps les maigres ressources du peuple sénégalais », a-t-il déclaré avec indignation.
Selon lui, les chiffres du rapport viennent non seulement confirmer, mais aussi aggraver les révélations faites par le Premier ministre Ousmane Sonko concernant la gestion des finances publiques. Déthié Fall rappelle que le Sénégal figure parmi les 25 pays les plus pauvres du monde et estime qu’aucun dirigeant ne devrait se permettre de tels abus sur les deniers publics. Il appelle donc à une action rapide et rigoureuse pour sanctionner les responsables de ces malversations.
Le président du PRP exhorte les Sénégalais à rester patients et mobilisés derrière le Président de la République et le Premier ministre pour bâtir un Sénégal « souverain, juste et prospère. » Cette déclaration intervient alors que le gouvernement affiche sa volonté de rompre avec les pratiques du passé en mettant en œuvre des réformes visant à renforcer la transparence et l’intégrité dans la gestion des finances publiques.
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LA GRANDE RÉFORME DES FINANCES PUBLIQUES
"Chaque franc dépensé devra être justifié". Le gouvernement a dévoilé ce jeudi, un plan de transformation radicale de sa gouvernance financière, allant de la digitalisation au contrôle renforcé, en passant par la responsabilisation individuelle
(SenePlus) - Suite à la publication d'un rapport critique de la Cour des comptes sur la gestion de la dette et du déficit budgétaire pendant la présidence de Macky Sall (2019-2024), le ministre des Finances sénégalais Cheikh Diba a présenté ce jeudi 13 février 2025 un vaste programme de réformes visant à redresser la gouvernance financière du pays.
Dans une déclaration qui marque un tournant dans la gestion des finances publiques sénégalaises, le ministre a dévoilé un plan structuré autour de trois axes majeurs, témoignant d'une volonté de transformation profonde du système.
Le premier axe concerne le renforcement du contrôle budgétaire et la modernisation des processus. "Cette modernisation permettra d'améliorer la qualité et la fiabilité des données financières, de faciliter leur accessibilité et d'assurer la sincérité des comptes publics", a souligné le ministre Diba. Une innovation majeure sera l'introduction d'un système d'information intégré pour la gestion des finances publiques, accompagné par la nomination d'un agent comptable dédié au suivi des projets financés sur ressources extérieures.
Le deuxième volet de la réforme s'attaque à la gestion de la dette publique, un point particulièrement sensible relevé dans le rapport de la Cour des comptes. "Le retour à l'orthodoxie en matière de gestion de la dette par une centralisation des fonctions de négociation, d'utilisation et de gestion de la dette publique" constituera le pilier de cette transformation, selon les termes du ministre. Cette centralisation vise à résoudre les problèmes liés à la dispersion actuelle des compétences dans l'administration de la dette.
Le troisième axe met l'accent sur la transparence et l'efficacité. Une innovation significative sera "l'instauration d'une déclaration de responsabilité personnelle de tous les agents impliqués dans la production de l'information financière", a précisé le ministre.
Dans un discours empreint de gravité, le ministre Diba a insisté sur l'importance historique de ces réformes : "Il ne s'agit pas d'un simple exercice de constatation, mais du début d'une transformation profonde et irréversible de la gouvernance financière au Sénégal". Il a notamment souligné que "chaque franc dépensé doit désormais être justifié" et que "chaque engagement budgétaire doit être optimisé".
"Nous devons cette rigueur aux Sénégalais. Nous devons cette transparence à nos partenaires. Nous devons cette exemplarité à l'histoire", a-t-il conclu.
MOUSSA FAKI MAHAMAT ALERTE SUR L’IMPACT DU DÉFICIT DE FINANCEMENT DE L’UNION AFRICAINE
Le président de la Commission de l’Union africaine a déploré le poids du déficit de financement sur l’efficacité et l’indépendance de l’organisation. Il a appelé les dirigeants africains à se saisir de cette question cruciale.
Le déficit de financement « continue de peser lourd » sur l’efficacité de l’Union africaine et à sa prise de décision indépendante, a déploré Moussa Faki Mahamat, président de la Commission de cette organisation intergouvernementale à laquelle appartiennent les 55 États du continent africain.
»Le déficit de financement de l’organisation continue de peser lourd sur son efficacité et son indépendance de décision. La revitalisation du fonds de la paix et l’atteinte de son premier objectif est une lueur encourageante à ce sujet », a-t-il dit.
Moussa Faki Mahamat prenait part à la cérémonie d’ouverture de la 46ᵉ session ordinaire du Conseil exécutif de l’Union africaine (UA) qui se poursuit ce jeudi.
»Je continue de croire de plus en plus que si nous ne nous saisissons pas rapidement de la question de notre architecture politique, des faits de sécurité et de gouvernance, de la question des partenariats, du financement de l’organisation et des pouvoirs de la Commission et de son président, il y aurait franchement lieu de s’inquiéter sur l’avenir de notre organisation », a-t-il affirmé.
Selon Moussa Faki Mahamat, les dirigeants africains doivent se saisir de certaines questions dont la solution commande la survie de l’organisation panafricaine.
Il considère que »cette situation est d’autant préoccupante que nous nous trouvons à un moment où le multilatéralisme, déjà en mauvaise posture depuis un certain temps, semble devoir faire face à de nouveau défis ».
Il a déploré les violents conflits qui font rage au Soudan et l’Est de la République démocratique du Congo.
BARGNY, LA COUR SUPRÊME REJETTE L'ARRÊT IMMÉDIAT DE LA CENTRALE À CHARBON
Un verdict qui divise la communauté entre frustration et espoir, alors que les contestataires restent mobilisés pour obtenir son démantèlement.
La Cour suprême a déclaré recevable la requête des habitants de Bargny visant l'annulation de la centrale à charbon, mais a rejeté leur demande d'arrêt immédiat de son activité. Une décision qui suscite à la fois frustration et espoir au sein de la communauté, bien déterminée à poursuivre le combat contre cette installation jugée néfaste pour leur environnement et leurs activités économiques.
Ce jeudi 13 fevrier 2025, plusieurs femmes transformatrices de produits halieutiques, des défenseurs des droits environnementaux ainsi que des acteurs du développement se sont rassemblés devant la Cour suprême pour suivre le verdict tant attendu concernant la centrale à charbon de Bargny.
La juridiction a reconnu la recevabilité de leur requête visant à annuler la centrale. Cependant, elle a rejeté leur demande d’arrêt immédiat de son exploitation. Un verdict qui a plongé certains dans la déception, tandis que d'autres y voient une avancée dans leur combat.
"Nous considérons cette décision comme une première victoire, mais nous ne comptons pas en rester là", affirme Daouda Gueye,président du rapen luttant contre la centrale. Selon les habitants, l'installation constitue une menace majeure pour leur santé et leur environnement. De plus, elle freine considérablement les activités économiques de plus de 1 000 femmes, notamment dans la transformation des produits halieutiques.
Face à cette situation, les contestataires annoncent la poursuite de la mobilisation pour obtenir le démantèlement de la centrale. "Nous irons jusqu’au bout pour préserver notre cadre de vie et nos moyens de subsistance", martèle Fatou samba, présente au rassemblement.
Le combat des habitants de Bargny s’inscrit dans une lutte plus large pour la justice environnementale et la préservation des droits des populations locales face aux impacts industriels;un combat que mene l'ong LSD.
PLUS DE 6 TONNES DE PRODUITS IMPROPRES À LA CONSOMMATION INCINÉRÉES
Lors de cette incinération à Sédhiou, près de 1,9 tonne de chanvre indien et 4 tonnes de produits alimentaires impropres à la consommation ont été détruites, pour une valeur totale estimée à 154 553 000 FCFA.
Les forces de défense et de sécurité et le service régional du commerce ont incinéré, jeudi, à Sédhiou, plus de six tonnes de produits impropres à la consommation.
L’opération s’est déroulée en présence de l’adjoint au gouverneur chargé du développement, Ba Ousmane Danfakha.
»Lors de cette incinération, près de 1,9 tonne de chanvre indien et 4 tonnes de produits alimentaires impropres à la consommation ont été détruites, pour une valeur totale estimée à 154 553 000 FCFA’’, a déclaré M. Danfakha.
Il a rappelé que ces produits sont composés d’aliments, de médicaments et d’autres substances interdites, représentant un danger réel pour la santé publique.
Selon le gouverneur de Sédhiou, cette opération témoigne de la vigilance et de l’engagement sans faille des services de l’État dans la lutte contre le trafic de stupéfiants et la commercialisation de produits dangereux.
À travers cette action, les services déconcentrés réitèrent leur engagement à protéger les citoyens et à assainir l’environnement économique et social de la région.
Les autorités appellent à une collaboration continue entre les différents acteurs pour renforcer la sécurité et la santé publique dans la région de Sédhiou.
CAN U17 : LE SENEGAL DANS UN GROUPE RELEVE AVEC LA GAMBIE ET LA TUNISIE
Tenant du titre, le Sénégal défendra sa couronne à la CAN U17 2025, qui aura lieu du 30 mars au 19 avril 2025 au Maroc.
Tenant du titre, le Sénégal défendra sa couronne à la CAN U17 2025, qui aura lieu du 30 mars au 19 avril 2025 au Maroc.
Les Lionceaux connaissent d’ailleurs leurs adversaires pour la phase de groupes après le tirage effectué ce jeudi 13 février. Les Sénégalais sont dans la poule C. Ils auront fort à faire contre la Gambie, la Tunisie et la Somalie.
Le Maroc, pays hôte, sera dans le groupe A en compagnie de l’Ouganda, de la Tanzanie et de la Zambie. La poule B, la plus relevée de cette CAN U17, mettra aux prises le Burkina Faso, l’Egypte, l’Afrique du Sud, et un dernier qualifié issu de l’UNIFAC.
Les groupes de la CAN U17 2025
Groupe A : Maroc, Ouganda, Tanzanie, Zambie
Groupe B : Burkina Faso, Qualifié UNIFFAC 1, Afrique du Sud, Égypte
Groupe C : Sénégal, Gambie, Somalie, Tunisie
Groupe D : Mali, Angola, Côte d’Ivoire, Qualifié UNIFFAC 2
FARBA NGOM RENTRE CHEZ LUI APRÈS SA PREMIÈRE AUDITION
Il s'est présenté devant le collège des juges d’instruction du Pool judiciaire financier dans le cadre d’une enquête sur des activités suspectes de blanchiment de capitaux dont la valeur est estimée provisoirement à plus de 125 milliards de francs CFA.
L’ancien député, Mouhamadou Ngom dit Farba, dont l’immunité parlementaire a été levée par l’Assemblée nationale le 24 janvier dernier, est rentré libre, après sa première comparution, jeudi, devant le collège des juges d’instruction du Pool judiciaire financier (PJF) dans le cadre d’une enquête sur des activités suspectes de blanchiment de capitaux dont la valeur est estimée provisoirement à plus de 125 milliards de francs CFA, a constaté l’APS.
‘’Notre client rentre chez lui, avec nous, et nous espérons pouvoir nous reposer. Nous nous retrouverons avec les juges dans 15 jours pour poursuivre les éclairages que nous devons apporter à notre société’’, a déclaré Doudou Ndoye, l’un des avocats du mis en cause.
Répondant à la question de savoir quelles charges pèsent sur leur client, la robe noire a indiqué que ‘’les avocats sont tenus par le secret de l’instruction’’.
‘’Je ne vais pas révéler ici les charges retenues contre mon client. Je sais aussi que mes confrères ne divulgueront pas les détails de cette audition’’, a fait savoir Doudou Ndoye.
Mouhamadou Ngom dit Farba est arrivé dans les locaux du PJF aux alentours de 10 heures et en est ressorti vers 13 heures, accompagné de ses conseils.
Plusieurs de ses partisans s’étaient ressemblés aux alentours de la juridiction avant qu’ils ne soient dispersés par des jets de grenades lacrymogènes des Forces de défense et de sécurité.
LE MALAISE CHEIKH DIBA
Son silence prolongé sur l'audit des finances publiques, alors même qu'il en a été l'interlocuteur principal auprès de la Cour des comptes, soulève des interrogations. Le ministère des Finances voit son pouvoir décisionnel se réduire
Le ministre des finances et du Budget a été le principal interlocuteur de l’équipe de la mission d’audit de la Cour des comptes sur les finances publiques sur la gestion 2019-2024. Malgré les révélations du Premier ministre, Cheikh Diba s’est jusque-là gardé de commenter en tout cas publiquement la gestion du régime précédent avec qui il a collaboré.
Silence radio! Jamais un ministre des Finances au Sénégal n’a été en retrait sur un dossier qui concerne les finances publiques. Malgré cette polémique qui tient le Sénégal en haleine depuis le 26 septembre 2024 avec l’annonce du Premier ministre qui, lors d’une conférence du Gouvernement, avait révélé des « maquillages de chiffres » par le pouvoir sortant, Cheikh Diba a brillé par son silence. Il s’est jusque-là gardé d’évoquer le sujet. En tout cas, pas en public. Pourtant le Sénégal l’attendait sur l’état des lieux des finances publiques commandité par le régime en place qui venait juste d’égrener 5 mois au pouvoir. Car, il a eu à occuper sous le régime de Macky Sall, l’influente direction de la Programmation budgétaire au ministère des Finances. Mais, en lieu et place de l’argentier de l’Etat, c’est le chef du gouvernement qui s’y est collé. Cheikh Diba n’était même pas à la table du gouvernement qui se livrait, selon les termes du Premier ministre, à un exercice de vérité. Ousmane Sonko était accompagné de « l’alter égo » du ministre des Finances et du Budget en l’occurrence le ministre de l’Economie, du Plan et de la Coopération, Abdourahmane Sarr.
Ousmane Sonko était aussi entouré des ministres de la Justice et de l’Enseignement supérieur. Cette absence qui ne cesse de soulever de questions traduit-elle un malaise ? La prééminence du ministère des Finances au sein du gouvernement semble se rétrécir de plus en plus. En effet, le Premier ministre l’a dépouillé d’une de ses missions. Ousmane Sonko a décidé de centraliser toutes les dépenses d’investissements. Désormais, toutes les dépenses de l’Etat doivent être validées par le locataire du petit Palais.
Vers un isolement progressif de Cheikh Diba
Toujours est qu’il a été le principal interlocuteur de la Cour des comptes pour l’élaboration de l’audit. D’ailleurs, c’est Cheikh Diba, par ses services, qui a préparé le rapport qui a été envoyé, le 18 septembre 2024, à la Cour pour certification. C’est pourquoi, après la publication du rapport d’audit, le ministre des Finances et du Budget sera encore attendu. Va-t-il briser le silence aujourd’hui lors de la conférence de presse annoncée par le gouvernement ?
En tout cas, cité par le chroniqueur de Walfadjri, Pape Sané dans un scandale portant sur 8 milliards de Fcfa, il a, devant l’Assemblée nationale, tenue une sortie qui s’apparente à des adieux. En tout cas, en attendant qu’il soit blanchi par la Justice, les révélations portées contre lui jurent d'avec les principes sur lesquels le régime en place s’est engagé. D’ailleurs, lors d’une sortie, quelques jours après son installation, le chef de l’Etat avait appelé les membres du Gouvernement à « être irréprochables ».
« Si l’un d’entre nous, en toute responsabilité et en toute connaissance de cause, décide, dans l’intimité de son bureau, de transgresser, il ne peut entraîner personne dans une solidarité gouvernementale. Ce n’est pas notre rôle et nous devons tous le comprendre. Ce sont des choix et ils doivent être assumés par leurs auteurs», avait fait valoir le Président Bassirou Diomaye Faye. En tout état de cause, le ministre des Finance semble être à l'étroit dans ce gouvernement où il est plus perçu comme un résidus de l'ancien régime.
LE TROUPEAU TRAHI DE L'INTERIEUR
Le vol de bétail, véritable fléau pour le secteur de l’élevage au Sénégal, est parfois pratiqué par des éleveurs eux-mêmes, selon plusieurs témoignages recueillis auprès des acteurs de la filière.
Le vol de bétail, véritable fléau pour le secteur de l’élevage au Sénégal, est parfois pratiqué par des éleveurs eux-mêmes, selon plusieurs témoignages recueillis auprès des acteurs de la filière. Cette pratique, aux conséquences souvent dramatiques, freine le développement du secteur et plonge de nombreuses personnes dans la précarité.
Le soleil de janvier darde ses rayons sur le marché hebdomadaire de Dinguiraye. En cette matinée du samedi 25 janvier 2025, ce « louma » du département de Nioro du Rip, dans la région de Kaolack (Centre), vibre déjà au rythme des transactions.
Dans cet espace poussiéreux cerné de murs ocres, plusieurs centaines de bovins à la robe claire se côtoient sous un ciel d’azur. Le vent sec de l’harmattan, chargé de particules, balaie le marché. Les éleveurs, reconnaissables à leurs amples boubous et leurs turbans soigneusement noués ne laissant apparaître que leurs yeux, négocient avec de potentiels clients.
Sous un majestueux arbre offrant une ombre généreuse contre la chaleur, des groupes d’hommes discutent prix et qualités des bêtes. Des bergers, bâtons à la main, tentent de maintenir l’ordre dans leurs troupeaux, tandis que les beuglements des vaches se mêlent aux conversations animées.
Cependant, il suffit d’une simple allusion au phénomène du vol de bétail pour que les langues se délient. Les voix s’élèvent, se chevauchent, chacun voulant partager son témoignage. Sa colère. Ce fléau, loin d’être exclusivement le fait d’individus extérieurs au milieu de l’élevage, révèle une réalité inquiétante : il est souvent orchestré par des acteurs internes au secteur, fragilisant de manière insidieuse l’ensemble de la filière.
A Dinguiraye, l’histoire d’Aliou Ba est sur toutes les lèvres. « Le 2 janvier dernier, un individu de mon village, accompagné de deux complices, est venu aux alentours de 22 heures voler mes trente bœufs, certains avec leurs veaux, d’une valeur estimée à plus de 20 millions de FCFA. Il m’a complètement ruiné », lâche-t-il d’une voix où perce une rage contenue.
La pilule est d’autant plus amère à avaler que malgré toutes les preuves dont il dispose, le présumé voleur, « détenteur de plus de 50 vaches », est toujours libre.
De passage au marché hebdomadaire, Aliou Diallo, venu de la localité voisine de Ndoffane, livre un témoignage des plus invraisemblables. « C’est mon propre oncle qui, en mai 2023, a volé mes deux vaches et leurs veaux », affirme-t-il, avant d’ajouter qu’il a fini par les retrouver en suivant les traces de leurs sabots jusqu’à leur lieu de détention.
À plusieurs kilomètres de Dinguiraye, le soleil est déjà haut à Ndramé Escale, bourgade frontalière nichée à quelques encablures de la Gambie. Dans son marché hebdomadaire, beuglements et hennissements se mêlent dans une symphonie familière.
Dans ce vaste espace où la terre rouge contraste avec le bleu intense du ciel, une foule bigarrée s’active déjà. Les bovins, fidèles au rendez-vous, occupent la partie extrême du marché, mais les équidés font la singularité de ce louma frontalier. Les propriétaires de chevaux et d’ânes n’hésitent pas d’apostropher les visiteurs en vantant les qualités de leurs montures.
Alors que le soleil poursuit sa course dans le ciel sénégalais, l’atmosphère, jusqu’alors animée par les négociations et les retrouvailles hebdomadaires, change imperceptiblement. Les visages se ferment, les regards se font plus graves suite à l’évocation de la problématique du vol de bétail.
El Hadj Mamadou Sow, président de l’association des éleveurs de Ndramé Escale, pointe du doigt une méthode aussi vicieuse que destructrice, orchestrée, selon lui, par des bergers itinérants. « Il arrive que nous laissions nos animaux paître dans la brousse. Mais lorsque des éleveurs nomades traversent la zone, certains n’hésitent pas à s’approprier une partie de notre troupeau et partir avec. Dans ce cas, il devient très difficile d’engager la moindre recherche », se désole-t-il, l’air impuissant.
A Missirah Wadène, commune située dans le département de Kounghel (Centre), où sévit également le mal, Aly Dicko, s’exprimant au nom de la communauté d’éleveurs mauritaniens qui s’y est établie, ne mâche pas ses mots quand il s’agit de désigner les malfrats. « Le vol de bétail est un problème interne à la communauté. Les voleurs sont souvent des voisins, et la population, complice, ne les dénonce pas. Combien de voleurs y a-t-il à Missirah ? Ils sont connus de tous, mais personne ne les dénonce », fustige-t-il.
Cheikhna Ba, coordonnateur du comité communal de lutte contre le vol de bétail à Ngainthe Pathé, dans le département de Koungheul, abonde dans le même sens et affirme : « Les voleurs, nous les connaissons tous. Ils sont parmi nous. »
Ces différents témoignages sont confirmés par Dr Ibrahima Thiam, spécialiste en production animale au Bureau régional de la FAO, basé à Dakar. « Il est important de souligner que le problème du vol de bétail est avant tout un problème local. Les voleurs sont issus des communautés elles-mêmes », tranche-t-il.
Une complicité tacite qui entrave les efforts de lutte
Des témoins, des traces, des récits concordants, il n’en manque guère. Mais dans ce monde rural où les liens familiaux sont sacrés, porter plainte contre un proche relève très souvent de l’impensable.
« L’absence de la culture de la dénonciation au sein des populations constitue le principal frein aux efforts déployés. La plupart des gens savent qui sont les responsables, mais choisissent de se taire. Cette omerta complique considérablement cette lutte, malgré toutes les dispositions prises par l’État pour y remédier », regrette Abdoulaye Diop, le sous-préfet de Ndiédieng, dans le département de Kaolack.
« Nos plaintes n’aboutissent jamais. Un voleur appréhendé ne passe que quelques jours en prison. A quoi bon dans ce cas de porter l’affaire en justice ? », rétorquent en chœur certains éleveurs qui demandent la criminalisation effective de ce délit et le durcissement des peines d’emprisonnement.
Le 22 mai 2017, l’État du Sénégal avait pourtant fait voter une loi criminalisant le vol de bétail avec pour objectif de réduire, voire éradiquer ce fléau. Mais, les résultats escomptés se font encore désirer.
« Le constat que nous avons fait, comme tout le monde d’ailleurs, est que l’application de cette loi pose problème. Ceci est peut-être dû à plusieurs facteurs. D’abord, il y a l’insuffisance des ressources judiciaires et sécuritaires pour enquêter sur le vol de bétail. Ensuite, il y a la méfiance envers le système judiciaire. Enfin, les coûts élevés des démarches administratives et des procédures judiciaires qui peuvent être excessivement chers », explique Dr Astou Fall, Coordonnatrice de la Cellule de Prévention et de Lutte contre le vol de bétail (CLCVB), au ministère de l’Agriculture, de la Souveraineté alimentaire et de l’Élevage.
Quoi qu’il en soit, estime Dr Ibrahima Thiam, « il est essentiel de plaider pour une évaluation des aspects législatifs et réglementaires relatifs à la criminalisation du vol de bétail. Quelles mesures ont été prises jusqu’à présent et quelles sont les contraintes rencontrées dans l’application de la législation ? Ce premier pas est crucial car le vol de bétail est un problème transversal. »
Le maire de Ndiédieng, Abdoul Aziz Mbodj, partage cet avis. « L’objectif principal d’une loi pénale est la persuasion. Si les résultats ne suivent pas, la première proposition est de s’arrêter et d’évaluer ladite loi », plaide-t-il.
Une criminalité aux lourdes conséquences socio-économiques
Les implications économiques de cette forme de criminalité sont énormes. Le vol de bétail entraîne des pertes financières considérables pour les éleveurs, affecte la stabilité économique des communautés rurales, et compromet les moyens de subsistance de nombreuses familles.
La pratique, très répandue au centre du pays, est loin d’être un phénomène circonscrit dans cette zone. À Vélingara, commune située dans le sud-est, des malfrats ont emporté en une seule nuit 24 vaches, plongeant une veuve et sa famille dans la précarité, relate Dr Thiam.
Selon les données de la FAO, au Sénégal, les éleveurs perdent annuellement 3,2 millions de dollars américains, soit deux milliards de FCFA à cause de cette pratique. En moyenne, cela représente 22 000 à 30 000 têtes de bétail (bovins, ovins, caprins et équidés) par an.
« L’élevage se meurt au Sénégal à cause du vol de bétail et ça risque d’être catastrophique pour l’économie du pays », alerte Abdoulaye Ba, secrétaire général du marché au bétail de Dinguiraye.
A Ndiédieng, de nombreux jeunes ont déserté le secteur pour devenir marchands ambulants dans la capitale, à Dakar, regrette l’édile de la commune, Abdoul Aziz Mbodji. Ce dernier fait par ailleurs savoir que beaucoup de personnes hésitent désormais à investir dans l’élevage par crainte de voir leur cheptel disparaitre du jour au lendemain.
Pour Demba Ba, président de l’Association des éleveurs de Mbirkilane, dans la région mitoyenne de Kaffrine (Centre), « si le Sénégal importe des vaches et moutons à l’occasion des grands événements religieux, c’est à cause du vol de bétail », affirme-t-il, assurant que « si nous arrivons à y mettre un terme, d’ici 3 ou 5 ans, nous n’allons plus importer. »
Si le phénomène reste préoccupant au Sénégal, il l’est davantage dans les autres pays de la sous-région. Au Mali, par exemple, entre 2019 et 2022, le nombre d’animaux volés a atteint le chiffre record de 887 250 têtes de bovins et 446 000 petits ruminants, soit 6,4 millions USD ou 3,84 milliards de FCFA/an.
La situation est encore plus critique au Burkina Faso avec 8 millions de têtes volées entre 2017 et 2021, et plus encore au Nigéria avec le chiffre astronomique de 432 millions USD, selon les estimations faites par l’Association des éleveurs de bétail Miyetti Allah du Nigéria (MACBAN, sigle anglais) en 5 ans.
En termes d’économie illicite, le vol de bétail (22 %) constitue ainsi, en Afrique de l’Ouest, le troisième fléau après le trafic d’armes (56 %) et l’enlèvement contre rançon (39 %), devançant le commerce illicite (20 %) et le commerce illicite de pétrole (20 %).
Des pistes de solutions en gestation
Pour faire face à cette endémie, la FAO s’engage à soutenir l’État du Sénégal en mettant en œuvre sept recommandations majeures. Celles-ci comprennent entre autres la création d’une coalition sous-régionale pour lutter contre le vol de bétail en Afrique de l’Ouest, ainsi que l’implication des communautés locales et l’utilisation d’innovations technologiques adaptées.
S’y ajoutent l’harmonisation des systèmes nationaux d’identification et de traçabilité du bétail, l’élaboration d’un programme régional sur l’identification et la traçabilité, le renforcement des cadres juridiques et le plaidoyer pour des financements dédiés à cette problématique.
El Hadj Aboubacar Bitèye, président de l’Association nationale de lutte contre le vol de bétail (ANLCVB)/@APA
En attendant la concrétisation de ces différentes solutions, El Hadj Aboubacar Bitèye, tente d’agir à travers l’Association nationale de lutte contre le vol de bétail (ANLCVB), qu’il a créée en 2010. Grâce à ses efforts, quelque 11 803 têtes volées ont été retrouvées, soit 55 % des 21 430 recensées par l’association.
Établie dans une cinquantaine de localités par le biais de comités de vigilance, l’ANLCVB fonctionne grâce à ses propres ressources et parvient, tant bien que mal, à apporter sa contribution. Cependant, elle doit encore se doter des moyens nécessaires pour atteindre ses ambitions.
« Les comités de surveillance sont à bout. Nous avons besoin d’être reconnus par l’État et d’avoir plus de moyens de déplacement pour mener à bien notre mission », lance Babou Sow, président du Comité de vigilance à Missirah Wadène, dénonçant au passage la « non-implication » des chefs de village dans ce combat.
Même si leur apport dans cette lutte n’est plus à démontrer, les membres de l’ANLCVB doivent être davantage encadrés pour parer à tout abus. « Nous ne devons pas permettre à ces comités de s’arroger des prérogatives qui ne sont pas les leurs et qui relèvent des forces de défense et de sécurité. Pour cela, il faut qu’ils soient formés afin qu’ils ne se livrent pas à des actes qui seraient de nature à atteindre à la dignité des suspects », conseille le maire de Ndiédieng, Abdoul Aziz Mbodj.
Les autorités administratives ont, quant à elles, assuré de leur entière disponibilité pour participer « à cette œuvre d’utilité publique. » En Conseil des ministres du 12 février 2025, le président sénégalais, Bassirou Diomaye Faye a ainsi souligné « l’impératif » de mettre en œuvre les « dispositifs » de prévention et de coercition « de lutte contre le vol de bétail ». De quoi faire meugler d’espoir les bovins.