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17 avril 2025
L’APR DENONCE UNE « CABALE » ET UNE « TENTATIVE DE MANIPULATION »
Les responsables de l’Alliance pour la République (Apr) lancent la contre-offensive concernant les malversations révélées par le rapport de la Cour des Comptes sur la gestion des finances publiques entre 2019 et 2024
Au lendemain de la publication du rapport de la Cour des Comptes sur la gestion des finances publiques entre 2019 et 2024, les responsables de l’Alliance pour la République (Apr) sont montés au créneau pour dénoncer une « cabale » et une « tentative de manipulation » de l’actuel Premier ministre et son gouvernement. En conférence de presse hier, jeudi 13 février, ils ont estimé que ce rapport de la Cour des Comptes ne mentionne, dans ses recommandations, « aucun cas de détournement, d’ouverture d’information judiciaire, de traduction devant la chambre de discipline financière, ou même de remboursement ».
Les responsables de l’Alliance pour la République (Apr) lancent la contre-offensive concernant les malversations révélées par le rapport de la Cour des Comptes sur la gestion des finances publiques entre 2019 et 2024. En conférence de presse hier, jeudi 13 février, ils ont dénoncé une « cabale » et une « tentative de manipulation » de l’actuel Premier ministre et son gouvernement qui cherchent à « avouer qu’ils vont échouer mais qu’ils vont faire porter la responsabilité de cet échec à d’autres ». Et de poursuivre : « Ce rapport de la Cour des Comptes, dont la méthodologie et certains contenus brillent par leur caractère douteux et bancal, n’est en fin de compte que la revendication d’un attentat contre le Sénégal et les Sénégalais perpétré par Ousmane Sonko ». A ce titre, l’ancien ministre de la Jeunesse, Pape Malick Ndour, porte-parole du jour, dira avec fermeté que « l’Apr s’inscrit totalement en faux contre les accusations grossières d’un enfant gâté, qui pense que l’exercice de l’Étatrelève de l’accusation permanente, du bavardage sans fin et de l’incompétence érigée en vertu ». En effet, selon Pape Malick Ndour « à la lecture du rapport, plusieurs observations s’imposent au sujet de cette nouvelle machination politicienne dont la seule volonté est la négation du Sénégal ». Et de pointer le non-respect du principe du contradictoire : « Le rapport produit parles services de l’IGF et la certification n’ont pas respecté le principe du contradictoire. Aucun ancien ministre des Finances n’a été soumis à cet exercice, ce qui aurait pourtant permis d’apporter des éléments de réponse à certaines interpellations » a-t-il martelé.
Poursuivant son propos, le porte-parole du jour a également tenu à apporter la réplique au ministre de la Justice, Garde des Sceaux qui a annoncé l’ouverture d’enquêtes pour situer les responsabilités. Estimant que « le rapport ne mentionne, dans ses recommandations, aucun cas de détournement, d’ouverture d’information judiciaire, de traduction devant la chambre de discipline financière, ou même de remboursement », l’ancien ministre se demande « par quelle alchimie le ministre de la Justice est arrivé à définir des catégories d’infractions et des personnes qui devront répondre devant les juridictions compétentes en l’occurrence, la Haute Cour de Justice et le parquet financier ».
LA COUR DES COMPTES AVAIT CERTIFIÉ LES RAPPORTS PRÉCÉDENTS
Par ailleurs, les responsables de l’Apr ont également rejeté catégoriquement les conclusions de ce rapport de la Cour des Comptes. Selon eux, « la Cour des comptes, toutes chambres réunies, avait validé les comptes de l’État à travers la certification des lois de règlement. Aujourd’hui, seule la chambre des affaires budgétaires et financières, remet en cause le travail conjoint de toutes les autres ». Loin de s’en tenir-là, les responsables de l’Apr ont estimé qu’en matière de reddition des comptes, la loi de règlement constitue le principal outil de contrôle du Parlement sur l’exécution des lois de finances initiales et rectificatives adoptées par l’Assemblée nationale. Dans la foulée, ils ont rappelé que toutes les lois de règlement des années 2019 à 2021 ont été votées par le Parlement après certification de la Cour des comptes, donnant quitus au gouvernement, tandis que celles de 2022 et 2023, elles aussi certifiées parla Cour, ont été transmises au Parlement.
L’ANALYSE DE LA DETTE EXTÉRIEURE N’APPORTE PAS D’ÉLÉMENTS NOUVEAUX
Abordant les révélations de la Cour des comptes sur la dette extérieure, les responsables de l’Apr assurent que l’analyse de cette dernière contenue dans le rapport n’apporte pas d’éléments nouveaux, d’autant plus que le dernier rapport sur la dette réalisé par la Cour des comptes (mystérieusement disparu de la barre de téléchargement du site de la Cour) avait déjà mentionné des écarts. « Ces écarts avaient été attribués par la Cour à des dysfonctionnements dans les comptabilités de la Direction de la dette publique, de la DODP et du Trésorier général », ont-ils souligné avant d’ajouter au sujet de la dette garantie. « Il en est de même pour la situation de la dette garantie, où une meilleure coordination entre les services de l’IGF et ceux du ministère de l’Économie et des Finances pourrait aider le nouveau gouvernement à être plus exhaustif dans son rapport qui fait état d’un montant de 535 milliards contre 2,265 milliards comptabilisés parles services et validés par la Cour des comptes ».
La Cour elle-même n'émet aucun grief sur la vente des immeubles de l'État à la SOGEPA Abordant la question des immeubles de l'État qui auraient été vendus à la SOGEPA, les responsables de l’Apr ont estimé que la Cour elle-même n'émet aucun grief sur cette vente puisque d'une part la Sogepa est une société nationale détenue exclusivement par l'État et d'autre part l'article 4 de la loi n°2022-36 du 22 novembre 2022 permet le transfert par l'État à la SOGEPA, par cession ou à titre gratuit ou onéreux ou par tout autre mode, des droits et immeubles nécessaires à la réalisation de son objet social.
ENGAGEMENTS DE L’ÉTAT VIS-À-VIS DU SECTEUR BANCAIRE
S’agissant du point relatif aux engagements de l’État vis-à-vis du secteur bancaire, les responsables de l’Apr ont également indiqué que le montant de 2 219,79 milliards relevé par la Cour comme étant enregistré qu’à fin décembre 2023 et partant des déclarations des services du ministère des Finances et ceux de l'Économie contraste bien avec le chiffre de 619,8 milliards contenu dans le rapport. Par conséquent, ont-ils dit, « les tenants actuels du régime gagneraient à nous dire d'où est ce qu'ils tiennent ce chiffre ».
L’ETAT ANNONCE DES REFORMES STRUCTURELLES ET AMBITIEUSES
Le ministre des finances estime que ce rapport marque un tournant décisif. Pour lui, il ne s’agit pas d’un simple exercice de constatations mais le début d’une transformation profonde et irréversible de la gouvernance financière
Suite à la publication du rapport de la Cour des comptes sur la situation des finances publiques au titre des gestions de 2019 au 31 mars 2024 qui a révélé des irrégularités dans la gestion des comptes publics, le gouvernement s’engage à mener des réformes structurelles et ambitieuses pour renverser la tendance. L’annonce a été faite hier, jeudi 13 février, par le ministre des Finances et du budget, Cheikh Diba, lors d’une conférence de presse.
«Il faut retenir que ce rapport est une photographie fidèle de la situation financière du pays. Il confirme et valide les constats établis par l’inspection générale des finances et met en lumière des insuffisances. Qu’il est désormais impératif de corriger avec rigueur et détermination ». Ces propos sont du ministre des Finances et du budget Cheikh Diba qui s’exprimait hier, jeudi 13 février, lors de la conférence de presse du gouvernement suite à la publication du rapport d’audit de la Cour des comptes sur les finances publiques. Ainsi, il annonce que le gouvernement s’engage à mettre en œuvre des réformes structurelles et ambitieuses pour garantir la soutenabilité budgétaire et la prospérité de notre nation.
« Le déficit budgétaire moyen annuel de 11,1% enregistré sur la période 2019-2023 et le niveau d’endettement atteignant 99,67% du Pib en décembre 2023 illustrent la gravité des déséquilibres financiers accumulés ces derniers années. Face à ces défis majeurs, nous n’avons qu’une seule voie : c’est d’agir vite avec responsabilité et méthode », indique-t-il. L’argentier de l’Etat informe que le gouvernement a déjà engagé une réforme en profondeur de la gestion budgétaire et de la dette publique avec un objectif très clair qui est d’assurer la viabilité des finances publiques tout en préservant notre souveraineté économique.
« Ces réformes s’articulent autour de 3 axes majeurs. Premièrement, le renforcement du contrôle budgétaire et de la gestion des investissements publics. Deuxièmement, la modernisation et la digitalisation de la gestion des finances publiques. Et troisièmement, les réformes structurelles visant à une réorganisation des services impliqués dans la gestion de la dette », a-t-il fait part.
Il ajoute que ces réformes structurelles seront traduites comme suit et mises en œuvre de manière séquencée.
« Premièrement, il faudra améliorer la qualité comptable et de l’information financière à travers la mise en place d’un système d’information intégré de gestion des finances publiques garantissant un meilleur contrôle des dépenses et des financements. Cette modernisation permettra d’améliorer la qualité et la fiabilité des données financières, de faciliter leur accessibilité et d’assurer la sincérité des comptes publics, un contrôle plus stricte des projets financés sur ressources extérieures avec la désignation d’un agent comptable chargé du suivi comptable des projets financés à cet effet », a-t-il laissé entendre. Selon lui, cette mesure vise à assurer un contrôle rigoureux et une meilleure gestion des engagements financiers du pays. Il faudra aussi, dit-t-il, veiller à la réorganisation du réseau comptable afin d’accélérer la centralisation des données, d’améliorer leur fiabilité et d’optimiser la gestion de la trésorerie de l’Etat. Il ajoute que l’intégration de supports indispensables facilitera la fluidité des opérations comptables et garantira une meilleure traçabilité des flux financiers. Le ministre indique le deuxième axe porte sur la réforme de la dette publique et elle s’opérera à travers le retour à l’orthodoxie en matière de gestion de la dette par une centralisation des fonds de négociations, d’utilisation et de gestion de la dette publique.
« Cette centralisation permettra de surmonter les difficultés liées à la dispersion des compétences dans l’administration de la dette publique. Cette réforme devra garantir une meilleure coordination de l’information financière et une gestion efficiente des ressources publiques. Elle passera parla création d’un service unique au sein de l’Etat compétent pour la gestion des emprunts et des garanties associées. Ce qui assurera ainsi une approche plus transparente et harmonisée de la politique d’endettement », a-t-il expliqué.
Enfin le troisième axe porte sur le renforcement de l’efficacité et de la transparence des finances publiques. Selon Cheikh Diba, il s’opérera à travers le renforcement du dispositif de collecte et de fiabilisation des institutions sur les finances publiques, l’instauration d’une déclaration de responsabilité personnelle de tous les agents impliqués dans la production de l’information financière.
« CHAQUE FRANC DEPENSE VA DESORMAIS ETRE JUSTIFIE »
Le Ministre des finances et du budget estime, par ailleurs, que ce rapport marque un tournant décisif. Pour lui, il ne s’agit pas d’un simple exercice de constatations mais le début d’une transformation profonde et irréversible de la gouvernance financière au Sénégal.
« Notre responsabilité est de faire mieux pour aujourd’hui et pour les générations futures. Nous devons rétablir la confiance, renforcer la souveraineté financière et garantir une gestion publique exemplaire. Chaque franc dépensé va désormais être justifié. Chaque engagement budgétaire doit être optimisé et chaque réforme doit être appliquée avec la plus grande rigueur. Nous devons cette rigueur aux Sénégalais, cette transparence à nos partenaires et cette exemplarité à l’histoire. C’est avec détermination que nous relèverons ce défi », rassure-t-il.
Par Henriette Niang KANDE
CUPIDON A-T-IL (ENCORE) RATÉ SA CIBLE ?
En amour comme en politique, les promesses sont une constante. Ces petites phrases magiques qui électrisent les urnes, font briller les yeux, émouvoir les cœurs. Mais, comme disait si bien Charles Pasqua, "les promesses n'engagent que ceux qui y croient"
Aujourd’hui c’est la Saint-Valentin… Un grand moment (ce n’est pas le seul bien sûr !) pour (re) déclarer son amour. Mais, ce jour peut être également, l’occasion de se poser, sans téléphone, ni distraction pour discuter. Discuter vraiment pour ranimer la flamme avant qu’elle ne devienne un tas de cendres froides. Dans une romance démocratique, eh bien, c’est pareil. Parce qu’un couple, c’est comme un jardin. Si on ne l’arrose pas, il devient un terrain vague
Depuis toujours, comme les hirondelles annoncent le printemps, les promesses (amoureuses ou électorales) fleurissent. Les candidats rivalisent d’imagination pour séduire leur cible, qui, naïve mais fidèle, se laisse prendre au jeu ou retourne aux urnes à chaque scrutin, quand il s’agit d’élections. Une fois installés les élus, qu’ils soient du cœur ou politiques semblent atteints d’une mystérieuse amnésie : les promesses s’évaporent plus vite qu’un verre d’eau en plein désert. Mais qu’importe, quelques années plus tard, on remet ça !
En politique, une fois le bulletin glissé dans l’urne, la magie opère… dans l’autre sens. Les engagements sont vite oubliés, et les électeurs, mi-amnésiques, mi-résignés, attendent patiemment le prochain tour pour se faire rejouer la même comédie. Finalement, on se dit que c’est un peu comme les soldes : on espère toujours faire une bonne affaire, mais on repart souvent avec un produit défectueux.
Souvenez-vous, il y a onze mois, c’était l’euphorie. Des files d’électeurs devant les bureaux de vote, des débats animés dans les grand’ places, sur les plateaux de télévision, sur les affiches ou les tags peints aux murs, il n’y avait que des déclarations d’amour. « L’avenir, c’est nous » ! « Changement ! «, « Rupture » ! « Oust, les voleurs de la République ». Les électeurs, lassés des vieilles figures et des rengaines habituelles, avaient cru en ce souffle nouveau. Ils ont voté comme on tombe amoureux : avec le cœur et un soupçon d’aveuglement. Il y a presqu’un an, le gouvernement et une très grande partie des électeurs formaient un joli couple, plein d’espoirs et de belles intentions. Aujourd’hui, on pourrait croire que Cupidon avait une flèche en plastique.
La lune de miel avait commencé par une rotation synchrone : 54% d’électeurs parfaitement alignés. Mais voilà, qu’un certain frémissement s’invite, révélant des zones d’ombre. Le décalage du romantisme s’amorce : hier passion, aujourd’hui discussion sur les choix. Court-on le risque de l’effacement de la pleine lune de miel des premiers jours, pour assister à … une éclipse et à la désillusion ?
Il faut dire que onze mois, c’est à la fois très long et très court. Suffisamment long pour commencer à regretter certaines décisions ("Pourquoi j’ai choisi ce type ? Il ne mérite pas mon vote"), mais trop court pour que la fameuse clause de "c’est moi, pas toi" fasse son entrée dans les discours. Il n’a pas fallu longtemps pour que le vernis commence à craquer. Le premier signe ? Les petites cachotteries. Les réunions à huis clos, les décisions prises en douce, en faveur des « enfants d’avance » (doomu jiitlé) ou de leurs familles, sécurisés par une ceinture d’immunité, et indemnisés ou secourus (c’est selon), qui se sont « sacrifiés » pour que le Projet-mariage soit célébré, légalisant un arbitraire de faveurs dispensées selon des critères où le lancer de cocktails-molotovs et la bave aux lèvres ont importé davantage que la compétence. Oubliant (ignorant plutôt, par manque de culture générale) cette recommandation de Chamfort : « il faut être juste avant d’être généreux ». Il y en a un à qui on avait reproché d’avoir mis le coude sur des dossiers « sensibles ». Concernant ceux d’aujourd’hui, ce sont des corps qui sont affalés sur des dossiers, les couvrant entièrement de leurs corps et d’une totale discrétion. Passons surles relations « incestueuses » à travers des conventions, entre deux ministères d’un même gouvernement. Les citoyens, jusque-là patients, ont commencé à lever un sourcil en voyant l’émergence vestimentaire et économique, de quelques-uns qui enflent, donnant l’impression que le pays a donné naissance à un « nouveau modèle de baudruches ». Puis les annonces contradictoires sont arrivées, comme un mauvais jeu de ping-pong..
Prenons le cas de Soda Marème, citoyenne impliquée. Lors des lives, et autres prises de parole de son leader, elle était sous le charme de ce « guerrier qui n’avait peur de rien ni de personne » et qui avait tout pour plaire : une belle éloquence, des slogans accrocheurs et une collection de casquettes qui donnaient envie de lui faire confiance. « Je l’ai écouté et je me suis dit : « Ça, c’est un homme pour qui je pourrais voter les yeux fermés. Son discours lumineux éclairait même le soleil. C’est la raison pour laquelle, même quand le « complot » a fait qu’il n’a pas pu être candidat, j’ai voté sans sourciller pour celui qu’il nous avait indiqué. Eh bien, je n’aurais pas dû ! », soupire -t-elle devant le fond d’un bol de thiébou dieune, qui ne l’était que de nom. Car depuis l’élection, le « guerrier » semble avoir oublié une promesse sur deux, et le « takko inattendu », qui tenait la chandelle sans jamais avoir pipé mot, est dépassé parles « mesures ambitieuses » devenues « complexes », et manque d’oxygène pour cause de « marge de manœuvre » étroite.
En amour comme en politique, les promesses sont une constante. Ces petites phrases magiques qui électrisent les urnes, font briller les yeux, émouvoir les cœurs. Mais, comme disait si bien Charles Pasqua, « Les promesses n'engagent que ceux qui y croient ». Une formule d’une vérité crûment ironique, un clin d’œil aux désillusions que la réalité réserve souvent à nos espoirs les plus fous. Alors, pourquoi continue-t-on d’y croire ?
Promettre, c’est un peu comme vendre un produit miracle. Ça ne coûte rien, c’est facile à emballer et, surtout, ça fait rêver. Prenez un politicien, par exemple. Lorsqu’il vous promet des loyers et les produits de grande consommation en baisse, une éducation gratuite pour tous et la fin des enchevêtrements mécaniques autour des ronds-points de Dakar, il sait très bien qu’il est en train de peindre un arc-en-ciel dans le ciel gris des soucis quotidiens. Mais, au fond, il se dit que personne n’irait probablement pas lui demander des comptes une fois élu ou nommé. C’est là toute la beauté de la promesse : elle est fugace, éphémère, et son expiration est toujours bien trop floue pour être contrôlée.
Et nous, pauvres récepteurs de ces déclarations enivrantes, que faisons-nous ? Eh bien, nous croyons. Pourquoi ? Parce que l’espoir est un antidote puissant à la morosité ambiante. Nous croyons toujours mordicus, que cette fois-ci, ce sera différent. Que la nouvelle mesure économique nous rendra riches. Que le formulaire à remplir sur le site d’un ministère ou d’un service public nous aidera enfin à voir notre projet financé. Nous croyons, parce que croire est une gymnastique mentale qui permet de supporter le poids de nos déceptions passées.
Le hic, c’est que les promesses ont un ennemi juré : la réalité. Celle-ci a une fâcheuse tendance à venir poser ses gros sabots sur nos rêves les plus doux. À ce moment-là, la belle promesse se transforme en un souvenir évasif, voire en une blague entre amis : « Tu te souviens quand ils avaient dit qu’ils allaient résoudre les problèmes en deux mois ? ». (Rires gênés). Mais, attention, n’accablons pas trop vite ceux qui promettent : ils avaient peut-être sincèrement envie d’y croire eux aussi ! Il parait que cela s’appelle le « syndrome du regret démocratique », un mal qui touche en général les citoyens dès que leurs élus commencent à prendre des décisions. C’est un classique.
Alors, que faire ? Arrêter de croire en tout ? Certainement pas. Mais peut-être adopter un soupçon de scepticisme, ce petit recul salvateur qui permet de prendre les choses avec une pointe de légèreté. Et si, un jour, quelqu’un promet monts et merveilles, on a le choix. Soit répondre avec un sourire complice : « Je t’ai entendu… mais laisse-moi voir poury croire vraiment ». Soit appliquer ce vieux dicton qui enseigne qu'il ne faut pas tirer sur une ambulance. Mais quand les brancardiers en profitent pour faire des bras d'honneur à la portière, on aurait tort de se gêner… On le leur rend. Tout simplement. Parce, si malgré tous les efforts, l’amour est en soins palliatifs, la plus belle preuve de maturité est de reconnaitre que c’est fini. Même si, lors de prochaines élections, il reste toujours qu’on peut tomber en amour de candidats pleins de promesses qu’ils oublieront six mois après !
Une chose est sûre. Il y en a ce soir, à l’image de Soda Marème, qui préfèreront rester célibataires. Ce 14 février s’annonçant sous le signe d’un diner en tête-à-tête …avec un malaise.
Par Babacar P. MBAYE
LA CRISE SÉCURITAIRE DANS LES PAYS DE L’AES MENACE L’ÉQUILIBRE DU SAHEL
La région sahélienne, principalement le Mali, le Burkina Faso et le Niger, est aujourd'hui le théâtre d'une crise sécuritaire d’ampleur dont les répercussions menacent tout le Sahel et même dans tout le Golfe de Guinée.
La région sahélienne, principalement le Mali, le Burkina Faso et le Niger, est aujourd'hui le théâtre d'une crise sécuritaire d’ampleur dont les répercussions menacent tout le Sahel et même dans tout le Golfe de Guinée. Cette insécurité est alimentée par l’ancrage des groupes armés djihadistes, comme le Groupe de Soutien à l’Islam et aux Musulmans (RVIM) et l’État Islamique au Sahel (EIPS), qui exploitent les vastes étendues peu contrôlées et les faiblesses structurelles des armées locales.
Les populations civiles sont les premières victimes de cette insécurité chronique, marquée par des massacres, des enlèvements et des déplacements massifs. Des villages entiers au Mali sont désertés, tandis qu’au Niger et au Burkina Faso, les infrastructures vitales comme les écoles et les hôpitaux sont souvent ciblées, aggravant les crises humanitaires.
Depuis début janvier 2025, une série d’attaques coordonnées a illustré cette montée en puissance, combinant embuscades meurtrières, explosifs improvisés et assauts armés. Une petite radiographie de l’épicentre s’impose en nous limitant surles trois pays de l’AES :
BURKINA FASO
Le 7 janvier 2025, le JNIM a revendiqué l’éclatement d’un engin explosif (IED) contre un véhicule des Forces Armées Burkinabè (FABF) près de Barga. Le même jour, des affrontements intergroupes entre le JNIM et l’EIPS ont eu lieu près de Dori, avec la mort d’au moins deux djihadistes de l’EIPS.
Le 9 janvier, le JNIM a revendiqué la prise d’une position des Volontaires pour la Défense de la Patrie (VDP) à Kelbo, causant la mort de huit miliciens. Le 10 janvier, deux engins explosifs (IED) ont été déclenchés par le JNIM contre des véhicules des FABF près de Dédougou. Le lendemain, l’EIPS a tendu une embuscade à un convoi logistique civil à destination du Niger, escorté par des FDS burkinabè, près de Dori. Cette attaque a causé la mort de plus de 21 soldats et au moins 3 civils, incluant des chauffeurs.
Le 14 janvier, le JNIM a revendiqué l’explosion de quatre engins contre une patrouille des FABF près de Namssiguia. Le lendemain, le JNIM a revendiqué une attaque contre deux positions des VDP à proximité de Barsalogho. Le JNIM a également pris le contrôle d’une base des VDP burkinabè à Yoba le jour d’après. Le 17 janvier, plusieurs attaques du JNIM ont visé les forces armées burkinabè autour de Dori, Fada N’Gourma et Banfora.
Le 18 janvier, quatre chauffeurs marocains ont été enlevés, probablement par l’EIPS, entre Dori (Burkina Faso) et Téra (Niger). Le 19 janvier, deux attaques ont été revendiquées par le JNIM : une explosion d’IED contre une patrouille des FABF près de Kaya, et une autre contre des forces armées burkinabè à Dablo. Le 20 janvier, une attaque à l’IED a ciblé les forces de sécurité burkinabè près de Maado, au nord-ouest de Banfora.
Le 21 janvier, un convoi des FABF a été attaqué avec un engin explosif dans le département de Dablo. Le même jour, une autre attaque a visé un convoi militaire entre Monsankoy et Sankoy, faisant 4 morts parmi les soldats et permettant aux assaillants de récupérer du matériel, notamment du mortier, des kalachnikovs et des motos).
Le lendemain, plusieurs actions du JNIM ont été recensées : une embuscade avec IED contre l’armée et des milices entre Wangro et Madi (province de Comoé) ; une autre attaque similaire entre Massala et Tora ; une offensive d’envergure contre un camp militaire et la ville de Sebba, et une attaque similaire à Pama, les deux offensives entraînant la mort d’une vingtaine de soldats et de sept civils. Le 23 janvier, des photos de véhicules détruits ont confirmé les dégâts de l’attaque à Sebba.
Le 24 janvier, le JNIM a mené un assaut armé contre les forces burkinabè à Pama, et affirme avoir pris le contrôle des logements militaires burkinabè de Bama, dans la région de Fada N’Gourma.
Le 25 janvier, les forces du JNIM ont pris possession d’une base militaire burkinabè dans la province de Gourma, près de Fada N’Gourma. Enfin, le 26 janvier, plusieurs attaques ont été menées par le JNIM dans la région de Gao.
NIGER
Le Niger, quant à lui, fait face à une recrudescence des attaques dans la région de Makalondi, un carrefour vital pour les échanges avec le Burkina Faso. Les convois qui empruntent la nationale 6 sont régulièrement pris pour cible par des engins explosifs improvisés. Ces actes de sabotage, souvent revendiqués parle JNIM, compromettent non seulement la sécurité des civils, mais aussi l’économie transfrontalière, essentielle à la survie des populations locales.
Le 7 janvier 2025, le JNIM a revendiqué l’explosion d’un EID contre un véhicule des Forces Armées Nigériennes (FAN) près de la mine d’or de Samira Hill, à l’ouest du Niger. Le 12 janvier, deux événements marquants ont eu lieu : le JNIM a revendiqué l’explosion de deux EID contre un véhicule militaire sur la nationale 6, près de Makalondi, un axe vital reliant le Burkina Faso à Niamey ; une ressortissante autrichienne a été enlevée à Agadez, dans le nord du Niger, par des ravisseurs non identifiés.
Le 15 janvier, un ressortissant espagnol a été enlevé au sud de Tamanrasset, en Algérie, et emmené au Mali par ses ravisseurs.
Le 19 janvier, plusieurs IED ont visé des véhicules armés nigériens surla nationale 6, entre Makalondi et Torodi, dans l’ouest du Niger. Le lendemain, le Front de Libération de l’Azawad (FLA) a annoncé avoir récupéré le ressortissant espagnol enlevé quelques jours plus tôt.Celui-ci a été remis aux autorités algériennes.
Le 22 janvier, deux attaques distinctes ont frappé le Niger: une attaque contre des civils à Yeldou, dans la région de Dosso, et une explosion d’IED revendiquée par le JNIM, visant les FAN près de la mine d’or de Samira Hill. MALI Au Mali, les groupes armés djihadistes s’en prennent directement aux positions avancées des Forces armées maliennes (FAMa), combinant tirs d’artillerie légère et offensives au sol. Leur objectif : piller des équipements militaires pour renforcer leur arsenal.
Ainsi, le 6 janvier 2025, des groupes armés djihadistes ont attaqué la ville de Nioro au Mali, combinant tirs d’artillerie légère et offensive terrestre. Cette attaque survient après qu’un message audio diffusé la veille a annoncé la mort d’un important chef religieux de Nioro, enlevé fin décembre. Le 8 janvier, les FAMa ont déclaré avoir repoussé une attaque terroriste à Diangassagou, dans la région de Mopti. Le lendemain, le JNIM a attaqué la position des FAMa à Diallassagou et aurait temporairement pris le contrôle du site. Bien que les FAMa affirment avoir repoussé l’assaut en tuant 14 assaillants, les djihadistes se seraient exfiltrés en emportant du matériel militaire et des véhicules.
Le 12 janvier, le JNIM a mené une attaque contre une base de la milice Dan Na Ambassagou (DNA) dans le village de Simdé. Le 15 janvier, les FAMa ont repoussé une attaque du JNIM contre leur poste de Wabaria, près de Gao, et rapportent avoir tué six assaillants. Le 17 janvier, le JNIM a revendiqué l’utilisation d’un engin explosif (IED) contre des forces des FAMa entre Gomitra et Sébabougou, dans la région de Kayes.
Le 19 janvier, plusieurs attaques à l’IED revendiquées par le JNIM ont eu lieu. Une patrouille des FAMa a été visée à l’est de Niafunké, dans la région de Tombouctou, où l’explosion aurait tué 4 soldats et blessé gravement un autre. Un véhicule des FAMa a également été pris pour cible au nord de Tessalit, tandis qu’un autre engin explosif a été utilisé dans la région de Tombouctou contre un véhicule FAMa. Le 20 janvier, le JNIM a revendiqué deux nouvelles attaques à l’IED. Un véhicule des FAMa a été visé à Tessalit, dans la région de Kidal, et un autre a été frappé entre Niena et Sikasso
Le 24 janvier, deux explosions d’IED ont touché les FAMa. Un convoi militaire entre Bandiagara et Bankass a été attaqué, et un autre véhicule FAMa a été visé à Konna. Enfin, le 26 janvier, dans la région de Mopti, le JNIM a revendiqué une attaque contre un véhicule des FAMa et du groupe Wagner entre Bandiagara et Bankass, affirmant que l’explosion avait détruit le véhicule et tué ses occupants.
DES SOLUTIONS MINIMES JUSQU’À PRÉSENT
Le 22 janvier 2025, le ministre nigérien de la Défense, le général Salifou Mody, a annoncé la création d’une “force unifiée” de 5 000 soldats issus des armées du Niger, du Burkina Faso et du Mali. Cette force, qui devrait être opérationnelle dans les prochaines semaines, vise à lutter contre les groupes jihadistes dans la région du Sahel.
L’objectif est de mutualiser les efforts des trois pays de l’AES face aux menaces communes, notamment dans la zone dite “des trois frontières” où les attaques sont les plus nombreuses. Bien que cette force commune représente un effort de coopération régionale, son efficacité face à l’ampleur des défis sécuritaires dans la région reste à démontrer.
Les trois pays de l’AES constituent un vaste territoire enclavé de 2,8 millions de kilomètres carrés, ce qui soulève des questions sur la capacité de 5 000 hommes à couvrir efficacement une telle zone.
UNE MENACE QUI S’ÉTEND ET INTERPELLE LE SÉNÉGAL
La détérioration sécuritaire au Sahel ne reste pas confinée à cette région. Les groupes armés terroristes, profitant de la porosité des frontières et de l’instabilité politique, étendent progressivement leur influence vers le Golfe de Guinée. Cette dynamique inquiète profondément les pays côtiers, qui voient émerger sur leur territoire une menace auparavant concentrée au nord, et tout particulièrement le Bénin et tout le pourtour de la CEDEAO.
Cette incapacité de l’AES, malgré ses renforts russes, à contenir efficacement les groupes armés sur le plan régional exacerbe donc les risques pour tous les pays de la zone. Si les efforts conjoints ne sont pas rapidement intensifiés, l’expansion des groupes armés terroristes pourrait menacer à terme la stabilité de l’Afrique de l’Ouest dans son ensemble.
Le Sénégal a déployé des unités du GARSI dans la zone Est, au regard du déplacement du danger désormais dans cette partie du pays. Notre pays est conscient du danger et nos unités sont constamment en alerte. Il s’y ajoute que nous sommes l’une des seules démocraties encore stables et à ce titre avons une responsabilité de jouer les premiers rôles pour le retour de la paix et la stabilité partout dans les pays du champ. Un premier pas posé dans ce sens a été la médiation proposée à Dakar et que les autorités ont accepté avec notamment le choix d’Abdoulaye Bathily. Poser des pas similaires à terme pourrait déboucher sur des solutions durables dans une zone régie par l’incertitude et les menaces diverses.
LES UNES DE LA PRESSE DE CE VENDREDI 14 F2VRIER 2025
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LE FORUM CIVIL EXIGE QUE TOUTES LES RESPONSABILITÉS SOIENT ÉTABLIES
L'organisation salue le professionnalisme de la Cour des Comptes et exhorte le gouvernement à prendre des mesures correctives face aux conclusions jugées « graves et alarmantes ».
Le Forum Civil a réagi à la publication du rapport de la Cour des Comptes sur la gestion des finances publiques entre 2019 et mars 2024. L’organisation salue le professionnalisme de la Cour et exhorte le gouvernement à prendre des mesures correctives face aux conclusions jugées « graves et alarmantes ».
Dans un communiqué officiel, le Forum Civil rappelle que, dès le 30 janvier 2024, il avait recommandé au futur président de la République de respecter l’article 1.7 du Code de transparence des finances publiques. Cette disposition impose la publication d’un audit financier dans les trois mois suivant chaque nouveau mandat présidentiel. Une requête renouvelée les 28 mars et 3 avril 2024.
Le rapport gouvernemental, élaboré le 26 septembre 2024 et transmis à la Cour des Comptes le 18 septembre, a été scruté avec rigueur par l’institution. Publié le 12 février 2025, il révèle des irrégularités majeures dans l’exécution du budget général, la gestion des comptes spéciaux du Trésor et l’endettement public, nécessitant un retour urgent à une gouvernance financière orthodoxe.
Face à ces constats, le Forum Civil :
Félicite la Cour des Comptes pour sa méthodologie et son impartialité ;
Salue la mise en œuvre de cette obligation légale par le gouvernement ;
Encourage l’exécutif à appliquer les réformes annoncées par le ministre des Finances lors de sa conférence de presse du 13 février 2025 ;
Exige que toutes les responsabilités, qu’elles soient administratives, financières ou judiciaires, soient établies ;
Appelle à une meilleure supervision du processus d’élaboration du rapport financier pour éviter toute récupération politique.
À travers cette déclaration, le Forum Civil insiste sur l’urgence d’une gouvernance transparente et rigoureuse des finances publiques, garantissant la stabilité économique du pays.
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AÏSSATA TALL SALL CONTESTE LA CRÉDIBILITÉ DU RAPPORT DE LA COUR DES COMPTES
Lors d’une conférence de presse de l’Alliance pour la République (APR), elle a évoqué l’absence de signature du président de l’institution et dénoncé une tentative de manipulation visant à discréditer le bilan de Macky Sall.
Lors d’une conférence de presse organisée par l’Alliance pour la République (APR), Aïssata Tall Sall a vivement critiqué le dernier rapport de la Cour des comptes, rejetant aussi bien son contenu que sa forme. Elle a exprimé des doutes sur l’authenticité du document, pointant notamment l’absence de la signature du président de l’institution. « Qui est réellement l’auteur de ce rapport ? » a-t-elle interrogé, dénonçant un manque de transparence et de responsabilité.
Selon elle, c’est la première fois qu’un rapport de la Cour des comptes suscite une telle contestation, alors que cette institution jouissait jusqu’ici d’un grand respect. Elle estime que la Cour s’est discréditée et que le document en question est décevant, qualifiant ses conclusions de « montagne ayant accouché d’une souris ». Pour elle, la véritable victime de cette situation est le peuple sénégalais, et cela augure des jours incertains pour le pays.
Me Aïssata Tall Sall s’étonne également du revirement de la Cour des comptes, qui avait validé la sincérité des comptes lors des précédents exercices mais revient aujourd’hui avec des conclusions contradictoires. Elle relève notamment des incohérences dans les pages 25 et 26 du rapport, en particulier sur les dépôts à terme, affirmant que certaines informations sont erronées.
Elle perçoit cette publication comme une tentative de discréditer le bilan de l’ancien président Macky Sall et dénonce une manœuvre de manipulation visant à altérer la perception de sa gestion. Remettant en cause la crédibilité du document, elle alerte sur les conséquences de cette situation pour la stabilité et l’image du pays.
PAR MAMADOU OUMAR KAMARA
LE GRIOT, LIEN DE NOS IDENTITÉS ET MÉMOIRES
"Le griot est celui qui dessine la marche pendant que le noble la domine. Il est derrière pour revigorer et enseigner l’Histoire. En cas de combats, il est aux avant-postes pour guider et pour éclairer sur les principes."
«Le griot est celui qui dessine la marche pendant que le noble la domine. Il est derrière pour revigorer et enseigner l’Histoire. En cas de combats, il est aux avant-postes pour guider et pour éclairer sur les principes. Dans ce rôle, seule la mort doit faire obstacle ». Ces mots sont du griot et généalogiste majeur, Samba Diabaré Samb (dans le documentaire « Samba Diabaré Samb, le gardien du temple » de Laurence Gavron, 2006).
Ce caractère, Ndiaga Mbaye en avait élégamment fait sien. Aujourd’hui, 13 février 2025, 20e anniversaire de son décès à 57 ans, il aurait eu 77 ans. Il semblait déjà avoir cet âge en 2005, tant il avait pleinement embrassé la sagesse du sophos et s’inscrivait dans la lignée des grands maîtres. Que Ndiaga Mbaye soit reconnu par excellence comme le parolier de l’histoire musicale sénégalaise est une évidence. Cette identité n’est pas usurpée. Sans ne jamais s’ériger en moralisateur, Ndiaga Mbaye a toujours écrit des textes qui éduquent et orientent la société. Il était d’autant plus percutant dans ce registre qu’il apparaît au public sénégalais dans un moment de jonction décisif, dans la période post-Mai-68. Il rompait avec une tradition de griots presque exclusivement versés dans le laudatif.
Le philosophe Hamidou Dia l’explique : Ndiaga Mbaye s’est tout de suite affirmé en tant qu’observateur critique de sa société, alors qu’on connaissait deux types de griots. D’une part, les historiens et généalogistes, de l’autre ceux qui sont affiliés et célèbrent la gloire de leur noble identifié. Ndiaga Mbaye marque donc un tournant dans ce qui était improprement appelé le folklore traditionnel. N’est-ce pas lui qui s’insurgeait contre les intrus du griotisme, seulement obnubilés par l’argent, qui narguent par leur cupidité le patrimoine, la noblesse et le legs d’une communauté ? Même pour chanter un individu, Ndiaga Mbaye écrivait de sorte à mettre en exergue les « jikko » (vertus). Philosophe affirmé, il s’adressait à la mémoire collective dans un style sobre, respectueux, auguste.
C’est ainsi que le Sénégal en faisait et en fait encore un conseiller. Il s’adressait souvent à son peuple par des émissions thématiques sur la Radio nationale et sur Sud Fm. Ndiaga Mbaye savait « faire communauté ». Il en faisait un sacerdoce. Réécoutez « Xaajalo », qui est aussi un hymne à la panafricanité, ou « Diamono ». Les textes du maître sont de la haute couture. Ils se tissaient avec les fils de la bienveillance, de la spiritualité, du charme, de l’humanisme, de la vérité surtout, avec toujours une importante charge de sens et une beauté sans pareille. Il a brillamment actualisé le genre épique. Le poète Thierno Seydou Sall célèbre Ndiaga, « un homme fascinant » dont les textes ont une valeur linguistique à écouter avec intérêt et émotion.
Le poète s’émeut que Ndiaga ait intelligemment sublimé le wolof dans son œuvre, en langue comme en poésie, et ait classé cette langue dans l’étude scientifique. Ndiaga accordait grand soin à la parole. C’est ce qui en fait essentiellement le griot, le maître de la parole (titre du film documentaire de Laurence Gavron et Hamidou Dia consacré à Ndiaga Mbaye, 2001). La parole, « attribut le plus essentiel du griot » (Sory Camara, in « Gens de la parole », 1976). En Afrique noire, où la littérature était orale avant l’occupation coloniale, les griots étaient porteurs de la parole (Kibalabala N’sele, 1986). Leurs instruments, dont la voix, servaient à préserver nos imaginaires et nos identités.
Samba Diabaré Samb l’expliquait dans le documentaire cité en début de texte : le xalam, la kora, le tama, le tabala, le xiin, le gorong et le làmb servaient à écrire l’histoire par des airs et des rythmes, et non à simplement divertir. C’est ce tam-tam wolof, le làmb, qui a donné son nom à la lutte sénégalaise. Le Fara làmb, qui était le griot attitré de la cour du Damel du Cayor, battait ce tam-tam pour animer des occasions spéciales tels les appels aux armes, les veillées nocturnes de guerre ou les séances de lutte après récolte. Le premier Fara Làmb, Dogo Thiam de Mbelgoor, village des maîtres du verbe, est l’aïeul de la légende Mamadou Mbaye dit Jimi, décédé hier. Les phrases de guitare du soliste de Youssou Ndour et du Super Étoile de Dakar se comptent parmi les plus belles dans l’histoire de la musique du Sénégal.
OUSMANE DIAGNE PROMET DES POURSUITES JUDICIAIRES APRÈS LE RAPPORT DE LA COUR DES COMPTES
Le ministre de la Justice évoque de possibles infractions graves, dont détournement de deniers publics, blanchiment d’argent et enrichissement illicite. L’implication d’anciens ministres, directeurs généraux et comptables est pointée du doigt.
Le ministre de la Justice promet une suite judiciaire après la publication du rapport de la Cour des comptes sur la situation des finances publiques au titre des gestions de 2019 au 31 mars 2024. Selon Ousmane Diagne, l’exploitation de ce document a permis « de relever des coûts élevés de la dette et des manquements graves qui pourraient revêtir diverses qualifications pénales ».
Il poursuit en les citant : « faux en écriture, faux en informatique, détournement de deniers publics, escroquerie portant sur des deniers publics, blanchiment d’argent et enrichissement illicite, complicité et recel… », qualifie le magistrat.
Le ministre est convaincu que l’analyse de ces chefs d’accusation démontre l’implication de diverses personnes notamment d’anciens ministres et directeurs généraux, des comptables, des gestionnaires et d’autres particuliers.
« C’est pourquoi, il est envisagé dans le respect strict des principes directeurs de la procédure pénale notamment la présomption d’innocence, le respect des droits de la défense, le respect du principe du contradictoire, la mise en œuvre diligente de toutes les mesures judiciaires nécessaires à l’élucidation de ces faits et l’identification complète de tous les responsables de ces irrégularités et leur traduction devant les juridictions répressives compétentes », promet le ministre de la Justice.
Donc, la haute cour de Justice et le Pool judiciaire financier seront activés à cet effet. » Des enquêtes exhaustives et approfondies seront menées pour retracer les finances en vue d’identifier et entendre tous les auteurs, coauteurs et complices présumés en vue d’engager des poursuites devant les juridictions compétentes », conclue-t-il.