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8 avril 2025
DES MEDIAS OUTILLES SUR LES FONDAMENTAUX DU PETROLE ET DU GAZ
L’opérateur BP en partenariat avec l’institut National du Pétrole du Gaz (INPG) a initié un programme de formation spécialisée dédié aux médias. Ce programme s’est déroulé les lundi 3 et mardi 4 février 2025 dans les locaux de l’INPG.
BP, en collaboration avec l’Institut National du Pétrole et du Gaz (INPG) a organisé une formation exclusive à l’endroit des professionnels des médias sénégalais. L'objectif est d'améliorer leur compréhension de l'industrie pétrolière et gazière, de promouvoir des reportages précis et de renforcer les relations entre Bp et les parties prenantes des médias..
L’opérateur BP en partenariat avec l’institut National du Pétrole du Gaz (INPG) a initié un programme de formation spécialisée dédié aux médias. Ce programme s’est déroulé les lundi 3 et mardi 4 février 2025 dans les locaux de l’INPG. Cette formation vise à améliorer la compétence et la compréhension des professionnels des médias au Sénégal en ce qui concerne l'industrie pétrolière et gazière. « C'est très important que les journalistes aient une compréhension de cette industrie, donc de la chaîne de valeur, de toutes les étapes, des enjeux, et des acteurs qui sont dans cette industrie, que ce soit l'État ou la partie privée. Donc, il est important que les journalistes comprennent pour relayer la bonne information à toutes les communautés locales qui ont besoin de comprendre ceux qui sont impactées, directement ou indirectement », explique Annie-Flore Gbenou Damas, responsable de la formation à l'Institut national du pétrole et du gaz.
Selon elle, les journalistes qui ont pu profiter de cette formation ont désormais les outils nécessaires pour relayer la bonne information. « En tout cas, nous sommes très confiants qu'avec toutes les informations qui ont été transmises sur le secteur, ces journalistes pourront corriger ce qu'ils vont entendre désormais, qui n'est pas, peut-être, conforme à la réalité. Maintenant, ils ont les outils pour passer la bonne information et pour peut-être, assainir un petit peu le débat à ce niveau », a-telle soutenu.
Au-delà de cette formation sur les fondamentaux de l’industrie pétrolière et gazière, l’INPG envisage d’aborder d’autres thématiques beaucoup plus pointues. « Ce genre d'action n'est que le début d'une petite série d’activités. C'est pour asseoir une base, c'est pour donner des informations précises sur, vraiment, le contexte, l'activité, la chaîne de valeur, les acteurs. Mais après, on peut aller dans différentes thématiques qui seront beaucoup plus pointues et plus axées sur les besoins des bénéficiaires, notamment de la presse », a promis Mme Damas. Interpellée sur l’impact de cette exploitation des hydrocarbures sur l’environnement, elle soutient : « cela est communiqué et encadré par les documents fournis à l'État.
L'étude d'impact environnemental se fera avant de mener ces activités. Il est important aussi, pour les parties prenantes, de communiquer avec les communautés, donc de leur faire savoir quels seront ces impacts et donc comment ils vont être touchés, comment ils vont pouvoir éventuellement, réaménager leur quotidien, leur activité, en fonction de cette nouvelle donne, donc de l'activité qui vient, avec laquelle ils vont devoir cohabiter ».
MULTIPLE PHOTOS
LES UNES DE LA PRESSE DE CE MERCREDI 5 FEVRIER 2025
Sud Quotidien, Walf Quotidien, Yoor-Yoor Bi, L'Observateur, Libération, Le Quotidien, Enquête, Vox Populi, Le Verdict News, L'As, Record, Le Soleil
INTELLIGENCE ARTIFICIELLE, QUELLE STRATÉGIE POUR LE SÉNÉGAL ?
L'IA transforme le monde à une vitesse fulgurante. En parallèle, des réglementations émergent pour encadrer cette technologie. Dans ce contexte, le Sénégal, au sein de l’ensemble africain, se trouve en pleine phase de gestation d’un cadre éthique adapté.
L’intelligence artificielle (IA) transforme le monde à une vitesse fulgurante. En parallèle, des réglementations émergent pour encadrer cette technologie. Dans ce contexte, le Sénégal, au sein de l’ensemble africain, se trouve en pleine phase de gestation d’un cadre éthique adapté.
Alors que le sommet sur l’Intelligence artificielle se tiendra à Paris les 10 et 11 février, réunissant une centaine de chefs d’État et de figures majeures de la tech, l’Europe a déjà pris une longueur d’avance dans la réglementation de l’IA. Depuis le 2 février 2025, l’IA Act est entrée en vigueur en Europe. Cette réglementation vise à trouver un équilibre délicat : limiter les abus et dérives de l’IA tout en stimulant l’innovation. Ce premier volet, destiné aux entreprises européennes, interdit certaines pratiques jugées dangereuses ou contraires aux droits fondamentaux, comme l’analyse comportementale pour restreindre l’accès à des services, la reconnaissance faciale dans les espaces publics, ou encore le fichage basé sur des critères comme l’origine ethnique, la religion, l’orientation sexuelle ou les opinions politiques.
Ces mesures illustrent l’urgence d’un cadre réglementaire, à une époque où l’intelligence artificielle, notamment générative, devient un levier de pouvoir pour les grandes puissances. Face à la domination des géants chinois et américains, une question s’impose : quelle stratégie pour le Sénégal et l’Afrique ?
IA et géopolitique
Aux États-Unis, l’intelligence artificielle est utilisée par des organismes comme la CIA pour des missions stratégiques, notamment le profilage de dirigeants mondiaux. En exploitant des masses de données (déclarations publiques, statistiques, biographies, télégrammes diplomatiques, etc.), l’IA peut reconstituer les modes de pensée de personnalités clés et prédire leurs décisions. Ces usages, illustrés par des « jumeaux numériques », montrent le potentiel immense mais aussi les risques inhérents à l’IA.
Les défis du Sénégal dans un contexte mondial
Pour le Sénégal, l’IA reste un domaine en plein essor. Selon Emmanuel Diokh, juriste spécialisé dans le numérique, une double approche est nécessaire : « encourager l’innovation en stimulant la recherche, en développant les compétences locales et en promouvant l’usage de l’IA pour le développement socio-économique. »
M. Diokh a contribué à un rapport de 158 pages pour le Forum sur l’information et la démocratie, une réflexion sur l’avenir du continent africain face à l’intelligence artificielle. Le Sénégal s’est également doté d’une « Stratégie nationale et feuille de route sur l’Intelligence artificielle (IA) ». Parmi ses objectifs figurent une utilisation éthique et responsable de l’IA, la protection des données personnelles, le respect de la vie privée et la réduction des disparités d’accès aux technologies IA.
Le juriste sénégalais insiste sur l’urgence d’une régulation adaptée : « Cela permettra d’encadrer les usages pour garantir la dignité humaine, protéger les données et prévenir les dérives comme les deepfakes. »
Une telle stratégie implique de concilier innovation et régulation. Bien que des bases aient été posées, notamment sur les données, une collaboration étroite entre chercheurs, innovateurs et décideurs politiques est indispensable pour construire une vision cohérente et contrer l’hégémonie des géants technologiques de la Silicon Valley, pense M. Diokh.
Exemples de dérives et enjeux de régulation
L’IA comporte des risques réels, comme l’a montré l’affaire impliquant le député Guy M. Sagna. Un deepfake le montrant à La Mecque a trompé même des journalistes. « Si ce type de manipulation avait concerné un contexte compromettant, les conséquences auraient pu être graves. Ce cas souligne les dangers des technologies comme les deepfakes, capables de désinformer, manipuler et nuire à la réputation des individus », prévient l’expert en législation du numérique.
L’Afrique : Entre innovation et souveraineté
L’Afrique, et le Sénégal en particulier, doit adopter une approche stratégique pour tirer parti de l’IA tout en protégeant ses intérêts. Pour Emmanuel Diokh, « cela passe par une meilleure valorisation des données du continent, actuellement exploitées par des acteurs extérieurs ; mais aussi l’éducation et la sensibilisation des populations sur les opportunités et les dangers de l’IA ; et enfin une coopération régionale pour établir un cadre éthique et technologique propre à l’Afrique »
L’Afrique ne doit pas se contenter d’être un consommateur de technologies. Elle doit devenir un acteur influent, alliant innovation et conscience éthique, pour exploiter pleinement le potentiel de l’intelligence artificielle tout en protégeant ses valeurs et son autonomie.
DES ORGANISATIONS SYNDICALES S'INSURGENT CONTRE LA HAUSSE DES PRIX
Lors d’une conférence de presse, la CSA, l’UNCS et le RUSP ont lancé un appel à l'État pour stabiliser les prix des produits de première nécessité à l’approche du Ramadan et du Carême.
iGFM- (Dakar) Dans le cadre de leurs programmes d’activités, les organisations que sont : la Confédération des Syndicats Autonomes du Sénégal (CSA), l’Union Nationale des Consommateurs du Sénégal (UNCS) et le Réseau des Usagers du Service Public (RUSP), ont fait face à la presse ce mardi sur le thème : « Propositions de mesures urgentes contre la hausse des prix à la veille du ramadan et du Carême et la campagne de lutte contre l’insécurité dans ERP ».
Selon ces différentes organisations que sont l’UNCS, le RUSP et la CSA une période sensible du mois de ramadan et de carême à venir et qui se caractérise par une augmentation de la consommation des ménages. C’est le moment, malheureusement que choisissent les commerçants véreux pour procéder à une augmentation des prix en provocant des pénuries par la rétention des produits les plus prisés. C’est pourquoi, le RUSP, la CSA et l’UNCS ont cru bon de prendre les devants et de tirer sur la sonnette d’alarme en appelant l’État à se pencher véritablement sur une ce phénomène récurrent.
L’État doit stabiliser les prix durant cette période d’une manière permanente avec un contrôle régulier et des mesures efficaces et immédiates. Pour le RUSP, la CSA et l’UNCS, un certain nombre de denrées de premier nécessité comme le riz, le sucre, la tomate, l’huile, le gaz, l’oignon et la pomme de terre entre autres produits doivent faire l’objet d’une attention particulière sur toute l’étendue du territoire national.
Dans cette perspective, le RUSP, la CSA et l’UNCS demandent la convocation d’urgence du Conseil National de la Consommation pour arrêter de commun accord la structure des prix et discuter avec les acteurs afin d’établir des tarifs qui seront appliqués sur l’ensemble des 14 régions et 46 départements du Sénégal avec des mesures d’accompagnements suivantes : la mise à la disposition des 100 véhicules réceptionnés par le président Macky Sall en octobre 2023 et affectés au ministère du commerce ; la relance du concept salutaire et efficace « des volontaires de la consommation », associer les associations de consommateurs agrées, avec une représentativité au moins dans la majorité des 14 régions et des 46 départements pour rendre réellement efficace le travail d’accompagnement sur le terrain du service public.
L’utilisation du réseau postal pour la distribution des produits de première nécessité destinés aux détaillants ou boutiques de références, tout cela dans un délai raisonnable et avant le démarrage du ramadan et du carême, avec un affichage obligatoire des prix retenus. Une application stricte des mesures prises à cet effet.
Sans douter un seul instant, de la volonté des autorités gouvernementales, notamment de celle du ministre de l’Industrie et du commerce de répondre favorablement à nos interpellations.
Autre point abordé par ces organisations syndicales, ’insécurité actuelle qui prévaut dans de nombreux établissements recevant du public. Et qui faute de contrôle permanent et régulier échappe à la vigilance des pouvoirs publics.
Les restaurants, les hôtels, les bars, les fast-foods, les musées, théâtres, les gares qu’elles soient maritimes ou ferroviaires, les établissements de santé publique ou privée, les établissements scolaires privés ou publics, les marchés les magasins sont aussi autant de lieux qui se développent sans assurance pour protéger les usagers et leurs biens en cas d’incidents ou d’accidents. Environ 70% des établissements recevant du public ne sont pas assurés contre les risques pouvant toucher des tiers.
Une autre enquête organisée par l’Observatoire de la Qualité des Services Financiers a révélé que les sujets qui devaient être obligatoirement assujettis à une assurance ne le sont pas dans leur grande majorité. Et c’est pour cela, en partenariat avec le régulateur des services financiers, les acteurs que sont les assureurs, les courtiers et le ministère des finances sous le couvert de la direction des assurances, à l’issue de la présentation des résultats de l’enquête nationale auprès des populations non assurés (ENPNA-2023) qui a eu lieu lors de l’atelier des 06, 07 et 08 juin 2024, le RSUP, la CSA et l’UNCS ont décidé de lancer une campagne nationale pour assurer tous lieux accueillant du public.
Ce projet est en voie de finalisation pour être soumis à l’Observatoire de la Qualité des Services Financiers et des acteurs et ils pensent qu’il sera mis en œuvre pour réduire sensiblement les risques dans ces différents établissements recevant du public.
MIGRATION CIRCULAIRE, UN LEVIER POUR DES DÉPARTS SÉCURISÉS ET ENCADRÉS
Invité de l’émission L’ANTINOOR sur la RTS, Moussa Seydou Diallo, chef de la division migration au ministère du Travail, a souligné l’importance d’encadrer les départs pour éviter les drames liés aux migrations irrégulières.
Moussa Seydou Diallo, chef de la division migration au ministère du Travail, de l’Emploi et des Relations avec les Institutions, était l’invité de l’émission L’ANTINOOR sur la RTS. Il a abordé la question de l’émigration circulaire entre le Sénégal et l’Espagne, un mécanisme qui vise à offrir aux jeunes des opportunités de migration sécurisées et organisées.
Selon M. Diallo, la migration n’est pas un problème en soi, mais un droit consacré. « Ce que le gouvernement peut faire, c’est d’améliorer les conditions socio-économiques pour permettre à ceux qui souhaitent rester de le faire, tout en facilitant des voyages sûrs, ordonnés et réguliers », a-t-il expliqué. Il estime que la migration circulaire constitue une alternative viable pour dissuader les jeunes de prendre des routes clandestines et dangereuses.
Moussa Seydou Diallo a partagé des statistiques révélant l’ampleur du phénomène migratoire irrégulier. Entre janvier et octobre 2024, 64 embarcations ont quitté les côtes sénégalaises en direction des Îles Canaries. Au total, 34 162 personnes ont atteint ces îles, selon le ministère de l’Intérieur. Entre janvier et début novembre 2024, 35 762 migrants en provenance de l’Afrique de l’Ouest sont arrivés aux Îles Canaries, soit une augmentation de 12 % par rapport à la même période en 2023.
Le Data Hub Center de l’Organisation Internationale pour les Migrations (OIM) a dénombré 957 disparus sur la route de l’Atlantique au cours de cette période. De plus, 30 999 Sénégalais sont entrés en Europe en situation irrégulière entre 2017 et 2023.
M. Diallo a précisé que l’objectif du gouvernement n’est pas d’empêcher les jeunes de partir, mais plutôt d’encadrer et d’encourager des migrations légales et sécurisées. « Il est nécessaire d’adopter une politique nationale de migration », a-t-il déclaré.
Il a également souligné le besoin urgent d’une politique nationale de l’emploi. Un programme avait été conçu pour la période 2017-2020, mais il n’a jamais été validé politiquement. « Aujourd’hui, nous travaillons pour que le Sénégal dispose enfin d’un document de politique nationale de l’emploi », a-t-il conclu.
Cette démarche vise à proposer des solutions durables à la crise migratoire tout en répondant aux aspirations des jeunes Sénégalais à une meilleure insertion économique et sociale.
EMPLOI DES JEUNES, UN CHERCHEUR APPELLE À BÂTIR UNE START-UP NATION
François Joseph Cabral a souligné l’urgence de créer un environnement propice à l’emploi des jeunes qualifiés et à l’innovation. Une transformation qui passe, selon lui, par une refonte du système éducatif.
Le directeur du Laboratoire de Recherche sur les Sciences de la Croissance et coordonnateur scientifique du Consortium pour la recherche économique et sociale (CRES), François Joseph Cabral, a invité, mardi, les autorités à changer de paradigme, en créant les conditions d’émergence d’une ‘’start-up nation’’ permettant ainsi aux jeunes d’avoir un travail qualifié.
‘’Il s’agit pour l’État de créer un environnement pour qu’il y ait assez de jeunes qualifiés afin d’inverser la tendance’’, a-t-il déclaré lors de la présentation de son livre intitulé: ‘’Sénégal, quand la trajectoire de croissance de l’économie +disqualifie+ les qualifiés’’.
L’expression ‘’start-up nation’’ ou ‘’nation start-up’’ en français est un concept vantant la volonté d’un gouvernement de créer les conditions d’un pays prospère, faisant émerger de nombreuses entreprises innovantes, des entrepreneurs, notamment dans le domaine du numérique.
Sur 180 pages présentées en 7 chapitres, l’auteur de ‘’Sénégal, quand la trajectoire de croissance de l’économie +disqualifie+ les qualifiés’’ met l’accent sur les ‘’individus qui ne sont jamais allés à l’école, ou s’ils y sont allés, l’ont abandonnée très tôt’’.
‘’La seconde étape, c’est de mettre en place les ingrédients pour aller vers ce que j’appelle un pays start-up, une nation start-up, qui fasse que les jeunes qui sortent de l’École supérieure polytechnique à Dakar, de l’Institut supérieur de management, ou ailleurs, tirent leurs semblables’’, a indiqué le professeur François Joseph Cabral.
Selon lui, la recherche de travail, étant dominée par des non qualifiés, ‘’rencontre une offre qui est également dominée par des gens n’ayant jamais fait l’école ou l’ayant abandonnée très tôt ».
Face à cette situation, ‘’deux horizons temporels’’ sont à prendre en compte, selon le chercheur qui se demande ce que les pouvoirs publics et le privé peuvent-ils faire à court terme pour arriver à cette ‘’start-up nation’’ qu’il appelle de ses vœux.
‘’Nous avons un bassin de jeunes technophiles très bons. Nous avons également une diaspora qui est dominée par des gens très qualifiés, qui opèrent dans les multinationales de la technologie’’, a-t-il fait observer.
Relevant, par ailleurs, un ‘’dysfonctionnement’’ né d’une ‘’trajectoire de croissance disqualifiante’’ au Sénégal, le coordonnateur scientifique du CRES estime qu’il y a ‘’urgence à réinventer le modèle éducatif sénégalais et à faire du pays une société de savoirs.
Pour y parvenir, l’auteur de ‘’Sénégal, quand la trajectoire de croissance de l’économie +disqualifie+ les qualifiés’’, préconise dans son livre l’émergence d’une économie tournée vers l’innovation, à l’instar de beaucoup de pays asiatiques sortis du sous-développement.
LE MINISTÈRE DE L’ÉDUCATION FACE AU DÉFI DE L’AUTONOMIE
La suspension des financements de l’USAID met en difficulté plusieurs programmes du ministère de l’Éducation nationale, notamment ceux liés aux langues nationales. Le ministre Guirassy a souligné l’urgence de repenser le modèle de financement.
La suspension des financements de l’USAID a des conséquences directes et lourdes pour le ministère de l’Éducation nationale. Lors du comité de pilotage du Projet d’Amélioration des Performances du Système Éducatif (PAPS), le ministre Moustapha Guirassy a exprimé ses préoccupations face à l’arrêt du soutien financier américain, notamment pour les activités liées aux langues nationales, un domaine crucial pour la performance scolaire des élèves.
Moustapha Guirassy a souligné : « Nous sommes en train de vivre les conséquences de cette décision… Cela nous interpelle tous. C’est la question de la souveraineté. »
En effet, cette décision place le Sénégal dans une situation délicate, où le financement de certains programmes vitaux dépendait jusque-là de l’aide extérieure.
Face à ce défi, le ministre a réaffirmé la nécessité de revoir le modèle de financement du système éducatif. « Nous devons tout faire pour que le financement soit assuré par l’État lui-même », a-t-il insisté.
Dans cette optique, un réajustement des priorités nationales et une restructuration des projets en fonction des besoins internes sont désormais sur la table. Le ministère invite ainsi tous les acteurs à repenser le financement des activités éducatives pour garantir l’autonomie du secteur à long terme.
QUAND TU GAGNES TU ES FRANÇAIS, MAIS QUAND TU PERDS, ILS T’ENLEVENT TON PASSEPORT…
Patrice Evra n’est pas né dans l’Hexagone. Sénégalais d’origine, l’ancien capitaine des Bleus est revenu sur son choix et sur la réaction de certains supporters tricolores. Confidences.
Comme de nombreux joueurs passés par l’Equipe de France, Patrice Evra n’est pas né dans l’Hexagone. Sénégalais d’origine, l’ancien capitaine des Bleus est revenu sur son choix et sur la réaction de certains supporters tricolores. Confidences.
La force de l’Equipe de France de football, et ce depuis des décennies, c’est sa diversité. En effet, dans leur histoire, les Bleus ont pu s’appuyer sur le talent de nombreux joueurs nés à l’étranger. C’est par exemple le cas de Luis Fernández, Espagnol naturalisé qui a accompagné Michel Platini dans les premiers grands succès de la sélection.
Champion du monde 98 et champion d’Europe deux ans plus tard, Patrick Vieira est lui né à Dakar au Sénégal, tout comme l’ancien capitaine Patrice Evra. S’ils ont fait le bonheur des supporters tricolores, avec du recul, ne regrettent-ils pas leur choix de représenter la France au détriment de leur pays de naissance ? La question a été posée à «Tonton Pat» par Carré : «On me demande souvent si je ne regrette pas de ne pas avoir choisi le Sénégal. Déjà, quand tu es joueur, on te demande de choisir entre ton papa et ta maman. Ma maman est Française, mon papa est Sénégalais. Je me suis concerté avec eux et ils m’ont dit qu’ils seraient heureux de me voir en Equipe de France. J’ai choisi la France, et je ne le regrette en aucun cas», a déclaré le Franco-Sénégalais. Qui ajoute : «Quand tu es jeune, tu ne le comprends pas, mais ce choix est politique. Donc j’ai déjà dit à des jeunes nés au Cameroun, au Sénégal ou au Congo de faire bien attention au moment de choisir entre la France et le pays d’origine. Quand tu gagnes tu es Français, mais quand tu perds, les gens t’enlèvent ton passeport et tu es Sénégalais.» Patrice Evra a porté fièrement le maillot de l’Equipe de France et son brassard de capitaine, même si tout n’a pas été parfait sous son règne. Leader de la rébellion à Knysna en 2010, l’arrière gauche ne regrette rien, même s’il connait les pièges de la binationalité chez les Bleus. C’est d’ailleurs la raison pour laquelle il conseille aux jeunes de bien réfléchir avant de choisir.»
Une position qui n’enlève en rien à son amour pour l’Hexagone : «Je suis fier d’être Français, je suis fier d’être Sénégalais. Quand je vais au Sénégal, je me sens comme à la maison, et quand je suis en France, je me sens comme à la maison également. Je ne peux pas choisir entre papa et maman.» Patrice Evra a connu de beaux succès en Equipe de France qui ont renforcé son amour pour le pays, mais aussi des échecs qui ont entraîné des réactions vives d’une partie du public. Quoi qu’il en soit, impossible de choisir entre son père et sa mère.
LA CAMPAGNE COMMERCIALE ARRACHIDIERE 2024-2025 UN FIASCO
La campagne de commercialisation arachidière 2024-2025, lancée officiellement le 5 décembre dernier sur l’ensemble du territoire national, n’a pas répondu aux attentes des producteurs et autres acteurs qui s’activent dans cette filière...
La campagne de commercialisation arachidière 2024-2025, lancée officiellement le 5 décembre dernier sur l’ensemble du territoire national, n’a pas répondu aux attentes des producteurs et autres acteurs qui s’activent dans cette filière dans la région de Kaolack, longtemps considérée comme le bassin arachidier du Sénégal, a constaté l’APS sur le terrain.
Le secrétaire général du Cadre de concertation des producteurs d’arachide (CCPA), Sidy Bâ, rappelle que la Direction de l’analyse, de la prévision et des statistiques agricoles (DAPSA) avait estimé la production de l’année dernière à 1,5 million de tonnes.
Pour cette année, «la production d’arachide est estimée entre 700 et 800 000 tonnes, ce qui reste d’ailleurs à confirmer , a-t-il précisé, soulignant des risques de « baisse drastique » des revenus des producteurs.
Si certains producteurs et paysans de la région de Kaolack indexent la « mauvaise qualité » des semences et engrais, M. Bâ pense le contraire pour ce qui est de l’engrais, mettant en cause surtout l’arrêt pluviométrique survenu à un moment critique de la production, entre le 25 août et les 12 et 25 septembre et le niveau de fertilité des terres. Selon le secrétaire général du CCPA, au mois d’août, il a été enregistré à Gandiaye, pas moins de 200 mm de pluies, alors qu’au mois de septembre, la pluviométrie se situait à plus de 300 mm.
«De fortes pluies qui causent plus de dommages que d’effets qui peuvent booster la production », a-t-il souligné. « Cette année, la campagne de commercialisation de l’arachide est assez particulière puisqu’il y a moins d’acheteurs par rapport aux années précédentes et un seul huilier dans le marché, la SONACOS (Société nationale de commercialisation des oléagineux du Sénégal) », a-t-il fait observer.
Selon lui, le prix au producteur indiqué par le Comité national interprofessionnel de l’arachide (CNIA) et validé par l’Etat n’est pas respecté, parce que les producteurs bradent leurs graines à des prix inférieurs à celui indiqué. « Aujourd’hui, les graines d’arachide sont vendues dans les marchés à 225 francs CFA, mais de manière clandestine. D’ailleurs, il y a eu quelques arrestations dans différentes localités du pays. Ce qui fait que, même s’ils vendent leurs produits, ils le font en cachette », a-t-il souligné.
Cette situation, ajoute Sidy Ba, a fait que les revenus des producteurs d’arachide ont « fortement baissé » par rapport aux années passées « parce qu’une bonne partie des points de collecte n’est pas opérationnelle. Ce qui fait que les opérateurs privés stockeurs (OPS), qui étaient dans la filière, n’ont pas d’argent pour s’engager dans cette campagne », a-t-il fait noter. Il ajoute que les exportateurs qui étaient actifs dans la commercialisation des graines d’arachide sont « invisibles », impactant « considérablement » la bonne campagne de commercialisation.
Le gouvernement a fixé à 305 francs CFA le prix du kilogramme d’arachide pour la nouvelle campagne de commercialisation dudit produit agricole, soit une hausse de 25 francs par rapport à la précédente campagne où il était fixé à 280 francs CFA.
Le blocage de l’exportation des graines mis en cause
Parmi les causes de cette campagne de commercialisation jugée « mauvaise », certains acteurs de la filière pointent du doigt le blocage, par les nouvelles autorités, de l’exportation des graines d’arachide qui, pourtant, faisait l’affaire des producteurs et autres exportateurs.
« S’il y avait assez d’acheteurs, avec la présence des autres huiliers qui étaient là, on n’allait pas connaitre cette campagne qui, il faut dire, n’est pas des meilleures. Il y a beaucoup de leçons à tirer et, probablement, l’Etat du Sénégal, à travers le ministère de l’Agriculture, de la Souveraineté alimentaire et de l’Elevage, tirera les leçons qu’il faut », espère Sidy Bâ.
Soulignant que les rendements sont « assez faibles », il pense que cette donne « inédite » est due, « certainement », aux effets néfastes du changement climatique avec son lot de désagréments dont l’irrégularité de la pluviométrie, la non prise en compte, par les producteurs et autres paysans de l’information climatique dans la planification de leurs activités agricoles, entre autres phénomènes à analyser par les chercheurs et spécialistes du développement agricole.
Il cite l’Agence nationale de l’aviation civile et de ka météorologie (ANACIM), l’Institut sénégalais de recherches agricoles (ISRA), les ingénieurs et techniciens du ministère en charge de l’Agriculture, aussi bien au niveau central que celui déconcentré, pour « booster » les rendements agricoles, surtout dans cette partie centrale du Sénégal communément appelée « Bassin arachidier ». « L’autre constat fait durant l’hivernage de 2024, c’est que, maintenant, il pleut beaucoup plus en septembre qu’en août. Les pluies qui tombent au mois de septembre causent beaucoup de dégâts chez les producteurs », a fait remarquer Sidy Bâ.
La dissolution du CNIA réclamée
Le président de l’association Aar Sunu Moomeel (Préserver notre patrimoine), Bassirou Bâ, réclame lui, la dissolution du CNIA et son remplacement par une structure « capable de mieux défendre les intérêts » des acteurs de la filière arachidière.
« Les paramètres utilisés ne sont pas régulièrement évalués et corrigés, l’estimation des coûts de la main-d’œuvre et la valorisation de la main-d’œuvre familiale ne sont pas totalement prises en compte lors de la fixation du prix de l’arachide par le gouvernement », a déploré Bassirou Bâ.
D’après lui, le seuil de sauvegarde fondé sur la valeur du travail ne rémunère pas réellement l’effort du producteur. C’est pourquoi son organisation réclame la suppression de la subvention des semences d’arachide et le renforcement de celle des engrais, l’ouverture des frontières en vue d’une meilleure commercialisation de l’arachide et la suppression du prix plancher.
Pour sa part, Sidy Bâ, également porte-parole du Conseil national de concertation et de coopération des ruraux (CNCR), s’oppose « catégoriquement » à la suppression du Comité national interprofessionnel de l’arachide, estimant, toutefois, qu’il doit être dirigé par un producteur d’arachide qui connait mieux les réalités de cette filière. « Malheureusement, lors de la dernière assemblée générale, on l’a confié à un opérateur semencier stockeur », a dit M. Bâ, membre du CNIA.
Les coopératives communautaires, « normalement » une affaire exclusive des acteurs
Par rapport à l’ambition des nouvelles autorités du pays de mettre en place des Coopératives agricoles communautaires, le président du CRCR de Kaolack invite les pouvoirs publics à s’appuyer sur l’existant, estimant que l’initiative de telles structures est « une affaire exclusive » des acteurs agricoles. Cette initiative doit être laissée à l’appréciation des « véritables acteurs » du secteur, a dit le syndicaliste agricole, Ibrahima Thiam de Médina Niassène, dans la commune de Keur Madiabel.
« Les autorités sénégalaises doivent laisser la primeur aux organisations professionnelles d’agriculteurs et autres acteurs du monde rural. Les paysans sont partie prenante dans le dispositif de planification et de développement agricole, il faut leur donner l’occasion de s’exprimer et de s’affirmer dans cette dynamique enclenchée par les nouveaux tenants des pouvoirs exécutif et législatif », a-t-il soutenu.
Selon lui, dans l’étape de Koungheul, dans la région de Kaffrine (centre), lors de la campagne électorale des élections législatives anticipées du 17 novembre 2024, le Premier ministre, « très rassurant », avait promis de rendre au pays et au producteur agricole leur souveraineté.
»Nous sommes des citoyens apolitiques qui n’œuvrons que pour le développement économique et sociale de notre pays, nous réclamons plus d’attention de la part de nos autorités », a lancé M. Thiam qui constate que l’agriculture est en train de mettre d’envoyer des producteurs au chômage. « Il n’est pas du devoir de l’Etat de créer des coopératives, il doit encourager les initiatives communautaires qui existent et les soutenir. Beaucoup d’initiatives ont été créées par l’Etat mais n’ont abouti à rien ; c’est le cas du syndicat +Japandoo+, parce que le Président Abdoulaye Wade est allé au Canada où il a vu comment les producteurs sont organisés et a décidé de créer des syndicats forts », a rappelé, à son tour, Sidy Bâ, le porte-parole du CNCR.
La Société coopérative du groupement inter-villageois des producteurs agricoles (SCOP) de l’arrondissement de Ngodji a été créée depuis cinq ou six ans. Et elle parvient, tant bien que mal, à régler les problèmes de ses membres à travers la distribution d’engrais et de semences, l’organisation de sessions de formation et du matériel agricole subventionné et vendu à ses membres, a fait savoir M. Bâ.
« Si l’Etat crée des coopératives à la place des véritables acteurs, il va déstabiliser les initiatives déjà créées par des paysans et gérées par des paysans eux-mêmes. Et des investisseurs dans l’agro-business vont s’immiscer dans ce secteur et continuer à faire leurs affaires sur le dos des paysans et autres producteurs agricoles », a-t-il alerté.
D’après lui, le ministre de l’Agriculture, de la souveraineté alimentaire et de l’élevage doit mettre la pédale douce, en se concertant avec les organisations professionnelles, en se basant sur l’existant, le renforcer et encourager les autres à intégrer cette dynamique d’organisation communautaire.
Les tentatives de rencontrer un responsable de l’usine Lyndiane de la SONACOS sont restées vaines, de même, qu’un entretien avec le responsable intérimaire de la Direction régionale du développement rural (DRDR) de Kaolack, Samba Gaye, et du président du Collectif des producteurs et exportateurs de graines d’arachide (COPEGA), Habib Thiam, malgré nos multiples et incessantes interpellations physiques et téléphoniques.