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7 avril 2025
Les belles feuilles de notre littérature par Amadou Elimane Kane
LANDING SAVANE OU LA POÉSIE EN LETTRES RÉVOLUTIONNAIRES
EXCLUSIF SENEPLUS - Ces mots sont puissants des souffrances traversées, forgés de dignité humaine. Ainsi l’homme peut « renaître » sans être affaibli par son histoire mais armé de « feu du soleil »
Notre patrimoine littéraire est un espace dense de créativité et de beauté. La littérature est un art qui trouve sa place dans une époque, un contexte historique, un espace culturel, tout en révélant des vérités cachées de la réalité. La littérature est une alchimie entre esthétique et idées. C’est par la littérature que nous construisons notre récit qui s’inscrit dans la mémoire. Ainsi, la littérature africaine existe par sa singularité, son histoire et sa narration particulière. Les belles feuilles de notre littérature ont pour vocation de nous donner rendez-vous avec les créateurs du verbe et de leurs œuvres qui entrent en fusion avec nos talents et nos intelligences.
C’est à un beau voyage que nous convie Landing Savané.
Si l’on s’en tient à la prose poétique, ce sont les vents qui ont semé les graines « ébènes » de la terre africaine de par le monde. Mais l’histoire du peuple noir, et Landing Savané nous le rappelle avec justesse et avec grandeur, a été arrachée, déchirée, écartelée par l’esclavage et soumise au colonialisme. Traversant l’Atlantique, les enfants africains ont échoué aux Caraïbes, en Amérique, tels des oiseaux morts, espèce décimée par le pouvoir occidental.
Pourtant, la poésie de Landing Savané n’est pas tournée vers elle-même, elle est ouverte sur les terres, les océans, sur l’humanité et sur l’espoir à reconquérir.
Les mots de Landing Savané ne sont pas des gémissements, ils sont puissants des souffrances traversées, forgés de dignité humaine. Ainsi l’homme peut « renaître » sans être affaibli par son histoire mais armé de « feu du soleil ».
Premier hommage que le poète rend à l’astre flamboyant comme à un être vivant, « le nègre est homme de feu ». Il rappelle sa vitalité, « le feu follet de nos nuits indigènes », ses ténèbres aussi :
« Par le feu et le sang
L’homme réduit par l’homme
En bête de somme servile »
Mais il n’oublie pas son rôle de combattant pour aller vers la lumière.
« Par le feu et le sang
La justice et la vérité
Rétablies »
La volonté de Landing Savané parcourt le recueil comme
« Les rafales de vent
Claquent, claquent à l’infini, claquent… »
Hommage aux grands hommes de l’Afrique, Cheikh Anta Diop « Pharaon du savoir », Patrice Lumumba, « Rawlings le pionner », « Sankara le rebelle », Steve Bantu Biko « L’homme du renouveau noir », Mangaliso Sobukwe « L’homme de la rupture radicale » et encore :
« Mandela, le plus illustre
Mais aussi d’autres symboles vivants
Nkosi, et Masemola
Et le vieux Mothopeng »
Tendre réminiscence pour les peuples et ses courageux combattants :
« Hier aujourd’hui et demain
Le peuple créole d’Amilcar
Magnifique de courage
Domestiquant la nature » Cabo Verde
« Guevara abattu
Au cœur des montagnes
Judas-Pinochet
Crucifiant Allende » Latinos
Landing Savané, panafricain engagé, est encore et surtout un poète qui célèbre le courage, la lutte « des militants du refus » et « des passions écartelées ».
« Guevara et Allende
Héritiers de Sandino
Ressuscités sous nos yeux
Dans l’air frémissant
Le chant poignant
Des fusillés
Le verbe tranchant
Et la foi triomphante
Des fils du soleil » Latinos
La force poétique vient de cette alliance universelle qui réconcilie combat, rupture, délivrance, dignité, puissance et espérances. C’est une poésie du renouveau, avec le tissage coloré d’un passé historique réhabilité, le métissage indispensable d’une inspiration ancestrale tournée vers la modernité, celle de la réconciliation des peuples africains redevenus confiants.
En intellectuel et militant, Landing Savané précise dans son avant-propos que « le rêve d’une Afrique terre de liberté et d’opportunités pour ses enfants » fera du continent africain, le continent du 21ème siècle. C’est la force de cette conviction qu’il place ici en poésie avec une grande harmonie esthétique.
Puis, tel un enfant du pays, il célèbre la terre ancestrale :
« Terre africaine
Berceau de l’homme
Terre des pharaons
Et des grands empires »
En homme conscient de l’importance de la mémoire et de la vérité, il dialogue avec l’Afrique, « mère nourricière », telle un être vivant :
« Je te salue Afrique
Pour tes miracles
Inscrits en lettres d’ébène
Sur tous les continents »
En créateur, il chante la solitude « du lutteur dans l’arène », « du penseur rebelle », « du chercheur hérétique ».
Landing Savané est un poète, un « Homme dans l’Univers », aux côtés des condamnés, des martyrs, des sages, des faibles.
« Je chante la solitude
Prélude aux communions
Restituant à l’homme
Dignité et puissance »
Enfin, il nous entraîne vers les lumières, les ombres de la ville de Ndar au Sénégal :
« Citadelle séculaire
De Mame Coumba Bang
Ville fantôme
A l’ombre du Delta
Ndar-Guedj, Ndar-Ndar
Les eaux glauques
Et la ville de sable
Bercent ta silhouette alanguie »
Ainsi, la poésie de Landing Savané est mémoire, elle est savoir et elle traverse notre siècle, avec sa seule force ensoleillée. Elle vise toujours juste avec une esthétique sobre mais profonde, comme un souffle de nos paroles africaines qui repoussent toutes les appartenances et toutes les frontières. La poésie de Landing Savané est aussi une ode à la liberté et aux combats que les hommes ont livrés pour conduire l’avenir vers l’insoumission. Afin de repousser les soubresauts, les chaos perpétrés par les hommes, on recompose encore et encore car l’histoire est un sable mouvant qu’il faut toujours rebattre pour voir poindre de nouvelles aurores. Cette histoire est ainsi magnifiée par la poésie intense de Landing Savané tandis que notre récit trouve sa place dans la chronologie de l’Humanité.
Amadou Elimane Kane est écrivain, poète.
Errances et Espérances, Landing Savané, éditions Panafrika / Silex / Nouvelles du Sud, Dakar, 2006
Thom Hartmann démonte les rouages d'une machination qui a vidé la classe moyenne américaine de sa substance. De la peur du communisme à l'émergence du trumpisme, il révèle comment les ultra-riches ont méthodiquement démantelé l'État social américain
(SenePlus) - Dans une analyse publiée dans le Hartmann Report, le journaliste Thom Hartmann dévoile les mécanismes d'une vaste entreprise de déstabilisation démocratique orchestrée par l'élite conservatrice américaine depuis les années 1960, dont les répercussions façonnent encore aujourd'hui le paysage politique des États-Unis.
L'histoire commence en 1964, lorsque le livre de John Stormer "None Dare Call It Treason" enflamme les cercles républicains avec ses théories sur une prétendue infiltration communiste du Département d'État. Mais les racines idéologiques remontent plus loin encore, jusqu'à Russell Kirk, théoricien conservateur qui, dès 1951, développait dans "The Conservative Mind" une vision alarmiste de l'ascension de la classe moyenne.
Kirk, s'inspirant du penseur Edmund Burke, considérait qu'une société sans hiérarchies strictes était vouée au chaos. Comme le rapporte Hartmann, Kirk prédisait que si "les étudiants, les femmes, la classe ouvrière et les personnes de couleur" accédaient au même niveau de pouvoir que les hommes blancs fortunés, une révolution communiste deviendrait inévitable.
Cette vision marginale a gagné en influence dans les années 1960, période de profonds bouleversements sociaux. "Les jeunes brûlaient leurs cartes de conscription, les femmes brûlaient leurs soutiens-gorge, Martin Luther King Jr. menait un mouvement pour la justice raciale", écrit Hartmann, décrivant une époque où les mouvements progressistes semblaient confirmer les pires craintes des conservateurs.
La réponse politique est venue avec Ronald Reagan, dont la présidence a marqué un tournant décisif. Selon Hartmann, "le but explicite des hommes blancs richissimes finançant la soi-disant Révolution Reagan était d'affaiblir la classe moyenne pour mettre fin aux protestations des années 60 et 70, restaurer la 'stabilité sociale' et augmenter la rentabilité des entreprises."
Le programme reaganien s'est traduit par une offensive systématique contre les acquis sociaux : guerre contre les syndicats, fin de la gratuité universitaire, durcissement pénal ciblé. Les conséquences ont été dévastatrices : "Sans la destruction des syndicats par Reagan, le revenu médian américain aujourd'hui dépasserait largement les 100 000 dollars par an", souligne Hartmann.
La stratégie s'est appuyée sur une rhétorique anti-communiste sophistiquée, incarnée par la célèbre formule de Reagan : "Les neuf mots les plus effrayants en anglais sont : 'Je viens du gouvernement et je suis là pour aider'". Cette approche a conduit à un transfert massif de richesses, que Hartmann chiffre à "plus de 50 000 milliards de dollars des travailleurs vers les coffres des ultra-riches".
L'influence de cette idéologie perdure aujourd'hui à travers un vaste réseau de think tanks et de médias conservateurs, financés par les milliardaires républicains suivant les recommandations du mémo Powell de 1971. Cette machine de propagande a si bien fonctionné que même le président démocrate Bill Clinton en est venu à déclarer : "L'ère du grand gouvernement est terminée."
Pour Hartmann, l'émergence du trumpisme représente l'aboutissement logique de cette longue entreprise de sape démocratique. Ironie de l'histoire, c'est précisément le type de menace autoritaire que Stormer dénonçait en 1964 qui se matérialise aujourd'hui, non pas sous la forme d'une infiltration communiste, mais d'une dérive fasciste orchestrée par les héritiers politiques de ceux qui prétendaient défendre la démocratie.
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MÉLODIEUX SON DES CALEBASSES À DOUTA SECK
La première édition d’Africa Diaspora Festival, tenue fin décembre à la Maison de la Culture Douta Seck de Dakar, a permis de mettre en valeur la richesse culturelle du continent africain.
AfricaGlobe Tv |
Fred Atayodi |
Publication 02/02/2025
La première édition d’Africa Diaspora Festival, tenue fin décembre à la Maison de la Culture Douta Seck de Dakar, a permis de mettre en valeur la richesse culturelle du continent africain.
Le 28 décembre, premier jour du festival, a été marqué par une soirée culturelle avec différentes prestations, tandis qu’au deuxième jour, le 29 décembre s’est tenue une série de panels réunissant des universitaires et des artistes du continent comme le Pr Buuba Diop et de la diaspora comme Cheikh Tidiane Sow (France) ou Dr Koko Sélassié (États-Unis) .
Initié par le journaliste et critique d’art Alassane Cissé, Africa Diaspora Festival a pour but de contribuer à l’unité africaine à travers la culture.
Dans cette vidéo, revivez un extrait du grand spectacle monté par l’artiste Laye Ananas, qui a souhaité rendre hommage aux soldats massacrés par la France colonialiste au camp de Thiaroye en 1944.
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LES ANCÊTRES ONT UN MESSAGE POUR VOUS...
Mariane Senghor, comme le mentionne fort à propos la commissaire d’exposition dans sa présentation, est « une artiste au-dessus des contingences matérielles ». Artiste visuelle, sa prodigieuse exposition est encore visible jusqu’au 7 février à la Galerie
Mariane Senghor, comme le mentionne fort à propos la commissaire d’exposition dans sa présentation, est « une artiste au-dessus des contingences matérielles ». Artiste visuelle, sa prodigieuse exposition est encore visible jusqu’au 7 février à la Galerie nationale.
Ce qui rend cette artiste particulière, c’est son audace à évoquer des thèmes peu habituels. Elle parle de guides, d’ancêtres, de messages, de spiritualité et d’éveil. Elle semble être, vraisemblablement, à un autre niveau de conscience, car, oui, ses sujets ne relèvent pas du monde physique et matériel, mais plutôt du domaine de la métaphysique et de l’immatériel. Elle aurait pu se croire folle ou les autres auraient pu le penser, mais non.
Elle écoute les messages du monde invisible pour les transmettre au monde visible. Elle possède quelque chose de surnaturel que seule une élévation spirituelle permet d’atteindre. Ce sont précisément ces phénomènes qu’elle illustre dans ses tableaux ou à travers des coiffures qu’elle a matérialisées. C’est une production immense et riche qu’elle offre au regard.
Lors du vernissage, en présence de nombreuses personnalités et artistes de renom, elle a eu l’idée d’organiser un panel avec des chercheurs spécialistes des domaines liés à son exploration. Parmi eux, un chercheur en sciences sociales, spécialiste des savoirs endogènes, a fait une présentation sur l’art, l’univers et le champ quantique.
Deux semaines plus tard, un autre panel a eu lieu avec le Dr Éric Gbodossou, un autre chercheur profondément enraciné dans les valeurs de la civilisation négro-africaine qu’il s’efforce de vulgariser, d’enseigner et de transmettre.
Mariane Senghor ne cesse de rappeler à ses interlocuteurs : « Nous ne sommes pas seuls. Nous sommes connectés les uns aux autres : les humains entre eux, les animaux aux humains, les plantes aux humains, et surtout les humains aux autres réalités invisibles : Dieu, les guides, les anges, etc.
Mariane invite ses visiteurs à l’éveil spirituel. Quelqu’un nous parle. C’est juste que, dans la frénésie de nos vies modernes, nous n’écoutons pas ou ne savons pas écouter.
Pour elle-même, il a fallu la pandémie de Covid-19 pour l’immobiliser, provoquer un silence intérieur, et lui permettre de se mettre sur la bonne fréquence afin de capter les messages qui lui étaient destinés ou destinés à d’autres, et qu’elle devait transmettre.
Pour elle Mariane Senghor, la spiritualité africaine, la mère des spiritualité est tout a fait compatible avec les religions abrahamiques. Toutes peuvent cohabiter dans un bel élan et toute en harmonie. « Tout ce qui est doit être », dit-elle.
Il faut noter que cette jeune artiste prometteuse, avant de se révéler au grand jour sur ce sujet, a traversé des moments de doute, d’incertitude et de tourmente. Il a fallu qu’elle soit rassurée et qu’elle obtienne le réconfort du Dr Gbodossou, qui lui a expliqué ce qui lui arrivait de si étrange.
D’ailleurs, le médecin pense que si les choses évoluent dans le bon sens, elle accomplira de grandes choses pour l’humanité, notamment dans le domaine de la santé. Elle, qui a tout entre ses mains, comme son père le lui avait répété à maintes reprises.
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YANNE, UNE ARTISTE EXPLORATRICE DE L’INHABITUEL
Ancienne directrice de la Galerie nationale, Awa Cheikh Diouf est la commissaire de l’exposition « Identité spirituelle universelle » de Mariane, qui a le toupet de s'attaquer à un sujet inhabituel. Awa Cheikh Diop pointe l’originalité du projet
AfricaGlobe Tv |
Fred Atayodi |
Publication 02/02/2025
Ancienne directrice de la Galerie nationale, Awa Cheikh Diouf est la commissaire de l’exposition « Identité spirituelle universelle » de l’artiste Mariane Diakher Senghor, qui a le toupet de s' attaquer à un sujet inhabituel après seize ans de recherches : la spiritualite dans la creation artistique. Mariane parle des guides, des anges, de Dieu...
L’exposition ouverte depuis le 7 janvier se poursuit jusqu’au 7 février 2025. Le vernissage a été suivi de deux panels autour de la thématique globale de l’événement. Dans cet entretien, Awa Cheikh Diouf, la commissaire, explique l’originalité du projet de Mariane, qu’elle qualifie d’« artiste au-dessus des contingences matérielles ».
En effet, il est rare qu’un artiste produise des œuvres qui ne relèvent pas du monde visible et matériel. Or, Mariane, pour sa part, a conçu un projet profondément basé sur le monde invisible, peignant des personnages et des réalités intangibles.
À travers ce projet, l’artiste invite tout simplement les humains à l’élévation spirituelle, à la connexion avec les ancêtres, au retour - voire au recours - à notre spiritualité d’origine, sans pour autant prôner un renoncement aux religions abrahamiques adoptées par les Africains.
In fine, le monde matériel ne doit pas totalement éclipser le monde invisible. Elle prône, en quelque sorte, une réconciliation entre le visible et l’invisible.
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ARTISTE, JE SUIS ; GUÉRISSEUSE, JE NE SAIS PAS
L’homme propose, Dieu dispose. Mariane Senghor a choisi d’être artiste, mais il se pourrait que Dieu ait choisi autre chose pour elle. Seul le temps le dira. Ce qui est certain, c’est que cette artiste a tout entre les mains, et cela ne date pas d’hier
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Fred Atayodi |
Publication 02/02/2025
L’homme propose, Dieu dispose. Mariane Senghor a choisi d’être artiste, mais il se pourrait que Dieu ait choisi autre chose pour elle. Seul le temps le dira. Ce qui est certain, c’est que cette artiste a tout entre les mains, et cela ne date pas d’hier. Elle l’a toujours su, son père l’a expérimenté à plusieurs reprises, avant qu’un sachant de ces réalités ne le confirme. Mais est-elle prête à pratiquer de l’art thérapie et bien au dela ?
Artiste plasticienne, après seize ans de recherche, Mariane Diakher Senghor présente une exposition sur le thème « Identité spirituelle universelle ». Le vernissage a eu lieu le 7 janvier 2025 et l’exposition se poursuit encore à la Galerie nationale. Une exposition dans laquelle elle a peint des réalités du monde immatériel et invisible : les guides, les anges, les ancêtres, ou encore des animaux totems. Elle affirme n’avoir fait que transmettre les messages reçus des ancêtres.
Détenteur et défenseur des savoirs endogènes, praticien des médecines traditionnelles, le Dr Gbodossou, que Mariane a rencontré, lui a confirmé ce qu’elle a toujours pressenti et l’a rassurée face à ses doutes, ses craintes et ses hésitations concernant les manifestations en elle de quelque chose d’inhabituel.
En personne avertie, le médecin a dit à l’artiste qu’elle pourrait accomplir de grandes choses, notamment en apportant la guérison au monde, après avoir évalué leurs échanges.
Les choses se précisent et s’éclairent peu à peu pour elle. La réalisation de son projet d'exposition « Identité spirituelle universelle » est sans doute l'un des premiers actes de son éveil et de la matérialisation des messages qu’elle estime avoir reçus des ancêtres.
La plasticienne, par ailleurs enseignante en art, compte attendre patiemment que les choses se fassent et que ceux qui ont décidé de la missionner lui donnent la force requise, étant entendu que le monde est impitoyable.
Que l’on soit dans les religions révélées ou dans la spiritualité ancestrale, lorsqu’on s’élève, des forces antagonistes s’élèvent aussi, selon des témoignages.
C’est une grande responsabilité. Mariane est-elle prête à assurer cette mission qui lui aurait été confiée par les ancêtres ? Nous lui avons posé la question.
par l'éditorialiste de seneplus, ada pouye
VALORISER L’HISTOIRE ET LA CULTURE DES PEUPLES D’ASCENDANCE AFRICAINE
EXCLUSIF SENEPLUS - Il serait naïf de penser que la discrimination se limite au domaine interracial. Nous sommes à la croisée des chemins entre exclusion organisée et nécessite de réécrire le récit de l’identité multiforme de nos peuples
Il faut veiller à ce que l’Afrique ne fasse pas les frais du progrès humain. ( ) froidement écrasée par la roue de l’histoire(…).on ne saurait échapper aux nécessités du moment historique auquel on appartient ». Cheikh Anta Diop
L’avènement de la suprématie blanche aux États-Unis et la montée en puissance des ultra-droites en Europe invitent à une indéniable prise de conscience de ces courants pour les peuples d’ascendance africaine. Nous sommes à la croisée des chemins entre exclusion organisée et nécessite de réécrire le récit de l’identité multiforme de nos peuples. Construire une identité pour un peuple victime de dénis d’identité est un exercice mémoriel difficile du fait du matraquage culturel et médiatique qui produit et assène des archétypes des cultures humaines dominantes depuis des siècles. Selon Jung “ l’archétype se définit comme le symbole de l’être primitif, contenu de l’inconscient collectif qui se trouve dans l’imaginaire d’un individu, les productions culturelles d’un peuple”.
Le Sénégal avec l’accession au pouvoir d’une jeunesse patriotique décomplexée peut en prendre le leadership pour convoquer le premier congrès mondial des peuples d’ascendance africaine à Gorée.
Environ de 200 millions de personnes d’ascendance africaine concernées vivent en Amérique et des millions d’autres dans les autres régions continentales (Europe, Asie et moyen orient). Leur particularité́ reste la pauvreté́, la marginalité et la vulnérabilité.
La discrimination prive les gens de leurs droits, ce qui conduit à l'érosion des croyances et des pratiques culturelles et à une crise d'identité́ générale. Il s'agit d'un stratagème utilisé au fil du temps par des forces désireuses de contrôler prioritairement les ressources. Lorsque les colons sont arrivés en Afrique, ils se sont comportés comme si le continent était un vaste espace matériel et sans habitants humains. Dans les écoles, l'histoire enseigne encore que David Livingstone a découvert le lac Victoria, ce qui nie complètement la riche histoire des Bantous et des tribus nilotiques qui pêchaient sur ses rives et constituaient une plaque tournante vitale pour le reste du continent. Vasco De Gama s'est vu attribuer tout le mérite d'avoir « découvert » les routes et les vents commerciaux vers l'Inde, négligeant complètement le commerce dynamique entre l'Afrique et l'Asie, comme en témoignent les broderies complexes des robes portées par la royauté́ Ethiopienne et les perles de porcelaine et de verre provenant de Chine et de Perse trouvées dans les ruines du Grand Zimbabwe, qui sont antérieures de plusieurs siècles à la colonisation européenne. Les exploits de Winston Churchill et d'Alexandre le Grand sont évoqués avec beaucoup de ferveur, tandis que Zwangedaba : (1785-1848) fut le premier roi des peuples Ngoni et Tumbuka du Malawi, de Zambie et de Tanzanie du clan Jere Ngoni de 1815 à 1857). Les horreurs du règne d'Idi Amin Dada sont présentées comme un exemple de mauvaise gestion africaine, alors que les exploits du roi Léopold, qui a tué 10 millions de Congolais, sont minimisés. De plus, il a été décoré́ de l'Ordre de la Jarretière en 1916, huit ans après avoir été contraint de céder le pays au gouvernement belge...
Les Nations Unies avaient consacré les années 2015-2024 comme décennie des personnes d’ascendance africaine (Résolution de l’assemblée générale des Nations Unies A/RES/68/237) victimes de toutes les formes d’esclavage et de la colonisation. Elles continuent cependant de subir une exclusion sans précèdent de toutes les sphères de la vie économique, politique, sociale et culturelle.
« Reconnaissance, justice et développement », cette déclaration constitue la première plateforme pour aborder cette question cruciale des droits de l'homme, qui touche au moins 16 % de la population mondiale si l'on considère uniquement les Africains vivant en Afrique.
Même l’aide au développement au continent n’est pas fournie aux propres conditions africaines. Il existe une pléthore de projets mal planifiés dans lesquels des ploutocrates souvent instrumentalisés de la communauté se voient sciemment confier la responsabilité́ de développer des projets d'infrastructures complexes, ce qui entrainé des conséquences désastreuses dont la communauté́ locale est blâmée. La plupart des aides seront assorties de réserves quant à l'origine de l'équipement et à la personne qui dirige la gestion du projet – avec de grandes disparités de revenus entre les expatriés et les locaux. Il n’est pas rare de voir un chef de projet embaucher des « oui-oui » au profit de personnes compétentes qui dénonceront les mauvaises décisions. Le pire, c’est lorsque « l’aide » se présente sous la forme d’un prêt dépensé par les pouvoirs en place mais payé par les populations locales qui n’ont pas eu leur mot à dire sur ce qui les attend.
Les Africains de la diaspora cachent leur fierté africaine chez eux, craignant d’afficher leur culture par peur des moqueries et de l’exclusion. Il est donc d’autant plus poignant de retrouver certaines traditions persistantes chez les Africains qui ont été expulsés de force de leur pays d’origine il y a des siècles.
L’Afrique est confrontée à une multitude de défis dont les conséquences se répercutent sur la diaspora africaine – y compris sur les descendants des esclaves capturés de force.
L'Afrique souffre d'une multitude de problèmes, dont les résultats se reflètent dans la diaspora africaine. La corruption et la mauvaise gestion, qui ne sont pas propres à l'Afrique, sont présentées comme des exemples de l'incompétence africaine. Ainsi, alors que le pétrole a apporté́ le développement et la richesse au Moyen- Orient, il a entrainé́ la violence et la dégradation de l'environnement là où il a été trouvé en Afrique. Peu d'attention est accordée au fait que la structure de direction en Afrique a été héritée des colonialistes qui ont monté les tribus les unes contre les autres pour prendre le contrôle, contrairement au Moyen-Orient, qui n'a jamais été colonisé de la même manière que l'Asie et l'Afrique. Si les puissances coloniales ont cédé́ leur souveraineté́ aux pays africains, on ne parle guère du fait qu'elles ont utilisé leur secteur privé pour garder le contrôle d'actifs et de ressources clés en Afrique, même si elles prétendent que les gouvernements africains ont le choix de leurs partenaires commerciaux.
La Résolution 75/314 des Nations Unies dans laquelle il a créé une instance permanente de consultation offre à la communauté́ africaine une occasion unique qui, si elle est exploitée efficacement, changera la donne pour les personnes d'ascendance africaine en Afrique et dans la diaspora. Il est impératif que de véritables représentants soient réunis pour relever tous les défis, de manière objective et tournée vers l'avenir. Ce qui a été fait ne peut être défait, mais un présent positif construira un avenir positif.
Il serait naïf de penser que la discrimination se limite au domaine interracial. La discrimination en elle-même est nuancée et sa forme change en fonction de la situation géographique, du développement socio-économique et de divers autres facteurs. La discrimination est un sujet sensible qui peut facilement dérailler. Il est donc impératif que le déballage soit facilité d'une manière objective et tournée vers l'avenir, avec le principe de base « d'abord, ne pas nuire ». En 2050, la population d’ascendance africaine pourrait atteindre environ 2,8, a 3 milliards de personnes, ce qui représenterait un tiers de la population mondiale. Aucun peuple d’ascendance africaine souverain soit-il, ne peut se développer de manière isolée en dehors d’un mouvement d’ensemble de construction d’une conscience collective.
Restaurer la fierté́ des peuples d’ascendance africaine
Les trois objectifs principaux sont les suivants
Établir une plateforme où les personnes d'ascendance africaine prennent l'initiative d'engager les partenaires et les parties prenantes à aborder les questions de discrimination de manière positive et constructive (Outsiders).
Créer un réseau solide où les personnes d'ascendance africaine, en particulier les jeunes hommes et femmes, peuvent partager des informations et échanger des idées et des expériences, apprendre les uns des autres et aborder les questions africaines d'un point de vue africain. (Initiés)
Rassembler, traiter et diffuser les communications d'Afrique positive.
En Afrique, les gens sont « divisés » selon de nombreux critères : le pays, la tribu, le village, la religion, l'âge, le sexe, les facteurs ruraux/urbains et socio-économiques, pour ne citer que les plus évidents. Toutes les données mondiales et universitaires collectées en Afrique et sur l’Afrique sont conservées et traitées en dehors du continent. Ce coffre-fort inestimable devra être exploité pour changer le discours négatif et construire la fierté́ africaine sur la base de faits et de réalités prouvés.
L’avenir de l’Afrique, pour sa nécessaire croissance, passe par la reconnaissance de sa légitimité́, avec la puissance de sa créativité́, son authentique originalité́ culturelle, et sa juste place dans le monde et son indispensable respect dans ses institutions exigent une impérieuse mobilisation et une rigoureuse implication de toutes ses forces populaires et dirigeantes afin de marquer, non seulement son histoire, mais aussi et surtout son identité spécifique et son rôle majeur dans l’esprit des autres continents. L’Afrique ne doit plus espérer ou recueillir d’eux un regard compatissant, mais exiger des actes pérennes et honorables, empreints de considération équitable et de droiture réciproque.
L'EXCISION EN RECUL
Dans la région de Kédougou, où la tradition semblait immuable, d'anciennes exciseuses deviennent désormais les gardiennes de ce changement. Une transformation qui redonne espoir dans un pays où 25% des femmes sont encore victimes de ces mutilations
(SenePlus) - D'après Le Monde, une révolution silencieuse s'opère dans le sud-est du Sénégal, où des dizaines de villages renoncent officiellement à la pratique de l'excision, pourtant profondément ancrée dans les traditions locales. Cette avancée significative, qui s'est concrétisée en 2024, est le fruit d'un travail de terrain acharné mené par des militants dévoués à la cause.
Dans la région de Kédougou, où le taux d'excision atteint le chiffre alarmant de 91%, le village de Dakatéli illustre parfaitement les défis de cette lutte. Comme le rapporte Le Monde, "toutes les femmes sont mutilées" dans cette commune de 5000 habitants, selon les mots de l'ancienne exciseuse Bineta Kanté Diallo. Cette réalité persiste malgré une loi de 1999 qui rend la pratique passible de six mois à cinq ans d'emprisonnement.
L'Organisation mondiale de la santé distingue trois types d'excision, allant de l'ablation partielle du clitoris à l'infibulation complète. Les conséquences sont dévastatrices, comme l'explique Youssouf Sène, infirmier-chef dans le village voisin de Kévoye : "C'est une pratique aux conséquences irrémédiables". Il souligne notamment que "l'excision est pratiquée avec des objets souillés sans stérilisation ni désinfectant, avec la même lame pour plusieurs femmes", augmentant considérablement les risques d'infection par le VIH.
Le changement s'est amorcé en 2023 avec la signature de la déclaration d'Ethiolo par cinquante et un villages du département de Salémata. En 2024, vingt et une autres localités ont suivi le mouvement, portant à 16 000 le nombre d'habitants sensibilisés, selon Hervé Bangar, coordinateur de projets dans la région de Kédougou pour l'ONG Tostan.
Cette évolution est particulièrement significative dans une zone où cohabitent quatre communautés - Bassaris, Bédiks, Peuls et Coniaguis - et où la pratique était justifiée par des interprétations erronées des textes religieux. Le processus de sensibilisation, qui s'étend sur trois ans, vise à obtenir "l'abandon de la pratique par conviction, plutôt que par injonction", comme le souligne Hervé Bangar.
Les premiers résultats sont encourageants. Edith Kema Boubane, une "facilitatrice" de 26 ans formée par l'ONG Tostan, témoigne : "Grâce à notre combat, [ma fille] a été épargnée." L'infirmier Youssouf Sène confirme observer moins de cas d'hémorragie causés par des excisions récentes.
Cependant, comme le rappelle Hervé Bangar dans Le Monde, le combat est loin d'être terminé : "Il ne suffit pas de sensibiliser une fois, une exciseuse, ni un village, ni deux, ni même dix. Il faut aller toujours plus loin, y compris de l'autre côté de la frontière guinéenne, très poreuse." Cette mise en garde prend tout son sens quand on sait que la Guinée voisine affiche un taux d'excision de 95% chez les femmes de 15 à 49 ans, selon l'Unicef.
PASTEF ET LES RELIGIEUX, UN MALAISE PERSISTANT
Des tensions avec les salafistes aux frictions avec l'Église catholique, en passant par les désaccords avec la communauté mouride, le parti peine à gérer ses relations avec les différentes sensibilités religieuses
Depuis son accession au pouvoir, le parti PASTEF (Patriotes du Sénégal pour le Travail, l’Éthique et la Fraternité) fait face à des défis complexes dans ses relations avec certaines communautés religieuses du pays. Les récents propos tenus par le ministre de l’Énergie, du Pétrole et des Mines, Birame Soulèye Diop, lors de la cérémonie officielle du Gamou de Fass-Diacksao, ont ravivé les tensions entre le parti au pouvoir et une frange de la société sénégalaise, notamment les salafistes. Ces déclarations, jugées désobligeantes, ont suscité une vague de réactions et expose les fractures entre le parti au pouvoir et les familles religieuses, autrefois perçues comme des alliées potentielles.
Lors de cette cérémonie religieuse, le ministre Birame Soulèye Diop a tenu des propos qui ont choqué une partie de l’assistance et, au-delà, une communauté religieuse entière. Interrogé sur la possibilité que des figures politiques de premier plan, comme Ousmane Sonko ou le Premier ministre, puissent se convertir au salafisme, le ministre a répondu avec une fermeté qui a été perçue comme une attaque directe contre cette mouvance islamique.
« Comment une personnalité de cette trempe (Ousmane Sonko) pourrait-elle se convertir en salafiste ? Comment le Premier ministre, un petit-fils de Mame Rawane Ngom et un descendant direct d'El Hadj Ahmadou Ndiéguene, pourrait-il se permettre de devenir salafiste ? Un salafiste ne saurait être issu de cette famille religieuse (...). Aucun patriote n’est salafiste », a déclaré Birame Soulèye Diop, suscitant une onde de choc dans les rangs des salafistes et au-delà.
Ces mots, perçus comme une stigmatisation d’une communauté religieuse, ont immédiatement provoqué des réactions vives. Alioune Badara Mbengue, professeur de lettres, imam à la mosquée de l’Université Cheikh Anta Diop de Dakar (UCAD) et auteur du livre Salafisme et Convictions, a été l’un des premiers à répondre avec véhémence. Dans une publication intitulée RESPECT AUX SALAFISTES !, il a dénoncé ce qu’il considère comme une instrumentalisation politique des divergences religieuses.
Une réponse cinglante de la communauté salafiste
Alioune Badara Mbengue n’a pas mâché ses mots. Il a rappelé que les salafistes, loin d’être des ennemis de la nation, sont des citoyens engagés, respectueux des lois et soucieux du bien commun. « Monsieur le Ministre ignore peut-être que des salafistes ont soutenu son candidat et ont voté pour lui. Non pas parce qu’il est salafiste ou non, ou parce qu’il entend "salafiser" les Sénégalais, loin s’en faut, c’est tout simplement parce qu’ils ont découvert qu’ils se retrouvent dans pas mal de qualités incarnées par PASTEF et ses leaders, telles que : le patriotisme, le don de soi, la responsabilité, l’équité, l’insubordination aux lobbies et systèmes mafieux... », a-t-il écrit.
L’imam a également souligné que ces propos rappellent les pratiques de l’ancien régime, accusé d’avoir souvent instrumentalisé les différences religieuses pour diviser les communautés. « Il fait partie de ce qui était reproché au régime passé, son immixtion dans le champ religieux pour diviser les communautés et mettre les unes contre les autres », a-t-il ajouté, appelant à plus de retenue et de respect de la part des responsables politiques.
Dr Mouhamed Lo, une autre figure respectée de la communauté salafiste, a également réagi dans un enregistrement audio de cinq minutes. Il a appelé à la neutralité des responsables politiques et à l’évitement des querelles religieuses et ethniques. « C’est une insulte envers les salafistes et un manque de respect notoire », a-t-il déclaré, tout en rappelant que les autorités doivent éviter de tenir des propos qui pourraient enflammer les tensions.
Baye Ndiaye, résident à Tivaouane Peul et militant engagé de Pastef, exprime son désaccord avec les propos tenus par Biram Souleye. Selon lui, ce dernier s'est trompé en raison d'une certaine diabolisation des salafistes, qu'il associe à tort à une opposition systématique aux confréries religieuses. Baye Ndiaye souligne que Biram Souleye méconnaît l'origine et la réalité du salafisme, précisant que de nombreux salafistes sont en réalité des soutiens d'Ousmane Sonko et ont voté pour lui lors des élections.
Il estime que l'intention de l’ex maire de Thiés n'était pas de nuire, mais que ses propos ont été formulés de manière naïve, révélant un problème de communication. Baye Ndiaye rappelle par ailleurs le rôle clé joué par Dr. Ahmad Lo dans l'apaisement des tensions entre Ousmane Sonko et le régime de Macky Sall, lors de la période préélectorale.
De même, Imam Al Amine Dramé, proche de Pastef, partage cette préoccupation et considère la sortie de Biram Souleye comme une erreur stratégique. Selon lui, ces propos maladroits pourraient nuire aux relations diplomatiques, notamment dans un contexte où un grand imam d'Arabie Saoudite est attendu prochainement au Sénégal. Ce dignitaire religieux est censé diriger une prière à la Grande Mosquée, un événement symbolique qui renforce les liens entre les deux pays.
Imam Dramé craint que les déclarations de l’ancien président du groupe parlementaire, perçues comme polémiques, ne créent des tensions inutiles et n'affectent la sérénité de cette visite importante. Il insiste sur la nécessité de mesurer les conséquences de telles prises de parole, surtout dans un environnement religieux et politique aussi sensible.
Une relation complexe avec les confréries religieuses
Les tensions entre PASTEF et les communautés religieuses ne se limitent pas aux salafistes. En septembre 2024, Cheikh Oumar Diagne, ancien Directeur des moyens de la présidence, avait déjà suscité la polémique en critiquant les écrits de Serigne Touba, fondateur de la confrérie mouride. Ses propos avaient provoqué une onde de choc à Touba, capitale relligieuse du mouridisme, et un collège de 28 petits-fils du Cheikh avait produit un réquisitoire pour dénoncer ces attaques.
« Jamais depuis l’indépendance, un acteur politique ou public n’a affirmé sa haine et son hostilité envers toute la communauté, à commencer par ses leaders religieux comme l’a fait Cheikh Omar Diagne à visage découvert et si clairement », ont-ils écrit, appelant les tenants du pouvoir à réagir. Une marche de protestation avait même été planifiée, avant d’être interdite par le préfet de Dakar.
Ces incidents ont remis en cause les difficultés de PASTEF à gérer ses relations avec certaines confréries religieuses, pourtant influentes dans le paysage politique sénégalais. Le refus de prise en charge des hôtes du Magal de Touba (septembre 2024), un événement religieux majeur pour les mourides, avait déjà été à l’origine de la première discorde entre le parti au pouvoir et cette confrérie.
Voile à l’école : le choc entre Sonko et l’église catholique
Les clivages dépassent les communautés musulmanes. En aout 2024, Ousmane Sonko avait déclenché une polémique en s’en prenant aux écoles catholiques qui interdisent le port du voile. « Certaines choses ne peuvent plus être tolérées dans ce pays. En Europe, ils nous parlent constamment de leur modèle de vie et de style, mais cela leur appartient. Au Sénégal, nous ne permettrons plus à certaines écoles d’interdire le port du voile », avait-il déclaré, promettant des mesures strictes contre les établissements qui enfreindraient cette directive.
La réaction de l’Église catholique ne s’était pas fait attendre. L’Abbé André Latyr Ndiaye, une figure respectée du clergé, a répondu par une lettre ouverte en défendant la position des écoles privées catholiques, tout en rappelant leur engagement envers le respect et la paix. « L’école catholique, imprégnée de ces valeurs, n’a aucune raison de craindre le voile, un symbole religieux également ancré dans l’histoire chrétienne », avait-il écrit, citant les écrits de saint Paul aux Corinthiens.
Ces tensions successives posent la question de la stratégie de PASTEF vis-à-vis des communautés religieuses, qui constituent pourtant une base électorale importante. Avant l’accession au pouvoir, les relations entre le parti et les salafistes étaient au beau fixe. « Ils entretenaient de bons rapports et constituent une base électorale importante pour eux », confie Baye Ndiaye.
Cependant, les récents incidents peuvent fragiliser cette alliance. Les salafistes, qui avaient soutenu PASTEF lorsqu’il était dans l’opposition pour ses valeurs de patriotisme et de lutte contre la corruption, se sentent aujourd’hui trahis par des propos qu’ils jugent stigmatisants. « Nous pensions finir, depuis l’avènement de ce nouveau régime, d’entendre de tels propos désobligeants et qui font souffrir. Hélas... ! », déplore Alioune Badara Mbengue.
Ces récentes polémiques pointent ainsi les défis auxquels PASTEF est confronté dans sa gestion des relations avec les communautés religieuses. Alors que le parti s’est construit sur une dénonciation des injustices et des stigmatisations, il semble aujourd’hui tomber dans les travers qu’il dénonçait hier. « Gouverner, c’est rassembler et non diviser », rappelle un observateur politique.
Ousmane Sonko lui-même, lors de la campagne de dénigrement dont il a été victime, a su répondre avec mesure sans jamais heurter une communauté. Il est donc d’autant plus troublant de voir des membres de son gouvernement tenir des propos qui risquent de creuser un fossé entre PASTEF et des segments importants de la société sénégalaise.
Dans un pays où le religieux et le politique sont intimement liés, la gestion des relations avec les communautés religieuses est un devoir pour le parti au pouvoir. Pour éviter de se couper d’une partie de sa base électorale, PASTEF devra faire preuve de plus de retenue et de respect envers toutes les sensibilités religieuses. Car, comme le rappelle Alioune Badara Mbengue, « un patriote peut être salafiste, mouride, catholique ou autre. Ce qui compte, c’est son engagement envers la nation. »
LE PRÉSIDENT FAYE A ÉCHANGÉ AVEC KAGAME ET TSHISEKEDI SUR LA CRISE À L’EST DE LA RDC
Le président sénégalais a annoncé avoir eu des "entretiens fructueux" avec ses homologues rwandais et congolais. Il a souligné l’engagement du Sénégal en faveur de la stabilité et de la sécurité en Afrique.
Le président sénégalais Bassirou Diomaye Faye a déclaré, samedi, avoir eu des »entretiens fructueux » avec ses homologues rwandais Paul Kagamé et congolais Félix Tshisekedi sur la »situation préoccupante » à l’Est de la République démocratique du Congo.
»J’ai eu des entretiens téléphoniques fructueux avec les Présidents Paul Kagamé et Félix Tshisekedi sur la situation préoccupante à l’Est de la RDC », a annoncé le président Faye sur son compte X.
Le chef de l’Etat a déclaré qu’il souhaitait s’enquérir »de la tournure des événements et, avec les deux dirigeants, explorer les voies d’un dialogue franc pour une paix durable dans la région ».
Selon lui, »le Sénégal reste engagé pour la stabilité et la sécurité en Afrique et dans le monde ».
Le groupe armé du M23, appuyé par des forces rwandaises, est entré dans la ville de Goma, à l’est de la RDC, dans la nuit de dimanche 26 à lundi 27 janvier.
Le M 23 combat l’armée congolaise dans la région de l’est depuis plus de trois ans.
Le président de la République démocratique du Congo (RDC), Felix-Antoine Tshisekedi, a annoncé, mercredi soir, qu’une ‘’riposte vigoureuse et coordonnée’’ est en cours contre les ‘’terroristes‘’ du M23 qui ont pris le contrôle de l’Est du pays notamment à Goma.