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11 avril 2025
PLUS DE 800 POSTULANTS A LA MIGRATION CIRCULAIRE EN MANQUE DE LOGISTIQUES
Le Bureau d’accueil, d’orientation et de suivi (BAOS) de Sédhiou, dans le sud du Sénégal, a traité plus de 800 demandes de candidats à la migration circulaire entre le Sénégal et l’Espagne
Le Bureau d’accueil, d’orientation et de suivi (BAOS) de Sédhiou, dans le sud du Sénégal, a traité plus de 800 demandes de candidats à la migration circulaire entre le Sénégal et l’Espagne, a annoncé Yaya Diémé, responsable du BAOS, dans un entretien avec l’Agence de Presse Sénégalaise (APS).
Ce programme s’inscrit dans le cadre d’une convention bilatérale visant à faciliter la migration temporaire et sécurisée entre les deux pays. Toutefois, les jeunes de Sédhiou rencontrent des obstacles, notamment pour l’obtention de documents comme le casier judiciaire, indispensable pour constituer leur dossier.
Selon M. Diémé, les dépôts physiques, initialement prévus, ont été suspendus par le ministre de l’Intégration africaine et des Affaires étrangères au profit d’une procédure en ligne. Cette décision a suscité des frustrations, car de nombreux candidats avaient fait le déplacement pour déposer leurs dossiers en personne.
Pour répondre à ces contraintes, le BAOS prévoit de mettre en place un numéro d’assistance ainsi que des dispositifs dans les mairies pour accompagner les candidats lors du dépôt en ligne. Toutefois, l’instabilité de la connexion internet dans certaines zones de Sédhiou reste un frein important pour les postulants, comme l’a souligné Cherif Sadio, un jeune candidat déçu par la suspension des dépôts physiques.
« La connexion internet est instable dans plusieurs localités, ce qui rend difficile le dépôt des dossiers en ligne. Les autorités doivent reconsidérer cette décision et rouvrir les dépôts physiques pour donner une chance égale à tous les candidats », a plaidé Khalifa Dabo, un autre candidat.
Ces jeunes aspirants à l’émigration, confrontés à un chômage persistant dans leur région, demandent également un prolongement de la date limite des candidatures pour leur permettre de finaliser leurs dossiers dans les meilleures conditions.
Face à ces revendications, les autorités sont appelées à trouver des solutions rapides pour faciliter ce processus, qui représente un espoir pour de nombreux jeunes désireux de contribuer au développement de leurs familles et de leurs communautés à travers la migration circulaire.
AU PUR, L'IMPOSSIBLE SUCCESSION
Cheikh Tidiane Youm, est contesté par ses pairs, comme l'avait été avant lui Issa Sall. Cette situation révèle une constante : la difficulté pour les numéros 2 du parti à s'imposer face à l'autorité du marabout-président Serigne Moustapha Sy
Les numéros 2 au sein du Pur ont du mal à briller au sein de leur parti, pour laisser uniquement la direction au marabout-président, Serigne Moustapha Sy, la seule constante. Après Issa Sall, candidat du Pur à la présidentielle de 2019, qui avait quitté ce parti pour rejoindre le président Macky Sall, aujourd’hui c’est autour de Cheikh Tidiane Youm, Secrétaire général national, d’être contesté par ses camarades de parti.
Le Parti de l’unité et du rassemblement (Pur) est miné par une crise ces derniers jours. Une crise qui trouve son expression à travers les appels à la démission du Secrétaire général national, Cheikh Tidiane Youm. Le président du parti, Serigne Moustapha Sy, a pris la décision de résoudre le problème au sein de son parti en définissant la direction à suivre.
Au-delà de cette crise, il urge de se demander s’il n’y a pas un problème de numéro 2 au sein de cette formation politique qui évolue dans l’opposition ? Depuis la création de ce parti, en 1998, par feu Khalifa Babacar Diouf, tous les leaders qui ont été désignés par le patron du parti n’ont pas pu tirer leur épingle du jeu. Ils ont dû faire face à une hostilité au sein du parti.
On aura fini de constater qu’au sein du Pur, tout est fait ou organisé de manière à porter ombrage au Secrétaire général dudit parti, afin de laisser uniquement la direction au marabout-président. Candidat malheureux à l’élection présidentielle de 2019, à l’issue de laquelle il s’était classé 4ème, l’expert en informatique, Issa Sall, qui occupait aussi à l’époque les fonctions de Secrétaire général du Parti de l’unité et du rassemblement, avait quitté la direction pour rejoindre le pouvoir de Macky Sall. Il sera, par la suite, accusé d’avoir eu des accointances avec le régime de l’ancien président Macky Sall, qui le nomma ministre-conseiller. Il finira par rendre le mandat de député de la XIIIème législature à sa formation politique d’origine. Issa Sall n’a, donc, pas fait de vieux os à la tête du Pur.
Autre haut responsable du Pur, autre crise. Cette fois-ci, Cheikh Tidiane Youm, qui a succédé à Issa Sall. Son cheminement avec le Pur connaît des perturbations ces derniers temps, avec le vent de révolte qui souffle dans les rangs de ses principaux collaborateurs, qui se trouvent être les secrétaires généraux de coordination. Ces derniers, estimant lui avoir trouvé des «poux» sur la tête, se croient très légitimes de réclamer sa tête. Cette démarche, même si elle est acceptable en démocratie, a la particularité de placer le marabout-président du Pur au-dessus de la mêlée de militants. Ce qui fait de Serigne Moustapha Sy la constante du Pur. Le retour de la crise au sein du Pur, à cause du bras droit du marabout-président du parti, démontre à suffisance la mainmise de Serigne Moustapha Sy sur l’organisation politique.
Alors que tous les yeux étaient fixés sur Cheikh Tidiane Youm, Secrétaire général national du Pur, pour porter la candidature de l’élection présidentielle de 2024, le choix est porté sur Alioune Mamadou Dia pour défendre les couleurs de son parti. Très peu connu du grand public, celui qui était le candidat du Pur est perdu de vue depuis la dernière présidentielle.
Administrer le Pur après l’éviction d'Issa Sall n’a pas été donc un facteur déterminant pour faire de Cheikh Tidiane Youm le porte-étendard de ce parti lors de l’élection présidentielle du 25 mars 2024. Combattre le pouvoir de Macky Sall au sein de l’Assemblée nationale, lors de la XIVème législature, et dans la rue aux côtés de Ousmane Sonko et des autres leaders de la défunte Coalition Yewwi askan wi (Yaw) n’a pas non plus suffi, au regard des dirigeants du Pur, pour faire de Youm leur champion dans la course au Palais de l’avenue Léopold Sédar Senghor.
Au fond, il y a vraiment lieu de s’interroger sur le meilleur profil du numéro 2 du Pur. Même si le président du Pur, Serigne Moustapha Sy, a pris l’initiative de reprendre les rênes et de définir clairement la direction à suivre pour résoudre cette crise. Le statut, le rôle et la personnalité du numéro 2 risquent d’être remis sur la table dans le futur.
L’HISTOIRE INCROYABLE ET CHOQUANTE DES «ERUDITS DE L’OMBRE» AU KENYA
Quand les étudiants des meilleures universités du monde, comme Oxford, paient des jeunes au Kenya pour écrire de façon anonyme leurs travaux d’études… Plus de 40 000 Kényans travaillent pour cette industrie de l’ombre
Quand les étudiants des meilleures universités du monde, comme Oxford, paient des jeunes au Kenya pour écrire de façon anonyme leurs travaux d’études… Plus de 40 000 Kényans travaillent pour cette industrie de l’ombre qui génère, selon la réalisatrice britannique Eloïse King, un chiffre d’affaires de plusieurs milliards d’euros ! Pour son enquête, «Les Erudits de l’ombre», elle a anonymisé les visages de ses interlocuteurs avec l’aide de l’Intelligence artificielle. Entretien au Fipadoc, le grand Festival international du film documentaire à Biarritz.Qui sont ces «Erudits de l’ombre» ?
Il s’agit d’une véritable industrie au Kenya. Au minimum, il y a 40 000 personnes, rien qu’à Nairobi, qui écrivent des devoirs, des essais, des thèses, des dissertations… pour des étudiants du monde entier. Il y a quelque 37 millions d’étudiants -et c’est une estimation prudente- qui utilisent dans le monde entier ces services pour obtenir des diplômes.
Pourquoi cette «industrie» s’est-elle développée au Kenya ? Par exemple, pourquoi ces «écrivains académiques» ne sont-ils pas basés dans un autre pays africain ?
Je suppose qu’il y a aussi d’autres endroits où cela se passe, mais le fait que le Kenya est devenu un tel centre pour ce travail, je pense que c’est vraiment un héritage du colonialisme. Tout d’abord, la première langue d’un grand nombre de Kényans est l’anglais. C’est une langue nationale, introduite par les colons anglais. En plus, les médias numériques ont connu au Kenya un véritable essor. Depuis 2010, l’internet à haut débit est disponible dans tout le pays. Ce n’est pas le pays le plus riche, mais le Kenya est celui qui dispose de la plus grande connectivité et fait partie des premières «nations numériques». Par exemple, ils utilisent beaucoup l’argent mobile et sont adeptes du système M-Pesa [«M» pour mobile et pesa signifie «argent» en swahili. C’est un système de micro financement et de transfert d’argent par téléphone mobile, lancé en 2007 au Kenya, Ndlr], bien avant de nombreux pays européens ou les Etats-Unis. Puis, les universités kényanes proposent un accès gratuit à l’internet sur tous leurs sites. Malheureusement, ou peut-être heureusement pour le secteur des «écrivains académiques», cela signifie que la pratique, qui a probablement déjà existé, a vraiment explosé avec l’avènement de la technologie.
Vous avez mené cette enquête avec Patricia Kingori, connue comme la plus jeune femme et la plus jeune Noire devenue professeure à la très prestigieuse université anglaise d’Oxford. Lorsque vous enquêtez sur cette «industrie» d’«écrivains académiques» qui brasse plusieurs milliards d’euros et qui est considérée en Occident comme une industrie illégale, est-ce dangereux de faire cette enquête au Kenya et au Royaume-Uni ?
Il est important de comprendre le contexte et son évolution dans le temps. Lorsque Patricia Kingori [professeure de sociologie, Ndlr] a commencé à poser des questions dans le cadre de ses recherches sur les contrefaçons, les mensonges et leurs fabrications, nous ne savions rien de l’ampleur de cette industrie. En 2019, lorsque nous avons commencé à en discuter, la littérature que nous avons pu trouver estimait que cette industrie valait quelques millions de livres. Pour nous, cela a suffi pour raconter cette histoire. Lorsque nous avons rencontré pour la première fois des «écrivains académiques», beaucoup étaient préoccupées par la perception générale des autres «écrivains académiques» de la communauté. On ne voulait pas être perçu comme quelqu’un qui casse les affaires des personnes qui travaillent dans ce secteur. Mais, au fil du temps et des discussions, en particulier pendant la pandémie, cette véritable explosion autour des questions de la tricherie, de l’éthique et de la criminalisation est devenue un problème qui n’existait pas à l’époque où nous avons commencé. C’est donc pendant la réalisation de ce film qu’il est devenu illégal de fournir ce travail au Royaume-Uni et en Australie. Cela a vraiment changé le contexte et la nécessité de protéger les auteurs. Dans le film, tous les visages ont été entièrement générés par ordinateur, pour cela, ils sont légèrement flous. Alors les gens pensent à tort que nous avons flouté de vrais visages. Non, il s’agit de visages totalement nouveaux, générés par l’Intelligence artificielle (Ia). Avec des voiles synthétiques, utilisés pour protéger l’intégrité des auteurs, afin qu’ils puissent témoigner et partager leur vie et leurs expériences.
Dans le film, l’un des «écrivains académiques» se défend : «Nous ne sommes pas des écrivains de l’ombre, nous sommes la lumière.» Et le célèbre écrivain kényan Ngugi wa Thiong’o nous explique qu’il existe un lien entre ces «écrivains académiques» d’aujourd’hui et l’histoire de l’esclavage.
Ngugi wa Thiong’o est un penseur incroyablement acclamé et éminent qui a dû s’exiler du Kenya pour avoir pris position contre les nations coloniales et la mise en œuvre de la langue imposée aux Kényans. Lorsque nous nous sommes entretenus avec lui sur le sujet de ces «écrivains académiques», il nous a notamment expliqué que ce n’était pas nécessairement nouveau. La forme est nouvelle : la technologie et les essais, mais derrière, il y a une très longue histoire d’extraction intellectuelle et culturelle qui s’est produite pour les pays du Sud en ce qui concerne l’esclavage. En Amérique, à cette époque, que se passait-il pour les personnes réduites en esclavage ? Les propriétaires de plantations se sont approprié les choses. Dans notre film, nous avons notamment évoqué le cas des cueilleurs de coton. Les esclaves n’étaient pas autorisés à posséder leurs idées, ils n’avaient pas droit aux droits d’auteur. Donc, il s’agit de quelque chose qui a toujours fait partie de la manière dont les gens du Sud et de la diaspora noire ont vu leurs idées reprises et valorisées ailleurs par des gens qui ne leur ressemblent pas. Mais ces derniers ont toujours réussi à donner aux autres l’impression qu’ils étaient capables de faire ce travail ou qu’ils étaient eux de trouver ces idées.
Votre documentaire raconte donc aussi l’histoire d’une appropriation culturelle ?
Nous voulions vraiment parler de l’appropriation intellectuelle. Ici, il s’agit clairement d’idées et de pensées originales créées par des personnes du Sud qui sont ensuite reprises. Ces idées et pensées ne sont pas modifiées ou changées. Elles sont utilisées telles quelles. Mais lorsqu’elles sont présentées par des étudiants occidentaux, elles ont une plus grande valeur. Par exemple, dans notre film, ces étudiants du Sud posent leur candidature pour intégrer des universités du Nord, mais on leur dit qu’ils ne peuvent pas y entrer. Ils ne sont pas parrainés et n’obtiennent pas de bourse pour s’inscrire dans ces universités. En revanche, lorsqu’ils utilisent le profil d’étudiants blancs, leur travail devient tout à coup acceptable, voire plus qu’acceptable. Donc, cette extraction n’appartient pas au passé. Nous pouvons tracer une ligne très claire entre le passé et le présent. Mais si ces systèmes sont construits sur l’inégalité, cela nous donne aussi l’espoir qu’il y a des choses qui peuvent être déconstruites.
L’Intelligence artificielle renforcera-t-elle ce phénomène ou mettra-t-elle fin à ces «écrivains académiques» ?
L’Ia est essentiellement construite sur des données qui ont été collectées à partir de millions de textes disponibles. On sait maintenant que beaucoup de ces textes ont été produits par des millions de Kényans. Donc, on peut supposer que l’Ia se réapproprie ces idées, en rendant les auteurs encore plus invisibles et en les excluant du résultat. Mais, de plus en plus, les universités sont en mesure de contester l’utilisation de l’Ia avec leurs propres logiciels qui peuvent identifier où ce travail a été effectué. Résultat : le travail effectué par l’Ia est ensuite confié aux «écrivains académiques» pour l’humaniser. Ils ne sont donc pas totalement exclus de l’équation, mais on voit qu’ils sont exploités deux fois : sans les payer, leur travail est utilisé dans toutes sortes de programmes d’Ia et de ChatGPT, sans aucune reconnaissance. Ensuite, lorsqu’on leur demande d’humaniser un texte pour permettre aux étudiants à Oxford ou ailleurs de réussir, ils doivent le faire à moindre coût, parce que la valeur est retirée de la connaissance qu’ils ont.
Au Fipadoc, votre film est présenté dans la catégorie «Impact ». Quel impact espérez-vous pour votre film ?
Nous aimerions montrer que les Kényans et les Africains ne sont pas seulement les malheureuses victimes de l’exploitation. Ils n’ont pas seulement un rôle passif dans ce genre d’économie. Ce ne sont pas des personnes qui attendent de recevoir de l’aide, des dons, des emplois. Ou des gens qui ont désespérément besoin d’être éduqués. Non, notre film montre le potentiel énorme de ces écrivains. Malgré des restrictions énormes, ils ont créé un système incroyablement sophistiqué. Mais ce qui serait vraiment juste, ce serait qu’ils aient les mêmes possibilités que les gens du Nord. Ainsi, ils ne seraient plus obligés d’être des écrivains fantômes des gens du Nord, mais ils pourraient ouvertement se présenter avec leur propre intelligence et leurs propres capacités
Par Oumar BA
LES JOJ : URBANISME ET AUTRES ENJEUX
Dakar accueillera les Joj en 2026. Certainement, le Sénégal, pays de la Teranga et habitué aux grandes rencontres internationales, organisera l’événement avec le professionnalisme des différentes parties prenantes.
Dakar accueillera les Joj en 2026. Certainement, le Sénégal, pays de la Teranga et habitué aux grandes rencontres internationales, organisera l’événement avec le professionnalisme des différentes parties prenantes. Oui, nous avons eu le Festival mondial des arts nègres, ainsi que les sommets de la Francophonie ou de l’Oci, et plus récemment les forums mondiaux de l’Eau ou de l’Economie sociale et solidaire dont chacun se fera son propre bilan. Concernant les Joj, il serait intéressant d’essayer de savoir ce qu’il en restera, une fois les rideaux baissés et la flamme éteinte. Autrement, quel legs en restera-t-il en termes de bilan et d’impact ?
Plus que toute autre rencontre internationale, les Jeux Olympiques ont cette particularité de créer des chocs de temporalités extraordinaires. En effet, le court instant (15 jours de frénésie) se conjugue de manière irrégulière aux années de préparations, mais et surtout aux décennies postérieures marquées (positivement ou non) par les aménagements, les infrastructures et les coûts (notamment différés) de l’évènement.
Cet article se veut une modeste contribution à la réflexion sur l’héritage et l’impact des Joj à venir.
Souvent, les Jeux ont été décriés pour leurs coûts exorbitants et leurs éléphants blancs, infrastructures gigantesques ou inadaptées tombées en désuétude ou abandonnés juste après l’événement. On pourrait citer Rio, Athènes, ou encore Montréal (1976) qui a continué à payer la facture pendant… 30 ans.
Mais il est aussi arrivé que les Jeux fussent de grandes réussites, pas seulement comme activité ponctuelle, mais aussi par l’héritage qu’ils ont porté, les impacts urbains ou socio-économiques produits sur les villes hôtesses, ainsi que l’image des pays d’accueil.
En réalité, «les Jeux Olympiques ont été le prétexte à la réalisation de grands travaux espérés depuis très longtemps», ainsi que le déclarait le maire de Barcelone en 1992. Par exemple, Mexico (68) a permis le développement du métro et du Périphérique. Munich (72) a anticipé sur la réversibilité des infrastructures avec l’ancien village olympique (le fameux Olydorf à l’architecturale pionnière) transformé en quartier estudiantin modèle. Mais, Barcelone (92) fait figure de parangon. Aujourd’hui encore, l’ensemble des quinze (15) sites construits pour les Jeux sont toujours utilisés et presque tous les sites permanents. En fait, les dirigeants locaux (le maire étant l’ancien économiste au département d’Urbanisme de la ville) étaient mus par le développement urbain et le rayonnement de la ville. Les objectifs principaux du plan stratégique visaient, entre autres, la transformation des anciens sites industriels tombés en désuétude, le réaménagement de quartiers entiers, la rénovation de sites historiques (la gare ferroviaire Estació del Nord) et patrimoniaux, l’ouverture vers le front de mer (Port Olympic), le développement des transports communs et l’amélioration de la mobilité urbaine, etc.
Plus récemment, Paris 2024 a permis, à la suite de la Coupe du monde de 98, de rénover davantage une bonne partie de la Plaine Saint-Denis, de renforcer son attractivité, d’opérer un développement tertiaire en équilibre avec la mixité urbaine, de pousser encore plus loin le concept de réversibilité des bâtiments et d’améliorer fortement les transports et la mobilité. Des innovations ont même été apportées au droit de l’Urbanisme et de la Construction, plus spécifiquement le permis de construire.
Les Jeux portent aussi une grande dimension culturelle. Par exemple, London Festival (2012) a abrité plus de 1300 événements dans plus de 1270 lieux, des milliers d’artistes, plus de 16 millions de visiteurs et plus de 170 œuvres d’art permanentes. Chaque quartier, musée, théâtre, place, parc public ou monument a été peu ou prou «hacké» par les artistes. A Paris, la cérémonie d’ouverture des Jeux a été l’occasion de mettre en valeur la grande richesse du patrimoine culturel et architectural de la capitale française, déjà destination touristique majeure.
En 2026, que montrerons-nous de notre culture sénégalaise et africaine ? Il ne s’agira pas seulement de patrimoine existant, mais aussi de stimuler la grande créativité de nos artistes.
En termes de marketing territorial, les Jeux ont permis aux villes d’accueil de se positionner comme villes globales. En effet, la focalisation de tous les projecteurs internationaux et la diffusion sur les écrans du monde sont l’une des plus grandes opérations de promotion d’un territoire. Dakar, Diamniadio, Saly et le tourisme sénégalais sauront-ils saisir toutes ces opportunités offertes ? Car il ne s’agira pas seulement de montrer des compétitions sportives, mais de promouvoir des territoires, des peuples, et de construire un narratif efficace et attractif autour du pays de la Teranga et de la vivacité de la jeunesse africaine. L’artisanat, la valorisation des savoir-faire locaux devront trouver, ici, des opportunités de rayonnement et des challenges nouveaux.
Evénements populaires, les Jeux sont des moments forts dédiés à la vitalité et à la jeunesse en général. Cela est renforcé par le fait que ceux à venir leur sont dédiés exclusivement. Il ne s’agit pas des athlètes et autres compétiteurs, mais de la Jeunesse dans toutes ses composantes. Par exemple, les Jeux de Lausanne ont intéressé plus de 150 000 étudiants et élèves autant dans la conception de la maquette que dans la composition de la chanson officielle («Start now»). Plus de 80 000 élèves ont pu découvrir et s’essayer à des sports nouveaux, avec la possibilité de se découvrir ainsi de nouvelles vocations ou passions. Le Village Olympique (Vortex) a été transformé en logements étudiants… Certainement aurons-nous l’occasion de ressusciter ou redynamiser le sport universitaire, notamment avec l’Uassu ou toutes formes nouvelles à inventer. Cela passera par un programme ambitieux de création ou mise à niveau des infrastructures sportives à l’échelle nationale, pas seulement Dakar. Un esprit sain dans un corps sain…
Les Jeux offrent des opportunités extraordinaires pour raffermir la gouvernance urbaine dans les villes éponymes. Certes, parce qu’elle porte, en son nom, la candidature, la Ville assure normalement le leadership. Mais du fait de la grande diversité des enjeux (sport, transports, culture, tourisme, sécurité publique, communication, écologie, etc.) et des acteurs (locaux, nationaux, publics et privés, populations), il importe, comme gage de succès, de travailler à trouver les bonnes articulations, la coordination, et surtout l’inclusion, la mobilisation et la cohésion autour de l’atteinte des objectifs communs et partagés. Concernant Dakar, l’Etat a ce rôle d’arbitre et de facilitateur entre les différentes parties prenantes, notamment la Ville de Dakar et le Cojoj. C’est ici que le partenariat public-privé trouve tout son sens, car la participation active des grandes entreprises nationales et locales est une condition essentielle de la réussite et la réalisation matérielle des Jeux. Le Btp par les infrastructures à construire, les commerces, hôtels et restaurants par l’afflux massif de clients et touristes qui évidemment utilisent les moyens de transport et toutes les facilités offertes (ou vendues) par la ville. Et il est heureux que, récemment, le Conseil des ministres ait annoncé que la Primature prendrait le taureau par les cornes. Au-delà des missions de coordination et de monitoring, vivement que les réunions interministérielles soient des instances d’auto-émulation, de facilitations, de dialogue constructif entre tous les stakeholders.
Enfin, les Jeux comportent des enjeux diplomatiques très importants, car ils marquent ou renforcent le soft power des Etats. Certes le contexte géopolitique de l’époque (chute du Mur, fin de l’apartheid, etc.) a-t-il contribué à l’ampleur et au succès de Barcelone. Encore fallait-il savoir saisir les opportunités historiques. Aussi le Sénégal devrait-il prendre conscience, à cette occasion unique, d’être le porte-flambeau de la Cedeao et de l’Afrique subsaharienne, car ces Jeux inédits ne sont pas près d’être organisés dans cette partie du monde avant deux décennies au moins. Et le succès ou non de Dakar influera forcément sur la crédibilité des futures candidatures africaines. Il y a un leadership sous-régional ou continental qui est en jeu…
Pour les pays qui ont réussi leurs Jeux, en plus du bilan sportif, matériel, économique ou diplomatique, c’est surtout l’héritage immatériel qui est resté. Le fort sentiment de cohésion populaire autour d’un projet commun et la fierté née de la réussite dans l’organisation de l’événement. Ce bilan immatériel participe de la cohésion nationale, du renforcement de l’image de la réputation du pays, de la fierté nationale et du sentiment patriotique qui sont autant de ferments au développement socio-économique de la Nation. En ce sens, les Jeux devraient constituer plus qu’une utopie mobilisatrice…
«Citius, Altius, Fortius -Communiter» (plus vite, plus haut, plus fort -ensemble) : voilà ce à quoi nous invite la devise olympique, mais aussi les exigences de la construction d’un Sénégal souverain et prospère. Oumar BA Expert urbaniste Citoyen sénégalais
DES IMPACTÉS DU TER CRIENT LEUR DESARROI
Neuf mois après le changement de régime, plus de 1400 personnes attendent toujours leurs notifications et l'aménagement des sites promis
Après des mois à attendre les nouvelles autorités sur leur situation, les impactés de la phase 2 du Ter reliant Diamniadio à l’Aibd mettent le clignotant au rouge. Autour du collectif Taxawu sunu moomél qui leur sert de cadre d’action, ils ont tenu une mobilisation à Sébikotane pour étaler leurs inquiétudes.
«Ça fait 9 mois que nous avons un nouveau régime et personne ne nous a entendus piper mot parce qu’on voulait leur laisser le temps», a ainsi indiqué le coordonnateur du collectif, Amidou Diarra. Ceci d’autant plus, a-t-il fait savoir, que le nouveau Directeur général de l’Apix, Bakary Séga Bathily, les avait rassurés à l’occasion d’une rencontre au mois d’août. «L’Etat nous avait promis, au mois d’août, qu’en fin janvier nous aurions nos titres avec bail, qui tendraient vers des Tf (…) Ce qu’on demande à M. Bathily, c’est que les promesses qu’il nous avait tenues par rapport à notre situation puissent être respectées», a souligné M. Diarra lors du point de presse organisé à cet effet. «La situation aujourd’hui est que nous, en tant qu’impactés, après avoir été indemnisés sur le bâti, attendons toujours que les deux sites du Lac Rose et de Yeba (Sébikotane) soient opérationnels pour que nous puissions démarrer nos constructions».
Le site du Lac Rose était destiné aux impactés de la première phase qui, selon M. Diarra, n’ont jusque-là pas reçu de titre. Suffisant alors pour les impactés de la 2ème phase de nourrir des craintes légitimes. «Il se trouve qu’aujourd’hui, avec les impactés de la 1ère phase, ils n’ont jusqu’à ce jour reçu de titres et que nous, nous sommes au nombre de 1460 impactés pour la 2e phase. Ils ont commencé à nous donner des notifications. A ce jour, ils n’ont remis qu’une cinquantaine sur un nombre de 1460», a-t-il expliqué, non sans décrier le silence radio adopté par les tenants du nouveau régime sur la question.
«Les nouvelles autorités sont entrées dans un mutisme total. L’ancien régime avait l’habitude de répondre aux courriers qu’on leur transmettait. Mais ça fait trois à quatre courriers envoyés au nouveau Gouverneur, au Premier ministre et au Dg de l’Apix, mais on n’a pas eu de retour», a dénoncé le coordonnateur. Ce à quoi ils s’attendent, c’est l’aménagement des deux sites avec toutes les commodités requises, ainsi que l’accompagnement social qui doit aller avec. «Ils nous avaient aussi promis que chaque impacté recevrait l’accompagnement social et des indemnités d’invulnérabilité et de vulnérabilité (…) Nous demandons à l’Etat de respecter ce qu’il avait pris comme engagements», a mis sur la table M. Diarra.
Les membres du collectif, accompagnés d’autres associations lors de la rencontre avec la presse, ont aussi rappelé l’engagement pour l’érection d’une gare à Sébikotane. «Toutes les communes traversées ont une gare (…) Sébikotane est la seule commune avec une nouvelle ligne traversée par ce projet d’envergure qui risque de ne pas avoir une gare», a noté le coordonnateur.
LA PROBLEMATIQUE DU GENRE AU CŒUR DES CONCERTATIONS AU COEUR DIALOGUE SOCIAL
Le président Haut Conseil du Dialogue Social, Mamadou Lamine Dianté, souligne l'urgence de corriger les retards observés dans ce domaine, malgré les nombreuses conventions internationales ratifiées
La 37e session de l’Assemblée plénière du Hcds, qui s’est ouverte hier à Saly, est dédiée à une problématique essentielle, qui est la prise en compte du genre dans les relations professionnelles. Sous le thème : «Pour une meilleure appropriation du genre, de l’égalité des chances et de traitement au travail par les mandants tripartites du Hcds», cette 37e session marque un tournant dans l’engagement du Haut-conseil du dialogue social pour une gouvernance inclusive et équitable dans les relations professionnelles.
Dans son discours d’ouverture, Mamadou Lamine Dianté, président du Hcds, a rappelé l’importance du dialogue social dans le développement économique et social du Sénégal, conformément à l’Agenda national de transformation 2050.
Selon lui, le genre constitue un enjeu prioritaire dans les relations professionnelles. C’est pourquoi, dira-t-il, le choix de ce thème répond à un double besoin. D’abord, corriger les retards observés dans la promotion du genre au sein des activités du Hcds et enssuite renforcer les capacités des membres sur les normes internationales et nationales en matière d’égalité des chances et de traitement au travail.
Malgré la mise en place d’une commission spécialisée sur le genre, les activités consacrées à cette thématique n’ont pas été à la hauteur des ambitions de l’institution jusqu’à présent. Le Cadre stratégique d’intervention 2025-2027 se fixe ainsi pour objectif de combler ces lacunes en alignant les actions du Hcds avec les nouveaux référentiels des politiques publiques, notamment l’Agenda Sénégal 2050.
Mamadou Lamine Dianté a aussi rappelé que le Sénégal a ratifié plusieurs instruments internationaux de l’Oit, notamment : «La Convention n°100 sur l’égalité de rémunération, la Convention n°111 sur la non-discrimination dans l’emploi et les professions, la Convention n°183 sur la protection de la maternité, la Convention n°190 sur la lutte contre la violence et le harcèlement au travail. Ces conventions, intégrées dans la législation nationale, renforcent les principes d’égalité entre les travailleurs et les travailleuses, en bannissant toute forme de discrimination au travail. Cependant, leur application reste confrontée à des défis socioculturels et religieux propres au Sénégal», a souligné le président du Hcds.
En écho à ces propos, Mame Khar Bass, représentante du patronat, a également pris la parole pour souligner l’importance de l’égalité des chances comme levier de performance et d’innovation dans le milieu professionnel. Elle a appelé à des actions concrètes telles que «la refonte des politiques d’entreprises pour les rendre inclusives, la lutte contre les stéréotypes limitant certaines catégories sociales, la mise en place d’indicateurs pour mesurer les progrès réalisés».
Selon Mme Bass, l’égalité n’est pas une contrainte, mais une opportunité. Elle a invité les participants à faire de cette session un espace de construction de solutions concrètes pour un monde du travail plus juste et équitable.
Ainsi, selon les organisateurs, cette 37ème session se veut non seulement une plateforme d’échanges, mais également un point de départ pour intégrer pleinement la dimension genre dans les relations professionnelles. A cet effet, les membres du Hcds analyseront le Cadre stratégique d’intervention 2025-2027, tout en formulant des recommandations pour améliorer les conditions de travail, notamment en matière de congé de maternité et de paternité.
Par ailleurs, le président du Hcds a exhorté les membres à s’approprier les outils et les concepts abordés durant cette session. Il a également salué les contributions des mandants tripartites, rappelant que le dialogue social est un pilier essentiel pour la paix sociale et la prospérité au Sénégal.
le Général de division Magatte Ndiaye, a présidé, hier à Thiès, la cérémonie de remise de diplômes aux officiers de la deuxième session du Cours de formation des futurs commandants d’unité d’infanterie (Cfcu/Inf) de l’année 2024
Au nom du Général de corps d’Armée Mbaye Cissé, Chef d’état-major des Armées, le Général de division Magatte Ndiaye, Sous-chef d’état-major général des Armées, a présidé, hier à Thiès, la cérémonie de remise de diplômes aux officiers de la deuxième session du Cours de formation des futurs commandants d’unité d’infanterie (Cfcu/Inf) de l’année 2024.
Etape déterminante de la formation continue des officiers, qui vise fondamentalement à préparer les bénéficiaires à l’exercice de leurs futures fonctions, le Cfcu constitue un cadre formel de certification de la capacité de ces jeunes chefs fantassins à assumer efficacement le commandement d’une unité élémentaire, tant en garnison que dans le cadre de missions opérationnelles complexes, avec des conditions d’emploi de plus en plus exigeantes.
Le cycle de la session 2024-2, clôturé hier mercredi 29 janvier 2025, a débuté le 19 septembre 2024. Il a accueilli 25 officiers stagiaires dont 7 de pays amis (Bénin, Burundi, Guinée Equatoriale, République démocratique du Congo, Ouganda, Rwanda, Tchad,) et 18 Sénégalais répartis ainsi : 14 de l’Emat, 1 de la Bnsp, 1 de la Gendarmerie nationale, 1 de la Marine nationale/Fs Mer et 1 de l’Armée de l’air/fusilier commando de l’air. L’objectif de ce cours visait globalement, d’une part, à les rendre «aptes à commander d’emblée» une Unité élémentaire de combat d’infanterie dans un environnement interarmes et multinational et, d’autre part, à pousser leur formation d’officier en leur dispensant des connaissances sur «le travail d’état-major et au sein d’un Centre des opérations (Co) d’un Groupement tactique interarmes (Gtia)». Il s’agissait de développer en eux de solides connaissances militaires et générales nécessaires afin qu’ils puissent discerner dans la complexité des théâtres d’opérations, décider dans l’incertitude et agir dans l’adversité.
Selon le Colonel Mathieu Diogoye Sène, Commandant de l’Ecole d’application et de perfectionnement interarmées (Eapi), les objectifs ont été largement atteints pour cette promotion du Cfc 2024-2, qui se distingue par ses brillants résultats, son homogénéité et surtout son niveau particulièrement élevé dans le déroulement des missions opérationnelles. Il s’est réjoui de «voir que la montée en puissance est une réalité au sein de l’Eapi par le renforcement en moyens roulants et l’acquisition de nouvelles infrastructures, assurant une formation de qualité aux officiers stagiaires. Ces changements démontrent l’attachement du Commandement à fournir tout le soutien nécessaire pour l’amélioration des conditions de travail des stagiaires et de l’encadrement de l’école». Il n’a pas manqué d’exprimer, au nom de l’école, «notre satisfaction à la coopération militaire française pour son état d’esprit, sa disponibilité et son engagement qualitatif à nos côtés».
A l’attention des récipiendaires, Colonel Mathieu Diogoye Sène a souligné : «Vous avez choisi l’infanterie, donc vous avez choisi l’homme comme premier outil de combat. Accordez-lui toute l’importance qui sied. Plus que tout autre combattant, vous avez à l’esprit que ce choix engage votre vie. Vous allez bientôt tenir des emplois valorisants et exigeants. Vous en connaîtrez vite la grandeur et le prix. Vous saurez qu’ils exigent détermination et courage. Les réflexes que vous avez acquis en ces murs sont de ceux qui structurent et qui demeurent tout au long de votre carrière. Vous en aurez rapidement besoin car vous serez bientôt engagés dans des situations complexes, requérant de grandes qualités humaines et professionnelles. Il faudra donc donner le meilleur de vous-mêmes pour commander des hommes et des femmes qui attendent beaucoup de vous. Vous ne devrez jamais les décevoir, mais je sais que vous y êtes préparés.»
Le Commandant de l’Eapi rappelle que la sous-région dont la plupart d’entre les récipiendaires sont originaires, est aujourd’hui infestée d’organisations criminelles et djihadistes. Il s’agit là, leur dira-t-il, d’un «défi que seule votre foi inébranlable dans les valeurs cardinales qui fondent nos sociétés, et en particulier celles qui commandent l’exercice de la carrière militaire, vous permettra de relever».
LA SAR 2.0 DANS LES PIPELINES
Cette initiative de 3000 milliards de FCFA transformera la Société africaine de raffinage en un géant régional du secteur. Le projet permettra non seulement de traiter l'intégralité du pétrole de Sangomar, mais aussi d'approvisionner les pays voisins
Avec le projet de la Sar 2.0, qui va raffiner tout le brut de Sangomar, la Société nationale de raffinage vise à assurer la souveraineté énergétique du pays et inonder même le marché régional. D’un coût estimatif de 5 milliards de dollars, soit environ 3000 milliards de francs Cfa, il va permettre aussi à la société de passer de 1000 milliards à 3000 milliards de Cfa de chiffre d’affaires. Avec l’Apix, la Sar continue à approfondir la réflexion pour sa concrétisation.
Avec l’exploitation des hydrocarbures, la Société africaine de raffinage (Sar) poursuit sa mise à niveau pour se projeter dans l’avenir. Avec Sar 2.0, elle veut affiner encore son savoir-faire pour assurer au Sénégal sa souveraineté énergétique. Hier, le Directeur général de la Sar, Mamadou Abib Diop, a reçu une délégation de l’Apix S.a, conduite par son Directeur général Bakary Séga Bathily, pour essayer d’explorer les axes de collaboration pour la recherche de financement privé pour le projet à la fois gigantesque et structurante. «Nous avons organisé cette rencontre parce que la Sar a entamé un projet à la fois structurant et crucial pour l’Etat du Sénégal. Il va permettre d’atteindre la souveraineté énergétique du pays. L’Apix est une société incontournable en la matière. Nous avons pu trouver des synergies, des actions sur lesquelles on pourrait s’aligner pour avoir une réussite», a expliqué M. Diop.
La Sar, qui a déjà mis à jour ses installations depuis 2022, va essayer de monter en puissance avec ce projet pour raffiner tout le brut issu de Sangomar, pour satisfaire une demande nationale en pleine croissance. Cette initiative va accroître la puissance économique et aussi aider à réduire la facture pétrolière. «Le Projet Sar 2.0 vise à couvrir toute la demande nationale en termes de carburant, mais également d’aller au-delà en approvisionnant le marché régional. C’est une question de souveraineté énergétique et cela aura un impact positif sur la balance commerciale. Il y d’autres chaînes de valeur que cela va développer, parce qu’on parle de la diversification de nos activités vers la pétrochimie. C’est un projet structurant qui va être bénéfique pour l’Etat, mais aussi nos capitaines d’industrie, parce que cela va augmenter leur compétitivité. Nous ne couvrons que 50% et nous complétons par l’importation. Nous allons satisfaire toute la demande nationale. Il va impacter la politique d’industrialisation du Sénégal comme avec les bases pétrochimiques, de carburant, qui seront des matières premières que les industriels pourront utiliser», se projette le Dg de la Sar.
L’apport de l’Apix
Pour la Sar, qui fait un chiffre d’affaires de plus de 1000 milliards de francs Cfa, ce sera aussi un bond en avant. Même si le projet va nécessiter un financement de 5 milliards de dollars, soit environ 3000 milliards de francs Cfa. «On est en phase d’étude conceptuelle, l’étude de marché. Ce sera un marché très rentable, avec un retour sur investissements très intéressant. En 2025, nous allons approfondir avec l’étude d’avant-projet qui nous permettra d’affiner les données. Il y a énormément d’investisseurs parce que l’environnement des affaires est amélioré. Cela veut dire que l’Apix a fait un travail remarquable. On commence à voir les fruits de leurs actions pour vendre la destination du Sénégal. La Sar a un savoir-faire parce que nous avons l’unique raffinerie, les ressources humaines. Avec l’accompagnement de l’Etat, ce projet ne peut qu’attirer les investisseurs. Nous arriverons à 3000 milliards de chiffre d’affaire contre 1000 milliards de francs Cfa actuellement», ajoute-t-il.
Aujourd’hui, la Sar 2.0 est encore en gestation, avec un site pour abriter ce projet. «Nous avons 5 à 6 options, mais il y a tout un choix de critères qu’il faut considérer pour faire le choix. Cette visite a permis d’établir un premier contact positif avec Apix Sa et d’ouvrir la voie à une collaboration future. Il est prévu très prochainement la mise en place d’un comité conjoint de suivi des recommandations issues de la séance de travail. Nous avons un cœur de métier : c’est le raffinage, c’est ce qu’on connaît. Avec un projet d’une telle dimension, il faut un apport de l’Apix qui a un savoir-faire dans la libération des emprises, la structuration du projet», renchérit M. Diop.
En écho, le Directeur général de l’Apix, Bakary Séga Bathily, insiste : «Nous sommes venus rencontrer la Sar pour voir leur pipeline de projets. Nous intervenons dans la libération des emprises, la structuration des projets et la recherche d’investisseurs. Il n’y a pas plus structurant et plus challenging que ce projet, parce qu’il nous permet de quitter le cap où on était importateur et dépendant du marché extérieur en termes de carburant et de produits dérivés, pour entrer dans l’ère de la souveraineté. Avec Sar 2.0, nous allons passer d’1, 5 million de tonnes de produits de carburant à 5, 5 millions de tonnes pour approvisionner le marché local qui connaît une croissance de 5%. On est aujourd’hui à 3 millions de tonnes de demande nationale et nous travaillons avec les pays limitrophes qui ont une forte demande.»
LE VOCABULAIRE EXPLIQUE À SUFFISANCE LA VIOLENCE
"Attaque", "défense", "combat" : le langage même du sport révèle sa nature violente, analyse le sociologue Baye Ndaraw Diop. Cette violence verbale se traduit de plus en plus par des actes physiques dans les stades
La situation du pays ne laisse pas indifférent. Le sociologue Baye Ndaraw Diop diagnostique la violence dans le milieu sportif. L’ancien coordonnateur du service de l’action éducative en milieu ouvert (Aemo) estime que le langage est «très agressif». Le sociologue préconise des mécanismes pour endiguer le phénomène qui prend de l’ampleur. il a invité les autorités à prendre les dispositions nécessaires pour assainir le milieu.
Le sociologue Baye Ndaraw Diop n’y est pas allé du dos de la cuillère pour parler de la violence en milieu sportif. «Les mots qui sont utilisés dans ce milieu sont les suivants : attaque, défense, tacle, combat, résistance, battre, écraser, chute…sont suffisants pour expliquer le phénomène de la violence.
En revisitant l’histoire de la violence dans le sport, on constate que de l’antiquité aux premiers jeux olympiques, la violence acceptée dans les pratiques et compétitions était supérieure et n’obéissait pas à l’esprit de loyauté. Toutefois, la violence persiste et se présente sous plusieurs formes», se désole Baye Ndaraw Diop pour qui, des violences existent dans la lutte comme dans le football notamment le navétanes. «Elles sont spontanées et sont le fait des supporters. Elles concernent aussi bien le sport professionnel qu'amateur. Ces violences se manifestent sous plusieurs formes et impliquent divers acteurs. Ces violences dans le sport et autour des sports font partie de ces phénomènes qui inquiètent la société en général et plus particulièrement les fédérations sportives, les pouvoirs publics, les sportifs eux-mêmes. Elles paraissent contraire aux valeurs du sport comme le plaisir de jouer, le fair-play, le respect des concurrents, l’antiracisme, même si la rivalité qui peut opposer deux compétiteurs ou deux équipes fait aussi partie du sport», relève le sociologue.
La violence concerne la plupart des activités sportives car elle ne se limite pas à la force qui porte atteinte à l’intégrité physique des personnes, elle revêt des formes, verbales et psychologiques, fait-il constater. «Et en conséquence, la violence n’est pas réservée à certains sports. Elle touche des sports collectifs, des sports de combat et des sports individuels», a-t-il rappelé. Un grand penseur ne disait-il pas que «le sport est le reflet de la société et donc tous les sports sont concernés, professionnels comme amateurs».
« La violence touche des sports collectifs, de combat et individuels »
Les violences concernent aussi bien les relations des sportifs entre eux que les relations des sportifs avec les entraîneurs, les dirigeants et les arbitres, les forces de l’ordre, les comportements des supporters, la presse (on accuse souvent à tort ou à raison certains journalistes d’alimenter et/ou d’entretenir la violence dans le milieu sportif). «Si le football et la lutte sont fortement liés à la violence, on remarque également que d’autres sports (basket, hand-ball etc.) ne sont pas aussi épargnés pour autant. La violence dans le sport est un sujet populaire abondamment traité dans les médias. Cette violence est principalement en lien avec la violence physique subie par les sportifs. La violence psychologique n’est pas autant visible que la violence physique, mais elle reste plus néfaste pour un athlète. Les actes d'agression ne sont pas propres au football», a précisé le sociologue pour qui «des actes de violence entre des joueurs opposés résultent généralement d'une escalade de la rudesse des contacts personnels. Mais le seuil des contacts personnels qui demandent une sanction n'est pas toujours facile à déterminer.
Les officiels (arbitres, juges) sont fréquemment pris à partie par les joueurs, et supporters par des insultes, des bousculades, des agressions violentes dans certains cas. Les situations constatées au cours des récents matches navétanes avec leur cortège de blessés et de morts en sont une parfaite illustration», a encore soutenu M. Diop.
Toutefois, il pense que les autorités sportives (ministère-ORCAV) doivent participer à la conception et à la mise en œuvre de la stratégie nationale de prévention et de lutte contre les violences dans le sport. Leurs missions sont de contribuer à renforcer le dispositif de traitement des signalements dans un cadre interministériel, d'apporter des éclairages pour la mise en œuvre de la stratégie nationale en faveur de la prévention des violences dans toutes les manifestations sportives.
« Une vaste campagne de sensibilisation permanente doit également etre menée a tous les niveaux... »
«De façon concertée, tous les acteurs du monde sportif doivent se réunir, faire un diagnostic approfondi du phénomène et proposer des pistes de solutions appropriées à ce fléau qui ternit l’image du sport et apporte malheur et désolation dans le pays. En plus des sanctions très sévères appliquées avec rigueur et sans discrimination. Une vaste campagne de sensibilisation permanente doit également être menée à tous les niveaux pour améliorer le niveau de conscience et de responsabilité des uns et des autres. Mieux, il faut penser à la fusion des équipes dans les quartiers pour éviter les violences», a préconisé le spécialiste de la protection sociale, estimant que les autorités doivent «prendre les dispositions idoines pendant les manifestations sportives et adopter la tolérance zéro contre tous les contrevenants. Elles ne doivent pas céder aux chantages des dirigeants». Il a salué les dispositions prises par le président de la République lors du conseil des ministres d’hier, interpellant le ministre des Sports, de la Culture et de la Jeunesse. « Il revient aux parents d’assumer leurs responsabilités en tenant un discours responsable à leurs enfants. Des jeunes bien éduqués auront toujours et partout un comportement responsable quel que soient les évènements. On ne manquera pas de conseiller les dirigeants sportifs de veiller à leur formation pour être à la hauteur des défis», a déclaré Baye Ndaraw Diop qui invite les dirigeants du mouvement à assurer des formations pour un changement de comportements.
LA COLÈRE DES BÂTISSEURS SÉNÉGALAIS
Un nouveau bras de fer oppose les syndicats du BTP à la SN HLM autour d'un projet immobilier. Au cœur de la discorde : un accord avec une entreprise française pour la construction de 25 000 logements, jugé contraire aux intérêts nationaux
Les syndicats patronaux du Btp sénégalais affiliés au Cnp et à la CneS (SpebTpS et Sn BTp) sont montés au créneau pour dénoncer l’accord de partenariat entre la Sn HLm et les entreprises françaises sur un projet de construction d'un lot de 25 000 logements. Les syndicats patronaux du Btp relèvent à travers cet acte un paradoxe et une absence de considération pour le secteur privé national.
Un éternel paradoxe! C’est ainsi que les syndicats patronaux du BTP qualifient la décision du directeur général de la SNHLM, Bassirou Kébé qui aurait paraphé un contrat de partenariat avec une société française basé à Montpellier portant sur un projet de 25 000 logements. Dans un communiqué parvenu à «l’As», les syndicats patronaux du BTP sénégalais affiliés au CNP et à la CNES (SPEBTPS et SNBTP) dénoncent la mise à l’écart des sociétés nationales. Alors que les nouvelles autorités optent pour le patriotisme économique.
De plus, ils reprochent à la direction de la SNHLM de vouloir créer une société de droit sénégalais qui serait signataire d’un contrat de type PPP et promettent le transfert de compétences et de technologies ainsi que le recrutement de sénégalais pour l’exécution des travaux. «Nous syndicats patronaux du BTP, déplorons et regrettons l’absence totale de considération pour le secteur privé national dont ferait ainsi montre une société nationale dont la mission première est de construire des logements sociaux en ayant recours à l’expertise nationale. Nous déplorons en outre que la voie détournée envisagée pour maquiller cette entorse à notre souveraineté économique serait d’attribuer ce marché à une entreprise 100% sénégalaise appartenant à 100% à des ressortissants étrangers», fulminent-ils dans leur communiqué.
Non sans fustiger «le peu de considération que la SNHLM aurait alors vis-à-vis des entreprises sénégalaises de promotion immobilière et de construction», dans «un contexte de patriotisme économique maintes fois prôné et rappelé par nos autorités actuelles». Ils estiment que la SNHLM devait réunir les promoteurs sénégalais associés à des promoteurs étrangers afin de réaliser un ambitieux programme de logements pour la Nation. L’expression la plus accomplie du patriotisme et de la souveraineté devant être de faire en sorte que 100% des travaux soient réalisés par des entreprises sénégalaises et le fruit des ventes domiciliés dans des banques sénégalaises. Ils invitent en outre les responsables SNHLM à revoir leur position sur ce dossier et à privilégier, comme le font leurs homologues étrangers, la conclusion d’accords de partenariats de cette nature avec les sociétés sénégalaises d’immobilier et de construction dont l’excellente réputation n’est plus à prouver au Sénégal tout comme à l’étranger.