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24 avril 2025
CES ENTRAVES AUX LÉGISLATIVES
A quarante heures du scrutin pour les élections législatives prévues le 31 juillet prochain, l’abstention, l’hivernage, les listes sans titulaires et/ou suppléants, constituent des obstacles majeurs se dressant devant cette course à la députation
A quarante heures du scrutin pour les élections législatives prévues le 31 juillet prochain, deux obstacles majeurs se dressent devant cette course à la députation. Il s’agit d’un risque de faible taux de participation devant altérer la légitimité des représentants du peuple. Sur le plan organisationnel aussi, la pluie risquerait de perturber le scrutin dans plusieurs localités déjà envahies par les eaux. Sans occulter, l’absence de candidats titulaires et de suppléants sur deux listes nationales Yewwi et Benno
Les Sénégalais sont appelés aux urnes ce dimanche 31 juillet 2022 pour élire leurs représentants à l’Assemblée nationale. Cependant, ces élections législatives restent particulières. Elles se dérouleront, en effet, sans les suppléants de la liste nationale de la coalition du parti au pouvoir «Benno Bokk Yaakaar» et sans les candidats titulaires de la liste nationale de la coalition de l’opposition «Yewwi Askan Wi». Ce qui laisse craindre un fort taux d’abstention au scrutin si d’un côté les suppléants appelleraient à un vote sanction et de l’autre côté, ils montrent leur désintérêt à se déplacer aux urnes si l’on sait que plusieurs figures de l’opposition comme Ousmane Sonko sont écartés des échéances.
En effet, la problématique du faible taux de participation est quasi-récurrente dans le pays pour la majorité des élections, en dehors de la présidentielle, pour laquelle la mobilisation électorale est souvent très forte.
Le taux de participation à l’élection présidentielle de 2019, par exemple était de 66,27% alors qu’en 2017, le taux de participation aux élections législatives officiellement annoncé était de près de 54%. Si donc le taux de participation aux législatives est bas, le Parlement serait-il vraiment représentatif des sénégalais ? Le cas échéant, la question de la légitimité des députés se poserait avec acuité. Ce qui constituerait un véritable écueil pour la quatorzième législature.
L’autre obstacle qui pèse sur les élections législatives, c’est la saison des pluies qui cause toujours d’énormes désagréments dans la capitale sénégalaise. La campagne électorale se déroule en plein hivernage. Le weekend dernier par exemple, les pluies incessantes avaient dicté leur loi dans la capitale et sa banlieue. Entre rues et routes inondées et transformées par endroits en bassins de rétention, le spectacle était désolant et le calvaire des populations et usagers énorme. Les responsables politiques ont été même contraints de reporter certaines activités de leur campagne. Quid donc scrutin législatif en cas de pluie ? Est-ce que des mesures sont prises pour une bonne organisation des élections quand on sait qu’il y a certaines écoles qui sont parfois inondées sans oublier les tentes à Touba ?
Sinon, le taux de participation à ces élections législatives risque encore d’être affecté. Au-delà de ça aussi, il faut noter que les agriculteurs du monde rural sont plus préoccupés par la campagne agricole en période hivernal.
A toutes inquiétudes vient s’ajouter l’incongruité des listes sans suppléants de Benno et sans titulaires de Yewwi. A moins que ces élections soient sauvées par le caractère référendaire que les acteurs lui semblent donner dans la campagne. Parce qu’après tout ces Législatives ont une allure d’une présidentielle anticipée.
KEEMTAAN GI - FAITES VOS JEUX…
Ces messieurs et dames sont friqués. Ils puent l’argent, on vous dit. A voir le train qu’ils mènent, ils sont le pognon. Dans les quartiers chics comme dans les pauvres hameaux à l’intérieur du pays, ils font étalage de leur opulence, tirant la langue à des miséreux à qui ils jettent avec le sourire racoleur des miettes de leur fortune douteuse. Alors que les uns peinent à voir un billet de 10.000 francs, eux comptent leurs milliards. Et on ne parle pas seulement de ceux de la Farba-Bank ! Vous en doutez ? Zappez toutes les chaines de télévisions et braquez vos yeux sur celle du ministre conseiller. Il n’est pas de ces patrons qui dorment mal pour cause de migraines et taraudés par les salaires de fin du mois, lui. Sa télé n’est pas celle qui est au sommet, mais c’est chez lui que se bousculent tous ces messieurs de la politique de la coalition présidentielle. Vous y avez vu hier Mame Mbaye Niang ? Bien entendu, le CNRA de Bab’s Diagne s’est bandé les yeux. Il faut payer pour faire passer sa parole à travers des émissions sponsorisées dites de campagne mais dédiées à la coalition du Chef dans lesquelles des messieurs et dames vendent du vent aux électeurs. On y vante les réalisations du Chef, y procède à des poses de premières pierres, se fait généreux par des dons à des maternités, sponsorise des équipes de foot ou des mosquées. Les acteurs de cette belle comédie jouent leur vie. C’est la pérennité de leur jouissance des biens de l’Etat qui est en jeu. Tous, ministres, directeurs d’établissements publics, administrateurs d’agences dont certaines n’ont aucune utilité. Tous ces gens à la tête de l’appareil d’Etat sont en meetings, hors de leurs bureaux qu’ils ont désertés bien avant le coup d’envoi de la campagne électorale. Pour une campagne déjà inégale, faut-il encore qu’ils procèdent à toute cette débauche financière ? L’enjeu est de taille face à ces vagues déferlantes au profit d’un candidat qui pourrait mettre fin à tous leurs privilèges. La consultation de ce dimanche aura comme arbitre la jeunesse ou les primo-votants. Sa particularité est également qu’elle se déroule un mois de juillet avec le retour d’élèves et étudiants à leurs terroirs. Faites vos jeux… KACCOOR BI (LE TEMOIN)
FORCE… ANTI-PUTSCH
Ne riez surtout pas de cette trouvaille loufoque du président bissau-guinéen Umaru Sissoko Emballo ! Le brave homme, qui se présente lui-même comme ayant été un général dans l’armée de son pays, vient de déclarer que les chefs d’Etat de la sous-région vont mettre sur pied une force (militaire bien sûr) anti-putsch ! Dont le but serait, bien sûr, d’intervenir pour faire échouer les coups d’Etat qui pourraient être effectués de ce côté-ci du continent. Bien évidemment, le brave Mballo n’a pas expliqué si cette force interviendrait avant la perpétration des coups d’Etat afin de les tuer dans l’œuf — dans ce cas, cela supposerait, bien sûr, que les conjurés l’informent de leurs projets ! — ou si c’est après la perpétration du putsch qu’elle se projetterait dans le pays concerné pour chasser les militaires félons et réinstaller au pouvoir le chef d’Etat démocratiquement élu mais renversé. On voit d’ici des troupes sénégalaises, ivoiriennes, bissau-guinéennes et autres sauter sur Bamako, Conakry, Ouagadougou et autres capitales pour aller mater des militaires comme eux qui auraient eu la mauvaise idée de prendre le pouvoir chez eux ! Car tous les pays ne sont pas comme la petite Gambie où les troupes sénégalaises étaient intervenues en 1981 pour chasser les rebelles de Kukoï Samba Sanyang et réinstaller le président Dawda Kaïraba Jawara au pouvoir… Et puis, en matière de forces multinationales africaines, on attend toujours l’opérationnalisation de la Force africaine en attente ou de celle du G5 Sahel !
100 000 LOGEMENTS MACKY SALL REMET LES CLEFS AUX PREMIERS BÉNÉFICIAIRES DE LA DIASPORA
Des Sénégalais de la diaspora ont reçu ce jeudi 28 juillet 2022 des mains du Chef de l’Etat Macky Sall, les clés de leur premier logement. Des habitats situés à Bambilor, dans le département de Rufisque. Les Sénégalais de quatre pays ont bénéficié de cette première phase. Il s’agit de ceux de la France, de la Côte d’Ivoire, du Burkina Faso et de la Thaïlande. Dans le cadre du programme des 100.000 logements, un quota de 20 % est alloué à la diaspora. Le coût de chaque maison est de 12 millions de francs CFA avec un système de crédit longue durée pour faciliter l’accès aux logements à la diaspora sénégalaise. Dans le cadre du programme 100 000 logements, une convention-cadre avait été signée en août 2021 entre le ministère des Affaires étrangères et des Sénégalais de l’Extérieur et la Société d’aménagement et de gestion (SAGE) pour faciliter l’accès de la diaspora au logement. Une convention-cadre de partenariat visant à promouvoir l’accès au logement des Sénégalais de la diaspora. « Offrir des logements décents et accessibles par la construction de 100 000 logements sociaux sur 5 ans constitue plus que jamais un programme de haute priorité dans le cadre de ma politique d’inclusion sociale et d’équité territoriale » a dit le président Macky Sall qui présidait la cérémonie à la Salle des Banquets de son Palais.
RETOUR DE ME WADE INTOX OU VÉRITÉ ?
Un retour au Sénégal du Pape du Sopi, Me Abdoulaye Wade, est annoncé ce samedi. L’ « information » a circulé sur les réseaux sociaux mais elle n’a pas été confirmée par la direction du Parti démocratique sénégalais. Nos tentatives d’en savoir un peu plus n’ont pas abouti. Intox ou vérité. Ce qui est sûr, un Me Wade à Dakar pour voter ce dimanche pourrait donner un autre coup sucré-salé à l’événement de dimanche. Surtout malgré son âge, il a été investi tête de liste de la Grande coalition Wallu.
LA PLUIE ET LES PRIMO VOTANTS DEUX ÉQUATIONS POUR LA MAJORITÉ
Deux éléments pourraient être déterminants pour le vote d’après-demain dimanche. Le premier relève du divin puisqu’il s’agit de la pluie. Si nos aïeuls ne pouvaient guère prévoir la pluie parce que la météo n’était pas si développée à cette époque — mais attention, nous avions nos pangols et nos saltigués ! —, grâce aux techniques modernes de prévision, l’on est en mesure de savoir si le 31 juillet va pleuvoir ou non. Du reste, il faut remonter dans la nuit des temps pour voir un scrutin se tenir au Sénégal pendant l’hivernage. Celui de dimanche fera donc date. Une exception rare. Alors si le ministre de l’Intérieur était en tournée dans certaines zones comme Thiès, Sindian et Touba où il a annoncé des tentes qui pourraient résister aux vents et à la pluie, il faudrait que l’Etat prenne toutes les dispositions en rapport avec la météo pour que la pluie, si elle tombe ce 31 juillet, ne soit pas un facteur de blocage provoquant surtout une abstention. En tout cas, aucun prétexte ne saurait être accepté si la pluie provoquait des dégâts importants jusqu’à remettre en cause l’engouement populaire pour le scrutin. L’autre menace pour la majorité, c’est l’avènement des primo votants. Ces jeunes qui vont voter pour la 1ère fois sont une réelle menace pour le pouvoir. D’ailleurs, au cours du processus électoral, l’opposition a dénoncé les nombreux obstacles qui auraient été dressés par le pouvoir pour empêcher ces primo-votants d’obtenir leur CNI (cartes nationales d’identité) en vue de s’inscrire sur les listes électorales. En tout cas que ce soit la pluie ou les primo votants, la majorité doit faire attention.
TOUBA L’ACHAT DE CONSCIENCES MARCHE, LA CNI «ACHETÉE» À 50.000 FRS
A Touba, la coalition présidentielle cherche à tout prix à renverser la tendance. Certes, même s’ils savent que les jeux sont déjà faits en, faveur de l’opposition, les partisans du président Macky Sall cherchent à limiter les dégâts. Des sources nichées dans la capitale du mouridisme soutiennent que la coalition présidentielle a commencé à dérouler une stratégie d’achat de consciences. En quoi faisant ? Eh bien des responsables politiques du pouvoir « achèteraient » à 50.000 frs pièce des cartes nationales d’identité qu’ils garderaient jusqu’à lundi avant de les restituer à leurs propriétaires. Cette stratégie ferait fureur puisque des électeurs se bousculeraient auprès des « acheteurs » pour pouvoir obtenir 50.000 frs en ces temps de crise. Au moins ces responsables politiques qui pensent que ces électeurs ne voteront pas pour eux auront aussi la certitude que ces derniers ne le feront pas aussi pour l’opposition. En effet, pour pouvoir voter, il faut la présentation des cartes d’électeur et nationale.
TOUBA TROIS RESPONSABLES POLITIQUES DE YEWWI EN PRISON
Restons toujours dans la capitale du mouridisme pour dire que trois responsables politiques de Yewwi Askanwi pourraient ne pas voter ce dimanche. Moustapha Diouf Lambaye, Tapha junior (qui n’est autre que le rejeton de Moustapha Cissé Lô) et Cheikh Seck ont été arrêtés hier par la police de Janatou suite à une plainte de Khadim Mbacké, un responsable de l’APR. On leur reproche d’avoir fait un tir en l’air de sommation ce mercredi. Nos sources n’ont pas été assez claires dans la relation de l’incident ayant poussé Moustapha Diouf Lambaye à faire un tir de sommation. Mais cela s’est passé dans un attroupement entre les deux camps, celui de la majorité et celui de l’opposition. Un attroupement qui avait provoqué une montée de la tension. Toujours est-il que Moustapha Diouf Lambaye et ses deux acolytes ont passé la journée hier dans les locaux de la police de Janatou. Ils ont finalement été placés en position de garde-à-vue. On espère qu’il ne leur viendra pas l’idée de se « suicider » comme le pauvre François Mancabou !
APPEL POUR L’ACTUALISATION ET L’APPLICATION EFFECTIVE DES CONCLUSIONS DES ASSISES NATIONALES
EXCLUSIF SENEPLUS - Les deux prochains scrutins sont des tournants décisifs. La refondation de nos institutions ne peut être le fait d’un président non-intéressé à réduire son immense pouvoir, surtout en cas de collusion avec l'étranger
Le Sénégal va au-devant d’élections législatives qui pourraient, cette fois plus que jamais auparavant, conduire à une cohabitation parlementaire entre l’actuelle majorité représentée par la coalition Bennoo Bokk Yaakaar et l’opposition dans sa diversité.
Macky Sall, stratège du reniement des engagements pris
Des manœuvres pour consolider, à tout prix, une nouvelle majorité
Une fois élu le 25 mars 2012, le nouveau président s’est d’abord préoccupé de consolider son pouvoir personnel. Au sein des différentes composantes des forces politiques, tous les esprits s’étaient tournés vers les élections législatives du 1er juillet 2012. Le président Sall, confortablement élu avec 65% des suffrages au 2ième tour, ne perdait pas de vue que sa coalition originelle (Macky 2012), n’avait obtenu qu’un quart des suffrages exprimés (26,58%) au premier tour. Cela l’amènera à user de tous les stratagèmes pour enrôler la quasi-totalité des partis de la nouvelle Coalition Bennoo Bokk Yaakaar (BBY) dans une même liste en vue de se constituer une majorité parlementaire lui permettant de gouverner, en laissant en rade la question cruciale du programme commun, sinon de transition, tout au moins de législature.
Mise sur pied de la C.N.R.I
Néanmoins, tout ne semblait pas encore définitivement compromis, car M. Macky Sall fit part de son intention, lors de la Journée des Institutions, le 14 septembre 2012, de mettre en place une Commission Nationale de Réforme des Institutions (CNRI).
La remise du rapport de la CNRI au Président de la République intervint le 13 février 2014, avec des propositions pour remédier aux dysfonctionnements institutionnels, mis en évidence par les Assises Nationales.
Il s’agissait, en premier lieu, de renforcer les pouvoirs de l’Assemblée nationale, de faire de la Justice un rempart solide de la démocratie, d’amener le président de la République à rester équidistant des joutes politiques partisanes et enfin de conférer au Premier ministre adossé à une solide majorité parlementaire, la capacité de déterminer et de conduire une politique dont il serait entièrement responsable.
Reniement de l’héritage des Assises
Malheureusement, c’est au moment où le processus de refondation institutionnelle et l’application des recommandations de la C.N.R.I devaient entrer dans une phase active, que le président et les militants de son parti, l’Alliance pour la République, adoptèrent une nouvelle attitude vis-à-vis des réformes institutionnelles.
L’histoire pardonnera difficilement à nombre de ténors de la coalition BBY d’être restés passifs devant cette trahison des idéaux des Assises nationales, qu’ils avaient initiées. D’autres comme le président Macky Sall sont tout aussi inexcusables, car bien qu’ayant observé, au début, un certain recul vis-à-vis des réformes proposées, avaient fini par les avaliser sur le tard, en signant la Charte de gouvernance démocratique des Assises nationales.
Rejet d’une nouvelle Constitution
Le chef de l’État et son conseiller juridique préféraient s’inscrire dans la perspective "d’apporter à notre Constitution les changements consensuels appropriés sans provoquer de rupture normative dans la nature même de notre régime politique", allant ainsi à contre-courant des forces politiques, qui préconisent l’application intégrale de l’avant-projet de Constitution proposé par la CNRI.
De fait, un peu moins de deux ans plus tard, lors de son adresse à la Nation du 31 décembre 2015, il allait substituer à la nouvelle constitution en gestation, un projet édulcoré et disparate de réformes constitutionnelles.
L’adresse présidentielle du 16 février 2016, va acter la volte-face présidentielle sur la réduction de son mandat, sur la base d’un avis truqué du conseil constitutionnel et fixer la date du référendum au 20 mars 2016.
Le tournant du référendum de 2016
Ce « référendum » semble bien être le moment décisif, au cours duquel le régime de Macky Sall va se débarrasser du fardeau des Assises nationales, prônant non seulement un approfondissement de la démocratie, mais aussi une gouvernance véritablement sobre et vertueuse, sans oublier la consolidation de notre souveraineté nationale.
De fait, la dynamique des Assises avec une réelle séparation des pouvoirs ne lui laissait pas les coudées franches pour garantir l’impunité à ses amis politiques impliqués dans divers délits et malversations révélés par des scandales à répétition, et s’assurer de la mainmise de son clan sur les nouvelles ressources pétrolières et gazières.
Seul le blocage des réformes inscrites dans l’Avant-projet de Constitution pouvait permettre au président Sall de se livrer à diverses forfaitures (arrestation et exil forcé d’opposants, vote de lois scélérates comme celle sur le parrainage, mise sous le coude de dossiers compromettants pour son entourage, surtout l’affaire Petrotim, etc.).
Le nouveau référendum du président Macky Sall, organisé en l’espace d’un mois, avec une courte semaine de campagne, visait à masquer le reniement présidentiel sur ses engagements antérieurs et à empêcher le peuple de saisir les enjeux de la refondation institutionnelle. Nous nous limiterons ici à ceux qui nous paraissent les plus importants.
Ainsi, les pouvoirs du président de la République sont restés intacts. Les mécanismes de renforcement des pouvoirs de l’Assemblée Nationale ont été occultés. Par exemple, rien n’a été dit sur le mode de scrutin majoritaire à un tour avec prédominance de la liste majoritaire (raw gçddu). Comment une telle Assemblée nationale peut-elle objectivement contrôler l’action d’un gouvernement mis en place pour appliquer la politique définie par le chef de l’État, auquel l’écrasante majorité des députés doivent leur élection ou plutôt leur nomination ?
En lieu et place d’un élargissement du Conseil constitutionnel à deux autres membres choisis par le président de l’Assemblée, la CNRI avait proposé le remplacement du Conseil constitutionnel par une Cour constitutionnelle ainsi composée : trois magistrats désignés par le président ; un professeur titulaire de droit (choisi par le Président de l’Assemblée nationale sur une liste proposée par les différentes universités du pays); un avocat désigné par le bureau du Conseil de l’Ordre des Avocats ; un membre choisi par le Premier ministre et une personnalité choisie par le président de l’Assemblée nationale au sein des associations des droits de l’Homme et de promotion de la Démocratie.
Pour garantir une réelle indépendance du pouvoir judiciaire vis-à-vis de l’Exécutif, la CNRI avait également proposé que le président de la Cour constitutionnelle soit élu par ses pairs parmi les magistrats pour une durée de trois (3) ans, renouvelables une seule fois.
La cohabitation, une opportunité pour de réelles concertations sur la voie tracée par les assises nationales
Vingt-deux ans après la première alternance démocratique de 2000, il apparaît clairement que la refondation de nos institutions ne peut être le fait d’un président déjà élu et laissé à lui-même, qui n’a donc aucun intérêt à réduire son immense pouvoir, surtout en cas de collusion avec des puissances étrangères.
C’est pourquoi, la cohabitation parlementaire, qui se profile à l’horizon, peut constituer, non une fin en soi mais un moyen, une opportunité pour des concertations nationales élargies à des milieux extra-parlementaires pour une véritable refondation institutionnelle, l’approfondissement de la démocratie et le renforcement de notre souveraineté nationale.
Orientations stratégiques pour la refondation de la société et de l’État sur la voie tracée par les assises nationales
Il s’agit des orientations stratégiques préconisées par les différents acteurs de la vie nationale, des experts, des intellectuels comme des couches populaires pour refonder notre République ; une République qui traduise les profondes aspirations de millions de Sénégalais pour un mieux vivre.
Un mieux vivre et un mieux-être, économique, politique, social, culturel, moral, durable pour les générations présentes et celles à venir.
Gouvernance politique et institutionnelle
Il est question de refonder les institutions dans le sens de la préservation, de l’élargissement et de la consolidation des acquis démocratiques et de l’État de droit, tout en donnant une place centrale à la citoyenneté active et à l’éthique de responsabilité, à travers une gouvernance locale effective et efficiente.
Le respect et la promotion des libertés individuelles et collectives passera par l’adoption d’une charte des libertés, de la démocratie et de la bonne gouvernance ayant valeur constitutionnelle et ne pouvant être révisée que par voie référendaire.
Le nouveau système garantira la neutralité de l’administration et de ses agents dont le recrutement, la carrière et la rémunération obéiront aux principes de transparence, d’équité et de compétence.
Pour asseoir un système électoral fiable, transparent et incontestable, il sera créé un organe indépendant ayant les prérogatives et les moyens voulus, pour conduire le processus électoral du début à la fin.
Pour garantir la pluralité de l’information, il faudra œuvrer pour une plus grande professionnalisation des médias, leur viabilité économique et leur autonomie financière, afin qu’ils puissent jouer pleinement et en toute responsabilité leur rôle dans la consolidation démocratique de la société et des institutions.
En matière de gouvernance locale, il sera défini un nouveau cadre pour une politique de développement durable et une gouvernance de proximité, afin de mieux répondre aux exigences d’équité territoriale et de prise en charge efficace des besoins des populations dans le cadre de pôles de développement cohérents et viables.
Gouvernance économique et financière
Il s’agit de passer radicalement du modèle économique actuel, qui maintient le Sénégal dans le statut de débouché des surproductions agricoles et des produits manufacturés de mauvaise qualité des pays développés dominateurs à un système productif organique, doté de mécanismes de coordination et d’objectifs tournés vers l’élévation du niveau de vie des populations.
Redéfinir un positionnement agricole et industriel qui rompe la dépendance vis-à-vis de l’UE, des pays développés ou émergents et qui assure le passage d’un statut d’assisté à celui de partenaire égal.
Gouvernance sociale
Dans le domaine social et des valeurs, une bonne gouvernance exige des hommes et des femmes de qualité, imbus de valeurs morales, ayant le sens de l’Etat, de la justice et de l’équité. Elle exige des citoyens une prise de conscience du fait qu’ils ont certes des droits mais également des devoirs envers leur pays et interpelle la société civile citoyenne (charte de gouvernance démocratique des Assises), afin de prétendre à un développement dans les domaines moral, spirituel, culturel, matériel et civique, dans un environnement sain, avec un accent particulier sur les droits de la famille, des femmes, des enfants, des personnes âgées et des personnes en situation de handicap, et garantissant à tous les citoyens l’accès à une nourriture saine, à la santé, à l’éducation, à la formation, à la terre, à la sécurité sociale, au logement, à la pratique des sports, sans oublier la promotion des cultures et langues africaines…
Gouvernance de la politique africaine, des relations extérieures et de la sécurité
Il s’agira de se doter de politiques dynamiques, réalistes et cohérentes, efficientes et offensives au plan économique et qui soient au service de la souveraineté, de la dignité nationale et africaine, c’est-à-dire du bien-être des citoyens résidents ou émigrés.
Politique intérieure et politique extérieure sont les deux facettes d’une seule et même ligne politique. Ainsi, à la lumière de l’expérience historique récente accumulée par l’ensemble des peuples africains depuis les fausses indépendances de la deuxième moitié du 20ème siècle et surtout depuis l’entrée dans un troisième millénaire marqué par une tentative de fragmentation et de recolonisation armées de notre continent, il apparaît à la fois nécessaire et urgent de reconsidérer notre politique africaine comme une affaire intérieure dont la sécurité multidimensionnelle relève donc exclusivement de notre souveraineté collective. Aucun peuple africain ne saurait déléguer sa souveraineté à une puissance étrangère, c’est-à-dire extérieure à l’Afrique, quelle qu’elle soit et dans aucun domaine, y compris le traitement réservé à notre diaspora d’Orient et d’Occident, dont le sort est étroitement lié au statut diplomatique de la mère-patrie.
Les législatives de 2022 et la présidentielle de 2024 doivent être saisies par l’ensemble de nos compatriotes comme autant d’opportunités pour un tournant décisif et un changement de cap véritable, seuls susceptibles de permettre à notre pays et à notre continent de donner le signal fort d’un nouveau départ pour la construction d’une République réelle, démocratique et sociale, dans la souveraineté, la dignité, la paix, la stabilité et le bien-être partagé. C’est pourquoi nous lançons à tous et à toutes le présent Appel afin de créer ensemble les conditions en vue de l’actualisation et de la mise en œuvre des Conclusions des Assises Nationales en tant qu’expression vivante du dialogue national constructif, pour une renaissance africaine authentique. Au-delà des législatives prochaines et quels qu’en soient les résultats au demeurant, le présent Appel se veut être un point de départ d’une initiative durable, large, ouverte et inclusive, destinée à être partagée, prise en charge et conduite avec esprit de suite par l’ensemble des forces vives intéressées.
Les signataires :
(Personnalités et organisations) :
Dr Mohamed Lamine LY
Madieye MBODJ /Yoonu Askan Wi
Dialo DIOP /ancien SG-RND
Maktar DIOUF / Economiste
Mamadou NDOYE/ ancien SG-LD
Cheikh Tidiane NIANG / Chef d’entreprise / Miami /USA
Thierno DIOP / Enseignant chercheur
Demba Moussa DEMBELE / Economiste
Dr Félix ATCHADE / Médecin spécialiste santé publique/ France
Boubacar Boris DIOP / Ecrivain
Khadim NDIAYE / Chercheur en Histoire /Laval /Canada
Yahya THIOUB / ancien SGA-RND
Bachir DIOP / Agronome
Ismaïla FALL / Chimiste / Espagne
Mame Binta Ndiaye MBODJ
Alymana BATHILY / Sociologue
Mamadou WANE dit Mao / Sociologue
Aziz Salmon FALL / Politologue
Fatou BA / Assureur
Maria Fernanda RAMOS D’ALMEIDA / Enseignante
Mame Binta NDIAYE / Conseillère en travail social
par Youssoupha Mbargane Guissé
CONJURER LA VIOLENCE POLITIQUE ET SOCIALE AU SÉNÉGAL
EXCLUSIF SENEPLUS – La démocratie politique se révèle encore formelle et le système électoral, un mécanisme maquillé, assurant la légalité du maintien de la domination politique du groupe dirigeant et cela, depuis Senghor (Partie 2/2)
L’escalade de la violence a atteint un niveau critique avec l’apparition dangereuse et regrettable de nervis aux côtés des forces de l’ordre et dans les convois du président de la République lors de sa dernière tournée économique, précédant les élections locales. En signe de riposte, se développe un esprit de défense civile contre-offensive, Kuma xoos, ma xuri là, signifiant œil pour œil, dent pour dent. Cette tendance nouvelle semble fonder sa légitimité sur le droit de résistance et le devoir de protéger au prix de sa vie, les valeurs civiques de gouvernance démocratique et de transparence, bafouées par le pouvoir étatique et ses institutions. Ce stade d’héroïsme et de sacrifice suprême atteint par la jeunesse n’est pas nouveau. Dans les années 2010-2012, le mouvement Y’a en Marre et d’autres groupes étaient arrivés à ce point de radicalisation. Un langage nouveau de valorisation du sacrifice suprême projetait le modèle du martyr-héros. « Vivre coûte beaucoup, mourir également. Faire front exige dignité », « Das fananal » (bien aiguiser son couteau la veille ! »), « fanane das ndax rendi day bette » (Aiguiser son couteau durant la nuit et être fin prêt au matin contre l’ennemi), « Mon pays, ma patrie ! » « Tey la Ndeer gënë ay » (Prêt pour le sacrifice suprême de Ndeer).[1] Le phénomène a probablement aujourd’hui gagné en intensité, si on analyse attentivement le déroulement séquentiel des évènements, les comportements et les discours des jeunes devenus plus nombreux. Devant la fermeture systématique des frontières de l’Europe et les actions énergiques de démantèlement des circuits de la migration clandestine, les jeunes obligés de rester surplace, semblent n’avoir d’autre alternative que de faire face frontalement à l’État qu’ils jugent complice des décisions des Autorités de l’Union européenne. Selon eux, l’État, incarnation de la société politique adulte, a failli ainsi à sa mission de les impliquer eux aussi dans le développement du pays et la jouissance des richesses produites.
Contestations et violences électorales
La démocratie politique se révèle encore formelle et le système électoral, un mécanisme maquillé, assurant la légalité du maintien de la domination politique du groupe dirigeant et cela, depuis le Président Senghor. Les percées et les victoires en termes de garantie des libertés sont toujours restées précaires et les acquis démocratiques réversibles, même si la liberté d’expression et de créer un parti politique s’exercent effectivement et ont favorisé l’accouchement difficile des deux alternances de régimes. Cependant la même logique qui habite les dirigeants politiques actuels comme les précédents de garder le pouvoir explique leur résistance à la limitation du mandat présidentiel. Le tripatouillage de la Constitution, le système de parrainage, l’organisation défectueuse des élections et d’autres procédés administratifs de blocage connus, ont pour seul objectif la conservation du pouvoir. C’est ainsi que la logique de maintien de la domination et d’accaparement des ressources pousse les dirigeants de tous les régimes successifs au Sénégal, à chercher l’élimination des opposants politiques en les accusant de faits graves, les arrêtant, leur collant un procès dont l’issue est l’emprisonnement pour les écarter du champ démocratique de la compétition politique. Ces mêmes manipulations pour éliminer l’adversaire ne sont d’ailleurs pas absentes au sein du groupe dirigeant, entre frères du même parti, au sein des alliés. Mais elles ne réussissent pas toujours du fait de la « ruse de l’histoire » ou du destin tracé, certaines victimes refaisant surface avec un plus fort potentiel politique.
L’arène des combats
Le champ politique est normalement réglementé par la compétition électorale, un jeu certes d’adversité, mais encadré par la civilité et l’élégance républicaine. Cependant, il s’est transformé en une arène de combat sans merci. En cette nouvelle époque de la mondialisation capitaliste néolibérale, la puissance de l’argent s’est décuplée et les enjeux de pouvoir liés aux puissants réseaux d’alliances capitaliste et compradore, sont devenus énormes. La centralité du politique au Sénégal fait de l’État la source principale d’enrichissement des clientèles de toute nature et de tout bord. Le pouvoir politique avec les avantages et privilèges multiples qu’il offre, est désormais au centre de farouches luttes de positionnement et de suprématie d’intérêts d’individus, de groupes et de réseaux multiples, cela d’autant que le Dieu-argent est désormais le maître incontestable du jeu. En cette période électorale, la tension cumulative monte, les rivalités extrêmes gonflent la subjectivité des acteurs, embrouillent toute lucidité dans les approches et méthodes, créent des illusions optiques dans l’identification des cibles adverses et poussent à des formes inédites de radicalisation et de conflictualité. Toute cette confusion de haine sourde et de rivalités ouvertes peut bien entendu faire glisser, sans qu’on n’y prenne garde, à la criminalisation du politique.
Éliminer l’adversaire
Dans ce contexte trouble, il est classique d’utiliser « la méthode par l’émotion » qui est d’inspirer à la population la frayeur d’une catastrophe imminente dont seraient responsables les opposants ou son propre adversaire de parti ou de coalition partisane. On insinue ou « fabrique » son implication, soit dans un scandale de mœurs, soit dans un crime de sang, soit dans un acte de rébellion ou de trahison nationale. Dans le cas le plus classique, l’opposant ou le sérieux rival politique est accusé de complot d’attenter à la sûreté de l’État. Senghor avait agi ainsi pour liquider Mamadou Dia et taxait en son temps ses opposants, pourtant personnalités de haut rang et dignes fils du pays, d’«éléments téléguidés de l’extérieur ». Il n’y a pratiquement pas d’opposant sérieux à son régime qu’il n’ait pas mis en prison pour des accusations pareilles. Nombreux parmi eux ont été arrêtés et torturés dans les lieux de détention. Diouf lui, avait collé à son opposant irréductible Abdoulaye Wade qu’il a aussi mis en prison, le recrutement de soi-disant terroristes libyens pour déstabiliser le pays. Ces derniers seraient « arrêtés », juste à leur descente d’avion à l’aéroport de Dakar. L’assassinat de maître Babacar Sèye, Vice-Président du Conseil constitutionnel le 15 mai 1993, au lendemain de la proclamation des résultats officiels des élections législatives, est un épisode dramatique de cette violence extrême. Les évènements actuels dans un climat politique passionné ont conduit à plusieurs tués dans les manifestations et récemment à une mort d’homme, pourtant en garde à vue en prison.
Un seigneur parmi les seigneurs
L’actuel présidentialisme hérité de Senghor faisant du président de la République un tout puissant Monarque, un seigneur parmi les seigneurs, doit être définitivement aboli dans une prochaine refondation de l’État et des Institutions du pays. Un tel acte salutaire bénéficierait déjà des acquis considérables des Assises nationales et des recommandations de la Commission nationale de réforme des institutions. Comme le dit si bien Boubacar Boris Diop, dans une de ses récentes contributions, «il faut radicalement remettre en question le pouvoir absolu du président de la République, qui est pratiquement à l’origine de toutes les dérives constatées depuis tant de décennies ». Il est à présent clair que la source principale de l’histoire politique convulsive de notre pays, est ce mal qui le ronge, le présidentialisme du seigneur à qui la République garantit la toute-puissance personnelle de contrôle sur l’État et les institutions et fait de lui l’absolu souverain auquel le peuple est soumis. C’est cette plaie qui fait que la République n’est que celle des héritiers, des appartenances et des courtisans. Il y a donc un problème général de cohérence, de modèle et d’identité qui touche à la légitimité de la gouvernance politique du pays. C’est pourquoi notre conviction est que, quel que soit le parti qui gagne ou le président élu, le risque est certain de sombrer dans les mêmes travers clientéliste et répressif, si demeure la même structure politico économique d’essence coloniale autour de laquelle gravite tout le Sénégal.
Le modèle de l’administration en cause
L’hégémonie du système général d’État et de gouvernance institutionnelle qui organise la vie du pays suscite naturellement un malaise social diffus, permanent au sein des populations à l’endroit de l’administration et des services publics, de même les frustrations de la jeunesse et des entrepreneurs nationaux à l’égard de l’État. En plus des obstacles de la langue française officielle qu’elles ne maîtrisent pas, les populations se trouvent fragilisées, ne disposant pas d’éléments de médiation qui leur facilitent l’expression des demandes, les accès et les solutions à leurs problèmes. Cela entraîne à leur niveau un esprit de dépendance subie et de fatalité face à un système modernisateur étranger, tout puissant. Tout ceci plombe de fait la respiration naturelle de la société et creuse le décalage entre l’État, les populations et les citoyens. La question de la refonte de l’administration, de l’éducation dans les langues du peuple, leur opérationnalité dans la vie publique est essentielle. Elle est la substance du renouveau. Mais tout ceci doit être précédé de l’acte d’abolition du présidentialisme de seigneur, de la République du monarque devenue une entrave au progrès général de la société. Cela nous paraît la condition nécessaire pour pacifier enfin l’espace politique et réconcilier l’État et la société. Il nous est donné à tous la responsabilité de régénérer la vie sociale et morale en conjurant la violence domestique, les manipulations honteuses et les crimes odieux qui font le quotidien du pays.
Le chemin de la paix
Au-delà de toutes les péripéties, des violences de langages, des mises en scène, des dramatisations orchestrées et de la théâtralisation caractéristique de l’espace politique actuel, la solution de paix et de réconciliation nationale existe, elle est simple, incontournable. Il s’agit présentement de retrouver la sérénité des esprits, de mettre balle à terre et de jouer franc jeu. Il faut le respect la Constitution par l’organisation des élections inclusives, libres et transparentes et surtout, abandonner l’idée en l’air dangereuse et crisogène d’un troisième mandat, comme l’a si bien dit le Professeur Ibrahima Fall dans une contribution lumineuse récente, à l’instar d’autres voix sages et savantes de notre pays. Il ne serait pas raisonnable en effet de tenter le diable en mettant sur la même balance, d’un côté le Sénégal en tant que pays, État et Nation et de l’autre, les desiderata d’une volonté individuelle de candidature présidentielle, fut-elle… par attachement particulier aux servitudes liées à cette haute fonction.
La refondation de l’État et des institutions
La tâche primordiale qui attend est celle de la refondation de l’État. Les populations sénégalaises et d’ailleurs en Afrique ne se reconnaissent pas en toute vérité dans ces institutions politiques et administratives occidentales étrangères, plaquées et pesantes sur nos sociétés et qui entravent leur vie de tous les jours. L’identité hybride de l’État et des institutions politiques est un signe d’aliénation historique et de perte de souveraineté politique favorable au maintien de la domination continue de nos pays par l’étranger.
S’asseoir sur notre natte et vivre heureux
En effet, il nous paraît l’époque venue d’un esprit libre et intrépide, un esprit d’innovation, propre à une nouvelle culture historique endogène, panafricaine. Ce nouveau leadership de vision et de stratégie politique trouverait inspiration, parmi tant d’autres, des trois sources profondes de notre patrimoine politique- le Conseil Seb ak Bawor du royaume du Waalo réunissait les représentants de toutes les composantes du Royaume avec le pouvoir de contrôle et de destitution du Roi,- la Chartre du Mande organisait l’exercice équilibré des organes du pouvoir, la cohésion des relations communautaires et la responsabilité sociale des individus, - le legs politique moderne de Souleymane Baal qui a dressé de manière rigoureuse le profil moral et l’éthique de gouvernance du dirigeant et homme d’État, les principes de son élection et les conditions de sa succession. Certains même penseraient à l’Égypte pharaonique pour y ajouter le bicaméralisme proposé par Cheikh Anta Diop, l’Assemblée distincte des femmes. Le patrimoine politique et institutionnel de l’Afrique est un trésor riche d’inspirations et nous autorise à innover. Le temps historique nous commande de nous asseoir enfin sur notre propre natte, celle du pays de la Téranga et de vivre heureux dans une l’Afrique unie et forte.
Youssoupha Mbargane Guissé est Docteur en philosophie et Docteur D’état en sociologie. Outre ses nombreux travaux en philosophie, il s'est intéressé à l'étude du changement social au Sénégal, au contexte de la mondialisation et aux constructions identitaires qui travaillent la société sénégalaise dans ses différentes composantes. Il a fait toute sa carrière à l'IFAN Cheikh Anta Diop avec des fonctions de chef du laboratoire des études sociales et de chef du Département des Sciences humaines et sociales. Youssoupha Mbargane Guissé est actuellement chercheur à l'Institut Panafricain de Stratégies à Dakar.
MACRON ACCUSE LA RUSSIE D'ÊTRE UNE PUISSANCE IMPÉRIALE COLONIALE
Pour le président français, en tournée africaine au même moment que le chef de la diplomatie russe Sergueï Lavrov, "la Russie a commencé un nouveau type de guerre mondiale hybride"
Le président français Emmanuel Macron a accusé mercredi, depuis le Bénin, la Russie d'être "une des dernières puissances impériales coloniales" après avoir lancé "une guerre territoriale" en Ukraine.
"La Russie a lancé une offensive contre l'Ukraine, c'est une guerre territoriale qu'on pensait disparue du sol européen, c'est une guerre du début du XXe, voire du XIXe siècle. Je parle sur un continent (l'Afrique, NDLR) qui a subi les impérialismes coloniaux", a-t-il indiqué lors d'une conférence de presse avec son homologue béninois Patrice Talon à Cotonou
"La Russie est l'une des dernières puissances impériales coloniales" en décidant "d'envahir un pays voisin pour y défendre ses intérêts", a-t-il affirmé.
Pour le président français, en tournée africaine au même moment que le chef de la diplomatie russe Sergueï Lavrov, "la Russie a commencé un nouveau type de guerre mondiale hybride".
"Elle a décidé que l'information, l'énergie et l'alimentation étaient des instruments militaires mis au service d'une guerre impérialiste continentale contre l'Ukraine", a-t-il tonné, affirmant vouloir "qualifier dans les termes les plus crus ce qui se passe aujourd'hui".
Selon lui, ce sont les Russes qui créent des "déséquilibres malgré toutes les tournées diplomatiques et la désinformation qu'ils font à travers le monde" et la Russie est "l'un des pays qui, avec le plus de force, utilise des instruments de propagande", notamment via les chaînes de télévision Russia Today et Sputnik.
Il a également de nouveau dénoncé le "chantage" de Moscou sur l'alimentation, "parce que c'est eux qui ont bloqué les céréales en Ukraine" mais aussi sur l'énergie avec les Européens. "Je pense qu'il est sage de la part des Européens de ne pas s'exposer à ces stratégies, parce que c'est l'un des éléments de cette guerre hybride", a-t-il ajouté.
Emmanuel Macron avait déjà vivement critiqué Moscou la veille, lors de sa visite au Cameroun, disant vouloir "tordre le cou à beaucoup de contrevérités".
Au même moment, Sergueï Lavrov, a estimé de son côté en Ouganda que la Russie n'était pas responsable des "crises de l'énergie et des denrées alimentaires", dénonçant "une campagne très bruyante autour de cela".
Les livraisons de gaz à l'Europe via le gazoduc Nord Stream ont, comme annoncé par l'énergéticien russe Gazprom, baissé mercredi à près de 20% des capacités du gazoduc, selon les données de l'opérateur allemand Gascade, renforçant les risques de pénurie cet hiver dans plusieurs pays européens.
Après des tractations suivies de près par la communauté internationale, Russie et Ukraine ont signé vendredi dernier sous l'égide de l'ONU et de la Turquie un accord ouvrant la voie à des corridors maritimes sécurisés.
par Fadel Kane
LA BELLE NÉGRESSE ET LA MÉDAILLE
C'est probablement l'allusion la plus proche que je pourrais faire pour Mimi Touré sans qu'elle m'en veuille. Elle vient de terminer sa campagne électorale. Dimanche le peuple sénégalais rendra son verdict
C'est probablement l'allusion la plus proche que je pourrais faire pour Mimi Touré sans qu'elle m'en veuille. Comme pour le cuisinier, elle a fini de rendre ce qu'elle aura mijoté pendant longtemps. Elle vient de terminer sa campagne électorale. Dimanche le peuple sénégalais rendra son verdict.
Ce qui m'intéresse à ce stade ci c'est le personnage qui aura mouillé le maillot. C'est la première femme à avoir dirigé la campagne électorale d'un candidat ou d'une coalition. Déjà, il y a quelques années, c'était elle qui était la directrice de campagne de Landing Savané.
Et voilà qu'elle reprend cette fois-ci avec BBY. Et elle a sillonné le pays selon son calendrier et ses objectifs. Elle semble maitriser la sociologie en vigueur ici mieux que beaucoup d'hommes dans son camp qui ont farouchement combattu pour être à sa place.
J'ai vu à la télé qu’elle avait un corset pour supporter le cou dans sa voiture. Avant que la tête « n'éclate » d'idées et de scenarii et la voilà dans les routes cahoteuses et les bains de foules plus folkloriques que programmatiques. À Dagana, c'est aussi le salut au père de ma fille. Un stop à Diamniadio dans une université non achevée pour faire le point des réalisations de son camp. Ses répliques de débat sont bonnes et la gent féminine s'assoit visiblement chez les marabouts et autres structures religieuses. Comme on aimerait en voir plus souvent.
Je n'ai aucune sympathie particulière pour BBY. J'aimerais même de nouvelles façons de diriger notre pays et de gérer nos ressources. Mais ça c'est le peuple qui décide Dimanche.
En attendant she did it…
Ousmane Ndoye
VOTER POUR LA DÉMOCRATIE ET LA STABILITÉ
A la veille de cet important évènement démocratique, il serait bon de s’arrêter un moment sur l’état de notre démocratie. Malgré les déclarations grandiloquentes et autres autoglorifications, notre pays est considéré comme ayant un régime de type hybride
Chers concitoyennes, chers concitoyens,
Ce dimanche 31 juillet 2022, l’histoire nous donne encore une nouvelle opportunité pour enfin positionner notre pays sur de meilleurs rails pour un meilleur vivre ensemble dans la justice, la paix et la liberté, et l’amélioration de nos conditions de vie.
A la veille de cet important évènement démocratique, il serait bon de s’arrêter un moment sur l’état de notre démocratie. Malgré les déclarations grandiloquentes et autres autoglorifications, notre pays est considéré comme ayant un régime de type hybride (ni démocratique, ni autoritaire), se classant 12e Afrique, loin derrière des pays comme Maurice (pays de « pleine démocratie ») et le Botswana, le Cap-Vert, l’Afrique du Sud, la Namibie, le Ghana et le Lesotho (considérés comme des « démocraties imparfaites »).
Selon l’Economist Intelligence Unit qui a réalisé cette étude sur les régimes politiques dans le monde, les régimes hybrides ont des caractéristiques telles : des élections qui présentent des irrégularités substantielles qui les empêchent souvent d’être à la fois libres et justes, la pression du gouvernement sur les partis d’opposition et les candidats, les faiblesses sérieuses dans la culture politique, le fonctionnement du gouvernement et la participation politique, la corruption qui a tendance à être généralisée et l’état de droit faible, une société civile faible, des journalistes harcelés et qui font l’objet de pressions, et le pouvoir judiciaire qui n’est pas indépendant.
Il n’est pas ainsi étonnant que le Sénégal soit classé pays à régime hybride au regard des multiples dysfonctionnements de notre système politique : système inique de parrainage rejeté par la Cour de justice de la CEDEAO ; blocage des cartes des jeunes lors de la présidentielle de 2019 ; emprisonnement des potentiels candidats les plus en vue avant l’élection présidentielle de 2019 ; corruption et menaces d’emprisonnement à des hommes et femmes politiques pour qu’ils rejoignent le pouvoir ; culture politique basée sur le clientélisme ; hypertrophie du pouvoir présidentiel ; des ministres qui ont peu de pouvoir ; peu d’espace pour la participation citoyenne, etc.
Chers compatriotes, en tant que citoyens appelés périodiquement à exercer notre droit de choisir ceux qui doivent nous diriger, chacun et chacune d’entre nous a une responsabilité sur la situation de la gouvernance politique, économique et sociale du pays.
Un des arguments majeurs de campagne du camp présidentiel lors de la campagne électorale en cours est qu’une victoire de l’opposition entraînerait l’arrêt des chantiers du Président de la République. Ceci ne fait que confirmer la situation de notre « démocratie » car en vérité dans les pays vraiment démocratiques l’essentiel de ces chantiers dont ils font référence sont réalisés par les collectivités locales à qui, l’Etat central, n’étant pas obnubilé par l’utilisation politicienne des investissements publics, a transféré de façon effective de larges compétences.
En vérité, Macky Sall, comme tous les présidents de la République qui viendront après lui, doit être limité dans ses pouvoirs, y compris pour les choix institutionnels et économiques majeurs qui engagent le pays sur plusieurs décennies et générations, et qu’il fait et met en œuvre sans aucun débat sérieux dans une Assemblée nationale jusqu’ici totalement acquise à sa cause. L’hyper présidentialisme actuel est un danger pour la sécurité politique, économique et sociale du Sénégal, dans un contexte mondial de plus en plus rude où les Etats et les puissances économiques internationales privées tentent de capter les décideurs des pays pour les mettre au service de leurs intérêts.
Pour rappel, cet hyper présidentialisme, avec une Assemblée nationale asservie, a conduit le pays au bord du précipice avec les évènements du 23 juin 2011. Dans ce sillage, les résultats de ces élections législatives de ce dimanche 31 juillet 2022 pourraient également soit présenter un danger pour le Sénégal, soit éclaircir notre horizon en termes de progrès démocratique et surtout de sauvegarde de la paix et de la stabilité du pays.
Lors d’un précèdent article, j’écrivais que la décision d’engager ou non le bras de fer pour un 3e mandat dépend moins du vouloir du Président en exercice – parce qu’en vérité dans leur écrasante majorité, ils voudraient tous être Président à vie – mais plus de l’évaluation que ce Président fait de la faisabilité de la tentative. Il ressort des dernières élections locales que le message des électeurs n’a pas été assez clair car Macky Sall considère que le peuple dans sa majorité continue de lui faire confiance. Il a ainsi décidé de poursuivre son agenda, dénonçant publiquement le principe de la limitation des mandats et amenant le Sénégal à refuser de signer la charte de la CEDEAO sur la limitation à deux des mandats des chefs d’Etats dans la zone.
Aussi, chers compatriotes, ce dimanche 31 juillet, voter pour l’intérêt de notre pays sera de voter pour l’opposition, pour enfin doter notre pays d’une véritable Assemblée nationale et rééquilibrer les pouvoirs comme dans une véritable démocratie, mais aussi pour sauvegarder notre nation d’une nouvelle tentative du 3e mandat source d’instabilité.
Bon vote et vive le Sénégal !
LE SENEGAL AU SOMMET
Le Sénégal vient de remporter sa première médaille en ’’blitz de bronze’’ avec le doyen Amar Diokh, lors du 50ème championnat du monde de scrabble, à Louvain-La-Neuve, en Belgique.
Dakar, 28 juil (APS) – Le Sénégal vient de remporter sa première médaille en ’’blitz de bronze’’ avec le doyen Amar Diokh, lors du 50ème championnat du monde de scrabble, à Louvain-La-Neuve, en Belgique.
Sur 3761 points, Amar Diokh en a obtenu 3452, ce qui le positionne à la 3ème place ’’catégorie vermeil en blitz’’.
La première place est remportée par le français Guy Delore, Bruyne Guy de la Belgique vient en deuxième position.
Jean Dièye, Directeur technique national, a terminé à la 5ème place, tandis que Matar Sylla a intégré le top 10 du classement.
Amar Diokh avait remporté une médaille de bronze lors des précédents Mondiaux.