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18 novembre 2024
LE NŒUD GORDIEN DES ASSISES DE LA JUSTICE
Présence de l'Exécutif et ouverture aux non-magistrats : voilà les points de discorde des "Assisards" sur la réforme du Conseil Supérieur de la Magistrature. Deux camps s'affrontent, entre partisans d'une rupture et défenseurs du statu quo
Les vraies raisons du désaccord des 400 « Assisards » de la Justice sur la réforme du Conseil Supérieur de la Magistrature (CSM) ont été révélées, hier, avec la publication du rapport par la présidence de la République. Les 400 participants aux « Assises de la Justice » qui se sont réunis au Centre international de conférences Abdou Diouf de Diamnadio, du 28 mai au 04 juin derniers, ne sont pas parvenus à un accord sur la question de la présence ou non du président de la République et du ministre de la Justice mais aussi sur l’ouverture du CSM à des personnalités extérieures. La patate chaude, refilée depuis lors au président Diomaye Faye, attend toujours une solution définitive.
Aucune recommandation n’a été formulée par les 400 « Assisards » sur la réforme du Conseil supérieur de la magistrature. S’ils se sont entendus sur tous les autres points abordés jusqu’à dégager 30 recommandations pour le renouveau du service public de la Justice, s’agissant du Conseil supérieur de la Magistrature, ils ont donné leur langue au chat ! Selon le rapport remis au président de la République et dévoilé hier par la Présidence, le CSM a été le désaccord majeur entre les participants s’agissant des réformes à introduire et qui étaient essentiellement liées au statut de la magistrature. Il s’agissait principalement de la réorganisation du CSM, notamment la présence ou non du président de la République et du ministre de la Justice dans cette instance mais aussi, et surtout, son ouverture à des personnalités extérieures qualifiées. Ces questions ont fait l’objet d’âpres discussions et n’ont pas pu faire l’objet d’un consensus. De manière générale, deux tendances se sont dégagées entre les tenants de la sortie de l’Exécutif du CSM, d’une part, et les défenseurs du statu quo, de l’autre selon le document parcouru par « Le Témoin ». Pour ses partisans, la sortie devrait constituer le premier jalon vers l’édification d’un pouvoir judiciaire réellement indépendant et assumant sa fonction régulatrice de la société. Pour les tenants du maintien de la situation actuelle, en revanche, le plus important est de procéder à une restructuration de la composition du CSM avec une égalité arithmétique entre membres élus et membres de droit. Deux camps se sont également affrontés sur la question de l’ouverture ou non du CSM à des personnalités extérieures.
Pour les tenants de cette ouverture, elle serait de nature à éviter l’entre-soi, le corporatisme, la gérontocratie, le copinage et l’existence d’un éventuel « gouvernement des juges ». Le « devoir de justification » devant des membres extérieurs avec voix consultative serait une contrainte de nature à favoriser la transparence dans la gestion des carrières des magistrats. Cette ouverture permettrait, à leur avis, de renforcer la crédibilité et l’indépendance du pouvoir judiciaire auprès des citoyens. Les partisans du maintien, en revanche, militent pour un CSM formé exclusivement de magistrats exceptés le président de la République et le Garde des Sceaux. Ils se fondent sur la particularité de la carrière des magistrats, notamment, pour arguer de l’inopportunité d’y associer des personnes extérieures.
Les tergiversations du président Diomaye
Sur cette question, le président Bassirou Diomaye Faye n’a jamais eu le courage de trancher le débat. « Peut-être bien que oui, peut-être bien que non », résumait le Témoin du 11 juillet en parlant de « réponse de Normand du président de la République ». Tout semble montrer que, jusqu’à présent, le chef de l’Etat est véritablement indécis sur la question de sa présence ou non au sein du Conseil supérieur de la Magistrature.
En Conseil des ministres du 10 juillet dernier, il avait informé de sa disponibilité à recevoir encore toute contribution ou proposition pertinente relative à la réforme du Conseil supérieur de la Magistrature concernant notamment l’élargissement de ses membres aux acteurs n’appartenant pas au corps des magistrats et la problématique de sa présence, lui chef de l’Etat, dans l’instance ainsi que celle du ministre de la Justice. Cette nouvelle position du président de la République sur le Conseil supérieur de la Magistrature installe davantage le flou. Le jeudi 04 juillet dernier, recevant le rapport final des Assises de la Justice au palais de la République, Bassirou Diomaye Faye avait déclaré : « Je ne tiens ni à y rester ni à en sortir. Je suis totalement neutre par rapport au Conseil supérieur de la magistrature. » Selon lui, les raisons avancées par les magistrats pour justifier la présence du président de la République au CSM devaient être davantage étayées tout en soutenant que ces arguments méritaient d’être pris en compte. Le président a proposé d’approfondir la réflexion sur ce sujet, en insistant sur l’importance de la neutralité et de l’indépendance des magistrats. « Après tout, c’est à eux que l’on souhaite d’être indépendants, » avait-il précisé. Bassirou Diomaye Faye avait conclu en indiquant que toute décision concernant sa présence au CSM devait être basée sur des arguments convaincants. Depuis lors, rien de nouveau sous le soleil sinon un total rejet par les magistrats de toute présence de personnalités étrangères à leur corps au sein du CSM.
LES RESPONSABILITÉS SERONT SITUÉES APRÈS CHAQUE ACCIDENT DE LA CIRCULATION
Le Premier ministre Ousmane Sonko a annoncé, jeudi, à Dakar, que désormais les responsabilités seront situées après chaque accident de la circulation, avant de demander l’évaluation des 22 mesures qui étaient prises pour lutter contre les accidents ...
Dakar, 08 août (APS) – Le Premier ministre Ousmane Sonko a annoncé, jeudi, à Dakar, que désormais les responsabilités seront situées après chaque accident de la circulation, avant de demander l’évaluation des 22 mesures qui étaient prises pour lutter contre les accidents de la circulation.
‘’Les accidents de la circulation sont devenus très récurrents entrainant beaucoup de perte en vies humaines. (…) Désormais, chaque accident sera évalué. Nous allons demander des comptes et les responsabilités seront situées’, a-t-il déclaré lors d’un Conseil interministériel consacrée à la problématique des accidents de la circulation.
Selon lui, ”tant qu’on n’a pas la culture de situer les responsabilités et mettre des sanctions conséquentes, la problématique des accidents de la circulation va demeurer intacte”.
Le Premier ministre a demandé une ‘’évaluation réelle’’, avant le 30 septembre, du niveau d’application des 22 mesures prises par l’ancien régime pour lutter contre les accidents de la circulation.
Il a aussi exhorté les différents acteurs concernés de proposer, de ‘’manière précise’’, des mesures conservatoires par rapport à la situation actuelle avant le 16 août.
Ousmane Sonko a en outre invité tous les acteurs et responsables du secteur à mieux veiller au respect strict des mesures dans leurs services respectifs et demandé aux forces de défense et de sécurité d’être plus vigilants sur les contrôles.
”Il faut que les gens comprennent que l’État doit prendre ses responsabilités face à cette situation de récurrence des accidents de la circulation’’ a invité Ousmane Sonko, pour qui, en plus du facteur humain, de la vétusté des véhicules et des problèmes d’infrastructures, la corruption et le défaut de collaboration entre les différents services font partie des principales causes des accidents de la circulation.
Le Premier ministre a dans le même temps instruit les services concernés de formaliser les réflexions sur ‘’les mesures structurelles comme la formation, le financement ou encore la législation, pour les inclure dans les états généraux du secteur des transports’’ où, ”les grandes décisions seront prises”.
Appelant les uns et les autres à plus de responsabilité, le chef du gouvernement a toutefois plaidé pour la compréhension et la patience, le temps de mettre en place des mesures d’accompagnement, ajoutant que ‘’la fermeté doit être de mise’’,
Selon lui, l’État peut appliquer ‘’une certaine tolérance, un encadrement intelligent’’, mais qu’il doit être ‘’intransigeant sur les comportements individuels indélicats’’.
Évoquant le secteur des motos Jakarta, qui ‘’doit être réglementé’’, il a rappelé le port obligatoire du casque par les conducteurs, afin de minimiser les dégâts en cas d’accident.
”Il y a plus d’accidents impliquant des motos +Jakarta+ que des voitures. Les motos +Jaakarta+, qui constituent des emplois de masse, nécessitent une certaine souplesse, mais il est impératif de respecter les mesures sécuritaires’’, a indiqué le Premier ministre.
TOUBA REJETTE TOUTE RÉOUVERTURE DES ÉCOLES PUBLIQUES
Serigne Bassirou Mbacké Abdou Khadr, porte-parole du khalife général des mourides, a réaffirmé avec fermeté l'impossibilité de revenir sur la décision "irrévocable" prise par le défunt khalife Serigne Saliou Mbacké
Le porte-parole du khalife général des mourides, Serigne Bassirou Mbacké Abdou Khadr, a catégoriquement rejeté jeudi, toute possibilité de réouverture des écoles publiques de langue française à Touba, réaffirmant ainsi la décision irrévocable prise par le défunt khalife Serigne Saliou Mbacké (1915-2007).
‘’(…) il est impossible d’implanter une école publique dans le périmètre du titre foncier. On ne revient pas sur une décision prise par un fils de Cheikh Ahmadou Bamba Khadim Rassoul’’, a-t-il martelé.
Serigne Bass Abdou Khadre Mbackè s’exprimait lors d’une séance de récital du Coran en préparation du Grand Magal, prévu le 23 août prochain.
Il a rappelé que la décision de fermer ces écoles prise par le défunt khalife Serigne Saliou Mbacké demeure ‘’irrévocable’’.
Cette déclaration réaffirme, selon le porte-parole du khalife des mourides, la volonté des autorités religieuses de Touba de préserver la ‘’sacralité’’ de la ville, par l’interdiction de l’implantation d’écoles publiques en langue française dans la cité religieuse.
Par KACCOOR BI - LE TEMOIN
GRAND CORPS MALADE
La plus grande anomalie reste les « cars rapides » et autres « Ndiaga Ndiaye », ces vestiges qui ne devraient plus rouler sur aucune route mais qui continuent de transporter des passagers traités comme du bétail.
Il faut que l’on s’auto flagelle. Oser se regarder dans le blanc des yeux et se dire crûment certaines vérités même si elles peuvent être cruelles ou heurter des sensibilités.
Présidant un Comité interministériel, le Premier ministre a dénoncé plusieurs facteurs qui seraient à l'origine des accidents routiers. Oscar Sierra a pointé du doigt la corruption des agents de sécurité routière. Ça, tout le monde le sait, mais tout le monde feint de ne pas le voir. On couvre cette corruption d’un voile de pudeur. Non, non, il ne s’agit pas de ce voile à l’école à propos duquel cathos intégristes et islamistes radicaux veulent une guerre des religions dans notre pays !
A propos de la corruption sur nos routes, donc, l’abcès a été crevé par le général Jean-Baptiste Tine qui n’a pas mâché ses mots pour dire la vérité à ses hommes. Si des véhicules qui ne sont pas en conformité parviennent à rouler d’un bout à l’autre de notre pays, voire à circuler entre nos villes, sans que leurs conducteurs ne soient inquiétés, c’est parce que ceux qui sont censés réguler la circulation n’ont pas fait leur job. Et s’il y a un phénomène qui est devenu une gangrène jusqu’à se métastaser dans le corps social, c’est bien la corruption. Elle est partout et visible à l’œil nu.
Quand des permis de la catégorie poids lourd sont délivrés à des gens qui ne peuvent même pas conduire une moto et que les mêmes se foutent royalement du code de la route, ou que d’autres conduisent en se caressant les bijoux de famille, rêvant de la concubine qui les attend à l’autre bout du pays, s’ils n’ont pas leur smartphone devant eux ou le téléphone collé à l’oreille, ou encore quand des gens censés délivrer le quitus pour la visite technique, ferment les yeux pour laisser circuler des cercueils roulants… avec tout cela, il n’est pas surprenant de voir des hécatombes se produire régulièrement sur nos routes.
La plus grande anomalie reste les « cars rapides » et autres « Ndiaga Ndiaye », ces vestiges qui ne devraient plus rouler sur aucune route mais qui continuent de transporter des passagers traités comme du bétail.
La corruption ne s’arrête pas là. Elle s’est invitée dans nos hôpitaux avec des praticiens qui se foutent royalement du serment d'Hippocrate pour se transformer en véritables commerçants mus par l’appât du gain. Pendant que des fonctionnaires font soigner copains, coquins et amants qui n’y ont pas droit. Des diplômes et autres documents sont falsifiés, permettant à des gens d’occuper des fonctions sans en avoir les compétences. L’école n’est pas exempte de ce mal avec la triche qui est en passe d’y être un sport national. C’est pire encore dans l’arène politique. Concussion, mensonges, injures, haine et transhumance font le lit de cette scène où des bouffons amusent la galerie à travers plus de 400 partis politiques. Bref, ce pays est devenu un grand corps malade qui a besoin d’un électrochoc.
PARIS 2024 : LE SÉNÉGAL FAIT MIEUX QU’À TOKYO
Les athlètes sénégalais engagés aux Jeux Olympiques (JO) Paris 2024 ont fait mieux que lors de l’édition précédente à Tokyo (Japon) en 2021, en dépit du fait qu’ils n’ont décroché aucune médaille
Paris, 9 août (APS) – Les athlètes sénégalais engagés aux Jeux Olympiques (JO) Paris 2024 ont fait mieux que lors de l’édition précédente à Tokyo (Japon) en 2021, en dépit du fait qu’ils n’ont décroché aucune médaille à l’occasion de cette compétition.
La participation des athlètes sénégalais aux JO a pris fin jeudi avec l’élimination en quart de finale de la céiste Combé Seck au canoë kayak sprint.
Si aucun des 11 athlètes nationaux n’a remporté de médaille, le fait est que les représentants du Sénégal ont eu de meilleurs résultats à Paris qu’à Tokyo.
Dans la capitale française, le Sénégal a réussi à aligner une athlète en finale, deux en demi-finale, une en quart de finale, un en huitième de finale. Tous les autres représentants du pays s’étant arrêtés au premier tour.
Le céiste Yves Bourhis est l’athlète qui s’est le mieux illustré de la délégation sénégalaise. Il a réussi l’exploit de se qualifier en finale. Depuis le sauteur Ndiss Kaba Badji, en 2008 à Pékin (Chine), aucun autre Sénégalais n’avait disputé une demi-finale aux olympiades.
Yves Bourhis a terminé 12ᵉ de la finale de canoë slalom, avec un chrono de 95.78, avant de subir une pénalité de 50 secondes qui l’a relégué à la dernière place du classement.
ll avait été éliminé dès les préliminaires des épreuves de kayak-slalom des JO, en se classant 22ᵉ sur 24 concurrents.
Au kayak cross contre-la-montre, Bourhis n’a pas réussi à se hisser en quart de finale.
L’autre céiste sénégalais, Combé Seck, a vu son aventure olympique stoppée net en quart de finale.
Après avoir échoué à faire partie des deux premières de sa série lors des qualifications, elle a été obligée de passer par les quarts de finale pour espérer obtenir son ticket pour les demi-finales.
De manière générale, l’athlétisme sénégalais a fait un bon résultat aux JO de Paris, en plaçant deux athlètes en demi-finale : Louis François Mendy (110 m haies) et Cheikh Tidiane Diouf (400 mètres).
Mendy n’a cependant pas réussi à se qualifier pour la finale du 110 mètres haies des Jeux olympiques en dépit d’une troisième place en demi-finale.
Le champion d’Afrique en titre et porte-drapeau du Sénégal a terminé troisième de sa série avec un chrono de 13 secondes 34.
Il a fait moins que lors des qualificatifs, avec un chrono intéressant de 13 secondes 31.
Le spécialiste sénégalais du 110 m haies avait terminé premier de sa série et signé son meilleur chrono de l’année.
Agé de 25 ans, le pensionnaire du centre de développement africain de l’athlétisme (CDAA) et de l’AVEC, l’Athletic Vosges Entente Clubs (France), a fait mieux qu’à Tokyo (Japon), où il avait été éliminé en série.
L’autre sensation de l’athlétisme sénégalais est Cheikh Tidiane Diouf. Pour sa première participation aux JO, Cheikh Tidiane Diouf s’est hissé en demi-finale.
L’étudiant en sixième année à l’INSEPS de Dakar a battu au Stade de France le record du Sénégal du 400 mètres datant de 1968, sans toutefois réussir à accéder à la finale des Jeux olympiques de Paris.
L’athlète sénégalais est arrivé en sixième position de la première série des demi-finales du 400 mètres, avec un chrono de 44 secondes 94, établissant un nouveau record national sur cette distance.
Le précédent était jusque-là détenu par Amadou Gakou avec un chrono de 45 sec 01 réalisé aux JO de 1968 alors organisés par le Mexique.
Très attendue, la championne d’Afrique au triple saut Saly Sarr s’est arrêtée aux préliminaires.
Elle n’a pas réalisé les minimas requis pour disputer la finale du triple saut dames.
La championne d’Afrique en titre a fait un saut de 13 m 96, loin des minimas fixés à 14 m 32 mètres, se classant à la 17ᵉ place sur 30 concurrentes.
Pour sa première participation aux JO, la native de Ouakam n’a même pas pu améliorer sa performance personnelle de 14,18 m.
Comme Saly Sarr, Bocar Diop (taekwando), Mathieu Ousmane Sèye (natation) et Oumy Diop (natation) n’ont pas dépassé les préliminaires.
Le judoka Mbagnick Ndiaye, pour sa deuxième participation, a passé le premier tour, avant d’être éliminé en huitième de finale dans la catégorie des plus de 100 kg.
Le Sénégal est à la quête d’une deuxième médaille olympique, après celle obtenue par El hadj Amadou Dia Bâ en 1989.
El Hadj Amadou Dia Bâ est l’unique médaillé olympique de l’histoire du sport sénégalais aux JO. Il avait obtenu la médaille d’argent au 400 m haies à Séoul, en Corée du Sud.
LA PRESSE CRIE À SON ÉTOUFFEMENT
"Entre la perte des conventions commerciales et la pression fiscale, l'État sait très bien qu'il nous étouffe." Ce cri d'alarme d'un patron de presse sénégalais dans Le Monde, illustre la profondeur de la crise qui secoue les titres du pays
(SenePlus) - Le nouveau pouvoir, incarné par le président Bassirou Diomaye Faye et son premier ministre Ousmane Sonko, semble entretenir des relations tendues avec la presse, si l'on en croit un article récent du Monde. Plusieurs patrons de médias dénoncent une attitude insensible, voire hostile, des nouvelles autorités à leur égard, alors même que le secteur traversait déjà une crise profonde avant l'alternance politique.
"Le nouveau premier ministre, Ousmane Sonko, a une dent contre des journaux dont il considère qu'ils l'ont accablé quand il était opposant ou qu'ils défendaient le président sortant Macky Sall", confie sous couvert d'anonymat un directeur de quotidien au Monde. Les chagrins des professionnels de la presse sont nombreux : contrôles fiscaux, mises en demeure de paiement, suspension des conventions commerciales et publicitaires avec les structures publiques… Autant de décisions qui mettent en péril la survie économique de nombreux titres.
L'ancien président Macky Sall avait pourtant promis d'effacer l'ardoise fiscale des médias juste avant de quitter le pouvoir, mais cet engagement n'a pas été repris par son successeur. Au contraire, Ousmane Sonko avait lui-même pointé du doigt les impayés des entreprises de presse lors d'une réunion en juin, les assimilant à des détournements de fonds. "Entre la perte des conventions commerciales et la pression fiscale, l'État sait très bien qu'il nous étouffe", résume un patron de presse cité par Le Monde.
Même les médias réputés proches du nouveau pouvoir subissent cette pression, à l'image du quotidien Walf qui a vu ses comptes saisis avant de devoir négocier en urgence un moratoire de paiement. Pour Alassane Samba Diop, directeur du groupe eMedia Invest évoqué par Le Monde, cette situation est d'autant plus regrettable que "chaque alternance politique est aussi parvenue grâce à la presse", qui a notamment contribué à l'ascension d'Ousmane Sonko en relayant ses combats syndicaux puis sa trajectoire d'opposant.
Si les relations presse-pouvoir sont souvent tendues en début de mandat, comme le souligne philosophiquement Cheikh Niasse du groupe Wal Fadjiri, cité par Le Monde, l'ampleur de la crise actuelle inquiète la profession. La Coordination des associations de la presse (CAP) a d'ores et déjà prévenu que des fermetures de titres et des pertes d'emplois étaient inévitables. Cette semaine, deux journaux sportifs, Stades et Sunu Lamb, ont dû suspendre leur parution, faute de rentabilité suffisante.
Pour sortir de cette crise, les patrons de presse appellent à une réforme du secteur profond, qui passe par un dialogue apaisé avec les autorités. Car au-delà du bras de fer avec le pouvoir, la presse sénégalaise doit aussi relever de nombreux défis structurels, du vieillissement de son lecteur à la nécessaire adaptation à l'ère numérique. Un vaste chantier qui nécessite le soutien de l'État, plutôt qu'une asphyxie économique délibérée, si l'on en croit les témoignages du Monde.
LA RÉGULATION DES TÉLÉCOMS A LA UNE DE LA REVUE DE PRESSE DE L’APS CE VENDREDI
Les parutions de ce vendredi nous livrent les nouvelles perspectives de la régulation des télécommunications et la lutte contre les accidents de la route
Dakar, 9 août (APS) – Les nouvelles perspectives de la régulation des télécommunications et la lutte contre les accidents de la route font partie des sujets en exergue dans la livraison de vendredi de la presse quotidienne.
Plusieurs quotidiens se font l’écho des Journées de concertation sur la régulation des communications électroniques démarrées jeudi à Dakar, sous l’égide de l’Autorité de régulation des télécommunications et des postes (ARTP).
“Une rencontre de deux jours qui permettra à terme de dégager une feuille de route pour la régulation du secteur des communications électroniques”, explique le quotidien L’As.
Le journal cite le ministre de la Communication, des Télécommunications et du Numérique, Alioune Sall, dont les propos fixent le cap dans ce domaine. “Il faut, dit-il, asseoir une régulation tarifaire pour concilier l’équilibre du secteur”.
Le directeur général de l’ARTP, Dahirou Thiam, a de son côté “listé les nombreux défis du secteur numérique, avant de s’engager à les adapter au dispositif de régulation”, rapporte L’As. Cela amène Sud Quotidien à dire que l’Etat “cherche la bonne formule” pour la régulation des télécommunications.
Il s’agit principalement de veiller à l’équilibre du secteur et au respect de la réglementation, soutient Dahirou Thiam dans des propos rapportés par le quotidien Yoor-Yoor, autrement dit, “trouver un équilibre entre les impératifs économiques, sociaux et technologiques”, ajoute le DG de l’ARTP dans les colonnes de Libération.
Les quotidiens s’intéressent par ailleurs à la lutte contre les accidents de la route, un sujet de préoccupation pour le gouvernement qui ne fait pas mystère de son ambition de trouver une solution à ce problème. “La sécurité routière dans le radar de Sonko”, confirme le quotidien 24 Heures.
“Le PM mobilise le gouvernement” contre ce phénomène, relève Libération. “Corruption sur les routes, visites techniques, vétusté des véhicules…, Ousmane Sonko annonce des mesures drastiques”, ajoute la même publication. “Sonko dénonce la corruption et annonce des mesures”, peut-on lire à la une du quotidien Les Echos.
“Les responsabilités seront situées après chaque accident de la circulation”, promet le chef du gouvernement à la une du quotidien Le Soleil. Walfquotidien rapporte que les derniers drames routiers ont poussé les autorités à tenir, jeudi, un conseil interministériel au cours duquel le Premier ministre “a dénoncé la corruption qui mine le secteur du transport routier sans compter, dit-il, la vétusté du parc automobile”.
M. Sonko précise, à la une du quotidien Bès Bi Le Jour, que l’intention du gouvernement n’est pas d’exercer une quelconque pression sur les acteurs concernés, “mais il faut de la fermeté”.
Le Quotidien anticipe sur le prochain ”chamboulement diplomatique” et renseigne que “ces derniers jours”, le ministère de l’Intégration africaine et des Affaires étrangères “a envoyé des notes de rappel à plus d’une quarantaine de diplomates constitués d’ambassadeurs, de consuls généraux et de premiers ou deuxièmes conseillers”.
”On peut citer, entre autres, les ambassadeurs du Sénégal en Côte d’Ivoire, en Gambie, au Royaume-Uni, aux Etats-Unis, ou les consulats généraux de Marseille, New York, Djeddah, Naples”, ajoute Le Quotidien, qui affiche à ce sujet : “Le grand remplacement à venir”.
Les changements ne concernent pas seulement ce domaine si l’on en croit Vox Populi. ”Après l’administration territoriale, informe ce journal, le chef de l’Etat va chambouler la magistrature” également.
”Par la force du décret, le président de la République secoue le cocotier chaque mercredi et découpe le gâteau à partager, les profils les moins convaincants parviennent à sortir du tri des prédisposés à l’emploi”, commente le quotidien Kritik’.
Le journal estime que ”la principale rupture opérée par le nouveau régime consiste à positionner des combattants qui ont mouillé le maillot durant la période des vaches maigres”. ”On est encore loin de l’épilogue de la rémunération des guerriers qui sont allés au front du combat pour le Projet”, ajoute Kritik’.
Boubacar Camara Kamâh, président du parti “Jengu” et allié du nouveau pouvoir incarné par le duo Bassirou Diomaye Faye-Ousmane Sonko, semble donner des assurances sur cette question.
”Les conditions ne sont pas encore réunies, mais avec de nouvelles lois, on fera des appels à candidatures”, comme promis pendant la campagne électorale pour la présidentielle du 24 mars dernier, assure Boubacar Camara dans les colonnes du quotidien Le Soleil.
M. Camara dit ce qu’il ”pense du gouvernement” sur beaucoup de sujets, dont la reddition des comptes, qui, à ses yeux, ”ne doit pas être analysée en termes de séquence, mais comme une activité permanente”.
Enquête traite de l’agenda diplomatique du président de la République, qui ”devrait prononcer un discours mémorable ce 15 août à Paris”, après la sortie de son Premier ministre sur les tirailleurs sénégalais. Le président de la République va ensuite participer au sommet Chine-Afrique “en début septembre”. Il est ensuite attendu à l’Assemblée des Nations unies du 20 au 27 septembre.
Enquête, à l’appui de cet agenda chargé, affiche ”Diomaye à contre-courant”, une manchette faisant référence à la ”multiplication des déplacements” du chef de l’Etat en France.
LA CAF CHANGE LES SIFFLETS
Qualification Can 2025 : Sénégal-Burkina et Burundi -Sénégal - La présence d’arbitres marocains sur pratiquement chaque match des Lions a fini par intriguer la Fédération sénégalaise de football (FSF).
Abdoulaye Boubou THIAM (Envoyé Spécial à Paris) |
Publication 09/08/2024
(PARIS, Sénégal) - La Confédération africaine de football (CAF) a procédé au changement des arbitres devant officier les matches Sénégal-Burkina Faso, le 6 septembre au stade du Président Abdoulaye Wade et Burundi -Sénégal au Lilongwe-Bingu National Stadium du Malawi le 9 septembre. À la place des sifflets marocains dont la présence à chaque «sortie» des Lions depuis quelques temps commençait à intriguer la Fédération sénégalaise de football qui l’a d’ailleurs signifiée dans une lettre, la CAF a choisi des tunisiens et des égyptiens.
La présence d’arbitres marocains sur pratiquement chaque match des Lions a fini par intriguer la Fédération sénégalaise de football (FSF). Le président de la FSF, Me Augustin Senghor, par ailleurs Premier vice-président de la CAF et le ministre Abdoulaye Saydou Sow sont même montés récemment au créneau pour marquer leur étonnement. La suspicion concerne surtout l’arbitre marocain qui était dans le match Sénégal - Côte d’Ivoire comptant pour les huitièmes de finale de la CAN 2023. Il était assistant VAR mais n’a pas vu le penalty sénégalais. Tout récemment encore, c’est ce même arbitre qui a été désigné par la CAF pour le match ô combien important entre le Sénégal et la Mauritanie à Nouatchott comptant pour les qualifications à la coupe du monde United2026. Comme ça ne suffisait pas, il est encore désigné assistant pour siffler la rencontre Sénégal -Burkina Faso le 6 septembre prochain au stade du Président Abdoulaye Wade.
Quatre autres arbitres marocains seront encore désignés pour siffler le match Burundi - Sénégal du 9 septembre prochain à Lilongwe-Bingu National Stadium de Malawi.
Face à la récurrence des arbitres marocains à chaque match des Lions, la FSF finira par adresser à la CAF une lettre pour comprendre la situation.
En réponse, l’instance suprême du football continental procède à un changement. Exit les arbitres marocains. Ils sont remplacés par des sifflets égyptiens et tunisiens.
«Nous vous informons par la présente que pour des raisons d'ordre technique, il a été procéder à un remplacement de M.Hamza EL FARIQ EL FARIQ (Maroc) [Quatrième officiel] initialement désigné pour la rencontre sus-mentionnée (Burundi-Sénégal, LilongweBingu National Stadium au Malawi, NDLR) par Mahmoud Elbana (Égypte) [Quatrième officiel] », informe la CAF dans une note dont Sud Quotidien a obtenu copie.
Sur la deuxième missive dont nous avons reçu copie aussi, il est écrit: « Nous vous informons par la présente que pour des raisons d'ordre technique, il a été procéder au remplacement de M.Jalal JAYED (Maroc) [Arbitre], M.Lahsen AZGAOU (Maroc) [Arbitre Assistant I], M.Zakaria BRINSI (Maroc) [Arbitre Assistant II], M.Kech Chaf Mustapha (Maroc) [Quatrième officiel] initialement désigné pour la rencontre sus-mentionnée (Sénégal-Burkina Faso) par SADOK SELMI (Tunisie) [Arbitre], Khalil HASSANI (Tunisie) [Arbitre Assistant I], Wael HANNACHI (Tunisie) [Arbitre Assistant II], Amir LOUCIF (Tunisie) Quatrième officiel ».
L’attitude des responsables du football sénégalais confirme encore une fois si besoin en était l’importance d’avoir des dirigeants alertes et qui maîtrisent parfaitement les textes. On se souviendra toujours du match rejoué à Polokwane mais aussi de la qualification des Lionceaux au Mondial argentin suite à la suspension pour fraude sur l’âge de jeunes joueurs guinéens à la CAN en Tanzanie.
Par BAMBA NIAKHAL SYLLA
LE CHEMIN DE LA TRANSFORMATION, LE PASTEF A L’EPREUVE DE LA GOUVERNANCE
Si l’espace démocratique autorise l’examen critique des politiques publiques, l’honnêteté intellectuelle exige en retour de considérer les limites de cet exercice dans le contexte d’une gouvernance qui n’a duré que trois mois.
Au moment où les observateurs politiques se livrent à une analyse rétrospective des 100 premiers jours du nouveau régime, sur fond de scepticisme grandissant ou de trompette glorifiant, il parait opportun de verser aux échanges un regard constructif mais sans complaisance, fondé sur des considérations factuelles, qui semblent imprimer quelques orientations de la politique gouvernementale.
Par ailleurs, si l’espace démocratique autorise l’examen critique des politiques publiques, l’honnêteté intellectuelle exige en retour de considérer les limites de cet exercice dans le contexte d’une gouvernance qui n’a duré que trois mois.
Toutefois, il est loisible d’affirmer, sur la base de l’examen des déclarations politiques et des productions intellectuelles disponibles, que la rhétorique qui servait de leitmotiv à la vulgarisation du Projet était sans conteste d’inspiration révolutionnaire, au sens de la remise en cause radicale des pratiques de gestion et de gouvernance antérieures. En effet, en prétendant renforcer l’intégration africaine dans la lignée des pères fondateurs du panafricanisme et sortir le pays de l’opacité de la Françafrique et ses instruments d’asservissement et de prédation (présence militaire, domination monétaire, contrats léonins, accaparement des ressources nationales, etc.), le PASTEF annonçait haut et fort les contours de la future politique gouvernementale. Cette intention de remise en cause des rapports internationaux s’accompagnait, sur le flanc intérieur, de la volonté d’instaurer une gouvernance vertueuse, de combattre avec opiniâtreté la corruption endémique et de promouvoir une presse et une justice libres et indépendantes. Le discours était résolument disruptif et trouvait ses sources d’inspiration et son incarnation dans le refus de la servitude de Sankara, la restauration de la conscience historique africaine de Cheikh Anta Diop, et l’exaltation de la grandeur des civilisations négro-africaines, s’inscrivant ainsi dans le sillage des luttes pour une « renaissance » continentale. Derrière le discours, se tenait la promesse d’un avenir radieux, où les richesses nationales seraient abondamment et équitablement redistribuées, à l’image de la prospérité des monarchies arabiques. La puissance du discours, porté par la figure charismatique d’Ousmane Sonko, a fini par convaincre la masse des déshérités et une diaspora nostalgique d’un retour au bercail, convaincue des capacités propres de l’Afrique d’être à l’avant-garde de l’évolution du monde, comme le prédisent les prospectivistes. La trajectoire héroïque de Sonko, émaillée de péripéties invraisemblables, et auréolée d’un zeste de mysticisme religieux, lui conférait une dimension singulière dans le landernau politique. Son discours eut l’effet d’un tsunami, emportant sur son passage toutes les digues de l’ancien régime, au point d’ébranler le « système » dans ses racines les plus profondes. Les mots sont dits : le changement annoncé sera « systémique », « global » et « holistique ». Tous les acteurs sincères et épris de liberté, mus par le désir de progrès, sénégalais et non-sénégalais, ont massivement adhéré au projet patriotique et panafricain promu par le PASTEF, qui surgit dans un contexte continental marqué par l’émergence d’une nouvelle conscience africaine émancipée du complexe colonial. Au Sénégal, l’adhésion populaire était mêlée d’une ferveur messianique, au point où le chanteur troubadour s’interrogeait même sur la sainteté du leader du PASTEF. Le peuple vivait un moment épique de son histoire politique, porté par l’allégresse et le sentiment d’être acteur et témoin d’un moment de basculement rare dans la trajectoire des nations.
L’accession triomphale du PASTEF au pouvoir, plébiscité dès le premier tour de l’élection présidentielle en mars 2024, allait ouvrir une nouvelle ère de gouvernance prometteuse, mais aussi difficultueuse en raison de l’ampleur des défis à relever et des promesses à tenir.
LES PREMIERS PAS MARQUES PAR LA PRUDENCE ET LA DETERMINATION
Dans une large mesure, le redressement du pays envisagé par les nouvelles autorités s’assimile à un double effort d’assainissement de l’espace public national et de redéfinition des rapports internationaux déséquilibrés au détriment des intérêts nationaux.
En plus de la nécessite de disposer d’une vision claire, cette intention induit comme préalable la maitrise des rouages de l’Etat, un ancrage solide dans les institutions et une profonde imprégnation des dossiers par les nouveaux élus. Elle requiert un minimum de temps incompressible auquel ne peut se soustraire les nouvelles autorités, au risque d’un dévoiement susceptible de porter préjudice aux réformes envisagées.
Entre-temps, la mise en oeuvre de certaines promesses de campagne s’est bien engagée dans le vaste spectre de la politique gouvernementale, qu’il s’agisse de la réduction du prix de denrées alimentaires de première nécessité pour soulager la souffrance des ménages, de la distribution plus équitable des intrants agricoles pour soutenir le monde paysan, de la recherche de l’impartialité dans les nominations aux postes de responsabilité pour une gouvernance transparence ou de l’instauration d’un climat politique plus serein et apaisé pour enfin dissiper l’atmosphère délétère imposée par la dérive autoritaire du pouvoir précédent.
Aussi, les audits initiés dans de nombreux organes de l’Etat devraient mettre en lumière les zones d’ombre de la gouvernance précédente et permettre à la justice de sévir dans les cas d’infractions avérées, en particulier pour les détenteurs de l’autorité publique, conformément aux priorités des nouvelles autorités. Les conclusions des assises de la justice devraient, quant à elles, favoriser une réorganisation plus efficace de la magistrature, en garantissant son indépendance dans le cadre des nouvelles orientations retenues. Cependant, l’existence de nombreux rapports produits sous l’autorité de l’ancien régime par l’Office National de Lutte contre la Fraude et la Corruption (OFNAC), l’Inspection Générale de l’Etat (IGE) et la Cour des Comptes, pointant du doigt une tripotée d’acteurs corrompus, pose la question de leur transmission à la justice pour traitement. Ces rapports émanant de l’ancien pouvoir ne peuvent être soupçonnés de complaisance ou d’être diligentés à des fins politiciennes pour réprimer, comme cela se faisait auparavant, des opposants gênants et récalcitrants. Au plan international, les propos et décisions en direction de la France et des pays de l’Alliance des Etats du Sahel (AES) cristallisent l’attention, en raison du primat accordé à la souveraineté dans le programme du PASTEF. La rencontre des présidents Diomaye Faye et Macron à Paris, sans reproduire les clichés coutumiers d’allégeance dégradants de nombreux dirigeants africains, n’a pas non plus été l’occasion d’une clarification franche de la rupture prônée par le PASTEF. Le communiqué final commun des deux chefs d’Etat est resté assez convenu, dans la pure tradition de la novlangue diplomatique.
En revanche, en plaçant les pays de l’AES (Mali et Burkina) au bas de la liste de ses premières visites internationales du président, en particulier après celle de Ouattara perçu comme un des piliers de la Françafrique, la présidence sénégalaise semble indiquer par ce choix diplomatique sa distance à l’égard de l’AES. Cela a été plus tard confirmé à Bamako, quand le président Diomaye Faye déclarait que l’adhésion du Sénégal n’était pas à l’ordre du jour. Cette distanciation est-elle destinée à rassurer la France en prévision des prochaines négociations promises sur les contrats déséquilibrés ? ou l’expression d’une politique ancrée dans la continuité ?
Toujours est-il que cette décision reste incomprise par de nombreux Africains qui voyaient dans l’accession au pouvoir du PASTEF, l’opportunité de renforcer le « camp du refus » porté par l’AES ; une organisation qui s’attèle à mettre en oeuvre une politique courageuse de souveraineté et d’intégration authentique, avec des résultats probants qui confortent la perspective d’une Afrique libre, résolument engagée dans la voie du progrès. A l’opposé, la CEDEAO continue de s’enliser dans l’immobilisme, incapable de porter le destin de la communauté en toute indépendance. La déception de nombreux patriotes de l’AES est à la hauteur de l’absence de solidarité attendue des nouvelles autorités sénégalaises, qui avaient pourtant envisagé, quand elles étaient dans l’opposition, la possibilité d’envoyer des troupes sénégalaises pour défendre les pays de l’alliance menacés d’agression par la CEDEAO, en toute vraisemblance sur les injonctions françaises. Aussi, les références fréquentes au sankarisme par le chef du PASTEF, toujours arborant le portrait du guide burkinabé en arrière-plan de ses conférences de presse, laissait supposer une proximité idéologique et de larges convergences d’idées sur le destin commun de l’Afrique. De tout temps et en tout lieu, les modalités de lutte pour la souveraineté se sont accommodées aux contextes nationaux et aux circonstances du moment. A ce titre, on ne peut reprocher au triumvirat de l’AES, acculés de facto, la radicalité de leur posture, qui découle en vérité de l’intransigeance, des menaces et de la farouche adversité manifestées par les forces d’occupation incarnées par la France ; les mêmes menaces qui n’épargneront pas le Sénégal lorsque les autorités du pays décideront réellement d’appliquer leur programme de souveraineté. Sans être une parole sacrée, l’adage ivoirien, entonné dans une chanson bien célèbre, nous alerte en ces termes empreints d’humour: «Ce qui a tué Maclacla tuera Macloclo».
Dans la lutte pour l’indépendance réelle de l’Afrique, le destin de l’AES se projette de manière inexorable comme élément central de la géostratégie du continent : la réussite de l’alliance sera un puissant catalyseur pour l’émancipation, alors que sa défaite apportera de la fragilité dans la marche vers la liberté des peuples africains. Derrière cet enjeu continental, il y’a la suggestion d’une solidarité à développer, d’une bienveillance à manifester à l’égard de l’AES de la part des pays désireux de conquérir leur indépendance véritable. Ce point de vue est conforté par l’analyse a posteriori des oppositions qui ont prévalu entre les blocs de Monrovia et Casablanca lors de la création de l’Organisation de l’Unité Africaine, et les conclusions qui en ressortent sur la pertinence des choix stratégiques opérés à l’époque. La sagesse africaine enseigne “ Si tu veux aller vite, marche seul mais si tu veux aller loin, marchons ensemble”. Ce cheminement collectif se fera-t-il avec La CEDEAO qui ne semble pas être en ordre de marche, entravées par ses liens de subordination ou avec l’AES, qui poursuit vaille que vaille son projet de souveraineté ?
A SUIVRE
BAMBA NIAKHAL SYLLA
OLIVIER BOUCAL LANCE LE «GOV’ATHON»
Modernisation de l’administration publique - Le Sénégal semble résolu à améliorer l’efficacité de son administration publique.
Le ministre de la Fonction publique et de la Réforme du Service public, Olivier Boucal, a procédé hier, jeudi 8 août 2024, au Centre international de conférences Abdou Diouf (CICAD), de Diamniadio, au lancement de la première édition de «Gov’Athon», qui vise à développer des solutions technologiques innovantes pour moderniser et améliorer l’efficacité des services publics.
Le Sénégal semble résolu à améliorer l’efficacité de son administration publique. Pour ce faire, le ministre de la Fonction publique et de la Réforme du Service public, Olivier Boucal, a officiellement lancé, hier jeudi, au Centre international de conférences Abdou Diouf (CICAD) de Diamniadion, la première édition de ''Gov’Athon''. Un hackathon innovant dédié à l’administration publique, visant à mobiliser de jeunes talents et étudiants des universités publiques ainsi que des établissements privés de renom au Sénégal, pour moderniser et améliorer l’efficacité des services publics.
Le ministre a soutenu que le concept de cette activité, inspiré des compétitions d’innovation destinées à recueillir en une courte période des idées et des solutions pratiques pour les entreprises, appelées hackathons, traduit sa volonté de mutualiser les ressources et de bâtir des intelligences collectives en vue de la prise en charge des préoccupations des usagers de l’administration. En présence de son homologue de l’Éducation nationale, Moustapha Mamba Guirassy, et d’autres officiels, le ministre Olivier Boucal a précisé que pour, cette première édition, «il s’agira de voir comment repenser et moderniser la gestion des ressources humaines, faciliter l’accès à la formation professionnelle».
Ainsi, pendant quatre semaines, la créativité et l’innovation seront à l’honneur. Les meilleures idées seront primées et mises en œuvre pour transformer nos services publics. «Il s’agit de promouvoir l’innovation par et pour les citoyens, en permettant à l’administration de s’allier aux citoyens afin d’améliorer la qualité de ses services et de consolider la confiance des citoyens», a expliqué Olivier Boucal.
Enfin, il a conclu que «l’organisation du ‘’Gov’Athon’’, qui correspond parfaitement aux orientations stratégiques du projet de transformation systémique du Sénégal, est à marquer d’une pierre blanche dans l’histoire de l’administration.» .