SenePlus | La Une | l'actualité, sport, politique et plus au Sénégal
19 novembre 2024
L'OFFENSIVE SÉNÉGALAISE À PARIS
En plus du président, environ une dizaine de structures publiques, dont deux ministères, seront en France pour vendre la destination Sénégal et s’inspirer des bonnes pratiques de Paris-2024 pour une meilleure préparation des Jo de la jeunesse de 2026
C’est l’artillerie lourde qui a été déployée par le Sénégal en France. Une dizaine de structures publiques mobilisées pour vendre le Sénégal aux Jeux olympiques Paris-2024. Ce mercredi, le président de la République va lui aussi effectuer le déplacement pour, d’une part, répondre à l’invitation de son homologue français Emmanuel Macron pour participer à la cérémonie d’ouverture, d’autre part, participer à des conférences sur le développement du sport et la promotion de la destination Sénégal. Dès demain, Bassirou Faye entre en scène en participant, aux côtés d’Emmanuel Macron et de Thomas Bach, au Sommet international ‘’Sports pour le développement durable’’. Le lendemain de cette activité, le chef de l’État est annoncé à Saint-Denis pour prendre part, avec le président du Comité national olympique et sportif sénégalais Mamadou Diagna Ndiaye, à une rencontre autour du thème ‘’Des Jeux de Paris-2024 aux Jeux olympiques de la jeunesse de Dakar-2026 : quels enjeux ?’’.
Au-delà des enjeux sportifs et de la préparation des JOJ-2026 à Dakar, le Sénégal vise surtout à saisir l’opportunité des Jeux de Paris pour promouvoir sa destination. Dans ce cadre, un programme alléchant a été concocté tout au long du plus grand événement sportif de la planète.
C’est dans ce cadre que le ‘’Week-end du Sénégal’’ va se tenir les samedi 27 et mercredi 28 juillet, avec un riche programme. Entre animation culturelle, artistique et sportive, la délégation sénégalaise n’a pas lésiné sur les moyens pour mettre en exergue les richesses du pays. Au menu, il y a l’atelier de maquillage et de tresses organisé par Les Routes du Futur ; la fabrication de percussions et l’initiation au ‘’sabar’’ animées par l’association Médiaquar qui est également aux manettes pour mettre en valeur les contes traditionnels sénégalais ; les danses afros par Humanitaria et enfin Solidarité Sénégal avec l’association Biodiversity for Peace.
Sont annoncés dans le cadre de ce ‘’Week-end du Sénégal’’ plusieurs démembrements de l’État, dont l’Agence pour la promotion des investissements et des grands travaux (Apix) ; l’Agence sénégalaise de promotion touristique (ASPT) ; le Conseil exécutif des transports urbains de Dakar ; le Fonds de financement de la formation professionnelle et technique (3FPT) ; l’Agence pour la promotion et le développement de l’artisanat, entre autres. Sans oublier, d’une part, le ministère de la Jeunesse, des Sports et de la Culture ; d’autre part, celui du Tourisme qui seront également au rendez-vous, qui pour promouvoir le tourisme sénégalais, qui pour nouer des partenariats et s’inspirer de Paris-2024 pour mieux préparer Dakar-2026.
Chargée de la promotion des investissements à l’ambassade du Sénégal à Paris et du Club Dakar-2026, Fatimata Diaw confiait lors de l’ouverture de la station Afrique : ‘’L’objectif, c’est de promouvoir le Sénégal, sa culture et son artisanat. Nous profiterons de ces trois semaines de présence pour présenter la destination sous toutes ses coutures. C’est également une possibilité de mettre en avant les artisans sénégalais basés en France et de mettre en avant leur savoir-faire.’’
Mme Diaw est aussi revenue sur l’importance de cette participation qui va permettre aux différentes parties prenantes aux Jeux de 2026 – aux plans sportif, culturel, des transports, etc. - de pouvoir vivre les Jeux dans leur technicité, pour voir comment parer à toutes les éventualités.
Malgré donc les remises en cause, l’axe Paris - Dakar continue d’être assez fructueux, aussi bien sur les plans politique, économique, culturel que sportif. En un mois, c’est la deuxième fois que le président Faye se rend en France pour animer avec son homologue français des conférences internationales. Au mois de juin, c’était sur la santé et les vaccins et cette fois, les présidents Diomaye et Macron vont parler de sport et de développement. Les deux présidents vont sans nul doute aborder également les questions relatives aux relations bilatérales entre la France et le Sénégal.
Parmi les questions sur lesquelles ils sont le plus attendus, il y a les bases militaires françaises au Sénégal. À ce propos, le président Diomaye Faye disait récemment : ‘’Je ne veux pas qu’on se focalise sur un pays, que ça soit la France, la Russie, la Chine ou un autre pays. Ce à quoi nous travaillons aujourd’hui avec les hauts officiers militaires, c’est d’avoir deux choses : une loi sur la défense et la sécurité nationale, compte tenu de l’évolution du contexte.’’
Le défi du Sénégal, disait Diomaye, c’est ‘’de définir une doctrine par rapport à la coopération militaire de façon générale’’ en vue de faire face aux défis. ‘’Maintenant, tout le monde sait que nous sommes des souverainistes. Et dans cette quête de ces souverainetés, qu’elle soit économique, alimentaire, pharmaceutique, numérique, militaire et tout ce qu’on veut, dans cette conquête, on ne ménagera aucun effort’’, avait-il insisté, non sans reconnaitre que la question avait déjà été évoquée lors de sa précédente visite.
‘’Mais il se trouve que depuis quelques années, on a institué un séminaire intergouvernemental entre la France et le Sénégal. Les parties sont en train de travailler sur tous les accords qui nous lient. On verra ensemble ce qu’il faut continuer et ce qu’il faut revoir. Pour ce qui est de la doctrine sur la coopération militaire, elle est définie par nous et pour nous et elle sera présentée. Nous allons travailler avec tous les partenaires, dans l’intérêt du Sénégal’’.
Par Mounirou FALL
AVIS DE TEMPETE SUR LE FRANC CFA ?
Le sommet tenu juste après la mise en place de la Confédération des Etats du Sahel avec, à la clé une nouvelle approche des pays AES vers le renforcement de leur intégration et comme prochaine étape l’adoption d’une monnaie commune aux trois Etats.
La 9ème revue annuelle des « réformes, politiques, programmes et projets communautaires de l’UEMOA » s’est tenue à Niamey le 16 juillet 2024. Ce sommet qui s’est tenu juste après la mise en place de la Confédération des Etats du Sahel avec, à la clé une nouvelle approche des pays AES vers le renforcement de leur intégration et comme prochaine étape l’adoption d’une monnaie commune aux trois Etats. Ce qui leur permettra, sous peu, de disposer du levier de leur « politique monétaire ».
Le Burkina Faso a déjà donné le ton par l’adoption en séance du conseil des ministres du 17 juillet 2024 un nouveau Code des douanes et Code fiscal. Cette évolution n’est pas sans secouer la zone F CFA qui perd ainsi trois de ses huit membres. En effet, l’Union Douanière, premier palier de l’intégration économique et monétaire au niveau UEMOA est remis à plat.
Les répercussions de ce détachement monétaire AES sont différemment appréciées selon que l’on se trouve d’un côté ou de l’autre de cette zone monétaire. Si pour les Etats AES, après un tassement de leur économie, une croissance nette est attendue avec comme principal levier l’adoption d’un taux de change flottant. En revanche, pour les 5 autres Etats de l’UEMOA, au vu de la rigidité des taux de change et des cordons douaniers et fiscaux mis en place, (TEC UEMOA absorbé par le TEC CEDEAO), leur marge de manœuvre reste ténue.
L’ancien espace CEDEAO risque de se retrouver avec pas moins de 10 différentes monnaies couplées à autant de politiques monétaires. Cette question éminemment technique face aux arguments politiques à tendance plutôt « souverainistes », met en exergue le fait que la monnaie est un important levier de pilotage de l’économie, à utiliser avec prudence et dextérité, pour accompagner les efforts de développement des pays. Le principale limite reprochée au CFA est liée à sa surévaluation, son inconvertibilité hors de sa zone et le manque de financement de l’économie, à cause de l’arrangement institutionnel entre le Trésor public français et l’arrimage du franc CFA à une monnaie forte qui constitue la principale limite technique reprochée au F CFA.
EVITER LA DOLLARISATION DE L’ECONOMIE
L’expérience de beaucoup de pays montre, en effet, que lorsque les déséquilibres du marché financier atteignent un certain niveau et la monnaie perd de la valeur, beaucoup d’agents économiques substituent d’autres monnaies plus stables à la monnaie nationale. Ce phénomène est plus connu sous le nom de « dollarisation ». Le terme dollarisation décrit toute situation où deux monnaies ont en même temps cours légal dans un pays. Elle implique, en général, l’utilisation d’une monnaie forte (le Dollar ou le F CFA) en même temps qu’une monnaie nationale, souvent plus faible. La dollarisation peut prendre différentes formes qui consistent à utiliser une monnaie étrangère pour effectuer des transactions à l’intérieur du territoire national. La mise en place d’une monnaie commune AES servira dans un premier à un appel d’air pour un rush vers le F CFA comme monnaie de réserve des populations pour faire face aux produits importés de la zone UEMOA. Avec le décrochage, la vitesse de circulation du F CFA dans les pays AES (qui désigne la vitesse à laquelle la monnaie est échangée entre les agents économiques) sera impactée par les niveaux des prix des produits venant des 5 autres pays de l’UEMOA qui verront leur prix de vente augmenter drastiquement.
Le concept établit un lien direct entre la masse monétaire et l'augmentation du niveau des prix. Sur le court terme, la vitesse de circulation de la monnaie est considérée comme constant. la vitesse de circulation de la monnaie (tout comme le volume des transactions) est insensible aux variations de la quantité de monnaie. En effet, de manière mécanique, si les Etats AES sortent du F CFA, alors ou bien les prix, ou bien le nombre de transactions, ou bien les deux à la fois, s’emballent pour une période parce que l’ensemble des prix de biens de consommation originaires de la zone CFA seront devenus onéreux par rapport à la nouvelle monnaie. Ce phénomène aboutit une hausse continue du niveau des prix qui dévalorise constamment toute unité monétaire nominale, ce qui incite les agents à s'en séparer rapidement.
C’est pour cela que la saisie de plus de 7 milliards de F CFA en faux billets au Burkina Faso, le 15 juillet dernier, n’est pas un bon signe. Le saut vers l’inconnue au niveau des population les ramènera, dans un premier temps, vers un réflexe de thésaurisation des devises que sont devenus le F CFA. Cependant, les ressources minières des Etats de l’AES (Uranium, Or, …) du fait de la prégnance de ces facteurs structurels, ont une forte compétitivité internationale, au-delà du taux de change réel. En effet en considérant certains indicateurs directement liés aux exportations et à l’investissement, leurs économies restent compétitives par un dynamisme réel du secteur des exportations, que l’on peut mesurer de deux différentes façons :
i) l’indice davantage comparatif révélé et
ii) le niveau de diversification et de complexité de l’économie.
L’indice de l’avantage comparatif révélé montre, pour un produit déterminé -uranium, or, comment les exportations d’un pays donné évoluent par rapport à la moyenne mondiale. La compétitivité internationale des pays de l’AES pays en question s’améliore si la valeur de l’indice est supérieure à 1, indiquant une croissance plus forte des exportations de produits transformés du pays, par rapport à la moyenne mondiale. Quant au niveau de diversification de l’économie, il peut être saisi par plusieurs indicateurs, dont notamment, le niveau de concentration des exportations et de la production, le niveau de complexité des produits exportés. Lorsqu’on combine ces deux critères, les pays AES, ont un avantage comparatif révélé sur un nombre de produits agricoles et miniers. Or ces produits sont caractérisés par une forte demande avec des prix élevés. C’est donc dire que le taux de change joue un rôle crucial par rapport aux performances des économies de la zones, en termes de compétitivité internationale ainsi que sur le financement, l’intégration économique. En effet, les critères de convergence de l’UMOA ainsi que le corset de l’arsenal réglementaire de la gestion des finances publiques bloquent les initiatives de financement des déficits budgétaires des Etats membres et le recours systématique aux émissions de titres publics pour en assurer le financement.
En effet, les pays de l’AES disposent des plus importantes réserves minières et pétrolières de la zone UEMOA, dont l’exploitation pourrait booster leurs économies selon l’atlas détaillant 24 substances, telles que le tungstène, l’antimoine, le zirconium, le cobalt, et bien d’autres publiées par le BRGM. La question de la gestion transparente des ressources minières revient avec insistance à la lumière de l’agitation autour d’une production exponentielle d’uranium et de pétrole nigérien interdit de transit par les autorités béninoises pour fait de blocus lié au changement de régime en place.
Quid des 5 Etats restant à l’UEMOA
La monnaie est une question de pouvoir. Le FCFA est né dans la mouvance des Accords de Bretton Woods, et sa non-pertinence est toujours d’actualité. Cela interroge l’indépendance des pays de la zone Franc et sa capacité à se prendre complètement en main sur le plan monétaire. les politiques qui dirigent les 5 autres pays restant dans l’UEMOA ne semblent toujours pas prêts à prendre le risque politique et économique d’une réelle souveraineté monétaire.
Le corset des 3,5% de déficit budgétaire à financer est l’élément utilisé par les détracteurs de la zone CFA qui trouvent dans ces arrangements institutionnels serait l’élément bloquant du financement de la croissance. La gestion des réserves de devises des pays membres de la zone Franc fait l’objet de plusieurs critiques. En contrepartie de la « garantie de convertibilité » que le Trésor français accorde au FCFA, nos États sont tenus de déposer dans des comptes d’opérations ouverts au Trésor français 50 % de leurs avoirs extérieurs nets (la Banque Centrale des États de l’Afrique de l’Ouest (BCEAO) et la Banque des États de l’Afrique centrale (BEAC) ont chacune un compte d’opérations). Entre 2017 et 2021, le volume de réserves de change des pays de la zone UEMOA a tourné autour de 9000 milliards de FCFA (BCEAO). Ce qui fait environ 18 milliards de dollars pour les huit pays.
Les avoirs extérieurs déposés dans les comptes d’opérations sont rémunérés au taux de la facilité de prêt marginal de la Banque centrale européenne (BCE) pour la quotité obligatoire des dépôts (50 %), et au « taux minimum » des opérations principales de refinancement de la BCE pour les avoirs déposés au-delà de la quotité obligatoire de 50 %, dans les cas où les Banques centrales africaines souhaitent centraliser leurs avoirs extérieurs auprès du Trésor français au-delà de ces 50 % prévus par les textes. En revanche, si le compte devenait débiteur, les importations hors de chaque zone monétaire des États africains seraient facturés par la France et les pays africains seraient alors tenus de verser à la France des intérêts débiteurs ! Ce corset des réserves déposées auprès du Trésor français auraient pu être rapatriées pour financer les énormes besoins en infrastructures.
La contribution de l’industrie extractive en tant que fournisseur de produits stratégiques pour les pays industrialisés, la priorité accordée à ces ressources au point de vue des politiques, l’insuffisance des revenus tirés pour l’Afrique de l’Ouest et la nature parcellaire de cette industrie demeurent depuis l’époque coloniale, des caractéristiques essentielles du paysage actuel. Les initiatives prises par les nouvelles autorités sont orientées vers la mitigation des limites des retombées des industries extractives et de transformation des matières premières, notamment le caractère parcellaire de l’industrie extractive héritée de la colonisation et qui s’est soldé par des échecs. Il est temps pour nos pays de réajuster le tir.
Mounirou FALL
Ancien Secrétaire Permanent
Programme Indicatif Régional Afrique de l’Ouest, 8ème FED
Commission UEMOA
ENCADRÉ 1
MAITRISER SA POLITIQUE MONETAIRE POUR UN FINANCEMENT INFLATIONNISTE DE LA CROISSANCE
Détenir les leviers de sa politique monétaire permet aux Etats de disposer de la latitude des orientations en faveur de la croissance de l’économie productive. Elle permet de structurer son économie selon ses propres orientations. La croissance du produit global suppose un effort massif d’investissement, qui aboutit à l’allongement des décalages entre les flux réels et les flux monétaires. Alors que le financement non inflationniste de la croissance (limite du déficit budgétaire à 3,5% comme imposé par l’UMOA) réclame une austérité. Cette rigidité structurelle, limite les niveaux de la consommation. Aussi, les risques monétaires normaux de la croissance sont-ils souvent accrus par des obstacles structurels, reflétant les cadres institutionnels de chaque économie.
D’un autre côté, lorsque le pays détient les rênes de sa politique monétaire, il peut lever les principaux obstacles à l’ajustement de l’offre et de la demande et la rigidité du marché de la main-d’œuvre. L’écart inflationniste permet alors de localiser les tensions et de déceler les répercussions inflationnistes de l’investissement en fonction de la situation du marché de l’emploi. Le « mur du plein emploi » - en termes Keynésiens- crée un blocage de la production, qui multiplie les risques inflationnistes normaux de l’investissement. Aussi, les risques monétaires spécifiques de l’investissement résultent de la multiplicité des goulots d’étranglement et des risques accrus de blocage de la production. La décision de privilégier les investissements dans tel ou tel secteur résultera d’une décision du Chef de l’Etat en fonction des orientations que l’on veut donner à l’économie nationale. Cela permettra de lever les rigidités de la production. Avec les découvertes et renégociations des concessions autour de ressources minières et minérales, le levier monétaire permettra à l’Etat du Sénégal de disposer directement des ressources issues de l’exploitation et/ou la transformation locale puis de l’exportation des nos ressources.
ENCADRÉ 2
DEMENTELEMENT DU CORDON DOUANIER COMMUNAUTAIRE :
LE TEC OUT AU BURKINA FASO
Le Burkina a donné le ton en sa réunion du Conseil des ministres en date du 17 juillet 2024, remettant en question l’Union douanière commune ainsi que les dispositifs du Tarif Extérieur Commun – TEC – de l’UEMOA ainsi que tout le système de compense et de péréquation au niveau des cordons douaniers des huit Etats. Une nouvelle loi portant Code des douanes et Code fiscal a été adoptée par l’état burkinabé. Pour mémoire, le cordon douanier appelé TEC avait été institué pour que toute marchandise importée par les pays membres puisse payer à son point d’entrée communautaire un seul tarif extérieur. Ces sommes payées sont ensuite réparties par un système de péréquation aux autres Etats (destinataire final comme pays de transit de la marchandise). Pour le cas des pays enclavés -Burkina Faso, Mali ou Niger- ces derniers ont toujours été les moins privilégiés par ce système lié au règlement n° 08/2007 du 06 avril 2007 portant adoption de la nomenclature tarifaire et statistique de l’union économique et monétaire ouest africaine basée sur la version 2007 du système harmonise de désignation et de codification des marchandises. En effet, l’article 9 du TEC régional UEMOA stipule que « Les Parties contractantes ne prennent, par la présente Convention, aucun engagement en ce qui concerne le taux des droits de douane ».
La CEDEAO aussi qui a mis en place son TEC CEDEAO en 2015, à l’échelle des 15 Etats membres sur la base des textes de l’UEMOA élargis aux autres pays non-membres impactant de ce fait la mobilisation des ressources fiscales. LE TEC CEDEAO absorbe le TEC UEMOA. Aussi le TEC se positionne comme une des étapes de la mise en place d’un marché commun et l’adoption d’une monnaie unique. Cela passe par l’établissement d’une Union douanière et d’une monnaie commune. C’est pourquoi, la Conférence des Chefs d’Etat et de Gouvernement avait adopté le TEC CEDEAO qui se caractérise par la création d’une 5ème catégorie ou 5ème bande tarifaire intitulé « Catégorie 4 : biens spécifiques pour le développement économique » qui s’ajoute aux quatre catégories du TEC UEMOA.
LA LENTE AGONIE D'AKON CITY
Face à l'immobilisme du chantier, les autorités ont adressé une mise en demeure, menaçant de récupérer les terres concédées à l'artiste. Un avertissement qui pourrait sonner le glas de l'ambitieux projet de 6 milliards de dollars
(SenePlus) - Près du village de Mbodiène, à une centaine de kilomètres au sud de Dakar, la vision grandiose du chanteur américain d'origine sénégalaise Akon semble se dissiper. Comme l'écrit Le Monde, "concédées en 2020 au chanteur américain d'origine sénégalaise Akon pour y construire une grande ville futuriste à son nom, ces terres broussailleuses devraient pourtant être un vaste chantier."
Lancé en 2020 avec l'appui de l'ancien président Macky Sall, le mégaprojet "Akon City" promettait l'édification d'une ville futuriste digne du Wakanda, le royaume africain fictif des films Black Panther. "A l'origine, le projet Akon City, dont le budget annoncé avoisinait les 6 milliards de dollars, promettait l'achèvement d'une première phase de travaux fin 2023, reportée à 2025", rapporte le quotidien français.
Aujourd'hui, "les herbes folles poussent, les troupeaux de zébus les ruminent, mais pas l'ombre d'une grue, d'un marteau-piqueur ou d'un ouvrier", constate le quotidien. Seule émerge la structure incurvée du supposé "Welcome Center". Le 28 juin, "la Société d'aménagement et de promotion des côtes et zones touristiques du Sénégal (Sapco), rattachée au ministère du tourisme, a adressé une mise en demeure à l'artiste", poursuit Le Monde. Un coup de semonce qui pourrait enterrer le projet pharaonique.
"Pour l'instant, nous gardons espoir que le projet débute, souffle Marcel Diome, le chef du village de Mbodiène. Jusqu'à présent, tout ce qu'il avait promis, Akon l'a fait. Nous croyons donc en lui même si c'est un peu lent", cite le quotidien du soir. Le notable salue les réalisations modestes du chanteur comme un terrain de basket.
Lors de son lancement en 2018, Akon City se voulait pourtant une cité ultramoderne "green et high-tech", avec tours futuristes, centres commerciaux démesurés, studios de cinéma, universités de pointe et même sa propre cryptomonnaie, l'"akoin". "Je veux que mes bâtiments ressemblent à des sculptures", lançait alors Akon, galvanisé par les comparaisons avec le blockbuster Marvel, d'après Le Monde.
Las, "l'akoin a vu son cours s'effondrer en quelques mois, passant d'une valeur de 0,15 dollar à 0,00035 dollar aujourd'hui, selon le site BitMart", relève le journal. Et le financement du projet, annoncé à 4 milliards de dollars par la société KE International, n'a jamais été concrétisé selon d'anciens collaborateurs cités par Le Monde : "Akon a dépensé plusieurs millions sur fonds propres pour ce projet. Mais il n'a pas réussi à confirmer les promesses d'investissement alors qu'il n'est pas en mesure de tout financer seul."
Certains médias locaux n'ont pas hésité à évoquer une possible "escroquerie", même si rien n'a été démontré, note Le Monde. Face aux critiques fin 2023, Akon assurait que son projet était "en marche à 100 000%" et que les sceptiques "auraient l'air stupide". Un an plus tard, le mirage d'Akon City semble bel et bien se dissiper dans les terres broussailleuses de Mbodiène. Comme l'indique Le Monde, "la demande d'hébergement pour les prochains Jeux olympiques de la jeunesse en 2026 pourrait d'ailleurs pousser d'autres investisseurs à convoiter ces terres promises au chanteur, pour des projets sans doute moins ambitieux mais plus réalistes."
L'UNESCO RETIRE LE PARC DU NIOKOLO-KOBA DE LA LISTE DU PATRIMOINE MONDIAL EN PÉRIL
Le Comité du patrimoine a notamment reconnu ”les efforts encourageants” déployés par le Sénégal pour améliorer l’état de conservation de ce site naturel.
Dakar, 24 juil (APS) – Le parc national du Niokolo-Kaba a été retiré de la liste du Patrimoine mondial en péril de l’UNESCO, a appris l’APS de source officielle, mercredi.
Le parc national du Niokolo-Kaba, classé en 1981 dans le patrimoine mondial de l’UNESCO pour sa biodiversité unique et ses écosystèmes exceptionnels, avait basculé en 2007 sur la liste du patrimoine mondial en péril.
Ce retrait de la liste du Patrimoine mondial en péril émane d’une réunion du Comité du patrimoine mondial de l’UNESCO, l’Agence des Nations-Unies pour l’éducation, la science et la culture, tenue mercredi à New Delhi, la capitale de l’Inde.
Dans son communiqué rendu public le même jour, le Comité du patrimoine de l’UNESCO a notamment reconnu ”les efforts encourageants” déployés par le Sénégal pour améliorer l’état de conservation de ce site naturel.
‘’Le Comité du patrimoine mondial a pris la décision de retirer le parc national du Niokolo-Koba de la Liste du patrimoine mondial en péril, tout en appelant l’Etat du Sénégal, à poursuivre ses efforts pour améliorer la conservation de ce site, dans les prochaines années’’, souligne la structure dans le communiqué ayant sanctionné la réunion de New Delhi.
Il salue ainsi les résultats obtenus par le Sénégal et son engagement formel de repenser le développement et l’exploitation de cette aire protégée.
Ce parc national d’une superficie de 913 000 ha, a, ces dernières années, été confronté à une série de menaces portant, entre autres, sur la diminution de la faune, le braconnage, l’exploitation du basalte ainsi que d’autres activités humaines.
‘’Cette situation avait fini de remettre sa valeur universelle exceptionnelle et conduit le comité du patrimoine mondial à l’inscrire sur la liste du patrimoine mondial en péril’’, explique l’UNESCO.
La décision d’inscrire le parc du Niokolo-Kaba sur la liste du patrimoine mondial en péril a permis au Sénégal de définir et de mettre en œuvre un plan d’action ambitieux avec le soutien de l’UNESCO et de la communauté internationale, fait valoir l’agence onusienne.
Elle fait observer que cela s’est traduit au cours des sept dernières années, par une amélioration notable de l’état de conservation du parc national du Niokolo Koba’’.
‘’Le suivi des espèces emblématiques a été considérablement renforcé et des moyens considérables ont été alloués à la surveillance du bien pour lutter contre le braconnage et l’orpaillage illégal, ainsi que pour mieux organiser la transhumance du bétail’’, s’est ainsi réjoui le comité du patrimoine de l’UNESCO..
Il a ainsi salué la mise en place par le Sénégal d’un dispositif de contrôle de la pollution minière avec l’installation d’équipements d’analyse de l’eau et des sols, en plus d’un travail permettant de mieux lutter contre l’espèce invasive dénommée Mimosa pigra..
Située dans une zone abondamment irriguée, le long des rives de la Gambie, les forêts galeries et les savanes du parc national Niokolo-Koba, abritent une faune d’une grande richesse : l’élan de Derby, des chimpanzés, des lions, des léopards, une importante population d’éléphants et de très nombreux oiseaux, reptiles et amphibiens, indique-t-on.
La Liste du patrimoine mondial en péril vise à informer des menaces pesant sur les valeurs mêmes qui ont permis l’inscription d’un bien sur la liste du patrimoine mondial et à mobiliser la communauté internationale pour sa préservation.
Elle ouvre droit à un appui technique et financier renforcé de l’UNESCO.
RECRUDESCENCE DE L'HÉPATITE B ET DU VIH DANS DES UNIVERSITÉS AU SÉNÉGAL
Cette situation préoccupante exige une prise de conscience de la part des étudiants qui devront "veiller à l’usage individuel des récipients pour manger ou pour boire (tasses, assiettes, cuillères...)".
Ils sont en groupes de deux, trois voire cinq étudiants dans le jardin de l’Université Cheikh Anta Diop de Dakar. Au même moment, d’autres, par contre, ont fait le choix d’être seul pour mieux se concentrer. On est en plein dans la période des préparatifs des examens de fin d’année où les étudiants squattent les zones calmes de l’université pour se consacrer aux révisions.
Ces rassemblements synonyme de solidarité et d’entraide entre étudiants favorisent cependant leur exposition face à plusieurs maladies transmissibles par voie sanguine, par contact direct ou par contact avec des objets souillés par le sang telles que l’hépatite B ou le VIH. Ces deux maladies ont fait d’ailleurs l’objet d’une note de service publiée hier par le Centre Régional des Œuvres Universitaires Sociales de l’Université Alioune Diop de Bambey, relative à la recrudescence de cas de maladies de VIH et de l’hépatite B dans le district sanitaire.
Cette situation préoccupante exige une prise de conscience de la part des étudiants qui devront « veiller à l’usage individuel des récipients pour manger ou pour boire (tasses, assiettes, cuillères…) », nous dit la note.
Difficile pour ceux de l’UCAD qui pensent que ces maladies ne peuvent en aucun cas être prévenus en milieu estudiantin. C’est du moins ce qu’a tenté d’expliquer ce groupe de cinq étudiants en première année de licence en sciences politiques.
« Oui j’ai vu la note hier, mais c’est compliqué », déclare l’un d’entre eux. Moustapha Faye étudiant en première année en sciences politiques à l’Ucad se dit « attristé de voir que les maladies se répandent dans l’université de Bambey. » Pour ce dernier, « ce sont les étudiants qui doivent prendre leur responsabilité et se protéger eux-mêmes parce qu’ils sont majeurs et vaccinés même si cela va être très difficile pour nous de prévenir certaines maladies. »
L’étudiant avec son cahier entre les mains, pense de surcroît qu’une maladie comme le VIH ne devrait pas se répandre dans les universités parce, que dit-il, « au Sénégal, nos valeurs nous interdisent de faire certaines choses même si dans certains cas on ne peut pas y échapper mais on peut se prémunir, se protéger avant de passer à l’acte parce qu’on est des grands donc c’est à nous de prendre notre responsabilité et d’éviter de se partager les objets personnels comme les lames, les rasoirs, etc. »
Son camarade de faculté, Modou Cissé, met en avant la solidarité des étudiants qui pourrait être un frein pour la prévention de ces maladies. « Ce sera très difficile pour nous de se protéger contre ces maladies comme l’Hépatite B surtout au niveau du restaurant où il y a des milliers d’étudiants qui se partagent tous, tasses, cuillères, plats, etc. Il y a aussi la solidarité entre étudiants et c’est en ces moments de solidarité que les maladies se propagent donc je ne pense pas qu’il ait des moyens pour prévenir ces maladies en milieu universitaire », ajoute-t-il.
La période menstruelle chez les filles est aussi des moments où la négligence de certaines filles peut exposer leur prochain par rapport à une contamination rapide. C’est ainsi que l’étudiante Bineta Diouf appelle ses semblables à plus d’hygiène pendant ces périodes. « J’ai eu un peu peur lorsque j’ai appris la nouvelle parce que la vie estudiantine est très complexe parce qu’on est tout le temps en rassemblement soit dans les amphithéâtres, ou dans le campus social parce qu’au niveau des chambres, surtout lorsqu’on est en période de menstruation, il y a parfois la négligence de certaines d’entre nous et ce sera difficile d’identifier une personne porteur d’une maladie et qui ne l’est pas. Donc il faut que nous prenons notre responsabilité dans ces conditions la », a-t-elle déclaré.
Si la prévention de ces maladies doit être de rigueur pour la sécurité des étudiants en milieu universitaire, force est de reconnaître par contre que les coutumes et les traditions de notre société peuvent être considérées comme des blocages par rapport à certaines décisions prises par les étudiants afin de se protéger contre ces maladies dont les modes de transmission sont souvent rapides.
Boubacar Gueye étudiant en sciences politiques le démontre : « lorsque j’ai parcouru la note de service de l’Université Alioune Diop de Bambey, je me suis dit immédiatement qu’avec le mode de vie que nous menons à l’université, ces maladies vont facilement se répandre dans les universités parce que pour l’hépatite B, la mode de transmission est très rapide, donc connaissant la vie estudiantine ce sera très difficile de prévenir cette maladie. Par exemple, au niveau des amphithéâtres, on s’assoit côte à côte, au restaurant c’est pareil, ce sont des files indienne sans fin, nonobstant le partage des mêmes ustensiles qui se passe à l’intérieur du restaurant et l’hygiène n’est pas de rigueur avec la vaisselle, donc il n’y a que Dieu qui peut nous en préserver. »
LES MILITAIRES INVALIDES MENACENT ENCORE DE MANIFESTER
"Nous avons alerté plus d’une fois. Les autorités compétentes ont été saisies mais le problème reste toujours entier. Nous réclamons le paiement de nos indemnités, la revalorisation des pensions, l’accès aux logements sociaux", a déclaré Ousseynou Fall.
Avant son départ, le président Macky Sall avait promis de payer l’intégralité des indemnités dues aux militaires invalides.
Cependant, depuis plusieurs mois, les choses traînent. Las d’attendre, le collectif s’est prononcé afin de rappeler au nouveau régime la promesse de leur prédécesseur.
«Nous avons alerté plus d’une fois. Les autorités compétentes ont été saisies mais le problème reste toujours entier. Nous réclamons le paiement de nos indemnités, la revalorisation des pensions, l’accès aux logements sociaux et la mise en place d’emplois réservés pour les militaires invalides », déclare le 2e vice-président de l’Association des militaires invalides, Ousseynou Fall.
Les militaires invalides pour se faire entendre par les nouvelles autorités compter « manifester mardi prochain avec ou sans autorisation ».
JO PARIS 2024, LE MATCH ISRAËL-MALI PLACÉ SOUS HAUTE SURVEILLANCE
“Ce soir au Parc des Princes, ce sera un millier de policiers qui vont permettre de faire que nous sommes là pour le sport. C’est un match important pour le dispositif de sécurité” a dit Gérald Darmanin.
Le match de football opposant Israël au Mali, ce mercredi soir au Parc des Princes, dans le cadre des JO de Paris 2024, “fait l’objet d’une sécurité, d’un périmètre antiterroriste”, a annoncé le ministre de l’intérieur Gérald Darmanin, dans une interview à BFMTV.
“Ce soir au Parc des Princes, ce sera un millier de policiers qui vont permettre de faire que nous sommes là pour le sport. C’est un match important pour le dispositif de sécurité” a poursuivi le locataire de Beauvau.
Il a également confirmé le déploiement du GIGN (Groupe d’intervention de la gendarmerie nationale) et du RAID, 24/24 heures, pour assurer la protection des athlètes israéliens mais également de l’ensemble de leur délégation.
“L’équipe israélienne est particulièrement protégée (…) la vie géopolitique fait qu’ils sont particulièrement menacés” a poursuivi Gérald Darmanin.
Mardi soir, le président français Emmanuel Macron assurait, de son côté, que les athlètes israéliens “sont les bienvenus” pour ces JO et doivent “pouvoir concourir sous leurs couleurs”.
Ces prises de position interviennent alors que le député LFI (La France Insoumise) Thomas Portes fait l’objet de vives critiques pour avoir affirmé, samedi, que les athlètes israéliens n’étaient pas les bienvenus à Paris au vu de la guerre menée à Gaza.
« Nous sommes à quelques jours d’une échéance internationale qui va se tenir à Paris, qui sont les Jeux olympiques. Et moi, je suis ici pour dire que non, la délégation israélienne n’est pas la bienvenue à Paris. Les sportifs israéliens ne sont pas les bienvenus aux Jeux olympiques à Paris. Il faut utiliser cette échéance, tous les leviers que nous avons pour créer des mobilisations » avait-il affirmé sous les applaudissements du public, en dénonçant le deux poids deux mesures entre la Russie et Israël.
Dans la foulée, l’OJE (organisation juive européenne), déjà à l’origine de plusieurs plaintes contre des figures de la lutte palestinienne en France, a annoncé une nouvelle plainte à l’encontre de Thomas Portes.
DIOMAYE A REÇU UNE INVITATION DE XI JINPING POUR UNE VISITE D’ÉTAT EN CHINE
Le renforcement de la confiance politique mutuelle entre les deux pays, ainsi que l’intensification des échanges de haut niveau et de la coopération, ont été abordés lors de l’invitation, a assuré le vice-ministre chinois des Affaires étrangères.
Dakar, 24 juil (APS) – Le président Bassirou Diomaye Faye a reçu des mains du vice-ministre chinois des Affaires étrangères, Chen Xiaodong, une invitation de son homologue Xi Jinping pour une visite d’Etat en Chine, a annoncé la présidence sénégalaise.
‘’Le président de la République a reçu mardi dans la soirée le vice-ministre chinois, M. Chen Xiaodong, porteur d’une invitation officielle du président Xi Jinping pour se rendre en République populaire de Chine dans le cadre d’une visite officielle’’, rapporte la Présidence dans un message publié sur le réseau social X.
‘’Nous avons eu des discussions sur sa prochaine visite d’Etat en Chine et sur sa co-présidence avec le président Xi Jinping au sommet du forum sur la coopération sino africaine de la confédération sino africaine’’, a confirmé à la télévision publique (RTS), le diplomate chinois au sortir de sa rencontre avec le président Faye.
Le renforcement de la confiance politique mutuelle entre la Chine et le Sénégal, l’intensification des échanges de haut niveau et du renforcement de la coopération pragmatique entre les deux pays, ont été abordés, a assuré le vice-ministre chinois des Affaires étrangères.
M. Xiaodong a en même temps fait part de la volonté de son pays de travailler à la consolidation de la synergie des stratégies de développement dans le domaine des infrastructures, des affaires régionales et internationales.
lettres d'amérique, Par Rama YADE
L’AFRIQUE ATLANTIQUE : ENTRE MENACES ET OPPORTUNITES
Alors que l'Otan célébrait ses 75 ans autour de questions sécuritaires, une conférence au Maroc plaçait l'Atlantique africain au cœur du développement économique du continent, avec le projet d'unir par des infrastructures les pays sahéliens à l'océan
Au moment où l’Organisation du Traité de l’Atlantique Nord (Otan) célébrait ses 75 ans à Washington D.C. en présence de 37 chefs d’Etat ou de gouvernement sur fond de bruits de bottes en Ukraine, une conférence s’ouvrait du côté de Dakhla, au Maroc : «Vision d’un Roi, l’Afrique atlantique, pour une région inclusive, intégrée et prospère» par le groupe media Le Matin. Le ton y était moins sécuritaire qu’à Washington et pointait clairement cet Atlantique africain trop souvent négligé dans l’agenda diplomatique, alors que les enjeux y sont gigantesques. On s’y enthousiasmait pour la nouvelle initiative de Sa Majesté le Roi Mohamed VI, dévoilée en novembre 2023 et dont l’essentiel consiste à offrir un accès à l’Atlantique à quatre «pays frères» sahéliens : le Mali, le Niger, le Tchad et le Burkina Faso. Les populations de ces pays durement frappés par le terrorisme depuis plus de vingt ans, souffrent également de l’impact des sanctions. La mise à disposition des infrastructures routières, ferroviaires et portuaires devrait leur offrir des perspectives économiques nouvelles. Bien sûr, il faudra aller dans les détails, redoutables comme la définition des priorités stratégiques, l’intégration de projets déjà en cours comme le projet de gazoduc Nigeria-Maroc, la Grande Muraille Verte, l’harmonisation des mécanismes de gouvernance maritime et bien sûr, la question des financements pour soutenir la modernisation des infrastructures.
C’est pour cela que l’initiative atlantique marocaine est à la fois un plan de développement et un plan de paix.
On se souvient de l’avertissement de Macky Sall, ancien Président du Sénégal, qui sait ce qu’il coûte de protéger la frontière sénégalaise des incursions terroristes : «Leur objectif, avait-il dit dans un entretien sur Rfi le 23 février 2021, est d’atteindre l’atlantique.» C’est le vieux projet terroriste, de la mer Rouge à l’Atlantique. Et pour cause : l’Atlantique est un espace stratégique de piraterie où, avec les 4000 bateaux qui passent chaque jour, la connexion se fait avec les réseaux sud-américains de trafic de drogue, indispensables pour s’enrichir et équiper leurs troupes. Dès lors, il ne faut pas s’étonner des attaques sur la côte du Golfe de Guinée, au Togo ou en Côte d’Ivoire. L’Atlantique, il faut donc y arriver avant eux.
Au-delà de la géographie, il y a aussi l’histoire et ses leçons. Les Africains de l’intérieur ne peuvent s’en sortir sans accès à l’Atlantique. Ils connaissent le prix de l’océan. En témoigne l’histoire de l’Empire toucouleur de El Hadj Omar et de l’Empire Wassoulou de Samori. Les deux héros africains du XIXème siècle, face à l’inéluctable avancée de la conquête coloniale européenne, auront tout fait pour «capter, avant qu’il ne fût trop tard, l’initiative politique et la conserver entre des mains africaines», selon les mots de l’historien Joseph KiZerbo dans son Histoire générale de l’Afrique (Hatier, 1972). Asphyxiés, ils auront cherché désespérément à dépasser la continentalité de leurs territoires par une ouverture sur l’océan. Ils avaient compris que l’Atlantique était leur seul salut. El Hadj Omar Tall dont l’empire couvrait une partie des territoires actuels du Sénégal, de la Guinée, la Mauritanie et du Mali, et qui avait pour ambition de libérer les opprimés de la tutelle de l’aristocratie et de la traite négrière tout en unifiant le Soudan d’alors, va se heurter dans sa progression aux troupes de Faidherbe avant d’échouer à Matam et de disparaitre dans les falaises de Bandiagara en 1869. Son fils et successeur à la tête de l’empire, Ahmadou, échouera pour les mêmes raisons : en refusant l’alliance offerte par Samori, fondateur de l’Empire Wassoulou, un autre espace enclavé couvrant une partie des territoires actuels de la Guinée, du Mali et le nord de la Côte d’Ivoire, il précipite sa défaite. Seul face aux Français à partir de 1880, Samori, malgré sa ténacité, illustrée par la bataille de Woyo-Wayankô, le 2 avril 1882, est pourchassé alors qu’il n’aura de cesse de se diriger vers la côte jusqu’à sa capture le 29 septembre 1898 par le commandant Gouraud et son exil final au Gabon.
L’échec de ces héros ouvrira la voie à la colonisation. L’importance stratégique de l’Atlantique telle qu’enseignée par l’histoire demeure.
L’Atlantique, c’est toujours le deuxième des cinq océans en taille, après le Pacifique. Elle couvre 17% de la surface de la terre et un quart de l’espace maritime mondial. Plus d’une centaine de pays sur trois continents bordent l’océan, et parmi lesquels la première puissance mondiale (les Etats-Unis), d’autres membres permanents du Conseil de sécurité des Nations unies (dont le Royaume-Uni et la France), des puissances latino-américaines (comme l’Argentine et le Brésil). Du côté africain, l’Atlantique abrite 23 nations côtières, du Maroc à l’Afrique du Sud en passant par le Sénégal, pointe la plus occidentale du continent africain, le tout constituant 46% de la population du continent, 55% de son produit intérieur brut et 57% de son commerce. La zone contient également une grande quantité de ressources naturelles dont le pétrole. D’espace à civilisation atlantique, comme a fini par le devenir l’Otan dont les pays membres sont unis par un sentiment de solidarité militaire, il y a tout de même un monde. C’est pourtant le défi que doivent relever les pays de l’Atlantique africain.
Aujourd’hui comme hier autour de l’Atlantique, les enjeux sont autant des menaces que d’opportunités. La maritimité demeure en effet une affirmation de puissance comme en atteste la violence des zones de tension où se jouent les questions de souveraineté maritime, comme entre le Nigeria et le Cameroun au sujet de la presqu’île de Bakassi jusqu’en 2008, entre le Ghana et la Côte d’Ivoire jusqu’en 2017, le Sénégal et la Guinée-Bissau jusqu’en 1995 ou encore entre le Gabon et la Guinée équatoriale au sujet de l’île de Mbanie. Cette lutte d’influence se joue essentiellement autour du contrôle des zones exclusives maritimes, des détroits, des caps et des canaux, entre Etats qui rivalisent pour l’exploitation de gisements énergétiques. Le droit de la mer, issu de la Convention des Nations unies de Montego Bay sur le droit de la mer de 1982, ne suffisant pas toujours pour les abriter, c’est un espace stratégique qui n’échappe pas à la militarisation par les Etats désireux d’y étendre leur souveraineté.
Pour un pays comme le Sénégal, les pratiques de pêche illégale qui épuisent les stocks halieutiques sont le principal défi. Le règlement de cette question, cruciale pour les 600 000 Sénégalais qui vivent de la pêche, est d’ailleurs l’un des principaux engagements du Président Diomaye Faye pour renégocier les accords et sanctionner les chalutiers étrangers, notamment chinois et turcs, qui, sous pavillon sénégalais, cherchent à échapper à la réglementation. Selon le rapport 2022 de l’Environmental Justice Foundation, «la flotte chinoise de haute mer -de loin la plus grande au monde, capture environ 2,35 millions de tonnes de fruits de mer chaque année -selon certaines estimations, environ la moitié du total des captures en eaux lointaines de la Chine- évaluées à plus de 5 milliards de dollars»
Les zones indépendantes, considérées comme un «bien commun», apparaissent également comme le foyer d’une nouvelle mobilisation à travers la sauvegarde de la biodiversité. Ainsi, c’est après deux décennies de négociations qu’a été adopté le 19 juin 2023 l’accord «historique» sur la protection de la biodiversité marine au-delà des zones de juridiction nationale par la Conférence intergouvernementale sur la biodiversité marine.
Conscientes de ces atouts, les institutions africaines ont élaboré un cadre d’action autour de l’Agenda 2063 de l’Union africaine, de la Stratégie africaine intégrée pour les mers et les océans à l’horizon 2050 et la Charte africaine sur la sûreté, la sécurité maritime et le développement, proclamé «2015-2025, Décennie des mers et des océans d’Afrique» et décidé que le 25 juillet serait désormais «Journée africaine des mers et des océans». C’est que les enjeux autour de l’économie bleue sont capitaux en Afrique alors que la transition énergétique maritime, la révolution portuaire et les transports maritimes, les activités halieutiques et énergétiques avec de nombreuses découvertes (notamment au Sénégal, Côte d’Ivoire, Ghana) et les câbles sous-marins bouleversent les économies africaines maritimes de manière spectaculaire. La gouvernance de l’océan est un défi majeur qui reste encore à relever pour les Etats africains au moment où la première puissance navale du monde, les Etats-Unis, viennent de lancer, le 18 septembre 2023 à l’ouverture de l’Assemblée générale des Nations unies, un nouveau Partenariat pour la coopération atlantique. Près de la moitié (15) des 32 pays atlantiques membres de ce Partenariat sont africains au moment de son lancement : Angola, Cabo Verde, Côte d’Ivoire, Guinée équatoriale, Gabon, Gambie, Ghana, Guinée, Liberia, Mauritanie, Maroc, Nigeria, République du Congo, Sénégal, Togo. Ce Partenariat pour la coopération atlantique ne doit cependant pas être un simple instrument au service de la rivalité entre les grandes puissances. Il peut soutenir les Etats africains qui sont à la tâche pour maximiser la coopération portuaire, le déploiement des ports intelligents, les leviers touristiques, au moment où le continent lance la plus grande zone de libre-échange au monde. Sur le plan politique, l’Atlantique africain, ce sont 20% des voix à l’Onu, mais sans coordination entre ces pays côtiers, l’Atlantique africain est un lion sans dents.
Là encore, l’histoire nous enseigne que l’Atlantique n’a pas toujours été une promesse
Nous qui avons grandi sur la corniche sénégalaise, l’Atlantique et sa belle côte ont d’abord été des espaces de jeux pour les enfants insouciants que nous étions, un marché pour nos mamans qui venaient s’approvisionner en poissons, un espace professionnel pour nos familles issues de générations de pêcheurs. En arrière-fond, toujours l’île de Gorée pour nous rappeler que l’Atlantique a englouti bien des nôtres, épicentre d’une traite qui a déshumanisé l’Afrique pendant cinq siècles. Pour faire communauté, l’Atlantique doit devenir un espace de coopération mémorielle, avec les diasporas du Brésil aux Caraïbes au premier plan, et pourquoi pas entre musées côtiers porteurs de cette mémoire, du Musée des civilisations noires de Dakar au nouveau Musée international afro-américain de Charleston (Etats-Unis), au Mémorial à l’abolition de l’esclavage de Nantes (France). Alors que demain, 25 juillet, la communauté internationale célèbre la «Journée africaine des mers et des océans», tout, de l’histoire à la géographie, rappelle la centralité de l’Atlantique.
Rama Yade est Senior Director, Africa Center Atlantic Council.
LES ENTREPRISES RUSSES ET CHINOISES A L’ASSAUT DU MARCHE AFRICAIN
Très discrètes, les sociétés russes et chinoises apparaissent particulièrement actives en Afrique. C’est ce que révèle la Fondation pour la recherche stratégique (FRS) dans son dernier rapport publié en juin 2024.
“Entreprises de services de sécurité et de défense russes et chinoises en Afrique : deux modèles concurrents ?” Tel est l’intitulé du rapport de la Fondation pour la recherche stratégique (FRS) qui a étudié leur expansion dans le continent et les risques que cela présente.
Très discrètes, les sociétés russes et chinoises apparaissent particulièrement actives en Afrique. C’est ce que révèle la Fondation pour la recherche stratégique (FRS) dans son dernier rapport publié en juin 2024. Selon elle, l’expansion des entreprises de services de sécurité et de défense chinoises (ESSD) en Afrique est principalement venue répondre à une volonté de sécurisation des ressortissants, dont le nombre sur le continent est estimé à plus d’un million, et des intérêts économiques de la Chine, premier partenaire commercial de l’Afrique, avec un volume d’échanges s’élevant à 282 milliards de dollars en 2022.
Quant aux ESSD russes, dit-elle, le marché africain a jusqu’à présent été dominé par le groupe paramilitaire Wagner qui s’est imposé comme le principal outil d’expansion de l’influence russe, en assurant notamment la sécurité de certains régimes, comme en Centrafrique ou au Mali, et “en participant à des campagnes de manipulation de l’information”.
Revenant sur les sociétés chinoises, la Fondation pour la recherche stratégique (FRS) indique que les statistiques de la China Security Association (CSA) révèlent que sur les dizaines de milliers de sociétés du secteur, seules 57 entreprises étaient actives à l’étranger en 2021. Au total, note-t-on dans le rapport, les sociétés chinoises auraient envoyé à l’étranger près de 2 000 personnels de sécurité et utilisé près de 37 000 employés locaux pour un chiffre d’affaires estimé à près de 320 millions d’euros. Les plus importantes d’entre elles incluent Frontier Services Group (FSG), HuaXin ZhongAn Security Group (HXZA), Shandong Huawei Security Group ou encore China Overseas Security Group (COSG).
Toujours, selon le rapport, en l’espace de dix ans, plusieurs dizaines d’ESSD ont été déployées en Afrique, en plus de celles déjà établies localement par des Chinois. Plus précisément, note-ton, les recherches effectuées par la FRS montrent que plus de 20 ESSD de premier plan en Chine sont désormais actives dans près de trente pays africains.
La Fondation pour la recherche stratégique (FRS) soutient en outre que les évolutions du modèle de sécurité privée aux caractéristiques chinoises ne doivent pas, pour autant, masquer des défaillances chroniques. “Si l’industrie chinoise de la sécurité dispose en apparence d’une main-d'œuvre énorme, l’offre de personnel apte à opérer à l’étranger est insuffisante. La majorité des employés ne disposent pas des compétences linguistiques ou techniques requises. Leur formation aux armes à feu est perçue comme inadéquate et ils manquent généralement d’expérience en matière de combat, de négociation ou de gestion de crise. Ils peinent également dans le domaine du renseignement et de l’anticipation, et tendent à trop s’appuyer sur les informations obtenues en sources ouvertes”, relève l’étude de la FRS qui ajoute que les sociétés de sécurité chinoises peinent à rivaliser avec leurs homologues occidentales comme G4S, Control Risks ou International SOS, sur l’offre proposée et sur la qualité des services.
LE MODELE RUSSE EST EN PLEINE RECONFIGURATION
Par ailleurs, le rapport a également mis l’accent sur l’engagement russe en Afrique qui a connu une forte croissance. Selon la Fondation pour la recherche stratégique, Moscou a développé une “stratégie partenariale clientéliste et opportuniste”, venant servir ses objectifs de politique étrangère et ses intérêts de puissance. Offrant des accords de défense et services de sécurité sans contrepartie sur le plan de la gouvernance et des droits humains, souligne-t-il, la Russie a réussi à séduire de nombreux États africains souhaitant diversifier leurs partenariats, voire s’éloigner des États occidentaux. “Si de nombreuses ESSD russes semblent peu visibles en Afrique, c’est aussi parce qu’elles ont été éclipsées par Wagner, qui a réussi à développer une forte influence sur le continent”, a fait savoir la FRS.
Toutefois, elle estime que le modèle russe est en reconfiguration depuis fin 2023 avec le lancement de Africa Corps.“Corps expéditionnaire vise à mener des opérations militaires à grande échelle sur le continent africain pour soutenir les pays cherchant à se débarrasser enfin de la dépendance néocoloniale, à nettoyer la présence occidentale et à acquérir la pleine souveraineté’’, soutient la Fondation pour la recherche stratégique qui cite Igor Ko-rotchenko, ancien colonel et rédacteur en chef de la revue russe Natsionalnaïa oborona (« défense nationale ».
Selon la FRS, la stratégie d’implantation d’Africa Corps indique une continuité dans la politique étrangère russe et le maintien des priorités stratégiques. Avec Africa Corps, dit-elle, Moscou mise sur le même type de pays partenaires et poursuit les mêmes objectifs géostratégiques.“ La stratégie d’implantation d’Africa Corps présente des similitudes avec celle de Wagner et permet de dégager les critères suivants généralement observés dans les années ou mois précédant l’implantation d’une ESSD russe : Rapprochement diplomatique avec un pays en proie à une instabilité intérieure et dirigé par un régime militaire/autoritaire cherchant à assurer sa survie ; Conclusion d’accords miniers et d’accords de coopération de défense ; Campagne d’influence politique et de désinformation pro-russe ; Arrivée d’avions russes sur le territoire avec matériel et/ou personnel”, lit-on dans le document établi par la FRS et dont “L’AS” détient une copie.