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19 novembre 2024
ACHAT D’UNE MAISON À 200 MILLIONS, L'EX-CAPITAINE TOURÉ PORTE PLAINTE CONTRE ANITA DIOP
"La personne susnommée prétend qu’après juste deux mois à la tête de l’ASP, j’aurai détourné des fonds publics avec lesquels je tenterai d’acquérir actuellement une maison de 300 m² à sise à la Cité Biagui", a expliqué le DG de l'APS.
Le directeur de l’agence de sécurité de proximité (ASP) Seydina Oumar Touré a déposé une plainte contre X, après des accusations d’achat d’une maison à 200 millions, par le pseudonyme du compte Facebook Anita Diop.
«La personne susnommée prétend qu’après juste deux mois à la tête de l’ASP, j’aurai détourné des fonds publics avec lesquels je tenterai d’acquérir actuellement une maison de 300 m², à 200 millions de Francs CFA, sise à la Cité Biagui. Une affirmation qui non seulement défie toute logique, mais n’a d’autre but que de porter atteinte à ma dignité et à celle de ma famille », peut-on lire dans le document.
« Le(a) mis(e) en cause étant inconnue et impossible a situer, je me réfère à vos services pour retrouver madame ou monsieur Anita Diop pour qu’il ou elle apporte la preuve de telles allégations », ajoute le document .
Le directeur de l'ASP de faire entendre que le « combat pour la droiture et le sens du sacerdoce que promeut le Président de la République du Sénégal, ne sera pas de tout repos et nous le savons ».
« Les forces centrifuges ne ménageront aucun effort pour nous voir échouer. C’est pourquoi nous devons tous, avec une fermeté sans équivoque, mettre fin à ces mensonges et tentatives de manipulation qui n’ont que trop duré », a notamment appelé Seydina Oumar Touré.
par Bamba Niakhal Sylla
LE CHEMIN DE LA TRANSFORMATION, LE PASTEF À L’ÉPREUVE DE LA GOUVERNANCE
EXCLUSIF SENEPLUS - Si les premiers pas des nouvelles autorités s'inscrivent dans une logique de prudence compréhensible, la mise en perspective d'une vision claire de leur politique demeure une attente légitime des citoyens
Au moment où les observateurs politiques se livrent à une analyse rétrospective des 100 premiers jours du nouveau régime, sur fond de scepticisme grandissant ou de trompette glorifiant, il parait opportun de verser aux échanges un regard constructif mais sans complaisance, fondé sur des considérations factuelles, qui semblent imprimer quelques orientations de la politique gouvernementale.
Par ailleurs, si l’espace démocratique autorise l’examen critique des politiques publiques, l’honnêteté intellectuelle exige en retour de considérer les limites de cet exercice dans le contexte d’une gouvernance qui n’a duré que trois mois.
Toutefois, il est loisible d’affirmer, sur la base de l’examen des déclarations politiques et des productions intellectuelles disponibles, que la rhétorique qui servait de leitmotiv à la vulgarisation du Projet était sans conteste d’inspiration révolutionnaire, au sens de la remise en cause radicale des pratiques de gestion et de gouvernance antérieures. En effet, en prétendant renforcer l’intégration africaine dans la lignée des pères fondateurs du panafricanisme et sortir le pays de l’opacité de la Françafrique et ses instruments d’asservissement et de prédation (présence militaire, domination monétaire, contrats léonins, accaparement des ressources nationales, etc.), le Pastef annonçait haut et fort les contours de la future politique gouvernementale. Cette intention de remise en cause des rapports internationaux s’accompagnait, sur le flanc intérieur, de la volonté d’instaurer une gouvernance vertueuse, de combattre avec opiniâtreté la corruption endémique et de promouvoir une presse et une justice libre et indépendante. Le discours était résolument disruptif et trouvait ses sources d’inspiration et son incarnation dans le refus de la servitude de Sankara, la restauration de la conscience historique africaine de Cheikh Anta Diop, et l’exaltation de la grandeur des civilisations négro-africaines, s’inscrivant ainsi dans le sillage des luttes pour une « renaissance » continentale. Derrière le discours, se tenait la promesse d’un avenir radieux, où les richesses nationales seraient abondamment et équitablement redistribuées, à l’image de la prospérité des monarchies arabiques.
La puissance du discours, porté par la figure charismatique d’Ousmane Sonko, a fini par convaincre la masse des déshérités et une diaspora nostalgique d’un retour au bercail, convaincue des capacités propres de l’Afrique d’être à l’avant-garde de l’évolution du monde, comme le prédisent les prospectivistes. La trajectoire héroïque de Sonko, émaillée de péripéties invraisemblables, et auréolée d’un zeste de mysticisme religieux, lui conférait une dimension singulière dans le landernau politique. Son discours eut l’effet d’un tsunami, emportant sur son passage toutes les digues de l’ancien régime, au point d’ébranler le « système » dans ses racines les plus profondes. Les mots sont dits : le changement annoncé sera « systémique », « global » et « holistique ». Tous les acteurs sincères et épris de liberté, mus par le désir de progrès, sénégalais et non-sénégalais, ont massivement adhéré au projet patriotique et panafricain promu par le Pastef, qui surgit dans un contexte continental marqué par l’émergence d’une nouvelle conscience africaine émancipée du complexe colonial. Au Sénégal, l’adhésion populaire était mêlée d’une ferveur messianique, au point où le chanteur-troubadour s’interrogeait même sur la sainteté du leader du Pastef. Le peuple vivait un moment épique de son histoire politique, porté par l’allégresse et le sentiment d’être acteur et témoin d’un moment de basculement rare dans la trajectoire des nations.
L’accession triomphale du Pastef au pouvoir, plébiscité dès le premier tour de l’élection présidentielle en mars 2024, allait ouvrir une nouvelle ère de gouvernance prometteuse, mais aussi difficultueuse en raison de l’ampleur des défis à relever et des promesses à tenir.
Les premiers pas marqués par la prudence et la détermination
Dans une large mesure, le redressement du pays envisagé par les nouvelles autorités s’assimile à un double effort d’assainissement de l’espace public national et de redéfinition des rapports internationaux déséquilibrés au détriment des intérêts nationaux.
En plus de la nécessite de disposer d’une vision claire, cette intention induit comme préalable la maitrise des rouages de l’Etat, un ancrage solide dans les institutions et une profonde imprégnation des dossiers par les nouveaux élus. Elle requiert un minimum de temps incompressible auquel ne peuvent se soustraire les nouvelles autorités, au risque d’un dévoiement susceptible de porter préjudice aux réformes envisagées.
Entre-temps, la mise en œuvre de certaines promesses de campagne s’est bien engagée dans le vaste spectre de la politique gouvernementale, qu’il s’agisse de la réduction du prix de denrées alimentaires de première nécessité pour soulager la souffrance des ménages, de la distribution plus équitable des intrants agricoles pour soutenir le monde paysan, de la recherche de l’impartialité dans les nominations aux postes de responsabilité pour une gouvernance transparence ou de l’instauration d’un climat politique plus serein et apaisé pour enfin dissiper l’atmosphère délétère imposée par la dérive autoritaire du pouvoir précédent.
Aussi, les audits initiés dans de nombreux organes de l’Etat devraient mettre en lumière les zones d’ombre de la gouvernance précédente et permettre à la justice de sévir dans les cas d’infractions avérées, en particulier pour les détenteurs de l’autorité publique, conformément aux priorités des nouvelles autorités.
Les conclusions des Assises de la justice devraient, quant à elles, favoriser une réorganisation plus efficace de la magistrature, en garantissant son indépendance dans le cadre des nouvelles orientations retenues.
Cependant, l’existence de nombreux rapports produits sous l’autorité de l’ancien régime par l’Office National de Lutte contre la Fraude et la Corruption (OFNAC), l’Inspection Générale de l’Etat (IGE) et la Cour des Comptes, pointant du doigt une tripotée d’acteurs corrompus, pose la question de leur transmission à la justice pour traitement. Ces rapports émanant de l’ancien pouvoir ne peuvent être soupçonnés de complaisance ou d’être diligentés à des fins politiciennes pour réprimer, comme cela se faisait auparavant, des opposants gênants et récalcitrants.
Au plan international, les propos et décisions en direction de la France et des pays de l’Alliance des Etats du Sahel (AES) cristallisent l’attention, en raison du primat accordé à la souveraineté dans le programme du Pastef.
La rencontre des présidents Diomaye Faye et Macron à Paris, sans reproduire les clichés coutumiers d’allégeance dégradants de nombreux dirigeants africains, n’a pas non plus été l’occasion d’une clarification franche de la rupture prônée par le Pastef. Le communiqué final commun des deux chefs d’Etat est resté assez convenu, dans la pure tradition de la novlangue diplomatique.
En revanche, en plaçant les pays de l’AES (Mali et Burkina) au bas de la liste de ses premières visites internationales du président, en particulier après celle de Ouattara perçu comme un des piliers de la Françafrique, la présidence sénégalaise semble indiquer par ce choix diplomatique sa distance à l’égard de l’AES. Cela a été plus tard confirmé à Bamako, quand le président Diomaye Faye déclarait que l’adhésion du Sénégal n’était pas à l’ordre du jour. Cette distanciation est-elle destinée à rassurer la France en prévision des prochaines négociations promises sur les contrats déséquilibrés ? ou l’expression d’une politique ancrée dans la continuité ?
Toujours est-il que cette décision reste incomprise par de nombreux Africains qui voyaient dans l’accession au pouvoir du Pastef, l’opportunité de renforcer le « camp du refus » porté par l’AES ; une organisation qui s’attèle à mettre en œuvre une politique courageuse de souveraineté et d’intégration authentique, avec des résultats probants qui confortent la perspective d’une Afrique libre, résolument engagée dans la voie du progrès. A l’opposé, la CEDEAO continue de s’enliser dans l’immobilisme, incapable de porter le destin de la communauté en toute indépendance. La déception de nombreux patriotes de l’AES est à la hauteur de l’absence de solidarité attendue des nouvelles autorités sénégalaises, qui avaient pourtant envisagé, quand elles étaient dans l’opposition, la possibilité d’envoyer des troupes sénégalaises pour défendre les pays de l’alliance menacés d’agression par CEDEAO, en toute vraisemblance sur les injonctions françaises. Aussi, les références fréquentes au sankarisme par le chef du Pastef, toujours arborant le portrait du guide burkinabè en arrière-plan de ses conférences de presse, laissait supposer une proximité idéologique et de larges convergences d’idées sur le destin commun de l’Afrique.
De tout temps et en tout lieu, les modalités de lutte pour la souveraineté se sont accommodées aux contextes nationaux et aux circonstances du moment. A ce titre, on ne peut reprocher au triumvirat de l’AES, acculés de facto, la radicalité de leur posture, qui découle en vérité de l’intransigeance, des menaces et de la farouche adversité manifestées par les forces d’occupation incarnées par la France ; les mêmes menaces qui n’épargneront pas le Sénégal lorsque les autorités du pays décideront réellement d’appliquer leur programme de souveraineté. Sans être une parole sacrée, l’adage ivoirien, entonné dans une chanson célèbre, nous alerte en ces termes empreints d’humour : « Ce qui a tué Maclacla tuera Macloclo ».
Dans la lutte pour l’indépendance réelle de l’Afrique, le destin de l’AES se projette de manière inexorable comme élément central de la géostratégie du continent : la réussite de l’alliance sera un puissant catalyseur pour l’émancipation, alors que sa défaite apportera de la fragilité dans la marche vers la liberté des peuples africains. Derrière cet enjeu continental, il y a la suggestion d’une solidarité à développer, d’une bienveillance à manifester à l’égard de l’AES de la part des pays désireux de conquérir leur indépendance véritable. Ce point de vue est conforté par l’analyse a posteriori des oppositions qui ont prévalu entre les blocs de Monrovia et Casablanca lors de la création de l’Organisation de l’Unité Africaine, et les conclusions qui en ressortent sur la pertinence des choix stratégiques opérés à l’époque. La sagesse africaine enseigne “ Si tu veux aller vite, marche seul mais si tu veux aller loin, marchons ensemble”. Ce cheminement collectif se fera-t-il avec La CEDEAO qui ne semble pas être en ordre de marche, entravées par ses liens de subordination ou avec l’AES, qui poursuit vaille que vaille son projet de souveraineté ?
L’exigence de visibilité et de perspective de la politique gouvernementale
Même si la période de trois mois d’exercice du pouvoir ne suffit pas à mettre en place une politique gouvernementale, encore moins d’évoquer un bilan, elle demeure néanmoins suffisante pour imprimer une orientation et dégager quelques perspectives. La prudence observée par les nouvelles autorités peut donner l’impression d’une gouvernance hésitante, probablement encalminée par l’ampleur des défis à relever. Est-ce le calme qui précède l’orage fécondant du changement ? l’accalmie imposée par le temps de l’imprégnation des dossiers et de la connaissance des méandres de l’Etat, comme déjà évoqué ? La volonté des autorités de se conformer au Projet sera d’autant plus partagée que la vision qui le sous-tend se déclinera dans ses modalités de mise en œuvre concrète sur les deux axes de la politique nationale et internationale.
La transformation sociale, politique et économique radicale défendue par le Pastef exige pour sa mise en œuvre la conjonction d’au moins quatre conditions incontournables : (1) la détermination à toute épreuve, (2) la connaissance des réalités sociales et politiques, (3) la compétence à travers l’expertise et le leadership et enfin (4) le courage, dans un contexte politique national et international périlleux.
Si la détermination du pouvoir actuel ne souffre véritablement d’aucune contestation, il importe toutefois qu’elle soit constamment nourrie, entretenue et préservée des forces corruptrices du « système ». Or la perception répandue du système à travers les individus et les lobbies qui le composent est potentiellement trompeuse. Ceux-ci ne sont que la face émergée de l’iceberg. Par sa nature composite, le système est structurant et se décline tous azimuts. Il se manifeste dans la rigidité des protocoles, dans l’obséquiosité des conseillers présidentiels, dans la flagornerie des courtisans facétieux, du jour comme du soir. Il est tapi dans le décorum et les lambris dorés des palais de la république. Il est dans les pas cadencés de la garde républicaine, qui vous sublime au point de vous déifier. Il est dans les salons feutrés des palaces visités, les sièges douillets des Maybachs présidentiels, les vrombissements stridents des longs cortèges républicains. Il est dans l’hyper présidentialisme de notre constitution monarchisant, héritée de l’ancien colonisateur ; il est encore plus insidieux lorsqu’il se propage dans le corps social telle une métastase, en altérant les repères éducatifs et les bases culturelles, notamment en promouvant la réussite facile au détriment de l’effort et de la persévérance ou en concevant favorablement la richesse illicite issue de la prévarication ; Toutes choses qui ont la puissance de transformer l’individu, parfois à son corps défendant, en un abject monarque en république bananière. « On ne pense ni aux mêmes choses ni de la même façon selon que l'on vit dans une chaumière ou dans un palais », aimait à répéter Sankara, empruntant à Karl Max cet aphorisme mainte fois vérifié. En être conscient est le premier rempart à dresser pour s’en prémunir, en s’entourant sans doute de rituels protecteurs, en s’aménageant des moments de recueillement et de méditation, des retraites spirituelles régulières, mais aussi à travers la promotion et l’animation d’un espace démocratique propice à la critique, aux échanges et à l’expression libre des idées.
En vérité, le « système » dont il est question est encore plus complexe, car il n’est que l’incarnation locale d’un « Système » plus englobant, conçu et élaboré au niveau international, auquel il est assujetti. Par conséquent, combattre le Système, c’est d’abord l’appréhender dans sa totalité : sa dimension locale et ses ramifications internationales.
Pour être efficace, la détermination doit s’inscrire dans une démarche de mobilisation sociale et citoyenne organisée à l’échelle du pays, à l’instar des expériences mondiales de politique de transformation sociale d’envergure. La révolution culturelle et agraire chinoise s’est organisée autour de mouvements de jeunesses, les gardes rouges, qui avaient pour mission de lutter contre les forces réactionnaires et d’accélérer l’aggiornamento culturelle en luttant contre les « quatre vieilleries » : vielles coutumes, vieilles idées, vieilles cultures et vieilles habitudes, considérées comme autant d’obstacles à l’avènement du socialisme populaire. La révolution bourgeoise française a engendré, quant à elle, des clubs politiques, des structures d’incubation d’idées réformistes inspirées des clubs Jacobins, où se distinguera plus tard la figure emblématique de Robespierre. La révolution bolchevik de 1917 s’est accompagnée d’une campagne d’instruction des adultes portée par des organisations de masses affiliées au parti communiste. A Cuba, la révolution avait pour fer de lance les Comités de Défense de la Révolution (CDR) qui œuvraient à la promotion des acquis de la révolution dans l’agriculture, l’éducation, la santé, etc. et qui ont à leur actif la percée fulgurante de la méthode d’alphabétisation « Yo, Si Puedo » universellement reconnue pour son efficacité et ses résultats. Cette forme d’organisation inspira plus tard Thomas Sankara lors de son accession au pouvoir.
Ces expériences diverses de mobilisation populaire, nonobstant leur efficacité et parfois leurs carences, illustrent l’importance de l’inclusion et de la participation des masses laborieuses et de la jeunesse prédominante dans les processus de développement ambitieux, de changements radicaux à l’échelle des nations. Dans le contexte spécifique du Sénégal, outre la redéfinition nécessaire des missions des démembrements de l’administration centrale en vecteurs du changement, l’urgence revient au déploiement de la coalition des partis porteurs du Projet sur l’ensemble du territoire national. Dans cette perspective, il serait sans doute indiqué de réfléchir sur des formes d’organisation populaires innovantes, adaptées aux réalités sociales, culturelles et anthropologiques du pays.
La connaissance des réalités sociales et politiques est la condition préalable de l’efficacité de l’action politique. Le mimétisme des élites africaines est la tare congénitale qui a pendant longtemps brimé l’esprit d’initiative et de créativité sur le continent. Il s’explique en grande partie par la perte de la confiance en soi voulue et entretenue par l’africanisme européocentriste, fer de lance idéologique du néocolonialisme occidental. Le dénigrement systématique de toute pensée révolutionnaire africaine, la falsification de l’histoire du continent à coup de publications tendancieuses, de matraquage idéologique et de propagande médiatique, avec la complicité de certaines élites du continent, ont pendant longtemps exercé une influence négative dans les productions intellectuelles africaines, sciemment orientées vers des problématiques banales et insipides, sans intérêt véritable pour le destin de l’Afrique. On assiste aujourd’hui à un renversement de paradigme avec la prise de conscience massive de la jeunesse africaine acquise à l’influence des penseurs réformistes africains et diasporiques.
Les politiques économiques et sociales appliquées sur le continent ne peuvent plus continuer à faire abstraction des réalités locales, en répétant de manière psittacique le catéchisme apocryphe du développement économique. Ces politiques conçues de l’extérieur pour les Africains, avec la complicité des organisations multilatérales, ont contribué au maintien voire à la consolidation de la main mise extérieure sur les ressources du continent.
La compétence : si la détermination et la connaissance sont nécessaires à l’action politique, elles ne sont pas pour autant suffisantes. La compétence à travers l’expertise et le leadership, sont le pendant de la détermination dans l’action politique. La compétence existe, à condition de savoir la dénicher, non pas dans la logique perverse de la transhumance, mais plutôt dans une approche purement utilitaire, technique voire technocratique, débarrassée des considérations partisanes. Elle est disponible à l’échelle du pays, dans le continent, en diaspora voir à l’échelle mondiale, à la seule condition qu’elle concoure à la préservation et à la défense des intérêts nationaux et au développement du pays. La compétence peut aussi se trouver dans les camps adverses de l’échiquier politique. Elle peut être sollicitée dans le cadre d’une politique d’ouverture, probablement nécessaire pour relever ensemble les défis immenses du développement. Le consensus qu’induit cette ouverture est aux antipodes de la pratique dégradante et avilissante de la transhumance politique, car il reposerait sur l’adhésion à un projet et à des principes, et non à l’infame débauchage de personnalités politiques et intellectuelles aux convictions volatiles, promptes à renier leurs idéaux pour des strapontins ministériels ou des positions de sinécure.
Enfin, le courage est la véritable locomotive du changement, en particulier dans le contexte africain, où les velléités d’indépendance réelles manifestées dans le passé ont très souvent été réprimée dans le sang par l’ancien maitre colonial, avec la complicité de leurs agents locaux, comme l’illustre le tableau de chasse macabre de la Françafrique : Ruben Um Nyobée, Sylvanus Olympio, Patrice Lumumba, Barthélemy Boganda, Hamani Diori, Thomas Sankara, Mouammar Kadhafi, etc., tous assassinés pour le seul tort d’avoir voulu accéder à une pleine souveraineté de leur pays. Avoir l’ambition de défendre sa souveraineté c’est assurément s’exposer à des manœuvres de déstabilisation criminelles. Outre la nécessité de se protéger et de renforcer le renseignement étatique, notamment par la diversification des partenaires internationaux, le meilleur rempart à la déstabilisation demeure le soutien massif de la population à la politique gouvernementale. A cet égard, la confédération des pays de l’AES a démontré que l’union des Etats pouvait constituer un puissant bouclier protecteur face aux velléités d’agression. La menace d’invasion qui pesait sur le Niger par les troupes de la CEDEAO s’est rapidement dissipée face à la solidarité inconditionnelle des deux autres pays de l’alliance, conformément aux dispositions de la charte du Liptako-Gourma.
Le discours moins incisif des nouvelles autorités en responsabilité des affaires de l’Etat contraste avec la verve révolutionnaire entretenue durant la phase de conquête du pouvoir. Cela peut aisément se comprendre. Aussi, le rythme des réformes engagées peut paraitre peu soutenu par rapport à l’ampleur des urgences et à l’étendue des défis, pendant que certaines déclarations, particulièrement à l’endroit de l’AES, sont simplement incomprises. Ces préoccupations légitimes ne doivent pas pour autant se traduire en un soupçon de renoncement ou en des invectives désobligeantes, car aucun élément palpable ne conforte l’idée d’un quelconque renoncement. Au contraire, l’heure est plutôt à la solidarité et à la mobilisation, à la réflexion et à la créativité, pour soutenir les reformes promues par le Pastef, qui ont suscité l’adhésion de millions de Sénégalais et d’Africains. Le rappel des engagements aux autorités est une exigence démocratique mais aussi un acte patriotique, car la réussite du Projet sera une fierté nationale et continentale. Ce qui peut apparaitre comme des hésitations peut aussi être compris comme le temps de la réflexion et de l’apprivoisement du nouvel environnement du pouvoir.
Mais d’ores et déjà, la résistance victorieuse portée contre la folle dérive autocratique de l’ancien régime, avec ce qu’il charriait d’arbitraire, de tyrannique, d’impunité, de mauvaise gouvernance, de népotisme, de clientélisme, somme toute, de mépris du peuple, ouvre des perspectives crédibles vers une gouvernance sobre et intègre de la politique intérieure du pays.
Sur le plan international, la visibilité de la politique gouvernementale se pose, notamment sur les questions de souveraineté économique, militaire et politique, qui ont une incidence majeure sur la politique intérieure de redressement économique et social. Là également les interrogations légitimes ne doivent pas se traduire en un procès en renoncement en tout état de cause prématuré, car le temps des négociations diplomatiques, c’est aussi le temps de la discrétion, qui s’accommode difficilement des tambours médiatiques.
Une bonne communication gouvernementale sera sans doute nécessaire pour aplanir les incompréhensions, mais aussi pour soutenir la mobilisation et animer la dynamique du changement promu. Pour le reste, le temps nous édifiera.
DES MOUVEMENTS CITOYENS TOGOLAIS APPORTENT LEUR SOUTIEN À GUY MARIUS SAGNA
Le front ''Touche Pas A Ma Constitution'' condamne les menaces proférées au Parlement de la CEDEAO à l’encontre du député sénégalais. Ce dernier est visé par un projet de pétition de destitution lancée par un député du Togo.
Le collectif des organisations citoyennes du Togo rassemblées autour du mouvement « Touche Pas A Ma Constitution », a apporté son soutien, dans un communiqué parvenu à Walfnet, au député sénégalais Guy Marius Sagna menacé d’une pétition de destitution au parlement de la CEDEAO par un député togolais.
Le front « ‘Touche Pas A Ma Constitution’ apporte son soutien ferme au député Sénégalais qui défend les peuples de la communauté au sein de ce Parlement, particulièrement le peuple togolais qui exprime sa reconnaissance au peuple sénégalais. Le front Touche Pas A Ma Constitution » condamne vivement les menaces proférées au Parlement de la Communauté Economique des Etats de l’Afrique de l’Ouest (CEDEAO) à l’encontre du député sénégalais Guy Marius Sagna. Ce dernier est visé par un projet de pétition de destitution lancée par un député togolais », lit-on dans le document.
Le prolongement des positions que le Président de la République du Sénégal
Selon le front, lors de la première session ordinaire de l’année 2024, tenue du 1 au 24 juillet, « Monsieur Sagna a eu le courage d’exposer les maux que dénoncent les citoyens de la Communauté, et il pointe du doigt les dérives des Chefs d’Etat et de Gouvernement qui se comportent comme dans un syndicat », rappelle-t-il.
« En mettant en lumière les dysfonctionnements et les travers de l’organisation, certains de ses collègues semblent effarouchés, au point de vouloir le faire taire et même de chercher à l’exclure du Parlement, comme cela pourrait se passer dans leur pays non respectueux des règles démocratiques, à l’exemple du Togo », ont-ils soutenu.
Pour l’avènement de la CEDEAO des peuples
Le mouvement de souligner que la lutte que mène le député Guy Marius Sagna au Parlement de la CEDEAO apparait comme le prolongement des positions que le Président de la République du Sénégal, Bassirou Diomaye Faye, a exprimées lors du 65eme sommet des Chefs d’Etat et de Gouvernement de la CEDEAO.
« C’est pourquoi le front « ‘Touche Pas A Ma Constitution’ encourage les autorités sénégalaises à poursuivre leurs efforts pour l’avènement de la CEDEAO des peuples », appellent-il.
JO PARIS 2024, TOUT SUR LE PROGRAMME DES ATHLÈTES SÉNÉGALAIS AU PREMIER TOUR
L’escrimeuse sénégalaise, Ndèye Binta Diongue va ouvrir le bal. La spécialiste de l’épée sera le premier athlète sénégalais à disputer le premier tour samedi au Grand Palais, à partir de 10 heures.
iGFM (Dakar) Les épreuves des JO 2024 démarrent ce mercredi avec les tournois de football, de rugby à 7, de handball, de tir à l’arc...La cérémonie d’ouverture se déroulera sur les bords de la Seine, à Paris, capitale de l’olympisme jusqu’au 11 août 2024.
L’escrimeuse sénégalaise, Ndèye Binta Diongue va ouvrir le bal des athlètes sénégalais aux Jeux olympiques Paris 2024, selon nos confrères de l’APS. La spécialiste de l’épée sera le premier athlète sénégalais à disputer le premier tour samedi au Grand Palais, à partir de 10 heures. Elle en est à sa deuxième participation aux Jeux olympiques.
Le programme des athlètes sénégalais au premier tour :
– Samedi 27 juillet à 10 heures au Grand Palais : Ndèye Binta Diongue (escrime, épée )
– Samedi 27 juillet à 11 heures à La Défense Arena : Oumy Diop (natation, 100 m papillon
– Samedi 27 juillet 15 heures Aréna Sud 4 : Ibrahima Diaw (tennis de table, individuel)
– Samedi 27 juillet 15 heures à Vairés : Yves Bourhis (canoë et kayak, canoë slalom)
– Mardi 30 juillet à 11 heures à La Défense Arena : Mathieu Ousmane Sèye (natation, 100 mètres nage libre)
– Mardi 30 juillet 16 heures à Vairés : Yves Bourhis (canoé et kayak, kayak slalom)
– Vendredi 2 août à partir de 10 heures à l’Arena Champs de Mars : Mbagnick Ndiaye ( judo,100 kg)
– Vendredi 2 août à 16 h 40 à Vairés : Yves Bourhis (canoé et kayak, kayak cross contre la montre)
– Vendredi 2 août à 18h15 au Stade de France : Saly Sarr (athlétisme, triple saut)
– Samedi 3 août à 16 h 40 à Vairés : Yves Bourhis (canoé et kayak , kayak cross)
– Dimanche 4 août à 11h50 au stade de France : Louis François Mendy (athlétisme, 110 mètres haies)
– Dimanche 4 août à 19h05 au stade de France : Cheikh Tidiane Diouf (athlétisme, 400 mètres)
– Mercredi 7 août à 9h10 au Grand Palais : Bocar Diop (taekwando, 58 kg)
– Jeudi 8 août à10h30 à Vairés : Combé Seck (canoë, canoë sprint)
MAURITANIE, AU MOINS 25 MORTS DANS LE NAUFRAGE D'UNE PIROGUE DE MIGRANTS
Les garde-côtes mauritaniens ont « sauvé la vie de 103 clandestins et récupéré 25 corps, suite au naufrage de leur bateau au large de la capitale Nouakchott ».
iGFM (Dakar) Au moins 25 personnes sont mortes dans le naufrage lundi d'une pirogue de migrants au large de la capitale mauritanienne, a annoncé mercredi 24 juillet l'Agence mauritanienne d'information (AMI, officielle).
Les garde-côtes mauritaniens ont « sauvé la vie de 103 clandestins et récupéré 25 corps, suite au naufrage de leur bateau au large de la capitale Nouakchott », rapporte l'AMI, citant un commandant dans la zone, le colonel Cheikh Maa El Ainine Sidi Haiba.
Un précédant bilan établi par l'Organisation internationale pour les migrations (OIM) faisait état d'au moins 15 morts dans ce naufrage.
LE SENTIMENT ANTI-NETANYAHOU RAVIVÉ
Des milliers de manifestants se sont rassemblés mercredi autour du Congrès américain à Washington pour protester contre le discours du Premier ministre israélien Benjamin Netanyahou et pour réclamer un cessez-le-feu dans la bande de Gaza
Des milliers de manifestants se sont rassemblés mercredi autour du Congrès américain à Washington pour protester contre le discours du Premier ministre israélien Benjamin Netanyahou et pour réclamer un cessez-le-feu dans la bande de Gaza, dévastée par plus de neuf mois de guerre.
La manifestation a attiré une foule diverse, unie par la colère et la frustration face à la politique américaine envers Israël et Gaza.
Zaid Khatib, l'un des manifestants, a exprimé sa colère : « Les gens sont en colère. Ils sont tristes et furieux que le gouvernement des États-Unis ait le culot, après des mois et des mois de génocide, de ne pas demander des comptes à Benjamin Netanyahou, mais de continuer à lui dérouler le tapis rouge. »
Les manifestants brandissaient des affiches représentant Benjamin Netanyahou tel un criminel recherché, portant l’inscription : « Arrêtez ce criminel de guerre ».
Les pancartes et les slogans scandés reflétaient une profonde désapprobation de la politique israélienne et du soutien continu des États-Unis à Netanyahou malgré les accusations de violations des droits humains.
Michael Prentice, un manifestant et résident du Maryland, a souligné l'importance de cette mobilisation : « Il est important de montrer, en image, que les citoyens américains ne soutiennent pas les politiques de notre classe dirigeante. Les Américains ne soutiennent pas les politiques de nos élus. Nous sommes administrés par des voyous déconnectés de la population. Je dirais qu'il est crucial de manifester, de sortir et de montrer au monde que nos politiques ne sont pas approuvées par le peuple américain. »
La tension a monté d’un cran lorsque des manifestants ont tenté de bloquer le passage du convoi de Netanyahou, entraînant des heurts légers avec la police. Les forces de l'ordre ont rapidement contenu la situation, mais l'incident a souligné l'intensité des émotions et la détermination des manifestants à se faire entendre.
CRIE D'ALERTE DE LA COALITION JUSTE
L’alerte lancée dernièrement, sur la consommation des Produits Nestlé commercialisés en Afrique et qui contiendraient du sucre préjudiciable à la santé des consommateurs, inquiète la coalition « Juste ».
L’alerte lancée dernièrement, sur la consommation des Produits Nestlé commercialisés en Afrique et qui contiendraient du sucre préjudiciable à la santé des consommateurs, inquiète la coalition « Juste ». Dans une lettre rendue publique, elle appelle les autorités à protéger les consommateurs.
Après le député sénégalais Guy Marius Sagna qui a condamné devant le parlement de la Cedeao, les produits Nestlé pour enfants, commercialisés en Afrique et qui contiendraient du sucre préjudiciable à la santé des consommateurs, c’est au tour de la coalition «Juste» de lancer l’alerte. Soucieux de la sécurité alimentaire et de la protection des droits des consommateurs en Afrique, la coalition «Juste» a dans une note rendue publique, appelé, les autorités africaines à protéger les consommateurs. Selon leur Coordonnateur, Alioune Badara Diatta, «ces informations sont profondément alarmantes et soulèvent de sérieuses questions quant à la responsabilité des fabricants et distributeurs de ces produits». Il a par ailleurs expliqué que «la santé et le bien-être de millions d’enfants africains pourraient être compromis par la consommation de produits qui ne répondent pas aux normes de sécurité alimentaire adéquates».
Toutes choses qui font que les membres de cette Coalition, exhortent les autorités à «mener des enquêtes indépendantes pour vérifier la véracité de ces allégations concernant les produits Nestlé, mais aussi, à engager des poursuites judiciaires, au besoin, contre les entreprises responsables si les allégations sont avérées». Elle a par ailleurs, demandé aux autorités «d’informer le public sur les risques potentiels liés à la consommation de ces produits et promouvoir des alternatives plus sûres et d’exercer une pression sur les autorités pour qu’elles renforcent les contrôles de qualité et de sécurité des produits alimentaires importés et vendus en Afrique».
Pour la Coalition « Juste », la protection des consommateurs africains contre des produits potentiellement dangereux est une responsabilité collective. Elle a ainsi appelé à une mobilisation générale pour «assurer la sécurité alimentaire de nos populations et protéger les droits de nos enfants à une alimentation saine et sûre».
VERS UN NOUVEAU PLAN DE GESTION DU PARC NATIONAL DU NOKOLO-KOBA
L’Etat du Sénégal va poursuivre ses engagements auprès du Comité du patrimoine mondial de l’UNESCO pour améliorer la conservation et la gestion de la biodiversité du parc national du Niokolo-Koba
Dakar, 24 juil (APS) – L’Etat du Sénégal va poursuivre ses engagements auprès du Comité du patrimoine mondial de l’UNESCO pour améliorer la conservation et la gestion de la biodiversité du parc national du Niokolo-Koba, en élaborant un nouveau plan de gestion, a assuré mercredi, Daouda Ngom, le ministre de l’Environnement et de la Transition écologique.
‘’Le processus d’élaboration du nouveau plan de gestion du parc national Niokolo Koba a été enclenché’’, a-t-il dit lors d’un entretien accordé à l’APS.
Le Comité du patrimoine mondial de l’UNESCO, réuni à New Delhi (Inde), a décidé mercredi de retirer le parc national du Niokolo-Koba de la liste du patrimoine mondial en péril, au regard des efforts encourageants déployés par le Sénégal pour l’amélioration de l’état de conservation de ce site naturel.
‘’Nous allons également dans le cadre de nos engagements étudier l’impact environnemental du barrage de Samba Ngalou car il se pourrait que cet ouvrage ait des conséquences néfastes sur le parc’’, a ajouté le ministre.
Selon lui, ”la troisième mesure concerne la fermeture de la carrière Mansa Dala, à l’intérieur du parc”. Il a assuré que le gouvernement a pris des engagements pour demander aux entreprises en place de cesser leurs activités.
Le parc national du Niokolo-Koba, classé en 1981 dans le patrimoine mondial de l’UNESCO pour sa biodiversité unique et ses écosystèmes exceptionnels, avait basculé en 2007 sur la liste du patrimoine mondial en péril.
La Liste du patrimoine mondial en péril vise à informer des menaces pesant sur les valeurs mêmes qui ont permis l’inscription d’un bien sur la Liste du patrimoine mondial et à mobiliser la communauté internationale pour sa préservation. Elle ouvre droit à un appui technique et financier renforcé de l’UNESCO.
VERS LE DEGEL ENTRE LE BENIN ET LE NIGER
Une « délégation de haut niveau » est à Cotonou pour dénouer la crise entre le Bénin et le Niger dont les relations se sont dégradées à la faveur du coup d’État du 26 juillet 2023 contre Mohamed Bazoum.
Une « délégation de haut niveau » est à Cotonou pour dénouer la crise entre le Bénin et le Niger dont les relations se sont dégradées à la faveur du coup d’État du 26 juillet 2023 contre Mohamed Bazoum.
Le Conseil National pour la Sauvegarde de la Patrie (CNSP) a annoncé ce mercredi l’envoi d’une « délégation de haut niveau » à Cotonou, « à la demande de Yayi Boni et Nicéphore Soglo », et avec l’autorisation du président béninois, Patrice Talon. Les deux anciens présidents béninois s’étaient rendus à Niamey le 24 juin dernier pour apaiser les tensions entre les deux pays.
La délégation, dirigée par le général de Brigade Mohamed Toumba, ministre d’État, comprend également le Dr Soumana Boubacar, ministre Directeur de Cabinet du président du CNSP, ainsi que des représentants du Haut Commandant de la Gendarmerie Nationale, du Haut Commandant de la Garde Nationale, de la Police Nationale, et de la Direction générale de la documentation et de la sécurité extérieure. Cette visite a pour objectif de discuter de plusieurs sujets d’intérêt commun entre le Niger et le Bénin.
Elle survient dans un contexte de relations tendues depuis le coup d’État de juillet 2023, avec des accusations régulières de Niamey selon lesquelles Cotonou servirait de base arrière pour des puissances internationales visant le Niger. Malgré la levée des sanctions de la Communauté économique des États de l’Afrique de l’Ouest (Cédéao) en février 2024, les frontières entre le Niger et le Bénin n’ont pas été rouvertes, ce qui a conduit Cotonou à refuser de servir de transit pour le pétrole brut nigérien dont l’exportation était prévue en mai dernier via l’entreprise chinoise CNPC.
LE NÉPOTISME, UNE TRADITION BIEN ANCRÉE AU SÉNÉGAL
De Senghor à Macky Sall, en passant par Abdou Diouf et Abdoulaye Wade, l'histoire politique du Sénégal indépendant témoigne de la banalisation du népotisme au plus haut niveau de l'Etat, malgré les promesses de rupture
Le népotisme, défini par le Larousse comme ‘’l’abus de quelqu'un qui use de son autorité pour procurer des avantages aux gens de sa famille’’, est une pratique qui a fait couler beaucoup d’encre ces derniers temps au Sénégal. Plusieurs nominations récentes ont ravivé les débats autour de cette question, divisant les opinions et suscitant de vives polémiques.
Au cours des derniers jours, de nombreux journalistes et citoyens ordinaires ont utilisé le terme "népotisme" à tort et à travers, allant jusqu'à en donner des définitions étendues. La cause de cette confusion ? La nomination de plusieurs personnes, soit par décret présidentiel, soit par arrêté ministériel. La plus notable est celle réalisée par le ministre de l’Industrie et du Commerce Serigne Guèye Diop. Il est accusé de népotisme, pour avoir recruté plusieurs de ses proches, y compris sa fille Daba Diop, son gendre ainsi que deux anciennes collaboratrices, Seynabou Kébé Ndiaye et Yacine Diakhaté, avec qui il avait travaillé chez Nestlé.
Toutefois, l'ex-maire de Sandiara a démenti ces accusations en publiant un arrêté datant du 11 juillet 2024. Le document présente les membres nouvellement nommés dans son cabinet.
Cependant, quelques minutes plus tard, la liste a été retirée du site web du ministère, ce qui a alimenté des débats interminables sur les réseaux sociaux et dans la rue.
Sophie Nzinga Sy, la nomination controversée
L'une des nominations les plus controversées est celle de Sophie Nzinga Sy, nouvelle directrice de l’Agence pour la promotion et le développement de l’artisanat (Apda). Sophie Nzinga Sy est la fille de la ministre des Affaires étrangères et de Jacques Habib Sy, professeur en sciences de l'information et de la communication. Sa nomination a provoqué des réactions mitigées : certains Sénégalais crient au népotisme, tandis que d’autres estiment qu’il n’y a pas lieu de polémiquer, soulignant ses compétences et son expérience.
Les défenseurs de Sophie Nzinga Sy mettent en avant ses contributions à des projets d'envergure nationale et sous-régionale promouvant la mode et le design africains. Ils insistent sur le fait qu'elle a été nommée par le président Diomaye et non dans le cabinet de sa mère, ce qui, selon eux, élimine toute suspicion de favoritisme familial.
Le porte-parole de la présidence, Ousseynou Ly, a pris sa défense (Sophie Nzinga Sy) lors de l’émission "Moment de vérité" sur Walf TV. Il a déclaré : ‘’On ne sera jamais d’accord avec le népotisme. Ce qu’on défendait quand on était dans l’opposition, on va continuer de le défendre. Mais pour le cas de notre sœur…, ce n’est pas du népotisme. C’est le président de la République qui l’a nommée et ils n’ont aucun lien de parenté, que je sache. Ce n’est pas sa mère (la ministre Yacine Fall) qui l’a nommée. Elle n’a pas été nommée dans le même département que sa mère. Elle est compétente dans ce domaine. Elle y excellait bien avant le pouvoir.’’
Les accusations contre Jacques Habib Sy
En outre, ceux qui avancent que son père, Jacques Habib Sy, a récemment été coopté comme conseiller spécial du Premier ministre Ousmane Sonko, se trompent, confirme la primature. ‘’Jacques Habib Sy ne fait pas partie de la liste des membres du cabinet d’Ousmane Sonko’’, bien qu'il soit membre du cabinet politique du Pastef depuis la réorganisation de ce parti.
Cette clarification n'a toutefois pas suffi à apaiser les esprits et la polémique continue de se propager sur la toile.
D'autres observateurs tentent de distinguer le népotisme du clientélisme politique, arguant que les acteurs politiques ont avant tout besoin de travailler avec des personnes de confiance et avec ceux qui les ont soutenus dès les premiers jours de leur engagement.
Le népotisme, une tradition sénégalaise
Le népotisme n'est pas un phénomène nouveau, au Sénégal. Il trouve ses racines dès les premières années de l'indépendance et a persisté à travers les différents régimes.
Léopold Sédar Senghor et son neveu Adrien Senghor
Le premier président de la République, Léopold Sédar Senghor, avait confié à son neveu, Adrien Senghor, le ministère du Développement rural. Les résultats de ce dernier ont, semble-t-il, plu au premier président-poète qui lui a, par la suite, confié le département de l’Équipement, avant de faire de lui un ministre d’État.
Cette pratique a posé les bases d'une tradition de népotisme dans la pratique républicaine.
Toutefois, Pierre Senghor, qui a été le premier maire de Bambey, n’a jamais eu de fonction nominative. Il était le frère du président-poète Senghor.
Abdou Diouf et Maguette Diouf
Sous la présidence d'Abdou Diouf, cette tradition a perduré. Bien que Diouf n'ait eu qu’un membre de sa famille dans son gouvernement, ce dernier, Maguette Diouf, a occupé des postes clés. Il avait la charge de la Modernisation de l’État, une fonction visant à rendre l’Administration plus performante. Convaincu par les travaux de son frère, Abdou Diouf lui a ensuite confié l’Énergie, les Mines et l’Industrie.
Après la chute du régime socialiste, il est resté discret, mais il a refait surface sous l’ère Macky Sall en refusant de céder son logement de fonction.
Abdoulaye Wade et sa famille
Avec Abdoulaye Wade, pionnier de la première alternance, des questions de sécurité l'ont poussé à s'entourer de son neveu Lamine Faye, qu'il a promu au rang de capitaine de la gendarmerie. Plus tard, Wade a nommé sa fille Sindiely comme conseillère principale, avant de lui confier la présidence du comité d’organisation du 3e Festival des arts nègres (Fesman).
Pendant ce temps, son fils Karim Wade occupait le poste de ministre de la Coopération internationale, de l’Aménagement du territoire et des Infrastructures, gérant également le Sommet de l’Anoci et ses milliards de dépenses, au point où certains analystes le qualifiaient de "ministre de la Terre et du Ciel".
Macky et la dynastie Faye-Sall
Après la chute de Wade en 2012, Macky Sall a promis de ne jamais nommer son frère par décret, adoptant le slogan ‘’La patrie avant le parti’’.
Cependant, il a fini par confier à son frère Aliou Sall, alors maire de Guédiawaye, la Caisse des dépôts et consignations. Quelques mois après, il a jeté l’éponge avec le scandale de Petro-Tim lié à la gestion des hydrocarbures du Sénégal.
Mansour Faye, le frère de l’épouse du chef de l’État, est également un exemple de népotisme, nommé délégué général à la Protection sociale et à la solidarité nationale avant de devenir ministre des Infrastructures, des Transports terrestres et du Désenclavement du Sénégal.
Cette pratique ne se limite pas à l'Exécutif ; elle a atteint son paroxysme dans les mairies et d'autres institutions de l'État, parfois même dans les concours de la Fonction publique et les recrutements, rapporte un secrétaire municipal. Il ajoute que certains maires abusent de cette pratique malsaine et suggère l'adoption de lois pour réduire ce phénomène qui sape le mérite.
La pratique du népotisme au Sénégal semble être une constante à travers les différents régimes, avec chaque président utilisant son pouvoir pour favoriser ses proches. Bien que certaines nominations puissent être justifiées par les compétences des personnes concernées, la perception de favoritisme continue de ternir l’image de la gouvernance au Sénégal. Les autorités devront peut-être revoir leur approche pour rétablir la confiance du public et assurer une gouvernance plus transparente et plus équitable.