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6 mars 2025
L'INCROYABLE PARCOURS DE BIG BOO
Élevé dans une famille modeste de 6 enfants, le jeune Sénégalais, alors surnommé "le squelette" par ses frères, s'est d'abord tourné vers la lutte traditionnelle avant de percer à la télévision française
(SenePlus) - "Ce que je gagne en coachant une élève en Suisse, je le gagnais en un mois au Sénégal", se félicite Amadou Papis Konez, dit Big Boo, dans un portrait publié par RFI.
Né dans une famille modeste de Dakar en 1972, celui que ses frères surnommaient "le squelette" n'imaginait pas un jour devenir une star du petit écran français. Pourtant, c'est bien sous le nom de Big Boo que le Sénégalais de 1,90m pour 140 kg terrifie désormais les candidats de l'émission culte Fort Boyard.
Les prémices d'un destin hors norme se dessinent dès l'enfance du jeune Amadou. Bercé par les exploits de Rambo et Rocky Balboa, dont il adoptera le pseudonyme pour la lutte, il délaisse vite le football pour troquer le ballon contre le tapis.
"Au Sénégal, la lutte est ce que le football est au Brésil", explique celui qui, faute de moyens pour se consacrer au sport roi, commence à s'entraîner dur. Très vite, le "squelette" se muscle et rejoint l'Olympique Club de Dakar en tant que coach sportif.
Mais les salaires restant trop maigres, Amadou s'envole pour la Suisse dans l'espoir de mieux gagner sa vie et d'aider sa famille. "Ce que je gagne en coachant une élève en Suisse, je le gagnais en un mois au Sénégal", se réjouit-il.
Dans les arènes helvétiques, le Sénégalais de 40 ans, qui aurait pu être à la retraite, met à profit sa technique de lutte traditionnelle. "En Suisse, c'est comme au Sénégal, on attrape par les culottes et on soulève", rigole le colosse.
Sa rivalité explosive avec le champion Bombardier, qu'il accuse d'avoir été favorisé au Sénégal, se poursuit même en MMA où ce dernier l'écrase en 70 secondes. "Je ne tiens pas à me focaliser sur la lutte. Mon rêve, c'est de coacher", lâche alors Big Boo, qui tourne la page.
C'est finalement en 2020 que la carrière d'Amadou prend un tournant inattendu. Après avoir tenté un casting sur les conseils d'un ami "sans grande conviction", ce dernier décroche un rôle de geôlier muet dans Fort Boyard, où il interprète "Big Boo".
"J'étais à la plage avec mon fils de 6 ans, qui adore l'émission. Il était fou de joie en apprenant la nouvelle", se remémore l'ancien lutteur, qui passe désormais ses étés à en découdre avec les candidats dans l'arène du fort.
Si certaines stars du rugby comme Yoann Huget ont réussi à le faire plier, le Sénégalais, qui espère encore percer au cinéma "comme Stallone", savoure cette "opportunité incroyable". Le rêve du petit Amadou, qui rêvait de quitter son foyer modeste et de rendre hommage à son père, semble en passe de se réaliser.
Seul un objectif reste à accomplir selon ses dires : "Mettre assez d'argent de côté pour aller à La Mecque avec ma maman." Un but qui symbolise à merveille l'incroyable ascension de ce lutteur devenu geôlier à la télévision française.
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ZONE FRANC, LA SOUVERAINETÉ CONFISQUÉE
Contrairement aux pays du Maghreb qui ont opté pour leur propre monnaie dès l'indépendance, devenant des partenaires économiques de poids pour la France, les utilisateurs du franc CFA n'ont jamais eu voix au chapitre dans le choix de leur outil monétaire
Martial Ze Belinga, économiste camerounais et chercheur indépendant en sciences humaines et sociales, s'est exprimé sans détour devant la commission des Affaires étrangères de l'Assemblée nationale française sur la question épineuse du franc CFA. Son intervention jette un éclairage cru sur les relents coloniaux qui entourent encore cette monnaie imposée aux populations africaines.
Le constat est saisissant : contrairement aux pays du Maghreb qui ont opté pour leur propre monnaie dès l'indépendance, devenant des partenaires économiques de poids pour la France, les utilisateurs du franc CFA n'ont jamais eu voix au chapitre dans le choix de leur outil monétaire. À la grande indignation de Ze Belinga, même le changement de nom vers l'Eco projeté s'est décidé au Parlement français, sous l'œil vigilant de l'Union européenne, sans consultation des parlements africains concernés.
Les racines coloniales de cette monnaie sont terriblement vivaces selon l'économiste. Ses principes fondateurs - centralisation des réserves, arrimage fixe au taux de change, libre circulation des capitaux - sont hérités de la logique impériale française visant à donner un visage uniforme à son empire colonial d'alors. Une "génétique" qui se perpétue aujourd'hui sous une forme que Ze Belinga qualifie d'"hyper coloniale".
La dépendance monétaire s'est en effet complexifiée avec l'arrivée de l'euro. L'Union européenne s'est arrogé un droit de regard sur les accords monétaires africains, bridant encore un peu plus leur marge de manœuvre déjà ténue. Une situation ubuesque où les pays concernés doivent obtenir l'aval de plusieurs instances européennes avant d'envisager tout changement notable.
Au final, Ze Belinga remet violemment en cause la notion même de souveraineté monétaire des pays africains de la zone franc. Ces derniers se voient encore largement dicter les règles du jeu par leurs anciennes puissances coloniales, sans avoir jamais réellement eu leur mot à dire. Un lourd héritage colonial qui, loin de s'estomper, semble se renforcer avec le temps selon l'économiste.
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AYIB DAFÉ DÉMÊLE LE VRAI DU FAUX
Le député membre du Pastef a répondu aux nombreuses critiques avec fermeté. Finances publiques, indépendance de la justice, gouvernance exécutive, mais aussi la feuille de route souverainiste, aucun sujet n'a été esquivé
Dans un exercice de transparence, le député Ayib Dafé, figure de proue du parti présidentiel Pastef, a livré une prestation sans concession lors de l'émission "Grand Jury" de RFM ce dimanche 9 juin 2024. Évoquant les dossiers brûlants, il a balayé d'un revers de main les polémiques et rumeurs pour réaffirmer avec force les orientations du nouveau pouvoir.
Interrogé sur les emprunts obligatoires récents de 450 milliards FCFA, le député a déclaré "une situation catastrophique" avec des recettes en baisse et des dépenses non productives exponentielles héritées du régime précédent. Une opération, selon lui, indispensable pour "relancer économiquement le Sénégal" et régler les délais intérieurs de la dette.
Sur l'épineuse question de l'indépendance de la justice, Ayib Dafé a salué les "résultats fructueux" des Assises, notamment la réforme du Conseil supérieur de la magistrature pour une plus grande transparence dans la gestion des carrières. Mais le rôle du président et de la Garde des Sceaux dans les nominations reste un sujet de vives discussions.
Balayant les rumeurs de tensions avec le Premier ministre Ousmane Sonko, le député martèle que les pouvoirs collaborent à "l'intérêt supérieur de la Nation". Un message d'union également envoyé à l'Assemblée nationale après son refus de siéger dans la commission sur le domaine maritime.
Dans un plaidoyer ferme, Ayib Dafé a réaffirmé la vision souverainiste de Pastef pour un "Sénégal juste et prospère" à travers un référentiel politique en finalisation pour septembre 2024. Rejetant les "discours racistes" sur la collaboration avec des personnalités étrangères, il prône " l'émancipation des peuples".
OIGNON ET POMME DE TERRE : LE MARCHÉ BIEN APPROVISIONNÉ, RASSURE L’ARM
Il signale que la société a donné l’assurance de pouvoir fournir près de 30 camions de 30 à 40 tonnes par jour.
Le directeur de l’Agence de régulation des marchés (ARM), Ansoumana Sané, a assuré samedi qu’il y a suffisamment d’oignons et de pomme de terre pour approvisionner correctement le marché national en perspective de la fête de la Tabaski, prévue mi-juin.
M. Sané effectuait une visite à la société ‘Swami Agri”, à Mbane, dans le département de Dagana (nord). Il a effectué cette visite en compagnie de représentants de l’Association des consommateurs du Sénégal. Il assure que la production en oignon et pomme de terre permet de couvrir les besoins du marché national.
Selon lui, ” cette visite au niveau de Swami Agri qui est actuellement seule dans le marché nous rassure sur le niveau des stocks en place mais aussi sur les dispositif logistiques qui sont en place pour approvisionner le marché en rapport avec les dispositions contractuelles qui sont en application avec les commerçants”.
Il a rappelé que la logistique représente un élément important, voire indispensable pour un bon approvisionnement du marché en oignon et pomme de terre. Il signale que la société a donné l’assurance de pouvoir fournir près de 30 camions de 30 à 40 tonnes par jour.
”Cela peut se traduire par des statistiques qui tournent à peu près autour de 900 tonnes par jour pour la pomme de terre, alors que la moyenne est de 500 tonnes par jour, ce qui augure de bonnes perspectives pour les Sénégalais”, a-t-il dit.
Il soutient que si la logistique et le rythme sont maintenus avec les relais sur les différentes chambres froides, notamment celle de Diamniadio d’une capacité de 10 mille tonnes pour assurer l’éclatement au niveau de l’étendue du territoire, le pays va disposer entièrement de pommes de terre.
Il déclare aussi qu’il n y a pas ”d’inquiétude” concernant l’oignon dont les besoins se chiffrent à 30 000 tonnes. Il indique que la disponibilité s’élève entre 70.000 et 75.000 tonnes au regard des stock, signalant qu”’une bonne partie des récoltes” se trouve dans des chambres froides.
”Contrairement à la pomme de terre, dit-il, on parle de mévente et pas d’indisponibilité”, soutient-il, se disant soucieux d’assurer une bonne commercialisation et d’éviter les pertes post-récoltes.
Il suggère de favoriser la contractualisation entre les commerçants et les producteurs pour satisfaire toutes les parties.
L’ETAT DU SÉNÉGAL ”ENGAGÉ À ACCOMPAGNER DAVANTAGE” LES SECTEURS DU CINÉMA ET DES ARTS
Par la diligence du président Bassirou Diomaye Faye et de son Premier ministre Ousmane Sonko, le Sénégal est engagé naturellement à accompagner davantage les acteurs, les experts à mieux stabiliser mais également à mieux faire en sorte que le secteur...
L’État du Sénégal est ”engagé à accompagner davantage” les acteurs du secteur du cinéma et de l’art en général, a assuré le secrétaire d’État à la Culture, aux Industries créatives et au Patrimoine historique, Bakary Sarr.
”Par la Direction de la cinématographie, le FOPICA, l’État du Sénégal, par la diligence du président Bassirou Diomaye Faye et de son Premier ministre Ousmane Sonko est engagé naturellement à accompagner davantage les acteurs, les experts à mieux stabiliser mais également à mieux faire en sorte que le secteur du cinéma, de l’art en général puisse avancer encore et bénéficier justement de toutes les possibilités que nous avons actuellement pour aider les jeunes, surtout les jeunes créateurs à faire carrière dans le domaine du cinéma’’, a-t-il déclaré.
M. Sarr s’entretenait avec des journalistes en marge de la cérémonie de clôture de la 5e édition du gala international du court métrage de Saint-Louis (5-8 juin).
Il a aussi indiqué que le ministère de la Jeunesse, des Sports et de la Culture est disposé à accompagner davantage toute cette dynamique de créativité qui est en train de se mettre en place.
Il s’est réjoui de participer à la cérémonie de clôture de ce festival. ”Pendant plusieurs jours, le public a été invité à juger un certain nombre de productions artistiques. Et je me réjouis que le public ai choisi ce qu’il estime être les meilleurs films’’, a-t-il lancé, soulignant que ces films démontrent naturellement toute cette envie, cette envergure mais également cette profondeur de la créativité artistique.
Enseignant-chercheur à l’Université Gaston Berger (UGB) de Saint-Louis, Dr Gora Seck, l’organisateur de ce festival, a magnifié le niveau atteint par la manifestation.
Il a également salué la présence du public lors de ce gala international et dit avoir travaillé dans ce sens avec une équipe composée entre autres d’étudiants.
Étudiante en section cinéma à l’UGB et réalisatrice du film ”Le prénom”, lequel a remporté le 2e prix de ce gala international de court métrage, Aïssatou Ndiaye Gaye a exprimé sa fierté mais également sa satisfaction pour cette récompense.
LE 17e ANNIVERSAIRE DU DÉCÈS DE SEMBÈNE OUSMANE COMMÉMORÉ À SAINT-LOUIS
Né le 1er janvier 1923 à Ziguinchor, il est décédé le 9 juin 2007 à Dakar.
Une cérémonie commémorant la 17e édition du décès de l’écrivain et réalisateur sénégalais, Sembène Ousmane, a eu lieu dimanche à Saint-Louis (nord), à l’initiative de Daaray Sembène, Maison de la pédagogie, de l’image et du numérique.
”La régulation coordonnée de l’audiovisuel et de l’internet : un impératif en Afrique” est le thème général de cette cérémonie organisée à la Maison de Lille de Saint-Louis.
Ibrahima Bakhoum, journaliste et formateur, a assuré l’animation de la leçon inaugurale.
Des décorations et distinction de reconnaissance pour services rendus notamment à la culture ont été décernées à Aïda Mbaye Dieng, adjointe au maire de Saint-Louis, Rokhaya Niang, actrice de cinéma, Alassane Cissé, journaliste culturel, colonel Moumar Guèye, écrivain, et à l’actrice Marie Madeleine Diallo.
”Sembène Ousmane a porté de très haut le flambeau du cinéma africain. Il faut sauvegarder ce qui reste de son héritage´´, a témoigné la lauréate, Rokhaya Niang.
La cérémonie a enregistré la présence, entre autres, des étudiants mauritaniens de l’Université populaire numérique Sembène Ousmane (UPNSO) et du directeur de la cinématographie, Germain Coly.
Né le 1er janvier 1923 à Ziguinchor, Sembène Ousmane est décédé le 9 juin 2007 à Dakar.
MAURITANIE-SÉNÉGAL, CISSÉ MAINTIENT SON SYSTÈME
En dépit des critiques de sa star, Sadio Mané, Aliou Cissé n’a pas varié dans sa position. Fidèle à ses certitudes, le sélectionneur de l’équipe nationale du Sénégal a renouvelé sa confiance à son système à trois défenseurs.
En dépit des critiques de sa star, Sadio Mané, Aliou Cissé n’a pas varié dans sa position. Fidèle à ses certitudes, le sélectionneur de l’équipe nationale du Sénégal a renouvelé sa confiance à son système à trois défenseurs.
Il a reconduit le même onze que celui aligné contre la Rd Congo (nul 1-1) à l’exception de Moussa Niakhaté qui a cédé sa place à Abdou Diallo en défense. L’autre changement est la titularisation de Lamine Camara à la place de Nicolas Jackson forfait. Une composition qui laisse penser à la même configuration que celui mis en place contre les Léopards.
Deuxième du groupe B, les Lions devront être au rendez-vous pour espérer gagner ce derby qui s’annonce bouillant sous les 30 degrés de Nouakchott mais aussi du chaudron de 8.000 places du stade Cheikha Boïdiya qui a fait le plein deux heures avant le coup d’envoi.
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LE PNBGD, LE PROPULSEUR QU'IL FALLAIT AU SÉNÉGAL
La centralité du citoyen, l’équité, l’éthique et la transparence sont au cœur du Pacte national de Bonne gouvernance. Le citoyen souverain y acquiert «le sens de la responsabilité, le discernement, la mesure et la limite» dans un État de droit-Décryptage-
Le pacte national de bonne gouvernance démocratique (PNBGD) apparaît assurément comme un propulseur du Sénégal vers le développement auquel il aspire en toute légitimité pour peu que les gouvernants s’engagent à l’appliquer réllement.
Selon toute vraisemblance une gouvernance sobre, transparente et vertueuse ne peut être effective au Sénégal Sénégal en dehors du cadre qu'est le Pacte national de Bonne gouvernance démocratique quand on se fie à son origine. Puisqu’il n’est pas apparu ex-nihilo et surtout quand on explore son contenu.
L’éthique, équité, la entralite du citoyen et la transparence sont au cœur de cet outil consensuel de gouvernance conçu par une large coalition de la société civile sénégalaise et mis à la disposition des gouvernants quel que soit leur positionnement politique ou idéologique. Le Pacte organise tout simplement le vivre ensemble dans une société démocratique, apaisée et juste.
Le Pacte de bonne gouvernance vise en approfondissement de la démocratie et l’amélioration certaine de la gouvernance dans l’intérêt de tous les citoyens et moralisation de la vie publique.
Le sociologue Souleymane Gomis, enseignant-chercheur à l’université Cheikh Anta Diop, membre de la plateforme Sursaut citoyen est l’un des concepteurs du PNBGD. Il souligne quelques points importants de cet outil de gouvernance et garde espoir que le pouvoir en place l’appliquera.
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ÉDUQUÉES AU MUTISME, CONFINÉES PAR LA LOI
Éducation différenciée dès le plus jeune âge, interprétations conservatrices des religions, Code de la famille « scandaleusement » défavorable... Fatoumata Bernadette Sonko énonce les multiples racines du silence imposé aux femmes sénégalaises
C'est une véritable charge de force qu'a entraîné dimanche Fatoumata Bernadette Sonko, enseignante-chercheuse au Cesti, dans l'émission Objection de Sud FM animée par Baye Omar Gueye. Avec une franchise désarmante, elle a énoncé le silence assourdissant imposé aux femmes sénégalaises dans les médias comme dans la société toute entière.
Son diagnostic sans concession a mis à nu les racines séculaires de cette relégation des femmes. Une éducation différenciée selon le genre dès le plus jeune âge, qui conditionne les filles à l'effacement et à la soumission pendant que les garçons sont encouragés à bâtir leur réussite professionnelle. Des pesanteurs culturels tenaces qui confinent les femmes dans l'espace privé, loin des sphères de pouvoir et de décision. Une interprétation conservatrice des religions servant de prudence idéologique à cette discrimination systémique.
Mais le plus grand coup de butoir a été porté contre le Code de la famille sénégalais, qualifié de « scandaleux » par Mme Sonko. De la puissance conjugale à la déshérence en cas d'inceste, en passant par des discriminations flagrantes comme le refus d'allocations familiales aux femmes universitaires, les exemples se sont enchaînés, démontrant à quel point ce texte fondamental participe de l'infériorisation juridique des femmes.
Face à ce lourd constat, Fatoumata Bernadette Sonko lance un vibrant appel à la révolte, exhortant les Sénégalaises à rompre les chaînes de leur silence séculaire par les armes du savoir et de l'engagement politique. "L'acquisition du savoir est une arme que les femmes doivent s'approprier", a-t-elle martelé avec force. Seule une instruction égalitaire permettra aux filles de briser le plafond de verre qui les empêchera encore d'accéder aux mêmes postes que les hommes, y compris dans les rédactions.
Mais l’émancipation ne pourra être totale que par un engagement politique massif des femmes. "Il faut que les femmes s'approprient l'arène politique et en fassent un lieu de libération, sans plus servir d'escabeaux aux ambitions masculines", a tonné Mme Sonko, appelant à une "rupture radicale" avec l'ordre patriarcal.
"Sans les femmes, rien ne marche dans ce pays", conclut Fatoumata Bernadette Sonko en rendant un hommage appuyé au rôle primordial mais trop souvent occulté des "petites mains" qui construisent la nation féminine au quotidien. "Il est temps que ces petites mains prennent la parole et fassent entendre leur voix, dans les médias comme ailleurs."
L'IMPÉRIEUSE NÉCESSITÉ D'UNE ÉDUCATION CIVIQUE SOLIDE EN AFRIQUE
Selon Jean-Baptiste Placca, former les populations à participer de manière éclairée au débat est nécessaire pour apaiser les tensions. Car les instrumentalisations et les calculs personnels alimentent bien souvent les oppositions au sein des sociétés
(SenePlus) - Au Burkina Faso et au Mali, les récentes grèves ont soulevé des questions fondamentales sur le respect des lois, des décisions de justice et des libertés individuelles, souligne Jean-Baptiste Placca dans un éditorial percutant sur RFI le 8 juin 2024. Bien qu'une partie de la population soutienne fermement les militaires au pouvoir à Ouagadougou et Bamako, une autre frange critique, à son corps défendant, leur gouvernance.
Cette division, perçue comme une fracture au sein d'une même nation, n'est pas propre à ces deux pays. Placca souligne que "dans tous les pays où prévaut un certain pluralisme politique, et où chacun peut s'exprimer librement, de telles divisions s'observent." Cependant, il met en garde contre le risque que ces tensions, nourries par "l'intolérance, voire le fanatisme", ne débouchent sur une guerre civile.
L'éditorialiste pointe du doigt la responsabilité de certains politiciens qui, "aux dépens de l'intérêt général, utilisent la politique à des fins personnelles, de carrière ou de vie quotidienne, au mépris des conséquences de leur égoïsme pour tous." Pire encore, certains n'hésitent pas à traiter leurs concitoyens en ennemis et à les accuser de "traîtrise à la patrie" lorsqu'ils pensent différemment.
Placca souligne une tendance historique inquiétante : "De tous temps, la tentation de ceux qui détiennent le pouvoir politique et en abusent dans certains pays d'Afrique a été d'interdire aux autres le droit de penser, dès lors qu'ils refusent de se joindre à l'enthousiasme de commande." Ironiquement, certains de ceux qui persécutent aujourd'hui ont eux-mêmes connu l'opposition ou l'oppression par le passé.
Selon l'éditorialiste, ces méthodes coercitives prospèrent souvent là où la population n'est pas suffisamment "outillée pour résister à la manipulation." Il souligne "la nécessité de l'éduquer" et déplore que nombre de pays aient négligé "de structurer l'éducation politique de leurs citoyens" après l'effondrement des régimes autocratiques.
Citant les "torrents de rancœur, d'acrimonie, d'injures et de haine" sur les réseaux sociaux, Placca constate que "certains peuples sont, de fait, déjà en guerre civile !" sur la toile. Une situation qui, selon lui, "va bien au-delà du Burkina, du Mali et de quelques autres États en sortie de route constitutionnelle."
Face à ces divisions profondes, l'auteur ne voit pas les coups d'État militaires comme une solution. "Le salut passera par la capacité des citoyens à préférer des dirigeants avec une hauteur de vue et beaucoup de probité morale, à ceux qui chercheraient à les manipuler."
D'où "l'urgence d'une éducation civique solide, pour prémunir les peuples contre les politiciens aux agendas inavouables, qui voudraient, pour leurs intérêts du moment ou des privilèges à retrouver, les abuser."
En conclusion, Placca appelle les dirigeants politiques à "former leurs concitoyens à apprécier et à décider par eux-mêmes, chaque fois que se jouent la paix civile et les libertés individuelles." Une "impérieuse nécessité" pour contrer la manipulation et préserver la démocratie en Afrique.