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4 décembre 2024
Éducation
À MATAM, LE PRÉSCOLAIRE N'ATTIRE PAS
Avec ses 9,03%, la région détient l’un des plus faibles taux d’enrôlement sur le plan national. Ce constat, justifié par divers facteurs sur le terrain, pourrait être inversé grâce à une meilleure sensibilisation des communautés de base
La situation de l’enseignement préscolaire dans la région de Matam est peu reluisante. Avec ses 9,03%, la région détient l’un des plus faibles taux d’enrôlement sur le plan national. Ce constat, justifié par divers facteurs sur le terrain, pourrait être inversé grâce à une meilleure sensibilisation des communautés de base et le renforcement des infrastructures dédiées.
Il est admis que le préscolaire constitue une étape très importante dans le processus de scolarisation des enfants. Le passage dans ce sous-secteur de l’éducation permet de développer plus facilement et plus rapidement des aptitudes et des habiletés personnelles et cognitives, selon les spécialistes.
Et pourtant, à Matam, l’enseignement préscolaire ne décolle pas. Une situation que regrettent les autorités académiques de la région. Dans cette académie, l’enseignement préscolaire n’emballe pas trop les populations. Selon les récentes données statistiques, le taux de préscolarisation est estimé à 9,03%. Très largement en deçà de la moyenne nationale qui tourne autour des 17,3%.
Évoquant le sujet, Mbaye Babou, l’Inspecteur d’académie, dresse d’abord la cartographie du sous-secteur avant de revenir sur les raisons qui justifient le faible taux de préscolarisation dans la région de Matam. « Nous avons 186 structures préscolaires dans la région, dont 45 cases des tout-petits, 10 classes préscolaires créées dans certaines écoles élémentaires, 14 écoles maternelles et 117 classes préscolaires communautaires sous l’impulsion du projet Investir dans les premières années de la vie pour le développement humain au Sénégal (Pipadhs) », a-t-il listé d’emblée. Dans cette cartographie, l’autorité académique précise que «Kanel regroupe 39,78% de structures, Matam 38,17% et Ranérou 22,5%». 11.241 enfants fréquentent ces structures dans la région de Matam. Ceux-ci sont encadrés par 403 intervenants composés de 195 titulaires, 72 contractuels, 73 intervenants communautaires et 63 bénévoles ».
De l’avis de l’Inspecteur d’académie de Matam, les populations de la région doivent faire preuve d’engagement pour booster le taux de préscolarisation dans la région.
Les raisons d’une désaffection
Selon Mbaye Babou, plusieurs facteurs justifient le faible taux de préscolarisation dans la région de Matam. L’Inspecteur d’académie cite, en premier, les pesanteurs sociales liées notamment à la méconnaissance de l’intérêt et des enjeux de la préscolarisation dans la vie scolaire et dans l’évolution de l’enfant. « Le poids des pesanteurs socioculturelles figurent parmi les obstacles qui justifient le manque d’intérêt noté chez des communautés pour la préscolarisation des enfants », affirme l’Inspecteur d’académie. À Matam, les pesanteurs socioculturelles constituent un frein à l’adhésion des communautés pour un enrôlement plus accru dans le sous-secteur, martèle l’IA. « Beaucoup de parents refusent d’envoyer leurs enfants au préscolaire, car pensant que seuls des chants et des danses y sont dispensés », déplore M. Babou. « Nous avons aussi noté la faiblesse des initiatives communautaires, l’existence d’un environnement scolaire peu attrayant et l’insuffisance des structures d’accueil appropriées. Tout cela ne favorise pas le développement du préscolaire dans la région », note Mbaye Babou. Il évoque également d’autres aspects tels que le déficit d’infrastructures dédiées et de personnels d’encadrement qualifiés ainsi que la réticence des communautés concernées d’envoyer dès le bas âge, leurs enfants dans l’enseignement classique. « Dans cette région, beaucoup de parents préfèrent d’abord envoyer leurs progénitures à l’école coranique (daaras) jusqu’à un certain âge avant de les conduire dans les établissements scolaires. Ce qui fait qu’on n’arrive pas à enrôler un nombre important d’enfants dans le préscolaire », a laissé entendre l’Inspecteur Babou.
Abondant dans le même sens, l’Inspecteur de l’éducation et de la formation (Ief) de Kanel, Mouhamed Bassirou Diop, soutient aussi que dans ce département, « seuls 4093 enfants sont dans le préscolaire pour un total de 78 structures, dont 13 dans la commune de Orkodiéré ». Il est d’avis que le préscolaire, dans cette partie Nord du pays, fait face à des obstacles liés particulièrement aux pesanteurs socioculturelles. « Les pesanteurs socioculturelles constituent le principal frein qui plombe le sous-secteur dans notre région », a indiqué l’Inspecteur Diop. « À vrai dire, les parents se laissent emporter par des préjugés qui ne favorisent pas le développement de l’enseignement préscolaire dans cette académie », a souligné l’Ief de Kanel. À l’image de l’Inspecteur d’académie, M. Diop pointe aussi du doigt l’environnement scolaire peu attrayant et l’insuffisance de structures d’accueil appropriées. Comme l’a souligné Mbodj Ndiaye, le Directeur de l’école maternelle El Hadji Mamadou Guèye de Matam, le manque d’infrastructures adéquates est l’un des facteurs qui plombent le sous-secteur du préscolaire dans la région de Matam. Pour preuve, dit-il, la commune de Matam ne dispose que de 5 structures dédiées à la petite enfance. « Beaucoup d’enfants ne sont pas préscolarisés parce qu’il y a un réel manque de structures préscolaires pour les accueillir. On note une insuffisance d’établissements dédiés au cycle préscolaire. C’est peut-être ce qui est à l’origine du faible taux de préscolarisation dans l’académie de Matam », a dit le Directeur d’école. Selon Issa Kane, l’Inspecteur en charge de la petite enfance dans l’Ia de Matam, le manque d’établissements dédiés à la petite enfance constitue un handicap pour le développement de l’enseignement préscolaire.
L’inspecteur Kane souligne également la concurrence des écoles coraniques (daaras). « On n’a pas tous les enfants préscolarisables dans les écoles préscolaires. Les écoles coraniques concentrent l’essentiel des enfants. On n’arrive pas à enrôler beaucoup d’enfants dans les établissements préscolaires de la zone », a-t-il souligné. La prédominance des foyers religieux dans la région, selon Issa Kane, n’encourage pas l’enseignement préscolaire parce que les parents préfèrent souvent envoyer leurs enfants dans les daaras d’abord.
Président des parents d’élèves de l’école maternelle El Hadji Mamadou Guèye de la commune de Matam, Ahmed Guèye, partage le même avis que les inspecteurs. Il estime qu’il est difficile d’enrôler tous les tout-petits en âge de fréquenter le cycle à cause de la faiblesse des capacités d’accueil dans les structures. Il estime néanmoins que les choses commencent à bouger dans le bon sens dans la ville de Matam où, dit-il, les populations commencent à comprendre l’importance de l’enseignement préscolaire. La demande est de plus en plus forte à l’école maternelle El Hadji Mamadou Guèye, implantée depuis 1984, dans la commune, affirme le parent d’élève. Les populations, soutient-il, commencent à sentir la nécessité d’envoyer, très tôt, les enfants dans le système éducatif, notamment dans le préscolaire. Il invite à une sensibilisation tous azimuts des populations afin qu’elles puissent comprendre que « le préscolaire permet à l’enfant d’avoir suffisamment de compétences pour aborder facilement le cycle élémentaire».
NOAM CHOMSKY À SON TOUR INTERPELLE MACKY SALL
EXCLUSIF SENEPLUS - "Le plus grand intellectuel vivant", le célèbre philosophe américain vient de joindre sa signature à celle de Makhily Gassama, Kader Boye, Pierre Sané et Didier Awadi pour dénoncer l’instrumentalisation de la Justice au Sénégal
Alors que la tribune "Revenir à la raison" a une résonance dans les quatre coins de la planète, une nouvelle signature de taille vient s’ajouter à la liste de ceux qui dénoncent "une violation flagrante, répétée et disproportionnée des droits des citoyens mais aussi la perpétuation d’un effort constant d’instrumentalisation politique du système judiciaire par l’administration du président Macky Sall".
Ce 5 avril 2023, le grand penseur Noam Chomsky vient d’exprimer son désir de signer cette tribune publiée sur SenePlus le 21 mars 2023. Ce geste met clairement en lumière l’universalité de l’appel à la raison pour le respect des droits et de la dignité humaine, y compris celle de toutes les Sénégalaises et de tous les Sénégalais, au moment où le pays bat des records historiques d’emprisonnement politique.
Noam Chomsky est un philosophe considéré comme l’un des plus grands penseurs américains XXè siècle. Il est professeur émérite à M.I.T. (Massachusetts Institute of Technology), fondateur de la linguistique générative considérée comme la théorie la plus importante de ces derniers siècles dans le domaine de la linguistique théorique. Père de la "Révolution chomskienne", ses travaux influencent de manière significative toutes les recherches mondiales dans le domaine de la psychologie. Il a travaillé en particulier sur l’apprentissage du langage par les enfants ainsi que les outils d’apprentissage du langage.
De la cinquantaine d’ouvrages qu’il a écrits, rappelons que c’est en 1967 durant la guerre du Vietnam qu’il publie "Responsabilités des intellectuels" pour s’en prendre à la classe intellectuelle qui en majorité reste attachée à la cause de l’État américain dans une guerre injuste et de terreur contre des civils. Il considère que les intellectuels, en raison de leur accès privilégié à la connaissance, ne peuvent que s’engager dans tous les combats et cela dans tous les pays du monde. Noam Chomsky prône la résistance face aux formes d'autorité illégitimes.
Plusieurs fois poursuivi en justice pour son engagement militant, Chomsky est considéré comme le "plus grand intellectuel vivant" selon un sondage organisé et publié en 2005 par le magazine britannique Prospect et la revue américaine Foreign Policy. Membre de l'Académie américaine des arts et des sciences, il est aussi membre de l'Académie nationale américaine des sciences et de la Société américaine de philosophie.
L’appel des 104 ne cesse de prendre de l’ampleur. Plus d’une centaine de nouvelles signatures sont venues s’ajouter à celles particulièrement remarquée de Wole Soyinka, Cornel West, Ngũgĩ wa Thiong'o, Anthony Appiah sans compter les nouvelles signatures de grande importance du critique littéraire Makhily Gassama, de l’ancien recteur de l’UCAD Kader Boye, de l'ancien sécrétaire général d'Amnesty International Pierre Sané ou encore du musicien et artiste Didier Awadi.
Les étudiants de l’université Amadou Makhtar de Mbow veulent rallier leurs nouveaux campus inaugurés en décembre. Depuis cette date, ils n’ont pas fait cours et ont décidé de dérouler un plan d’actions afin de contraindre les autorités à l'action.
Les étudiants de l’université Amadou Makhtar de Mbow veulent rallier leurs nouveaux campus inaugurés en décembre. Depuis cette date, ils n’ont pas fait cours et ont décidé de dérouler un plan d’actions afin de contraindre le ministre de l’Enseignement supérieur, de la recherche et de l’innovation à accélérer leur transfert.
Les étudiants de l’Université Amadou Makhtar Mbow (Uam) veulent rejoindre leurs locaux. Hier, la Coordination des étudiants de l’université Amadou Makhtar Mbow a fait une sortie, après avoir tenu une réunion le vendredi sur la rentrée qui tarde encore. «Suite au silence des autorités sur la question de l’ouverture officielle de l’université Amadou Makhtar Mbow de Diamniadio, qui était en construction depuis 2015 et inaugurée le 1er décembre 2022. Les délégués de la Coordination des étudiants de l’Uam ne sont pas satisfaits de l’avancement des chantiers et ont constaté que le ministre de l’Enseignement supérieur n’a pas respecté l’énième date de livraison (livraison des chantiers le 31mars et début des cours le 3 avril). La Coordination des étudiants condamne avec la dernière énergie cette injustice à l’encontre des étudiants de l’Uam.» Selon Youssou Ndiaye, le chargé des revendications de la Coordination des étudiants de l’Uam, leur avenir est incertain, «vu la situation actuelle qui risque sans nul doute de nous mener vers une année blanche». «Les bacheliers qui ont réussi leur entrée à l’Uam ne font pas cours depuis le début de l’année scolaire. Ça ferait bientôt un an même, certains ont commencé à abandonner», regrette Youssou Ndiaye, qui se désole de l’arrêt des cours aussi au niveau des locaux de l’Uam au niveau de la Vdn où se tenaient les activités pédagogiques. «Depuis décembre, on est chez nous. C’est une situation difficile. Le campus pédagogique est prêt, il reste le campus social. On ne peut étudier à Diamniadio sans logements», regrette-t-il. Pour «précipiter» leur transfert à Diamniadio, la Coordination des étudiants de l’Uam a mis en place «un plan d’actions» en décidant de «passer la nuit au campus le jeudi 6 avril», en décrétant aussi la «reprise forcée des cours le 12 avril (tous les étudiants sont convoqués à Diamniadio avec leurs sacs, dans les classes pour exiger une reprise forcée) et une marche le 14 avril à Dakar».
Inaugurée en décembre dernier, l’Uam est la deuxième université publique à Dakar. Elle devrait être dotée de différents réceptacles pédagogiques de 3000 places, d’un amphithéâtre de 1500 places, d’une grande bibliothèque, de laboratoires et blocs administratifs. On y est admis par voie de concours.
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DEMARRAGE DU PAIEMENT DES BOURSES A TOUBA
Le régisseur des bourses de l’Université Gaston Berger (UGB), Assane Ndiaye, a procédé lundi au démarrage du paiement des bourses destinées à plus de cent étudiants du Complexe Cheikh Ahmadoul Khadim pour l’éducation et la formation (CCAK-EF) de Touba
Touba, 3 avr (APS) – Le régisseur des bourses de l’Université Gaston Berger (UGB), Assane Ndiaye, a procédé lundi au démarrage du paiement des bourses destinées à plus de cent étudiants du Complexe Cheikh Ahmadoul Khadim pour l’éducation et la formation (CCAK-EF) de Touba, a constaté l’APS.
‘’Il y a des critères spécifiques pour le privé, c’est pourquoi on s’est retrouvé avec un nombre de cent et quelques étudiants qui sont boursiers. Et dans ces bourses-là, il y a des demi-bourses, des bourses entières et tout à l’heure on nous a signalé qu’il y a des étudiants qui ont une mention bien’’, a déclaré M. Ndiaye, précisant que le paiement de ces bourses se fait par billetage.
Régisseur des bourses de l’UGB de Saint-Louis, M. Ndiaye qui s’entretenait avec des journalistes, est revenu sur les critères de choix concernant l’octroi de ces allocations d’études.
‘’Les étudiants sont payés en fonction de leur mérite bien sûr. Il y a des critères pour avoir une bourse. On a aujourd’hui des nouveaux bacheliers qui viennent fraîchement de s’inscrire. On tient compte de leur note au baccalauréat. Sur ce, on leur attribue des bourses. Ça peut-être une demi-bourse, une bourse entière ou une bourse d’excellence’’, a-t-il notamment expliqué.
Pour la bourse dite d’excellence, M. Ndiaye tient à préciser qu’elle est attribuée aux étudiants qui ont la mention bien voire très bien à l’examen du baccalauréat’’ et qui selon lui, sont régulièrement inscrits dans les universités.
‘’Aujourd’hui, j’ai payé pour les demi-bourses parce que c’est un rappel et on compte à partir du mois d’octobre. Certains reçoivent 275 mille francs mais pour la majeure partie, c’est 155 mille francs chacun’’, ajoute-t-il.
Le secrétaire général du CCAK de Touba, Pape Makhtar Ndiaye, a salué les efforts de l’État visant à octroyer ces allocations aux étudiants dudit complexe. ‘’ (…) Aujourd’hui avec la venue du régisseur des bourses, ils sont convaincus que l’État a fait un immense effort en leur octroyant ces allocations d’études. C’est donc devenu une réalité. C’est donc un atout important qui va les renforcer dans leur apprentissage’’, s’est-il réjoui.
Le CCAK de Touba a été officiellement ouvert le 6 février 2023 par le Khalife général des mourides Sérigne Mountakha Mbacké, en présence du chef de l’État Macky Sall.
Fils du deuxième Khalife général des mourides, Sérigne Ahmadou Badawi Mbacké est le recteur du Complexe Cheikh Ahmadoul Khadim.
DE L’AVÈNEMENT D’UNE TROISIÈME RÉPUBLIQUE AU SÉNÉGAL
EXCLUSIF SENEPLUS – Pour une réponse de gauche à la turbulence due à la confiscation de l'arène politique par la rivalité politicienne et le désordre organisé – Comment ne pas se laisser capturer par les populismes ? INTERVIEW D’AZIZ SALMONE FALL
Propos recueillis par Saxewar Diagne de SenePlus |
Publication 03/04/2023
Au moment où se multiplient les initiatives de regroupement des forces dites de gauche au Sénégal, SenePlus a interpellé Aziz Salmone Fall qui est l’un des initiateurs d’un projet dénommé Seen Egalité qui devrait être lancé dans les toutes prochaines semaines à Dakar. Aziz Salmone Fall est un politologue, membre du GRILA (Groupe de recherche et d'initiative pour la libération de l'Afrique), dont il est le coordonnateur pour la Campagne Internationale Justice pour Sankara. Universitaire, il est également membre du secrétariat exécutif ad hoc de l’internationale des travailleurs et des peuples. Dans l’espace politique sénégalais, il s’est distingué comme l’un des cofondateurs du MAG, le Mouvement des assises de la Gauche au Sénégal.
SenePlus : Depuis plusieurs années, la Gauche semble se chercher une voie de résurgence. A l’approche des échéances électorales, cette quête s’emballe dans une sorte d’urgence pour éviter l’aphonie. A moins d’un an de la présidentielle de février 2024, vous créez le groupement Seen Égalité. Est-ce une initiative politique de plus, sinon dites-nous en quoi elle est différente des projets passés dont les résultats n’ont pas toujours été des plus heureux ?
Aziz Salmone Fall : Le groupement Seen Égalité – Seen Égal est issu de la consultation de progressistes du Sénégal, en vue de la convergence de ses forces démocratiques panafricaines et populaires de gauche. C’est une dynamique de construction de convergences d’idées dans la diversité. La construction de cette mouvance politique, et le rassemblement des acteurs qui la composent, œuvrent résolument en faveur du peuple, à partir des revendications sociales et des exigences de rénovation d’une gauche authentique.
Quel est l’objectif ultime ?
Cette convergence escompte l’avènement d’une troisième république et un développement autocentré progressiste panafricain, écologiste et féministe. Elle espère la réviviscence de l’espoir révolutionnaire, encore fort ou diffus dans plusieurs tranches de notre population. Cette convergence fait aussi écho aux espérances de nos masses défavorisées, de voir résolues leurs aspirations essentielles et fondamentales.
Pourquoi annoncer l'avènement de votre secrétariat politique, précisément ce 4 avril 2023 ?
Nous tenions, comme promis, aux membres du groupement de respecter l'engagement d'avoir un secrétariat à cette date. Le groupement est doté d’un secrétariat ad hoc pour expédier les affaires courantes. Le Secrétariat ad hoc est constitué de membres volontaires ayant participé au processus d’élaboration du groupement Seen Égal Seen Égalité . En tant que comité directeur, il aide le groupement à réaliser sa vision, ses objectifs et ses décisions avec rapidité et efficacité. L’esquisse de projet de société Seen Égal-Seen Égalité sera peaufinée par le Secrétariat. Ce dernier assure, par consensus, l’efficacité́ et l’efficience du groupement en ce qui concerne les décisions majeures et questions de nature urgente, l’ordre du jour des réunions, et les propositions d’action. S’il n’y a pas de consensus, un vote avec la majorité des deux tiers est requis à toute décision. La structure demeure provisoire jusqu’à l’officialisation, au besoin, de Seen Égal- Seen Égalité et la précision de son objectif et mandat et ses élections. La forme et le fonctionnement de l’organisation seront démocratiquement déterminés au fur et à mesure de la progression. Entretemps le Secrétariat ad hoc assure le mandat exécutif. Une conférence de presse et le lancement officiel du groupement et le dévoilement de l'esquisse de projet de société suivront sous peu.
Par quel processus cette convergence au sein de votre groupement s’est-elle construite ?
L’esquisse de projet de société Seen Égal-Seen Égalité découle de la trajectoire historique impulsée par moi, alors un des initiateurs du mouvement des assises de la gauche au Sénégal. Ce mouvement a bifurqué vers les rencontres de la Gauche historique, ensuite vers les assises nationales, et finalement vers Benno, mais toujours sans atteindre l’objectif initial d’unir la gauche et proposer un projet de société cohérent. Plusieurs partis de gauche essayent périodiquement de se regrouper et lancent des appels à l’union, ce qu’il faut saluer et toujours encourager. La gauche au Sénégal a joué un rôle historique majeur dans la construction de l’État-nation et l’évolution progressiste des consciences politiques. Certaines de ses franges ont fait des compromis, d’autres des compromissions, d’autres n’ont pas dérogé à leur principe, et sont marginalisées et se sentent incomprises.
Vous pensez vraiment que la Gauche a encore un rôle spécifique à jouer au Sénégal ? Ne s’est-elle de facto désintégrée dans ses dynamiques d’alliance avec les Libéraux ?
La gauche sénégalaise, au fil des ans, a centré principalement la bataille du regroupement et l’effort d’unification -le contenant- autour de la démocratie représentative et des joutes électorales. Des coalitions électorales sont advenues, ont perduré ou pas. Généralement, il y a eu un recul face aux forces du marché, désormais à un stade de centralisation et de concentration du capital inusitées grâce à l’ouverture libérale mondialisée. Son mythe, vendre, et vivre pour consommer, et si possible le plus individuellement possible ! Ainsi à gauche, il y a eu progressivement un renoncement aux enjeux fondamentaux de projet de société. D’ailleurs, même s’ils sont rarement énoncés, ils passent inaperçus, tellement d’immenses franges sociales dans la société, pourtant concernées, sont pour les unes dans la dépolitisation, le court terme, voire la survie, les autres dans une conscience politique éveillée mais engluée dans le brouhaha politique, médiatique et culturel. L’arène politique souvent inutilement bavarde et superficielle a peu de prise sur le réel, qu’elle biaise et élude. On note une religiosité croissante de l’espace public et politique, qui y revendique sa participation. Trop de médias, de médias sociaux et de faiseurs d’opinions en polluent l’espace, supputant sur les nombreux scandales judiciaires et financiers, y distillant des discours moralistes et autres sermons manichéens, substitués à l’analyse de la réalité scientifique de notre formation sociale.
Ce que vous dites-là ne participe pas à crédibiliser l’action politique aux yeux des citoyens…
Oui, tout cela se traduit par une désinformation et une défection de la politique réelle, et un manque de discernement de bien des citoyens sur ce qui est désormais de gauche ou de droite, ou au nom d’une prétendue realpolitik qu’anime la dépolitisation du néo-libéralisme. Malgré une certaine érosion, les valeurs de gauche, comme les valeurs éthiques d’ailleurs, persistent néanmoins au sein du peuple. Abandonnées par l’absence de projet de société cohérent de l’État, des masses importantes de notre peuple se débrouillent.
Mais alors dans un tel contexte quelle est votre analyse de l’état du pays aujourd’hui ?
Au niveau urbain, il y a une grande turbulence du fait de la confiscation de l'arène politique par la rivalité politicienne et un désordre organisé. Dans nos campagnes, la dépossession des paysanneries est la forme la paupérisation la plus grande, et l'espace périurbain le gruge. Au Sénégal, la société de négoce a pris des proportions énormes, faisant basculer dans le mercantilisme des strates entières de producteurs, ruraux ou non, diplômés comme membres du lumpen prolétariat. Ils œuvrent dans le pays et en diasporiques à l’extérieur, en réseaux sophistiqués. L’économie informelle y domine. Elle est principalement tournée vers les produits de la modernité, la satisfaction d’une consommation par le recyclage ou le bas de gamme importés, mais fournissant, à défaut de mieux, les demandes de l’essentiel de la population. La forme précapitaliste se caractérise par la transformation domestique familiale ou individuelle, la petite production, la transformation et transaction marchande communautaire, périurbaine et religieuse, la petite distribution ou le stockage de l’économie du container.
Le secteur de l’informel a atomisé le potentiel économique national qui ne survit que dans la rente ou dans ses rapports incestueux avec le pouvoir étatique…
En effet, l’État laisse faire avec grand laxisme cette économie de la débrouille, signe de son propre échec, taxant là où il le peut et laissant croitre une corruption endémique, dont il est aussi l’épicentre, à en déduire des scandales qui défrayent la chronique. Les différents régimes politiques qui se sont succédés vivent des perfusions de l’aide internationale et du bradage des pans utiles de l’économie, des immobilisations foncières et du bâtiment et de diverses captations élaborées de rentes. Le boom immobilier dans la capitale illustre combien les terrains sont 15 fois plus chers qu’en 1990, alors que les logements locatifs sont de moins accessibles et doivent abriter plus de 42% des habitants de la capitale.
Après tous ces constats, en quoi y a-t-il la moindre pertinence dans de possibles réponses apportées par un projet dit de gauche ? La Gauche peut-elle répondre aux attentes d’une jeunesse qui aspire à des changements radicaux qui l’éloigne des tourments des politiciens responsables d’une gouvernance qu’elle considère comme scabreuse depuis tant d’années ?
Toutes ces réalités, parmi tant d’autres, sont des terreaux infertiles pour des forces de gauche, mais des contradictions et paradoxes qui peuvent l'éveiller. Il y a aujourd’hui un certain esseulement, une confusion et une dispersion des forces progressistes. Une frange de notre jeunesse, exaspérée et sans horizon, gronde et se décline en variantes politisées ou non. Peu sont organisés au sein de forces politiques progressistes. On peut questionner son discernement politique à ne pas se laisser capturer par les populismes et culturalismes. On note de l’autre côté, un regroupement de certaines forces de gauche, en blocs coalisés, au niveau du pouvoir, comme de l’opposition. Il y a aussi sporadiquement de multiples efforts de certains partis et individus de cristalliser une convergence de ces forces. La tentation populiste et patrimoniale demeure dominante. Dans l’ensemble, on pourrait encore mieux faire, pas seulement pour le contenant, mais surtout pour le contenu.
Mais comment reconstruire une politique citoyenne, à partir d’une offre susceptible de faire converger les revendications de mouvements fragmentés et parfois divergents ?
Il revient aux militants, aux citoyennes et citoyens engagé-es, face à l’action défaillante des dirigeant-es, de mettre la pression sur les orientations afin de façonner le message progressiste. La gauche, dans notre entendement, s’inscrit dans le combat donnant à la démocratie son sens émancipateur et affirmant les droits humains et du citoyen, les droits sociaux individuels et collectifs, les droits à la maîtrise sociale du système économique. Hélas, dans le contexte du Sénégal actuel, construire la gauche alternative exige, pragmatiquement, que l’on développe des stratégies principalement autour du centre gauche avec le maximum de forces politiques et populaires se réclamant du progrès social. Avec minimalement toutes les forces et mouvements sociaux engagés contre le néo-libéralisme, contre l’impérialisme, et dans une perspective panafricaine en faveur d’avancées démocratiques et populaires, du progrès dans la libération des femmes et dans le respect des exigences d’une gestion écologique viable de la terre. Seen Égalité s’inscrit dans cette dynamique d’organiser les aspirations des classes populaires, pour circonscrire et renverser les pouvoirs dominants qui empêchent leur concrétisation. Ceci est un outil à opérationnaliser par nos travailleuses, nos travailleurs, nos sans -emplois, notre jeunesse. Cette jeunesse consciente qui perpétue les espérances de générations qui n’ont pas pu définitivement abattre l’injustice sociale et l’ordre impérialiste et néo-colonial. Nous escomptons ensemble faire reculer les bornes de l’idéalisme, de l’ignorance et de l’adhésion à des illusions passéistes obscurantistes et ethnicistes. L’exigence est d’assurer la démocratisation de la société et la socialisation de la gestion économique. Le renforcement progressif de la convergence, dans la diversité, exige la tolérance et la conciliation. Il faut, avec l'esprit de discernement, armés de science de culture et d'altruisme empathique, dégager l'horizon pour esquisser les fondements d’un projet de société progressiste viable et enviable pour la multitude. Revisiter et vivifier les valeurs qui fondent la gauche, au-delà du discours ou du label, en se fondant sur la praxis. Entre autres la pratique de l’altruisme, la solidarité avec les plus opprimés, l’égalité à tous les niveaux, le refus de l’exploitation, de l’oppression et de l’injustice; l’élan pour le progrès social, la laïcité, la liberté, la conscience révolutionnaire...Ainsi parviendrons-nous à assainir le projet politique et esquisser et mettre en œuvre ensemble un projet de société.
Dans tout cela, on vous connaît plus à l'extérieur du Sénégal que dans votre pays. Pourquoi ? Où étiez-vous toutes ces dernières années ? Que faisiez-vous ?
La plupart de nos membres sont d'une intégrité irréprochable, connu-es du pays, fières filles et fiers fils africain-es du Sénégal comme moi. Je suis plutôt connu du milieu académique, politique et militant. Comme le dit l'adage, nul n'est prophète chez soi. Par exemple, je suis plus connu au Burkina Faso, parce que j'ai coordonné nos courageux avocats qui ont défendu pendant 25 ans les droits des sankaristes et de Thomas Sankara. Je suis plus connu en Afrique du Sud en raison de ma lutte contre l'apartheid, ou internationalement en raison de mon internationalisme avec les Samir Amin et les camarades de la tricontinentale, ou pour mon opposition aux bases étrangères sur le continent Africain et le plaidoyer pour notre souveraineté panafricaine. Mais ici ce n'est pas de moi qu'il s'agit, ce qui importe c'est que le peuple découvre un projet et que les forces de gauche puissent s'entendre minimalement sur un contenu rassembleur et porteur.
En quelques mots, pourriez-vous nous dévoiler les grandes lignes du projet Seen Égalité que vous projetez de lancer officiellement dans les prochaines semaines ?
Je vous demande votre patience, il sera publiquement dévoilé très prochainement aux forces dites de gauche et ensuite à toutes nos citoyennes et citoyens. Je puis seulement vous dire que c'est relativement innovant et la bonne riposte contre l'ordre du monde qui enserre le Sénégal. Nous continuons à résister et à s’organiser consensuellement pour construire ensemble l’histoire. L’histoire d’aujourd’hui est celle d’une terre en danger. Elle est affectée par l’impact de la crise multidimensionnelle issue de la crise du capitalisme impérialiste des oligopoles. Le basculement du monde se manifeste par une crise multiforme, sanitaire, économique, climatique, militaire et de sens... Sortir de l’impasse, dominée par le capitalisme des oligopoles généralisé, (et de son régime mondial de la peur et de l’insécurité, incapable d’imaginer la paix que comme l’ordre entre deux guerres), impose des réponses originales et audacieuses. Elles doivent allier simultanément, démocratisation de la société et progrès social.
Vous professez un éloignement de l’ordre néo-colonial qui perdure depuis plus de 60 ans ? Comment y arriver ?
Pour ce faire, il faut contenir les intérêts socio-économiques que défend et représente le régime en place. Ce dernier est issu du mode néocolonial de croissance et qui a agi pendant longtemps dans le sillage de l’administrateur colonial, du tirailleur et même du fossoyeur des initiatives panafricaines. Les mœurs dans le pays ont été érodées par les comportements ostentatoires, les excès de ceux qui possèdent et leurs imitateurs et qu’amplifie l’internet voyeur. Le social-narcissisme, l’apparence et l’invective ont chassé la pudeur et le suturë. L’impunité persiste là où d’évidence il fallait sévir. Le Sénégal n'a pas de problème de carence de textes, il souffre d'un manque notoire de volonté politique de les appliquer. C’est le visage du mirage démocratique sénégalais. Une culture politique, ancienne et rétive, permet néanmoins une relative organisation démocratique des forces et une libre expression difficile à bâillonner. Nous utiliserons donc ces espaces pour laisser aux citoyens et citoyennes d'apprécier les voies possibles d'une indépendance véritable et harmonieuse. Bonne fête aux sénégalaises et sénégalaises et à nos hôtes.
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ABIBA, LA CHANTEUSE CHOUCHOU DES RÉSEAUX SOCIAUX
Les études c'est important et tout parents souhaitent que son enfant son concentre et se consacre à ses études. Mais à côté des papiers, certains enfants ont un talent naturel qui à un moment donné, a besoin d'être valorisé. C'est le cas d'Abiba
Les études c'est important et tout parents souhaitent que son enfant son concentre et se consacre à ses études. Mais à côté des papiers, certains enfants ont un talent naturel qui à un moment donné, a besoin d'être valorisé. C'est le cas d'Abiba qui est devenue aujourd'hui une artiste qui prend de plus en plus sa place.
Ce qui avait commencé comme un jeu en 2015, a vite pris une sérieuse allure en un laps de temps : la carrière musicale d’Abiba. Étudiante en marketing et communication, c’est à l’âge de 14 ans qu’elle a commencé à chanter, épaulée en cela par sa grande sœur qui avait-elle, 17 ans en tant que manager. Le temps passant, les deux jeunes lycéennes continuent à travailler ensemble et ont gagné chacune en maturité et en expériences. Elles sont donc capables de mener un projet artistique en toute sérénité.
Aujourd’hui Abiba, c’est un nom qui est bien connu dans la scène musicale sénégalaise. Abiba se présente surtout comme la chanteuse sénégalaise la plus suivie sur les réseaux sociaux au Sénégal.
Abiba continue de tracer son chemin et n’a vraisemblablement aucune envie d’arrêter en si bon chemin même après ses études qu'elle suit encore.
Malgré les défis qui existent dans l'industrie musicale, Abiba, nous assure qu'elle arrive à tirer son épingle du jeu. Elle conduit beaucoup de projets musicaux dans le cadre de sa carrière et fait des investissements. In fine, elle vit de son art, de sa musique. Nous l’avons interrogée au centre culturel espagnol lors du Festival Women art show. Suivez son entretien avec AfricaGlobe Tv.
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CE QUE VEND L'ALLEMAGNE À TRAVERS SA LANGUE
Dans un contexte de mondialisation, la connaissance d'autres langues, notamment des langues étrangères, est toujours un plus, un atout pour accéder à des opportunités, interagir avec d'autres cultures et même marquer des points lors des recrutements.
Menacée de suppression au collège, il y quelques années, les professeurs d'allemand du Sénégal s’étaient levés pour défendre leur discipline : l’allemand. Plus que jamais, l’allemand figurera en bonne place dans le système éducatif du Sénégal, dans les collèges en l’occurrence. D’ailleurs, les enseignants de la discipline sont en train d’implémenter de nouvelles méthodes d’enseignement qui, selon toute vraisemblance, sont bien plus efficaces et stimulantes comme nous explique El Hadj Ibrahima Wone Bousso, le président de l’association des professeurs d’allemand du Sénégal (APAS). Il a été interrogé récemment, lors d’une réception en prélude aux journées pédagogiques des professeurs d’allemand.
Pour lui, l’intérêt d’apprendre l’allemand va au-delà du simple apprentissage d’une langue. Connaitre l’Allemand, c’est accéder à l’idéologie allemande : la rigueur allemande, le mode de pensée allemand la science aussi.
Il faut noter en effet que si le français est la langue de la diplomatie, l’italien, la langue de l’opéra, l’anglais, la langue des affaires et des relations internationales en plus d’être une Lingua Franca et si la philosophie parle grec, sans doute, l'allemand est la langue de la science.
D'ailleurs, l’on peut faire facilement une revue de nombre de savants, et même de grands philosophes et scientifiques produits par l’Allemagne.
Dans un contexte de mondialisation, la connaissance d'autres langues, notamment des langues étrangères, est toujours un plus, un atout pour accéder à des opportunités, interagir avec d'autres cultures et même marquer des points lors des recrutements.
Toutes les anciennes puissances colonisatrices nous ont légué l’enseignement de leur langue, enseignées dans nos écoles et universités, en Afrique.
Bien que le français soit notre première langue d'éducation et que l’anglais en raison de sa position de linga Franca est une bonne assise partout dans le monde y compris en Afrique l’apprentissage des autres langues est toujours utile. C’est le cas de l’allemand.
Même si cette langue n’est pas parmi les 5 ni 10 les premières langues du monde, il y a un grand intérêt à apprendre la langue de Goethe parce qu' elle est la voie royale pour accéder aux ONG aux Fondations allemandes et autres projets de la république fédérale d'Allemagne en Afrique.
Première économie de l’Union européenne et troisième puissance du monde l’Allemagne est un des grands partenaires de l’Afrique. Pour cette raison, des étudiants ont intérêt à s’intéresser à cette langue. Menace de suppression au collège, germanisants et germanophone se sont mobiliser pour ramener à la raison l’État du Sénégal a renoncer à ce projet.
L’allemand ne risque donc pas. Au contraire, les germanisants ont adopté des nouvelles méthodes de transmission calquées sur ce qui se fait dans les pays germanophones d’Europe, favorisées en cela par la pandémie de Covid-19.
Récemment, les professeurs d’allemand ont à cet effet tenu la 3e édition de leurs journées pédagogique pour remettre au goût du jour ces nouvelles pratiques. Une réception avait été offerte à la résidence de l'ambassadeur de la République fédérale d'Allemagne.
C’est en marge de cette réception que nous avons interrogée le président de l’association des professeurs d'allemand du Sénégal, Monsieur El Hadj Ibrahima Bousso Wone.
CHEIKH OUMAR ANNE MENACE LES ENSEIGNANTS
La rencontre de partage sur les chantiers du ministère de l’Education nationale a été une occasion pour le ministre Cheikh Oumar Anne de se prononcer sur le paiement de 250 milliards de salaires et la persistance des grèves
La rencontre de partage sur les chantiers du ministère de l’Education nationale qui s’est tenu au Musée des Civilisations Noires avant-hier, lundi 27 mars, n’a pas été seulement une occasion pour le ministre Cheikh Oumar Anne de revenir en gros sur la politique des «daaras», la construction de nouveaux lycées, la réforme des curricula, l’utilisation du numérique, entre autres points. Elle a été également le lieu pour le ministre Anne de se prononcer sur le paiement de 250 milliards de salaires et la persistance des grèves.
« Nous avons beaucoup investi pour l’école et nous avons une vision de ce que doit être l’école. En tant que membre du gouvernement, je peux dire que depuis le premier trimestre de l’année 2022 à aujourd’hui (si on tient compte du budget de 2023), c’est plus de 250 milliards qu’on on a investis dans le système scolaire. Et tout ça a servi à payer les salaires des enseignants. C’était une option réfléchie. C’était 250 milliards qu’on a investis pour l’amélioration des rémunérations des enseignants. Si on veut transformer l’école, au moins il y a quatre axes. L’un des axes, c’est l’amélioration des conditions de travail. Des efforts importants ont été faits dans ce sens. J’ai dit que c’était réfléchi parce que le président de la République a pour option de transformer l’école. Cet effort était important pour créer les conditions d’une paix sociale et tout le pays était d’accord qu’il faut aller vers la paix sociale. On a investi plus que ce qu’on avait pour aller vers la paix sociale. On n’a eu que deux trimestres de paix sociale avec 250 milliards. Cela n’est pas acceptable. On a dit qu’il faut discuter, aller vers de consensus et les consensus, ça veut dire que c’est différents acteurs qui se parlent, qui retiennent des choses. Il faut que chacun respecte son engagement. Le gouvernement du Sénégal est un acteur mais aussi un arbitre. Il tire cela de la confiance du Président de la République qui bénéficie de la confiance de la légitimité populaire. Nous avons mis beaucoup de moyens de la communauté pour la paix sociale. Je veux dire ici que le gouvernement est garant des transformations qui sont nécessaires et nous exerçons ce pouvoir-là avec détermination pour le Sénégal et l’école le mérite. Nous n’accepterons pas qu’on nous dévie. Tout ce qui est revendication a été réglé. Nous avons mis en place un comité de suivi, rencontré les acteurs. Ils nous ont demandé de suspendre le comité de suivi parce qu’ils allaient aux élections. Au retour, ils devaient nous dire qu’on a terminé les élections et qu’on reprenne. Nous attendons toujours. Nous sommes dans une dynamique de dialogue et nous n’accepterons pas de déviation et nous ferons face et nous prendrons les mesures qu’il faut pour l’intérêt du Sénégal ».
L’UCAD FERME SES PORTES
Le procès pour diffamation contre le leader du parti Pastef Ousmane Sonko qui devra se dérouler ce jeudi 30 mars au tribunal de Dakar et les manifestations annoncées par la coalition Yewwi Askan Wi, ne finissent pas de faire réagir les autorités.
Le procès pour diffamation contre le leader du parti Pastef Ousmane Sonko qui devra se dérouler ce jeudi 30 mars au tribunal de Dakar et les manifestations annoncées par la coalition Yewwi Askan Wi, ne finissent pas de faire réagir les autorités.
En effet, après le ministère de l’Education nationale qui a décidé de reprogrammer les fêtes de Pâques pour les élèves en les anticipant, c’est au tour des autorités de l’Université Cheikh Anta Diop de Dakar d’aller dans le même sens. Dans un communiqué daté du mardi 28 mars et rendu public, le Recteur Ahmadou Aly Mbaye a réaménagé le calendrier des vacances. « En perspective des risques de troubles et des dommages éventuels aux biens et aux personnes, les congés du premier semestre initialement prévus du samedi 1er avril au mardi 11 avril 2023 à 8 heures, sont dorénavant fixés du mardi 28 mars 2023 à 8 heures au mardi 11 avril à 8 heures », rapporte le document qui nous est parvenu.
La même source d’ajouter : « Les activités administratives sont, en outre, suspendues du mardi 28 mars à 18 heures au samedi 1er avril à 8 heures ». Comme conséquences, l’université de Dakar devrait fermer ses portes hier, mardi. Pour rappel, le jeudi 16 mars dernier, alors que se tenait le procès d’Ousmane Sonko pour diffamation face au ministre du Tourisme Mame Mbaye Niang, plusieurs quartiers de Dakar ont été le théâtre de scènes de guérilla entre jeunes et forces de l’ordre. Ces dernières repoussaient les manifestants qui jetaient des pierres et brûlé de pneus, à coups de lacrymogènes. Des saccages ont ainsi été notés dans quelques endroits de la capitale. Il s’en est suivi plusieurs arrestations dont des élèves et des enseignants. C’est peut-être pourquoi cette fois-ci, les autorités éducatives ont pris les devants en fermant les établissements scolaires.
LE MINISTERE DE L'EDUCATION COUPE L'HERBE SOUS LES PIEDS DU G7
Alors que le G7 a décrété un mot d’ordre de débrayage de 48 heures pour dénoncer les arrestations « arbitraires » d’enseignants et d’élèves, entre autres points revendicatifs, le ministère de l’Education nationale a sorti une note anticipant les vacances
Alors que le G7 (Groupe des 7 syndicats les plus représentatifs du secteur de l’Education) a décrété un mot d’ordre de débrayage de 48 heures (hier lundi et aujourd’hui mardi) pour dénoncer les arrestations « arbitraires » d’enseignants et d’élèves, entre autres points revendicatifs, le ministère de l’Education nationale a sorti une note anticipant les vacances de Pâques à partir d’hier — elles devaient commencer après les cours de vendredi prochain — jusqu’au 12 avril. Une anticipation qui a « une double explication », selon les syndicalistes qui parlent d’une volonté de sabotage de leur grève.
Plusieurs enseignants et élèves ont été arrêtés la semaine dernière au cours des manifestations tenues en marge de la comparution du leader de Pastef devant le tribunal de Dakar pour y répondre d’accusations de « diffamation» sur plainte du ministre du Tourisme, Mme Mbaye Niang. Certains ont été cueillis jusque dans l’enceinte de leurs établissements, voire en classe et en plein cours, par des policiers et des gendarmes parce qu’ils auraient participé aux manifestations du jeudi 16 mars dernier. Des arrestations suivies d’emprisonnements pour certains parmi ces enseignants et apprenants. Les grèves déclenchées par leurs camarades pour exiger leur libération ont paralysé les enseignements-apprentissages notamment durant la journée du lundi 27mars où des perturbations ont été notées un peu partout à travers le territoire national, surtout à Dakar. Dans la capitale, les élèves du lycée Blaise Diagne ont été délogés par leurs camarades du lycée Delafosse. «Ils sont venus et ont commencé à nous lancer des pierres. Notre principal a fait appel à la police pour nous protéger mais, au final, on a humé l’odeur des gaz lacrymogènes. On était obligé de sortir. C’était aux environs de 11 heures», a expliqué Binetou Kane, une élève de l’établissement.
Aux Parcelles Assainies, en banlieue dakaroise, les élèves du lycée Seydina Issa Rohou Lahi, ex-Lpa, ont fait sortir leurs camarades se trouvant dans toutes les autres écoles publiques et privées environnantes. Ils exigent la libération de leur camarade Serigne Mourtala Niass, arrêté depuis plus d’une semaine lors des manifestations du 16 mars dernier. Après 10 jours passés sans faire cours, ils ont choisi la journée d’hier pour passer à la vitesse supérieure. Ils sont allés faire sortir leurs camarades de cinq (5) écoles privées qui se trouvent aux alentours de leur lycée. Serigne Saliou Diop, élève en classe de terminale, est formel. «Tous les élèves arrêtés sans avoir participé aux dernières manifestations politiques doivent être libérés. On a un devoir à faire mercredi prochain. Mais on va devoir boycotter parce qu’on ne peut pas se permettre de faire ce devoir alors que notre camarade est en difficulté. Nous allons continuer le combat jusqu’à ce qu’il soit libéré», dit-il. Son camarade, Mouhamed, lui, demande à l’administration de l’école de faire un geste qui pourrait faciliter la libération de leur camarade. «J’interpelle l’administration de l’école. Elle doit faire quelque chose pour notre camarade. Parce qu’il est inconcevable d’arrêter un élève comme Serigne Mourtalla Niasse qui n’a rien fait». Serigne Saliou Diop et Mouhamed ne veulent qu’une chose : la libération de leur camarade. Sans quoi, ils continueront de déserter les salles de classe même après le retour des vacances de Pâques, le 12 avril prochain.
Enseignants et élèves au coude-à-coude contre les arrestations « arbitraires »
Un mouvement des élèves qui vient renforcer le débrayage de 48 heures des enseignants des sept syndicats leaders dans le domaine cde l’Education. Le G7 (syndicats les plus représentatifs) a décrété un mot d’ordre de 48 heures de débrayage pour fustiger les arrestations «arbitraires» d’enseignants et d’élèves. Ce mot d’ordre du G7 et le mouvement d’humeur des élèves ont empêché les enseignements au niveau des écoles élémentaires «Colobane 3» et El Hadj Ibrahima Bèye où le mot d’ordre a été largement suivi. Ici, et comme annoncé par les syndicats grévistes, les élèves ont été libérés à 10 heures parce que les enseignants ont respecté le mot d’ordre de débrayage. Mais, pour s’éviter une fin d’année scolaire trop chargée, certains enseignants qui tiennent des classes d’examen ont donné rendez-vous à leurs apprenants, plus tôt que prévu, à partir du 05 avril, lendemain de la fête nationale. Ce, disent-ils, pour pouvoir dérouler le programme normalement, avec surtout des cours de renforcement les après-midi.
Les sept leaders du G7 à savoir ElHadj Malick Youm du Saemss, Ndongo Sarr du Cusemss, Dame Mbodj du Cusemss Authentique, Amidou Diédhiou du Sels, de l’Uden et Mouhamadou Moustapha Segnane du Snelas Fc disent avoir constaté, pour le déplorer, «des arrestations d’élèves et d’enseignants ainsi que la violation quasi systématique de l’espace scolaire par les forces de l’ordre». Le G7 fustige «ces violations de l’espace scolaire ainsi que les tentatives d’intimidation et de restriction des libertés». Il indique que «les syndicats de l’enseignement resteront intransigeants et solidaires pour la défense des libertés collectives et individuelles» et appelle l’Etat «au respect strict des principes de l’Etat de droit pour l’apaisement du climat social».
Mais la veille du démarrage des deux jours de débrayage, lundi et mardi, le ministre de l’Education nationale a sorti une note annonçant le début des vacances de Pâques à partir du lundi 27mars, premier jour de grève des enseignants. Les professeurs et autres directeurs et surveillants d’écoles, pour leur part, estiment que l’anticipation des fêtes de Pâques par le gouvernement à partir de ce lundi a une double explication. «Amon avis, c’est réaliste de la part du gouvernement. Car, comme ils l’ont dit, à chaque fois qu’il y a un procès de Ousmane Sonko, les enseignements-apprentissages sont perturbés. Il y a aussi les mouvements d’humeur des enseignants et des élèves réclamant la libération de leurs collègues pour les enseignants et camarades pour les élèves». Telles sont les deux raisons fondamentales qui justifieraient les vacances de Pâques anticipées, selon l’ex-directeur de l’école PAV et actuel surveillant au lycée Talibou Dabo, Oumar Niang
M. Niang pense surtout que la deuxième raison est valable. «Il faut dire que le premier communiqué disait mardi 28 mars pour le début des vacances de Pâques. Mais dès que le mot d’ordre de débrayage a été publié sur les réseaux sociaux pour lundi et mardi, un autre communiqué est sorti». Ce qui, à son avis, «est réaliste de la part du gouvernement».
Pour le responsable syndical au lycée Seydina Issa Rohou Lahi, ex-Lpa, des Parcelles Assainies, Seydou Seck, cette anticipation c’est juste une stratégie pour gâcher leur mouvement d’humeur. «Cette fois-ci, ce sont tous les syndicats du G7 qui ont décidé de mener le combat pour faire libérer tous les enseignants et leurs élèves arrêtés. Nous avions décidé d’arrêter les cours à partir de 10 heures et pendant deux jours, malheureusement, nous avons constaté que le gouvernement a cherché à nous couper l’herbe sous les pieds en anticipant les vacances. Les parents d’élèves apprécieront», a-t-il dit
En tous les cas, pour le secrétaire général du Cadre unitaire des syndicats d’enseignants du moyen et secondaire du Sénégal (Cusemss), Ndongo Sarr, «ce communiqué qui remet en cause les termes d’un décret aura d’abord comme conséquences la perturbation des planifications ou évaluations des établissements scolaires. Ensuite, les feuilles de route données par les Académies aux chefs d’établissements ne pourront pas être respectées. Aussi, on va voir l’élan des élèves qui avaient fini de réviser, brisé. Pire encore, le quantum horaire sera entamé».
Au-delà de cette question des arrestations d’enseignants et d’élèves, d’autres points revendicatifs sont inscrits sur la plateforme du G7 qui exige surtout la convocation d’urgence du Comité de suivi pour une application des accords du 26 février 2022...