Accusant le maire Alioune Ndoye de bloquer la construction d’un immeuble en faveur de la communauté des Daara du Sénégal, la Fédération nationale des associations d’écoles coraniques a tenté hier de tenir un sit-in sur le site de l’ancienne école Amadou Assane Ndoye, sise à Dakar-Plateau et destinée à recevoir l’édifice. Très en colère, les membres de la FNAECS appellent ainsi le ministre du Tourisme à revoir sa position.
Les membres de la Fédération des associations d’écoles coraniques (FNAECS ) sont très en colère contre le maire de Dakar-Plateau. Ces derniers accusent Alioune Ndoye de vouloir torpiller un grand projet du Président Macky Sall dans le cadre de la modernisation des daara. En l’effet, dans sa logique de moderniser les écoles coraniques, l’État, par le biais de la Haute autorité du Waqf, a choisi depuis 2019 le site qui abritait l’ancienne école Amadou Assane Ndoye située à Dakar-Plateau, pour la construction d’un immeuble commercial de 16 étages. Les revenus locatifs de cet immeuble devront servir à la construction de plusieurs daara modernes et d’assurer leur fonctionnement durable. Seulement depuis bientôt quatre ans, le projet n’avance pas.
En effet, le maire Alioune Ndoye est pointé du doigt par la FNAECS qui l’accuse de vouloir saboter ce projet du chef de l’État, sans aucune base légale. Pour voir enfin le démarrage des travaux, les membres de la Fédération des associations d’écoles coraniques ont décidé hier de tenir un sit-in, lors duquel était prévue une séance de récital de Coran pour le succès du projet. Mais à leur grande surprise, l’accès au lieu leur a été interdit par des éléments de la mairie de Dakar-Plateau. Malgré leur insistance, ces gros bras leur ont opposé un refus catégorique sous prétexte d’avoir reçu des ordres du maire de ne laisser personne entrer. «On a entendu dire sur les réseaux sociaux que le maire Alioune Ndoye a déclaré qu’il y a un blocage sur la réalisation du projet, car il y a une partie qui appartient à l’Etat et une autre qui appartient à la mairie de Dakar-Plateau. Nous pensons qu’avec tout ce qu’il a fait pour les daara, le Président Macky Sall ne va pas rester les bras croisés, parce que d’ici trois mois, si les travaux ne démarrent pas, la Banque islamique va se retirer du projet », a déclaré El Hadji Oumar Seck, Secrétaire national chargé des relations extérieures et partenariats de la Fédération des associations d’écoles coraniques (FNAECS). Il invite ainsi le ministre de l’Environnement à revoir sa copie et à revoir sa position pour permettre la construction de l’immeuble.
Dans une déclaration adressée à la presse, la FNAECS explique : « En 2015, l’Etat du Sénégal a décidé d’institutionnaliser le Waqf dans notre pays. C’est dans ce cadre que la loi No 2015-11 fut votée par l’Assemblée nationale, et une Haute Autorité du Waqf (HAW) mise en place pour conduire la politique de l’Etat en la matière.
Dans sa volonté d'accompagner la modernisation et l'autonomisation des Daara, à l'image de sa politique de réhabilitation des édifices religieux, le Président Macky Sall a conçu un projet dénommé ‘’Waqf public au profit des daara modernes''.Il s’agit concrètement de construire un immeuble waqf de 16 étages dont les revenus locatifs serviront à financer durablement le fonctionnement et le processus de modernisation des Daara. La mise en œuvre du projet a été confiée à la HAW et son financement de plus de 10 milliards de FCFA est acquis depuis le 17 avril 2022 auprès de la Banque Islamique de Développement(BID) ».
DEMARRAGE DES ELECTIONS DE SYNDICATS D'ENSEIGNANTS
Qui vont être les représentants des enseignants à la table des négociations avec le gouvernement, pendant les cinq prochaines années ? Réponse dans quelques jours ou semaines. Pour le moment, l’heure est au vote.
Qui vont être les représentants des enseignants à la table des négociations avec le gouvernement, pendant les cinq prochaines années ? Réponse dans quelques jours ou semaines. Pour le moment, l’heure est au vote.
Après celles de 2017, les élections de représentativité syndicale dans le secteur de l’Education et de la Formation ont démarré hier, lundi 6 mars 2023 et se poursuivent jusqu’au 13 mars prochain. Pour cette deuxième édition, il y a une innovation afin de faciliter le vote. En effet, l’élection se fera en mode électronique et les enseignants utiliseront leurs matricules pour voter sur la plateforme mise en place pour l’occasion. Une trentaine de syndicats de différents ordres d’enseignements, dont certains sont partis en coalition, sont en lice. Ceux qui auront atteint la barre des 10% des suffrages valablement exprimés seront reconnus comme syndicats représentatifs. Ils sont 109.998 enseignants et inspecteurs de l’Education à prendre part au scrutin, répartis en trois collèges : le Préscolaire-Elémentaire avec 68.064 électeurs, le plus grand nombre, le Moyen-Secondaire avec 41.221 inscrits et les Corps de contrôle avec 713 inscrits. L’objectif poursuivi à travers ce processus est donc d’aboutir à une rationalisation du dialogue dans le secteur de l’Education et de la Formation. Il s’agit ainsi, pour l’Etat, de disposer d’interlocuteurs suffisamment représentatifs.
Depuis 2017, les sept syndicats les plus représentatifs, regroupés autour du G7, étaient le SAEMS, le CUSEMS, le SIENS, le SELS, le SELS/A, l’UDEN et le SNELAS/FC. Ils ont déroulé plusieurs plans d’actions pour exiger la matérialisation des accords signés avec le gouvernement. C’est ainsi que, le 26 février 2022, le G7 a conclu avec le gouvernement un protocole d’accord qui a permis la revalorisation des salaires des enseignants. «L’accord du samedi 26 février 2022 a permis d’engranger des avancées historiques aux enseignants de tous les ordres d’enseignement et collèges électoraux (instituteurs, professeurs, inspecteurs) en matière de rémunération. Il a été aussi inclusif et a intégré les différentes fonctions et positions dans le système éducatif, tout en gommant durablement le profond malaise qui impacte négativement le rendement du secteur», avait déclaré le secrétaire général du SELS, Hamidou Diédhiou, lors d’une conférence de presse.
Après près de trois mois de perturbations dans le secteur de l’Education, l’accord avait ainsi permis de lever le mot d’ordre de grève. D’autres syndicats d’enseignants, membres du G20, se sont également fait entendre ; même s’ils n’ont pas été à la table des négociations avec le gouvernement.
LES ETUDIANTS ETRANGERS FUIENT DAKAR
Un étudiant gabonais :« Nous exhortons nos frères et sœurs à bien réfléchir avant de venir étudier au Sénégal… »
Pape Ndiaye et Christ Dianga Mougoulou (Stagiaire) |
Publication 03/03/2023
Un étudiant gabonais :« Nous exhortons nos frères et sœurs à bien réfléchir avant de venir étudier au Sénégal… »
Jusqu’à présent, le Sénégal était une destination académique pour de nombreux étudiants du continent. En particulier en provenance d’Afrique centrale. La qualité de notre système d’enseignement supérieur et de formation professionnelle, qu’il soit public ou privé, n’est pas en cause et reste toujours attractive pour des milliers d’étudiants en quête de savoir et de qualifications. Malheureusement, le coût de la vie et, surtout, la cherté du loyer font fuir de nombreux étudiants camerounais, gabonais, centrafricains, burkinabés, nigériens, congolais etc. vers d’autres pays du continent où il est possible de se loger et d’étudier à moindre coût. Ce même si la qualité de l’enseignement n’est pas toujours au rendez-vous dans ces nouvelles destinations académiques. « Le Témoin » s’est invité dans le calvaire de ces braves hôtes qui vivent et étudient parmi nous…
Jusqu’à une époque récente, le Sénégal était une destination académique de choix pour de nombreux étudiants d’Afrique centrale et d’Afrique de l’Ouest. Et notamment les Gabonais, les Ivoiriens, les Centrafricains, les Maliens, les Guinéens, les Camerounais, les Burkinabés, les Nigériens, les Togolais, les Tchadiens etc. attirés par la qualité de nos systèmes d’enseignement supérieur et de formation professionnelle. Mais aussi la possibilité de vivre et d’étudier dans une grande ville possédant toutes les commodités des métropoles européennes mais avec un environnement africain. C’est-à-dire sans le racisme des Toubabs !
Malheureusement, ces dernières années, la hausse du coût de la vie à Dakar, en particulier l’augmentation exagérée et incontrôlable des prix des denrées alimentaires et du coût du loyer a fait fuir de nombreux étudiants étrangers. Et dissuadé des centaines d’autres à venir s’inscrire dans nos écoles et nos universités. Mais la tendance constatée par « Le Témoin », c’est que de plus en plus des étudiants africains interrompent leurs études à Dakar pour soit rentrer chez eux soit migrer vers d’autres pays africains. Beaucoup d’étudiants étrangers que connaissait votre serviteur ne sont plus revenus de vacances. L’un d’entre eux explique pourquoi : « Parce que la vie est trop chère à Dakar, surtout le loyer. Actuellement, je suis au Maroc où on peut allier études et travail alors qu’au Sénégal, c’est quasiment impossible de trouver du travail, ni même un stage rémunéré » se justifie cet étudiant burkinabé qui a migré vers le Maroc. « Pourtant, le Sénégal dispose des meilleures écoles de formation et universités en Afrique, et le pays est sûr en matière de sécurité, mais la vie y est trop, trop chère… » ajoute notre interlocuteur avec amertume et regret puisqu’il se plaisait bien dans notre capitale.
En dehors du Maroc, nous renseigne-t-il, certains étudiants étrangers choisissent la Côte d’Ivoire où l’argent circule bien que la vie soit plus ou moins chère par rapport à Dakar. La décision portant baisse du coût du loyer effective depuis ce mercredi va-t-elle permettre d’inverser la tendance ? Il est évidemment trop tôt de répondre à cette question. Il faudra sans doute attendre le mois d’octobre prochain, date de rentrée des classes, pour savoir si elle a eu les effets escomptés sur ces étudiants africains déjà établis au Sénégal ou susceptibles de s’inscrire dans nos établissements d’enseignement supérieur. Le gouvernement a décidé une baisse de 5% pour les loyers de plus de 500 000 cfa, 10 % pour les loyers allant de 300 000 cfa à 500 000 cfa et 20 % pour les loyers inférieurs ou égaux à 300 000 cfa. Dès lors, toute la question est de savoir comment ces mesures vont-elles prendre en compte les chambres dites « célibataires » ou « étudiants » dont le prix du loyer est passé de 25.000 cfa à 75.000 cfa /mois en quelques années ? De même, le studio qui se louait il n’y a guère entre 60.000 et 75.000 cfa ne peut s’obtenir aujourd’hui à moins de 125.000 cfa voire 150.000 cfa/mois. Et encore fallait-il donner l’équivalent de trois mois de loyer avant de prendre possession des clefs… A prendre ou à laisser ! Une chose est sûre : pour bon nombre d’étudiants étrangers et sénégalais, cette mesure n’est que du saupoudrage politique et risque encore de tomber à l’eau comme la loi de février 2014 portant baisse des prix du loyer qu’avait initiée et décrétée l’ancien président Me Abdoulaye Wade. Toujours est-il qu’on voit comment le gouvernement pourra-t-il faire appliquer toutes ces mesures de baisse des prix du loyer et aussi de ceux des denrées alimentaires. Or, c’est la condition pour, en particulier, à encourager les étudiants étrangers à continuer de venir au Sénégal !
Des étudiantes Congolaises injustement expulsées
Interrogée sur le coût du loyer à Dakar, la jeune Ebare Priscillia, étudiante en licence 2 de journalisme et communication, à l’école Ensup Afrique se désole des dures conditions de vie au pays de la Téranga. « Mes sœurs et moi avons été expulsées par notre bailleur, une certaine Mme Guèye au quartier Sicap-Foire. C’était un appartement de 5 chambres loué à 300.000 cfa/mois pour un contrat de loyer d’une durée d’un an renouvelable. Hélas, au bout de six mois, la propriétaire de l’immeuble a voulu porter le prix de l’appartement à 500.000 cfa/mois. Et comme nous ne pouvions pas accepter cette augmentation exagérée, elle nous a fait expulser ! » explique cette étudiante gabonaise. Avant d’ajouter, la mort dans l’âme : « Depuis notre expulsion de Sicap-Foire, nous ne sommes plus stables, faute de logement ! Presque chaque jour, mes sœurs et moi désertons les cours à tour de rôle à la recherche d’un appartement à notre portée c’est-à-dire à un prix abordable » souligne-t-elle. Même complainte chez l’étudiante congolaise, Mlle Spencet Paka, qui se plaint non seulement du comportement de certains bailleurs mais aussi de la malhonnêteté des agents immobiliers et des courtiers véreux. « Ces intermédiaires font payer des commissions équivalant à un mois de loyer c’est-à-dire 300.000 cfa ou 500.000 cfa pour un appartement. C’est inconcevable ! Si je savais que j’allais être confrontée à cette situation à Dakar, je n’allais jamais venir étudier au Sénégal. Jamais ! Parce que la plupart des étudiants étrangers n’ont pas de bourse d’Etat. Ce sont des parents qui se débrouillent pour nous emmener poursuivre nos études supérieures ici à Dakar. Pour survivre, nous vivons en colocation c’est-à-dire à deux, trois ou quatre dans une chambre. Et chaque colocataire doit payer sa part de loyer, ou disons sa quotepart aussi bien pour le logement que pour les factures d’eau et d’électricité. Malheureusement certains bailleurs et courtiers refusent l’option « collocation ». Une situation qui nous plonge dans un autre calvaire » se lamente Mlle Spencet Paka, étudiante non boursière. Et de jurer qu’« après l’obtention de ma licence, je compte changer de pays pour poursuivre mes études en master ailleurs où la vie est moins chère qu’à Dakar. »
Un rêve de lycéen vire au cauchemar !
Pour Elvis Nelson, un autre étudiant gabonais en Qualité Hygiène et Assurance, venir étudier au Sénégal a été toujours en rêve d’enfance « parce que j’ai été ébloui par ce pays dès la classe de seconde avec de grands hommes et savants de référence comme Cheikh Anta Diop, Léopold Sédar Senghor et Me Abdoulaye Wade. Mieux, le système éducatif sénégalais est bon, ce qui justifie que les étudiants gabonais diplômés de Dakar sont systématiquement embauchés ou recrutés au Gabon. Mais la vie est trop chère dans votre pays. Il est impossible pour un étudiant de vivre avec 100.000 cfa par mois. Ce qui fait que nous, étudiants étrangers, sommes toujours confrontés à d’innombrables difficultés. En tout cas, je ne cesse d’exhorter nos frères et sœurs qui sont encore au pays de bien réfléchir avant de venir ici au Sénégal. Moi, pour boucler mes fins du mois, j’exerce une activité de coiffeur après les cours. Aujourd’hui mon rêve d’enfance vire au cauchemar à Dakar ! » regrette cet étudiant gabonais, et coiffeur à ses heures creuses.
Une chose est sûre : il n’est donc pas surprenant de constater que la destination Sénégal devient de plus en plus un repoussoir pour les étudiants étrangers. Et comme le disait le célèbre rappeur panafricaniste sénégalais Didier Awadi : « Pour comprendre ma douleur tu dois la vivre ». Votre quotidien préféré « Le Témoin », à travers ce reportage, a compris la douleur sociale des étudiants étrangers vivant à Dakar. Et pourtant, ils ne sont pas les seuls puisque les étudiants sénégalais en provenance de l’intérieur du pays vivent le même martyre dans la capitale au point que certains d’entre eux ont dû abandonner les études, faute de logement ou de moyens de subsistance. Ce même si la bourse est généralisée au niveau des universités et autres établissements du privé. Mais, face à la cherté de la vie dans ce pays, et si l’on ne bénéficie pas des œuvres sociales des universités comme le Coud, le Crous etc., difficile de vivre avec une pauvre bourse d’étudiant.
Comme quoi la nouvelle et énième loi sur la baisse du loyer vient à son heure si elle peutservir à réduire le coût de la vie non seulement pour nos compatriotes mais aussi, et surtout, pour ces pauvres hôtes étudiants étrangers ayant choisi de s’inscrire dans nos établissements !
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LES BONS RESSENTIMENTS, UN ESSAI SUR LES RELATIONS ENTRE LA FRANCE ET L'AFRIQUE
Les écrivains africains sont-ils culturellement aliénés ? Y-a-t-il un malaise entre les auteurs et l’ancienne puissance coloniale française ? L'écrivain Elgas analyse ces questions dans son dernier livre
Les écrivains africains sont-ils culturellement aliénés ? Y-a-t-il un malaise entre les auteurs et l’ancienne puissance coloniale française ? L'écrivain Elgas analyse ces questions dans son dernier livre : "Les bons ressentiments - Essai sur le malaise post-colonial".
LE MAIRE ALIOUNE NDOYE REJETTE LE DECRET PRESIDENTIEL SUR LA MODERNISATION DES DAARAS
La Haute autorité du Waqf (HAW), détentrice d’un titre foncier pour réaliser un projet immobilier de daaras modernes sur l’ancien site de l’école Amadou Assane Ndoye à Dakar-Plateau, bute sur le veto du maire Alioune Ndoye
La Haute autorité du Waqf (HAW), détentrice d’un titre foncier pour réaliser un projet immobilier de daaras modernes sur l’ancien site de l’école Amadou Assane Ndoye à Dakar-Plateau, bute sur le veto du maire Alioune Ndoye. Les bénéficiaires, en visite de chantier ce dimanche 26 février 2023, ont constaté que les occupants avaient quitté les lieux, conformément aux sommations de la police. Les équipes de la Haute autorité considèrent qu’un décret présidentiel, étant d’utilité publique, doit être respecté. Mais, ils regrettent que les voies d’accès du site d’Amadou Assane Ndoye aient été tout bonnement cadenassées.
Le maire de Dakar-Plateau, Alioune Ndoye, semble faire fi de la volonté du président de la République, Macky Sall. Ce dernier, tenant à cœur la modernisation des daaras, a signé, à la date du 16 septembre 2022, le décret n°2022- 1680, portant constitution d’un Waqf public au profit des daaras modernes. La Haute Autorité du Waqf (HAW) a ainsi bénéficié d’un titre foncier pour un projet immobilier de daaras modernes sur l’ancien site de l’école Amadou Assane Ndoye à Dakar-Plateau. Cette attribution, rappelle-t-on, fait suite à l’acquisition par l’Etat d’un financement de la Banque Islamique de Développement (BID) pour la construction sur ce site d’un immeuble waqf de 16 étages dont les revenus locatifs serviront à financerle Projet de Modernisation des daaras.
Ainsi, face à cette volonté, il a été constaté que des éléments de la commune de Dakar-Plateau, venus s’enquérir de la situation, ont détruit le portail. Lesdits éléments, se réclamant du maire Alioune Ndoye et par ailleurs ministre de la République, empêchent même les équipes de la HAW de poursuivre la prise de possession des lieux. Selon les bénéficiaires, ce blocage du site par le maire de Dakar-Plateau, « sans base légale », date de 2018. Malgré les démarches visant à intégrer dans la phase de construction et d’exploitation de l’immeuble la jeunesse du Plateau, le maire Alioune Ndoye refuse d’adhérer à ce projet. Ce alors pourtant qu’il est conscient que lesrevenusissus de la mise en place des projets du Waqf serviraient à prendre en charge les mosquées et les daaras du Plateau. Malgré tout, Alioune Ndoye est resté sourd par rapport à toutes propositions de diligence
Missions de la Haute Autorité du Waqf
La loi portant modernisation des Daaras, prévoit entre autres mesures une scolarisation des élèves, selon les trois étapes suivantes : une première étape de trois ans, consacrée à la mémorisation du Coran. La second étape de deux ans, alliant mémorisation du Coran et programmes des classes de Cours d’Initiation (CI), de Cours préparatoire (CP) et de Cours élémentaire-première année (CE1). Mais aussi, une troisième étape de trois ans, réservée aux programmes des classes de Cours élémentaire deuxième année (CE2), de Cours moyen première année (CM1) et de Cours moyen deuxième année (CM2). Il est également prévu une certification de l’apprentissage du Coran par un inspecteur d’académie.
Les missions de la Haute Autorité du Waqf (HAW)sont définies à l’article 3 du décret n°2016-449, fixant ses règles d’organisation et de fonctionnement. Elle est chargée de gérer, d’administrer les Waqf publics et d’assurer le contrôle, ainsi que la supervision des autres types de Waqf. Elle doit aussi contribuer à la politique sociale de réduction des inégalités, d’amélioration de l’accès aux services sociaux de base, de redistribution des revenus, de protection sociale des groupes vulnérables et d’organisation de la solidarité nationale.
Par ailleurs, la Haute autorité doit trouver des sources de financement stables et permanentes pour subvenir aux besoins religieux, sociaux et économiques de la communauté. Dans ses rôles, elle doit consolider les valeurs de solidarité entre les classes sociales, contribuer à la lutte contre la pauvreté et la réduction du chômage. Seulement, l’autorité étatique doit agir au plus vite pour résoudre cette situation afin de faire progresser l’ambitieux projet de modernisation des daaras.
Pour un besoin d’équilibrage de l’information, le chargé de la communication du ministre-maire Alioune Ndoye ainsi qu’un agent de la mairie ont été contactés. Sans réponse de leur part.
AVIS DIVERGENTS À PORPOS DES ABRIS PROVISOIRES
Retard dans la résorption des abris provisoires, Le président de la Coalition nationale pour l’éducation pour tous au Sénégal (CNEPT), Silèye Gorbal Sy et le Sgn du Syndicat des enseignants libres du Sénégal (SELS), Amidou Diédhiou donnent leurs avis
En marge de la célébration de la Journée internationale de la langue maternelle, samedi dernier à Kaffrine, le ministre de l’Education nationale a dénoncé les défaillances des entreprises sénégalaises sélectionnées dans le cadre du Programme de remplacement des abris provisoires et d’ouvrages annexes (PROPAP). A en croire Cheikh Oumar Anne, l’Etat du Sénégal a mis 50 milliards de FCFA, depuis 2016, alors que le nombre de salles réceptionnés ne fait même pas 800. Ce, sur 6000 abris provisoires à remplacer. Il a menacé de «résilier les contrats pour sélectionner d’autres entrepreneurs plus à même de respecter leurs engagements contractuels». Le président de la Coalition nationale pour l’éducation pour tous au Sénégal (CNEPT), Silèye Gorbal Sy et le secrétaire général national du Syndicat des enseignants libres du Sénégal (SELS), Amidou Diédhiou donnent leurs avis.
AMIDOU DIEDHIOU, SECRETAIRE GENERAL NATIONAL DU SELS : «Nous sommes satisfaits de la déclaration du ministre»
«Les classes constituent un intrant déterminant pour la qualité du système éducatif et que, de ce point de vue, un État qui se soucie de la qualité de ses enseignements doit travailler à construire des écoles. La construction, ce n’est pas une affaire d’une année. Elle doit suivre l’évolution de la démographie sénégalaise. Aujourd’hui, nous savons qu’il y a des millions d’enfants en âge d’aller à l’école qui ne sont pas partis à l’école. Nous savons qu’il y a des localités où les gens veulent envoyer leurs enfants à l’école, mais n’ont pas de classes, d’écoles. Ils (l’Etat) font recours à une politique qui, en principe, devrait être une politique provisoire. C’est ce qu’on appelle la politique des abris provisoires. Un abri provisoire, par essence, il doit être provisoire. Il ne doit pas dépasser le maximum de 3 ans, 4 ans. Mais, nous constatons aujourd’hui que ce sont des abris qui ne sont pas provisoires parce que faisant 5 ans, 10 ans ou même plus. Chaque année, les populations s’organisent, en début d’année, à faire des huttes pour permettre à leurs enfants d’aller à l’école, avec tout ce qu’il y a comme risque. D’abord, ils ne commencent pas au même moment que les autres ; mais, avec ces abris, il y a des risques avec les reptiles, les aléas du climat à savoir le vent, les tornades et tout. L’autre conséquence, c’est qu’ils sont obligés de fermer dès que la pluie commence à tomber.
Donc, je dois me féliciter de cette sortie parce que j’ai dit : «c’est la haute autorité en charge de l’éducation qui en parle». Nous, nous avons fait tout le pays. L’avant dernière école où je suis sorti, dans le département de Vélingara, nous a montré deux bâtiments de deux classes chacun dans la seule école qui a fait plus de 20 ans, sans que la construction ne soit achevée. Ça, c’est l’exemple patent que j’ai vécu ce matin (hier, ndlr). C’est l’école de Sinthiang Koundara, dans le département de Vélingara. Il y en a beaucoup dans le pays. On en a trouvé à Goudomp mais aussi partout dans le pays. De la même manière, on a trouvé des abris provisoires jusque dans les grandes communes des régions. Aucune région n’est épargnée, même s’il y a des régions championnes en abris provisoires, comme Sédhiou où même l’Inspection d’Académie (IA) est dans un abri provisoire. Donc, nous sommes satisfaits de la déclaration du ministre et je pense qu’il s’adresse à l’État qui, dans son organisation, ne doit pas accepter qu’un entrepreneur commence un marché qu’il n’achève pas. Donc, il est en train de demander des comptes à ses prédécesseurs. Il faut que ceux qui se sont succédé à la tête du ministère de l’Education nationale puissent rendre compte. Mieux, dans notre préavis de grève, que le SELS a déposé le 16 décembre, nous avons demandé, dans un des points, l’évaluation du Programme de résorption des abris provisoires. Nous continuons à exiger, à ce jour, en tant que syndicat, l’évaluation du Programme des abris provisoires. Nous, on parlait de 8000 abris provisoires dans ce pays, mais avec l’information du ministre, on se demande, est-ce qu’on n’est pas à plus de 10 000».
SILEYE GORBAL SY, PRESIDENT DE LA CNEPT : «Si les contrats sont résiliés, on va recommencer à zéro»
«Nous avons fait une sortie pour donner notre avis sur la résiliation des contrats. Les contrats sont déjà en cours. Donc, il pouvait quand-même essayer de négocier avec les entrepreneurs pour poursuivre les activités, pour qu’on puisse terminer définitivement avec les abris provisoires. Nous, nous œuvrons pour une éducation de qualité pour tous. Et, avec ces abris-là, il est difficile voire même impossible d’atteindre l’éducation de qualité pour tous. Dans les abris provisoires, les conditions d’apprentissage ne sont pas réunies, pour pouvoir atteindre cet objectif-là et l’ODD4 auquel notre pays est engagé au niveau international. Si les contrats sont résiliés, on va recommencer à zéro. Ça va encore prendre beaucoup de temps. On risque de rester des années sans pour autant aller vers la suppression des abris provisoires. Donc, comme j’ai dit, il est difficile voire même impossible d’avoir une éducation inclusive de qualité parce que l’ODD4 relatif à l’éducation, c’est pour atteindre l’éducation pour tous tout au long de la vie, pour aller sur le pied d’égalité ; alors qu’il est impossible, avec les abris provisoires, d’avoir de la qualité dans les enseignements-apprentissages. C’est pourquoi nous avions souhaité qu’on aille vers la suppression totale de ces abris provisoires. A l’intérieur même de la ville de Mbacké, il y a des abris provisoires. Il y a une école où il y a trois abris provisoires. Donc, avec ça, c’est difficile d’atteindre une éducation de qualité pour tous parce qu’il y a même la santé des élèves et des enseignants qui est menacée. Le vent circule un peu partout. Ils ne sont pas protégés. Il y a même leur sécurité qui est en jeu. Ily a parfois des reptiles qui peuvent entrer dans les dans les salles de classe. Donc, c’est tout un arsenal de manque de sécurité pour les enseignants et les élèves»
LE PROJET DE NOUVELLE CONSTITUTION MALIENNE RELÈGUE LE FRANÇAIS
Le projet de nouvelle Constitution au Mali renforce les pouvoirs du président, lui permet d'ordonner la mobilisation générale dans ce pays déstabilisé par la violence, et relègue le français au rang de "langue de travail"
Le chef de la junte qui a pris le pouvoir par la force en 2020, le colonel Assimi Goïta, a reçu le projet lundi. Cette Constitution est un élément clé du vaste chantier de réformes invoqué par les militaires pour justifier leur maintien au pouvoir. Son adoption serait une étape importante dans le calendrier menant à des élections en février 2024 et à un retour des civils au pouvoir.
Dans le calendrier élaboré par la junte, cette Constitution était censée être soumise à un référendum le 19 mars. Mais le doute est grand sur le respect de cette échéance, et le colonel Goïta n'a rien dit sur le sujet. Le projet remis au colonel, qui s'est fait investir président en 2021 après un second putsch en moins d'un an, amende un avant-projet divulgué en octobre 2022.
Le nouveau projet n'avait pas été publié officiellement mardi matin. Mais l'AFP a pu consulter le document, qui renforce les pouvoirs présidentiels, comme l'avant-projet de 2022, par rapport à la Constitution de 1992.
Dans la nouvelle Constitution, ce serait le président qui "détermine la politique de la Nation", et non plus le gouvernement ; le président nommerait le Premier ministre et les ministres et mettrait fin à leurs fonctions. "Le gouvernement est responsable devant le président", et non plus devant l'Assemblée nationale. L'initiative des lois appartiendrait au président et aux parlementaires, et non plus au gouvernement et à l'Assemblée nationale. Par rapport à l'avant-projet de 2022, le nouveau projet rétablit le pouvoir du président de dissoudre l'Assemblée nationale. Le président serait élu pour cinq ans, et ne pourrait effectuer plus de deux mandats. Le nouveau projet introduit la possibilité pour le président d'ordonner la mobilisation générale, applicable à partir de 18 ans.
Le Mali est en proie depuis 2012 à la propagation jihadiste et aux violences de toutes sortes. La junte a poussé vers la sortie les soldats français en 2022 dans un climat de grande acrimonie et s'est tournée militairement et politiquement vers la Russie. Dans l'avant-projet de 2022 comme en 1992, le français était "la langue d'expression officielle", et les langues locales avaient vocation à devenir "langues officielles". Dans le nouveau projet, "les langues nationales sont les langues officielles du Mali" et "le français est la langue de travail".
Le projet affirme que le Mali est une "République indépendante, souveraine, unitaire, indivisible, démocratique, laïque et sociale", alors que certaines voix avaient voulu remettre en cause le principe de laïcité.
PAR Marèma Touré Thiam
HOMMAGE-ANNIVERSAIRE À IBA DER THIAM
EXCLUSIF SENEPLUS - Iba Der Thiam n’a pas simplement conceptualisé et chanté les vertus cardinales de notre société ; elles fondaient son éthique et informaient sa conduite. Il en a été l’incarnation vivante (1/2)
L’inauguration, le 10 février 2023, de l’Université Iba Der Thiam de Thiès (UIDT), a été également, une célébration légèrement anticipée de l’anniversaire du parrain. Né le 26 février 1937 et décédé le 31 octobre 2020, le Professeur Iba Der Thiam aurait, effectivement, eu 86 ans en ce mois de février 2023. Je pleure encore le conjoint qui m’a traitée comme une épouse choyée. Je pleure l’époux qui m’a protégée comme un père l’aurait fait pour sa propre fille. Je pleure le compagnon qui m’a respecté comme un pair intellectuel. Je pleure le camarade respectueux qui n’a jamais douté de ma capacité de mener mes propres réflexions et de décider de mes propres choix !
Aussi, au moment où mes larmes s’estompent doucement pour laisser la place à la méditation, l’impératif de rédiger le discours du parrain, pour la cérémonie d’inauguration de l’UIDT, m’a imposé l’agréable devoir de rendre cet ultime hommage à l’homme exceptionnel dont j’ai eu la chance de partager la vie pendant vingt-quatre années.
En visite chez nous, le 4 novembre 2020, pour présenter ses condoléances, lors de la disparition, de notre regretté patriarche, le président Macky Sall s’était, en effet, saisi de l’occasion pour annoncer à un auditoire, déjà ému par sa considération, sa grande décision de donner à l’université publique de Thiès, le nom du Professeur Iba Der Thiam. Heureuse coïncidence ! Tout liait la capitale combative du rail, à l’ultime syndicaliste, qu’il venait, encore une fois, de glorifier !
Lors de sa dernière apparition publique avec le Professeur, le 2 août 2018, au cours de la cérémonie la remise des distinctions aux lauréats du Concours général, l’attitude filiale et le témoignage sincère du président Sall avaient marqué l’assistance. En sa qualité de grand maître de l'ordre national du Lion, il avait également élevé le Professeur au rang de grand officier, reconnaissant ainsi, la vertu et le dévouement du Grand Serviteur du Sénégal, dans les hautes fonctions qu’il a occupées.
Au nom de notre famille, je voudrais sincèrement remercier le président Macky Sall pour son assistance aux soins et tous ses gestes courtois et discrets dont le très obligeant Général Pr Mouhamadou Mbengue, son médecin personnel, pourrait témoigner. Son accompagnement et celui de son gouvernement à la réécriture de l'Histoire Générale du Sénégal : des origines à nos jours (HGS), qui était si cher au Professeur, ont également contribué à faire de ce projet une réalité désormais patente.
S’il est de notoriété que l’homme, que nous célébrons depuis sa disparition, a marqué des générations entières à travers son action publique connue et reconnue, je témoigne publiquement, que le Professeur Iba Der Thiam, a été avant tout, un père de famille exemplaire et un mari modèle. Il n’est pas facile d’aborder la trajectoire plurielle et l’œuvre multidimensionnelle de ce grand africain qui avait fait don de sa vie à sa communauté, à la nation sénégalaise, au monde noir et à la Ummah islamique.
Comme le dit si bien, le proverbe chinois « La lumière du soleil cache ses taches et ses éclipses montrent sa grandeur » ! Il faut nettement le dire, le militant Iba Der a été au cœur de toutes les nobles luttes de sa génération mais aussi de toutes les controverses syndicales et politiques qui les ont ponctuées. L’historien patriote a même été mêlé à un débat épistémologique passionné mais riche des leçons tirées de cette critique constructive, qui marqua son projet titanesque de réécriture de l’HGS. C’est le sens de l’exercice presque périlleux, qu’en témoin intime de la dernière partie de son existence, je voudrais m’essayer, pour éclairer de ma propre lanterne l’itinéraire complexe de ce grand serviteur du Sénégal.
Toutefois, dans ce premier jet de l’hommage global que je rends à sa mémoire, je voudrais m’en tenir à l’identité et aux valeurs de l’homme et revenir sur la pertinence du système de parrainage des établissements scolaires dont le ministre Iba Der Thiam a été le précurseur, en attendant de partager les parties relatives à ses trajectoires professionnelle, syndicale et politique.
De l’identité et des valeurs de l’homme
Aux étudiantes et étudiants de l’UIDT, je voudrais simplement confier que l’histoire de la vie de leur parrain est riche de leçons à retenir pour toute la jeunesse africaine. Cette existence est d’autant plus riche, au demeurant, que l’intéressé l’a totalement vouée à lutter pour la dignité de la personne humaine, la souveraineté de notre Continent et la fierté retrouvée du peuple africain.
L’identité intrinsèque de l’homme comme le combat permanent de l’intellectuel pour l’indépendance nationale, les libertés syndicales, l’unité africaine et l’édification d’une société juste, équitable et solidaire étaient fondés sur les valeurs cardinales de notre société. L’histoire était sa passion ; l’éducation et la culture, ses outils de transmission des vertus cardinales de notre peuple.
Pour comprendre la personnalité d’Iba Der Thiam et son attachement viscéral aux cultures africaines, il faut questionner l’environnement, qui a forgé l’identité de l’homme. Ressortissant du Baol, du Saloum et du Ndoucoumane, cet homme de la savane sahélienne portait dans sa stature et dans son âme les marques indélébiles de l’espace de son enfance qui a façonné son caractère singulier. Comme un chevalier arpentant les plaines sablonneuses du Sénégal, il laissait partout sa marque. Attaché aux promenades désertiques et aux vastes champs de son terroir, Iba Der avait un horizon infini.
Fier, altier, la tête toujours haute et le regard franc, même ceux qui n’ont pas été dans son intimité pouvaient deviner la rigueur morale qu’il imposait à sa personne aguerrie. Avec sa légendaire éloquence, son propos véridique, Iba Der Thiam a vulgarisé, à travers son attitudes les valeurs de Fit (la bravoure), de Kolleré (foi et fidélité en amitié), d’audace et de loyauté, si chères à notre société.
Dans un contexte où chaque peuple a besoin de références, de modèles, de symboles et de valeurs, pour éviter d’être phagocyté par le courant mondialiste sous ses facettes multiples, il offrit à notre jeunesse des points d’ancrage et des repères dont le seul exemple que je prendrais, ici, est la vidéo, devenue virale au lendemain de son décès, dans laquelle il définit le Ngor et le Jom.
Comme le miroir de son exposé sur le Jom, il portait en bandoulière les valeurs de fierté ; de refus du déshonneur ; de résistance dans l’oppression ; de courage dans l’adversité ; de stoïcisme dans la souffrance. Et au-delà de tout cela, il était caractérisé par sa volonté de relever tous ses défis ; la révolte légitime contre toute tentative d’humiliation par l’argent, la force, la puissance ; le refus de tout compromis ou de toute compromission ; le rejet de l’opportunisme, de la bassesse, du profit facile, des avantages non mérités ; et surtout la volonté d’être et de demeurer conforme à l’idéal que toute une société se fait de la seule vie qui mérite d’être vécue.
le Ngor dont il dit que : C’est une tension morale, une forme de sublimation de la dignité. C’est la résignation dans le dénuement. C’est le renoncement volontaire à tout ce à quoi on n’a pas droit. C’est le rejet de tout ce qui est petit, vil, mesquin, indigne ou dégradant. C’est une morale du devoir et une philosophie de la rigueur inflexible, permanente et souveraine qui n’accepte aucune concession avec sa conscience, avec ses faiblesses, avec ses passions, peut également être posé comme l’autoportrait de l’auteur de sa définition.
Le lectorat aura ainsi compris qu’Iba Der Thiam, n’a pas simplement conceptualisé et chanté les vertus cardinales de notre société ; elles fondaient son éthique et informaient sa conduite. Il en a été l’incarnation vivante !
Le combat ontologique du parrain de l’Université Iba Der Thiam de Thiès a d’abord été un combat pour la construction d’un leadership personnel ; un combat pour exister, être et demeurer dans l’excellence. Combat de fidélité et de reconnaissance envers tous ceux qui ont épaulé Adjaratou Ndiaye Sy, sa valeureuse mère, qui inculqua à son fils, l’art d’être un homme debout dans toutes les postures.
Cette dame dont la mythique élégance, lui auraient été léguée par son ascendante, la linguère du Ndoucoumane Codou Bigué Ndaw, a fait de son fils orphelin, un adulte sensible et humaniste. Un homme qui savait mobiliser sa force physique, son intelligence et son pouvoir, pour protéger les femmes placées sous son autorité, et accompagner les luttes nationales et continentales pour l’équité de genre. Mon défunt époux était un He for She, un modèle prémonitoire des concepts positifs qui émergent, aujourd’hui, du langage onusien !
Combat contre la fatalité d’une situation familiale qui l’a très vite privé de la figure paternelle, avec le décès prématuré de son père Abdou Kader Thiam, un symbole de loyauté. Son label de dignité, il le tient également, de son ancêtre paternel, Mbakhar Thiam, dont il hérita, sa légendaire bravoure.
Je voudrais associer à cet hommage, une autre femme qui a été centrale dans la trajectoire d’Iba Der, sa suprême épouse, Thérèse Jamilie Kattar, la mère de ses enfants Awa et Kader Thiam. J’ai, maintes fois, entendu Iba témoigner avec passion de la générosité et du dévouement de cette épouse modèle. Institutrice comme lui, Thérèse vécut son arrestation avec dignité. Elle accompagna son époux au détriment de sa propre carrière.
Avec une affection sincère, j’aimais lui dire que c’était elle la distinguée historienne, l’agrégée de l’ombre, qui avait généreusement, légué ses titres et ses grades à son leader syndical et époux chéri, pour qu’il jouisse de leurs diplômes et galons en son nom propre. Aujourd’hui, Jamilie et son homme reposent, côte à côte à Yoff pour l’éternité. Pour l’un comme pour l’autre mon admiration demeure ! A ces esprits exceptionnels, j’exprime, encore une fois, mon profond respect. Puisse le Seigneur les accueillir à Firdawsi, au plus haut de son paradis céleste. Paix à leurs âmes !
Son fils d’adoption Ibrahima Faye qui a été « son ombre » durant 28 ans, témoigne de la fidélité de l’homme. Ils ont été ensemble jusque dans la Mosquée de Liberté 4, où Serigne Mor Diop, son guide spirituel, s’acquitta magistralement du mandat qu’il lui avait confié, de diriger son rituel mortuaire. Leur séparation définitive n’adviendra qu’au cimetière de Yoff, où il le rendit à son Seigneur.
Panafricaniste convaincu, la renaissance africaine était son crédo ! Il avait pris acte du fait que, de nos jours, les dominants n’ont plus besoin, d’occuper ou de soumettre physiquement, un territoire, un peuple ou même un segment de la société. Il suffit, simplement, de l’influencer, économiquement, culturellement, mentalement, politiquement, aux plans linguistique et diplomatique, pour totalement l’assujettir, le coloniser ou même l’asservir. Nanti de sa claire conscience des enjeux contemporains, Der a combattu, tout le long de sa vie, les manifestations méta-souveraines du puissant mouvement d’uniformisation des peuples et sa visée de tailler toutes les sociétés sur le même patron. En toute lucidité, il résista à toutes les formes de domination, à toutes les forces internes et externes qui s’employaient à soumettre les catégories minorées de la société, comme les femmes et même les jeunes, à la loi du plus fort. Avec sagacité, il fit face aux courants standardiste, impérial, raciste et/ou sexiste qui font abstraction des spécificités culturelles et nient l’égalité de tous les humains quels que soient leurs pays, leurs sexes, leurs races ou leurs classes sociales.
Le parrain, la rectrice et la ville d’accueil de l’UIDT : des analogies notoires !
En nommant, la première femme rectrice de notre pays, le président Macky Sall a posé un acte civilisationnel[1], comme la nomination de Mame Madior Boye, première femme à avoir arborer, les atours de Premier ministre dans notre pays. En effet, en projetant une dame, le 4 mars 2001, à la tête du gouvernement, c’est l'ensemble des caractéristiques relatives à la gouvernance, foncièrement masculine, de l’État sénégalais moderne, que le président Abdoulaye Wade avait ainsi secoué. Pour l’université sénégalaise, également, l’installation de la Pre Ramatoulaye Diagne Mbengue, en décembre 2017, au rectorat de l’Université de Thiès, plus qu’un acte symbolique, venait clôturer un paradigme structurant. Une nouvelle ère, d’expérimentation de la mixité au sommet était ainsi ouverte pour ce temple du savoir.
Cette première est devenue un précédent historique avec la consécration, de la pionnière en Chimie des solutions et du Traitement des eaux, Pre Codou Mar Diop, comme Rectrice de l’Université Amadou Mahtar Mbow (UAM) jusqu’à son admission, en janvier 2020, à faire valoir ses droits à une pension de retraite. La nomination, en juillet 2020, comme Rectrice de l’Université du Sine Saloum El-Hadj Ibrahima Niass (USSEIN) de ma valeureuse petite sœur, Pre Coumba Toure Kane, spécialisée en Bactériologie-Virologie, résonna comme une consolidation d’une tendance que l’on pourrait considérée comme un germe d’émergence d’une « culture de la mixité » dans la gestion l’université sénégalaise.
Toutefois, à l’heure où nous saluons, la nouvelle règle imposée de haute lutte, qui exige que les recteurs et rectrices soient désormais élu-e-s par leurs pairs universitaires, il importe d’attirer l’attention de tous les « démocrates » que ce nouveau paradigme ne doit pas se traduire par le statu quo sur l’impératif de conserver l’équité de genre comme un cap pour l’élargissement fécond de la démocratie. Le « peuple des sachants » doit rester conscient que l’inclusion de toutes les sensibilités et perspectives est salutaire pour l’université. La dictature stricte du nombre ne joue, hélas, pas au profit des femmes dans cet univers qui, disons-le, reste encore fondamentalement acquise à l’idéologie patriarcale qui informe la société globale.
Pour revenir à l’UIDT, je me réjouis de constater que c’est la très affable et brillante, Pre Ramatoulaye Diagne Mbengue, une petite sœur de longue date, qui y assume, avec compétence et humanisme, les fonctions de Rectrice de l’UIDT. Il importe, également, de souligner que la saga du parrain se confond avec celle de la capitale rebelle qui accueille cette belle université. A l’instar du leader syndical, Iba Der Thiam, Thiès a été actrice des combats héroïques pour l’indépendance politique et les revendications syndicales dans notre pays. Le parrain et la ville d’accueil d’IUDT ont marqué de leurs empreintes, l’histoire des travailleurs du Sénégal, de l’Afrique et du monde ouvrier en général. C’est Iba Der lui-même qui, dans son mémoire de maitrise, relata « La grève des cheminots du Sénégal de septembre 1938» (Université-Dakar, 1972), et mît en exergue la singularité de la cité du rail, dans son interprétation de « La tuerie de Thiès » avec ses 7 morts et 125 blessés.
Je ne saurais survoler, ici, toutes les qualités qui font d’Iba Der Thiam une excellente référence pour notre pays. Autant de repères restent à surligner, mais on peut déjà retenir que sa philosophie existentielle, son style de vie, sa voix forte et écoutée ont toujours trouvé sens dans la camaraderie solidaire et la pugnacité qui ont marqué la trajectoire trépidante de ses 83 années d’action féconde au service du Sénégal, de l’Afrique et des causes justes dans le monde entier. Un tel bilan honore le prestigieux parrain de l’UIDT. Combien de personnes peuvent se glorifier d’un itinéraire si florissant et d’une contribution si significative à la cause des militants de l’égalité, de la justice et l’équité dans tous les domaines ?
Comme le parrain de l’UIDT, sa Rectrice a, à son palmarès une belle carrière qui l’a menée, de son statut initial de professeur de Lycée au sommet de la hiérarchie universitaire en tant que Professeure titulaire des Universités et aujourd’hui Rectrice. La personnalité de cette philosophe, dont la renommée suscite, au-delà du Sénégal, de ses collègues et des cercles féminins, une grande fierté, me revoie à l’ultime foi d’Iba Der dans la centralité et le leadership de la femme en Afrique où les patrimoines culturels sont, dans leur majorité des matrimoines.
C’est de la même manière, que l’historien du peuple faisait vibrer les salles du monde entier, chaque fois qu’il fallait dire l’histoire ou chanter la gloire des Africain-e-s, qu’il faisait résonner, sa voix puissante au débit saccadé, pour conter les batailles ardues menées par les femmes du Sénégal et du continent, pour payer leur part du Prix du combat pour l’égalité. Fort de sa fabuleuse mémoire, sa remarquable précision, sa faculté de donner une nette intelligibilité aux faits évoqués, pour que ses récits ne souffrent d’aucune équivoque, le Grand Professeur, retraçait les itinéraires héroïques de ces grandes figures féminines, qui inculquèrent à la société entière les vertus et principes inaliénables de nos communautés.
Comme le tribun hors pair, dont les collègues certifient que c’est avec autant d’aisance qu’il abordait l’épopée religieuse et l’épopée garmi, pour mettre un accent sur sa maitrise exceptionnelle des registres pluriels de l’histoire du Sénégal, de l’Afrique, et des Diasporas africaines, et l’éclectisme des répertoires qu’il pouvait réunir dans une même conversation, la Pre Ramatoulaye Diagne Mbengue qui est, à fois, Spécialiste de logique mathématique, d'épistémologie et de philosophie islamique se singularise également par l’éclectisme de son vaste champ de connaissances.
De mon point de vue, ce qui lie fondamentalement le parrain et la Rectrice de l’UIDT, c’est surtout leur commun attachement aux valeurs référentielles de notre société ; ces vertus cardinales qu’ils arborent tous les deux avec fierté et humilité, et dont aucun titre ou grade, n’a su aliéner les racines si solides. « L’humilité mon choix, l’excellence ma voie », la devise de l’UIDT, est si bien incarnée par son Parrain mais également par sa Rectrice, sa Ville d’accueil et de ses étudiant-e-s. Bon sang ne saurait mentir !
Iba Der Thiam et le système de parrainage des établissements scolaires, un lien intrinsèque !
Le palmarès d’éducateur du Professeur Iba Der a été couronné par sa nomination, en 1983, en tant que ministre de l’Éducation Nntionale, par le président Abdou Diouf. Il cumulera cette fonction avec celle de ministre de l’Enseignement supérieur de 1985 à 1988. Malgré sa posture de ministre, Iba Der demeura un enseignant engagé. Au sommet des lauriers et de la reconnaissance, en fervent militant de l’école publique, dont il était le produit et le serviteur par excellence, il mobilisa tout son génie et toute son énergie pour redorer le blason de ce système éducatif, dont ses seules qualités intrinsèques lui auront permis d’y avoir occupé toutes les fonctions. Son magistère de ministre a incontestablement contribué à l’instauration d’un nouveau paradigme de gestion démocratique du personnel, de recentrage des programmes et surtout de réconciliation de l’école avec son milieu.
A travers, le programme historique et très populaire de parrainage des foyers scolaires, qui joua un rôle à la fois symbolique et pédagogique, le ministre Iba Der, célébra les plus vertueux des fils et filles des terroirs d’accueil de ces établissements à qui il donnait leurs noms. Il permit aux populations de s’approprier l’institution scolaire et de contribuer à la production de l’histoire locale à travers les recherches biographiques sur les parrains. Aujourd’hui encore les familles de ces illustres personnalités sont restées en symbiose avec leurs écoles filleules.
C’est dans cette historicité que s’inscrit le geste grandiose des parrainages actuels ! En gravant sur les frontons de nos universités, les noms de personnalités de tous les terroirs du Sénégal, le président Macky Sall a bel bien raison d’élargir cette tradition républicaine forgée par Iba Der Thiam. Comme le souligne l’éminent philosophe Mamoussé Diagne, le savoir interroge l’identité du maître et de l’apprenant, mais avant tout celle du lieu de sa transmission. La carte scolaire, transformée en livre d’histoire et en récapitulatif de la culture, a enseigné à tous, la fonction essentielle de l’acte de baptême : élever au rang du symbole et de la culture, en l’arrachant à l’anonymat.
Nous avons assisté, le 10 février 2023, à l’inauguration, de l’université à laquelle le président a donné le nom d’Iba Der Thiam. Il y a quelques semaines, j’ai eu l’honneur d’accompagner la famille du patriarche Amadou Maktar Mbow au baptême de l’UAM à Diamniodio. En donnant à l’Université du Sine Saloum le nom de Vénéré El-Hadj Ibrahima Niass, le président Sall honore tous les intellectuels non europhones d’Afrique. Ils rejoignent ainsi d’autres fils du pays, qui ont porté au plus haut le flambeau du mérite national depuis leur illustre précurseur est Cheikh Anta Diop dont Iba Der n’évoquait jamais, le nom, sans dire « notre maître à tous ».
Quant à l’IUDT, je voudrais répéter que choix que le président Macky Sall a porté sur le parrain est d’une pertinence avérée. S'il fallait chercher un modèle de tous les temps à notre jeunesse, nous dit le Pr Mamadou Fall, l’exemple du Professeur Iba Der Thiam résonnerait des milles vertus d'une bonne référence. Il a donné à toutes ses charges et responsabilités un contenu plein qui frisait la perfection. Dans le rôle du père comme dans celui de l’instituteur, il portait avec fierté les palmes de l'excellence.
Ses élèves admiraient son courage, ses étudiants admiraient sa science, ses collègues de l’Université et de l'Assemblée nationale admiraient la courtoise éloquence d'un vrai tribun du peuple. Il a porté la toge du professeur comme une équipée du faiseur d’hommes qu’il a su rester jusqu'au bout de sa vie. On n’oubliera jamais comment il a porté le nom du Sénégal dans les cénacles du monde entre, l’UNESCO et tout le système des nations-unies, l'ISESCO ou l'Union africaine. La cause du Sénégal et de l'Afrique savait reconnaître sa voix de sincérité et de lucidité.
Sur les autres registres de sa riche existence, le grand Professeur a, également, donné au Sénégal des modèles qu’il incarna jusqu’à la fin de sa vie, sur l’engagement politique des intellectuels et la vertu dans l’espace public. Dans la terminologie de Gramsci, Iba Der Thiam serait la figure symbiotique de l’intellectuel traditionnel doublé de l’Intellectuel organique.
Député du peuple, il a donné à la vertu en politique son sens pratique par l’exemple. Il a également assuré une intelligibilité universelle aux concepts qui fondent la morale du devoir et la philosophie de l’action. Il a théorisé et s’est posé en modèle d’une philosophie de la rigueur inflexible, permanente et souveraine qui n’accepte aucune concession avec sa conscience, avec ses faiblesses, avec ses passions. La persévérance devant les obstacles et la résilience dans les moments difficiles ont fait de lui le parfait allié dans toutes les bonnes causes du Sénégal et de l’Afrique.
Sa loyauté en amitié et en compagnonnage en faisait toujours une cible distinguée qu'aucune intimidation ne pouvait ébranler. A ses élèves et étudiants, il a donné le modèle du travailleur infatigable, avec un don de soi sans réserves et sans conditions. Aux enseignants, il a donné l’horizon d’une école nouvelle rivée sur les vertus cardinales de notre peuple et ouverte aux vents fécondants d’une modernité maîtrisée. Au peuple du Sénégal et ses élites, il a servi jusqu’à son dernier souffle. Au Sénégal, il a balisé l’avenir sur le socle dur de son unité historique.
Le nom d’Iba Der Thiam rime, également, avec son appartenance sublimée à l’Islam et la Ummah. Tous ceux qui l’ont fréquenté ont été témoin de la ferveur exceptionnelle du musulman qui plaçait ses obligations religieuses au-dessus de tout. Ses relations avec toutes les confréries du Sénégal étaient excellentes. Tous les foyers islamiques du pays se sont rendus à notre domicile à l’annonce de son décès.
Dans toutes ses postures, la seule boussole d’Iba Der Thiam était le Sénégal. L’Afrique était sa patrie et la Ummah sa Communauté. Son engagement militant reposa sur la même sincérité et le même style engagé. C’est avec la même générosité qu’il défendait ses causes. C’est avec la même verve, qu’il parlait de ses camarades comme de ses adversaires. Désintéressé, qu’il était de toutes formes de prébendes, de richesses matérielles et même de prestige, son intégrité était reconnue de tous. Iba Der Thiam était un combattant à la foi inébranlable. En politique comme en religion, ce sont ses seules convictions, qui guidaient toutes ses décisions.
Aucune des vertus léguées par ses ancêtres, ne s’est estompée, entre les mains du grand serviteur du Sénégal. Pour paraphraser ce que Lamine Guèye, qu’il aimait tant citer, disait du Sénégal, le preux Iba Der Thiam, « n’était lui-même que dans la grandeur » !
Combien sont ceux qui, après avoir occupé toutes les fonctions qu’il a eues à exercer, n’ont laissé comme unique héritage matériel à leur famille biologique qu’une seule demeure dont l’acquisition remonte, au moment où il occupait sa position d’instituteur ?
Merci encore au président Maky Sall de l’avoir tant honoré. Je voudrais aussi étendre la reconnaissance de notre famille à ses prédécesseurs, les présidents Abdoulaye Wade et Abdou Diouf pour leur compagnonnage avec l’illustre défunt. Et également au président Léopold Sédar Senghor, qui malgré le contexte d’adversité, montrait toujours son respect pour l’homme et l’intellectuel.
Pour ne pas conclure, je rappelle que dans un autre jet, je reviendrais sur les autres aspects de la vie d’Iba Der Thiam et réitère mon engagement à fournir aux étudiantes et étudiants de l’UIDT, un livret entier qui rend compte de la vie de leur parrain.
C’est à vous étudiantes et étudiants de l’UIDT qu’il appartient, désormais et en premier lieu, de faire vivre les valeurs et de continuer l’œuvre de votre illustre parrain !
Repose en Paix Narou Adji Sy ; Kor Soda Libidor ; Thiam Mbakhar, tu as élargi ton héritage séculaire. « Sa Jan Waac na ». Que Janatul Firdawsi soit ta demeure éternelle !
Dre Marèma Touré Thiam est sociologue, veuve du grand Professeur.
[1] Pour paraphraser le jugement que l’éminent philosophe, Pr Djibril Sa,b, avait porté sur la loi sur la parité.
LYCÉE JOHN F. KENNEDY, UN GRENIER DE L'EXCELLENCE AU FÉMININ
Le lycée John F. Kennedy occupe une place importante dans le système éducatif national, formant depuis des décennies, une partie de l’élite féminine, comme Mame Bassine Niang, première femme avocate du pays ou encore Me Aïssata Tall Sall
Construit en 1961 et ouvert en 1963, le lycée Kennedy se trouve en face de la place de la Nation de Dakar. Il compte à ce jour 62 classes pédagogiques et 28.000 élèves.
Le lycée porte le nom de l'ancien président des Etats-Unis John Fitzgerald Kennedy assassiné le 22 novembre 1963 à Dallas. Il se distingue du paysage scalaire sénégalais par le fait qu’il ne compte que des filles.
‘’C’est un lycée qu’on peut qualifier de mythique. Mame Bassine Niang, Me Aïssata Tall Sall, Ndeye Coumba Kane, l’actuelle recteur de l’Université Sine Saloum, Ramatoulaye Diagne Mbengue, l’actuelle recteur de l’université de Thiès y ont toutes fait leurs humanités’’, a déclaré Fatima Sow Sarr, Proviseure du lycée dans un entretien avec l'APS.
Professeure de russe de formation, elle a exercé pendant 16 ans au Lycée Valdiodio Ndiaye de Kaolack avant d'occuper la fonction de censeur d’études au Lycée Khar Kane de Gossas. Elle est Proviseure de Kennedy depuis octobre 2012.
C'est sur orientation par l'Académie de Dakar que les élèves entrent au collège de Kennedy à partir de la sixième ou à partir de la seconde pour intégrer le lycée sur le même site.
75% de réussite au baccalauréat
Concernant les enseignements, elle explique que les approches ont connu plusieurs évolutions et innovations au regard de l’avancée du numérique et de l’importance de la science et de la technologie.
‘’Nous innovons car l’enseignement a évolué, nous incitons aussi les filles à embrasser les filières scientifiques. Nous sommes toujours dans le sillage d’excellence, la discipline de nos élèves est une tradition chez nous’’ s’est-elle félicité.
Dans le cadre cette évolution, l’enseignement- apprentissage du numérique est l’un des axes prioritaires du lycée.
‘’Nous sommes en train d’équiper la salle informatique et d’inciter les enseignants à insérer le numérique dans l’enseignement-apprentissage’’ a-t-elle-poursuivi.
Pour booster le développement personnel des filles, le lycée accueille des projets, des associations et des ONG comme l’ONG ‘’paix et biodiversité’’ et le Forum des éducatrices africaine.
Les responsables de l’école travaillent aussi avec la cellule genre du ministère de l’Education national pour renforcer leadership des filles dans tous les domaines.
Selon la Proviseure, le lycée a fait 75% de réussite au baccalauréat l’année dernière avec plus 36 mentions, soit plus de 350 admis.
Pour maintenir cette excellence et se positionner comme leader sur l’échiquier scolaire des jeunes filles, le lycée a formé un club de miss math, miss sciences, du concours général et un club de l’excellence.
‘’Nos élèves sont encadrées les mercredis et les samedis de façon bénévole par des professeurs du lycée pour hausser le niveau et leur permettre d'être performants lors des compétions nationales’’ a-t-elle-expliqué.
Retour du lycée au concours général
L’ancien censeur d’études du lycée Khar Kane de Gossas a salué le retour du lycée John Kennedy au concours général après plusieurs années d’absence.
‘’Je suis très heureuse du retour du lycée au concours général. Nous sommes revenus l’année dernière. C’était vraiment un challenge’’, a-t-elle magnifié, visiblement ravie.
Elle explique ce retour par la tradition de rigueur et d'excellence qui a toujours caractérisé le lycée, ajoutant que cette tradition est inculquée à toutes les générations de filles ayant fréquenté ce ‘’grenier du savoir''.
‘’Nos filles sont bien encadrées par une équipe de très bons professeurs. Ce qui fait notre particularité, c’est que quand un professeur entre à Kennedy, en général il n’y sort plus. Cela facilite l’encadrement pour nous’’ a-t-elle-expliqué.
"Le lycée Kennedy, c'est aussi le défilé de ses majorettes à la fête nationale''
Le lycée Kennedy se fait remarquer par la prestation de ses majorettes lors de la fête de l’indépendance, formée avec feu avec Doudou Ndiaye Rose.
‘’Le lycée Kennedy c’est aussi le défilé de nos majorettes lors de la fête de l’indépendance. Cette troupe formée par Doudou Ndiaye Rose marque les esprits à chaque 4 avril, c’est une troupe très connue’’, souligne Mme Sarr.
C’est avec enthousiasme que Fatima Sow Sarr revient sur les beaux jours de cette troupe éblouissante qui fait ‘’la fierté de toute l’école et de toutes ceux qui sont passées par le lycée Kennedy''.
‘’Quand on parle du lycée, tout le monde pense à la troupe des majorettes, cette troupe très populaire. A l’heure où je vous parle, elles sont en train de préparer la prochaine fête de l’indépendance’’ a-t-elle-affirmé.
Un engagement pour la cause féminine
Mme Sarr souligne que l’élite féminine formé au lycée Kennedy a joué un rôle important et historique dans la défense des causes féminines notamment en ce qui concerne la scolarisation des jeunes filles au Sénégal.
‘’L’élite féminine formé au lycée intègre les associations féminines. Elles militent pour l’éducation des filles, des femmes et les autres causes féminines’’ a-t-elle martelé.
Fatima Sow Sarr souligne que la vocation du lycée n’est pas seulement de former les filles sur volet pédagogique mais de leur inculquer également des valeurs, de préparer leur épanouissement professionnel.
‘’Nous avons cette tradition ‘de bien encadrer nos filles sur le plan pédagogique. Nous les éduquons parce que elles sont des filles et serons appelés à être des mères de familles dans l’avenir’’, a-t-elle-dit.
Un club de développement durable
Les filles du lycée du Kennedy se distinguent aussi par leurs activités en rapport avec l’environnement et le développement durable avec l’émergence des activités économiques vertes.
A travers un club de développement, les élèves ont mis en place un projet de maraîchage biologique.
‘’Nous avons un club de développement durable parce que on parle de changement climatique, sauver la terre. Ce club leur permet de comprendre l’importance de la protection de l’environnement et des écosystèmes’’ a-t-elle fait-savoir.
Elle a dans le même temps rappelé que le lycée disposait d'un périmètre maraîcher et d'un jardin de potager où les élèves cultivent des produits bio et organisent des séances de récoltes et de ventes.
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L'ÉDUCATION ET LA CULTURE, PILIERS DE TOUT DÉVELOPPEMENT
Il faut qu’on sorte nos valeurs. Il faut s’accrocher à un certain nombre de valeurs comme le travail bien fait, la loyauté et le respect de la parole donnée. Si nous ramenons ces valeurs, les enfants penseront autrement - ENTRETIEN AVEC TAMARO TOURÉ
Wathi |
Babacar Ndiaye et Brice Koué |
Publication 22/02/2023
Madame Tamaro Touré nous a reçus dans les locaux de son association, les Villages d’Enfants SOS, à Dakar le 13 octobre 2016. Cette rencontre a permis d’aborder de nombreux sujets tels que le fonctionnement et l’évolution de l’administration sénégalaise depuis l’indépendance, le rôle et les changements dans le statut et les droits de la femme dans la société sénégalaise au cours des cinq dernières décennies, la question de l’éducation des enfants qui, selon elle, doit être au cœur de tout projet de développement pour un Etat, et celle, intimement liée de la culture et de sa transmission aux nouvelles générations.
Tamaro Touré est née au Soudan français (l’actuel Mali) et y a passé son enfance avant d’intégrer au Sénégal l’Ecole normale des jeunes filles de Rufisque et l’université de Dakar devenue en 1987 l’université Cheikh Anta Diop. Elle fut la première femme inspecteur du travail du Sénégal en 1967. Elle fut nommée conseiller technique sur les questions sociales du Premier ministre Abdou Diouf en 1972 puis elle le suivit à ce poste à la présidence de la République en 1981. En 1991, elle est nommée directrice du travail cumulativement avec son poste de conseiller technique à la présidence.
En 1976, elle fonde l’association des Villages d’Enfants SOS au Sénégal qui s’est occupée jusqu’en 2016 de plus de 50 000 enfants avec la création de centres dans les régions les plus peuplées du pays (Dakar, Kaolack, Louga, Tambacounda).
Présidente de cette institution qui fait partie du réseau mondial des Villages d’Enfants SOS (http://bit.ly/2dOhmiY), elle témoigne d’une passion pour tous les combats qui font évoluer les sociétés sur la durée. Elle est membre fondatrice de l’Association des juristes sénégalaises (AJS, http://bit.ly/2feq2Aj) et de l’Association sénégalaise pour le bien-être familial (ASBEF, http://www.asbef.sn/ ).
Retraitée mais toujours active et engagée pour la cause des enfants, Madame Touré travaille à la mise en place d’une université dédiée aux sciences et filières techniques. Elle est convaincue que l’éducation et la valorisation de la culture sénégalaise et des cultures africaines peuvent être des outils de transformation positive des pays de la région et du continent. Entretien Passerelle en quatre parties essentiellement en format vidéo.
Entretien réalisé par Babacar Ndiaye et Brice Koué, WATHI