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6 mars 2025
Éducation
LE GOUVERNEMENT EN NÉGOCIATIONS AVEC LES SYNDICATS ET LE PATRONAT
Le président de la République, Bassirou Diomaye Faye, a instruit le gouvernement d’intensifier les négociations avec les syndicats et le patronat en vue de la signature, le 1er mai 2025, d’un pacte de stabilité sociale pour la période 2025-2029.
Le président de la République, Bassirou Diomaye Faye, a instruit le gouvernement d’intensifier les négociations avec les syndicats et le patronat en vue de la signature, le 1er mai 2025, d’un pacte de stabilité sociale pour la période 2025-2029. Cette annonce a été faite lors du Conseil des ministres du 5 mars 2025.
Le chef de l’État a appelé le Premier ministre, Ousmane Sonko, ainsi que le ministre chargé du Travail, à établir un calendrier de concertations avec les partenaires sociaux. L’objectif est de garantir une prise en charge efficace des revendications des travailleurs, tout en tenant compte des réalités économiques et budgétaires du pays.
Dans cette dynamique, le président de la République a également demandé l’instauration de rendez-vous semestriels d’évaluation avec les représentants des travailleurs et des employeurs. Ce suivi régulier vise à renforcer la confiance et la transparence dans les discussions autour des préoccupations sociales et économiques.
Le 27 février dernier, le gouvernement a tenu une première rencontre avec les organisations syndicales et les représentants du patronat. Ces échanges, qualifiés de francs et transparents, ont permis d’aborder plusieurs doléances des travailleurs, notamment : L’amélioration des conditions de travail ; l’apurement des engagements financiers de l’État vis-à-vis des entreprises ; la mise en place d’un cadre de dialogue plus structuré.
Le Premier ministre Ousmane Sonko a insisté sur l’urgence d’un dialogue social inclusif et sincère, afin d’aboutir à des décisions équilibrées qui répondent aux attentes des travailleurs, tout en préservant la stabilité économique du pays.
Le ministre de la Formation professionnelle et porte-parole du gouvernement, Amadou Moustapha Njekk Sarré, a salué la responsabilité et le sens de l’écoute dont ont fait preuve les centrales syndicales et le patronat face aux défis économiques actuels.
À travers cette initiative, le gouvernement entend poser les bases d’un climat social apaisé, en conciliant revendications légitimes et réalités budgétaires. La signature du pacte de stabilité sociale, prévue pour le 1er mai 2025, sera une étape clé pour instaurer un dialogue durable et constructif entre l’État, les employeurs et les travailleurs.
L'UCAD DANS DU SALE
L’affaire des notes gonflées à l’Université Cheikh Anta Diop (UCAD) suscite une vive indignation au sein de la communauté estudiantine. À la Faculté des Lettres, de nombreux étudiants dénoncent une pratique qui porte atteinte à l’image de l’université ...
L’affaire des notes gonflées à l’Université Cheikh Anta Diop (UCAD) suscite une vive indignation au sein de la communauté estudiantine. À la Faculté des Lettres, de nombreux étudiants dénoncent une pratique qui porte atteinte à l’image de l’université et remet en cause l’équité académique.
Le scandale des notes gonflées à l’UCAD est au cœur des discussions sur le campus. Entre colère et frustration, les étudiants de la Faculté des Lettres expriment leur indignation face à une pratique qu’ils jugent inacceptable.
Dans les allées de la faculté, le sujet alimente toutes les conversations. Assise dans le jardin, cahier entre les mains, Maman Khady, étudiante en anglais, fustige ces irrégularités : « Ces pratiques existent depuis longtemps, et pas seulement à l’UCAD. Elles ternissent l’image des étudiants et de l’université. »
Amadou Gaye, étudiant en troisième année de Lettres, déplore une injustice qui pénalise les élèves méritants : « La sélection en Master repose sur la moyenne. Si des notes sont gonflées, certains étudiants se retrouvent avantagés au détriment de ceux qui ont réellement travaillé. Résultat : des étudiants sans compétences accèdent à des niveaux qu’ils ne méritent pas. »
Face à l’ampleur du scandale, les étudiants réclament des mesures strictes. Astou Gueye Ndoye, étudiante en Droit, interpelle les autorités : « L’État et l’université doivent être plus regardants. Ce problème dépasse ce cas précis, il faut un audit général. »
Certains vont plus loin et demandent des sanctions exemplaires, y compris l’annulation des diplômes obtenus frauduleusement. Pour eux, seule une fermeté rigoureuse permettra de restaurer la crédibilité de l’université.
FALSIFICATION DE NOTES À L’UCAD, UN RÉSEAU DE FRAUDE DÉMANTELÉ PAR LA DIC
L’affaire implique D. Faye, un agent contractuel chargé de la gestion des notes, qui aurait modifié les résultats de certains étudiants en échange d’argent ou de faveurs sexuelles.
Un réseau de fraude aux notes a été découvert à la Faculté des Lettres de l’Université Cheikh Anta Diop (UCAD), selon le journal Libération.
L’affaire implique D. Faye, un agent contractuel chargé de la gestion des notes, qui aurait modifié les résultats de certains étudiants en échange d’argent ou de faveurs sexuelles.
Au moins 18 étudiants auraient bénéficié de cette manipulation. L’enquête a été déclenchée après la plainte du doyen, à la suite de la dénonciation d’un étudiant.
Elle a révélé l’implication de V.M.N. Diouf, un étudiant en Master 2, qui recrutait des clients moyennant 50 000 F CFA par dossier.
Arrêté à son retour d’Allemagne, Diouf a reconnu les faits, tandis que D. Faye est toujours en fuite. Une information judiciaire est en cours pour faire toute la lumière sur cette fraude.
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ILS ONT RENDU À L’AFRIQUE SA GRANDEUR
Réhabilitateurs de la véritable histoire de l’Afrique, les professeurs Barry et Bathily sont, de l’avis de Penda Mbow, les dignes continuateurs de l’œuvre de Cheikh Anta Diop, de Joseph Ki-Zerbo et de leurs pairs, qui en furent les pionniers.
Le département d'histoire de l'Université Cheikh Anta Diop (UCAD) a récemment rendu un hommage mérité aux professeurs Abdoulaye Bathily et Boubacar Barry, deux historiens engagés qui ont contribué non seulement à former des générations d’historiens, mais aussi à exhumer la véritable histoire de l’Afrique, loin des conceptions impérialistes européennes qui ont longtemps été imposées aux Africains sur ce qu’ils sont et ce qu’ils ont été. Penda Mbow, historienne médiéviste, est un témoin privilégié du parcours de ces chercheurs aux patronymes assonants et rimant.
Ce n’est un secret pour personne : l’Occident a longtemps falsifié l’histoire de l’Afrique, sans laquelle celle de l’Occident n’existerait même pas, puisque, jusqu’à preuve du contraire, l’Afrique demeure le berceau de l’humanité et des vieilles civilisations, dont certains pans ont été appropriés par d’autres peuples du monde.
Il aura fallu qu’à une certaine époque, des Africains courageux et engagés s’investissent dans la recherche et déconstruisent ce tissu de mensonges (beaucoup trop répétés au point de sembler vrais) pour qu’on cesse de raconter l’histoire de la chasse uniquement du point de vue du chasseur. C’est à cette mission que se sont consacrés des géants comme Cheikh Anta Diop, Joseph Ki-Zerbo et bien d’autres historiens. En réhabilitant l’histoire du continent, ils ont posé les jalons sur lesquels les générations suivantes ont pris dignement le relais. Boubacar Barry et Abdoulaye Bathily s’inscrivent dans cette lignée.
C’est en reconnaissance de leur immense contribution à une meilleure connaissance et compréhension de l’Afrique et des Africains que ces chercheurs ont reçu ces hommages, de leur vivant. Ce fut l’occasion de les mettre au-devant de la scène et de souligner combien leurs travaux ont permis à l’Afrique de se révéler à elle-même. Car il faut savoir qui l’on est pour ambitionner d’aller où l’on veut.
Lorsqu’on aspire à construire l’unité de la sous-région et du continent tout entier, étudier les travaux de Bathily et Barry est un impératif dont on ne peut se détourner. Ils ont notamment étudié les anciens royaumes et empires de l’Afrique de l’Ouest, comme le Ngabou, le Walo ou encore le Ouagadou (Sénégal), entre autres.
Dans cette entrevue exclusive, Penda Mbow, historienne elle-même, explique la pertinence de célébrer ces deux enseignants-chercheurs, cample le contexte dans lequel Bathily et Barry ont exercé leur sacerdoce et la manière dont ils ont restauré l’histoire de l’Afrique en lui rendant sa grandeur. Avec une précision chirurgicale, la cadete détaille en quoi chacun de ces deux scientifiques, qui sont ses devanciers, ont contribué à élever l’Afrique, à la suite de figures emblématiques comme Cheikh Anta Diop et Joseph Ki-Zerbo.
LES RUINES DU CENTRE UNIVERSITAIRE DE KOLDA
Sur un terrain de mille hectares, les bâtiments à moitié construits se détériorent, envahis par la végétation sauvage. Les étudiants, victimes collatérales de cette négligence, étudient dans des conditions précaires à l'ex-École normale ou à la Maison de
Dans l’enseignement supérieur, il y a le mouvement d’humeur du Saes qui réclame l’application de son indemnité de retraite. Mais, il y a surtout le problème des infrastructures qui enrage les étudiants et le personnel enseignant qui réclament leurs livraisons. Depuis 10 ans, le débat se poursuit, mais la réalité est la même dans toutes les universités publiques. C’est la même situation aussi bien dans les nouvelles universités que les anciennes qui fonctionnent dans des conditions exécrables, avec des années universitaires qui se chevauchent comme si de rien n’était. Une anormalité devenue la règle.
Dans la capitale du Fouladou, les travaux de construction du Centre universitaire de Kolda ne sont toujours pas achevés. Cela fait dix ans aujourd’hui que les bâtiments connaissent un état de délabrement avancé. Les campus sont un champ de patates parsemé d’herbes, lieux de refuge de différents animaux sauvages. Les travaux de construction avancent à pas de caméléon sur cet espace de plusieurs hectares offert par deux collectivités territoriales. A cause de la non-disponibilité des amphithéâtres, les cours se font dans des centres délocalisés comme l’ex-Ecole normale supérieure, le Crfpe, la Maison de l’outil. Et les étudiants sont contraints de loger dans des chambres louées en ville.
C’est un espoir anéanti par une longue attente. Dans le Fouladou, les populations sont dans l’attente qui se prolonge. Démarrés depuis 2015 sur un espace de mille hectares, les travaux de construction du Centre universitaire de Kolda avancent toujours à pas de caméléon. L’espace qui abrite les travaux a été offert par deux communes rurales : celle de Dioulacolon pour 600 hectares et la commune de Bagadadji 400 hectares. Sur les lieux, différents bâtiments sont sortis de terre avec une exécution des travaux très avancée. Malgré tout, les travaux ne finissent pas et les populations du Fouladou sont impatientes de la fin totale des constructions. Différents segments de la vie socioprofessionnelle sont toujours montés au créneau pour exiger des autorités la fin des travaux. Des revendications et réclamations qui n’ont rien donné malgré les fortes pressions des populations à travers de hauts responsables locaux. Les différentes entreprises qui se sont succédé dans l’exécution des travaux n’ont jamais mis le pied au plancher.
Plusieurs arrêts des travaux ont été dénombrés, sauf quand on apprend l’arrivée du ministre de tutelle pour voir des ouvriers s’activer comme des orpailleurs sur une mine d’or. La lenteur des travaux repose sur des questions de financements : tantôt c’est l’entreprise en charge des constructions qui ne respecte pas ses engagements, tantôt ce sont les ouvriers qui boycottent le chantier faute de paiement. Des fois, c’est le matériel de construction qui est en rupture. Au même moment, on y voit des tas de sable blanc, de béton, des barres de fer en quantité industrielle, des réservoirs d’eau pleins. Finalement, les véritables raisons de l’arrêt des travaux sont un mystère difficile à élucider.
Négligence ou sabotage dans l’exécution des travaux
Nombreux sont ceux qui perçoivent la lenteur des travaux comme une négligence de la part des entreprises chargées d’exécuter les travaux de construction. Mais l’Etat du Sénégal est au banc des accusés en ce sens que c’est un chantier de l’Etat. Dans tous les cas, la première entreprise qui a démarré les travaux a fini par quitter les lieux pour non-respect des clauses du contrat. Selon les populations, il est inacceptable de constater ces lenteurs pour un Etat soucieux de l’équité dans le fonctionnement de l’enseignement supérieur. «C’est un manque de volonté politique», regrette Fabouly Gaye, responsable politique et ancien président du Conseil régional de Kolda. Il a toujours élevé la voix pour réclamer la fin des travaux au profit des enfants du pays, particulièrement ceux du Fouladou dont les échecs sont nombreux dans les autres universités du pays à cause du dépaysement et du manque de tuteurs. Autant de conditions difficiles pour la plupart des filles et fils de Kolda qui suivent leurs études supérieures hors de la région.
Une autre figure politique au Fouladou parle de sabotage par l’Etat dans l’octroi du marché de construction de cette université. L’homme s’interroge sur l’appel d’offres et les conditions de dépouillement qui ont fait gagner le marché à ces entreprises qui, selon lui, se sucrent sur le dos de l’Etat et refusent impunément d’exécuter correctement les travaux. Les chantiers non achevés de l’Etat au Fouladou, il y en a beaucoup ; c’est du sabotage, a-t-on l’habitude d’entendre en langue locale.
Sur le site qui abrite les locaux du Centre universitaire de Kolda, les travaux avancent et les populations ne cessent de réclamer leur fin. Du campus pédagogique au campus social, les travaux avancent à pas de caméléon dans cet espace parsemé d’arbres, d’arbustes et d’herbes sauvages, refuge des animaux sauvages.
Les salles de l’ex-Ecole normale servent d’amphis aux étudiants
Malgré la non-disponibilité des locaux du Centre universitaire de Kolda, plus de trois cents étudiants sont orientés dans ce temple du savoir. L’année universitaire 2024/2025 a démarré pour ces nombreux étudiants qui, pour le moment, font leurs cours dans les salles de classe de l’école de formation des instituteurs, plus connue sous le nom de l’ex-Ecole normale, située au quartier Saré Kémo, dans la commune de Kolda. Dans ces salles, les étudiants apprennent par cohorte, généralement de 8h à 12h et de 15h à19h tous les jours, avec des professeurs qui viennent de l’Université de Ziguinchor. La plupart de ces étudiants, qui n’ont pas codifié, louent des chambres loin du campus social qui est à quelques mètres du restaurant universitaire. Face à cette situation, ils dénoncent souvent les conditions d’hébergement à cause du surpeuplement au campus social et la qualité des repas. Quant aux conditions d’études, ils partagent la même enceinte avec les élèves-maîtres et le personnel du Centre régional de formation du personnel de l’éducation (Crfpe).
La Maison de l’outil, un bâtiment situé le long de la nationale au quartier Saré Kémo, est aussi un site dans lequel les étudiants font toujours cours. Il faut signaler que cette université est située en pleine brousse sur la Rn6, à plus de cinq kilomètres du centre-ville de Kolda. D’ailleurs, les étudiants déjà enrôlés dans cette université déplorent leurs conditions d’études dans les sites provisoires. L’étroitesse des locaux, l’insuffisance des salles de cours, l’absence de matériel pédagogique adéquat sont les principales difficultés que rencontrent les pensionnaires du centre universitaire délocalisé de l’université Assane Seck de Ziguinchor à Kolda.
Il s’y ajoute la qualité des repas et les conditions de vie au campus social. Pour réclamer de meilleures conditions d’études, de restauration et d’hébergement, ces étudiants ont pour la première fois observé, le 6 janvier 2025, une grève de 48 heures dans le sens de se faire entendre par les autorités.
LE GEEP ET L'AMBASSADE DES PAYS-BAS SIGNENT UN PARTENARIAT
Le ministère de l'Éducation nationale, en partenariat avec l'Ambassade des Pays-Bas et le Groupe d'Études et d’Enseignements pour la Population (GEEP) s'attèlent à lutter efficacement contre les mariages et les grossesses précoces des filles à l'école
Le ministère de l'Éducation nationale, en partenariat avec l'Ambassade des Pays-Bas et le Groupe d'Études et d’Enseignements pour la Population (GEEP) s'attèlent à lutter efficacement contre les mariages et les grossesses précoces des filles dans le milieu scolaires. Le projet a été lancé hier, jeudi 27 février 2025, au lycée de Ngane Saer, en présence des autorités administratives, académiques, des enseignants, élèves et une forte mobilisation des associations de parents d'élèves. Financé à hauteur de 12 millions de FCFA pour une phase pilote, ce projet a pour objectif d'accompagner les jeunes adolescents et adolescentes sur la santé à la reproduction.
Tout est parti d'un constat selon lequel il existe une forte croissance de la sexualité dans les écoles, mais aussi des mariages et beaucoup de grossesse précoces. Ce qui, du coup, constituent des obstacles majeurs au développement et à la scolarisation des filles. Déjà en 2024, au moins 1264 cas de grossesses ont été enregistrés dans les établissements scolaires du pays. Et, selon les statistiques, Kaolack, Ziguinchor et Fatick enregistrent les plus forts taux.
D'ailleurs, c'est pour cette raison que le partenariat entre le GEEP et les Pays-Bas a préféré mettre plus l'accent dans ces régions dont Kaolack qui vient d'abriter le lancement du projet. Ainsi, dans cette trajectoire, le projet sera exécuté dans deux (2) départements de chacune de ces régions. Du côté du GEEP et son partenaire, l'espoir est permis, car lors de la cérémonie de lancement, ce sont les élèves eux-mêmes qui ont confectionné leurs propres poèmes, sketchs et «slams», pour sensibiliser leurs camarades et leurs propres parents sur les mariages et grossesses précoces qui constituent une entrave à leurs carrières scolaires et le développement du potentiel pour les filles.
En plus des apprenants et les personnels d'encadrement, la sensibilisation contre ces mariages et grossesses précoces sera portée par les équipes de santé, les structures des organisations non gouvernementales (ONG) et partenaires telles que la Coopération Belge avec ENABEL, Plan International, l'Association pour la promotion de la femme sénégalaise (APROFES) et autres acteurs qui vont accompagner les enseignants pour leurs formations et celles de leurs protégés. Mais également dans les mobilisations communautaires afin d’amener les communautés à prendre conscience des risques que constituent ces maux de l'école.
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SORTIR DE L'ASSIMILATION ÉDUCATIVE
Assane Mboup, enseignant-chercheur, expose les failles d'un système éducatif qui n'a jamais vraiment coupé le cordon avec Jules Ferry. Pour l'expert en communication-management, l'enjeu fondamental est de distinguer éducation et instruction
Dans un entretien captivant accordé à l'émission "Belles Lignes" de Pape Alioune Sarr, Assane Mboup, enseignant-chercheur, a livré une analyse percutante sur les défis structurels du système éducatif sénégalais.
"L'école a une histoire", rappelle d'emblée Mboup en dénonçant le poids persistant de l'héritage colonial dans l'éducation sénégalaise. Citant George Hardy et son ouvrage "Pour une conquête morale", il révèle comment l'école fut délibérément conçue comme instrument de domination : "Le seul moyen avec lequel il serait possible d'assurer la continuité de la domination coloniale française, ce serait l'école." Une stratégie qui, selon lui, continue d'influencer insidieusement les structures éducatives actuelles.
Le chercheur questionne avec audace l'incapacité collective à "tropicaliser" ce système depuis l'indépendance. La question linguistique cristallise particulièrement ces tensions postcoloniales. Mboup partage son expérience révélatrice : "J'ai écrit en wolof, personne n'a voulu éditer. Le même ouvrage en anglais n'intéressait pas les gens. Je devais retraduire cet ouvrage de l'anglais vers le français pour avoir un éditeur." Un témoignage éloquent des hiérarchies linguistiques persistantes qui dévaluent systématiquement les langues locales.
Cette aliénation culturelle se manifeste jusque dans nos jugements quotidiens : "Quand quelqu'un arrive au Sénégal et nous parle un très bon arabe, on dit tout de suite qu'il est oustaz [religieux], alors que la langue qu'il parle a la même valeur que le wolof ou le français."
Pour l'expert en communication-management, l'enjeu fondamental est de distinguer éducation et instruction. "L'erreur, c'est de penser que si la personne ne fréquente pas l'école, elle n'est pas éduquée," affirme-t-il en rappelant que l'instruction n'est qu'un outil au service du bien-être humain. "C'est pourquoi les gens ont migré du ministère de l'Instruction publique au ministère de l'Éducation nationale, parce qu'il s'agit plus d'une question d'éducation."
Le spécialiste plaide pour une école qui soit "un ensemble d'engrenage culturel et socioculturel qu'il faudrait mettre en harmonie par le respect des croyances et des cultures," loin des logiques d'uniformisation héritées du modèle colonial.
Face aux bouleversements technologiques contemporains, l'invité de Pape Alioune Sarr appelle à l'action proactive plutôt qu'à la réaction tardive : "Le changement technologique est irréversible. Il faut qu'on arrête d'être réactionnaire." Il observe que la France intègre déjà l'intelligence artificielle dès la classe de 4e, tandis que le Sénégal risque encore une fois de subir le changement au lieu de l'anticiper.
"Nous vivons une démocratisation de l'accès à l'information éducative," constate-t-il, rappelant qu'aujourd'hui "l'enfant peut rester chez lui avec son écouteur, sa tablette, et apprendre à lire l'anglais." Une réalité qui transforme profondément la relation pédagogique traditionnelle.
Pour cet expert en communication et technologies de transmission, l'avenir de l'éducation sénégalaise passe nécessairement par une révolution profonde qui placerait l'humain au centre, valoriserait les cultures locales tout en embrassant résolument les innovations technologiques.
Dans son dernier ouvrage "La tolérance questionnée", Assane Mboup développe cette vision d'une éducation décolonisée, humaniste et adaptée aux défis du XXIe siècle. Une contribution essentielle au débat sur l'avenir de l'école sénégalaise et africaine.
ES ÉTUDIANTS S’ENGAGENT POUR LE SÉNÉGAL 2050
La première édition des compétitions interuniversitaires sur les politiques publiques s’est ouverte mardi à l’Université Gaston Berger (UGB) de Saint-Louis. Six universités publiques et privées prennent part à cet événement de trois jours
La première édition des compétitions interuniversitaires sur les politiques publiques s’est ouverte mardi à l’Université Gaston Berger (UGB) de Saint-Louis. Six universités publiques et privées prennent part à cet événement de trois jours, dont l’objectif est de permettre aux étudiants de contribuer au nouveau référentiel « Sénégal 2050 » en formulant des recommandations destinées aux pouvoirs publics.
Selon Samba Diallo, président du club sciences politiques de l’UGB, cette initiative répond à l’appel du président de la République, Bassirou Diomaye Faye, qui, lors du lancement du plan « Sénégal 2050 », avait sollicité l’accompagnement de la jeunesse.
« Les étudiants vont se pencher sur des thématiques cruciales, telles que les incidences de l’exploitation du gaz sur les populations environnantes, notamment à Saint-Louis, où les pêcheurs ont vu leur principal site de pêche céder la place à l’infrastructure gazière », a expliqué Samba Diallo.
Par ailleurs, une réflexion sera menée sur les opportunités offertes par l’intelligence artificielle. « L’Afrique ne doit pas rater cette révolution », a-t-il insisté, appelant à une intégration stratégique de cette technologie dans les politiques publiques.
Pr El Hadj Mbaye, du département des Sciences politiques de l’UGB, a mis en avant l’importance de cette compétition, qui va au-delà de l’aspect pédagogique pour s’inscrire dans une démarche de service à la communauté, une mission essentielle de l’université.
« Les jeunes représentent 75% de la population sénégalaise. Il est impératif qu’ils aient leur mot à dire sur les politiques publiques qui façonneront leur avenir », a-t-il souligné.
Pendant trois jours, les étudiants des différents établissements participants vont débattre, analyser et proposer des solutions innovantes pour relever les défis de développement du Sénégal. Cette initiative constitue une plateforme d’échange et de construction de connaissances essentielles pour l’avenir du pays.
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BARRY ET BATHILY ONT RÉHABILITÉ L’AFRIQUE
Diallo Diop salue l’hommage rendu à Abdoulaye Bathily et Boubacar Barry, du 20 au 22 février à l’UCAD, pour leur contribution à la réhabilitation de l’histoire de l’Afrique, et apprécie la tendance de l’UCAD désormais à célébrer ses acteurs de leur vivant
Le département d’histoire de l’université Cheikh Anta Diop de Dakar a célébré, du 20 au 22 février 2025, à travers un colloque riche en contenu, deux de ses illustres devanciers : Abdoulaye Bathily et Boubacar Barry, deux historiens et enseignants-chercheurs de renom issus dudit département. Une reconaissance antéhum alors que traditonnellement d'émminentes personnalités chez nous sont célébrées à titre posthume.
Ce fut l’occasion d’exposer et de discuter les travaux de ces deux universitaires, car habituellement, comme le souligne le Dr Diallo Diop dans cette interview accordée en exclusivité à SenePlus en marge de ce colloque, les travaux des anciens sont peu connus des étudiants, à l’exception de ceux qui entament le 3e cycle et qui entrent en contact avec la pensée de leurs maîtres afin de nourrir leurs projets de recherche.
Ce qui vaut aux professeurs Abdoulaye Bathily et Boubacar Barry cet hommage-colloque de trois jours, c’est leur immense contribution à la production des savoirs sur le continent, notamment sur les anciens royaumes de l’Afrique de l’Ouest. Toute chose qui permet de savoir qui l’on est pour mieux se projeter vers ce que l’on aspire à devenir dans le futur.
Ainsi, le Dr Diallo Diop s’est félicité de cet hommage rendu à ces chercheurs de leur vivant, car ils le méritent amplement pour ce qu’ils ont apporté à l’Afrique. Un hommage qui contraste avec le sort réservé au parrain de l’université, l’éminent professeur Cheikh Anta Diop, un savant au savoir encyclopédique qui n’a été célébré pour la première fois qu’une décennie après sa disparition.
Tout compte fait, le Dr Diallo Diop salue cette nouvelle tendance de l’université Cheikh Anta Diop à célébrer, de leur vivant, des personnalités qui marquent l’histoire. Car la pratique habituelle consiste à rendre des hommages posthumes a des personnalités.
Fervent disciple de Cheikh Anta Diop, Diallo Diop souhaiterait d’ailleurs que la pensée de son mentor soit enseignée dès le préscolaire et jusqu’au supérieur. Toutefois, selon lui, la meilleure manière de lui rendre hommage est de reconnaître la valeur inestimable de son apport à l’Afrique et au monde, afin que le continent puisse lui témoigner sa reconnaissance.
Cheikh Anta, d’ailleurs, n’aurait même pas eu besoin de célébration, selon M. Diop, qui l’a connu et côtoyé en tant que militant du parti qu’il a fondé, le Rassemblement national démocratique (RND), désormais dissous dans le Parti des patriotes africains du Sénégal pour le travail, l’éthique et la fraternité (PASTEF, au pouvoir).
LA CNEPT ENGAGE LE GOUVERNEMENT
À l’occasion de la Journée internationale de la langue maternelle, célébrée chaque année le 21 février sous l’égide de l’UNESCO, la Coalition Nationale Éducation Pour Tous du Sénégal (CNEPT) rappelle son engagement en faveur de la diversité linguistique
À l’occasion de la Journée internationale de la langue maternelle, célébrée chaque année le 21 février sous l’égide de l’UNESCO, la Coalition Nationale Éducation Pour Tous du Sénégal (CNEPT) rappelle son engagement en faveur de la diversité linguistique et du multilinguisme..
Dans un communiqué émis au lendemain de la Journée internationale de la langue maternelle, célébrée chaque année le 21 février sous l’égide de l’UNESCO, la Coalition Nationale Éducation Pour Tous du Sénégal (CNEPT) souligne que «les langues jouent aussi un rôle crucial dans notre identité culturelle, et l’éducation multilingue contribue à préserver la diversité des langues et des systèmes de connaissances. Or, une langue disparaît en moyenne toutes les deux semaines, et seules 351 langues sont utilisées comme langues d’enseignement parmi les 7000 parlées ou signées dans le monde», précise la note.
L’AFRIQUE PARTICULIEREMENT CONCERNEE PAR CET ENJEU
«En Afrique, les enfants qui apprennent dans une langue qui leur est familière ont 30% de chances de plus de comprendre ce qu’ils lisent à la fin de l’école primaire que les enfants qui apprennent dans une langue qu’ils ne connaissent pas», relève la CNEPT dans le document qui rappelle qu’au Sénégal, «22 langues ont été codifiées et donc prêtes à être enseignées». Selon la CNEPT, «nos langues sont plus utilisées dans l’alphabétisation et l’éducation des adultes où elles ont beaucoup contribué à réduire le taux d’analphabétisme notamment avec les grands projets que sont le PAPA, le PAPF dans le cadre de la ‘’Stratégie du faire-faire’’ avec les opérateurs en alphabétisation dont l’apport a été considérable». Pourtant, «au Mozambique, la mise en place d’une éducation bilingue au primaire a permis d’augmenter les taux d’apprentissage de 15%», lit-on d’après le communiqué. Cependant, malgré ces avancées, la généralisation de l’enseignement des langues nationales connaît des obstacles.
La CNEPT déplore notamment le fait que «l’introduction des langues nationales à l’élémentaire et au préscolaire, qui était en voie d’être généralisée, est de plus en plus ralentie notamment avec le retrait d’un partenaire stratégique et important comme l’USAID». Face à cette situation, la CNEPT propose plusieurs mesures pour favoriser la promotion des langues nationales. Elle appelle à «La promotion de l’environnement lettré dans les lieux publics», à réserver «Plus de pages publicitaires, de journaux et d’émissions en langues locales dans nos médias». Tout en rappelant que «de plus en plus, des organes de presse étrangère animent des journaux et émissions en langues africaines», la CNEPT souhaite «Que l’enseignement des langues soit plus effectif dans le moyen secondaire, général et technique mais aussi au supérieur». Aussi invite-t-elle à «Collecter des données sociolinguistiques et éducatives pour orienter les politiques et l’allocation des ressources», et «Recruter des enseignants maîtrisant à la fois la langue maternelle des apprenants et la langue d’enseignement officielle et les former pour qu’ils assurent un enseignement multilingue adapté à leur contexte spécifique». La CNEPT affirme sa volonté de renforcer l’apprentissage en langue maternelle au Sénégal et de préserver le patrimoine linguistique du pays.