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29 novembre 2024
Éducation
LE SAES PREND POSITION SUR LE MAINTIEN DU RECTEUR DE L'UCAD
Le syndicat autonome des enseignants du supérieur invite tous les acteurs à respecter les décisions prises par le conseil d'administration de l'université et à travailler ensemble de manière constructive.
Le Conseil d’administration de I’Université Cheikh Anta Diop de Dakar (Ucad) a délibéré, deux fois, sur une question qui lui a été soumise. Dans un communiqué transmis, la coordination Saes de l’Ucad, rappelle que les universités sont guidées par le principe sacrosaint qui est le respect des textes, qui se décline comme suit: Le respect des franchises universitaires et les libertés académiques ; Le respect de l’autonomie des instances ; Le respect des délibérations.
Selon le document, ce principe sacrosaint, cher à la coordination SAES du campus de Dakar, est essentiel pour le bon fonctionnement de nos institutions académiques. « Il est crucial de le préserver pour assurer la stabilité et la qualité de l’enseignement supérieur. Dans ce sillage, il convient de préciser que la loi no 2015-26 relative aux universités publiques du Sénégal, vise à renforcer les règles de gouvernance de nos établissements. En se fondant sur cette réglementation, Ie Conseil d’administration de I’UCAD a délibéré à deux reprises sur une question qui lui a été soumise. II est important de reconnaître l’authenticité de ces délibérations et de les considérer comme des références applicables, afin d’éviter toute forme de désordre institutionnel. Une critique non fondée de ces délibérations pourrait affaiblir I’UCAD et remettre en cause les textes pour lesquels tous les militants du SAES se sont toujours battus ».
Et d’ajouter : « dans cette perspective, la coordination souhaite exprimer son soutien aux membres du Conseil d’administration, élus par leurs pairs, et réitère sa confiance en leur probité et dignité. Nous invitons tous les acteurs à respecter les décisions prises et à travailler ensemble de manière constructive. Nous encourageons également un dialogue ouvert et respectueux pour résoudre les divergences et renforcer l’intégrité et l’autonomie de nos universités ».
LE TAUX DE RÉUSSITE AU BACCALAURÉAT EST DE 50,50 %
La meilleure moyenne du baccalauréat 2024, toutes séries confondues, est de 17.85 sur 20. Elle est obtenue par Mlle Loriane Ingrid Senghor du Lycée d’excellence de Diourbel.
Les résultats du baccalauréat de cette année ne sont pas fameux par rapport à ceux des trois dernières années. L’information est du ministre de l’Enseignement supérieur. Docteur Abdourahmane Diouf, qui faisait face à la presse ce lundi, a révélé que le lycée de Djinaky, dans le département de Bignona, est la meilleure école publique cette année. Le taux de réussite au baccalauréat est de 50,50 %.
Un taux qui place le Sénégal loin de certains pays comme le Bénin et le Maroc. Le nombre de nos bacheliers reste faible. Il est de 78 246. La meilleure moyenne du baccalauréat 2024, toutes séries confondues, est de 17.85 sur 20. Elle est obtenue par Mlle Loriane Ingrid Senghor du Lycée d’excellence de Diourbel.
Le Lycée Limamoulaye a obtenu le plus grand nombre de bacheliers (valeur absolue). Selon le ministre de l’Enseignement supérieur, «1210 écoles qui ont présenté plus de 100 candidats, l’école Mikado arrive en tête au niveau national, suivie de l’institution Notre Dame et de l’école catholique Notre Dame du Liban.
Le Lycée de Djinaky (Bignona) qui arrive en 7ème position au niveau national est la seule école publique du Top 10. Elle est ainsi la meilleure école publique du baccalauréat 2024 au Sénégal».
PAR Moustapha Diop
APPEL À DES SOLUTIONS ÉDUCATIVES ADAPTÉES À TOUBA
Les "Daara" assurent une éducation religieuse précieuse, mais cette formation, à elle seule, ne suffit pas à préparer nos enfants aux exigences du monde moderne. Les enfants de Touba ont le droit que d'accéder à une éducation gratuite
À Mesdames, Messieurs les autorités religieuses et administratives,
Chers concitoyens,
Je m'adresse à vous en tant qu'enseignant et habitant de Touba, une ville profondément enracinée dans ses valeurs religieuses et spirituelles, mais également une ville en pleine croissance démographique, où les besoins en matière d'éducation se font de plus en plus pressants.
Depuis de nombreuses années, Touba ne bénéficie pas d'écoles publiques, une situation qui place de nombreuses familles dans une position difficile. En effet, bien que notre ville compte 109 écoles privées reconnues, beaucoup de parents n'ont pas les moyens financiers d'y inscrire tous leurs enfants. Il en résulte que nombre de jeunes à Touba, n'ayant pas accès à une éducation gratuite, se retrouvent confrontés à des choix difficiles.
Certains parents, ayant des ressources limitées, envoient leurs enfants dans les écoles de Mbacké, situé à 7 km de Touba, ou encore dans les villages environnants tels que Kéré Mbaye, Kéré Ndao, Touba Fall, Darou Fall, entre autres. D'autres, ne pouvant assurer une scolarité pour leurs enfants à Touba, les confient à des proches vivant dans des localités où l'éducation publique est disponible. Ce fut mon cas : j'ai dû faire mes classes de CM1 et CM2 dans un village à 18 km de Touba, loin de mes parents. J'ai ensuite poursuivi mon collège à Mbacké, dans une famille d'accueil, et pour le lycée, j'ai dû me déplacer quotidiennement entre Touba et Mbacké.
Cette situation n'est pas viable à long terme et ne reflète pas l'égalité des chances à laquelle tous les enfants de notre pays ont droit. Les enfants de Touba ont autant le droit que ceux des autres villes d'accéder à une éducation gratuite, dans leur ville de résidence.
C'est pourquoi, je souhaite attirer votre attention sur la nécessité d'une solution durable et respectueuse des valeurs religieuses de Touba. Si pour des raisons religieuses, Touba ne peut accueillir d'écoles publiques françaises, je propose que les autorités religieuses et l'État du Sénégal collaborent pour créer des écoles spécifiques à Touba, gratuites et adaptées à notre contexte religieux. Ces écoles pourraient offrir une éducation à la fois conforme à nos traditions religieuses et ouverte aux métiers d'avenir, afin de préparer les jeunes à une insertion professionnelle réussie.
À l'heure actuelle, les "Daara" assurent une éducation religieuse précieuse, mais cette formation, à elle seule, ne suffit pas à préparer nos enfants aux exigences du monde moderne. Il est crucial d'offrir aux enfants de Touba une éducation complète, qui leur permettra de trouver un emploi après leur scolarité, sans qu'ils soient contraints de partir loin de leur famille pour recevoir une éducation.
Je suis convaincu que cette proposition pourrait être bénéfique pour l'avenir de notre ville et de ses jeunes, tout en respectant les valeurs qui nous sont chères. J'espère que mon appel sera entendu et que des mesures seront prises pour que l'éducation à Touba ne soit plus un privilège, mais un droit accessible à tous.
Je vous remercie de l'attention que vous porterez à cette requête.
Avec mes salutations respectueuses,
Moustapha Diop est enseignant et habitant de Touba.
LE SUDES/ESR NE LÂCHE PAS LE RECTEUR
Lors de leur sit-in tenu hier, jeudi 8 août, le syndicat est encore monté au créneau pour réclamer un appel à candidatures pour la nomination d’un nouveau recteur
La controverse qui entoure le prolongement du mandat du recteur de l’université Cheikh Anta Diop de Dakar (Ucad), se poursuit et le Syndicat Unitaire et Démocratique des Enseignants du Sénégal (SUDES/ES) est plus que jamais déterminé à « faire respecter la légalité dans l’université ». Lors de leur sit-in tenu hier, jeudi 8 août, le syndicat est encore monté au créneau pour réclamer un appel à candidatures pour la nomination d’un nouveau recteur. Selon les syndicalistes, le mandat d'Ahmadou Aly Mbaye a pris fin depuis le 22 juillet 2024.
Le Syndicat unitaire et démocratique des enseignants du Sénégal / Enseignement supérieur et de recherche (Sudes/Esr) section Ucad ne lâche pas le recteur Pr Ahmadou Aly Mbaye. Hier, jeudi 8 août, il a organisé un sit-in pour encore dénoncer le maintien en poste du recteur par le Conseil d’administration (CA) de l’Ucad et réclamer un appel à candidature pour la nomination d’un nouveau recteur de l’Ucad. « Le mandat de l’ancien recteur a pris fin le 22 juillet 2024 conformément à la loi n° 2015-26 du 28 décembre 2015 relative aux universités publiques du Sénégal. Son entêtement à demeurer en fonction malgré les rappels à l’ordre du ministre de tutelle et les protestations unanimes de la communauté universitaire constitue une atteinte grave au principe de bonne gouvernance », a fait savoir le secrétaire général du Sudes/Esr Pr Sylvestre Kouakou.
Pour sa part, l’ancien coordonnateur du Saes Dr Yankhoba Seydi embouche la même trompette. « Depuis 17 jours, cette université n’a pas de recteur. Le mandat est terminé depuis le 22 juillet 2024. Ça veut dire que les actes qu’il va prendre ici et là, n’engagent que lui. Personne, que ce soit étudiant, enseignant ou Pats (personnel administratif, technique et de service) ne doit respecter ses décisions qui ne reposent sur absolument rien ni rien de légal », a-t-il déclaré. Cependant, à en croire le Sudes/Esr, « le Conseil d’Administration refuse obstinément de lancer l’appel à candidatures et outrepasse ses prérogatives en actant le maintien de l’ancien recteur en poste jusqu’en 2026 sous le prétexte fallacieux d’une reconduction tacite ». Selon les syndicalistes, « le CA agit en violation complète des articles 2 et 3 du décret 2021-846 du 24 juin 2021 relatif aux modalités de nomination du Recteur dans les universités publiques du Sénégal ».
Les enseignants dénoncent également la démarche du ministre de l’Enseignement supérieur, de la Recherche et de l’Innovation. « Personnellement, je blâme le ministre de tutelle. Il devait comprendre depuis avril quand le Conseil d’administration n’a pas procédé à l’appel à candidatures, qu’on allait forcément arriver à la carence parce qu’on allait sortir des 90 jours dont le décret parle. La tutelle est blâmable », a souligné Dr Yankhoba Seydi. Il l’appelle ainsi à prendre ses responsabilités « pour faire respecter la légalité à l’Ucad ». En effet, le Sudes/Esr compte intensifier la lutte si dans les prochains jours, rien ne bouge dans leur réclamation. Il donc la « dissolution immédiate de l'actuel Conseil d'Administration de l'Ucad », « la cessation immédiate du mandat illégal de Monsieur Ahmadou Aly Mbaye », « la nomination d'un recteur intérimaire, en attendant une nouvelle désignation légitime » et « la nomination, dans un délai maximal de six mois, d'un nouveau recteur conformément aux textes en vigueur ».
DÉBUT DES INSCRIPTIONS SUR LA PLATEFORME CAMPUSEN
La plateforme CAMPUSEN dédiée aux demandes d’orientation des nouveaux bacheliers a été ouverte ce mercredi, annonce le ministère de l’Enseignement supérieur, de la Recherche et de l’Innovation, dans un communiqué en date du 12 juillet.
Dakar, 7 août (APS) – La plateforme CAMPUSEN dédiée aux demandes d’orientation des nouveaux bacheliers a été ouverte ce mercredi, annonce le ministère de l’Enseignement supérieur, de la Recherche et de l’Innovation, dans un communiqué en date du 12 juillet.
Les inscriptions sur la plateforme ont débuté aujourd’hui mercredi et se termineront le 27 août prochain, a confirmé le directeur général de la cyber-infrastructure nationale pour l’Enseignement supérieur, la Recherche et l’Innovation (Cineri) en charge de la gestion de la plateforme.
‘’Nous invitons tous les bacheliers qui veulent être orientés dans les universités publiques ou les instituts supérieur d’enseignement supérieur (ISEP) de s’inscrire sur la plateforme à l’adresse campusen.sn’’, a dit le Pr Ousmane Thiaré.
Le ministère de l’Enseignement supérieur, de la Recherche et de l’Innovation, à travers différents canaux, est en train de communiquer largement auprès des bacheliers, a signalé le Pr Thiaré.
Toutes les dispositions sont prises pour un bon fonctionnement de la plateforme et permettre l’inscription de tout bachelier souhaitant être orienté dans les établissements d’enseignement supérieur et les universités.
Le nombre total de bacheliers attendu sur la plateforme est de 78. 246. Déjà, à la mi-journée, 14.393 bacheliers ont ouvert un compte, soit 14,73%. Parmi eux, 4.306 ont effectivement postulé, précise la Cineri.
Après la fermeture de la plateforme prévue le 27 août, l’affectation des places se fera du 19 septembre au 15 octobre 2024. Ensuite, les bacheliers devront s’acquitter de leurs droits d’inscription une fois qu’ils auront reçus des propositions d’orientation.
Le respect du délai de paiement évite à l’étudiant d’être forclos et de perdre sa place.
CE N’EST PAS UNE QUESTION RELIGIEUSE, MAIS DE RÈGLEMENT INTÉRIEUR
Moustapha Mamba Guirassy, a abordé, mardi, dans l’émission matinale Kenkelibaa de la RTS la question du port du voile dans les écoles sénégalaises, une question qui a suscité beaucoup de débats suite aux déclarations du Premier ministre, Ousmane Sonko.
Le ministre de l’Éducation nationale, Moustapha Mamba Guirassy, a abordé, mardi, dans l’émission matinale Kenkelibaa de la RTS la question du port du voile dans les écoles sénégalaises, une question qui a suscité beaucoup de débats suite aux déclarations du Premier ministre, Ousmane Sonko.
M. Guirassy a indiqué que cette polémique n’était pas fondée sur des questions religieuses mais plutôt sur des règlements intérieurs des établissements scolaires.
Le Premier ministre Ousmane Sonko avait rappelé l’article premier de la Constitution sénégalaise, stipulant que « La République du Sénégal est laïque, démocratique et sociale. Elle assure l’égalité devant la loi de tous les citoyens, sans distinction d’origine, de race, de sexe, de religion. Elle respecte toutes les croyances. »
En référence à cette déclaration, M. Guirassy a affirmé : « C’est au rôle de l’État de garantir l’application rigoureuse de cet article et de garantir à toutes ses filles et fils une bonne éducation. »
Le ministre a insisté sur le fait que la laïcité, en tant que principe constitutionnel, doit être respectée, et qu’il n’est pas acceptable que des écoles refusent l’accès à des élèves en raison de leur tenue vestimentaire religieuse.
« Le Premier ministre, Ousmane Sonko, n’a fait que rappeler ce principe en disant qu’il n’est pas acceptable que des écoles refusent leur accès à des enfants sénégalais juste parce qu’elles portent le voile », a déclaré M. Guirassy.
Sur la question des langues nationales, le ministre a également annoncé des mesures en faveur de leur intégration dans le curriculum scolaire.
« Vers l’intégration des langues nationales dans le curriculum », a-t-il indiqué, soulignant l’importance de valoriser les langues locales dans le système éducatif.
En ce qui concerne les écoles coraniques, Moustapha Guirassy a proposé l’élaboration d’un projet de loi pour reconnaître officiellement ces institutions.
Cette initiative viserait à offrir un cadre légal et structuré pour les écoles coraniques, assurant ainsi une meilleure prise en charge et intégration dans le système éducatif national.
L’ÉTAT EN TERRAIN MINÉ
La question du voile relance les discussions entre autorités et écoles catholiques. Si des appels au calme sont lancés, d'autres regrettent l'absence de cadre législatif pour encadrer cette controverse récurrente
Près de cinq ans après la polémique autour du port de voile dont l’interdiction était faite par l’Institution Sainte Jeanne d’Arc de Dakar, voilà que le Premier ministre, Ousmane Sonko, dépoussière le dossier, en tenant les propos ci-après : «L’État n’acceptera plus que les filles qui portent le voile soient récusées dans certaines écoles au Sénégal». L’enseignement privé catholique se sentant ainsi visé, après la polémique de 2019 née de l’interdiction du voile dans une de ses écoles, convoque la Constitution, la loi n°91-22 du 30 janvier 1991 portant orientation de l’Éducation nationale, modifiée, et le règlement intérieur de ses établissements. Face à ce discours ayant suscité indignations et récriminations, les appels au calme se multiplient. Toutefois, cette sortie du Premier ministre pourrait être le début des «Assises de l’enseignement privé» qui permettraient de régler définitivement cette question et tant d’autres comme la part de la subvention allouée à ces écoles privés mais aussi pour promouvoir le vivre ensemble qui concerne tout le monde.
En 2019, suite à la polémique sur le port de voile dans une des écoles catholiques, Bakary Sambe, chercheur et directeur du Timbuktu Institute, avait avancé, dans la presse, que «ceci n’est qu’un saupoudrage en attendant qu’une autre affaire ressurgisse. L’Etat n’a pas de vision de long terme, mais tranche selon le rapport de force». Cette réaction fait suite à l’intervention du gouvernement auprès de l’Institution Sainte Jeanne d’Arc qui a abouti à l’insertion des 22 jeunes filles exclues. M. Samb, poursuivant son a n a - lyse, avait aussi relevé que plus qu’un foulard sur la tête, les crispations proviendraient de la dualité du système éducatif sénégalais avec, d’un côté, l’enseignement arabe ou coranique et, de l’autre, l’enseignement français dispensé dans les écoles privées et publiques
Cinq (5) ans après sa sortie, l’histoire semble lui donner raison, puisque c’est le gouvernement, par la voie du Premier ministre, qui a remis sur la table cette polémique. La sortie de Ousmane Sonko est comme la goutte d’eau qui a fait déborder le vase. Et l’enseignement catholique se sent visé puisque c’est lui qui avait enclenché le processus de l’interdiction du voile dans ses écoles. Une régulation du port du voile dont l’église faisait référence et non l’interdiction, quand on sait que des foulards étaient mis à la disposition des élèves afin d’assurer une conformité au niveau de tous les apprenants. Ce à quoi des parents et élèves ont refusé de se conformer, avant de jeter l’Institution Jeanne D’Arc à la vindicte du peuple sénégalais.
Recevant les lauréats du Concours général 2024, le Premier ministre a avancé : «Certaines choses ne peuvent plus être tolérées dans ce pays. En Europe, ils nous parlent constamment de leur modèle de vie et de style, mais cela leur appartient. Au Sénégal, nous ne permettrons plus à certaines écoles d’interdire le port du voile». Et de mettre en garde en ces termes : « Gare à ces institutions qui refuseront d’accepter une fille simplement parce qu’elle est voilée», a-t-déclaré, le mardi 30 juillet dernier, en marge de la cérémonie de distinction des meilleurs élèves du Sénégal.
Le Conseil national du laïcat recadre les autorités
La réponse de la communauté catholique ne sait pas fait attendre. «Le Conseil national du Laïcat marque son indignation face à de telles déclarations qu’il juge maladroites. Ces propos indélicats de la part du chef du gouvernement de la République laïque et démocratique qu’est le Sénégal sont de nature à heurter la sensibilité des Sénégalais épris de justice et de vérité, plus particulièrement des citoyens à part entière de foi catholique légitimement interpelés par les menaces proférées, sans ambages, contre des établissements privés catholiques», déplore le CNL dans un communiqué en date du 4 août 2024.
Et de souligner : «(…) Au demeurant, le règlement intérieur des établissements de l’enseignement privé catholique n’affecte ni la neutralité de l’enseignement dispensé, ni la liberté de conscience des élèves, ni leurs convictions religieuses. Mieux, il garantit l’organisation scolaire et du projet éducatif propre de l’établissement sans violer pour autant son obligation d’accueillir les enfants en dehors de toute distinction d’origine, d’opinion ou de croyance. En conséquence, les institutions privées catholiques ne sauraient tolérer, au nom de quelque conviction ou croyance, les attitudes et comportements contraires aux principes et à l’esprit de son projet éducatif. Elles demeurent fermes contre les comportements qui sont en porte-à-faux avec les règles de discipline générale et qui sont préjudiciables au vivre ensemble et au bon fonctionnement de tout établissement. C’est le cas, en guise d’exemple, d’élèves s’interdisant de s’asseoir à côté de leurs camarades de sexe opposé en classe ou dans la cour de récréation, refusant de faire la gymnastique dans la tenue de l’école, pour des convictions religieuses, se regroupant et s’isolant dans la cour de récréation pour les mêmes raisons et refusant le port strict de l’uniforme de l’école. (Cf. lettre ouverte du Conseil national du laïcat en 2019)».
Ainsi, «Le Conseil national du Laïcat soutient, à cet égard, les institutions privées catholiques et les encourage à demeurer respectueuses des dispositions de la loi n°91-22 du 30 janvier 1991 portant orientation de l’Éducation nationale, modifiée, qui indique : «Au sein des établissements publics et privés d’enseignement, dans le respect du principe de la laïcité de l’État, une éducation religieuse optionnelle peut être proposée. Les parents choisissent librement d’inscrire ou non leurs enfants à cet enseignement».
Sous ce prisme, ajoute le CNL, «ceux qui ne souhaitent pas respecter le règlement intérieur des établissements privés catholiques doivent s’en prendre à eux-mêmes pour leurs attitudes et comportements d’auto ségrégation et d’auto exclusion; toutes postures en inadéquation avec l’esprit de famille et d’ouverture, du vivre ensemble que promeuvent l’école catholique et le Sénégal. Il revient donc aux parents et aux élèves, qui ont librement choisi ces établissements, de se conformer aux exigences du règlement intérieur et aux objectifs du projet éducatif qui les inspire. La question agitée du voile n’est, sous ce rapport, qu’une conséquence de l’exigence du respect d’une règle générale découlant du principe du vivre ensemble dans une égale dignité et dans le respect de la diversité culturelle et religieuse au sein des établissements d’enseignement privé catholique. Elle doit être circonscrite strictement dans le cadre d’un règlement intérieur auquel les élèves et leurs parents adhèrent en toute connaissance de cause».
Absence de cadre réglementaire
Aux réactions de la communauté catholique, s’ajoutent des messages de soutiens à l’endroit de cette Église ainsi que la voix des politiques, pour s’offusquer, recadrer cette sortie du PM jugée inappropriée ou encore appeler à un esprit de dépassement. Selon ces derniers, le Sénégal est un pays laïc. Le respect des croyances des uns et des autres est garanti par la Constitution. Seulement entre l’enseignement arabe ou coranique et l’enseignement français dispensé dans les écoles privées et publiques, les acteurs soutiennent qu’« aucun cadre législatif n’harmonise l’ensemble»
On se souvient de l’appel de Me Moussa Sarr en 2019 : «afin d’éviter les polémiques et les débats creux comme cela a été le cas pour l’institution Sainte-Jeanne d’Arc, il faut une refonte du système et une loi d’ordre général, pour organiser l’enseignement». L’avocat au Barreau de Dakar de s’interroger : «Pourquoi, depuis l’indépendance, le dossier de l’enseignement religieux n’a-t-il pas été traité pour de bon ?» Sa réponse est claire : «manque de volonté politique. Pourtant, l’État y a tout intérêt afin de pérenniser la cohésion sociale qui existe au Sénégal.»
Idrissa Seck appelle tout le monde à garder à l’esprit l’unité
Selon bon nombre d’observateurs, ce débat n’a pas lieu d’être. «L’école catholique respecte la Laïcité. Nous accueillons toutes les confessions. Seulement, il y a le respect du règlement intérieur qui régit toute école et les pensionnaires se doivent de le respecter, à défaut d’être exclus», a fait savoir Christian Sène. Et d’ajouter : «aujourd’hui, un catholique qui voudrait inscrire son enfant dans une école d’enseignement privé coranique est obligée de se conformer au règlement intérieur dont l’obligation de port de voile et l’enseignement du Coran. Il s’y ajoute, dans beaucoup de ces écoles, le règlement intérieur stipule qu’un non musulman ne doit pas s’y inscrire. Et pourtant, il n’y a jamais eu de problème car nous respectons leur choix. Aux autres aussi d’en faire pareil».
De son côté, le coordonnateur de la coalition «Juste», Aliou Sall déclare : «nous avons également pris note des positions exprimées par le Premier ministre, Ousmane Sonko, et les autorités de l’école catholique, alors que du point de vue légal, l’éducation par les communautés religieuses est reconnue par la Constitution». Et d’ajouter, dans un communiqué daté du 05 aout : «en cette période sensible, il faut promouvoir le vivre-ensemble et éviter toute action ou discours qui pourrait diviser nos communautés. Nous exprimons notre pleine confiance en la capacité de notre pays a surmonter ces défis par le dialogue et le respect mutuel. Ensemble, nous devons continuer à bâtir un Sénégal ou chaque citoyen, quelle que soit sa croyance religieuse, se sent respecte et valorise». Et Idrissa Seck, ancien Premier ministre, dans un post Facebook, d’inviter tout le monde à garder à l’esprit l’unité malgré la pluralité du peuple sénégalais.
par Babacar Fall
UNE FÊTE DE L’INSTRUCTION PUBLIQUE GÂCHÉE
J'attends du Premier ministre la construction d'écoles publiques, plutôt que des propos sur une prétendue exclusion de quelques élèves voilées des écoles catholiques ; des élèves susceptibles de trouver une place ailleurs
Le tollé provoqué et les répliques successives par une partie des propos tenus par le Premier ministre lors de la remise des prix du concours général aura ruiné le message d’ensemble du président de la République et du premier ministre lui-même.
C’était la fête de l’école, de l’éducation et de l’apprentissage, de la science. En substance, il s’agissait de mettre en exergue la valeur de l’instruction publique nationale au travers de ses brillants récipiendaires de toutes origines.
En écoutant bien les propos du premier ministre : « Certaines choses ne peuvent plus être tolérées dans ce pays. En Europe, ils nous parlent constamment de leur modèle de vie et de style, mais cela leur appartient. » On voit bien qu’il y a une erreur de contexte.
Rappelons qu’il répondait aux questions d’une jeune femme lauréate d’un concours de récitations de Coran à propos des daaras.
La mauvaise querelle sur la laïcité des écoles confessionnelles catholiques
L’Eglise catholique ne peut être le promoteur de la laïcité. Elle ne l’a pas inventée, ni au Sénégal, ni ailleurs. La laïcité « européenne » ou française en particulier, puisque c’est de celle-là dont il s’agit, s’est développée contre l’Eglise, accusée d’accaparement des consciences des enfants.
L’instauration de l’instruction publique, gratuite et laïque en France s’est faite contre la toute-puissance du clergé catholique à revendiquer sa compétence et sa prétention à former et éduquer tous les enfants.
À travers cette mauvaise querelle qui sévit depuis ces propos de Ousmane Sonko, nous sommes exactement en face d’un « double bind » ou double contrainte pour reprendre le concept de Gregory Bateson. En gros, une “double contrainte” est un type particulier de conflit qui crée une situation “non-gagnante” ; c’est-à-dire, une situation dans laquelle on est “damné si vous le faites et damné si vous ne le faites pas”.
Cela veut dire que le clergé catholique sénégalais se voit assigné à la défense d’une laïcité à la française qui ne le concerne en rien et qu’une frange importante de ses coreligionnaires français abhorrent.
Et le premier ministre semble ériger l’accès à l’école privée confessionnelle catholique comme étant la condition de la réussite scolaire pour les élèves sénégalais les plus brillants. C’est ainsi que je lis cette partie de son propos : « au Sénégal, nous ne permettrons plus à certaines écoles d’interdire le port du voile ». Se voulant plus clair, il a ajouté : « Gare à ces institutions qui refuseront d’accepter une fille simplement parce qu’elle est voilée. »
Mais pourquoi, alors que les meilleures écoles publiques gratuites leur sont ouvertes et que c’est leur place naturelle ?
Eloge de l’école publique, gratuite et obligatoire
Je suis un enfant de l’école publique (primaire, secondaire et université), l’école de tous les enfants, ouverte, laïque, tolérante, avec ses enseignants-hussards dont le dévouement, la disponibilité totale, faisaient notre admiration. C’est l’école du brassage et de l’édification des citoyens sénégalais. Où on apprend à « faire Nation ». Où on s’ouvre aux autres, d’où qu’ils viennent et quelle que soit l’origine sociale des parents. C’est cette école que les pères bâtisseurs de notre Etat-Nation ont construite.
Léopold Senghor et Mamadou Dia et tous leurs compagnons avaient fait ce choix, qui est celui de l’avenir de notre Nation.
Tous les élèves du Sénégal de mon âge et les plus jeunes, parlent toujours avec beaucoup d’émotions des enseignants qui les ont marqués durant leur scolarité. Le ministre Guirrassy en a donné un témoignage l’autre jour en recevant son ancienne institutrice. Le premier ministre l’a illustré aussi dans une autre partie de son propos en parlant des enseignants qui l’ont encouragé à se discipliner pour ne pas rater ses études. Le parrainage de la cérémonie de remise des prix du concours général par le professeur Sangharé témoigne de la volonté des pouvoirs publics d’ériger l’instruction publique comme levier indispensable du développement de notre pays.
Mais alors, pourquoi cette fixation sur le voile ? Pourquoi cette mauvaise querelle sur l’admission réelle ou supposée des élèves voilées dans les écoles, en l’occurrence des écoles catholiques, même si le premier ministre ne les cite pas ?
Le premier principe de la laïcité ou du sécularisme sénégalais est celui de la neutralité de l’espace scolaire public. Tout du moins, comme l’ont voulu les pères bâtisseurs de notre Etat-Nation.
Les convictions religieuses doivent rester à la porte de l’école publique. On se fiche de connaître la religion de tel ou tel camarade. On était de Blaise Diagne, de Van Vo ou Delafosse. Et une sorte de patriotisme scolaire se développait en sport, au hand, au foot ou au basket. On admirait les moyens que mettait l’encadrement de Saint Michel en sport. Mais on était ravi de les battre sur le terrain.
C’est le devoir des pouvoirs publics de construire des écoles publiques de qualité pour tous les enfants du Sénégal. Certes l’enseignement privé (confessionnel ou pas) est partie intégrante du système national d’éducation, mais il n’est pas destiné à tous les élèves. Alors que l’enseignement public est ouvert à tous. C’est de la responsabilité du gouvernement de le développer, le consolider et de l’étendre.
Les politiques d’ajustement structurel des années 80 ont démoli le système d’enseignement public : fin des programmes de construction (avec la honte absolue qu’a constitué jusqu’à aujourd’hui l’état de délabrement du lycée Limamou Laye de Guédiawaye malgré ses excellents résultats chaque année), arrêt des recrutements d’enseignants…
Que 100 écoles publiques rivalisent et s’épanouissent
Du premier ministre, j’attends l’annonce d’un programme de construction d’écoles publiques dans les grands centres urbains du pays et dans le monde rural. Je n’attends pas des propos sur l’exclusion réelle ou supposée d’élèves voilées des écoles catholiques et qui ne concernent en l’occurrence que quelques dizaines des filles et dont les parents ont suffisamment les moyens de leur trouver une place ailleurs. Ce qui est d’ailleurs le cas à chaque rentrée.
Le souverainisme économique et le développement de ce pays mérite que l’on évite ces mauvaises querelles et que l’on se concentre sur l’essentiel.
Pour reprendre le mot de Mamadou Diouf, une véritable révolution démocratique s’est enclenchée dans ce pays, une déconstruction-reconstruction de certains paradigmes est en route. Parmi celles-ci une prise de conscience citoyenne, jamais observée et à certains égards, comparable aux mobilisations pré et postindépendance.
J’ai prédit et écrit sur la raclée électorale qu’allait subir le régime corrompu de Macky Sall. Et le résultat est au-delà des espoirs des démocrates et des républicains de ce pays et d’ailleurs.
Les premières décisions et l’allure générale des mesures arrêtées (à l’exception notable de la parité dans les nominations aux fonctions de direction publiques), la gestion maîtrisée des politiques publiques, annoncent des lendemains qui tranchent agréablement avec la fin de règne de Macky Sall et même de Wade. Le renouvellement générationnel, les nouveaux talents et compétences et les pratiques du gouvernement constituent assurément de très agréables surprises.
C’est la voie à suivre et c’est celle qui assure la confiance des citoyens en leur gouvernant et le succès de notre pays.
Babacar Fall est haut fonctionnaire à la retraite.
L'ENSEIGNEMENT CATHOLIQUE RÉAFFIRME SA LIGNE ROUGE
Suite à la sortie de Sonko sur le voile, le Directeur diocésain appelle à clarifier les règlements intérieurs pour préserver la dimension éducative et le vivre-ensemble. «Notre souhait est qu’on ne nous entraîne pas sur le terrain religieux", insiste-t-il
Sans parler spécifiquement du port du voile, le Directeur diocésain de l’Office national de l’enseignement catholique du Sénégal/Dakar a appelé ses directeurs et chefs d’établissement à mettre à jour le Règlement intérieur de leurs écoles. Rappelant la polémique qu’avait suscitée ce sujet en 2019, il a demandé de mettre à jour le Règlement intérieur de leurs écoles afin de se «prémunir contre toute provocation et d’éventuels conflits sur la question du voile».
La polémique sur le port du voile dans les écoles catholiques a refait surface. La sortie du Premier ministre Ousmane Sonko sur cette question au Grand Théâtre, en marge de la cérémonie de remise des prix du Concours général, a fait revenir cette polémique qu’on croyait enterrée en 2019. Le débat suscité par cette sortie a fait réagir le Directeur diocésain de l’Office national de l’enseignement catholique du Sénégal (Odec) de Dakar. Dans une lettre adressée aux directeurs et chefs d’établissement, Abbé Georges G. Diouf les a appelés à mettre à jour le Règlement intérieur des écoles. Et de souligner dans son document : «Nous voulons toujours promouvoir le vivre-ensemble dans nos écoles, et par rapport à cet objectif, personne ne devrait nous distraire. Alors comme nous l’avions fait en 2019, nous vous demandons de mettre à jour le Règlement intérieur de nos écoles pour nous prémunir contre toute provocation et d’éventuels conflits sur la question du voile.» Ainsi, l’Abbé Diouf leur demande, dans le Règlement intérieur, d’insister «sur les comportements à proscrire parce que portant atteinte au vivre-ensemble».
Pour lui, «sans parler du voile, le Règlement intérieur devrait préciser» ce qu’ils n’acceptent pas «comme refuser de serrer la main d’un camarade de sexe opposé, s’asseoir sur le même table-banc en classe ou sur le même banc dans la cour de récréation avec quelqu’un de sexe opposé, faire la gymnastique dans la tenue de l’école sous prétexte de ce dont on se réclame, se faire suivre ou précéder immédiatement dans les rangs par un camarade de sexe opposé». Le directeur de l’Odec/Dakar estime que «tout cela constitue une entrave au vivre-ensemble» et à leur «projet éducatif». Et de recommander : «Encore une fois, il est bon que tous les règlements intérieurs de nos écoles soient clairs sur la question et insistent sur la dimension éducative plutôt que toute autre chose. Il n’est pas donc opportun de parler explicitement de voile dans le Règlement intérieur, mais de tout ce qui constitue un frein au vivre-ensemble.» Dans le même document, Abbé Georges G. Diouf informe que «ce Règlement intérieur doit être signé à l’inscription par les parents d’élèves».
Par ailleurs, dans sa correspondance, le Directeur diocésain de l’Office national de l’enseignement catholique du Sénégal (Odec) Dakar a fait savoir qu’à leur «plus grande surprise, une question très sensible vient de refaire surface dans le paysage médiatique sénégalais, provoquant un débat passionné dont le seul responsable est une haute autorité du pays». De même, il a souligné que dans «sa déclaration en marge de la cérémonie du Concours général, le Premier ministre» a ramené «la dangereuse question du voile dans nos écoles». «Notre souhait est qu’on ne nous entraîne pas sur le terrain religieux. Nous voulons rester sur le terrain de l’éducation qui est le nôtre et pour lequel les Sénégalais, dans leur plus grande majorité, apprécient l’offre de l’Ecole catholique», a-t-il tenu à préciser dans sa lettre adressée aux directeurs et chefs d’établissement de l’Odec de Dakar.
Pour rappel, le Premier ministre Ousmane Sonko, lors d’une rencontre avec les lauréats du Concours général 2024 au Grand Théâtre national Doudou Ndiaye Coumba Rose de Dakar, a menacé les écoles et instituts qui imposent des interdictions sur le port du voile aux filles. Le chef du gouvernement avait clairement annoncé que l’Etat ne tolérera plus de telles restrictions. Il avait insisté sur le fait que les écoles qui continuent de refuser l’accès aux élèves voilées s’exposent à des sanctions sévères.
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DÉBAT SUR LE VOILE, LA MISE AU POINT DU MINISTRE DE L’ÉDUCATION
Ce dimanche, le ministre de l’Éducation nationale est monté au créneau pour s’exprimer sur le débat qui entoure le port du voile dans le privé catholique. Il a répondu aux propos de l’Abbé André Latyr Ndiaye qui avait publié une Tribune hier samedi, à l’encontre du Premier ministre Ousmane Sonko.