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30 novembre 2024
Éducation
Par Oumar Absatou NIASSE
APPEL AU RESPECT DE NOS INSTITUTIONS
Face à des appels contraires aux textes visant à démettre le recteur de l'Ucad, réaffirmons les mécanismes légaux de désignation des autorités universitaires. La démarche vise à ancrer le débat dans les principes du système d'enseignement supérieur
Je voudrais préciser dans ce texte que je soumets à l’opinion publique, les principes de fonctionnement des universités du Sénégal en se fondant sur les textes qui régissent leur fonctionnement actuel. Il nous semble important de faire ce rappel après certaines sorties médiatiques de personnes qui appellent, franchement ou mezza voce, au remplacement immédiat du Recteur de l’université Cheikh Anta Diop de Dakar.
Loin de verser dans une polémique stérile, il est loisible à tout un chacun de lire avec nous le texte de la loi n° 2015-26 du 28 décembre 2015 relative aux universités publiques et de comprendre que ladite loi a permis de mettre en place de nouveaux organes de gouvernance des universités avec un Conseil d’administration ouvert au monde socioéconomique, un Conseil académique chargé de toutes les questions pédagogiques et un Recteur nommé à la suite d’un appel à candidatures et qui assure la direction de l’université.
L’université Cheikh Anta Diop de Dakar s’est ainsi dotée, à l’instar de toutes les autres universités, d’organes chargés de son fonctionnement. Il est bon de savoir que le décret 2021-1500 du 16 novembre 2021 fixe les règles d’organisation et de fonctionnement de l’université. A son article 25, il est mentionné que l’université Cheikh Anta Diop de Dakar est dirigée par un recteur. Son mode de désignation et quelques-unes de ses attributions y sont précisés. Il faut les lire et fonder toute appréciation sur l’université sur ces textes. Cela pour permettre à l’opinion de comprendre qu’il est dangereux de laisser prospérer des déclarations d’individus dont certains sont membres des personnels universitaires et foncièrement de mauvaise foi, qui appellent à démettre immédiatement un recteur. Nous ne pouvons pas à cet égard, à titre personnel, rester silencieux face à cette demande contraire aux textes réglementaires de notre institution dont nous avons participé au combat pour leur adoption.
Nous avons donc réitéré pour que nul n’en ignore, de dire haut et fort, et l’écrire, que le mode de désignation du recteur dans les universités sénégalaises depuis l’adoption du décret N° 2021-846 relatif aux modalités de nomination du Recteur dans les universités publiques, stipule dans son article 1er que lorsque le mandat du Recteur arrive à son terme ou lorsqu’une vacance est constatée, un comité de validation et de sélection est mis en place à la suite d’un appel à candidatures ouvert aux professeurs titulaires de nationalité sénégalaise des établissements d’enseignement supérieur. Il arrête la liste des candidats établie par ordre alphabétique en plus d’un rapport circonstancié sur chaque candidature proposée. Sur cette base, le président de la République procède par décret à la nomination du Recteur parmi les candidats composant la liste transmise au Mesri par le comité. Le processus est en cours à l’université Assane Seck de Ziguinchor suite à l’appel à candidatures, lancé par le Conseil d’administration le 30 avril 2024, avec une date-limite des dépôts des dossiers fixée le 30 mai à 17h. C’est le même processus qui a abouti en décembre 2023 à la nomination du Recteur de l’université Alioune Diop de Bambey, installé le mercredi 13 décembre 2023.
De grâce, que ceux qui s’agitent et qui veulent que le vent de changement qui souffle dans les directions nationales prenne la direction de l’Université Cheikh Anta Diop pour remplacer l’actuel recteur, cessent de rêver. Les syndicats se sont battus pour obtenir de l’autorité d’alors l’adoption des nouveaux textes afin de donner aux pairs la prérogative d’élire les autorités au niveau des établissements universitaires. C’est un acquis syndical de haute portée, qui confère aux universitaires une réelle implication dans la gouvernance des établissements universitaires. Chers concitoyens, chacun est libre de s’engager et de défendre une position politique, mais de grâce ne faisons pas de l’amalgame. Nos amphithéâtres ne doivent pas servir de tribune à aucun parti politique pour dérouler ses activités. Il s’agit d’un précédent dangereux pour notre pays. Pas mal d’édifices dans ce pays, mieux placés que l’Ucad, pourraient accueillir un meeting politique.
Nous lançons un appel à toutes les organisations de la communauté universitaire (Syndicats des Pats, Syndicats des Pers, Amicales des étudiants, Associations des enseignants à la retraite et Associations de parents d’élèves et d’étudiants) de faire bloc pour sauvegarder les principes fondamentaux de notre université. Nous ne devons pas abdiquer, à moins de nous infléchir face à nos responsabilités pour la préservation de ce temple du savoir. Nous invitons les nouvelles autorités étatiques, garantes de la stabilité du pays, jouissant d’une réelle légitimité que le vote des citoyens leur a conférée de mettre les intérêts des Sénégalais au-dessus de toute position partisane. Nous dénonçons publiquement et appelons ouvertement à la condamnation par les toutes les franges des organisations de la communauté universitaire, l’organisation et la tenue d’un meeting politique dans le campus pédagogique de l’université Cheikh Anta Diop de Dakar.
LES 19 ENGAGEMENTS DE SONKO POUR L'ÉCOLE
Le samedi 18 mai 2024, le Premier ministre a dirigé les travaux du premier Conseil interministériel sur la préparation des examens et concours de l’année 2024
Le samedi 18 mai 2024, le Premier ministre, Ousmane Sonko, a dirigé les travaux du premier Conseil interministériel sur la préparation des examens et concours de l’année 2024. La rencontre avec les acteurs de l’Education nationale et de la formation professionnelle à Diamniadio a conduit à la prise de plusieurs décisions dont 19 engagements relatifs surtout au convoyage et à la sécurisation des épreuves, à la protection des centres d’examens et entre autres. Ce, pour une meilleure transparence et efficacité dans les processus d’évaluation pour tous les élèves et candidats concernés. Le premier ministre Ousmane Sonko s’engage :
1. J’engage les Ministres chargés de l’Education nationale, de l’Enseignement supérieur et de la Formation professionnelle, en relation avec les Ministres des Forces Armées, de l’Intérieur, des Collectivités territoriales et des Transports terrestres à : procéder à la mutualisation des ressources et moyens logistiques pour assurer le convoyage sécurisé des épreuves d’examen ; assurer la sécurité des centres d’examen et des personnels mobilisés.
2. J’engage les Ministres chargés de l’Education nationale, de l’Enseignement supérieur, de la Formation professionnelle, de l’Assainissement, des Collectivités territoriales et de l’Environnement, en collaboration avec les communautés, à assurer la mise en état et la propreté des centres d’examen.
3. J’invite les Ministres en charge de l’Energie, de l’Hydraulique et de l’assainissement, en relation avec les Ministres chargés de l’organisation des examens et concours, et le Ministre chargé des Collectivités territoriales à assurer : l’approvisionnement en eau et la mise hors délestage des centres d’examen ; la mise sur pied d’un dispositif de prévention des inondations durant toute la période des examens scolaires.
B. Au titre du déroulement des examens
4. J’engage le Ministre de l’Education nationale, en relation avec le Ministre de l’Intérieur et de la Sécurité publique et le Ministre chargé des collectivités territoriales, à mettre en place un dispositif de recueil d’identité des élèves inscrits à l’examen du CFEE et ne disposant pas de pièce d’état civil, aux fins de constituer une base de données à exploiter en vue de corriger cette situation.
5. J’engage le Ministre de l’Education nationale, en relation avec le Ministre chargé de l’enseignement supérieur et le Ministre de l’Intérieur et de la Sécurité publique, à approfondir l’analyse du rejet des dossiers d’élèves au titre de baccalauréat et, le cas échéant, faire procéder aux régularisations nécessaires avant le démarrage des épreuves.
6. J’engage les Ministres chargés de la Justice et des Collectivités territoriales, en collaboration étroite avec les Maires et leurs associations, à apporter un traitement intransigeant aux abus sur l’état civil, notamment en identifiant et en sanctionnant les auteurs de contrefaçons dans les mairies et leurs complices externes.
7. J’engage le Ministre de la Santé et de l’Action sociale, en relation avec les Ministres concernés, à mettre en place un dispositif opérationnel de prise en charge sanitaire des candidats et de tous les personnels mobilisés autour des examens et concours, durant les épreuves physiques, les jours d’examen et de proclamation des résultats.
8. J’engage les Ministres chargés de l’Education nationale, de l’Enseignement supérieur et de la Formation professionnelle, à mettre sur pied, dans tous les centres d’examen, un dispositif opérationnel de prise en charge des candidats et des personnes à besoin spécifique.
C. Au titre des aspects financiers
9. J’engage le Ministre des Finances et du Budget, en relation avec les Ministres chargés de l’Education nationale, de l’Enseignement supérieur et de la Formation professionnelle, à mobiliser les ressources financières nécessaires pour la prise en charge correcte des besoins d’organisation des examens et concours, notamment en : créditant la caisse d’avance pour le paiement des indemnités de déplacement des correcteurs, des présidents de Jury du Bac, d’EPS, du Bac général et technique ; augmentant le Fonds d’Appui à l’Examen du Baccalauréat (FAEB), au prorata de l’évolution de l’effectif de candidats ; soldant le passif de 2023 des frais de mission liés aux examens et concours (indemnités et déplacements).
10. J’engage le Ministre de la Formation professionnelle, en relation avec le Ministre des Finances et du Budget, à prendre les dispositions appropriées, pour assurer la disponibilité de la matière d’œuvre (intrants pédagogiques) pour les examens professionnels et techniques.
11. J’engage le Ministre en charge de l’Education nationale, en relation avec le Ministre chargé de la Fonction Publique, le Ministre des Finances et du Budget et le Ministre chargé du Numérique à mettre en place un guichet unique pour : vider toutes les instances des arrêtés d’admission aux examens professionnels avant le 30 juin 2024 ; prendre les dispositions nécessaires pour payer les frais de mission liés aux examens et concours (indemnités et déplacements), au plus tard le 30 novembre 2024, conformément aux engagements pris avec les partenaires sociaux.
D. Au titre des perspectives et du suivi de la mise en œuvre des décisions
12. J’engage le Ministre, Secrétaire général du Gouvernement et le Ministre de l’Education nationale, à examiner l’opportunité de recourir à l’Imprimerie nationale du Sénégal et à l’Imprimerie du Ministère de l’Education nationale (IMPRIMEN), pour l’impression des épreuves des examens et concours nationaux.
13. J’engage le Ministre, Secrétaire général du Gouvernement, en relation avec les Ministres chargés de l’Education nationale, des Collectivités territoriales, de l’Intérieur, de l’Enseignement supérieur, de la Formation professionnelle, de la Santé, de la Justice, des Affaires étrangères et du Numérique, à programmer avant la fin du mois de juillet, une réunion interministérielle sur la question de l’Etat civil dans les écoles.
14. J’engage les Ministres chargés de l’Education nationale, de l’Enseignement supérieur, de la Formation professionnelle, en relation avec les Ministres chargés du Numérique et des Collectivités territoriales à : à entreprendre la digitalisation sécurisée de tout le processus d’organisation des examens y compris, la proposition d’un mode opératoire pour le paiement digitalisé des frais d’examen ; à mettre en place un système de numérisation et d’archivage des diplômes de baccalauréat.
15. J’engage le Ministre de l’Enseignement supérieur, en relation avec les Ministres concernés, à examiner l’opportunité de réviser du statut juridique de l’Office du Baccalauréat en le dotant d’une autonomie administrative et financière.
16. J’engage le Ministre de l’Education nationale, en relation avec le Ministre de l’Enseignement supérieur, à procéder à l’évaluation de l’application effective des règles régissant l’organisation et la correction des épreuves en langue arabe et pour la filière arabo-islamique.
17. J’engage le Ministre de l’Education nationale, en relation avec le Ministre chargé des Finances, à examiner les modalités de gestion du Fonds d’appui aux examens et concours.
18. J’engage le Ministre de la Formation professionnelle d’examiner, en relation avec les partenaires sociaux et les structures représentatives des apprenants, l’opportunité de procéder à la suppression des notes éliminatoires de certaines épreuves des examens et concours de l’enseignement technique et professionnel.
19. J’engage le Ministre, Secrétaire général du Gouvernement, en relation avec les Ministres chargés de l’Enseignement supérieur, de l’Education nationale, et de la Formation professionnelle, à assurer le suivi de la mise en œuvre de décisions issues de ce Conseil interministériel, et à me faire le compte rendu régulier.
LE DÉFI DU SOUVERAINISME AFRICAIN POUR LA FRANCE
Paris doit réinventer en urgence son approche, privilégiant l'humilité et le respect, selon François Soudan. Pour ce dernier, le maintien de l'influence française passe par l'abandon de "chiffons rouges" devenus des symboles d'ingérence
(SenePlus) - Un vent de souverainisme et de rejet envers l'ancienne puissance coloniale souffle sur l'Afrique francophone, menaçant l'influence séculaire de la France sur le continent. Comme l'explique François Soudan, directeur de la rédaction de Jeune Afrique, dans une analyse récente, Paris doit faire face à "la résistible montée du sentiment anti-français en Afrique francophone".
Cette tendance néosouverainiste, qui gagne en ampleur auprès des jeunes et des classes moyennes, voire certaines sphères dirigeantes, trouve son origine dans l'échec des mouvements citoyens des années 2000 et l'impasse des transitions démocratiques. Alimenté par les réseaux sociaux et les "analphabètes numérisés" issus de deux décennies de déscolarisation, ce phénomène populiste mêle le rejet de la France, bouc émissaire de proximité, à une dénonciation de certains aspects du mode de vie occidental.
Un événement marquant à l'origine de cette défiance est "l'assassinat de Mouammar Kadhafi au terme d'une sordide chasse à l'homme téléguidée depuis Paris, Londres et Washington", comme le souligne Soudan. Le théoricien Achille Mbembe évoque également "l'asymétrie des connaissances" qui fait que les partenaires africains "connaissent beaucoup mieux" la France que l'inverse.
L'offensive russe et la stratégie du "french bashing"
Dans cette lente érosion de l'influence française, la Russie joue un rôle opportuniste en amplifiant la rhétorique anti-occidentale et anti-française à travers une stratégie de "french bashing". Depuis le sommet de Sotchi en 2019, Moscou soutient et amplifie les acteurs et influenceurs locaux déjà en place, actualisant un récit anticolonial hérité de la guerre froide.
Selon l'ambassadeur français Sylvain Itté, cité par Soudan, cette "machine infernale" recourt aux fermes à trolls et de plus en plus à l'intelligence artificielle, produisant un "effet magnétique immédiat" dès qu'un drapeau russe est brandi lors d'une manifestation.
Face à cette offensive, la France semble "totalement aphone sur le terrain de la communication", note Soudan, en panne de solutions malgré une prise de conscience de la nécessité d'une remise à plat.
Les recommandations d'Achille Mbembe
Pour juguler cette montée du sentiment anti-français, Achille Mbembe, théoricien du post-colonialisme, préconise que la France se débarrasse rapidement de trois "chiffons rouges" : ses bases militaires sur le continent, le franc CFA, et sa pratique restrictive de délivrance des visas.
Ces prérequis sont indispensables, selon Mbembe, pour fonder une "politique de la France en Afrique, sans ingérences ni leçons". Associés à "une bonne dose d'humilité et de respect", ils permettraient d'atteindre la "juste distance" susceptible d'"éteindre les braises d'un sentiment anti-français privé de carburant".
En somme, face au vent de souverainisme qui souffle sur l'Afrique francophone, la France doit répondre par une nouvelle approche, dénuée d'ingérence et empreinte d'humilité, tout en s'attaquant aux symboles devenus des "chiffons rouges". Seule une telle stratégie pourra endiguer le rejet croissant dont elle fait l'objet et préserver son influence sur un continent où, comme le rappelle Soudan, "l'âge médian est de 19 ans" et qui constituera "le premier réservoir de main-d'œuvre disponible pour l'économie mondiale" d'ici 2050.
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SONKO ANNONCE UN CHANGEMENT DE PARADIGME ÉDUCATIF
Langues locales dès la maternelle, plus de souplesse dans les filières, renforcement de l'anglais, réformes des programmes scolaires trop éloignés des besoins réels... Le Premier ministre dévoile ses ambitions de transformation de l'école au Sénégal
Le Premier ministre Ousmane Sonko a clairement affiché samedi ses ambitions pour refonder en profondeur le système éducatif sénégalais. Lors du Conseil interministériel consacré à cette question cruciale, il a martelé que "les Sénégalais doivent surtout s'éduquer, c'est essentiel pour le capital humain".
Dans un discours volontariste, Sonko a dressé un constat sans concession : "Nous connaissons les défis, ils sont colossaux que ce soit pour les infrastructures, les ressources humaines ou l'accompagnement social. Nous ne pouvons réaliser nos objectifs de développement sans résorber ces manques ".
La réforme phare annoncée est l'introduction généralisée des langues nationales dès la petite enfance avant d'apprendre le français et l'anglais. "Une partie de notre retard s'explique par le fait que nous voulons à bas âge imposer à nos enfants de s'alphabétiser dans des langues qu'ils ne peuvent pas", a martelé le Premier ministre, citant son "mentor" le président Macky Sall pour qui c'est "une souffrance très chère".
"Il ya que l'Afrique qui emprunte des langues étrangères pour essayer de les imposer. On perd entre 8 et 13 ans pour que l'enfant essaie de posséder cette autre langue, alors qu'au moment où il va à la maternelle il parlait déjà sa langue maternelle", a-t-il insisté.
L'apprentissage de l'anglais, "langue de communication internationale", sera également renforcé selon Sonko, mais sans faire fi des langues locales qui sont "une richesse et non un appauvrissement".
Autre chantier d'envergure, une révision en profondeur des programmes scolaires jugés trop chargés et éloignés du pragmatisme. "On met tout et rien finalement. Je me demande parfois à quoi a servi tout ce que j'ai appris du primaire à l'université", a lâché le chef du gouvernement.
Il a également plaidé pour plus de souplesse dans les filières, prenant l'exemple d'"élèves sortis avec un bac littéraire mais qui se sont retrouvés à faire des études de comptabilité ou d'économie appliquée".
Au passage, Sonko a lancé une pique aux "traditions héritées", se disant prête à s'inspirer de "modèles inspirants" à l'étranger comme au Japon ou au Rwanda. "Il faut sortir de notre zone de confort", at-il exhorté.
Dernier dossier brûlant, la nécessité de lutter contre "les négligences, voire les fraudes" dans la délivrance d'état civil, un "phénomène" auquel il veut "mettre fin définitivement avec fermeté".
par Moussa Sylla
POURQUOI DEVONS-NOUS LIRE ?
Je lance un plaidoyer fort en faveur des livres, car je sais qu’ils nous permettront de changer notre vie. Faisons le choix de lire, tout lire, même les livres qualifiés d’hérétiques. C’est ainsi que nous développerons la faculté de concentration
Les mémoires d’Abdoulaye Bathily, Passion de liberté, sont un pur délice de sagesse, d’érudition, d’élégance littéraire. J’ai pris plaisir à lire ce livre d’un trait, et très souvent, à le reparcourir à mes heures perdues, tant il contient des passages édifiants et inspirants.
Une histoire m’a particulièrement marqué, dans ces mémoires. Sa réussite au baccalauréat, dans des conditions qui montrent l’importance de la résilience.
Abdoulaye Bathily a été exclu de l’école pour mouvement séditieux (grève, insubordination). Aucune école ne voulut ensuite l’accepter, parce que des instructions avaient été données dans ce sens par le gouvernement. N’étant pas né dans une famille aisée, il n’avait pas les moyens de s’inscrire dans une école privée. Aussi décida-t-il de tenter sa chance au baccalauréat en tant que candidat libre.
Il travailla avec acharnement pour obtenir son baccalauréat, parallèlement à son emploi à l’Institut fondamental d’Afrique noire (IFAN). Le décès de son papa, quelques jours avant l’examen, ne le détourna pas de ses objectifs, car pour lui, lui rendre hommage revenait à réussir au baccalauréat, tant son père avait insisté pour qu’il étudiât. Il atteignit son objectif en obtenant le diplôme avec la mention Bien.
À la lecture de ce passage, je m’arrêtai pour me poser des questions : comment certaines personnes, devant certaines situations, se métamorphosent-elles pour développer leur potentiel ? Elles ne se plaignent pas, elles n’attribuent pas leurs difficultés du moment à d’autres et prennent la responsabilité de leur destin. D’autres, cependant, se plaignent, accusent le monde entier, ne se demandent pas : « Comment puis-je améliorer ma situation, que dois-je faire dans ce sens ? »
Telle est la magie des livres ; ils sont un moyen de s’élever, ils représentent la voie par excellence pour retrouver espoir et apprendre des devanciers. La lecture de biographies et de mémoires me conforte toujours sur ce point de vue. Tandis que la plupart des gens pensent que la trajectoire des personnes célèbres est linéaire, une lecture attentive de leurs mémoires ou biographies révèle que tel n’est pas le cas.
Très souvent, elles ont connu ces doutes et découragements qui sont des choses normales dans toute existence humaine. Cependant, la différence entre les personnes qui atteignent leurs objectifs et s’élèvent au sommet et celles qui connaissent un destin moyen est souvent la persistance ou le renoncementface aux difficultés.
Quand je discute avec des personnes plus jeunes que moi, je mets toujours l’accent sur l’importance de la lecture. Je leur conseille, si elles veulent changer positivement leur vie, de lire, beaucoup, et tout lire.
Avec l’avènement puis la prépondérance des réseaux sociaux, nos cerveaux sont en train d’être remodelés. Ils sont en proie à une attention et à une concentration faibles, à l’ennui persistant. Or, la pensée en profondeur facilite grandement la réussite, comme le défend Nicolas Carr dans son livre TheShallows, ou encore Cal Newport dans son livre Deep Work, sous-titré, Retrouver la concentration dans un monde de distractions.
Dans son livre précité, Cal Newport écrit : « Il est important de mettre l’accent sur l’omniprésence en profondeur chez les personnes influentes, car cela contraste violemment avec le comportement de la plupart des travailleurs du savoir — un groupe d’individus qui est en train d’oublier ce que peut apporter le fait d’approfondir les choses. »
Cette pensée de Cal Newport montre ce qu’il faut faire pour progresser dans sa carrière. C’est adopter délibérément la pensée profonde, la réflexion, refuser la superficialité. L’acquisition de ces qualités est facilitée par les livres. Dans ce sens, ils permettent d’accélérer sa carrière et d’atteindre plus facilement ses objectifs.
Les périodes les plus fécondes de ma vie ont été celles où j’ai adopté délibérément la réflexion profonde. Pendant des années, j’étais absent de tous les réseaux sociaux. Ce furent des années très productives, pendant lesquelles j’ai beaucoup publié et acquis les bases me facilitant l’écriture. Je suis revenu aux réseaux sociaux, mais m’évertue à ne pas me laisser dominer par eux. La lecture est l’une des armes favorites pour y parvenir.
Aujourd’hui, je déplore que le Sénégal ne dispose toujours pas d’une bibliothèque nationale. Dans un pays d’écrivains talentueux, cela est un scandale. Je n’ai rien contre le sport, que j’adore, mais qu’il y ait autant de stades et une arène nationale pour la lutte mais qu’il n’y ait toujours pas de bibliothèque nationale montre que notre pays ne se donne pas les chances de se développer. Se doter d’une bibliothèque nationale serait un énorme symbole, montrant que le Sénégal a compris que dans le monde d’aujourd’hui, le savoir prime, et un pays qui y investit avance(ra) plus rapidement.
Le Sénégal devrait également faciliter l’accès aux livres en construisant, comme je l’ai écrit plus haut, une bibliothèque nationale et en dotant ses terroirs de bibliothèques. Cela démocratisera le livre et contribuera à améliorer l’égalité des chances dans notre pays. Parfois, si les jeunes ne lisent pas, c’est parce qu’ils n’ont pas les moyens d’acheter des livres. Ces derniers coûtent cher et ne sont pas à la portée de tout le monde. Je me rappelle qu’il y a quelques années, je cherchais les livres qui me plaisaient sur des sites internet douteux, car je n’avais pas toujours les moyens de les acheter.
Si l’accès aux livres n’est pas facilité au Sénégal, l’inégalité des chances y persistera, avec ceux et celles qui ont les moyens de s’en procurer et ceux et celles qui ne les ont pas. Le devoir de l’État est d’y remédier, afin que chaque personne qui veuille lire puisse le faire.
À un niveau individuel, nous devons comprendre les bénéfices que nous apportera la lecture. Elle nous permettra d’avancer plus rapidement dans notre carrière ou dans notre projet d’entrepreneuriat, de devenir de meilleures personnes, tolérantes et ouvertes d’esprit. Je soupçonne que les lecteurs sont en moyenne plus tolérants que les non-lecteurs.
La sirène des réseaux sociaux est tentante. Ils donnent accès aux gratifications instantanées, au neuf. Mais de là vient leur danger. Ils nuisent à ces qualités primordiales à la réussite que sont la pensée profonde, la réflexion délibérée, la capacité de s’ennuyer. Leurs fondateurs, connaissant leurs risques, refusent leurs conséquences négatives pour eux et leurs enfants en se déconnectant. Que font-ils à la place ? Ils lisent.
Suivons leur exemple et lisons. Les civilisations prospères sont des civilisations de savoir, de connaissance. Les personnes les mieux rémunérées aujourd’hui sont celles qui maîtrisent le mieux leur domaine. Cela a un coût, comme la gratification différée. Dans le cas du livre, ses effets positifs ne se remarqueront pas d’emblée. Ils prendront du temps, mais quand ils commenceront à se manifester, nous penserons que nous aurions dû lire davantage.
Si tout le monde passe son temps libre à surfer sur les réseaux ou à regarder la télévision, il n’y a aucun avantage comparatif si nous aussi le faisons. Cependant, si nous choisissons la concentration et refusons la distraction que facilite le fait de surfer sur internet, nous nous donnons des avantages qui seront décisifs, nous distingueront et faciliteront l’atteinte de nos objectifs.
Je lance un plaidoyer fort en faveur des livres, car je sais qu’ils nous permettront de changer notre vie. Faisons le choix de lire, tout lire, même les livres qualifiés d’hérétiques. C’est ainsi que nous développerons la faculté de concentration et acquerrons la capacité de tolérance. Cela vaut un essai, dès maintenant.
À nos livres !
Moussa Sylla est auteur du livreLa conformité bancaire au Sénégal et dans la zone UMOA.
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LES TRESORS DE L’IFAN
Contes africains, musées, langues nationales, recherche scientifique, niveau de pollution au CO2, botanique, bibliothèques, biologie animale, islam, etc. Tous ces mots apparemment non reliés ont un point en commun : l’Ifan.
Contes africains, musées, langues nationales, recherche scientifique, niveau de pollution au CO2, botanique, bibliothèques, biologie animale, islam, etc. Tous ces mots apparemment non reliés ont un point en commun : l’Ifan. Cette institution est comme un puzzle dont ces mots, et bien d’autres, sont les composants. Une fois chaque pièce identifiée et soigneusement agencée, on se retrouve avec l’image d’une institution qui repose sur deux piliers : la préservation du patrimoine culturel de l’Afrique et la recherche scientifique au service du bien commun.
Dans un contexte de rachat de la bibliothèque de Senghor, il convient de rappeler un événement qui a eu lieu en juillet 2022 : le legs à l’Ifan de la bibliothèque personnelle de Abdoulaye Ly. Cet intellectuel décédé en 2013 à l’âge de 93 ans était le premier sénégalais détenteur d’un doctorat en histoire. Il était aussi le premier assistant de recherche africain de l’Ifan (1954). Conformément à la volonté du défunt, sa famille a remis à son ancienne institution sa bibliothèque riche de 1500 ouvrages. Cet épisode révèle l’un des moyens par lesquels le riche patrimoine de l’Ifan s’est constitué : Le legs. Parmi les hommes ayant transmis leur collection, il y a notamment l’intellectuel arabisant Cheikh Moussa Kamara (1864-1945) ainsi que le Gouverneur Henri Gaden qui aurait également conçu un dictionnaire français-pulaar. Le Fonds initial de la bibliothèque a été hérité de l’Aof en 1938. Par la suite, la collection s’est enrichie avec des achats, des dons, des collectes de terrain, des échanges avec d’autres institutions mais aussi et surtout les publications de chercheurs. Ces ouvrages, archives et manuscrits sont pour les chercheurs et les curieux une source de savoirs ancestraux rares, de témoignages, de résultats de recherches et un moyen de mieux connaitre l’histoire des sociétés africaines.
L’archéologie... en mer
Toutefois, les sources orales et écrites ne sont pas les seuls moyens de retracer l’histoire. L’archéologie nous renseigne sur le passé à travers les vestiges matériels laissés par les sociétés étudiées. Ces vestiges peuvent inclure des artefacts, des structures architecturales, des restes humains, des outils, des poteries, des inscriptions, etc. Ces trouvailles aident à reconstituer et à comprendre les modes de vie, la culture, l’avancée technologique et les relations sociales des civilisations anciennes. L’Ifan a mené plusieurs fouilles archéologiques au Sénégal et en Afrique de l’Ouest. Alors que les fouilles en terre sont plus répandues, l’Ifan a participé récemment à des fouilles en mer à la recherche d’épaves de navires ayant coulé durant l’esclavage. Ce projet mené en collaboration avec une institution afroaméricaine entend retracer l’histoire de l’esclavage en faisant parler les bateaux négriers qui reposent au fond de l’Atlantique. A travers l’état de ces navires et de leurs funestes cargaisons humaines, les chercheurs espèrent faire des découvertes qui vont aider à mieux documenter l’histoire de cette tragédie humaine.
Faire parler des bateaux naufragés
L’Unesco estime à près d’un millier le nombre de navires négriers ayant sombré entre l’Afrique et l’Amérique. Ces accidents sont attribués à plusieurs causes : «Les obstacles à la navigation (mauvaise visibilité, bancs de sable…), ainsi que la rivalité entre puissances européennes, ont précipité vers le fond de nombreuses embarcations et avec elles les milliers d’esclaves qui avaient été forcés d’embarquer», lit-on dans un article publié par l’Unesco et portant la signature du Dr Madické Guèye de l’Ifan. L’équipe de plongeurs-chercheurs sénégalais est menée par le Pr Ibrahima Thiaw, archéologue à l’Ifan. Les recherches se concentrent aux larges de l’île de Gorée. Entre 2016 et 2017, une recherche avait montré qu’il y avait au moins 24 sites archéologiques aux larges de l’île. Il s’agit maintenant d’identifier ces épaves et de collecter des données qui vont renseigner sur les conditions de vie à bord et peut-être les circonstances du naufrage. Certains vestiges pourraient être remontés en surface et conservés dans des musées. Néanmoins, le séjour prolongé en mer peut entrainer une dégradation nécessitant des conditions spéciales de conservation. Or, «le Sénégal n’est pas encore équipé de laboratoire de conservation, élément primordial pour poursuivre les fouilles archéologiques sous-marines», déplore Madické Guèye, Docteur en archéologie sous-marine.
3 grands musées dont l’un situé dans une ancienne prison
L’Ifan dispose cependant d’un réseau de trois musées où sont conservés et exposés des vestiges de l’histoire africaine. Le musée Théodore Monod situé au Plateau à Dakar est consacré à la préservation et à la valorisation du patrimoine culturel africain. Il abrite plus de 9700 objets et vestiges historiques. Le musée historique à Gorée est consacré à l’histoire générale du Sénégal. Ce musée est aménagé dans le Fort d’Estrées qui était une ancienne prison où furent incarcérés des opposants au régime de Senghor. Omar Blondin Diop y trouva la mort en 1973. Cette imposante bâtisse abrite désormais une collection de cartes, d’objets et de pièces «qui retracent l’histoire de l’Île de Gorée, de la traite négrière, des royaumes de la Sénégambie et de l’Islam au Sénégal entre autres», lit-on sur le site de l’Ifan. Toujours situé à Gorée, il y a le Musée de la Mer consacré à l’eau et à la biodiversité marine. Le Sénégal disposant d’îles et de 700 km de côtes, on comprend l’importance accordée à la mer et à ce qu’elle abrite. Après tout, que serait le thièbou djeun sans le poisson ? Le musée abrite une collection de plusieurs centaines de poissons et de mollusques.
L’IFAN, UNE EXISTENCE FONDAMENTALE
Lieu de vie et de recherches de Cheikh Anta Diop, le laboratoire de datation au carbone 14 de l'Ifan a longtemps porté la vision scientifique de ce dernier. Malgré sa réhabilitation, il demeure méconnu des nouvelles générations
Ifan. La querelle autour du détachement envisagé de Pr Ismaïla Madior Fall a réveillé ce creuset de savoir et de savoir-faire. Même des étudiants de l’Université Cheikh Anta Diop ne pourraient pas dire que c’est Institut fondamental d’Afrique noire ! La recherche, fondamentale surtout, n’a pas besoin de bruit. Que d’histoires dans ce temple historique. Que de découvertes aussi dans ce lieu de convergences des esprits scientifiques. Si l’enfant Ifan, né en août 1936, était un prénom, on aurait pu lui adjoindre des noms comme Monod (Théodore), Diop (Cheikh Anta) et tant d’autres qui ont vulgarisé cette âme scientifique dans le monde. Bés bi fouille ce stimulateur de savoirs qui est à sa 88e année.
Laboratoire de datation au carbone 14 de l’Ifan : Lieu d’exil et de gloire pour Cheikh Anta Diop
1986. L’Afrique est endeuillée par la disparition de Cheikh Anta Diop, emporté par une crise cardiaque à l’âge de 63 ans. 1986 fera une autre victime bien moins médiatisée. Le laboratoire de carbone 14 de l’Ifan devenu orphelin ne survivra pas à son illustre créateur qui l’a bâti de ses propres mains. Aujourd’hui ressuscité, ce laboratoire qui sert de trait d’union entre Cheikh Anta Diop et l’Ifan a vu le jour en 1966. Retour sur l’histoire qui liait un scientifique à son labo, l’importance des recherches qui y ont été menées ainsi que ce qu’il est advenu du labo.
1960 marque un tournant dans la vie de Cheikh Anta Diop. «Je vais rentrer définitivement en Afrique noire dès la semaine prochaine, et j’essaierai de contribuer à la formation des cadres et de contribuer aussi à l’impulsion de la recherche scientifique», annonce-t-il après sa soutenance. Former les cadres, il ne lui sera pas donné l’opportunité. Les portes de l’Université de Dakar lui sont fermées du fait de son opposition à Senghor et de la mention honorable, à défaut de très honorable, sanctionnant sa thèse de doctorat. Il se consacre donc entièrement à la recherche scientifique à l’Ifan où il est recruté comme Assistant. Très vite, il gagne le respect de Théodore Monod, Directeur de l’Ifan, qui soutient son projet de création d’un laboratoire. Une salle est aménagée, du matériel acheté et Cheikh Anta Diop est envoyé en stage dans un laboratoire de radiocarbone en France. «Il s’est écoulé quatre années (1963-1966) entre le moment où fut donné le premier coup de pioche pour la construction des locaux et la mise en service du laboratoire», écrit Cheikh Anta Diop dans son ouvrage, «Le Laboratoire du radiocarbone de l’Ifan». S’appuyant sur sa formation pluridisciplinaire qui inclut notamment des études en Chimie auprès du Prix Nobel Frédérique Joliot-Curie, le chercheur monte tout seul son laboratoire et assure son fonctionnement. Pendant 20 ans, il trouvera refuge dans ce local où il mène des recherches pour donner une base scientifique à sa thèse.
Un labo pour réhabiliter l’histoire de l’Afrique
La thèse de Cheikh Anta Diop peut être résumée ainsi : La brillante civilisation de l’Égypte antique qui a inspiré Grecs et Romains était noire et africaine. En rattachant l’Afrique à l’une des plus anciennes et l’une des plus avancées civilisations humaines, C. A. Diop défie donc l’idée d’un continent noir dénié d’histoire. «En réalité, l’Afrique est à l’origine de la civilisation humaine», explique-t-il. Mais cette affirmation, aussi valorisante soit-elle, devait être étayée par des preuves scientifiques afin d’être prise au sérieux. C’est ici qu’entre en jeu le labo de carbone 14. Le principe de la datation au carbone 14 est simple : De leur vivant, les organismes absorbent du carbone qui est rejeté après leur mort. En mesurant la quantité de carbone 14 restant dans un échantillon, les scientifiques peuvent estimer l’âge de l’échantillon en calculant le temps écoulé depuis la mort de l’organisme. C’est ce principe qui permet donc à C. A. Diop de déterminer l’âge des vestiges archéologiques qu’il étudie. Il analyse aussi le taux de mélanine présent dans les tissus des momies pour déterminer leur caractère négroïde. Ses recherches en linguistique avaient déjà montré une proximité entre la langue égyptienne et certaines langues africaines.
Le labo : Un espace de vie qui ne survivra pas à son créateur
Ce labo dédié à la science était aussi un espace de vie et un lieu de socialisation pour celui qu’on avait fini par appeler l’Ermite de l’Ifan. «Cheikh y recevait. Et tous les jours que Dieu faisait, il avait à dix heures sa conversation avec Vieux Ndiaye, le planton du Rectorat, au courant de tous les ragots et rumeurs. ‘’Il en a vu des colons, celui-là’’, disait Cheikh en ricanant. Ensuite défilaient les fidèles du Cheikhisme, des militants, ...», écrit Pathé Diagne dans un livre dédié à C. A. Diop. Malheureusement, le labo connait de graves difficultés économiques au début des années 1980. «À partir des années 1980, son fonctionnement rencontre de sérieuses difficultés, notamment en raison de l’insuffisance des ressources requises pour la maintenance et le renouvellement de matériels essentiels à la réalisation des datations», écrit Cheikh Mbacké Diop, physicien et fils du Chercheur. Finalement, le labo ne survit pas à son créateur. C’est la fin d’un compagnonnage qui aura duré 20 ans (1966- 1986).
Un labo réhabilité mais pas assez connu
Le labo est ressuscité en 2003 grâce à un financement de l’Etat et de partenaires. L’équipement avec lequel travaillait C. A. Diop est aujourd’hui vétuste et dépassé. Il est cependant conservé comme un musée. Du matériel plus avancé est désormais utilisé. Tout en continuant les datations, le labo étend son champ d’action sur les questions environnementales. On y procède à une mesure de la pollution au CO2 dans l’atmosphère et dans les eaux souterraines. «Les poissons incorporent beaucoup de pollution. Nous, à travers ces différents animaux aquatiques, on peut déterminer la quantité de pollution dans l’eau. Cela aide à la prise de décision», confie l’ingénieur Alpha Omar Diallo à Rfi. Une récente enquête publiée en 2023 montre que le labo est largement méconnu. Sur 2006 étudiants interrogés, 77% ne connaissaient pas l’emplacement exact du labo, 44% ont avoué ne pas savoir ce qu’est la datation au carbone 14 et 35% ne savent pas ce que représente l’Ifan. Une ironie, sachant que l’Ifan et le labo de carbone 14 œuvrent à raviver la mémoire du continent et à préserver l’histoire et le riche patrimoine de l’Afrique.
L’UN-CHK VEUT ETRE AU «RENDEZ-VOUS DE L’AVENIR PROFESSIONNEL»
L’Université numérique Cheikh Hamidou Kane (Un-Chk) a organisé, jeudi, son premier colloque dédié au secteur informel.
L’Université numérique Cheikh Hamidou Kane (Un-Chk) a organisé, jeudi, son premier colloque dédié au secteur informel. Cette activité, portée par son pôle d’Innovation et d’expertise pour le développement (Pied) et le pôle Lettres sciences humaines et de l’éducation (Lshe), prépare la création d’une licence, d’un master et d’une formation doctorale en sociologie économique axée sur le secteur informel pour mieux intégrer les groupes professionnels informels dans la société par le biais d’incubateurs
L’Université numérique Cheikh Hamidou Kane (UnChk) a organisé, ce 16 mai, la 9e édition de la série de conférences «Eno Jokko». Pendant deux jours, à l’auditorium Khaly Amar Fall de l’Ucad, il a été question du secteur informel qui devrait être intégré dans les filières de l’université. Sophie Guèye, fondatrice de l’association «Les racines de l’espoir» était l’invitée de cette rencontre présidée par le Professeur Ousmane Sall, Vice-recteur chargé de la recherche, de l’innovation et des partenariats de cette université. Mme Guèye, à travers ses actions humanitaires, appuie les jeunes et les invite à avoir la patience en bandoulière. Avec les deux journées de colloque dédiées à l’avenir du secteur informel, l’ex-Uvs veut façonner un environnement «plus inclusif et dynamique, représentant un rendez-vous incontournable pour l’avenir professionnel». En effet, face au défi de la formalisation, malgré l’intérêt croissant que suscite le secteur informel, l’Université ambitionne de former des communautés d’apprenants qui pourront mettre leur savoir au profit de la société, en développant des partenariats stratégiques.
Son slogan «Foo Nekk Foofu La» témoigne de cette proximité et de cette opportunité offerte à toute personne désirant bénéficier de formation universitaire où qu’elle se trouve. «L’Un-Chk promeut l’émergence d’un nouveau modèle d’enseignement basé sur le numérique avec un système pédagogique innovant. Elle a pour mission de développer des programmes et des projets d’enseignement à distance ou en présentiel, dans le cadre de la formation initiale, de la formation continue et de la formation professionnelle, la promotion des valeurs africaines et universelles», lit-on.
VERS LA CONSOLIDATION DU CALENDRIER ACADEMIQUE
Le ministre de l’Enseignement supérieur, de la Recherche et de l’innovation, El Hadji Abdourahmane Diouf, a annoncé, jeudi, à Dakar, être en concertation avec les acteurs universitaires pour mettre en place un calendrier académique intangible.
Dakar, 16 mai (APS) – Le ministre de l’Enseignement supérieur, de la Recherche et de l’innovation, El Hadji Abdourahmane Diouf, a annoncé, jeudi, à Dakar, être en concertation avec les acteurs universitaires pour mettre en place un calendrier académique intangible.
”Depuis que nous avons pris la tête du ministère, nous travaillons avec les acteurs et nous avons finalement décidé d’aller en séminaire à la fin du mois de mai pour discuter, avec l’objectif principal de rétablir le calendrier académique, ce qui peut régler beaucoup de difficultés financières rencontrés par le secteur”, a-t-il dit.
Il a souligné que ce séminaire avec les acteurs sera l’occasion de discuter de toutes les questions connexes au calendrier universitaire notamment le recrutement des enseignants-chercheurs, la question des vacataires de l’université, la question des chantiers inachevés du ministère, entre autres.
”Nous espérons qu’avec la participation de tous les acteurs, au début du mois de juin, nous parviendrons à une solution”, a-t-il ajouté en marge de la cérémonie de sortie de la 51e promotion du centre d’études des sciences et technique de l’information (CESTI) de l’Université Cheikh Anta Diop (UCAD) de Dakar.
”Depuis au moins une dizaine d’années, on n’a pas un calendrier académique stable au Sénégal et cela a des conséquences naturellement sur le plan académique, sur le plan financier et cela fait de l’université sénégalaise une exception, dans la mesure où nous sommes l’une des rares universités du monde à ne pas avoir un calendrier académique intangible”, a déploré M. Diouf.
Ce glissement du calendrier, selon lui, a aussi un impact financier négatif. Par exemple, a-t-il dit, ”pratiquement toute les licences au Sénégal sont aujourd’hui délivrées sur quatre années au lieu de trois années, sans pour autant que l’étudiant redouble. Alors imaginez une année de bourse, une année de salaire pour les enseignants, une année de repas, une année de subventions de l’État cumulé sur 12 années”.
Cela montre que la plupart des difficultés financières notées au niveau de l’Enseignement supérieur peuvent être résolues par l’Enseignement supérieur lui même s’il consent à faire l’effort de revenir à une année académique normale, a soutenu le ministre.
Une autre question importante pour rétablir le calendrier universitaire, c’est l’orientation des bacheliers, a fait savoir Abdourahmane Diouf.
”Depuis des années, les bacheliers sont orientés cinq à huit mois après le bac. Nous avons un objectif très ambitieux mais pas impossible qui est d’orienter les étudiants avant la fin du mois d’août. Nous y travaillons et nous avons de très belles projections”, a-t-il assuré.
par Youssouf Mbargane Guissé
LA RÉVOLUTION CONCEPTUELLE AFRICAINE EN MARCHE
EXCLUSIF SENEPLUS - Desserrer l’hégémonie conceptuelle de l’Occident impérialiste sur nos sociétés nécessite l’officialisation profonde des langues africaines et leur pratique généralisée
« Leur dépendance caractéristique a toujours empêché l’oligarchie et la bourgeoisie de se constituer une doctrine propre… Et, sur le plan idéologique, elles n’ont jamais produit un « corps d’idées » qui légitiment leur action politique. Elles étaient (et sont encore) des bourgeoisies incomplètes, doctrinairement castrées. Il n’est donc pas étonnant qu’elles aient toujours été à l’avant de la docilité dans le domaine de la pensée. Car comme elles ne produisent pas leurs propres concepts, elles reprennent à leur compte les concepts élaborés par les intellectuels (bourgeois) étrangers » - Edgar Monteil, philosophe et sociologue péruvien.
Depuis ces dernières années, des changements importants sont apparus dans le champ intellectuel africain au moment où la géopolitique mondiale est en train de basculer vers une nouvelle reconfiguration des rapports de forces. On assiste à une remise en cause de la volonté de l’occident impérialiste de soumettre son modèle aux Etats et nations de la planète. Ces changements marquent une étape majeure dans le processus de libération de l’étau conceptuel du monde occidental sur nos sociétés. Cette question capitale de la souveraineté de la pensée, condition de la libération définitive de l’aliénation, de la dépersonnalisation et de la dépendance a été la préoccupation de nombreux intellectuels de toutes disciplines sur le continent. C’est particulièrement à la fin de la première guerre mondiale, dans le contexte de ce qu’on a appelé « La question nègre », que s’est développe le réveil des colonies à l’indépendance, de même que les mouvements d’affirmation noirs aux Etats Unis d’Amérique et dans les Caraïbes.
Alors que se déroulaient sur le terrain révoltes, résistances et mouvements de libération, des intellectuels de ces communautés exploraient autour de la Revue « Présence Africaine » en France, les voies et moyens intellectuels de la souveraineté culturelle et politique dont témoignent les deux grands Congrès des Intellectuels, écrivains et artistes noirs, tenus à Paris en 1956, puis à Rome en 1959. Parmi les fortes productions intellectuelles alternatives de l’époque et celles après les indépendances, on peut en citer quatre fort marquantes : « Nations nègres et culture » de Cheikh Anta Diop,[1]« Les damnés de la terre » de Frantz Fanon,[2] « L’Afrique doit s’unir » de Kwame Nkrumah,[3]« L’accumulation à l’échelle mondiale » de Samir Amin,[4]« L’arme de la théorie » et « La pratique des armes » de Amilcar Cabral.[5]
Mais la consolidation des régimes répressifs dans les nouveaux Etats sous domination néocoloniale a vu le reflux de la résistance intellectuelle et culturelle qui cependant, n’a jamais cessé ni dans les académies, ni sur le terrain de par les luttes nationales et sociales des syndicats, de la jeunesse et des masses.
Cette période d’opacité de la réalité néocoloniale est en train de s’estomper progressivement, d’une part du fait de l’échec patent des politiques économiques libérales et de l’immense désastre causé sur le continent dont la pauvreté, l’insécurité et le désarroi,[6] d’autre part du fait de l’éveil de conscience et des affirmations identitaires nés de la pluralité culturelle ouverte par la mondialisation. Mais surtout le contexte est celui de l’émergence d’une nouvelle génération de chercheurs et savants « armés de sciences jusqu’aux dents » ainsi que d’artistes et créateurs de talent ayant repris le flambeau. Cette nouvelle période ouverte offre désormais l’opportunité de « la remise en cause des anciennes hégémonies et d’émergences de nouvelles légitimités ». En effet se dessine une reconfiguration dans l’armature intellectuelle jusqu’ici dominée par les traditions académiques universalistes occidentales dans leurs objets, méthodes et finalités. La pensée et les savoirs endogènes interviennent désormais avec une approche holistique des réalités vues sous leurs connexions multiples. La production des connaissances sur les dynamiques de transformations sociales, politiques et culturelles, doit désormais intégrer les dimensions des écologies, des héritages, de la symbolique et des pratiques anthropologiques. Une telle nouveauté introduit un renversement des paradigmes, visions et interprétations et met en scène l’intervention d’autres acteurs intellectuels de la tradition que le mode colonial de production des sciences avait jusqu’ici mis à l’écart de façon délibérée.
La rupture épistémologique qui s’enclenche porte sur la question essentielle de la souveraineté culturelle car les Africains doivent reconceptualiser de manière autonome et en toute responsabilité leur destin existentiel par la sélection des éléments constitutifs de leur propre futur.[7]La déconstruction de l’appareil idéologique d’hégémonie conceptuelle du capitalisme libéral a été menée de manière vigoureuse et savante par la première génération d’intellectuels africains dans les différentes disciplines académiques, mais aussi antérieurement dans la puissante littérature arabo islamique de résistance anti coloniale au 19e siècle, au sein des confréries soufi et aussi par des penseurs libres. Cette remise en cause se poursuit en de nouveaux termes au sein des générations actuelles qui se donnent la main dans les réseaux et nouvelles plateformes scientifiques, artistiques et culturelles.[8]Il s’agit dans ces nouveaux espaces de solidarité et de coopération intellectuelle et esthétique, d’inventer de nouveaux paradigmes d’un développement endogène intégral. Une nouvelle vision critique, prospective, opérationnelle se fortifie, fondée sur le potentiel créateur et subversif des héritages politiques et intellectuels africains et des enseignements des luttes des peuples pour la démocratisation et l’humanisation du monde encore si tardives.
En effet cette rupture épistémologique est une remise en cause du modèle universaliste de développement capitaliste imposé. Elle oblige de sortir définitivement du courant hégémoniste de la modernisation occidentale, de ses chiffres, mythes et falsifications. La rupture bouscule certaines traditions académiques figées et remet en cause le formatage intellectuel dû aux formations reçues. Elle implique un renouvèlement nécessaire des problématiques, des méthodes et approches, nécessitant la réévaluation des académies de recherche, d’enseignement et de formation et leur réadaptation conforme aux besoins du projet essentiel de la modernité africaine. La rupture trouve ses ressorts dans l’appropriation des multiples avancées artistiques, écologiques, philosophiques réalisées par les générations successives d’Africains de sources culturelles et de traditions intellectuelles diverses. Elle s’enrichit particulièrement des résultats probants issus de la coopération fructueuse entre disciplines au sein des équipes, réseaux et plateformes africains et internationaux. Mais ce processus d’élaboration conceptuelle trouve sa substance historique, sa force et sa légitimité politique lorsqu’il puise sa sève nourricière de l’expérience sociale et culturelle des masses et contribue de manière décisive à la rénovation de la pensée sociale.
L’approche totalisante fournie par l’économie politique et l’anthropologie culturelle permet alors aux chercheurs des différentes disciplines fragmentées de se rejoindre au carrefour de la transdisciplinarité et d’appréhender la dimension globale et intégrée des dynamiques au sein des sociétés. Elle doit mettre en lumière au sein de celles-ci, l’exploitation sociale fondamentale de classe, la base économique et les intérêts financiers qui fondent les alliances avec le capitalisme international dominant. Elle édifie sur l’existence d’un bloc hégémonique d’Etat compradore et sur les idéologies justificatrices de la domination et de la servitude.
Mais desserrer l’hégémonie conceptuelle de l’Occident impérialiste sur nos sociétés nécessite l’officialisation profonde des langues africaines et leur pratique généralisée dans l’éducation, les académies, l’administration, la vie économique et politique. Il s’agit de consacrer de manière irréversible et féconde la liaison de l’école à la vie, de la science et des innovations technologiques aux systèmes productifs, de fonder la gouvernance sur l’éthique. Seul en effet, ce nouveau paradigme de l’usage des langues africaines peut assurer la participation populaire libre, faisant désormais de l’espace politique, le foyer pacifié et véridique de la délibération, de la transparence, de la redevabilité. En réalité, la question linguistique, au-delà de son caractère pédagogique et de communication, constitue le cœur existentiel de l’identité, des appartenances sociales, des liens avec la nature et la Transcendance. La langue est en réalité le carrefour des temps et des espaces. Elle reproduit l’individu et les communautés en tant qu’histoire, mémoire, réponses et possibilités. La langue est donc le terreau fertile d’où germe l’esprit sacré d’insoumission et de révolte pour la reprise collective de l’initiative historique. La révolution conceptuelle repose ainsi sur les trois piliers suivants : la langue, la pratique sociale et l’esprit critique. Ces trois éléments sont porteurs de la rupture. Ils constituent le processus dialectique par lequel la pensée se régénère et l’homme s’affirme debout et résolu face aux défis.
C’est donc à travers les luttes sociales patriotiques et révolutionnaires que les individus et les communautés actent la désaliénation, valorisent leurs cultures et affirment leur identité africaine. C’est le « retour de soi à soi à un niveau supérieur », selon la belle formule de Joseph Ki Zerbo. Une telle perspective historique est déjà ouverte sur le continent et dans la Diaspora par l’action des intellectuels, savants et artistes, des partis politiques révolutionnaires et par les mobilisations des mouvements des jeunes, des femmes et des organisations citoyennes de veille. Désormais ces forces organisées prennent place sur l’échiquier politique africain tandis qu’émergent de nouveaux « dirigeants spirituels de la révolution », incarnation pour la jeunesse et les masses des modèles de courage et d’abnégation que furent les héros et les martyrs de la libération du continent. La tâche historique sans précédent est à présent de réveiller le génie culturel africain et de manière irréversible, « faire basculer l’Afrique sur la pente de son destin fédéral ».[9]
Les productions intellectuelles doivent pour cela éclairer le difficile chemin des luttes de classe anticapitalistes et des combats anti-impérialistes, démocratiques et citoyens en cours, mais aussi analyser les transitions complexes qui se dessinent dans la géopolitique mondiale, dans l’économie, la politique et la culture dans nos pays. Les avant-gardes révolutionnaires sur le continent devront à partir de là, élaborer et coordonner les stratégies unitaires libératrices qui s’imposent pour mettre fin définitivement à l’abject « néocolonialisme vivant »[10] qui ronge encore l’Afrique et ses enfants. Les prochaines saisons historiques verront alors s’ouvrir pour les peuples réunis, le vaste horizon de la paix, de la prospérité et du renouveau.
[1] Cheikh Anta Diop (1965). Nation nègre et culture. Paris : Présence Africaine
[2] Frantz Fanon (1975). Les Damnés de la terre. Paris : éd. Maspero.
[3] Kwame Nkrumah (1964). L’Afrique doit s’unir. Paris, Payot.
[4] Samir Amin (1971). L’Accumulation à l’échelle mondiale. Paris : éd. Anthropos.
[5] Amilcar Cabral (1975). I. L’arme de la Théorie, II. La pratique des armes. Paris : éd. Maspero.
[6] Voir Samir Amin (1989). La faillite du développement en Afrique. Paris : éd. L’Harmattan.
[7] Ndongo Samba Sylla (2014). (dir.) Pour une autre Afrique. Eléments de réflexion pour sortir de l’impasse. Paris : L’Harmattan. Felwine Sarr (2016.). Afrotopia. Paris, éditions Philippe Rey
[8] Voir parmi les nombreuses initiatives, les travaux et publications remarquables du groupe des samedis de l’économie : Déconstruire le discours néolibéral T1 (2014) - T2 (2015). (Sous la direction) Demba Moussa Dembélé, Ndongo Samba Sylla, Henriette Faye). Dakar : éditions Arcade-Fondation Luxembourg. Voir également les travaux, publications de l’Institut Panafricain de Stratégies sur les questions importantes de la sécurité et de la Paix sur le continent