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26 novembre 2024
Éducation
SEPT ENFANTS SUR DIX N’ONT PAS ACCES A UN ENSEIGNEMENT PREPRIMAIRE
Se fondant sur un rapport d’Africa’s Pulse, le Groupe de la banque mondiale a alerté hier les pays de l’Afrique de l’Ouest sur l’urgence de «réformer l’Education» afin d’arriver à une croissance inclusive.
Se fondant sur un rapport d’Africa’s Pulse, le Groupe de la banque mondiale a alerté hier les pays de l’Afrique de l’Ouest sur l’urgence de «réformer l’Education» afin d’arriver à une croissance inclusive. S’il est ressorti de ce tableau qu’en «2024, le service de la dette absorbera 34% des recettes publiques» des pays comme le Sénégal, l’étude note que le système éducatif «devraient absorber 170 millions d’enfants et d’adolescents supplémentaires».
Comme moteur de croissance, le système éducatif en Afrique subsaharienne est miné par un déséquilibre qui risque de freiner des pays à l’image du Sénégal. C’est l’essence d’un communiqué d’alerte du Groupe de la banque mondiale publié ce lundi. «Actuellement, en Afrique subsaharienne, sept enfants sur dix n’ont pas accès à un enseignement. pré primaire, et moins de 1,5% des jeunes âgés de 15 à 24 ans suivent une formation professionnelle, contre 10% dans les pays à revenu élevé. Il est indispensable de combler ces lacunes pour permettre à l’Afrique subsaharienne de réaliser tout son potentiel économique et d’assurer une croissance durable et inclusive», a demandé l’organisation financière basé à Washington. S’appuyant sur un rapport d’Africa’s Pulse, le Groupe de la banque mondiale estime que, pour parvenir à une éducation universelle d’ici 2030, les systèmes éducatifs «devraient absorber environ 170 millions d’enfants et d’adolescents supplémentaires, ce qui nécessiterait la construction d’environ 9 millions de nouvelles salles de classe et le recrutement de 11 millions d’enseignants» dans l’espace ouest-africain.
0,5% de croissance du Pib par habitant en 2024
D’après les prévisions de la 30e édition du rapport économique semestriel de la Banque mondiale sur l’Afrique subsaharienne, l’activité régionale devrait croître de 3% en 2024, contre un point bas de 2,4% en 2023, principalement grâce à la hausse de la consommation et de l’investissement privés. «L’inflation devrait s’atténuer, pour passer de 7,1% en 2023 à 4,8% cette année, sous l’effet de politiques monétaires et budgétaires plus strictes, de la stabilisation des devises et d’une diminution des perturbations d’approvisionnement», a indiqué le Groupe de la banque mondiale. Toutefois, l’institution financière précise que cette reprise est toutefois insuffisante pour sortir des millions de personnes de la pauvreté. «La croissance du Pib par habitant reste atone, à 0,5% seulement en 2024, contre une moyenne de 2,4% sur la période 2000-2014. Les conflits, le changement climatique et l’explosion des coûts du service de la dette sont autant de freins aux progrès. En 2024, le service de la dette absorbera 34% des recettes publiques dans la région, au détriment des investissements productifs», s’est projette le rapport.
EDUCATION ET FORMATION, LE SENEGAL AMORCE UNE DYNAMIQUE
Le nouveau régime a pris plusieurs engagements pour asseoir un système éducatif et une formation professionnelle et technique de qualité dans sa Stratégie nationale de développement 2025-2029.
Malgré les efforts consentis par les régimes précédents, des maux continuent de gangrener l’école sénégalaise. Face à cet état de fait, le nouveau régime a pris plusieurs engagements pour asseoir un système éducatif et une formation professionnelle et technique de qualité dans sa Stratégie nationale de développement 2025-2029.
Plusieurs difficultés plombent le secteur de l’éducation et de la formation. Il s’agit par exemple de la faible contribution de l’éducation au capital humain, d’une forte déperdition scolaire, d’une insuffisance dans la prise en charge des personnes handicapées et d’une faible intégration des daara et des langues nationales. Dans le document de la Stratégie nationale de développement 2025-2029 de Vision Sénégal 2050, une éducation encore faiblement tournée vers les TIC et des investissements en infrastructures dans l’enseignement supérieur toujours insuffisants résultent aussi de l’état des lieux du secteur. C’est pourquoi le gouvernement a évoqué plusieurs engagements pour asseoir un système d’éducation et de formation professionnelle et technique de qualité. Sur ce, il compte améliorer la gouvernance, la qualité et le financement du système éducatif.
Pour la réalisation de cet effet, il s’agira de renforcer l’efficacité et l’efficience des dépenses d’éducation par une plus grande responsabilisation des acteurs à la base et des populations bénéficiaires dans la gestion des établissements scolaires et des performances, notamment à travers la promotion et le renforcement de la gouvernance des Conseils de Gestion d’Ecoles ou d’Etablissements (CGE) ; de procéder à un recrutement suffisant d’enseignants bien formés ; de renforcer le développement intégré de la petite enfance ; de densifier la carte scolaire et universitaire ; de réduire la déperdition scolaire », lit-on dans le document. Toujours pour atteindre cet objectif, le gouvernement va « promouvoir l’alphabétisation des jeunes et des adultes dans les langues nationales ; repenser les curricula dans les différents cycles et entre eux, promouvoir le bilinguisme et aligner les partenaires à la stratégie de responsabilisation des acteurs et élus locaux à la base ». En effet, les nouvelles autorités misent aussi sur l’effectivité de l’intégration des « daaras » dans le système éducatif pour asseoir un système d’éducation et de formation professionnelle et technique de qualité. « Pour ce faire, il faudra, notamment renforcer la modernisation des daaras notamment en réformant le curricula ; mettre en place un centre de formation des maitres coraniques ; introduire la formation professionnelle dans les daaras ; engager des concertations inclusives sur l’insertion des daaras dans le système éducatif et réglementer l’enrôlement pour une meilleure organisation des enseignements.
La nouvelle vision du gouvernement consiste également à renforcer l’éducation des enfants handicapés avec « la construction de nouveaux instituts spécialisés (imprimeries brailles, bibliothèques sonores, institutions sonores aux non-voyants, malvoyants et sourds) ; la mise à l’échelle d’une éducation inclusive de qualité sur l’étendue du territoire ; le renforcement du système des Assistants de Vie scolaire (AVS) ; la facilitation de l’obtention de la Carte d’Égalité des Chances (CEC) aux enfants et jeunes handicapés ; la codification et l’harmonisation des langages de signes », entre autres.
A propos du développement de la formation professionnelle et technique, le nouveau régime entend le matérialiser à travers « la définition d’une offre de formation adaptée aux besoins de chaque pôle ; la généralisation de l’approche par les compétences ; la réorientation de certains élèves de l’enseignement général vers la formation professionnelle et technique ; l’orientation de 30% des sortants du cycle fondamental vers la formation professionnelle et technique ; le renforcement des dispositifs d’apprentissage et de formation duals ; l’amélioration du dispositif des unités d’apprentissage et de production; le renforcement de la gouvernance déconcentrée de la FPT et l’amélioration du financement de la FPT »
Concernant l’enseignement supérieur, son renforcement est prévu. « Pour une adéquation avec le marché de l’emploi, il est important d’aligner les offres de formation des universités aux besoins sociaux économiques du pays. Pour ce faire, il s’agira d’élaborer et mettre en œuvre une stratégie nationale de développement d’un enseignement supérieur adapté ; de réguler l’enseignement privé; réformer les curricula au niveau de l’enseignement supérieur ; de renforcer l’accès à l’Enseignement supérieur orienté vers les Sciences, Technologie, Ingénierie et Mathématiques (STEM) en rapport avec les pôles territoriaux ; d’améliorer la gouvernance et la qualité de l’enseignement supérieur ; et de renforcer la coopération, la mobilité et la recherche entre les universités, l’administration publique, le secteur privé et les centres de recherche ».
UNE STABILISATION A RUDE EPREUVE
Entre alerte de syndicalistes, menaces d’étudiants et grève d’enseignants vacataires, la rentrée universitaire 2024-2025 démarre sous hypothèque. Ce, alors que la stabilisation de l’année universitaire demeure une priorité pour les nouvelles autorités.
Entre alerte de syndicalistes, menaces d’étudiants et grève d’enseignants vacataires, la rentrée universitaire 2024-2025 démarre sous hypothèque. Ce, alors que la stabilisation de l’année universitaire demeure une priorité pour les nouvelles autorités.
Depuis sa prise de fonction en tant que ministre de l’Enseignement supérieur, de la Recherche et de l’Innovation, Dr Abdourahmane Diouf a fait montre de détermination pour la stabilisation de l’année universitaire. Pour cause, depuis une dizaine d’années, le calendrier académique au niveau de l’enseignement supérieur est complètement déréglé en raison des grèves des divers démembrements de la communauté universitaire, de la massification notamment à l’Ucad, des problèmes d’infrastructures, des facteurs politiques. Ce qui compromettait le bon déroulement des enseignements et avait un impact financier. Lors du séminaire sur la stabilisation de l’année universitaire organisé à Saly en juin dernier qui a réuni les acteurs-clés de l’enseignement supérieur, sept mesures ont été prises. «Les bacheliers de cette année pourront s’inscrire dès le 21 octobre 2024, correspondant au troisième lundi du mois d’octobre. […] Les étudiants de 2022-2023 commenceront dès le 1-er juillet, tandis que ceux de 2023-2024 débuteront au plus tard le 25 février 2025 », avait fait savoir Dr Abdourahmane Diouf. Il s’est ainsi fixé un délai de 16 mois pour stabiliser l’année universitaire au vu de différents défis notamment la finalisation des infrastructures, le recrutement d’enseignants entre autres.
En effet, l’ouverture du campus social de l’université Cheikh Anta Diop de Dakar est fixée au 19 octobre prochain mais la rentrée universitaire risque de connaitre quelques difficultés. L’Intersyndicale du Centre des œuvres universitaires de Dakar (Coud) sonne déjà l’alerte. En conférence de presse avant-hier, jeudi 10 octobre, elle a dénoncé le déficit budgétaire de 10 milliards et annoncé des difficultés au sein du campus social. « Nous devons donc à la vérité de dire que nous allons vers des difficultés car les repreneurs menacent d’arrêter les prestations à cause de la dette qui leur est due. La plupart des hôpitaux ont bloqué les travailleurs du Coud à cause de la dette qui leur est due et pour rappel, les évènements du 1er juin 2023 ont causé l’incendie de tous les bus de transport du personnel du Coud, des véhicules des agents, le saccage de nos locaux et de notre outil de travail », a-t-elle fait savoir.
A l’université Gaston Berger de Saint-Louis, la rentrée devrait avoir lieu le 1er octobre dernier. La Coordination des étudiants de Saint-Louis qui avait demandé aux étudiants de rester chez eux, avait fini par suspendre son mot d’ordre après une rencontre avec les autorités. « Ce jeudi 3 octobre 2024, la CESL a rencontré les autorités du MESRI qui, sur des bases solides et preuves à l'appui, nous ont confirmé le démarrage des travaux du chapiteau du restaurant N°2 ainsi que la plateforme du village O d'ici la semaine prochaine. Compte tenu de ces nouveaux engagements clairs et précis en plus des avancées majeures notées sur la question cruciale de l'assainissement qui causait énormément de soucis aux étudiants, la Coordination des Étudiants de Saint-Louis en toute responsabilité a décidé de suspendre son mot d'ordre. Ainsi, les activités pédagogiques reprendront le lundi 7 octobre 2024. Nous accordons ainsi un délai de trois semaines aux autorités pour le démarrage effectif des travaux annoncés », lit-on dans un communiqué. La même source ajoute : « En cas de non-respect des délais fixés, la Coordination des Etudiants de Saint-Louis ne lésinera sur aucun moyen à faire appel à son arsenal syndical afin de rétablir l'étudiant dans ses droits les plus absolus et toute conséquence qui en découlera de cette situation sera sous leur entière responsabilité ».
A l’Université Alioune Diop de Bambey, des perturbations sont déjà notées avec une grève de 72heures des enseignants vacataires à compter du mardi 8 octobre 2024. Ils dénoncent le non-paiement des salaires et les lenteurs dans le traitement des heures de vacation. Ils exigent également une meilleure prise en charge du retard de trois semestres dans le paiement des heures de vacation et l'arrêt de la réduction des heures de vacation.
par l'éditorialiste de seneplus, Amadou Elimane Kane
LITTÉRATURE : CITOYENNETÉ ET DÉMOCRATIE
EXCLUSIF SENEPLUS - La vision de l’écrivain doit interagir avec le monde qui l’entoure et qui est en perpétuelle mutation. Et son travail doit s’inscrire dans un combat citoyen, dans un combat démocratique
Amadou Elimane Kane de SenePlus |
Publication 11/10/2024
Dans toute civilisation et son histoire, il existe des vecteurs qu’il convient d’étudier afin de mieux comprendre les fonctionnements d’une société.
La littérature est un terrain immense d’exploration, à la fois dans le domaine culturel et artistique, mais aussi dans sa dimension historique qui façonne nos civilisations.
A travers les époques et les territoires, la littérature constitue un vaste champ d’étude qui mérite quelques éclairages.
L’étymologie du mot « littérature » vient du latin « litteratura » qui signifie tout d’abord « écriture » puis « érudition ». Dans son sens premier, la « littérature » regroupe « l’ensemble des connaissances et de la culture générale ». On voit bien ici que la littérature comprend la somme de tous les savoirs humains dans tous les domaines.
Autrement dit, l’homme de lettres est un érudit capable de s’exprimer sur des sujets très amples. D’autre part, la littérature est aussi une forme d’écrit qui comporte des préoccupations esthétiques qui s’apparentent à une pratique artistique.
La littérature est donc la somme des œuvres écrites sur les connaissances et qui respecte les exigences esthétiques du genre.
Mais cette introduction définitionnelle n’est pas suffisante, il convient également d’observer, à travers l’histoire, l’impact de la littérature sur la culture et l’organisation des civilisations.
On peut donc se demander comment la littérature peut influer sur les agissements d’une société et plus particulièrement ici quel est son rôle dans l’exercice de la citoyenneté et de la démocratie.
Si nous prenons l’exemple de la littérature de l’Égypte pharaonique, celle-ci avait pour principal objet la « maat », c’est-à-dire la justice ou encore la notion de l’équilibre démocratique. Ainsi, on peut dire que c’est un des premiers actes de la citoyenneté dans l’histoire de l’humanité.
L’exercice de la justice, de la démocratie, de la citoyenneté était fortement présent dans la société de l’Égypte pharaonique et ces exigences habitaient tout naturellement la littérature de l’époque. Il y a fort à parier que la littérature elle-même jouait un rôle majeur dans l’orientation humaine et sociale de cette période.
Si l’on regarde du côté de la Grèce antique, qui est une base fondamentale de la culture occidentale, on constate que le travail du philosophe Socrate a puissamment influencé cette civilisation. Socrate avait dans l’idée de travailler pour la conversion morale de ses concitoyens. Il s’était donné pour mission de rendre conscients les Athéniens de leur ignorance en instaurant la science de soi-même. Il n’enseignait pas la rhétorique et vivait pauvrement. Ainsi il s’est imposé aux yeux de tous comme un véritable citoyen, dénué d’intérêt particulier, qui s’interrogeait sérieusement sur la vie politique et s’opposait au caractère démagogique de la démocratie athénienne. Il fut d’ailleurs combattu pour sa rupture avec l’exercice religieux de l’époque qu’il ne reconnaissait pas et fut condamné à mort. Emprisonné, il refusa de s’évader car le respect des lois de la Cité était plus important que sa propre personne.
Un des concepts les plus présents dans la société occidentale et développé par Socrate est la devise « connais-toi toi-même ». Il s’agit ici de s’observer en tant qu’être pensant, en s’élevant au-dessus de ses sentiments particuliers et de ses opinions, qui ne sont la plupart du temps, selon Socrate, qu’une illusion de données. Socrate pensait que l’ignorance de soi-même faisait de l’homme un dépendant ou un esclave de ses opinions. En revanche, la connaissance de soi rend libre et donne à l’homme la capacité de se suffire à lui-même.
On voit bien ici, même si l’on se refuse de systématiser, combien la pensée de Socrate a imprégné la culture occidentale qui s’est approprié, et ce de manière constante, cette figure socratique de la connaissance de soi pour parvenir à une forme équilibrée entre l’existentiel, cher à Sartre, et la libre démocratie partagée par tous.
De même, on peut retrouver cette trace héritière de Socrate dans la vie et l’œuvre de Victor Hugo. Voici un homme qui est considéré comme l’un des plus importants écrivains de langue française tout en ayant marqué l’histoire politique du XIXe siècle par ses engagements. Romancier, essayiste, dramaturge, poète et penseur social, Victor Hugo a contribué à faire bouger les lignes conservatrices de la France du XIXe siècle. Réformiste, il souhaitait changer la société en dénonçant violemment l’injustice sociale. Il s’est engagé à la résistance sous toutes ses formes et a été un farouche abolitionniste de la peine de mort. Ainsi toute la littérature de Victor Hugo est empreinte de ses combats et s’inscrit véritablement dans une esthétique engagée qui contribue à faire grandir les connaissances de l’époque. L’œuvre et la personnalité de Victor Hugo ont marqué la société française et les écrivains du XXe siècle qui ont vu en lui une sorte de Socrate moderne qui avait repris le flambeau de la justice et de la démocratie.
Il en va de même pour Aimé Césaire, grand écrivain contemporain, qui reprend à son compte la philosophie socratique du « connais-toi toi-même ». Cahier d’un retour au pays natal est un long plaidoyer de la conscience négro-africaine. Aimé Césaire plonge sa plume dans les racines africaines et le sang de l’esclavage à travers une œuvre magistrale qui se place au-delà de sa propre quête. La déclaration, « Ma bouche sera la bouche des malheurs qui n’ont point de bouche, ma voix, la liberté de celles qui s’affaissent au cachot du désespoir », est bien la démonstration de la volonté majestueuse d’Aimé Césaire de porter l’histoire à nu du monde noir dans un esprit de justice sincère et qui allie esthétisme littéraire et promesse. La justice écoute aux portes de la beauté, écrit-il encore. D’ailleurs, toute l’œuvre de Césaire est traversée de cette soif, parvenir à l’écriture érudite et littéraire du monde négro-africain tout en demeurant un citoyen à part entière. Ce qu’il tiendra jusqu’à ses derniers jours sans jamais céder à ses propres intérêts mais répondant seulement à la justice de ses concitoyens antillais, de ses frères africains mais aussi de l’humanité toute entière sensibilisée à sa parole poétique et engagée. A ce titre, Aimé Césaire a profondément marqué le paysage littéraire francophone du XXe siècle de manière unique et son œuvre porte la trace monumentale de ses combats. A travers les écrits du poète philosophe martiniquais, on peut mesurer toute la signification du rôle de la littérature dans l’exercice d’une citoyenneté authentique qui se réclame de la liberté des hommes à exprimer ce qu’ils sont pour être au service de la société, de la culture et de la civilisation.
Si l’on regarde de plus près la littérature africaine contemporaine, il existe également des figures qui répondent à cet engagement artistique qui vient caresser les frontières citoyennes et humaines.
Je citerai tout d’abord pour exemple l’auteure Mariama Ba dont on peut dire que Une si longue lettre, ouvrage publié en 1979, a profondément marqué plusieurs générations de la société sénégalaise. Enseignante et militante engagée dans l’éducation et le droit des femmes, Mariama Ba, à travers son œuvre pourtant brève, a réussi à mettre au centre les problématiques de la société sénégalaise et africaine, telles que la polygamie, les castes ou encore l’exploitation des femmes.
Comme pour Victor Hugo ou Aimé Césaire, la littérature est au service de la cause à défendre, comme une sorte de serment qui va au-delà du simple exercice esthétique. Mais encore une fois, ce qui permet l’appropriation du message par les lecteurs est la forme stylistique qui par sa puissance universelle, son authenticité éclaire la vision de l’écrivain qui observe une société qui doit évoluer et se moderniser. La sincérité humaine et littéraire est au cœur de l’œuvre de Mariama Ba, ce qui à coup sûr en assure la légitimité et la longévité. Il y a aussi ici la question de la transmission, ce que propose Mariama Ba est bien de l’ordre éducationnel. Par un sens pédagogique aigu, elle rappelle la question des valeurs humaines, sociales et morales qui ne doivent pas faiblir et provoquer des injustices criantes, notamment à l’égard des femmes. En ce sens, on peut dire que la littérature de Mariama Ba appelle à plus de justice au sein de la société sénégalaise en bousculant les codes et en proposant des ruptures profondes à la fois sociales et littéraires.
L’autre exemple dans la littérature africaine qui offre une alliance entre l’esthétisme et l’engagement est la production d’Aminata Sow Fall. Femme de lettres sénégalaise, romancière, Aminata Sow Fall est l’une des pionnières de la littérature africaine francophone. A travers ses romans, elle porte un regard critique sur la société sénégalaise, alors en pleine mutation, dont elle dénonce l’hypocrisie et l’idéologie patriarcale. Enseignante, Aminata Sow Fall participe également à la valorisation de la littérature, des arts et de la culture au Sénégal. Toute son œuvre [1] et les thèmes qu’elle aborde sont en lien avec les préoccupations de la société sénégalaise. Dans La grève des bàttu, par une construction fictionnelle habile, elle fustige les autorités qui préfèrent ignorer la misère pour développer le tourisme et l’argent-roi. Ainsi, en superposant l’imaginaire qui traverse le réel, l’auteur parvient à ébranler, à remettre en cause le fonctionnement d’un système dont chacun réclame plus de justice et d’équité. Comme Aminata Sow Fall le dit elle-même, « l’artiste n’est pas une tour d’ivoire. Son rêve ne l’empêche pas de sentir le bouillonnement de la Cité ».
Oui, l’artiste, l’écrivain ne vit pas retranché dans un monde irréel dont les personnages qu’il invente ne seraient que des pantins désarticulés. L’expression artistique est une forme d’engagement en soi, sans artifice, ni discours partisan. Au fond, l’expression des œuvres reflète tout simplement l’expression humaine. Et comme il y a autant d’écrivains qu’il y a d’êtres humains, si différents soient-ils, certains se distinguent par une exigence artistique engagée qui bouleverse à la fois le champ littéraire et la structure sociale dans laquelle ils évoluent.
La pensée de Socrate, les pamphlets de Victor Hugo, le souffle poétique d’Aimé Césaire, la sensibilité de Mariama Ba, l’inventivité d’Aminata Sow Fall portent la marque d’éléments fondateurs des valeurs de liberté, de citoyenneté et de démocratie. Chacun en son genre, a participé à l’évolution de la pensée d’une société à travers la littérature et la création.
C’est pourquoi je pense qu’il est nécessaire aujourd’hui, dans le monde qui est le nôtre, parsemé d’imperfections, d’injustices de plus en plus sévères, de dysfonctionnements divers, que les écrivains africains, et aussi plus largement les artistes, doivent travailler pour réveiller les consciences, faire en sorte que l’engagement artistique soit en phase avec les révolutions qui émergent.
La vision de l’écrivain doit interagir avec le monde qui l’entoure et qui est en perpétuelle mutation. Et son travail doit s’inscrire dans un combat citoyen, dans un combat démocratique. Oui, il s’agit bien, à travers la littérature, de contribuer à faire émerger l’esprit africain citoyen, l’esprit africain démocrate. De reconsidérer que les institutions, garantes d’une équité plus solide, puissent nous permettre de nous élever vers la voie de l’harmonie et de la justice.
La littérature, la poésie, l’art en général, doit permettre l’anéantissement de l’adversité malsaine, ces mauvaises habitudes qui ensevelissent la créativité telles que la corruption, le népotisme ou le marchandage éhonté des privilèges.
Oui, la dimension humaine, la démarche citoyenne, l’acte démocratique doivent reprendre le flambeau au sein de nos sociétés et revenir au centre de nos préoccupations. C’est un préalable fort à la dynamique de la renaissance africaine et du développement.
Amadou Elimane Kane est enseignant et poète écrivain.
[1] Les romans d’Aminata Sow Fall sont devenus des classiques de la littérature sénégalaise et sont inscrits dans les programmes d’enseignement.
LES PARENTS D’ELEVES DOIVENT ETRE LES PREMIERS PARTENAIRES DE L’ETAT ET NON LES BAILLEURS DE FONDS
Les parents d’élèves n’occupent pas la place et le rang qui devaient être les leurs dans la conception et la mise en œuvre des politiques éducatives au Sénégal.
Les parents d’élèves n’occupent pas la place et le rang qui devaient être les leurs dans la conception et la mise en œuvre des politiques éducatives au Sénégal. Ils sont placés par l’Etat du Sénégal derrière les bailleurs de fonds qui, pourtant, investissent pour l’éducation des enfants du Sénégal moins que les parents. C’est l’avis de Dr Ibrahima Giroux, enseignant-chercheur à l’université Gaston Berger de Saint-Louis.Par Abdoulaye KAMARA –
Plusieurs politiques publiques en matière d’éducation ont été expérimentées au Sénégal. La plupart n’ont pas donné les résultats escomptés.
Les cas d’échec sont imputables à la place que l’Etat du Sénégal donne aux parents d’élèves dans la conception et la mise en œuvre desdites politiques. C’est la sentence prononcée par le Dr Ibrahima Giroux, enseignant-chercheur à l’Ufr des sciences de l’éducation, de la formation et du sport de l’université Gaston Berger de Saint-Louis.
Il donne ce conseil aux autorités étatiques en charge de l’Education nationale : «Si on veut réparer les erreurs commises dans la conception et la mise en œuvre des politiques publiques en matière d’éducation, on doit commencer par respecter la famille sénégalaise, par respecter le parent sénégalais. Le respect dans le sens où on considère le parent comme le premier partenaire de l’Etat du Sénégal. Parce que le parent sénégalais dépense plus que la Banque mondiale et l’ensemble des partenaires réunis en matière d’éducation. On devait donner un respect 4 fois plus élevé aux parents qu’on en donne aux partenaires. En les considérant non pas comme des bénéficiaires, mais comme ce qu’ils sont, c’est-à-dire des partenaires. Ce sont eux qui dépensent le plus après les dépenses de l’Etat.» M. Giroux, Directeur général du cabinet Educhance Coaching, était à Bonconto (département de Vélingara), mardi et mercredi passés, pour participer à la formation des moniteurs des classes préscolaires communautaires initiées par le Conseil municipal. Comment s’y prendre concrètement ? Dr Giroux enseigne : «Du point de vue opérationnel, il faut, dans les réformes du système éducatif à venir, que l’Etat investisse dans le dialogue. Et c’est là que les collectivités territoriales entrent en ligne de compte. Il faut que l’on discute avec les communautés du nouveau projet éducatif sénégalais. Comment voulez-vous qu’on éduque l’enfant sénégalais de sorte que ça ne soit pas une question seulement de spécialistes ? C’est aussi une question de souveraineté, et la souveraineté appartient au Peuple.
Il faut prendre le temps de discuter avec le Peuple sénégalais et l’entendre sur sa vision de l’éducation. Le Peuple interrogé va parler de valeurs, d’éducation aux métiers pour gagner sa vie, il va parler de choses vitales pour éduquer les enfants.» Mais que faisons-nous en ce moment dans les salles de classe ? Dr Giroux répond : «Nous avons mis des disciplines qui n’ont pas de sens dans la vie de nos enfants.» Et puis de proposer : «les collectivités territoriales sont les mieux placées pour engager ce dialogue, déjà pour entendre les parents sénégalais, pour intégrer les familles, en particulier dans le préscolaire, non seulement dans la gouvernance mais aussi dans la mise en œuvre des activités. Il faut arriver à «désophistiquer» les programmes du préscolaire. Notre préscolaire est hyper sophistiqué, on pense que c’est quasiment un programme universitaire, tellement il est sophistiqué. Il faut aller dans le sens d’alléger le programme préscolaire. Au préscolaire, il ne s’agit pas de faire des Einstein, il s’agit d’essayer de donner l’envie aux enfants, de les faire aimer l’école, on est dans les dimensions émotionnelles, dans les dimensions patriotiques, pour construire les fondations de la citoyenneté», a-t-il tranché net.
LA COSYDEP SALUE LE «MODELE DE LAÏCITE EPROUVE» DU SENEGAL
La Coalition des organisations en synergie pour la défense de l’Education (Cosydep), se prononçant sur l’arrêté n° 024 830 relatif aux principes directeurs des règlements intérieurs des établissements publics et privés d’éducation et formation au Sénégal
La Coalition des organisations en synergie pour la défense de l’Education (Cosydep), se prononçant sur l’arrêté n° 024 830 relatif aux principes directeurs des règlements intérieurs des établissements publics et privés d’éducation et de formation au Sénégal publié par le ministre de l’Education nationale, a salué le « modèle de laïcité éprouvé » du Sénégal.
« Après analyse de l’arrêté par ses instances, la Cosydep salue la référence aux textes régissant les conditions d'une éducation inclusive, garantissant le libre accès de tous les enfants à l’école ; la protection, la sécurité et la santé des enfants ; les droits et obligations des acteurs », rapporte un communiqué qui nous est parvenu hier, jeudi 10 octobre. Mieux, « elle note le rappel utile des principes directeurs des règlements intérieurs des établissements publics et privés d’éducation et de formation du Sénégal ; réaffirme sa conviction que l’espace scolaire doit être le lieu par excellence de consolidation des principes élémentaires du vivre ensemble, de la compréhension mutuelle et surtout de la consolidation de la cohésion nationale ».
« La Cosydep considère, par conséquent, qu’aucun différend inter-religieux ou inter-ethnique ne devrait avoir pour source l’école et estime qu’un règlement intérieur doit certes s’appuyer sur les réalités locales, mais il doit surtout se fonder sur les textes supérieurs, en rapport avec le type d’école autorisé : école publique ; école privée laïque ; école privée franco arabe ; école privée catholique ; école privée confessionnelle (Daara, séminaire) », lit-on dans le communiqué. En effet, de l’avis de Cheikh Mbow et Cie, « le Sénégal est un modèle de laïcité éprouvé, qui n’a rien à envier à quelques autres modèles que ce soit ; le modèle sénégalais est une fierté à valoriser ». « C’est pourquoi, plusieurs acteurs, dont la Cosydep, se sentent mal à l’aise de constater que la question du voile à l’école ait pris les relents d’un débat public inter religieux », lit-on.
Ainsi, sur la base de ces considérations, la Cosydep recommande de privilégier le dialogue direct entre l’administration scolaire et les parties prenantes face à toute question sensible liée notamment aux croyances et à la foi ; de soutenir les comités de Gestion des écoles et établissements à élaborer de manière inclusive leur règlement intérieur, sur la base des principes directeurs, avec l’encadrement de l’autorité académique »
La Cosydep propose également de « mobiliser les ressources et énergies pour le parachèvement de la rentrée scolaire, la mise aux normes des écoles, la prise en charge des milliers d’Enfants hors structures éducatives, le processus de concertation sur les réformes annoncées intégrant tout enjeu d’actualité, le renforcement du dispositif d’encadrement et de régulation de toutes les offres d’éducation », mais aussi de « renforcer l’offre publique d’éducation à partir de ce qui oriente les parents vers d’autres offres pour une solution durable (rigueur et discipline, effectif et stabilité, environnement d’apprentissage et performances, …) ».
Pour la Cosydep, « l’école ne saurait être la source d’un quelconque différend inter religieux ou inter ethnique ». Au contraire, selon Cheikh Mbow et Cie, « elle est attendue à la consolidation de la cohésion sociale, à renforcer sa dimension humaniste, à veiller à la correction de la tenue, au respect de l’autre, au sens de la solidarité, à l’engagement dans les études »
Pour rappel, l’arrêté n° 024 830 relatif aux principes directeurs des règlements intérieurs des établissements publics et privés d’éducation et de formation au Sénégal impose à l’ensemble des établissements, qu'ils soient publics ou privés, d’accepter le port de signes religieux tels que le voile, la croix ou les perles sacrées tant qu’ils ne nuisent pas à l’identification de l’élève.
LE CAMPUS SOUS PRESSION
De fortes menaces pesant sur l’ouverture du campus social de l’Université Cheikh Anta Diop de Dakar (Ucad), suite à la réduction de la subvention de l’Etat au Coud qui est passée de 30 milliards 173 millions FCFA en 2023 à 20 milliards 573 millions
Alors que l’ouverture du campus social de l’Université Cheikh Anta Diop de Dakar (Ucad) est prévue le 19 octobre prochain, l’Intersyndicale du Centre des œuvres universitaires de Dakar (Coud) annonce des difficultés au sein dudit campus. Lors d’une conférence de presse hier, jeudi 10 octobre, elle a dénoncé la baisse de 10 milliards de FCFA de la subvention de l’Etat au Coud.
Des menaces pèsent sur l’ouverture du campus social de l’Université Cheikh Anta Diop de Dakar (Ucad) prévue le 19 octobre prochain. Pour cause, face à la presse hier, jeudi 10 octobre, l’Intersyndicale du Centre des Œuvres universitaires de Dakar (Coud) a dénoncé un déficit budgétaire qui risque de compromettre le bon déroulement des services. « Nous devons sous la pression de l’urgence et du temps informer l’opinion, les autorités, les travailleurs qu’en 2023, la subvention de l’Etat était de 30 milliards 173 millions FCFA alors qu’en 2024, la subvention est de 20 milliards 573 millions de FCFA, soit une diminution de 10 milliards de FCFA. Ceci, en dépit de l’augmentation de l’effectif des étudiants passant de 82 000 en 2023 à 90 000 en 2024 sans compter les 24 000 nouveaux bacheliers qui vont s’y ajouter », a déclaré le coordonnateur de l’Intersyndicale du Coud, Pape Samba Diouf. Selon lui, « ce surpeuplement du campus entraîne une surexploitation des services offerts aux étudiants, pose des défis importants de gestion des infrastructures et des installations, des gestions médico-sociales des étudiants, entrainant aussi des tensions budgétaires avec la diminution de 10 milliards de la subvention de l’Etat en 2024».
Entre «vétusté des équipements», «espaces inadaptés», «conditions sanitaires dégradées», l’Intersyndicale du Coud liste ainsi les difficultés des campus. Allant plus loin, elle annonce que le campus social va au-devant de grandes difficultés. « Nous devons donc à la vérité de dire que nous allons vers des difficultés car les repreneurs menacent d’arrêter les prestations à cause de la dette qui leur est due. La plupart des hôpitaux ont bloqué les travailleurs du Coud à cause de la dette qui leur est due et pour rappel, les évènements du 1er juin 2023 ont causé l’incendie de tous les bus de transport du personnel du Coud, des véhicules des agents, le saccage de nos locaux et de notre outil de travail. L’Etat du Sénégal avait pris l’engagement de prendre en charge les dégâts au niveau de toutes les universités du Sénégal, nous attendons toujours », a fait savoir Pape Samba Diouf.
Craignant que « l’ouverture prochaine du campus se fasse à marche forcée sans pour autant apporter une réponse rapide au déficit budgétaire du Coud qui est la principale cause de souffrance », l’Intersyndicale du Coud interpelle les autorités. « Nous interpellons le directeur du Coud, Dr Ndéné Mbodj, et le ministre de l’Enseignement supérieur, de la Recherche et de l’Innovation, Dr Abdourahmane Diouf, pour que des solutions urgentes soient trouvées. Ainsi, nous lançons un appel et demandons l’intervention du Premier ministre Ousmane Sonko et du Président de la République Bassirou Diomaye Faye qui sont nos seuls remparts aujourd’hui face aux difficultés que traverse actuellement le Coud », a dit le coordonnateur de l’Intersyndicale du Coud.
ZIGUINCHOR ATTEND SA RENTREE
Il faudra être patient : au moins 7 établissements scolaires sont encore sous les eaux, selon l’inspecteur d’Académie de Ziguinchor. Cheikh Faye a fait ce constat lundi, à l’issue de la traditionnelle tournée dans les établissements scolaires ...
Il faudra être patient : au moins 7 établissements scolaires sont encore sous les eaux, selon l’inspecteur d’Académie de Ziguinchor. Cheikh Faye a fait ce constat lundi, à l’issue de la traditionnelle tournée dans les établissements scolaires à l’occasion de la rentrée des classes. Cet état de fait complique, selon lui, le démarrage des enseignements-apprentissages.
Par ailleurs, l’inspecteur d’Académie de Ziguinchor appelle les parents à davantage inciter leurs enfants à reprendre le chemin des écoles. «Les apprenants n’ont pratiquement pas répondu à l’appel. Ils sont dans les Navétanes et dans le Kankourang… c’est toujours comme ça à chaque rentrée des classes», s’était désolé l’Ia de Ziguinchor. En effet, beaucoup d’élèves ont brillé par leur absence dans les établissements lundi, premier jour de la rentrée. «Les vacances sont finies. Nous avons tout mis en place pour réussir cette rentrée scolaire. Mais ce sont les élèves qui n’ont pas répondu à notre appel. Ils doivent venir pour qu’on puisse démarrer les enseignements-apprentissages et finir très tôt l’année, parce que nous avons un quantum horaire à respecter», a exhorté Cheikh Faye.
Selon l’inspecteur, l’Académie de Ziguinchor a un gap de plus de 200 enseignants à combler. «Les autorités travaillent à résoudre cette équation afin de faire de l’école sénégalaise, une école de la société», a-t-il assuré. Cheikh Faye a visité plusieurs écoles de Ziguinchor, en présence des autorités administratives, de représentants des parents d’élèves et des syndicats.
L’ETAT CHERCHE LA BONNE FORMULE POUR L'ÉCOLE
Déficit d’enseignants, de salles de classe, de tables bancs, grèves cycliques, l’existence d’abris provisoire, entre autres : ces maux gangrènent l’école publique sénégalaise depuis quelques années.
Depuis quelques années, l’école sénégalaise est confrontée à plusieurs difficultés qui ont un impact négatif sur le système éducatif. C’est pourquoi le gouvernement a pris plusieurs mesures pour un bon déroulement des enseignements-apprentissages.
Déficit d’enseignants, de salles de classe, de tables bancs, grèves cycliques, l’existence d’abris provisoire, entre autres : ces maux gangrènent l’école publique sénégalaise depuis quelques années. Ce qui n’est pas sans conséquences sur la performance du système éducatif. Les autorités sont ainsi déterminées pour un bon déroulement des enseignements/apprentissages. C’est dans ce qu’il a été annoncé en conseil des ministres le 2 octobre dernier, la création d’un Conseil supérieur de l’éducation et de la formation. Il devra permettre « d'assurer un meilleur pilotage et une coordination optimale des activités scolaires et universitaires ». Selon le communiqué, il s'agit « d'un organe de supervision logé à la Primature qui va assurer, avec la participation des acteurs impliqués, le suivi et l'évaluation systématique du Programme national de 1'Education et de la Formation ». Une décision saluée par les acteurs de l’éducation tout en exprimant le besoin d’une consultation préalable des acteurs du secteur pour éviter des doublons et des blocages potentiels.
Lors de ce Conseil des ministres, le Président Bassirou Diomaye Faye a également invité le Gouvernement à « procéder au lancement, sans délai, d’un vaste programme de résorption des abris provisoires, de réhabilitation et de construction aux normes d’établissements scolaires ». « Il a, en outre, indiqué l’impératif de finaliser le nouveau Programme national de l’Education et de la Formation en adéquation avec les valeurs historiques et culturelles de la Nation. Ce programme doit également tenir compte des défis de notre société et des enjeux liés au numérique et à l’Intelligence artificielle », lit-on dans le communiqué.
Il y a aussi quelques jours, le ministère de l’Education nationale a procédé à « l'affectation de 1500 enseignants destinés au préscolaire, à l'élémentaires et aux daaras (écoles coraniques) modernes et de 501 professeurs pour les lycées et collèges », informait un communiqué. La même source de préciser que « le personnel était mis en place plusieurs semaines après la rentrée, ce qui empêchait la reprise effective des enseignements apprentissages, surtout dans les zones affectées par les nombreux départs occasionnés par le mouvement national de mutation des enseignants ». Selon le Men, « cette année, pour la première fois, les académies et les inspections de l'Education et de la Formation ont toutes reçu autant d'arrivées d'enseignants que de départs et parfois même plus ».
En effet, lors de la réunion de préparation sur la rentrée scolaire, trente mesures ont été prises pour garantir une rentrée scolaire et académique réussie dont celle d’allouer des ressources suffisantes pour la réhabilitation de 100 000 tables-bancs et l’acquisition de 70 275 tables-bancs neufs.
DES CENTAINES D’INSCRITS AU CI ET UNE INSUFFISANCE DE SALLES DE CLASSE
Aux écoles primaires publiques Fass Paillotte, Médina Fass Mbao et Sam-Sam3, ilya une forte demande au cours d’initiation (CI). Mais ces établissements n’ont pas le nombre suffisant de salles de classe et de maîtres pour pouvoir satisfaire les demandeurs
Aux écoles primaires publiques Fass Paillotte, Médina Fass Mbao et Sam-Sam3, ilya une forte demande au cours d’initiation (CI). Mais ces établissements n’ont pas le nombre suffisant de salles de classe et de maîtres pour pouvoir satisfaire les demandeurs. Respectivement, elles comptent 129, 80 et 100 inscrits au CI. Seule Fass Paillotte dispose de deux classes de CI.
L’ éducation est un droit pour tout enfant. Étudier dans des conditions optimales en est un autre. Cependant, le constat est général : les conditions ne sont pas favorables dans les écoles primaires publiques sénégalaises. La situation des écoles élémentaires publiques Fass Paillotte, Médina Fass Mbao et Sam-Sam3 en est une parfaite illustration. Dans ces trois établissements de la banlieue de Dakar, la demande est largement supérieure à l’offre. Ils enregistrent une centaine d’inscrits au cours d’initiation, mais rencontrent des problèmes évidents de salles de classe et d’enseignants pour satisfaire la demande.
Pour Fass Paillotte, 129 élèves sont inscrits au CI, mais il n’y a que deux salles de classe pour accueillir tous ces enfants. D’ailleurs, même s’il y a toujours des demandeurs, les inscriptions pour cette étape ont été arrêtées. Le directeur de l’établissement, M. Diop, informe que pour gérer la situation, ils seront obligés de mettre les plus petits à trois par table. “Si l’on fait la répartition, on aura plus de 60 élèves par classe. Pour les CI, il n’y a pas de classe à double flux à Fass Paillotte, car cela n’est pas adapté pour les petits. S’il y a deux groupes, la cohorte qui doit venir l’après-midi ne fera qu’errer”, a-t-il expliqué.
C’est pourquoi il préfère maintenir des classes (CI) à effectif traditionnel, ce qui permettra aux élèves d’être régulièrement à l’école.
De son côté, l’école Médina Fass Mbao compte 80 inscrits et les inscriptions se poursuivent. Malheureusement, elle n’a qu’une seule classe de CI. Selon le directeur de cet établissement, Youssoufa Dramé, pour satisfaire tous les élèves, ils doivent avoir des classes à double flux. Cela signifie que les écoliers seront répartis en deux cohortes : un groupe fera cours le matin et l’autre l’après-midi, du lundi au samedi, dit-il. Cette école ne dispose que de trois salles de classe pédagogiques et d’abris provisoires.
Concernant l’école élémentaire publique Sam-Sam3, elle a 100 élèves inscrits au CI, mais n’a qu’une salle de classe pour accueillir tous ces potaches.
Trouvé dans la cour de l’école en train de faire le point sur le nombre de départs et d’arrivées, le directeur de l’école élémentaire Sam-Sam3, Ousseynou Fall, soutient qu’ils auront, comme chaque année, des classes à double flux. Dans cet établissement, toutes les classes sont à double flux, sauf le CM2..
“Les écoles primaires publiques ne sont pas subventionnées”
D’ailleurs, ils ont arrêté les inscriptions au CI, même si la demande est toujours présente. L’école compte 16 salles de classe, mais malheureusement seules huit sont fonctionnelles. Ces dernières ont été réfectionnées l’année dernière. Cependant, souligne le directeur de cet établissement, la réfection n’a pas pris en compte les toilettes. C’est avec le budget de l’école qu’il est en train de les réparer. Les huit autres classes sont dans un état de délabrement très avancé.
Selon M. Fall, l’établissement n’a que huit enseignants et il lui manque encore trois. Par ailleurs, depuis sa création en 1994, a rappelé Ousseynou Fall, l’école Sam-Sam3 n’a pas d’eau. C’est à partir de l’eau du puits, situé au milieu de la cour, qu’ils effacent leurs tableaux. Pour boire, fait-il savoir, les élèves sont obligés d’apporter de l’eau ou d’aller dans les maisons environnantes en cas de besoin.
Malgré toutes ces conditions difficiles, le directeur affirme que l’école Sam-Sam3 se classe première aux examens. L’année dernière, ils ont obtenu 100 % au CFEE et à l’entrée en 6e.
Depuis plusieurs années, l’école primaire publique sénégalaise est laissée à elle-même. Elle ne reçoit aucune subvention de l’État. Même l’achat du matériel, ce sont les écoles qui s’en chargent ; elles paient aussi leurs factures d’électricité.
Si dans les autres communes, les maires soutiennent les écoles primaires, cela n’est pas le cas dans ces établissements scolaires. Les fournitures scolaires que la mairie offre aux élèves, après le partage, ne permettent à chaque écolier de se retrouver qu’avec un seul cahier.