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7 mars 2025
Éducation
LA COSYDEP LIVRE SA RECETTE POUR LA VIABILITÉ DES UNIVERSITÉS
Insuffisance des budgets, instabilité des calendriers académiques, retard des bourses d’étudiants etc., les problèmes ne manquent pas dans les universités sénégalaises
Insuffisance des budgets, instabilité des calendriers académiques, retard des bourses d’étudiants etc., les problèmes ne manquent pas dans les universités sénégalaises. Ce qui est souvent à l’origine de mouvements d’humeurs qui perturbent leur bon fonctionnement. Dans une note qui nous est parvenue, la Cosydep livre sa recette d’un nouveau modèle plus viable pour les universités publiques.
Face aux revendications récurrentes dans les universités publiques sénégalaises, la Coalition des organisations en synergie pour la défense de l’éducation publique (Cosydep) définit les bases d’un modèle économique plus viable. Ainsi, pour améliorer le fonctionnement des établissements d’enseignement supérieur, elle souligne la nécessité de « maîtriser les flux d’étudiants ». « Cela doit passer par l’élargissement des filières en formation professionnelle en faisant fonctionner des filtres. Il s’agira d’orienter un grand nombre d’élèves dans la formation professionnelle à la fin du cycle fondamental ; d’orienter les bacheliers qui en ont les moyens dans les universités privées », lit-on dans une note rendue publique hier, mardi 28 janvier.
La Cosydep recommande de « soutenir le développement des universités régionales pour permettre de désengorger les grandes universités, de minorer les coûts sociaux pour l’étudiante ». Selon Cheikh Mbow et Cie, il faut « instaurer un dialogue inclusif entre l’Etat, l’Entreprise, l’Enseignant-Chercheur et l’Etudiant ». « Les options fondamentales de l’enseignement supérieur ne doivent pas être discutées seulement entre parties prenantes directes, dans un dialogue étroitement bilatéral. Il s’agira aussi de favoriser l’émergence d’une université du développement ; bâtir des réponses aux problèmes sociétaux et économiques dont celui d’un modèle économique viable pour les universités publiques », indique le document.
La promotion du Partenariat Public Privé à travers le « sponsoring ou parrainage d’étudiants ou de la recherche par des entreprises ; des contrats de recherche avec des entreprises privées ou des institutions publiques ; un dispositif de soutien au financement des universités (bourses ou infrastructures) par leurs anciens étudiants ; des services rémunérés effectués par l’étudiant, dans de petites entreprises (restaurants, supermarchés, assistanat,…) », est la quatrième recommandation de la Cosydep. Parmi les bases d’un nouveau modèle plus viables pour les universités publiques, il y a le fait de « mettre à profit l’espace universitaire, qui est un grand marché, pour créer des structures d’approvisionnement en produits et services dédiés aux besoins des étudiants (hébergement d’étudiants étrangers, restauration privée, bibliothèques de recherche, boutiques universitaires, centres commerciaux, événements culturels) ; allouer les bénéfices à l’amélioration continue des infrastructures et des programmes ».
La Cosydep propose aussi de « revisiter et mettre en œuvre les recommandations de la CNAES qui invitent à réaliser une étude économique des différentes options proposées pour la soutenabilité du financement de l’enseignement supérieur, instaurer un système optimal d’exploitation des ressources des universités publiques, promouvoir des financements innovants, assurer une gestion saine des fonctions de service ; dynamiser le partenariat universités – entreprises ».
La dernière recommandation de la Cosydep est « l’opérationnalisation des engagements du Premier Ministre contenus dans sa Déclaration de Politique Générale (DPG 2024) », à travers entre autres, « la finalisation des chantiers de toutes les universités et établissements d’enseignements supérieurs publics, la construction de nouvelles universités dans les régions qui n’en disposent pas ».
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LA SCÈNE POLITIQUE COMME THÉÂTRE
Face à Pape Alioune Sarr, Ndeye Astou Ndiaye et Fary Ndao livrent une analyse fine des enjeux contemporains du pouvoir. De la souveraineté africaine aux défis de la jeunesse, leur discussion dessine un portrait saisissant du Sénégal d'aujourd'hui
Dans le dernier épisode de l'émission Belles Lignes (BL) diffusé lundi 27 janvier 2025, Pape Alioune Sarr a reçu deux personnalités marquantes de la scène intellectuelle sénégalaise pour débattre de l'art politique et des discours ethniques. Face à lui, la Dre Ndeye Astou Ndiaye, enseignante en sciences politiques, et Fary Ndao, essayiste et romancier, ont livré une analyse approfondie des défis politiques contemporains.
La discussion s'est d'abord orientée vers la dimension artistique de la politique. S'appuyant sur la pensée de Bismarck, les intervenants ont souligné comment l'exercice politique requiert créativité et imagination, à l'instar d'un art performatif. Cette dimension théâtrale de la politique contemporaine s'illustre notamment à travers les figures de Barack Obama ou Jean-Luc Mélenchon, dont les qualités oratoires ont été évoquées.
Le débat s'est ensuite élargi aux relations complexes entre intellectuels et pouvoir politique au Sénégal. Les invités ont insisté sur la nécessité d'une synergie entre théorie et pratique pour une gouvernance efficace. Dre Ndiaye a particulièrement mis en avant l'importance de réconcilier la réflexion intellectuelle avec les réalités du terrain.
La question de la souveraineté africaine a occupé une place centrale dans les échanges. Les intervenants ont exploré les nouvelles dynamiques du nationalisme africain, notamment chez les jeunes générations qui aspirent à un dialogue d'égal à égal avec l'Occident. La discussion a également abordé les tensions récentes avec la France, suite aux déclarations du président Macron.
La démocratie sénégalaise et ses particularités ont fait l'objet d'une analyse approfondie. Les participants ont évoqué les alternances politiques de 2000, 2012 et 2024, tout en soulignant les défis persistants en matière d'égalité des chances et d'éducation. Les aspirations de la jeunesse sénégalaise ont été au cœur de cette réflexion.
L'émission s'est conclue sur la problématique des discours ethniques, considérés comme une menace potentielle pour la cohésion nationale. Les invités ont plaidé pour un renforcement du rôle de la presse dans le contrôle de l'information et pour des sanctions plus fermes contre les propos discriminatoires, tout en appelant à une scène politique plus apaisée et constructive.
LA RECHERCHE COMME VECTEUR DE DEVELOPPEMENT POUR L'AFRIQUE
Le ministre sénégalais de l’Enseignement supérieur, de la Recherche et de l’Innovation, Abdourahmane Diouf, a déclaré que la recherche peut être un vecteur de développement en Afrique si elle est bien valorisée.
Le ministre sénégalais de l’Enseignement supérieur, de la Recherche et de l’Innovation, Abdourahmane Diouf, a déclaré que la recherche peut être un vecteur de développement en Afrique si elle est bien valorisée.
‘’L’Afrique n’est pas handicapée par la recherche. Si elle est bien valorisée, elle peut être vecteur de développement. Nous avons besoin de recherche appliquée, c’est la nouvelle vocation de l’Afrique’’, a déclaré Abdourahmane Diouf.
Il prenait part lundi, à la cérémonie de clôture du projet de Valorisation des résultats de la recherche et de l’innovation en Afrique de l’Ouest (Varriwa).
Ce projet vise à relever les défis de valorisation des résultats de la recherche et du transfert de technologie dans 4 pays d’Afrique de l’Ouest, à savoir le Bénin, le Burkina Faso, le Sénégal et le Togo. Il s’appuie sur la création d’un environnement favorable à l’innovation et au transfert de technologie grâce à un financement de 4,942 millions d’euros (environ 3,2 milliards FCFA).
‘’Nous n’avons pas la même approche que les autres parce que nous sommes communautaristes. Ce qui explique qu’on n’est pas dans une logique de breveter. Le système de normalisation n’est pas notre monde. Or il nous faut entrer dans ce monde en capitalisant notre expertise traditionnelle’’, a suggéré le ministre.
Il a avoué que cette ambition n’est pas encore à notre portée.
‘’Mais avec les nouvelles technologies, nous pourrons resserrer le gap. Il ne s’agit pas de prédisposition intellectuelle, il s’agit d’une question de moyens mais aussi en travaillant sur de pareils projets’’, a dit M. Diouf.
Il estime qu’‘’il n’y a pas de valorisation de la recherche sans recherche’’. D’où, l’importance de développer la recherche appliquée, a-t-il encore souligné.
Selon lui, ‘’si la recherche appliquée est bien entraînée, suivie, coachée, financée, elle peut produire des résultats de recherche, et prouver aux bons experts que vous êtes là pour assurer des résultats dans la valorisation de la recherche’’.
‘’Il ne s’agit pas d’une question de prédisposition intellectuelle. C’est une question d’outils de travail. C’est une question de technologie’’, a-t-il fait valoir.
Slim Khalbous, recteur de l’Agence universitaire francophone (Auf) a invité tous les acteurs à sortir de ‘’leur zone de confort’’. ‘’On considère la recherche comme une dépense et non de l’investissement », a-t-il déclaré.
L'USSEIN SANS ACTIVITE POUR 48 HEURES
Les étudiants de l’Université Sine Saloum El Hadj Ibrahima Niass (USSEIN) ont décidé de suspendre toutes les activités pédagogiques à partir de ce lundi 27 janvier 2025.
Les étudiants de l’Université Sine Saloum El Hadj Ibrahima Niass (USSEIN) ont décidé de suspendre toutes les activités pédagogiques à partir de ce lundi 27 janvier 2025.
Cette grève de 48 heures, organisée par la coordination des amicales, vise à « dénoncer les mauvaises conditions d’apprentissage et le manque de réponse des autorités à leurs préoccupations depuis près de 10 ans. »
Dans un communiqué, les étudiants dénoncent le retard dans la livraison des nouveaux locaux situés à Kaolack, Fatick et Kaffrine, attendus depuis 2024.
Ils réclament également la reprise du campus de Fatick, ainsi que l’annulation des inscriptions pédagogiques en ligne.
La coordination les autorités au respect des engagements pris pour améliorer les conditions d’étude. Cette grève est prévue pour se poursuivre jusqu’à mardi 28 janvier 2025.
USSEIN, LA COORDINATION DES ÉTUDIANTS SUSPEND LES COURS POUR 48 HEURES
Cette grève vise à « dénoncer les mauvaises conditions d’apprentissage et le manque de réponse des autorités à leurs préoccupations depuis près de 10 ans. »
Les étudiants de l’Université Sine Saloum El Hadj Ibrahima Niass (USSEIN) ont décidé de suspendre toutes les activités pédagogiques à partir de ce lundi 27 janvier 2025.
Cette grève de 48 heures, organisée par la coordination des amicales, vise à « dénoncer les mauvaises conditions d’apprentissage et le manque de réponse des autorités à leurs préoccupations depuis près de 10 ans. »
Dans un communiqué, les étudiants dénoncent le retard dans la livraison des nouveaux locaux situés à Kaolack, Fatick et Kaffrine, attendus depuis 2024.
Ils réclament également la reprise du campus de Fatick, ainsi que l’annulation des inscriptions pédagogiques en ligne.
La coordination les autorités au respect des engagements pris pour améliorer les conditions d’étude. Cette grève est prévue pour se poursuivre jusqu’à mardi 28 janvier 2025.
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L'AFRIQUE PEUT MARQUER LA DIPLOMATIE PAR SA GASTRONOMIE
La cuisine est l’un des éléments que l’Afrique peut apporter à la mondialisation en termes de soft power (influence) aux autres peuples. À Dakar, Table Pana organise depuis quelques années des rencontres avec des chefs africains de la diaspora…
La cuisine est l’un des éléments que l’Afrique peut apporter à la mondialisation en termes de soft power (influence) aux autres peuples. À Dakar, Table Pana organise depuis quelques années des rencontres avec des chefs africains de la diaspora pour leur permettre de partager leurs expériences et de créer des plats originaux, à l’image des artistes visuels ou autres, dans leur processus de création.
« L’idée, c’est de se positionner comme une galerie, un lieu d’expression pour les chefs de la diaspora africaine », explique la fondatrice, Nadia Copogo. Elle ajoute : « Mon travail consiste à identifier les chefs de la diaspora africaine, à les faire venir ici à Dakar et à leur donner carte blanche, avec un seul objectif : sublimer la production locale pour en proposer une interprétation plus créative, contemporaine, voire expérimentale de notre gastronomie africaine. »
Table Pana, c’est de la street food à la haute gastronomie, réalisée à partir de produits africains locaux. C’est un lieu de création et d’affirmation de la cuisine africaine.
« La nourriture est un outil très puissant, un outil de soft power si l’on parle de politique, un outil de diplomatie », affirme la fondatrice. Invitée à la 5e édition des symposiums de Condition Report organisés par la Raw Material Company et intitulés « Le sens du lieu : déplacement, replacement, non-placement », pour réfléchir sur les modalités d’habiter la ville, le monde, l’univers, le cosmos, sous la direction de l’universitaire Felwine Sarr, l’initiatrice du projet, Nadia Copogo, détaille dans cet entretien accordé à AfricaGlobe TV de quoi il s’agit.
Actuellement itinérante, Table Pana s’occupe de projets institutionnels, de dîners privés pour de grandes entreprises, mais ambitionne à terme de devenir le premier tiers-lieu de la gastronomie africaine. Ce lieu inclurait un restaurant, un think tank, un centre de formation et une épicerie fine.
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PILOHA, UN COCKTAIL CULTUREL RÉCONCILIATEUR
À travers leur projet artistique Piloha, Pascal Traoré et Raïssa Hachem ont réussi à rassembler plusieurs disciplines artistiques dans le cadre de la 15e Biennale de l’art africain contemporain. De la peinture à la photographie, en passant par la danse...
La 15e édition du Dak'Art a marqué les esprits, et certains projets artistiques restent mémorables, à l’image de Piloha, de Pascal Traoré et Raïssa Hachem, qui ont proposé un cocktail culturel réconciliant plusieurs formes d’expression. Une exposition composite, pour ne pas dire éclectique.
À travers leur projet artistique Piloha, Pascal Traoré et Raïssa Hachem ont réussi à rassembler plusieurs disciplines artistiques dans le cadre de la 15e Biennale de l’art africain contemporain. De la peinture à la photographie, en passant par la danse, le cinéma et même la cuisine, leur exposition a captivé l’attention du public.
Dans cette entrevue, les deux artistes – Raïssa Hachem, designer luminaire, et Pascal Traoré, artiste visuel – reviennent sur leur expérience avec le projet Peace, Love and Harmony (Piloha), présenté dans le cadre des OFF.
Si, d’un point de vue financier, l’objectif initial n’était pas de générer des bénéfices, ils ont néanmoins gagné en visibilité. Leur rencontre avec des galeristes, des collectionneurs et d’autres acteurs culturels a permis d’élargir leur réseau professionnel.
Cette exposition originale, riche en émotions, a marqué les visiteurs et reflète parfaitement la diversité et l’harmonie que les deux artistes souhaitaient transmettre.
Les belles feuilles de notre littérature par Amadou Elimane Kane
FATOU NDIAYE SOW, UNE POÉSIE POUR LA MÉMOIRE
EXCLUSIF SENEPLUS - Sa poésie minimaliste capture l'essence même de l'histoire africaine, des souffrances de l'esclavage à l'espoir de la renaissance. Dans "Gorée", chaque mot est pesé, chaque image est ciselée pour porter la mémoire d'un continent
Notre patrimoine littéraire est un espace dense de créativité et de beauté. La littérature est un art qui trouve sa place dans une époque, un contexte historique, un espace culturel, tout en révélant des vérités cachées de la réalité. La littérature est une alchimie entre esthétique et idées. C’est par la littérature que nous construisons notre récit qui s’inscrit dans la mémoire. Ainsi, la littérature africaine existe par sa singularité, son histoire et sa narration particulière. Les belles feuilles de notre littérature ont pour vocation de nous donner rendez-vous avec les créateurs du verbe et de leurs œuvres qui entrent en fusion avec nos talents et nos intelligences.
Fatou Ndiaye Sow nous entraîne dans son univers poétique de simple manière. Les images sont épurées, touchant l’essence du verbe « dans les hauteurs célestes », aboutissant à la pureté de la parole.
Cette poésie minimaliste évoque la minutie du graveur de pierres, elle laisse des traces sur les rochers lisses par la « mer immense, mer sans limite ».
Le style est intensément poétique, retenu et déployant des figures scintillantes comme « les vagues nacrées ». Cette poésie, qui inspire la beauté de l’aube et l’infini de l’horizon, porte en elle une unité émotionnelle qui bâtit un ton personnel.
Puis l’imaginaire de la poétesse se métamorphose, le « je » devient un autre. On remonte le courant de l’histoire, « un soir sans lune », pour suivre le récit insoutenable de la déportation, de l’esclavage et de l’exploitation qui perdure.
Gorée, texte poétique à la beauté saisissante, est la somme de la douleur du génocide, du sang qui jonche la poussière « de routes inconnues », de l’espoir qui renaît à relever la tête, à dire la vérité, sa conviction, à ne pas laisser se briser les liens de l’histoire, à retrouver le corps meurtri de l’Afrique qui a laissé son souffle dans les Caraïbes et aux Etats-Unis d’Amérique.
La renaissance africaine est contenue dans cette élévation de la mémoire, dans les chants amers et féconds du monde noir qui résonnent sur toute la terre. L’âme africaine est dans toutes les musiques du monde, elle se livre pour répandre l’histoire des royaumes déchirés, la longue traversée mortelle, la fougue du désir retrouvé, la dignité à se connaître et la grandeur à renaître.
Née en 1937 à Tivaouane (Sénégal), Fatou Ndiaye Sow a été professeure à l’école primaire. Elle a publié de la littérature pour la jeunesse, « Takam-takam », éditions N.E.A., 1981 et a composé des nouvelles encore inédites. Elle est membre fondatrice du comité international des femmes écrivaines. Elle est décédée subitement le 23 octobre 2004, alors qu’elle participait à un congrès de femmes écrivaines africaines à New York.
L'extrême « francisation » du Sénégal l’empêche d'exploiter les immenses richesses endogènes susceptibles de stimuler son développement dans de nombreux domaines, notamment celui de la santé, constate le Dr Éric Gbodossou qui allie modernité et tradition.
L'extrême francisation du Sénégal l’empêche d'exploiter les immenses richesses endogènes susceptibles de stimuler son développement dans de nombreux domaines, notamment celui de la santé. C’est le constat, mais aussi le regret, du Dr Éric Gbodossou, fils adoptif de la communauté sérère et vodouisant pratiquant. Mais au dela du Sénégal son constat concerne d’autres pays du continent. Fonadteur de l'organisation Prometra, il se bat pour la vulgarisation des medcinies traditionnelles et des savoirs endogenes en Afrique. mais comme nul n'est prophete en sa terre, c'est hors du continent que sa medecine traditionnelle est bien accueilie, mais n'est pas pret a tout brader aux Occidentaux
Médecin combinant modernité et tradition, et fervent promoteur des médecines et traditions négro-africaines, le Dr Gbodossou a développé des solutions efficaces pour traiter de nombreuses maladies réputées incurables, y compris des troubles mentaux. Cependant, il fait face à de nombreux obstacles dans ses efforts pour vulgariser ses remèdes et transmettre ces savoirs au Sénégal, alors que d’autres pays comme l’Ouganda ou le Mali voisin les adoptent et les expérimentent déjà.
Les différents gouvernement sénégalais qui se sont succédé a la tête du pays depuis des décennies semblent peu enthousiastes, bien que les États-Unis eussent reconnu depuis très longtemps l’efficacité de ses remèdes en leur délivrant des brevets pour ses découvertes dans le domaine de la sante. Ironiquement, ce même pays cherche avec instance à « acheter » ces savoirs du médecin pour des milliards de dollars. Face à cette situation, le médecin résiste fermement, convaincu que ces connaissances doivent rester en Afrique et servir prioritairement les Africains.
Sur le plan géopolitique et de la géostratégie, l’Afrique est à la traîne, notamment dans le domaine des intelligences artificielles. Cependant, elle dispose d’un avantage indéniable dans le domaine de la santé : ses savoirs endogènes. Là où la médecine moderne a montré ses limites, les traditions médicales africaines démontrent une efficacité qui pourrait devenir une force majeure pour le continent.
Malheureusement, des siècles de colonisation ont laissé des séquelles profondes. L’aliénation culturelle empêche de nombreux Africains de s’affranchir de leurs chaînes et de valoriser leurs propres richesses culturelles et scientifiques. Selon le Dr Gbodossou, cette situation freine l’Afrique dans sa quête de reconnaissance et l’empêche de reprendre sa place dans le concert des nations, ainsi que de restaurer son brevet de respectabilité d’avant la colonisation.
Adopté par le Sénégal, pays de la Teranga, et proche de la communauté sérère depuis plusieurs décennies, le Dr Gbodossou est bien conscient de la résistance à une science fondée sur les réalités ancestrales africaines. N’eut-été cette résistance, la Sénégal se serait épargne quelques drames qu’il a vécu au cours de son histoire ou du moins amortir les effets.
En effet, avec « ses parents Sérères », il dit avoir souvent produit un rapport annuel détaillé envoyé aux autorités, notamment aux différents gouvernement qui se sont succédé. Ces rapports contenaient parfois des drames et indiquaient des solutions, mais les autorités ont toujours négligé ces prédictions et laisser les choses se produire comme si elles étaient inéluctables. C’est le cas de la crise sénégalo-mauritanienne, la pandémie de Covid-19, et même la tragédie du Joola.
Le Dr Gbodossou affirme lors de sa conference avoir annoncé toutes ces crises avec son équipe. Comme nul n’est prophète en son pays, c’est outre-Atlantique qu’il est écouté, recherché, car les Américains seraient prêts à acheter son cerveau à coups de milliards.
En définitive, il est courant de voir des élites africaines (hommes politiques et intellectuels) monter sur leurs grands chevaux et déclarer à la ville et au monde que le développement de l’Afrique doit être endogène, basé sur les réalités africaines, à l’instar de la Chine ou d’autres pays d’Asie. Cependant, il convient de se poser la question de savoir jusqu’où les auteurs de ces propos y croient. Sinon, comment comprendre ce que le Dr Éric Gbodossou explique ? Que perd-on à essayer même si on croit être civilise par le bons sens de la science des lumières
par Abdoul Aziz Diop
LE TESTAMENT POLITIQUE DE MAMADOU DIA
Le désarroi d'Ousmane Camara face aux insuffisances du Sénégal contemporain le pousse à une relecture radicale de l'indépendance. Mais les témoignages historiques, notamment ceux de Mamadou Dia, révèlent une réalité plus nuancée
Prenant la parole à l’occasion de la cérémonie de présentation du rapport significatif d’étape – « Introspection, rétrospection et prospection : 50 ans d’indépendance en Afrique de l’Ouest » –, initié et réalisé par la Rencontre africaine pour la défense des droits de l’homme (RADDHO), l’ancien juge Ousmane Camara dit être « effrayé par ce qui est arrivé » au Sénégal pendant et après les événements de décembre 1962. L’ancien ministre dans les gouvernements des présidents Senghor et Diouf considère alors que « jusqu’à présent nous vivons la même chose ». Et Ousmane Camara d’ajouter qu’« en réalité, nous n’étions pas indépendants. Cette indépendance était un leurre. Tous nos problèmes découlent de cela ». C’est qu’à ses yeux, « Senghor et Dia n’étaient que des pions ». Cette sentence est d’un grand intérêt quoique confusément sévère et polémique. Son intérêt est tel qu’elle pousse son auteur à proposer au pays « la tenue d’états généraux de l’histoire du Sénégal ». Mais c’est là que tout se complique puisque « l’histoire, avertit le grand romancier Argentin Enesto Sabato, est faite d’oublis et de sophismes ».
Ce n’est qu’en 1979, cinq ans après sa libération de prison et trois ans après son amnistie, que l’instituteur Mamadou Dia - qui fut, pendant treize ans, le secrétaire général du Bloc démocratique sénégalais (BDS), sénateur, député à l’Assemblée nationale française, député du Sénégal, maire de Diourbel et président du Conseil du gouvernement du Sénégal –, céda à la pression d’amis et de jeunes pour apporter son témoignage sur l’histoire politique du Sénégal.
Déjà victime d’une « mesure de rétrogradation » dans sa carrière d’enseignant du fait de son hostilité manifeste aux autorités coloniales et de son refus des mots d’ordre du régime de Vichy, Dia donna à la création du BDS « le sens d’une protestation contre la politique de la SFIO, qui se traduisait par l’inféodation à un parti politique européen ». Pour, comme disait Senghor, « tuer le vieil homme sénégalais » plutôt tenté par le « parti de clients » et le « remaniement de l’idéal de jadis », Dia, animé d’une conviction profonde et d’un désintéressement absolu, suscita une véritable « autonomie de pensée et d’action » en récusant, dès la Libération, tout arrimage aux partis européens. Très tôt, Mamadou Dia cria son indignation contre les « effets regrettables des compromissions » qui firent de Dakar et de Thiès des villes d’occupation par suite de la mutation des bases de la Communauté en bases militaires punitives et d’agressions contre les peuples qui se révoltent. « Dès 1961, écrit Mamadou Dia dans ses Lettres d’un vieux militant (Compte d’auteur, 1991), il y a eu des négociations avec le gouvernement français pour l’évacuation totale des bases françaises ». « Dans le domaine monétaire, ajoute-t-il, nos négociations avaient prévu la création d’une zone monétaire dans la région, zone monétaire indépendante de la zone franc. » D’ores et déjà, il nous paraît impossible de ne pas nous interroger sur ce qui s’est passé par la suite au détour d’« états généraux de l’histoire du Sénégal ».
A la différence d’autres témoins de l’histoire, Dia accusa Senghor de son vivant, lui offrant ainsi la possibilité de répondre. « C’est bien aux mutations subies par l’homme Senghor que l’on doit les avatars du Sénégal de l’après indépendance », tranche Mamadou Dia dans les colonnes du mensuel d’expression et de combat Andë Sopi. Mais Dia ne se contente pas d’une accusation. Les témoignages de Senghor dans une interview accordée à Bara Diouf, fin 1978, lui font justice quand on lui jeta à la face l’action de son gouvernement contre la classe ouvrière, le Parti africain de l’indépendance (PAI), le pluralisme et la démocratie entre 1959 et 1960. Quid du « pion » ? Dia répond lui-même : « Oui, j’ai été toujours ami de la France, mais jamais son agent. » En 1959, Mamadou Dia adressa à De Gaulle « une vigoureuse lettre de protestation » - ce sont ses mots – et fit arrêter deux Français impliqués dans un complot contre la Guinée. Dia réagissait ainsi à un communiqué diffusé à l’époque par Radio-Conakry et dans lequel le président Ahmed Sékou Touré accusait le Sénégal preuves à l’appui. Dia agissait en ami de la France tout en se défendant d’en être l’agent ou le « pion ». C’est que « nulle part dans le bréviaire du politique, il n’est écrit l’incompatibilité entre le nationalisme en actes et l’amitié pour les autres peuples dont les dirigeants respectent votre personnalité et ne piétinent pas vos droits ». Dia s’efforça d’élargir le champ de la coopération du Sénégal avec le reste du monde. Il prôna aussi « une solidarité de condition avec le Tiers-monde » contre « la coopération extravertie », facteur de « servitude économique », perceptible à travers, entre autres, « le Programme général d’importation (PGI) selon lequel, sous prétexte d’économies des devises, les importations du Sénégal hors CEE sont soumises à licences ». L’élargissement des relations avec l’Afrique au sud du Sahara achoppa, lui, sur « le renversement de tendance ou l’ère de l’auto-colonisation ».
On connaît la suite qui révulse Ousmane Camara, le poussant à se demander : « pourquoi en 2011 nous n’avons ni eau ni électricité ? » Dia déplora aussi l’état d’arriération d’un pays qui fut « le fer de lance du développement de l’Afrique, à l’aube des indépendances nationales ». Nous devons commencer par le dire si nous voulons des « états généraux de l’histoire » pour l’action. Mamadou Dia y contribue à travers son œuvre « que l’on n’aura pas tort de lire comme un testament politique à l’adresse de la jeunesse d’Afrique ».
En image, au recto de la page vierge de mon recueil de chroniques (octobre, 2003), les mots du président Dia écrits par son épouse sous sa dictée et qu’il signa lui-même de sa main de patriarche des bonnes causes sénégalaises, africaines et mondiales.