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25 novembre 2024
Culture
SIDIKI DIABATÉ VA ANIMER LE CONCERT D’OUVERTURE DE LA BIENNALE DE DAKAR, VENDREDI
L’artiste malien Sidiki Diabaté va animer le concert d’ouverture de la 14e Biennale de l’art africain contemporain de Dakar (Dak’Art, 19 mai- 21 juin), vendredi à 20 heures, à l’ancien palais de justice du cap Manuel
Dakar, 17 mai (APS) – L’artiste malien Sidiki Diabaté va animer le concert d’ouverture de la 14e Biennale de l’art africain contemporain de Dakar (Dak’Art, 19 mai- 21 juin), vendredi à 20 heures, à l’ancien palais de justice du cap Manuel, a appris l’APS auprès du comité d’organisation de l’événement artistique.
Le concert sera précédé de la cérémonie d’ouverture du Dak’Art, qui aura lieu jeudi à 9 heures, au Grand Théâtre national Doudou-Ndiaye-Rose.
L’ancien palais de justice du cap Manuel va accueillir une exposition internationale, à laquelle prendront part 59 artistes venus de plusieurs pays, selon le programme de la Biennale de l’art africain contemporain de Dakar.
Le document annonce d’autres concerts de reggae all stars, de black rock et d’art numérique à Dakar et dans sa banlieue.
L’association Africulturban, dirigée par le rappeur Matador, a prévu de tenir neuf concerts avec des artistes de Flow Up, au cours du Dak’Art.
‘’Toute une logistique sera mise en place, afin que la scène où se produiront les artistes ne puisse être accessible au public qu’à la seule condition de parcourir au préalable le circuit des expositions du ‘IN’ de la Biennale’’, lit-on dans le programme.
La compagnie de danse 5e Dimension se produira lors du Dak’Art.
UNE BIENNALE POUR REPLANTER L'ART CONTEMPORAIN AFRICAIN DANS LA RUE
D'intriguantes pyramides...et un énorme chien jaune ont fait irruption sur la corniche de Dakar: pour la très attendue Biennale d'art contemporain africain s'ouvrant jeudi, des artistes investissent l'espace public pour "faire tomber les murs" des musées
D'intriguantes pyramides...et un énorme chien jaune ont fait irruption sur la corniche de Dakar: pour la très attendue Biennale d'art contemporain africain s'ouvrant jeudi, des artistes investissent l'espace public pour "faire tomber les murs" des musées et galeries, une innovation de cette 14e édition.
Face au bleu magnétique de l'océan, des habitants s'approchent en silence des deux mausolées en forme pyramidale.A l'intérieur et à l'extérieur, des dizaines de visages en terre, les yeux fermés à jamais, certains hurlant.Des chaussures s'échappent des mausolées, alignées jusqu'au bord de la falaise, comme tombant à la mer.
Une évocation et une dénonciation puissantes, par l'artiste sénégalais Yakhya Ba, des tragédies de la migration clandestine qui endeuillent tant de familles africaines.
Un peu plus loin, un imperturbable chien surdimensionné est l'objet de selfies de résidents amusés, le but de l'Egyptien Khaled Zaki qui a voulu donner de la joie aux enfants et évoquer le problème des chiens errants de la capitale.
Faire "tomber les murs des galeries et des musées", déplacer "l'atelier de l'artiste dans la rue" et briser "l'imaginaire élitiste que le citadin se fait de l'art": ce projet "Doxantu" (la promenade, en langue wolof) est un véritable "plaidoyer pour un art plus présent dans l'espace public", plaident les organisateurs.
- Centaines d'expositions -
La bouillonnante capitale est réputée pour son énergie créative, dans un pays qui a vu naître de grands artistes tels qu'Ousmane Sow.
Après un report en 2020 à cause du Covid, la 14e édition accueille jusqu'au 21 juin le meilleur de la création contemporaine du continent.L'édition 2018 avait drainé près de 250.000 visiteurs, dont plus de 50.000 venus de l'étranger.
"85 pays sont représentés et plus de 2.500 artistes présents dans le IN et le OFF sur l'étendue du territoire et de la diaspora", selon les organisateurs.
Le directeur artistique, El Hadji Malick Ndiaye, a la franchise de faire le constat que, dans ce pays pauvre, "la société, au-delà des acteurs culturels, n'a pas toujours ressenti la Biennale", malgré les centaines d'expositions et lieux ouverts à tous et la couverture médiatique.
Il a demandé à 17 artistes de produire in situ des oeuvres monumentales pour "dialoguer" avec les lieux jalonnant la corniche (village de pêcheurs, université, prison etc), et programmé des performances "dans des endroits reculés" de la capitale.
Le thème de cette édition est "Ndaffa (la forge, en wolof)", "la construction de nouveaux modèles".
Près de 300 expositions à Dakar et sur les îles de Ngor et Gorée, et une grosse centaine dans d'autres villes et pays de la diaspora, sont au programme du IN et environ 350 projets dans le OFF.
"Cette Biennale est symboliquement forte parce que c'est après la crise du Covid-19 qui a secoué et testé les pays africains", souligne M. Ndiaye dans un entretien à l'AFP.
"L'Afrique est au carrefour de plusieurs mutations : mouvements pour une nouvelle appropriation du patrimoine africain, questions sur le franc CFA, sur l'autonomie des pays africains, troubles dans plusieurs pays, émergence de nouvelles consciences citoyennes..."
Lors de cette Biennale, "on invite les artistes à avoir leurs propres points de vue sur tout cela, à forger de nouvelles manières de penser, à tout faire pour ne pas se replier sur soi-même et ne pas partir à la dérive", dit-il.
- "Faire crépiter la culture" -
L'exposition internationale présente, dans un ancien palais de justice à l'atmosphère hors du temps, 59 artistes visuels de la sélection officielle, venus de 28 pays, dont 16 pays africains et 12 pays de la diaspora.
Parmi eux, on pourra être interpellé par les visions oniriques de la sensation de l'art contemporain africain, le peintre sénégalais Omar Ba, par une vidéo de la Sud-Africaine Sethembile Msezane ou une installation transportant dans l'espace de la Franco-Togolo-Sénégalaise, Caroline Gueye, également astrophysicienne.
Parmi d'autres expositions phares, une "forêt" de 343 sculptures - hommes, femmes, enfants, sans bras, comme accablés - du Sénégalais Ousmane Dia, qui dénonce les inégalités, invitant à un ordre nouveau "qui s'appesantisse davantage sur la dignité humaine".
Un colloque scientifique, organisé par l'écrivain Felwine Sarr, débattra de la restitution du patrimoine africain.
"C'est aussi le moment où de l'autre côté du monde, il y a une guerre", dit M. Ndiaye à propos de l'invasion russe en Ukraine."Quand les armes crépitent, on doit faire crépiter la culture et miser encore plus sur elle", exhorte-t-il.
LE PATRIMOINE ARCHEOLOGIQUE DE GOREE
L’exposition Parcours de l’île de Gorée permet de mettre en avant le riche patrimoine archéologique de l’île mémoire, a-t-on appris auprès de ses initiateurs.
L’exposition Parcours de l’île de Gorée permet de mettre en avant le riche patrimoine archéologique de l’île mémoire, a-t-on appris auprès de ses initiateurs. «L’objectif est de diversifier les narratives au¬tour de l’île de Gorée en mettant en avant son riche patrimoine archéologique», a indiqué, samedi, Pr Ibrahima Thiaw, de l’Unité de recherche en ingénierie culturelle et anthropologie (Urica) de l’Ins¬titut fondamental d’Afrique noire (Ifan- Cheikh Anta Diop). Il intervenait lors de l’inauguration de l’exposition «parcours, île de Gorée racontée par l’archéologie». «Le projet est une sorte de démocratisation de l’île qui permet d’offrir des perspectives de longue durée que généralement les textes écrits n’ont pas», a-t-il notamment ajouté.
Il a rappelé que contrairement aux autres sources, l’archéologie a la capacité de pénétrer le temps pour raconter des histoires dépassant le mémoriel ou le texte. Selon lui, il était question de raconter une histoire de Gorée, couvrant la période bien avant la traite des esclaves et son ouverture au monde atlantique et au commerce triangulaire. «C’est une collection d’objets des fouilles que nous avons menées durant la première décennie des années 2000 qui couvrait des sites datant des périodes néolithiques dont l’âge n’a pas été plus au moins contrôlé, mais se situant dans la période avant Jésus-Christ», a-t-il précisé.
«Pendant très longtemps, l’histoire de l’île de Gorée a toujours été racontée par voie orale ou par des textes documentaires, des écrits. Nous, en tant qu’archéologues, nous avons cherché à interroger les objets que les gens qui y ont vécu ont laissé sur place», a-t-il fait savoir.
A partir de ces objectifs, a martelé Pr Thiaw, un récit a été développé dans plusieurs sites, pour sortir du cadre du récit unique de la Maison des esclaves et ouvrir les espaces mémoriels à d’autres sites. «En mettant les panneaux dans différents endroits de l’île, le visiteur pourra être bien renseigné et informé sur comment les autres espaces ont été impliqués dans la vie de l’île», a-t-il expliqué. «Cette initiative vise à améliorer des narratives sur l’île, elle permet de savoir comment arriver à communiquer avec les jeunes, comment transmettre ce savoir, raconter l’histoire, etc.», a quant à elle soutenu la conseillère régionale pour la culture de l’Unesco, Guiomar Alonso. Ce parcours archéologique reste une mémoire liée à une phase tragique de l’histoire de la traite des noirs incarnée par l’île, a-t-elle souligné. «Qu’est-ce que les fouilles archéologiques nous racontent sur l’île depuis des milliers d’années ?
Ce travail en est la réponse», a-t-elle fait savoir. Pour sa part, le directeur du Patrimoine culturel, Omar Badiane, a souligné que ce parcours archéologique fera la promotion des visites touristiques, scientifiques sur l’île. «Nous saluons le fait qu’un laboratoire ait pu travailler sur ces recherches et demandons à la commune de faire en sorte que son environnement socio-professionnel soit dans des meilleures conditions», a-t-il plaidé.
Selon un communiqué de presse, ce projet de valorisation du patrimoine archéologique met l’accent sur l’accueil et les échanges qui pourront être suscités par cette exposition et ce qu’est Gorée. Il s’agit aussi d’un effort de montrer autrement, à travers la culture matérielle, la vie quotidienne sur ce site inscrit sur la liste du patrimoine mondial et offre aux visiteurs une expérience empirique de la trajectoire de l’île sur près de 2000 ans.
Par Hamidou ANNE
DIALOGUE PRIMORDIAL
«Picasso Remix» est une esthétique de la résonance et une mise en perspective des formes qui s’inscrivent dans un dialogue fécond entre hier et aujourd’hui, autour de la figure de Picasso
Avec cette belle exposition «Picasso Remix», Olivia Marsaud et Mohamed Al Amine Cissé s’inscrivent dans l’hommage au centenaire de l’événement Picasso à Dakar en 1972 et assument une filiation avec Africa Remix, la grande exposition de Simon Njami, qui a présenté trois années durant (2004-2007) la création africaine contemporaine. «Picasso Remix» est une esthétique de la résonance et une mise en perspective des formes qui s’inscrivent dans un dialogue fécond entre hier et aujourd’hui, autour de la figure de Picasso, artiste inspiré par l’art africain dont les influences se retrouvent à travers son œuvre.
Seize artistes revisitent Pablo Picasso par-delà le temps et l’espace. Si Koko Komégné assume l’influence de l’espagnol dans son travail, d’autres, comme Sandra Seghir ou Roméo Mivekannin, entrent en résonance avec deux toiles célèbres de l’espagnol. Avec «LES PRIMITIFORDIALES», Sandra Seghir propose une œuvre sublime en réponse aux célèbres Demoiselles d’Avignon. La jeune peintre autodidacte, dont on n’a pas fini d’entendre parler, réhabilite les prostitués de Picasso en les sortant de la maison close catalane pour les plonger dans un autre espace, et nous invite à un jeu de perception afin que «le spectateur puisse créer son propre rapport à l’œuvre».
Dans le même exercice de correspondance et de parallèle, Mivekannin contribue à «Picasso Remix» avec un Guernica majestueux en drap aux mêmes dimensions que le célèbre tableau du musée Reina Sofia à Madrid. Ce Guernica présenté à Dakar rappelle l’acuité de la violence qui sévit à travers les conflits localisés comme en Ukraine ou au Mali et qui nous interpellent sur les menaces qui pèsent sur des vies humaines fragilisées par l’horreur de la guerre.
Le poids du hasard taquin marque l’exposition et illustre le lien spirituel qui existe entre des artistes et des œuvres de périodes et d’aires géographiques différentes dans le temps long de l’histoire de l’art. «Picasso Remix» rassemble des œuvres commandées pour l’exposition du Manège, comme «Africaine Giants», la première toile de la Sénégalaise Audrey D’Erneville dont j’ai été sensible à l’esthétique urbaine issue du graphisme. Mais on y admire d’autres objets conçus sur deux décennies (2000-2022), et qui n’ont ainsi aucun rapport avec l’idée initiale des deux concepteurs.
Les femmes de Nder de Kiné Aw, rencontrent Massacre en Corée, comme les Demoiselles de Carl-Edouard Keïta revisitent la période cubiste du peintre andalou. Les pièces en bronze de Hervé Yamguen sont aussi un hommage -par hasard- à l’œuvre sculpturale de Picasso, certes moins connue que ses toiles.
Il faut saluer le choix des commissaires d’exposer les pièces de Meïssa Fall, artiste singulier qui, de sa niche fabuleuse de l’île de Saint-Louis, recycle des pièces de vélos en œuvres d’art. Comme Picasso, il utilise un guidon et une selle pour proposer à la postérité une Tête de taureau qui, contrairement à l’œuvre de l’artiste espagnol, est démuséifiée et offerte à la vue de tout le monde. L’art se montre à la rue et décolonise son espace d’expression.
Cette exposition pluridisciplinaire, qui convoque diverses formes d’expressions – peinture, sculpture, photographie, céramique -, alterne au gré des œuvres, entre hommage, dialogue, influence, confrontation. Des artistes africains contemporains se mesurent à un maître incontesté, comme pour maintenir intacte la flamme de l’art comme vecteur d’universel et substance dans un monde où la notion du sens n’a jamais été autant interrogée.
«L’art nègre ? Connaît pas !», œuvre de Dimitri Fagbohoun installée en face de l’entrée de la galerie, accueille le visiteur pour tout de suite l’inviter à prendre part au débat sur l’influence de l’art africain chez Pablo Picasso. L’art contemporain africain, en cette période de ferveur de la Biennale, sera à nouveau au cœur du bouillonnement entre artistes, critiques, collectionneurs et amateurs. C’est le lieu de rappeler le cri du cœur de Mohamed Amine Cissé, jeune co-commissaire de l’exposition, lors du vernissage.
L’ancien banquier d’affaires devenu commissaire d’art indépendant, par sa vocation de passeur d’humanités à travers l’art, nous interpelle : «A l’heure où le débat sur le retour d’œuvres pillées durant la période coloniale continue de faire rage : afin de n’être ni spectateur ni acteurs d’une seconde vague de disparition du travail de nos artistes, et cette fois de manière autrement plus légale, collectionnons, gardons ces chefs-d’œuvre chez nous.»
ENQUÊTE SUR UN MASSACRE DE TIRAILLEURS AU SÉNÉGAL
Que s’est-il passé le 1er décembre 1944 dans le camp militaire de Thiaroye ? 80 ans après les faits, un documentaire se penche sur ce massacre grâce à trois jeunes artistes sénégalais qui, par devoir de mémoire, explorent les zones d’ombre de ce drame
En novembre 1944, la France est peu à peu libérée de l’occupant nazi. Après quatre années de guerre, 1 300 tirailleurs ouest-africains sont rapatriés par l’armée française à Thiaroye, dans un camp militaire de la banlieue de Dakar. Ils réclament le paiement de leurs soldes de captivité ainsi que diverses primes qui ne leur ont pas été versées. Le 1er décembre à l’aube, des coups de feu éclatent dans le camp. L’armée française évoque une mutinerie qu’elle a dû réprimer dans le sang. Pourtant, de nombreuses zones d’ombre demeurent. On ne sait toujours pas combien ont été tués, ni où ils sont enterrés.
Il y a dix ans, en 2012, le président François Hollande s’était rendu pour son premier voyage officiel en terre africaine dans le petit cimetière militaire de Thiaroye. Son discours avait fait l’effet d'une bombe politique. "Une répression sanglante", avait-il affirmé au sujet des tirailleurs tombés sur ce sol, le 1er décembre 1944, sous les balles de leurs frères d’armes français. Pour la première fois depuis près de 70 ans, la version officielle de l’histoire des événements de Thiaroye était remise en question.
Jusqu’ici, "l’affaire de Thiaroye" était considérée comme une "rébellion lourdement armée et une prise d’otage" ayant nécessité une "riposte" au bilan funeste de 35 morts et 35 blessés. En 2014, en marge du sommet de la Francophonie, le président français évoquait encore "un événement épouvantable, insupportable". Il remettait en grande pompe au président Macky Sall une copie des archives liées à l’évènement. Une commission d’historiens avait même été nommée pour faire enfin la lumière sur ce crime emblématique de l’injustice coloniale. Il n’en a rien été. Rien n’a filtré de ces archives et personne ne s’en étonne. Les élites politiques et scientifiques semblent, au Sénégal comme en France, avoir tourné la page. Le nombre des victimes reste indémontrable. La fosse commune où elles sont enterrées est introuvable. Comme si la mémoire de ces soldats était toujours enfouie, voire dissimulée, dans des rapports de domination qui perdurent.
Pourtant, les faits ne semblent aujourd’hui plus contestables : il s’agit d’un massacre colonial, de l’assassinat prémédité par leurs supérieurs de plusieurs dizaines, voire centaines, de tirailleurs désarmés qui réclamaient le paiement de leurs salaires de combattants. Un crime sans images tombé dans l’oubli, le plus grand crime de masse de l’histoire du Sénégal contemporain. Le premier d’une longue série commise par l’armée française à l’issue de la Seconde Guerre mondiale : Sétif en Algérie, Madagascar, Côte d’Ivoire, Cameroun... Parce que la France estimait ne plus avoir besoin de ses "troupes de couleur", parce qu’il fallait les exclure du récit national, restaurer l’ordre colonial, au mépris de ses valeurs et de ses promesses d’égalité.
Trois jeunes artistes
Aïcha écrit des pièces de théâtre, Magui est une étoile montante du rap, Babacar est comédien. Tous les trois ont grandi à Thiaroye, cette banlieue populaire qui vibre au rythme des cultures urbaines comme le rap, le slam ou le graffiti. Le camp colonial abrite toujours une présence militaire mais une ville s’y est développée dans l’anarchie. Les traces de l’histoire y sont éparses : quelques ruines des baraquements, des portraits de tirailleurs peints sur les murs, un cimetière militaire aux tombes vides délaissé au bord d’une autoroute, l’école des "Martyrs" où les jeunes retrouvent, parfois, des douilles dans le sable. Lorsqu’ils déambulent dans les rues de Thiaroye, peut-être marchent-ils sur leurs cadavres ? Ensemble, ils partent sur leurs traces et cherchent à comprendre ce qui s’est réellement passé.
Guidés par Martin Mourre, un jeune historien spécialiste du massacre qui poursuit en parallèle son travail d’enquête, ils plongent dans les contradictions des archives militaires. Ils rencontrent Biram Senghor, le fils d’un des tirailleurs assassinés qui se bat jusqu’à aujourd’hui pour obtenir réparation, ou encore Dialo Diop, l’une des grandes figures militantes du Sénégal, pour se confronter aux nœuds qui enserrent le récit de ce massacre. La vérité semble parfois tangible et, pourtant, toujours elle se dérobe. La mémoire, elle, se perpétue à travers les performances artistiques d’Aïcha, de Magui et de Babacar.
Le film entend combler un vide important : il n’existait à ce jour aucun documentaire consacré au massacre des tirailleurs de Thiaroye. Un seul film – de fiction – a échappé aux griffes de la censure, "Camp de Thiaroye" d’Ousmane Sembène, couronné à la Mostra de Venise en 1988 mais interdit en France pendant près de dix ans, comme les rares œuvres culturelles qui ont tenté de perpétuer cette mémoire. Ce film participe au même élan, celui d’une histoire partagée entre la France et ses anciennes colonies, entre les générations, les genres, les arts. Il n’a pas l’ambition de faire toute la lumière sur les béances de cette histoire, mais de briser le silence et l’ignorance en dévoilant une mémoire encore bien vive, notamment pour la jeunesse d’aujourd’hui. S’interroger sur le drame de Thiaroye, c’est mettre le doigt dans la mécanique de la violence coloniale et questionner sa résurgence.
VIDEO
FACE PEU OU PAS CONNUE DE CHEIKH ANTA DIOP
La sociologue Aoua Bocar Ly-Tall explore dans son nouvel ouvrage, un autre aspect de l'éminent égyptologue Cheikh Anta Diop, parrain de la première université du Sénégal, dans un livre intitulé "Cheikh Anta Diop, l'humain derrière le savant.
Dans son dernier ouvrage intitulé « Cheikh Anta Diop, l’humain derrière le savant », la sociologue Aoua Bocar Ly-Tall explore le côté féministe de l’éminent chercheur Cheikh Anta Diop, qui s’est battu toute sa vie pour restaurer à l’Afrique sa dignité contre l’Occident qui a travesti l’histoire du continent.
Grand égyptologue, panafricaniste convaincu, humaniste, Cheikh Anta montre que le matriarcat a longtemps dominé les vielles sociétés africaines contrairement aux autres sociétés. Malgré son envergure, son aura, Cheikh Anta était un homme humble, grand défenseur des droits des femmes. Mais ce côté ne semble pas suffisamment mis en avant de l’avis de Oua Bocar Ly-Tall. C’est Fort de constat qu’elle a choisi de consacrer cet ouvrage à l’auteur de « Nations nègres et culture » en mettant en exergue ce côté peu connu méconnu de lui.
En marge de la cérémonie de présentation du livre Confluence d’Alpha Moustapha Guèye, samedi à l’UCAD II, nous avons interrogé l’auteur sur son ouvrage intitulé « Cheikh Anta Diop, l’humain derrière le savant.
PAR Badara Niang
EL HADJI SY OU LA SYNTAXE EN ART
EXCLUSIF SENEPLUS - L’Art d’Elsy n’interpelle pas que la vue, encore moins le toucher ou l’ouïe d’ailleurs ! Il sollicite tous nos sens humains à la fois. On ne sort pas indemne de son œuvre
« Mon propos n’est pas audible, il est visuel !» Ma rhétorique est silencieuse, nous-dit Elhadji Sy, elle se capte par la vue.
C’est donc en oxymore qu’Elsy a décidé de définir sa prise de … parole ! Cette figure de style, qui postule une apparente contradiction, traduit en fait toute la complexité de son œuvre. En réalité, l’Art d’Elsy n’interpelle pas que la vue, encore moins le toucher ou l’ouïe d’ailleurs ! Il ne met pas sur orbite un sens, pris isolément. Il sollicite tous nos sens humains à la fois, d’un coup les inhibe, d’un autre les apaise !
Refusant le cantonnement dans un style prédéfini, Elsy use de tous moyens et outils (de la peinture à huile à l’acrylique, du goudron au crayon noir, de l’encre, à la peinture à eau, indifféremment) et sur tout support à portée de peinture : toile ou toile de jute, papier mâché, papier craft, bois, sous verre, murs de béton, mosaïque de carreaux….
Figuratif ? Abstrait ? Mixte ? je vais rester honnête : je ne sais pas !
Malgré les nombreuses années, noyé dans les immenses pièces d’Elsy, de longues heures assis, en spectateur, ébahi de voir « sortir de toile » autant d’émotions et d’éléments, je n’ai toujours pas la réponse à cette question ! J’abdique ! À quoi bon savoir ? Qu’y a-t-il à savoir au fait ? et pour quel usage d’ailleurs ?
Elsy, en toute espièglerie comme à son habitude, échappe à notre tendance naturelle à vouloir catégoriser ou classer. Dakar d’abord, son laboratoire, sa source d’inspiration, qu’il ne quitte jamais longtemps ; ensuite de Sao Paulo à Bale, de Berlin à San Francisco, Francfort, Johannesburg, Varsovie, Washington, Elsy s’installe, de manière volatile, sur l’univers transformé pour la circonstance en support multidimensionnel, pour partager avec le monde l’ensemble des « humanités qu’il porte », selon ses propres mots.
Oui, en effet, la peinture d’Elsy est un humanisme, une œuvre à la fois d’avant-garde et bien de son temps, évolutive mais constante dans son engagement militant, anticonformiste, voire « déviante » mais très ancrée, et sans complexe, dans les influences authentiques du foisonnement culturel d’un Sénégal postcolonial en quête de réappropriation de son imaginaire remodelé.
Qu’attendre d’autre de celui qui, pour « (…) fouler du pied (…) » les préceptes d’un Art Nègre contingenté dans le sillage de la bienpensante École de Dakar, « clone » de l’École de Paris, a, à un moment donné, décidé de peindre avec ses pieds ?
N’a-t-il pas osé, en plein vernissage, bousculant bienséance et protocole, jeter à la figure des autorités officielles, la représentation en sculpture, d’un bateau chavirant, portant en son sein les restes anonymes de victimes de la tragédie du bateau le Joola ?
Qui encore, lors de la première édition de Dak’Art en 1992, a décliné l’invitation des autorités par un retentissant épistolaire « Je ne suis pas quelqu’un qu’on invite quand recevoir me revient » ?
Elsy donne aux contemplateurs de ses œuvres, à ses contemplateurs tout court, une alternative claire : apprécier ou … apprécier ! On ne sort pas indemne de son œuvre ; en sort-on d’ailleurs ? On y reste, scotché, absorbé par la gravité des traits, la profondeur insaisissable des émotions, la versatilité du style…
Peut-être en ai-je finalement trop dit sur quelqu’un qui considère que son « (…) art est une syntaxe visuelle », qui parle, sans mot, sans son et n’en attend aucun en retour !
Trois (3) ans, après sa brillante flash-expo « 7 Portes Pour Entrer En Peinture » au musée de l’IFAN, Elsy, rare et précieux, nous revient dans cette édition du Dak’Art 2022, en OFF collectif (Esprit Boulangerie à Ouakam), et en solo au Plateau (Galerie Selebe Yoon) ! En force et en douceur ! Oxymore, a-t-on dit !
REQUIEM POUR UN MASSACRE
Au Sénégal, en décembre 1944, plusieurs centaines de tirailleurs étaient massacrés à Thiaroye. Un documentaire revient sur cette tragédie jamais totalement éclaircie
On sait qu’ils ont été enterrés dans ce périmètre, mais où exactement ? « Qu’est-ce qui nous dit qu’on n’est pas en train de marcher sur eux ? » s’interroge, face à la caméra, le jeune comédien Babacar Dioh, qui a lui-même grandi à Thiaroye. Dans cette ville de la périphérie de Dakar, dont le nom est à la fois associé à la Seconde Guerre mondiale et aux crimes coloniaux, nul mausolée n’honore la mémoire des tirailleurs sacrifiés le 1er décembre 1944.
Dans « Thiaroye 44 », diffusé ce 14 mai sur France 24 (et qui sera repris en septembre sur TV5 Monde et Public Sénat), les réalisateurs Marie Thomas-Penette et François-Xavier Destors s’efforcent de ressusciter les tirailleurs de Thiaroye, après plus de soixante-dix-sept années de déni.
En cette fin de novembre 1944, plusieurs centaines de ces soldats africains, démobilisés après avoir été faits prisonniers de guerre en France, sont regroupés dans le camp militaire de Thiaroye, de retour vers leur pays natal. Les uns sont originaires du Sénégal, d’autres du Dahomey (l’actuel Bénin), du Soudan français (l’actuel Mali), de Côte d’Ivoire ou de Guinée. Le pays pour lequel ils ont combattu, lui, a fait abstraction des indemnités et des primes qui leur étaient dues.
Quand la grogne monte dans leurs rangs, la riposte française se fait sanglante. Le 1er décembre 1944, à l’aube, des soldats et des gendarmes français sous les ordres du général Marcel Dagnan ouvrent le feu sur les tirailleurs qui revendiquent leur solde. La terre de Thiaroye deviendra la fosse commune de ceux qui passent pour de dangereux mutins.
Questions sans réponse
Si l’événement est connu de longue date, des zones d’ombre demeurent. Deux questions, en particulier, restent non résolues : combien de tirailleurs ont trouvé la mort dans ce massacre et où leurs dépouilles ont-elles été enterrées – ou, plutôt, dissimulées sans recevoir de sépulture décente ?
En octobre 2014, en marge du sommet de l’Organisation internationale de la francophonie (OIF), à Dakar, François Hollande avait fait une halte au cimetière de Thiaroye pour y prononcer un discours qui se voulait symbolique. Le président français, dont les déclarations sont en partie reprises dans le film, célébrait tout à la fois la « mémoire glorieuse » et la « mémoire douloureuse » unissant la France à ses anciennes colonies. Au cœur de cette histoire commune, selon lui, une « dette de sang qui unit la France à plusieurs pays d’Afrique, dont le Sénégal ».
François Hollande reconnaît alors que « les événements qui ont eu lieu ici, en décembre 1944, sont tout simplement épouvantables, insupportables ». Or la France, assure-t-il, « se grandit chaque fois qu’elle est capable de porter un regard lucide sur son passé ». « La répression sanglante de Thiaroye » est alors évoquée explicitement. Faut-il y voir un virage dans le storytelling français ?
Déclic
Ce discours, aux paroles empreintes de noblesse, laisse imaginer un aggiornamento. Il provoquera un déclic chez les deux jeunes réalisateurs, qui décident alors de se lancer dans ce projet de documentaire. François Hollande n’avait-il pas promis qu’il remettrait au Sénégal les archives françaises sur Thiaroye ?
Pourtant, selon François-Xavier Destors, « François Hollande n’a rien fait par la suite. » « Qualifier ce massacre de ‘répression sanglante’ pose par ailleurs un problème, ajoute-t-il. Car, en France, la version d’une mutinerie trop sévèrement réprimée est toujours en vogue dans les milieux militaires, voire chez des historiens réputés. »
RÉFORMES DU FOOTBALL, MOUSTAPHA KAMARA INDIQUE LA VOIE À LA FSF
«Les Réformes du football au Sénégal » : C’est le titre du nouvel ouvrage du professeur de droit du sport, Me Moustapha Kamara, paru aux éditions Harmattan
«Les Réformes du football au Sénégal » : C’est le titre du nouvel ouvrage du professeur de droit du sport, Me Moustapha Kamara, paru aux éditions Harmattan. Dans le livre préfacé par l’ancien directeur de l’Administration générale et de l’Equipement du ministère de la Jeunesse et des sports (DAGE), Sidikh Diakhaté, l’auteur retrace les différents aspects juridiques qui ont marqué l’évolution du football et fait des propositions de réformes pour un football sénégalais plus émergent. La cérémonie de dédicace du livre a eu lieu ce jeudi 12 mai, à Dakar au Good Rade (Dakar).
Le football sénégalais a parcouru du chemin pour devenir ce qu’il est aujourd’hui. Des dirigeants se sont battus à travers la mise en œuvre de beaucoup de réformes pour sa structuration. Une histoire beaucoup plus ancienne que d’aucuns le pensent que le professeur de droit du sport, Me Moustapha Kamara a retracé dans un ouvrage de 267 pages intitulé «Les Réformes du football au Sénégal» paru aux Editions Harmattan et présenté au public avant-hier, jeudi 12 mai.
De la période coloniale aux années d’indépendance de 1920 à 1962, puis de 1965 à 1968 avec l’apport du ministre Amadou Racine Ndiaye, ensuite de 1968 à 1972 avec la réforme du Commissaire général aux sports, Lamine Diack suivie de l’adoption de la Charte du sport par une loi de 1984 et enfin les états généraux du football présidés par le ministre Landing Sané qui consacrent la création d’une ligue professionnelle en 2009, l’auteur a revisité tous les différents aspects juridiques de l’évolution du football sénégalais.
Pour le préfacier Sidikh Traoré, ancien directeur de l’Administration générale et de l’Equipement (DAGE) du ministère de la Jeunesse et des sports, le livre composé de quatre parties et dont l’avant-propos porte la signature de l’ancien ministre des Sport, Mbagnick Ndiaye, est un «outil didactique mis à la disposition et à la connaissance du monde sportif en général et de celui du football en particulier».
Prenant la parole, le directeur exécutif de la Ligue sénégalaise de football professionnel, Amsatou Fall a fait savoir que l’ouvrage permet de comprendre «la longue marche du football sénégalais et de se familiariser avec les acteurs qui ont impulsé le secteur». Un secteur dont ses débuts au Sénégal remontent à 1920, selon l’auteur. C’est pourquoi, dira le président de la l’Association nationale de la Presse sportive (ANPS), Abdoulaye Thiam : « J’ai sous les mains 102 ans du football sénégalais, les hommes qui les ont mis en place, les réformes qui ont été engagées ».
En effet, même si le football au Sénégal connait des progrès à travers les réformes, tout n’est pas encore parfait pour autant. Dans ce qui constitue son 10e ouvrage, Me Moustapha Kamara fait aussi des propositions de réformes dans ses textes, sa gouvernance, ses infrastructures, son modèle économique pour un football sénégalais émergent.
L’auteur a, entre autres, appelé à régler le problème de gouvernance au niveau de la Fédération sénégalaise de football (FSF) pour limiter le nombre de mandat, à respecter la parité dans les postes au vu du développement du football féminin et à travailler sur le sponsoring pour le football et le changement du modèle sociétal des clubs.
Me Moustapha Kamara a aussi insisté sur la mise en œuvre d’une «politique marketing» au sein de la FSF. «Mon livre n’est pas un critique mais une façon de contribuer au développement du football sénégalais par l’élaboration d’une politique sportive au Sénégal», a dit l’auteur. A travers son ouvrage, le professeur de droit du sport rend hommage aux dirigeants, arbitres, journalistes et joueurs et à la Ligue de football professionnel sénégalais.
NOUS VOULONS FAIRE DE DAKAR LA CAPITALE DU RIRE EN AFRIQUE DE L’OUEST
Samba Kanté, créateur de Samba Show : Le festival «Dakar fait sa comedy», qui est devenu un rendez-vous incontournable de l’humour, revient dans la capitale sénégalaise ce 14 mai 2022, au Grand Théâtre Doudou Ndiaye Coumba Rose
Le Grand Théâtre de Dakar abritera la 3e édition du festival d’envergure internationale «Dakar fait sa comedy», le samedi 14 mai 2022. Après deux éditions marquées par un succès absolu, Samba Kanté et Cie veulent exporter l’humour sénégalais dans le monde entier, mais aussi faire de Dakar la capitale du rire en Afrique de l’Ouest.
Le festival «Dakar fait sa comedy», qui est devenu un rendez-vous incontournable de l’humour, revient dans la capitale sénégalaise ce 14 mai 2022, au Grand Théâtre Doudou Ndiaye Coumba Rose.
Le rire est déjà au rendez-vous avant le jour J. Ce mercredi, les humoristes, notamment Paston, Phil Darwin, Moussier Tombola, Zatis et Kalvin, Fodje Sissoko (France), Oualas, Prissy La Degameuse (Cote d’ivoire), Hervé Kimenyi (Gabon) et Mister Keke, ainsi que des artistes et humoristes locaux dont Mahfousse, Singom, Mbow le caméléon, Mame Balla et Astar La chanteuse, ont échangé avec les journalistes dans une ambiance décontractée. De l’humour à couper le souffle.
En effet, Samba Kanté et sa bande reviennent à Dakar pour la 3e édition du festival «Dakar fait sa comedy». Un évènement d’envergure internationale qui ambitionne, selon les organisateurs, de faire de Dakar une plateforme culturelle à travers le rire, l’humour et le stand-up.
Percevant les enjeux d’une telle manifestation, Samba Kante, créateur de Samba Show et producteur de l’évènement, estime que, en tant que digne fils du pays, c’est normal qu’il vienne à Dakar pour contribuer à l’évolution de l’humour sénégalais. «Je passe un message à nos anciens, Per Bou Xar, Sanekh, Kouthia, entre autres, pour faire en sorte que ce rendez-vous soit un rendez-vous incontournable de l’humour et de la culture sénégalaise, mais aussi de faire de Dakar la capitale du rire en Afrique de l’Ouest.» Selon lui, un pays sans culture, ce n’est pas un pays comme il se doit. «Donc apporter une touche de rire dans le cœur des Sénégalais est primordial», a-t-il soutenu lors de cette conférence de presse. Pour cette 3e édition, ils ont misé aussi sur les influenceurs à forte notoriété de ce pays, pour que le message passe mieux auprès des Sénégalaises et Sénégalais et qu’eux aussi, «ils puissent s’ouvrir au monde», a expliqué Macky Madiba Sylla.
Samba Kanté, l’humoriste sénégalais basé en France, admet que ce n’est pas facile d’imposer la comédie sénégalaise au niveau international, vu que la plupart des humoristes s’expriment en wolof. Mais, pour lui, c’est un combat qu’il faut mener. «Le Sénégalais est marrant dans les gimmick. Donc on va essayer de faire le mélange entre le français, le wolof et le gimmick pour que le monde adapte l’humour sénégalais», a-t-il fait savoir.
A rappeler que cette année, le festival apporte un show exceptionnel avec un programme de 3h de sketchs, stand-up, chants et danses inédits, organisé en l’honneur de l’Afrique dans toute sa diversité, sa dimension continentale et diasporique, indique les organisateurs. Paston, de son vrai nom Patrice Kouassi, humoriste et comédien ivoirien, prévient déjà les spectateurs. «On ne vient pas à Dakar pour juste figurer. On vient à Dakar parce que c’est chez nous, c’est notre continent», a-t-il lancé en toute sincérité. Avant de déplorer le fait que le Sénégal, qui est un pays culturellement riche, n’a aucun artiste comédien international. Selon lui, le Sénégal a des artistes comédiens qui jouent dans des films sénégalais et se vendent dans la diaspora. Mais ses comédiens, dit-il, se limitent à la communauté sénégalaise. «On ne fait pas une ouverture d’Afrique en s’enfermant. Le wolof doit être enseigné et soutenu», a-t-il plaidé. Il estime que le problème de la comédie au Sénégal, c’est le fait que tout soit dit en wolof et que tout le monde ne parle pas wolof. «L’idée, c’est vraiment de démocratiser tout ça», a conclu l’humoriste ivoirien, qui ajoute que pour aider l’Afrique, il faut joindre l’utile à l’agréable. «L’utile, c’est le social et l’agréable, c’est le spectacle. C’est pourquoi je dis que moi, je ne viens pas que pour le spectacle. Je viens pour l’utile et l’agréable en même temps», conclut-il.