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9 avril 2025
Culture
REPRESENTEE SUR UNE ŒUVRE A SON INSU : L’ECRIVAINE RAMA SALLA DIENG EXIGE LE RETRAIT DE SON IMAGE
Cette 15e édition aura été marquée par une situation quelque peu inhabituelle. Une écrivaine sénégalaise, Rama Salla Dieng, a été représentée dans l’œuvre de la Marocaine Majida Khattari
La Biennale de l’art contemporain africain de Dakar vit ses dernières heures. Mais cette 15e édition aura été marquée par une situation quelque peu inhabituelle. Une écrivaine sénégalaise, Rama Salla Dieng, a été représentée dans l’œuvre de la Marocaine Majida Khattari. La Sénégalaise, n’étant pas avertie, a demandé le retrait de son image.
La 15e Biennale de l’art contemporain africain (Dak’Art 2024) vit ses dernières heures. Entre expositions, manifestations et colloques, Dakar a vibré pendant un mois au rythme de l’art. Dans l’ancien Palais de justice du Cap Manuel qui accueille l’exposition internationale, les visiteurs ont été très nombreux. Et ceux qui ont visité cette petite salle qui accueille l’installation de l’artiste marocaine Majida Khattari, Le châtiment des roses, ont pu constater des changements dans l’œuvre entre le début de l’évènement et sa fin. Un des visages de femmes représentées dans le temple est désormais recouvert d’une pièce rouge. Une façon de dérober au regard le visage du personnage qui est la chercheuse et écrivaine Rama Salla Dieng. Représentée dans cette œuvre à son insu, la chercheuse sénégalaise a réagi à un acte qu’elle considère comme «pas éthique du tout». «Mme Khattari a utilisé mon image, soi-disant pour me rendre hommage, estimant que je devais en être heureuse. Je suis contre le fait d’aller sur internet, d’utiliser l’image de quelqu’un, de l’imprimer et de venir l’exposer sans avoir au préalable pensé informer la personne que son image était utilisée», réagi Dr Rama Salla Dieng. «Elle n’était pas d’accord, parce que je ne lui ai pas demandé d’autorisation. Et je lui ai expliqué que j’avais beaucoup de travail, parce que j’ai fait la Biennale de Venise. En tant qu’artiste, je peux utiliser cette image parce que nous sommes dans une biennale. Je ne suis pas en train de vendre le tableau. Et pour moi, c’était une référence parce que c’est une romancière sénégalaise. J’étais choquée qu’elle me le reproche», explique l’artiste marocaine. Ses explications n’ont sans doute pas convaincu la chercheuse et féministe sénégalaise. «Elle m’a expliqué avoir pris attache avec une avocate qui a dit que si c’est utilisé à des fins artistiques, c’est autorisé. Mais moi, franchement, je n’en ai rien à faire qu’elle ait demandé à son avocate parce que le temps qu’elle a passé à demander à son avocate, elle aurait pu tout simplement m’écrire un email. Ce n’est pas dans le cadre du Off de la biennale, c’est dans le cadre du In, ce qui veut dire qu’elle a eu le temps, vraiment eu le temps de bien préparer son exposition. Et je pense que la moindre des choses aurait été de me demander la permission avant d’utiliser mon image. Je trouve que ce n’est pas éthique du tout. Je trouve que pour une artiste, cette pratique est vraiment douteuse, qu’il aurait fallu, si elle se juge artiste, demander à la personne l’autorisation d’utiliser son image», réplique Mme Dieng. Au final, l’artiste marocaine a fait mettre une cache sur le visage de sa caryatide sénégalaise.
De «Mee too» à «Balance ton porc»
Dans la salle, une fois la porte franchie, on est accueillie par des voiles colorées. Sur une grande partie de la salle, de curieuses statuettes trônent sur des piédestaux. Les visages humains sont prolongés par un arrière-train de porc. Dans la galerie de portraits, on retrouve Donald Trump, Harvey Epstein, Dominique Strauss Kahn, Roman Polanski, Woody Allen ou Bill Cosby. Tous ont en commun d’avoir été impliqués dans des histoires très scabreuses. En face de cette galerie de personnages, une série de six portraits de femmes accrochés au mur. Entre ces femmes et les «porcs», un bouclier fait d’une multitude de petits miroirs de femmes. Ophrah Winfrey, Angela Davis, Dr Rama Salla Dieng, entre autres, les caryatides de Majida ne sont pas soumises. Par leurs postures, leurs ports de têtes déterminées, elles incarnent la puissance et la force des femmes. «Les femmes que j’ai érigées en caryatides, ont toutes la même robe, le même paysage. Parce que ce sont toutes des féministes. Alors, il y a des écrivaines, il y a des chanteuses, il y a des journalistes. Donc toutes des femmes qui créent les mouvements féministes dans la société et qui ont créé quelque chose par elles-mêmes», explique Majida Khattari. «L’installation est sous forme de temple, parce que j’ai fait une relecture du mythe de la méduse, de la gorgone. Il y a eu Me Too aux Etats-Unis, il y a Balance Ton porc en France, les deux sont mixés», poursuit l’artiste marocaine. Sélectionnée dans l’exposition internationale, Le châtiment des roses, l’œuvre de la marocaine, renverse les rôles du mythe de Persée et Méduse.
LA PIONNIERE VISIONNAIRE DE L’ART ET DE L’ECOLOGIE
ans le cadre de la 15ᵉ Biennale des Arts de Dakar, un hommage solennel a été rendu à Madame Madeleine Devès, figure emblématique de l’art plastique et pionnière de la récupération artistique au Sénégal.
Ce mardi 3 décembre, le Centre International d’art contemporain et de culture (CIAC), situé à Ouest Foire près de la Case des Tout-Petits, a été le théâtre d’une cérémonie riche en émotions et en créativité. Dans le cadre de la 15ᵉ Biennale des Arts de Dakar, un hommage solennel a été rendu à Madame Madeleine Devès, figure emblématique de l’art plastique et pionnière de la récupération artistique au Sénégal.
L’ART DE TRANSFORMER L’OUBLIÉ
Reconnaissable par sa démarche artistique singulière, Madeleine Devès a ému l’audience en revenant sur son travail et sa philosophie. "Mon art consiste à redonner vie à des matériaux rejetés, qu’il s’agisse de morceaux de tissus, d’ossements ou encore de noix de cocotier. Ces objets, considérés comme inutiles, ont pour moi une histoire et une âme que je tente de sublimer dans mes œuvres", at-elle confié avec passion.
Sa démarche, entamée dans les années 1960, s’est transformée en une véritable exploration des possibilités qu’offrent les rebuts du quotidien. Elle évoque notamment les « sekkiit », ces chutes de tissus laissées par les tailleurs, qu’elle a intégrées dans des compositions audacieuses et vibrantes.
"À travers mes œuvres, je veux montrer qu’aucun objet n’est inutile. Chaque débris recèle une beauté que seul un regard attentif peut révéler", a-t-elle ajouté, inspirant l’admiration des nombreux artistes et amateurs d’art présents.
UNE RECONNAISSANCE MÉRITÉE PAR SES PAIRS
La cérémonie, organisée par la Communauté Africaine de Culture Section Sénégal (CACSEN), a réuni des personnalités du monde universitaire artistique et culturel. On peut noter la présence des professeurs Penda Mbow, Bouba Diop, Abdoulaye Élimane Kane, Alioune Badiane, etc.
Le président de la CACSEN, Alpha Amadou Sy, a salué l’apport exceptionnel de Madeleine Devès à l’art et à la société. "Madeleine est bien plus qu’une artiste. Elle est une pionnière, une visionnaire, et une source d’inspiration pour nous tous. Sa capacité à transformer des objets ordinaires en chefs-d’œuvre est une véritable leçon d’humilité et de créativité", a-t-il déclaré dans son discours.
D’autres témoignages ont enrichi cet hommage, comme celui de l’artiste Kalidou Kassé, qui a mis à disposition son espace pour accueillir l’exposition, et du Professeur Maguèye Kassé, commissaire de l’événement. Tous deux ont sou ligné l’originalité et la profondeur de l’œuvre de Madeleine Devès, ainsi que son engagement envers des causes sociales et environnementales.
L’exposition dédiée à Madeleine Devès Senghor se tiendra jusqu’au7décembre, offrant au public une opportunité unique de découvrir ses œuvres. Ses créations, mêlant art traditionnel et contemporain, interrogent non seulement notre rapport aux objets, mais aussi aux enjeux écologiques.
Alors que la Biennale des Arts continue d’animer Dakar jusqu’au 8 décembre, cet hommage à Madeleine Devès Senghor se distingue comme un temps fort de l’événement. Il met en lumière le rôle de l’art comme moteur de réflexion et d’action face aux défis de notre époque.
PAR Amadou Lamine Sall
THIAROYE 44, LES MISÈRES DE LA FRANCE
EXCLUSIF SENEPLUS - Il y a beaucoup de Français au Sénégal, mais il n'y aura plus la France ? Que non. Souffler sans répit sur les flammes ne sert pas à venger des mémoires. L'impératif au sommet de l'État sénégalais indiquent, désormais, la voie
Notre cher frère, le bien nommé Malick Rokhaya Ba, nous a envoyé un message par WhatsApp, pour s'interroger ainsi qu'il suit : « …on attendait de toi un texte sur Thiaroye 44 pour avoir plus d'éclairages sur les écrivains et le massacre, le contexte de sortie du film de Sembene Ousmane, les perspectives culturelles ouvertes par la nouvelle attitude de la France, les biens culturels spoliés… »
Ma réponse et ce que j'en rajoute ici, est la suivante : « Vous lirez mon cher Malick Rokhy Ba, sous envoi séparé, par WhatsApp, suite à votre message, mon poème en hommage aux tirailleurs tombés à Thiaroye. Vous me faites sourire… Si vous aviez suivi de près ce que nous avons écrit et chanté sur les tirailleurs tombés à Thiaroye, vous m'auriez décerné ne serait-ce qu'un tout petit prix ! Les poètes, dont Senghor, ont écrit et chanté ces héros ! Mais c'est comme si rien n'avait jamais existé ! Peut-être que je ne suis pas bien informé, mais les poètes, les écrivains, les artistes ont été comme écartés et oubliés de cette touchante et si émouvante commémoration du massacre de Thiaroye ! Cette commémoration, depuis Senghor, a été toujours célébrée. Il faut se féliciter qu'elle ait pris une telle ampleur sous le président Diomaye ! On ne pouvait pas rêver mieux !
Quant à la pauvre France, il y a bien longtemps qu'elle a reconnu son forfait ! J'ai lu et appris qu'elle avait mis à la disposition du Sénégal ses archives ! Tout, tout se saura alors si ce n'est déjà fait ! Que nous reste-t-il encore à demander ou à exiger d'une France fatiguée, assiégée, humiliée ? Sur la tragédie de Thiaroye, elle a capitulé ! Elle a rendu les armes ! Faut-il encore et encore continuer et sans répit à l'acculer, la punir ? N'avons-nous pas d'autres combats plus pressants à mener ? Je crois que si ! Alors, sans tourner la page, mais en y laissant un signet, allons vers des combats plus urgents !
Rien, rien que nous ne sachions où ne devinons, ne sera une surprise ! Nos historiens, poètes, cinéastes, ont fait un solide travail il y a déjà bien longtemps Il faut rester avec l'histoire, dans l'histoire et la vérité de l'histoire ! Halte aux révisionnistes qui tentent de réinventer l'histoire pour mieux empoisonner et faire ferrailler les civilisations entre elles. L'heure est à la paix et non à la guerre. L'heure est à l'apaisement et à la sérénité, sans rien céder, et pas un seul pouce, de notre souveraineté, notre identité. Souffler, souffler sans répit sur les flammes, ne sert pas à venger des mémoires ! Personne, même les bêtes de la forêt, n'ignorent cette tragédie innommable ! Le Sénégal, c'est acté, défendra de mieux en mieux ses acquis, ses conquêtes, sa dignité, l'avenir de ses enfants !
Quelque chose s'est levée dans ce pays et cette chose bâtira, vaincra ou décevra et périra ! Mais nous gagnerons, car ce pays a toujours gagné et il a encore mieux gagné quand tout est devenu glauque, injuste et tragique ! C'est ainsi la marche des nations et des peuples. Il n'existe pas de génération spontanée. Il n'existe que des femmes et des hommes qui, au bout de toutes les épreuves, nourris par le vécu et la marche de l'histoire de leur peuple, s'engagent à grandir davantage leur pays, non en effaçant tout, mais en additionnant la volonté de construire de tous, pour gagner ensemble ! Il fallait bien que la cabane ait existé pour que la maison se fasse. Viendra le gratte-ciel au bout de l'effort, de l'exigence, du patriotisme, du civisme ! Le Sénégal est déjà grand, très grand ! Il faut continuer à le grandir dans l'ouverture et l'alliance des civilisations ! Chaque régime politique ajoute une page à l'histoire. Reste toujours à souhaiter que cette page soit noble, forte, inoubliable !
Ne perdons pas trop de temps à compter et à recompter caillou après caillou, les forfaits du colonisateur. Ce qui est fait est fait ! Nous ne ressusciterons pas les morts, mais nous pouvons les habiller d'un manteau royal dans toutes les mémoires. La jeune génération des Français de 2024 n'est en rien coupable de ce que leur pays a commis comme tragédie par le monde, à l'époque des conquêtes coloniales. La jeunesse sénégalaise n'a pas non plus pour mission de se venger à la hauteur des crimes et forfaits. Mais elle doit tout savoir, tout apprendre. Elle doit toujours se souvenir, rien oublier, mais avancer ! Commençons au plus vite par l'école pour protéger notre histoire et la mettre à l'abri de la seule version coloniale. Les « vaincus » doivent répondre aux « vainqueurs » pour que la vérité triomphe ! Ce n'est pas le combat de la jeunesse de rester scotchée au rétroviseur. D'ailleurs Diomaye comme Sonko, doivent également regarder devant, mais en sachant tout de l'histoire du rétroviseur !
Nous ne changerons pas tout en un jour ! Nous ne réinventerons pas un autre Sénégal dans la rage et la passion ! Mais ce pays doit changer, évoluer et il y faudra beaucoup d'autorité, de fermeté, d'échange sans compromission. Continuerons-nous à avoir le français comme langue officielle inscrite dans notre Constitution ou allons-nous vers une ou d'autres langues nationales ? Notons que près de 20% de notre population parlent et écrivent le français ! Si tous les Sénégalais parlent le Wolof, combien la lisent et l'écrivent ? Certains font de ce combat un combat d'avant-garde, mais la précipitation et le populisme viral conduiraient à l'irréparable ! Rien ne presse ! Pensons-y et travaillons-y ! Par contre, notre système éducatif doit déjà amorcer le combat des langues nationales à l'école ! Nous y arriverons mais pas en une génération ! L'Afrique est condamnée à vivre en partenariat avec le monde !
Notre identité culturelle et nos valeurs culturelles ne sont pas négociables mais nous continuerons longtemps encore, longtemps, à prendre des avions construits par Airbus, Boeing, le temps de construire nos propres avions, nos propres trains, nos propres voitures ! Que ceux qui disent et réclament de tout changer tout de suite et maintenant, de jeter la France à la mer et tous les autres compris, doivent commencer par eux-mêmes : ne plus parler, ni écrire le français. Ne plus prendre l'avion. Ne plus prendre le train. Ne plus conduire de voitures françaises, japonaises, américaines, allemandes, italiennes, et attendre les avions, les trains, les voitures africaines !
Thomas Sankara était charmant ! Il avait le génie de la répartie et de la moquerie : « Si nous ne payons pas, les bailleurs ne mourront pas. Mais si nous payons, nous allons mourir ! »
Pour revenir à Thiaroye 44, il s'est toujours agi, depuis Senghor, de réhabiliter nos morts et qu'au tribunal de l'histoire, les génocidaires soient reconnus et que ces derniers acceptent et assument leur imposture. Son poème sur Thiaroye est entré dans l'histoire ! C'est le 06 septembre 1988, que Thierno Faty Sow et Ousmane Sembene réalisèrent leur film « Camp de Thiaroye ». Le film obtiendra le « Grand Prix du jury de la Mostra de Venise, Silver Lion » ! Les deux fabuleux réalisateurs sénégalais auraient pu refuser ce Prix décerné par les « Grands Blancs », comme les appelait Senghor. Qui connait Sembene Ousmane, sait de quoi il était capable comme homme de refus et intraitable ! Mais, ils acceptèrent de recevoir ce Prix !
Réinventons une nouvelle alliance avec la France et qui commence par le respect mutuel. À elle, surtout, d'y travailler, d'y veiller dans de nouvelles approches dictées par l'humilité, l'écoute, l'échange, l'ouverture, la fraternité et non l'arrogance. La France est restée toujours belle et grande à chaque fois qu'elle a regagné la lumière. Il s'agit pour elle de restaurer une nouvelle grandeur dans un monde qui semble cruellement lui échapper ! Les journalistes qui allument des incendies sur les chaînes de télévisions françaises en fusillant ces jours derniers le Sénégal et le peuple sénégalais face à la rectification du pouvoir politique sénégalais sur la tragédie de Thiaroye et courageusement validé par le mea-culpa de la France, sont ceux-là mêmes, français d'adoption de surcroît, qui demandent à ce que la France ferme ses frontières aux Sénégalais et à ceux qui viennent pour s'y soigner !
Ces Français d'adoption qui constituent désormais la majorité en France, ou presque, - les Français de souche, de génération en génération, se font rares- et dont la France est devenue, tout naturellement, avec générosité, leur pays avec leurs pleins droits, sont ceux-là, qui, dans la presse de droite et d'extrême droite, dans le milieu faisandé de la politique et des partis fiévreux, ajoutent le feu au feu partout où la France est chassée, mise dehors !
L'impératif, la fermeté, l'inflexibilité au sommet de l'État sénégalais indiquent, désormais, la voie à suivre. Et personne n'y pourra rien.
De Senghor à Bassirou Diomaye Faye, ce n'est pas le peuple qui a changé, c'est la jeunesse Sénégalaise qui a changé, évolué et qui dicte sa feuille de route ! Gare à ceux qui s'en écarteront ! Cette jeunesse, osons le dire, ne s'est jamais véritablement adressée à Macron, Biden, Poutine, Xi Jinping, mais plutôt à Senghor, Abdou Diouf, Abdoulaye Wade, Macky Sall. On ne l'a pas vu venir dans sa masse, son nombre, ses armes, ses cris, sa témérité. Un certain Ousmane Sonko, lui, l'a vue, pesée, soupesée et s'est préparé en chamane et gourou, à l'hypnotiser, la conquérir. Rester à la dompter et elle ne se dompte pas. Attention à la dissipation de l'hypnose, au réveil !
C'est cette admirable et exigente jeunesse qui a ouvert les portes de tous les pouvoirs à Pastef ! À Pastef de gagner le combat ou rendre les armes ! Mais le combat sera gagné, car tous nous voulons qu'il soit gagné pour continuer à bâtir un pays et un grand pays. Rien n'est impossible au peuple sénégalais. Mais il demande le respect et ce respect à un nom et une demeure : bienien vivre et chez soi ! ! La jeunesse, c'est le destin du Sénégal et de l'Afrique ! Tout ce qui est en face d'elle, n'est que de la politique et des «combinaisons» !
Aujourd'hui, l'Afrique face à la France et la France face à l'Afrique, nous apparaissent comme le théâtre douloureux d'une concurrence de souffrances ! L'Afrique a décrété que l'injustice, l'humiliation, l'exploitation, l'inacceptable déséquilibre des « termes de l'échange », sont terminés ! Elle en a trop, trop longtemps souffert et ce depuis les indépendances africaines. La France, humiliée, « déshéritée », souffre également, au regard de son rejet et de son expulsion brutale de l'Afrique. Le Sénégal, fidèle à sa délicatesse sans faiblesse, a trouvé les mots et pris les décisions qu'il lui fallait prendre. Sans violence. « Rester soi-même, coûte moins cher », disait étrangement d'ailleurs le plus grand des Français et des colonisateurs : Charles de Gaulle !
Une histoire se termine. Une autre commence.
« Le petit Nègre avec le coeur bleu, blanc, rouge » a tourné les pages de tout le livre maudit ! Cela n'a jamais été facile d'être longtemps à la fois bête, soumis et muet !
Il y a beaucoup de français au Sénégal, mais il n'y aura plus la France ? Que non ! Il y en aura encore et encore des Français au Sénégal, dans plus de 50 ans et toujours. Ils sont des nôtres. Nous avons fondé des familles avec eux. La France sans la « France », n'est qu'une formule ! La France ne disparaitra pas. Elle ne disparaitra jamais, mais elle aura beaucoup, beaucoup appris de son histoire et de ses « conquêtes » en payant le prix !
Amadou Lamine Sall est poète, lauréat des Grands Prix de l’Académie française, lauréat du Prix international de poésie 1573 Golden Antilope Tibétain 2025, Chine.
par Abdoul Aziz Diop
L’ESPRIT D’ANTHOLOGIE NOUS LIAIT AU DRAMATURGE ALIOUNE BADARA BÈYE
EXCLUSIF SENEPLUS - Celui auquel Nous étions liés - Alioune Badara Bèye - par la parole et l’écrit n’est pas mort. Il est « dans l’Ombre qui s’éclaire ». « Et dans l’ombre qui s’épaissit »
Dans une longue interview accordée au quotidien Le Populaire, daté du vendredi 14 avril 2011, l’écrivain et éditeur Elie Charles Moreau disait sans détour ce qu’il pense, entre autres, de la gestion de l’Association des écrivains du Sénégal (AES) par son président, le dramaturge et éditeur Alioune Badara Bèye. Pour l’ami Elie, l’ami Bèye « devrait se libérer et libérer Keur Birago – le siège de l’AES – qu’il gère comme une maison sans portes ». Elie Charles Moreau déplorait le fait que Keur Birago soit devenu un « bunker » et que tous les écrivains ne puissent intégrer l’Association pour bénéficier des opportunités qu’elle est censée offrir à ses adhérents. Il n’en fallait pas plus pour que le président de l’AES, depuis 17 ans, opposât un cinglant démenti à son « contempteur ».
Dans les colonnes du même journal, en date du vendredi 22 avril 2011, Bèye se défend de fermer des portes. « L’Association, avait-il laissé entendre, est réservée uniquement aux écrivains de fiction, les essayistes n’en font pas partie, mais ils peuvent se retrouver au sein du Pen – Poètes, Nouvellistes, Essayistes – qu’on n’a jamais interdit à personne ». Cette façon de recadrer le débat sur l’AES était à elle seule révélatrice du malaise à l’origine de la querelle entre les deux hommes par presse interposée.
« Le Sénégal écrit »
Le 9 octobre 1975, le poète-président Léopold Sédar Senghor signait l’avant-propos de l’Anthologie de la Littérature Sénégalaise d’Expression Française éditée par Gisela Bonn. « Le Sénégal écrit ». C’est le beau titre de l’ouvrage dont Bonn introduisit les 508 pages. Pas moins de 186 pages – la poésie, les contes, les récits et le théâtre se contentant du reste - furent réservées à l’essai, permettant ainsi à des essayistes de renom de figurer dans le même livre : Léopold Sédar Senghor, Alioune Diop, Alioune Sène, Souleymane Niang – auteur de Négritude et mathématique – Gaston Berger – dans Civilisations et cultures, Gabriel d’Arboussier, Cheikh Anta Diop, Maurice Sonar Senghor, Bakary Traoré, Lamine Diakhaté et Mohamadou Kane. Alioune Badara Bèye ne les aurait pas admis à l’AES si ces figures emblématiques de notre littérature d’expression française tapaient à la porte de « son » association. Il aurait exigé de Léopold Sédar Senghor une œuvre de fiction au risque de se faire rabrouer par un grand écrivain pour qui essai, poésie, conte, roman, récit et théâtre ne font qu’un. Senghor lui-même s’en explique dans l’avant-propos susmentionné. Pour rendre à la littérature sénégalaise de langue française sa « saveur de métissage », Senghor demanda à Madame Gisela Bonn de « retrancher la Légende de Samba Guéladio Diégui, qui n’a pas été directement écrite en français, mais traduite du peul, et d’y ajouter un texte du philosophe Gaston Berger, Fondateur de la Prospective comme science ». Il faut avoir lu la contribution de Berger à l’anthologie pour comprendre l’esprit d’assortiment cher à Senghor. Planchant sur les « Rapports de l’Occident avec le reste du monde » (Prospective N°3), Gaston Berger écrit : « On n’achète jamais l’amitié des hommes ; on la mérite, et une des meilleures manières d’y parvenir est encore d’être attentif à leur manière de sentir et de vivre ». On ne dénombrera jamais assez le nombre d’œuvres de fiction qu’inspira cette réflexion. C’est sans doute pourquoi « aux poètes et aux romanciers – de l’Anthologie – se sont ajoutés des conteurs et des dramaturges, mais aussi des professeurs et essayistes. Sans parler des savants comme le mathématicien Souleymane Niang, dont les articles sont, de l’avis de Senghor, des modèles de précision, (...) de concision, d’élégance ». Invoquant pour sa part l’« interpénétration insoluble entre le poète et l’homme d’État », Gisela Bonn considère qu’« à côté d’oppressantes images d’une beauté magique, il y a des vers d’une force politique explosive ». Et Bonn d’ajouter : « Dans le poème on trouve les mêmes thèmes que dans l’essai, le discours politique, l’allocution devant le Parlement ou devant le Parti. »
Au moment où elle écrivait ces lignes, Gisela Bonn serait stupéfiée d’apprendre qu’un jour une association sénégalaise d’écrivains ne compterait pas un seul essayiste. Le dernier mot revient à l’essayiste Mohamadou Kane. Parlant du groupe de Paris comprenant entre autres, Senghor, Ousmane Socé, Birago Diop, Kane dit que « ce groupe n’a pas séparé la littérature de la politique et, à l’effort de théorisation, a joint un remarquable souci de création ». Effort de théorisation par l’essai qui inspire la fiction.
Bèye n’est pas mort…
Nous nous souvenons avoir étalé sur une table des coupures de journaux qui nous servirent de pièces pour reconstituer un puzzle. A chaque fois que nous relisons le chapitre de l’essai Une succession en démocratie (L’Harmattan, 2009) qui en est issu, nous pensons au dramaturge, romancier et scénariste à succès Alioune Badara Bèye pour une adaptation au théâtre ou au cinéma. Et si le Grand théâtre de Dakar devenait sous peu le réceptacle de toutes les adaptations des protubérances du magistère de l’ancien président Abdoulaye Wade…
« Je l’ai dit, la culture est action. J’ajoute qu’elle est action révolutionnaire, action de l’homme, c’est en effet le propre de l’homme que de pouvoir exercer consciemment, librement, une activité créatrice », insiste Léopold Sédar Senghor. Pourquoi donc enfermer l’homme dans un genre ? Il suffit enfin d’un esprit d’anthologie pour qu’Elie Charles Moreau rende par la parole et l’écrit un vibrant hommage à l’ami Alioune Badara Bèye. Birago s’en réjouirait car « ceux qui sont morts ne sont jamais partis ». « Ils sont dans la Demeure » (Souffles).
Celui auquel Nous étions liés - Alioune Badara Bèye - par la parole et l’écrit n’est pas mort. Il est « dans l’Ombre qui s’éclaire ». « Et dans l’ombre qui s’épaissit » (Souffles).
Abdoul Aziz Diop est essayiste traduit en 6 langues.
UNE PERTE IMMENSE POUR LA LITTERATURE ET LA CULTURE SENEGALAISE
Le Sénégal pleure aujourd’hui la disparition d’une grande personnalité de la littérature et de la culture. Alioune Badara Bèye, écrivain prolifique, dramaturge de génie et poète inspiré, s’est éteint ce dimanche 1er décembre 2024, à l’âge de 79 ans.
Le Sénégal pleure aujourd’hui la disparition d’une grande personnalité de la littérature et de la culture. Alioune Badara Bèye, écrivain prolifique, dramaturge de génie et poète inspiré, s’est éteint ce dimanche 1er décembre 2024, à l’âge de 79 ans. Né le 28 septembre 1945 à Saint-Louis, il laisse derrière lui un héritage littéraire exceptionnel qui continuera de marquer les esprits bien au-delà de son époque.
Une carrière dédiée aux Lettres et à la Culture
Alioune Badara Bèye, président de l’Association des écrivains du Sénégal et de la Fédération internationale des écrivains de langue française (FIELF), a consacré sa vie à l’écriture, mais également à la promotion et au rayonnement de la culture sénégalaise et africaine. Sa plume, à la fois alerte et profonde, a traversé les genres littéraires avec une aisance remarquable.
Parmi ses œuvres marquantes, on compte des pièces de théâtre telles que Dialawali, terre de feu (1980), Le sacre du cedo (1982), Maba, laisse-le Sine (1987), et Nder en flammes (1988). Ces textes historiques et poétiques ont permis de transmettre la richesse du patrimoine culturel sénégalais et de réfléchir sur des thèmes universels comme l’héroïsme, la mémoire et la quête d’identité.
Il a également signé des romans et des recueils de poésie d’une grande sensibilité, tels que : Raki : fille lumière (2004) et Les bourgeons de l’espoir (2005), qui célèbrent l’espoir, la résilience et la beauté de l’âme humaine.
Une reconnaissance unanime
En plus de sa carrière littéraire, Alioune Badara Bèye a marqué son époque parses nombreux engagements. En 2010, il a coordonné le troisième Festival mondial des Arts nègres (FESMAN III), un événement phare célébrant la diversité et la richesse des cultures africaines. Ancien président du Conseil d’administration du Théâtre national Daniel Sorano, il a été un infatigable défenseur des Arts, mettant en lumière les talents sénégalais et africains sur la scène internationale.
Les distinctions honorifiques qui lui ont été décernées reflètent l’ampleur de son influence. Commandeur de l’Ordre national du mérite, Grand officier de l’Ordre de la Pléiade et Chevalier national des Arts et des Lettres, il a été salué pour son rôle central dans la promotion des lettres et des arts. Son œuvre, traduite dans plusieurs langues, a transcendé les frontières, témoignant de l’universalité de son message. Le chef de l’État sénégalais, Bassirou Diomaye Diakhar Faye, a exprimé sa tristesse et salué la mémoire de cet homme exceptionnel : « Alioune Badara Bèye était un brillant écrivain, un gardien de notre patrimoine culturel et un homme de lettres d’une rare profondeur. Le Sénégal pleure aujourd’hui un de ses plus grands fils. Que son âme repose en paix. »
Un legs intemporel
Alioune Badara Bèye laisse un vide immense, mais également un héritage littéraire inestimable. Ses œuvres, qui allient réflexion historique, poésie et quête de vérité, continueront d’inspirer les générations futures. En célébrant les héros de la culture sénégalaise et en explorant des thématiques universelles, il a su captiver les lecteurs et illuminer les esprits.
Son écriture, décrite comme une méditation sur le temps, l’oubli et la mémoire, restera gravée dans l’histoire des lettres africaines. À travers des textes tels que : Les larmes de la patrie (2003) ou encore Demain, la fin du monde (1993), il a porté haut les valeurs de justice, d’espoir et d’humanité.
En ce moment de deuil, la communauté littéraire sénégalaise et internationale pleure la perte d’un maître de la plume, mais célèbre également la richesse de son œuvre. Alioune Badara Bèye a quitté ce monde, mais son étoile brillera à jamais dans le ciel des lettres universelles. Adieu, Alioune Badara Bèye. Votre lumière continuera de nous guider et de nous inspirer.
VIDEO
THIAROYE : LA FIN D'UNE AMNÉSIE D'ÉTAT
Mamadou Diouf révèle l'ampleur d'une tragédie longtemps minimisée tant par Paris que par Dakar. L'historien appelle à "retourner l'événement à l'Afrique" en effaçant "la territorialisation coloniale" de cette mémoire
Le massacre de Thiaroye, longtemps relégué dans les limbes de l'histoire officielle sénégalaise, connaît un tournant décisif sous le nouveau régime. Lors du lancement des commémorations des 80 ans de la tragédie dimanche 1er décembre 2024, l'historien Mamadou Diouf, président du comité préparatoire, a relevé "le silence coupable et complice" des gouvernements précédents sur ce drame colonial.
Cette rupture, impulsée par le nouveau président Bassirou Diomaye Faye et son Premier ministre Ousman Sonko, marque une volonté inédite de réappropriation de l'histoire nationale. Le choix du Professeur Diouf pour coordonner les cérémonies illustre cette détermination à porter un regard scientifique sur les événements du 1er décembre 1944.
À cette date, rappelle l'historien, entre 300 et 400 tirailleurs furent tués par l'armée française à Thiaroye. Ces anciens prisonniers de guerre, libérés des camps allemands, réclamaient simplement leurs droits : soldes impayées, indemnités et primes de démobilisation. La réponse coloniale fut brutale : 1200 soldats français encerclèrent le camp au petit matin, appuyés par des blindés.
Pendant que les régimes successifs du Sénégal indépendant se taisaient, la France tentait d'étouffer l'affaire. Les archives ont été manipulées, le bilan officiel minimisé à 35 morts, puis 70. Il a fallu attendre 2024 pour que François Hollande reconnaisse ce "massacre à la mitrailleuse", selon ses termes, suivi récemment par Emmanuel Macron dans une lettre au président sénégalais.
Le gouvernement actuel entend désormais faire de Thiaroye un symbole de la conscience panafricaine. Un vaste programme mémoriel a été lancé, mobilisant les institutions culturelles, les médias nationaux et les collectivités locales. Cette initiative, souligne le Professeur Diouf, vise à "retourner l'événement à l'Afrique" en effaçant "la territorialisation coloniale".
Cette commémoration marque ainsi un double mouvement : reconnaissance tardive par l'ancienne puissance coloniale et réappropriation assumée par le nouveau pouvoir sénégalais, rompant avec des décennies de silence institutionnel. Un tournant historique qui pourrait ouvrir la voie à d'autres relectures nécessaires de l'histoire nationale.
ALIOUNE BADARA BEYE INHUMÉ À YOFF CE LUNDI
L’écrivain décédé, dimanche, à l’âge de 79 ans, à Dakar, des suites d’une maladie, sera inhumé, lundi, au cimetière musulman de Yoff, a annoncé le vice-président de l’Association des écrivains du Sénégal, Abdoulaye Fodé Ndio
L’écrivain sénégalais Alioune Badara Bèye décédé, dimanche, à l’âge de 79 ans, à Dakar, des suites d’une maladie, sera inhumé, lundi, au cimetière musulman de Yoff, a annoncé le vice-président de l’Association des écrivains du Sénégal, Abdoulaye Fodé Ndione.
La cérémonie de levée du corps est prévue à la mosquée de Colobane à 11 heures.
Alioune Badara Bèye, président de l’Association des écrivains sénégalais (AES), né le 28 septembre 1945 à SaintLouis était à la fois dramaturge, auteur notamment de pièces historiques, poète, romancier et éditeur.
II a été pendant de nombreuses années président du Conseil d’administration du théâtre national Daniel Sorano, dont la salle de conférence porte le nom.
Il a aussi été le coordonnateur du troisième Festival mondial des arts nègres (FESMAN III), qui s’est tenu du 10 au 31 décembre 2010 à Dakar.
Alioune Badara Bèye a également été président de la Fédération internationale des écrivains de langue française. Dans sa riche bibliographie figurent les pièces de théâtre ‘’Dialawali, terre de feu’’ (1980), ‘’Le sacre du ceddo’’ (1982), ‘’Maba, laisse le Sine’’, (1987), ‘’Nder en flammes’’ (1988) interprétée par la troupe du théâtre national Daniel Sorano.
DIALOGUE ENTRE LA BARBADE ET LE SENEGAL LORS DE DAK'ART 2024
Quand l’art relie les continents. Une vidéo-conférence au cœur du Village des Arts, samedi dernier, explore mémoire, résilience et échanges transatlantiques à travers la Biennale de Dakar.
Une vidéo-conférence au cœur du Village des Arts, samedi dernier, explore mémoire, résilience et échanges transatlantiques à travers la Biennale de Dakar.
Le Village des Arts de Dakar a accueilli une vidéo conférence marquante entre des artistes barbadiennes et leurs homologues sénégalais dans le cadre de la Biennale Dak'Art 2024. L’exposition qui s’y déroule, sur le thème « L’Éveil », explore les réalités historiques, culturelles et spirituelles des communautés afrodescendantes et africaines. Ce thème, conçu par Salimata Diop, puise son inspiration dans les réflexions de la professeure Christina Sharpe sur la mémoire collective et les processus d’émancipation postesclavagiste.
LES ŒUVRES DE LA BARBADE : UN RETARD SURMONTÉ
Après une attente due à des complications logistiques, les œuvres des 11 artistes barbadiennes sont enfin arrivées. Leur exposition était initialement compromise, mais grâce à une coordination efficace et un esprit de solidarité, elles ont pu rejoindre l'événement. Parmi ces artistes, Natalie AtkinsHinds, avec ses œuvres telles que The Awakening et Freedom to Progress, a captivé l’audience avec des représentations poignantes de la vie dans es plantations. Versia Harris, quant à elle, a présenté des pièces symboliques comme Chimera in the Cane Fields, qui abordent les tensions entre rêves et réalités dans des contextes historiques et contemporains.
La conférence a également offert un espace pour réfléchir sur les relations transatlantiques entre la Barbade et l’Afrique. Les artistes ont évoqué l’émotion de revisiter des lieux comme l’île de Gorée, symbole de mémoire collective et de douleurs historiques. Ils ont également salué l'accueil sénégalais, marqué par le mot clé Teranga, qui incarne hospitalité et solidarité. Les artistes barbadiennes ont décrit cette expérience comme une leçon de résilience et un rappel de la richesse des connexions ancestrales.
M. ZULOU M’BAYE : UNE PROROGATION PROPOSÉE
Le président du Village des Arts, M. Zulou M’Baye, a souligné l’importance de cet échange artistique. Dans un geste visant à maximiser l’impact de cette collaboration, il a proposé de proroger l’exposition off d’une semaine, au-delà de la date de clôture prévue pour le 8 décembre, avec l'accord de la Fondation nationale de la Barbade. Cette prolongation vise à donner plus de temps au public pour explorer les œuvres et approfondir les dialogues entamés.
DES DÉFIS ORGANISATIONNELS SURMONTÉS
Les artistes et organisateurs ont partagé les difficultés rencontrées lors de l’organisation, notamment liées aux retards et aux imprévus logistiques. Ces obstacles ont toutefois été perçus comme une opportunité pour renforcer les liens humains et professionnels. La conférence a également mis en lumière le rôle central de l’art dans le maintien d’un dialogue culturel entre les continents, malgré les cicatrices laissées par l’histoire.
Ce moment fort de la Biennale a réuni des artistes, des curateurs et des amateurs d'art dans une atmosphère d’échange et de reconnaissance mutuelle. Il illustre l'idée que, même à travers des défis, l'art peut agir comme un puissant outil de résilience et de réconciliation. Ce dialogue entre la Barbade et le Sénégal marque un jalon dans la collaboration artistique transatlantique, ouvrant la voie à de futures initiatives similaires.
À DAKAR, UNE BIENNALE SOUS LE SIGNE DE L'ÉVEIL FÉMININ
De la doyenne de la peinture Anta Germaine Gaye à la lauréate du grand prix Agnès Brezephin, cinq artistes majeures incarnent ce renouveau créatif qui interroge l'héritage colonial et les défis contemporains
(SenePlus) - L'ancien palais de justice de Dakar accueille jusqu'au 7 décembre, la 15e édition de la Biennale d'art contemporain africain, placée sous le thème de "L'Éveil" et du "Xall wi" (le sillage, en wolof). Comme le rapporte Le Monde, cette manifestation d'envergure est, pour la première fois de son histoire, entièrement orchestrée par des femmes.
Le journal parisien détaille que cinquante-quatre artistes du continent, des diasporas et des espaces afrocaribéens investissent ce bâtiment brutaliste longtemps abandonné, transformé pour l'occasion en écrin de l'art contemporain. La salle des pas perdus, précise Le Monde, a été métamorphosée en jardin fantastique, symbolisant l'appel à un réveil collectif face aux défis écologiques et aux séquelles de la colonisation.
Parmi les figures marquantes de cette édition, Le Monde met en avant Anta Germaine Gaye, doyenne de la peinture moderne sénégalaise, qui présente ses œuvres de "suweer" (peinture sur et sous verre), une technique née de la résistance artistique à la colonisation. Le quotidien rapporte ses propos : "En 1911, le gouverneur général, William Ponty, avait interdit la chromolithographie venant du Maroc représentant des figures de saints", explique l'artiste au journal, "les peintres ont contourné l'interdit avec le verre et l'encre de Chine."
Dans son reportage, Le Monde s'attarde sur l'installation "Cotton Blues" de Laeila Iyabo Adjovi, lauréate du grand prix 2018, qui explore la mémoire du coton à travers des cyanotypes évoquant aussi bien "le blues des anciens esclaves des champs de coton américains que des cotonculteurs béninois aujourd'hui malmenés par une mondialisation ravageuse."
Le quotidien français présente également la Béninoise Moufouli Bello qui aborde avec humour la question des déchets électroniques dans sa vidéo "Window with a view", tandis qu'Agnès Brezephin remporte le grand prix de cette édition avec "Au fil de soi(e)", une œuvre poignante sur l'inceste. Le Monde cite l'artiste martiniquaise : "Je n'arrive pas à me dire qu'enfin on m'a entendue".
Le journal évoque par ailleurs l'artiste kényane Wangechi Mutu et son installation monumentale dans l'ancienne Cour suprême, questionnant l'héritage colonial et la justice à travers une déesse afrofuturiste entourée de symboles puissants.
UNE TRAGÉDIE MÉCONNUE
De la vendeuse de fruits au jeune lycéen, rares sont les Sénégalais qui connaissent vraiment l'histoire du massacre de Thiaroye. Même les descendants des tirailleurs constatent avec amertume que leur sacrifice tombe progressivement dans l'oubli
Ils sont nombreux les Sénégalais qui ignorent ce pan de l'histoire coloniale commune au Sénégal et à l'Afrique francophone. Le 1er décembre 1944, au petit matin, plusieurs dizaines de tirailleurs sénégalais, ayant combattu pour la France pendant la Seconde Guerre, ont été tués par les forces coloniales françaises. Les rares personnes à connaître véritablement cet épisode douloureux de l'histoire coloniale sont les descendants des tirailleurs qui n'étaient pas que des Sénégalais. Ils venaient de 17 pays d'Afrique francophone : Sénégal, République de Guinée, Mali, Mauritanie, Niger, Côte d'Ivoire, Burkina Faso, Comores, Congo Brazzaville, etc.
En ce début d'après-midi de lundi, le soleil darde ses rayons. Aissatou, vendeuse de fruits, met en sachet pommes, clémentines. Cette jeune dame, qui dit avoir fait des études jusqu'au CM2, avoue ne pas connaître l'histoire des tirailleurs sénégalais. « C'est quoi ? », s'exclame-t-elle. Sa réaction arrache un sourire au doyen Cheikh Ndiaye, professeur des sciences, de la vie et de la terre. « J'avoue que je connais bien l'histoire des tirailleurs sénégalais ; j'en entends d'ailleurs parler à la radio le 1er décembre de chaque année », confie le septuagénaire. Le massacre des tirailleurs sénégalais est une tragédie méconnue. Ils sont nombreux les Sénégalais qui ignorent ce pan de l'histoire coloniale commune au Sénégal et à l'Afrique francophone. Le 1er décembre 1944, au petit matin, le camp militaire de Thiaroye, près de Dakar, a été le théâtre d'un événement tragique.
Latyr Pouye en fait partie. « Mon grand-père était un tirailleur et il était un rescapé du massacre de Thiaroye en 1944 », dit-il fièrement. Vigile dans une société de la place, le jeune homme précise que son grand-père l'entretenait souvent de la vie des tirailleurs sénégalais dans les champs de guerre en Europe. « Quand mon grand-père me racontait la guerre, il était un homme. À travers son récit, il me tenait en haleine et me plongeait dans l'atmosphère du conflit », déclare Latyr Pouye. Le jeune homme ajoute que jusqu'à sa mort, son aïeul n'a pas compris le geste des forces coloniales françaises. « La France a été ingrate et injuste à l'égard de nos grands-parents qui ont combattu pour sa libération dans des conditions difficiles », témoigne le vigile, ajoutant que l'histoire des tirailleurs sénégalais mérite d'être connue. « Nos grands-pères ont fait preuve de bravoure dans les champs de bataille en Europe. Malheureusement, après avoir échappé à la mort en Europe, ils ont été lâchement tués à leur retour en Afrique. Leur histoire doit être vulgarisée », insiste Latyr.
Enseigner cette histoire
Dr Adama Baityr Diop, historien qui a enseigné l'histoire générale de l'Afrique à l'université Gaston Berger de Saint-Louis, salue l'initiative du gouvernement. « C'est une heureuse initiative. Les présidents Abdoulaye Wade et Macky Sall se sont intéressés à la question, mais la décision du Premier ministre Ousmane Sonko de commémorer et de mettre en place un comité scientifique est importante pour le présent et pour l'avenir du Sénégal, surtout dans le contexte africain. Pour la première fois, l'État sénégalais a décidé d'organiser une commémoration d'une grande ampleur », a-t-il déclaré.
Selon lui, cette commémoration est un évènement marquant de l'histoire du Sénégal et de l'Afrique francophone. « Il est important de se remémorer de cet évènement et d'écrire sur le parcours des tirailleurs », insiste l'enseignant à la retraite, aujourd'hui âgé de 80 ans. L'octogénaire milite même pour l'enseignement de ce pan de l'histoire pour contribuer à la construction d'une mémoire collective partagée et fondée sur la connaissance de notre histoire. « Il faut enseigner cette mémoire dans tous les ordres d'enseignement (de l'élémentaire au supérieur). Les jeunes d'aujourd'hui ont besoin de repères. La mémoire des tirailleurs est importante pour l'intégration africaine », affirme l'enseignant à la retraite.