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27 novembre 2024
Culture
ANNIE COLY OUVRE SON JOURNAL DU CRASH
Les épreuves douloureuses de la vie servent quelquefois de catalyseur à la création artistique et littéraire. «Dans la main de Dieu», est le récit «d’une autre vie, d’une deuxième vie...».
L’auteure de l’ouvrage, « Dans la main de Dieu » revient dans le détail sur le livre journal rédigé suite à un accident d’hélicoptère, le mercredi 14 mars 2018. Il s’agit de l’appareil de l’armée sénégalaise, M1- 17/6WHTA qui a fait un crash dans les mangroves de Missira. Cet ouvrage de 169 pages paru à l’Harmattan est un récit d’amour, un hommage à un médecin et une expression de la foi en Dieu et à la famille.
Les épreuves douloureuses de la vie servent quelquefois de catalyseur à la création artistique et littéraire. «Dans la main de Dieu», est le récit «d’une autre vie, d’une deuxième vie...». Pour l’ancienne proviseur du Lycée Seydou Nourou Tall, Annie Coly Sané, cet ouvrage dont beaucoup disent que c’est un roman, parce que l’histoire est romancée, est un journal dans sa facture, la manière dont le texte est disposé parce qu’on raconte dès le début, au jour le jour, les évènements et puis après, on fait des sauts dans le temps. Et tous les chapitres ne sont pas datés, mais tous sont marqués d’un titre qui marque un moment fort dans ce passage de «l’inconscience jusqu’à la résurrection», indique l’auteure avant de trancher : «On dira, que c’est un journal».
Seulement, elle ouvre une brèche à ceux qui ont une autre lecture du texte. «Maintenant, je laisserai ceux qui parlent de roman en parler ainsi parce qu’il est possible de lire d’une manière fluide cette histoire sans passer par les titres. Je ne savais pas que c’était si compliqué que cela pour la détermination du genre mais je vois bien qu’on a franchi des frontières et je ne l’ai pas fait exprès, c’est venu tout seul», dit-elle en affichant le sourire. C’était en marge de la cérémonie de dédicace de l’ouvrage qui a refusé du monde. Des proches et amis, des collègues et simples curieux sont venus témoigner de la générosité de l’enseignante et proviseur à la retraite.
Cet ouvrage est aussi un hommage à son médecin traitant et au corps médical par extension. Pour l’auteure, il faut savoir dire merci tout simplement pour encourager les soignants, ça n’empêche pas que l’on pointe du doigt ce qui est mal fait. Son objectif, poursuit-elle, n’était pas de montrer les travers de la gestion de nos hôpitaux, même s’ils assument que ces travers existent. «Mais, il faut savoir qu’il y a partout des hommes et des femmes qui se battent pour que nos hôpitaux soient performants, que les malades y soient toujours bien accueillis et bien traités». Cela a touché l’auteure qui pense qu’on doit prendre sous cet angle notre relation avec les soignants, les hôpitaux en rappelant que «le malade doit participer à sa guérison la plus totale en aidant les soignants à accéder à leur corps, à leur esprit».
Dans cet apport du processus de guérison de l’auteure, la famille, notamment son coauteur et fils, Fiacre, ainsi que son mari Émile Coly, qui traversent le texte, ont joué un rôle important. Annie Coly née Sané clame ainsi que «la famille, c’est toute la richesse qu’on a et si on n'en prend pas soin, on se retrouvera un jour bien seul». La famille, certifie l’enseignante, «on vit avec elle, il y a des ondes qui s’échangent dans la maison et ces énergies parfois sont très négatives...mais quand on parle d’amour, de mariage entre Annie et Émile, comment cet amour ne pourrait-il pas passer de ces deux à leurs enfants et petits-enfants ? Donc, les ondes positives il nous faut les cultiver, c’est ça la force d’une famille grande et aimante», indique l’écrivaine.
Inspirée d’un événement douloureux, l’ouvrage est pour son auteure un heureux paradoxe d’autant que l’accident est un prétexte. «Pour écrire, les prétextes douloureux sont des catalyseurs pour la création littéraire, artistique car, beaucoup de personnes ont perdu un être cher et à partir de là, ont pu écrire, se sont senties investies de ce devoir d’écrire. Alors cet accident est un prétexte pour rendre grâce à Dieu de tout le bonheur dans lequel elle a toujours vécu...», souligne Annie Coly. L’auteure résume en un fin mot son ouvrage «Dans la main de Dieu» par : amour !
COUDY KANE OUVRE LA LONGUE HISTOIRE DU LIVRE
Le Festival international de littérature de Dakar (Filid) a été clôturé le samedi 1er juin. Il a réuni, depuis le 29 mai 2024 à l’Hôtel de Ville de Dakar, des écrivains, des critiques littéraires, des universitaires, des professionnels du livre, des femme
Bés Bi le Jour |
Adama Aïdara KANTE |
Publication 04/06/2024
Le Festival international de littérature de Dakar (Filid) a été clôturé le samedi 1er juin. Il a réuni, depuis le 29 mai 2024 à l’Hôtel de Ville de Dakar, des écrivains, des critiques littéraires, des universitaires, des professionnels du livre, des femmes et des hommes de culture. Pr Coudy Kane a ouvert une longue histoire du livre.
Le thème choisi pour la 3e édition du Festival international du livre de Dakar (Filid) a porté cette année sur «Le livre, mémoire des civilisations». Cette édition s’est ouverte le 29 mai et a été clôturée le 1er juin à l’hôtel de ville de Dakar devant un parterre d’invités venus d’horizons divers. Pr Coudy Kane a été désignée pour prononcer la leçon inaugurale de cette édition qui marque la confirmation de l’événement. Enseignante-chercheure au Département de Lettres modernes de l’Université Cheikh Anta de Dakar (Ucad), elle a indiqué que le livre est un «patrimoine de la civilisation africaine». La Directrice du Laboratoire de littérature africaine de langue française de l’Ecole doctorale Arts et civilisations (Arciv) de la Faculté des Lettres et Sciences humaines a également revisité l’histoire du livre en partant de sa plus simple définition et ses origines liées à l’invention de l’écriture. «Le bois, la pierre, les tablettes d’argile, les tablettes de bambous, la soie…, ont d’abord servi de supports à l’écriture avant d’être remplacés par des rouleaux de papyrus, puis de parchemins à base de peaux animales et enfin, le codex (forme actuelle du livre). Si le livre continue d’être transmis à travers le papier depuis des générations, il a aujourd’hui une nouvelle forme qui est celle du numérique, un patrimoine international commun», a dit Pr Kane.
«La réappropriation de nos archives historiques et culturelles»
L’universitaire a évoqué surtout la littérature africaine qui, dans sa tradition, est d’abord orale. Elle a cité la sage parole d’Amadou Hampathé Ba : «En Afrique, un vieillard qui meurt est une bibliothèque qui brûle». Et c’est pour démontrer la profonde richesse du patrimoine littéraire africain et proposer «la réappropriation de nos archives historiques et culturelles» dont les conditions passent par plusieurs facteurs. «D’abord l’éducation, qui est un élément fondateur, car enseigner à travers nos récits africains est une trace majeure de la transmission culturelle et littéraire. Ensuite, la question des langues par lesquelles nous nous exprimons au quotidien», a-telle ajouté.
Le legs littéraire
Selon la professeure Coudy Kane, un autre matériau important à la constitution de notre legs littéraire est celui de la recherche scientifique, «car explorer les témoignages littéraires de nos écrits est une phase significative de la reconquête de notre histoire». Pour illustrer son propos sur l’aspect de la réhabilitation de l’histoire africaine lavée de toute manipulation idéologique dans la littérature, elle a évoqué l’œuvre de l’écrivain sénégalais Amadou Elimane Kane dont elle est une spécialiste. En concluant sa leçon inaugurale, elle rappelle : «Le terrain de la bibliothèque patrimoniale africaine est un vaste champ d’exploration qui est une des clés de la renaissance culturelle. Par son archéologie des savoirs, ses traditions ancestrales, son histoire littéraire, sa voix singulière, le récit africain doit pouvoir s’élever sur les rampes de bois qui détiennent les mots et les symboles sous un éclairage de la permanence.»
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RWANDA : LES RÉVISIONNISTES SORTENT DU BOIS
Comme dans tous les génocides : la shoah, le génocide des Arméniens, des Cambodgiens, etc. après le crime massif, il y a toujours ceux qui se donnent pour mission, soit de réécrire l’Histoire, de tenter de nier l’évidence. Le Rwanda n’y échappe pas
Comme dans tous les génocides : shoah (extermination des juifs, des roms…), le génocide des Arméniens, des Cambodgiens ou des Ukrainiens, après le crime massif, il y a toujours ceux qui se donnent pour mission, soit de réécrire l’Histoire, de tenter de nier l’évidence, de minimiser l’ampleur ou encore de travestir les faits pour se tirer d’affaire.
Au Rwanda, le génocide perpétré contre les tutsis, trente ans après suit lui aussi le même processus pendant que les rescapés dont certains ont parfois perdu toute leur famille continuent de se reconstruire. Et c’est toujours la phase finale de tout génocide génocide. Aujourd’hui avec le relais extraordinaire qui constituent les réseaux sociaux numériques, certains Rwandais sont devenus des chantres de ce révisionnisme qui le don, sans conteste, de remuer le couteaux dans la plaie des victimes en voie de reconstruction même si leur capacité de résilience reste exemplaire.
Ce mercredi, en marge de la projection du film de deux Rwandaises de la diaspora sur la résilience à travers le profils de quelques jeunes femmes, le débat sur cet aspect du génocide a été posé et discuté lors d’un panel à la Place du Souvenir de Dakar dans le cadre des 30 ans de commémoration de ce massacre de la minorité tutsi.
Pour certains, c’est l’un des plus grand génocide du 20e siècle. Il est toujours colle au Rwanda à tel point que la réalisatrice Divine Gashugi et sa compatriote ont décidé de faire un film pour montrer qu’au-delà de cette tragédie, le Rwanda a fait du chemin, tente de se réconcilier et tient debout malgré tout. Voir le reportage.
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COLLÉ SOW ARDO, ITINÉRAIRE D’UNE ICÔNE DE LA MODE AFRICAINE
Découvrez à travers cette entrevue, comment la styliste de renom, mannequin à ses débuts, en est arrivée à fêter aujourd’hui les 4 décennies de pérennité d’une marque.
Il faut s’appeler Collé Sow Ardo pour avoir le stoïcisme de renoncer à une enveloppe de soutien de 50 millions FCFA, venant d'un Président de la République. La créatrice de mode surnommée la « Reine du pagne tissé » par le défunt Moïse Ambroise Gomis, a renoncé à une aide financière du couple présidentiel d’alors, Abdou Diouf et Elisabeth, pour pouvoir voler de ses propres ailes.
Une sage décision soufflée par son oncle par alliance, Valdiodio Ndiaye, dont les souvenirs de son arrestation et de son décès restent encore amers pour la styliste.
Malgré les péripéties de la vie et du monde de l'entrepreneuriat, elle a réussi aujourd'hui à tisser son nom en fil d’or dans le milieu de la mode africaine, voire internationale. Une réputation grâce à laquelle, pour une tenue signée « Collé Sow Ardo », les amateurs n’hésitent pas à débourser 300.000 à 450.000 FCFA pour être à la dernière mode.
COLLÉ SOW ARDO, ITINÉRAIRE D’UNE ICÔNE DE LA MODE AFRICAINE
Découvrez à travers cette entrevue, comment la styliste de renom, mannequin à ses débuts, en est arrivée à fêter aujourd’hui les 4 décennies de pérennité d’une marque.
Il faut s’appeler Collé Sow Ardo pour avoir le stoïcisme de renoncer à une enveloppe de soutien de 50 millions FCFA, venant d'un Président de la République. La créatrice de mode surnommée la « Reine du pagne tissé » par le défunt Moïse Ambroise Gomis, a renoncé à une aide financière du couple présidentiel d’alors, Abdou Diouf et Elisabeth, pour pouvoir voler de ses propres ailes.
Une sage décision soufflée par son oncle par alliance, Valdiodio Ndiaye, dont les souvenirs de son arrestation et de son décès restent encore amers pour la styliste.
Malgré les péripéties de la vie et du monde de l'entrepreneuriat, elle a réussi aujourd'hui à tisser son nom en fil d’or dans le milieu de la mode africaine, voire internationale. Une réputation grâce à laquelle, pour une tenue signée « Collé Sow Ardo », les amateurs n’hésitent pas à débourser 300.000 à 450.000 FCFA pour être à la dernière mode.
POURQUOI LA SÉNÉGALAISE GERMAINE ACOGNY EST SI INFLUENTE
Elle a cherché activement des moyens d'exprimer son identité noire, les rythmes de danse propres à l'Afrique de l'Ouest, ainsi que son parcours personnel en tant que femme pour trouver sa propre voix.
La danseuse et chorégraphe la plus célèbre d'Afrique, Germaine Acogny, a fêté ses 80 ans le 28 mai. J'ai eu le privilège de rencontrer l'artiste sénégalaise, d'apprendre d'elle et de l'interviewer dans le cadre de mes recherches en cours sur la danse contemporaine africaine.
Il s'agit d'un hymne à une femme africaine qui a inspiré non seulement les danseurs africains, mais aussi une communauté mondiale d'artistes, à penser différemment leur identité, leur corps, leur peau et, en fait, leur façon de bouger.
Sur un continent miné par l'héritage de la colonisation, du racisme et du patriarcat, Germaine Acogny s'est élevée au rang de femme artiste qui a défié les stéréotypes liés à sa couleur noire, à sa féminité et à son grand corps, pour devenir l'une des danseuses les plus vénérées au monde.
Qui est Germaine Acogny ?
Née en 1944 à Porto Novo au Bénin, Germaine Acogny déménage avec sa famille et s'installe au Sénégal alors qu'elle n'est encore qu'une jeune fille. Elle est souvent désignée comme la mère de la danse contemporaine en Afrique, en raison de sa longue carrière d'interprète, d'enseignante et de chorégraphe. Elle a créé une compagnie de danse, Jant-Bi, ainsi qu'une école et un centre de danse mondialement reconnus à Toubab Dialaw, au Sénégal, appelés École des Sables (Place in the Sand).
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Jeune fille à Dakar, Acogny a fréquenté l'école catholique. Se sentant étrangère à la langue, à la religion et aux rituels coloniaux, elle se réfugie dans le sport. C'est ainsi qu'elle entre à l'école de danse et de sport Simon Siegel à Paris en 1962. Elle se destine à devenir professeur d'éducation physique.
Rencontrant la danse occidentale pour la première fois, et étant la seule élève noire (et africaine) de sa classe, elle a été poussée à se sentir pas “bien dans sa peau” et que sa silouhette était “inappropriée”. Au lieu de se laisser abattre, Acogny a commencé à inventer des mouvements qui correspondaient à son propre corps. Elle m'a dit:
J'ai pris mes pieds plats, mon grand derrière et mes hanches de femme africaine, mon grand corps d'Africaine de l'Ouest, pour en faire un élément central.
Une rencontre avec la danseuse afro-américaine Katherine Dunham, qui essayait de créer une école de danse au Sénégal, a donné à Acogny l'impulsion finale dans sa quête d'un langage de danse qui lui convenait. La technique de Germaine Acogny est aujourd'hui reconnue comme l'un des premiers systèmes codifiés de formation des danseurs africains urbains ou contemporains.
Acogny a reçu de nombreux prix, dont un Lion d'or à la Biennale de Venise et un Bessie Award à New York. Les gouvernements sénégalais et français lui ont décerné de multiples distinctions.
Elle continue de parcourir le monde avec ses œuvres. Si la gestion de son école repose désormais en grande partie sur son fils Patrick Acogny, elle continue également d'enseigner et de partager sa sagesse en matière de danse à l'échelle mondiale.
Contribution à la danse contemporaine
Comprendre ce qu'Acogny a fait pour la formation et l'interprétation de la danse conduit à une réflexion sur la nature de la danse contemporaine. La danse contemporaine , difficile à définir, est une forme d'expression libre visant à créer de nouveaux langages de danse en résonance avec le “contemporain” (le moment présent).
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En Afrique, il existe une riche interaction entre les formes de danse traditionnelle, l'histoire et les méthodologies de la danse moderne européenne et américaine, et la recherche permanente de voix africaines contemporaines authentiques qui s'expriment sur les idées de culture, de politique, de soi et d'identité.
L'écrivain sud-africain Adrienne Sichel note que cette définition pourrait également inclure “l'invention et la réinvention de formes et de fonctions artistiques et culturelles par la danse contemporaine, ainsi que sa capacité à perturber, déplacer, relier et survivre”.
Acogny a été l'une des premières danseuses africaines à remettre en question la norme européenne du corps de la femme blanche, très mince et sans poids apparent. Elle a cherché activement des moyens d'exprimer son identité noire, les rythmes de danse propres à l'Afrique de l'Ouest, ainsi que son parcours personnel en tant que femme pour trouver sa propre voix. Son travail reflète souvent sa propre histoire et sa compréhension incarnée du fait que le corps des femmes est souvent le plus grand butins des guerres, des génocides et du patriarcat.
Deux grandes œuvres
Convaincue que nous portons notre histoire dans notre corps, Acogny s'est particulièrement distinguée par deux de ses œuvres de danse.
La première est une collaboration avec le danseur japonais Kota Yamakazi en 2004, avec une œuvre intitulée Fagaala (Génocide). Il s'agit d'un voyage dans l'horrible mémoire du génocide rwandais de 1994. Il s'agit d'un conte dansé qui établit un lien entre la forme d'art contemporain japonais Butoh (souvent appelée “la danse de la mort”) et le style unique de danse contemporaine ouest-africaine d'Acogny.
Dans Fagaala, Acogny a travaillé uniquement avec les danseurs sénégalais masculins de sa compagnie et leur a demandé d'explorer ce que cela signifiait d'être une femme et de vivre les massacres du Rwanda. Ainsi, bien que les danseurs soient des hommes, l'œuvre explore des histoires de femmes. Les danseurs masculins devaient comprendre physiquement et émotionnellement - et jouer - les conséquences du viol et de la torture, deux instruments du génocide. Il s'agit donc d'affronter l'horreur des hommes et de la guerre.
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La deuxième œuvre est le solo profondément personnel qu'Acogny a créé et interprété en 2015 à l'âge de 71 ans. Intitulé A un endroit du début, il s'agit du voyage d'Acogny dans ses propres histoires maternelles et paternelles qui s'entrecroisent avec son double héritage ouest-africain du Bénin et du Sénégal.
Elle déterre les effets viscéraux dévastateurs du christianisme colonial, tout en se connectant à la puissance réprimée de la spiritualité Yoruba de sa grand-mère. L'œuvre est un palimpseste de danse, de vidéo, de texte et de superposition d'histoires de femmes d'Afrique noire, alors qu'elle est confrontée à la perte et à la mémoire. A un endroit au début est importante non seulement pour sa narration féministe décoloniale unique, mais aussi parce qu'elle offre au public le corps glorieux et sans précédent d'une matriarche africaine âgée dansant la vérité au pouvoir.
Alors qu'Acogny fête ses 80 ans, il s'agit d'un hymne à la louange de l'héritage vivant d'une créatrice de danse qui a contribué à façonner l'importante contribution de l'Afrique à la danse en repensant les corps, les histoires et l'identité elle-même.
LES PAYS EUROPEENS ONT DU MAL, AUJOURD’HUI ENCORE, A RECONNAITRE LEUR RESPONSABILITE VIS-A-VIS DE L’EPOQUE COLONIALE
Dominique Regueme, réalisateur du film «Métis, les enfants cachés de la colonisation». Durant la colonisation belge, au Congo, au Rwanda et au Burundi, plusieurs milliers d’enfants métis furent victimes d’une ségrégation ciblée, méconnue...
Propos recueillis par Ousmane SOW |
Publication 01/06/2024
Durant la colonisation belge, au Congo, au Rwanda et au Burundi, plusieurs milliers d’enfants métis furent victimes d’une ségrégation ciblée, aujourd’hui encore méconnue. Nés d’un père belge et d’une mère africaine, ces enfants furent cachés et isolés par l’Etat, enlevés à leurs familles, puis placés dans des pensionnats spécialisés. Tel est le postulat sur lequel est construite la réalisation du film documentaire «Métis, les enfants cachés de la colonisation». Présenté en compétition internationale au Festival international du film documentaire de Saint-Louis, ce film se concentre sur les voix des témoins, permettant ainsi une réflexion intime sur les héritages douloureux du passé colonial.
Quel a été votre principal objectif en réalisant ce film, Métis, les enfants cachés de la colonisation, et comment espérez-vous qu’il contribue à la prise de conscience et au dialogue sur ce sujet délicat ?
J’ai découvert le sujet en 2018, en lisant par hasard un article de presse qui évoquait l’enlèvement, l’isolement puis l’exil des enfants métis, durant la colonisation belge. Je ne saurais pas vraiment vous expliquer pourquoi cette thématique m’a ému et troublé, sans doute parce qu’il évoque des blessures d’enfance, un thème qui me touche particulièrement. Cela m’a fait penser également aux enfants de la Réunion, qui avaient été enlevés à leurs familles pour repeupler la Creuse et les campagnes françaises, dans les années 1980. Alors j’ai d’abord eu envie d’en savoir plus, et peut-être de raconter ce drame poignant, cette violence d’Etat.
Et comment avez-vous navigué entre l’aspect historique et personnel de ce récit, en mettant en lumière à la fois les événements historiques et les parcours individuels des enfants métis de la colonisation, avec une perspective de guérison et de reconstruction ?
Mes premières rencontres à Bruxelles, avec des personnes qui avaient vécu cette ségrégation, m’ont permis de mieux comprendre le contexte historique, les enjeux etles problématiques politiques. Mais très vite, au fil de nos échanges, j’ai senti que j’étais surtout intéressé par leur parcours, leur vécu : ce drame laisse encore des traces, des failles, des blessures ouvertes, soixante ans après les faits. Et lors de l’écriture, j’ai voulu que ces témoignages soient véritablement au cœur du film. Le documentaire a donc été construit d’abord autour des récits des intervenants : chacun évoque son témoignage et ses propres souvenirs, puis le film s’intéresse effectivement à la question de la guérison, de la reconstruction. Tous les intervenants n’ont pas vécu les évènements de la même façon, mais on retrouve souvent des traces de ces blessures et traumatismes d’enfance par exemple dans la difficulté à renouer des liens avec sa famille, à parler de son passé avec ses enfants ou tout simplement à construire une vie familiale et professionnelle stable, après avoir vécu ces évènements douloureux. Ce sont toutes ces histoires humaines, à la fois différentes mais avec des points communs évidents, qui sont au centre du film et qui permettent, je l’espère, d’aborder ce sujet plus largement. J’ai donc voulu que les explications et le contexte historique soient réduits au minimum. Il était bien sûr important que le spectateur puisse comprendre le sujet, mais je ne voulais pas que les détails historiques empiètent sur les témoignages. Je crois que les questions historiques et politiques apparaissent forcément en creux, et résonnent bien sûr, pour le spectateur, avec l’Histoire ou l’actualité, mais je ne voulais pas qu’elles soient abordées frontalement. De même, il n’y a pas de voix off dans le documentaire, pour ne pas prendre le risque de raconter l’histoire à la place des intervenants.
Quels sont vos attentes ou espoirs pour l’impact futur de ce film, en particulier dans le cadre de la lutte contre le racisme dans le monde ?
Mon travail est surtout de transmettre, de raconter des histoires. Je suis très heureux que ce documentaire ait permis de relayer la parole des métis, de faire connaître leur vécu, leur témoignage, à un public plus large, dans différents pays du monde. Je ne suis pas certain que cela puisse avoir le moindre impact direct dans la lutte contre le racisme ou même sur les questions politiques, mais si cela permet de transmettre, d’émouvoir et peut-être de créer un peu d’empathie, alors c’est déjà ça !
De la France où vous êtes, en tant qu’artiste, quel écho avez-vous des relations entre les pays colonisateurs et colonisés aujourd’hui encore au 21ème siècle ? Le discours a-t-il changé ?
Ce qui me frappe, c’est surtout de voir à quel point les pays européens ont du mal, aujourd’- hui encore, à reconnaître leur responsabilité vis-à-vis de l’époque coloniale. Difficile, pour la Belgique ou la France, par exemple, d’évoquer des excuses, et encore moins des réparations ! Je n’ai pas l’impression que le discours ait beaucoup changé, mais il est, au moins, plus souvent qu’avant, sur le devant de la scène. De nombreux collectifs, historiens, association, abordent régulièrement ces sujets, et on peut espérer que le discours et les actes finiront par évoluer. Sur la question des métis plus précisément, les excuses ne suffisent pas, et les personnes concernées attendent aujourd’hui encore des réparations et des moyens concrets pour accéder aux archives personnelles ou organiser les retrouvailles familiales.
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RWANDA, L'AUTRE VISAGE POST-GÉNOCIDE
Malgré le négationnisme de plus en plus affiché de certains Rwandais, le génocide des tutsis a existé et est documenté. Mais les Rwandais sont-ils pour autant restés dans l’immobilisme, bloqués par ce sombre passé ? Réponse dans « The face of résilience»
Deux jeunes rwandaises de la diaspora ont réalisé « The face of the résilience » ou «Les traits de la résiliences » en français, un film documentaire consacré à la résilience à travers le parcours de quelques rescapées du génocide, a été projeté mercredi dernier, à La Place du Souvenir à Dakar, en présence de l'ambassadeur du Rwanda au Sénégal, de l'association rwandaise IBUKA et du directeur de Goethe Institut, qui a permis la projection au Sénégal.
Plus d'un million de personnes massacrées sous le regard complice de la communauté dite internationale qui avait tous les moyens pour stopper cette tragédie. Mais qui a choisi de ne pas agir tant que ses intérêts n'étaient pas expressément en jeu. Plus de trente ans après, le Rwanda se construit et les Rwandais tentent de vivre d'exorciser ce douloureux passé et se positionne même comme modèle sur bien des plans comme la promotion des femmes.
Paradoxalement, les mots « Rwanda » ou « Rwandais » sont systématiquement associés au génocide, notamment dans le monde occidental. C'est rappeler au monde que oui le génocide a eu lieu, oui une ethnie a massacré gratuitement une autre dans un même pays, mais que oui aussi les Rwandais ont tourné la page, vivent, se réconcilient et font preuve d'une grande résilience que les deux réalisatrice ont fait ce film qui retrace les portraits d’autres femmes. En clair, le pays des mille collines n’est pas restée dans l’immobilisme.
En marge de la soirée de projection de son film « The face of résilience » la réalisatrice Rwandaise Divine Gashogi , la co-productrice a répondu aux questions d’AfricaGlobe Tv pour explique ce qui a motivé ce film qui retrace des parcours de femmes rwandaises, toutes rescapées du génocide et devenues inspirantes.
ALAIN GOMIS S’INVESTIT DANS LA FORMATION
Le double Etalon d’or de Yennenga a lancé un nouveau projet intitulé «Mobile Lab Sénégal» dont l’objectif est de se déplacer dans les régions, quartiers, établissements pour faciliter aux élèves, étudiants et à la population l’accessibilité au cinéma.
Bés Bi le Jour |
Adama Aïdara KANTÉ |
Publication 30/05/2024
L’accès au cinéma par tous et pour tous, c’est la mission que s’est fixé le réalisateur franco-sénégalais Alain Gomis. Le double Etalon d’or de Yennenga a lancé un nouveau projet intitulé «Mobile Lab Sénégal» dont l’objectif est de se déplacer dans les régions, quartiers, établissements pour faciliter aux élèves, étudiants et à la population l’accessibilité au cinéma. Mais aussi pour faire la promotion des films sénégalais.
Le lancement du nouveau projet «Mobile lab Sénégal» a eu lieu au centre Yennenga, sis à GrandDakar. Initié par le réalisateur franco-sénégalais, Alain Gomis. Ce concept incarne une collaboration unique entre ce dernier et le Prince Claus Fund dont il est le lauréat du Prix Impact 2022. Au programme, des projections, des ateliers, un concert et divers événements publics ont été tenus à Dakar les 24, 25, 26 mai 2024 au Centre Yennenga de Grand-Dakar, suivi des projections itinérantes dans les autres régions. Les projections des films se passent pour la plupart dans les salles de cinéma. Force est de constater que tout le monde n’est pas dans les dispositions pour entrer dans ces salles.
Avec «Mobile Lab Sénégal», le cinéma va se déplacer vers les populations notamment les élèves. «Pendant le Mobile Lab, ça va se passer au niveau du centre Yennenga. Mais depuis plus d’une année, nous avons commencé à faire les projections dans des écoles dans le quartier de Grand-Dakar. Mais nous allons essayer de faire grandir cela. Nous aurons des projections dans les régions, à Saint-Louis, à Yenne, etc.», a-t-il expliqué. Poursuivant, il estime que c’est magique pour les élèves d’être dans la salle de classe, d’avoir un film et de pouvoir en discuter et de partager différentes choses. «On peut dire que les élèves sont très enthousiastes. Donc, Mobile Lab nous permet de pousser les activités», explique-t-il.
Post-production
Le cinéaste informe qu’une formation au cinéma est offerte aux jeunes au centre Yennenga. «Car nous sommes un centre de formation. Aujourd’hui, au Sénégal, on peut tourner des films, il y a des techniciens de talent, des costumiers, des chefs opérateurs, etc. Sur les plateaux de films, il y a vraiment des personnes de qualité. Maintenant, la post-production n’existait pas», fait-il savoir. Il ajoute : «Cela est nécessaire pour les gens qui ne connaissent pas quand le film est tourné, il faut faire plein d’opérations et ce n’était pas possible de le faire au Sénégal. Donc, nous sommes au centre Yennenga avec les outils qui nous permettent de faire la post-production. Mais les outils, il faut des gens qui s’en servent. On n’en forme beaucoup, car la première cohorte était composée de 27 étudiants. Et ils venaient du Sénégal, du Mali, de la Mauritanie, de la Rdc et du Burkina. C’est un besoin pour toute la sous-région, sinon il faut aller faire la post-production en France, au Canada, en Espagne».
Projection du film «Opéra du monde» de Manthia Diawara
L’auteur des deux longs métrages «Tey» et «Félicité» en 2013 et 2017 dit : «Cela veut dire que ce que vous voulez dire doit être traduit par quelqu’un d’autre. Donc, si vous voulez que votre parole soit forte et porte toute la force de ce que vous voulez dire, il faut que vous soyez capable de l’amener jusqu’au bout». En effet, à l’occasion du lancement du projet «Mobile Lab Sénégal», le film «Opéra du monde» de Manthia Diawara est projeté ce dimanche. Un film dont la styliste Oumou Sy, costumière et décoratrice, et le chanteur Carlou D sont les acteurs principaux.
LE DANDE LEÑOL EN DEUIL
Le choriste et cofondateur de l’orchestre Dandé Léñol, Mansour Seck, est décédé mercredi à Dakar, à l’âge de 69 ans, a-t-on appris de l’artiste Baba Maal, lead vocal du groupe auquel appartenait le défunt.
Dakar, 30 mai (APS) – Le choriste et cofondateur de l’orchestre Dandé Léñol, Mansour Seck, est décédé mercredi à Dakar, à l’âge de 69 ans, a-t-on appris de l’artiste Baba Maal, lead vocal du groupe auquel appartenait le défunt.
Il en a fait l’annonce, jeudi, sur son site Internet, précisant que la levée du corps est prévue à 15 heures, à l’hôpital de Fann.
Mansour Seck a vu le jour en 1955 à Podor, une ville du nord du Sénégal.
Le défunt, issu d’une lignée de griots et férus de guitare, a partagé avec Baaba Maal, son compagnon de toujours, l’héritage musical qu’il a reçu de sa famille.
En plus des enregistrements qu’il a faits avec Baba Maal, il a signé quelques albums solo.
Il sera enterré au cimetière musulman de Yoff, après la levée du corps à partir de 15 heures, selon directeur artistique, compositeur et arrangeur du groupe Dandé Léñol.