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2 avril 2025
Culture
LE LONG VOYAGE DES TRÉSORS AFRICAINS
Le magazine américain The New Yorker dévoile comment la réalisatrice franco-sénégalaise Mati Diop, refusant les compromis d'Hollywood, a fait d'un projet de fiction, un documentaire sur le retour des trésors des trésors du Dahomey
(SenePlus) - La réalisatrice franco-sénégalaise Mati Diop signe avec "Dahomey", un documentaire fantastique sur la restitution d'œuvres d'art africaines, après avoir décliné, selon un article du New Yorker daté du 4 novembre, des projets hollywoodiens à gros budget, dont "The Woman King". Son film suit le périple de 26 trésors du royaume du Dahomey, saisis par les troupes françaises dans les années 1890, depuis le musée du Quai Branly jusqu'à leur retour triomphal à Cotonou.
"Je ne serai jamais familière avec cet espace. C'est comme Matrix", confie la réalisatrice de 42 ans au journal américain à propos du musée parisien qui abrite plus de 300 000 pièces issues principalement de l'empire colonial français. Elle décrit la scénographie comme "déprimante, manipulatrice et complètement dérangée."
Au cœur du film se trouve "26", une statue du roi dahoméen Ghezo qui s'exprime en fon, la langue du royaume, d'une voix caverneuse. "Je suis déchiré entre la peur de n'être reconnu par personne et de rien reconnaître", s'inquiète ce narrateur singulier, se demandant pourquoi il a été choisi pour "retourner à la surface du temps."
"Je voulais réaliser une épopée fictionnelle, tout le voyage d'une œuvre d'art depuis le moment de son pillage jusqu'au moment de sa restitution, que j'imaginais dans le futur", explique Diop au magazine. Le projet est devenu un documentaire uniquement après qu'elle a appris que les trésors allaient être restitués.
Le tournage s'est déroulé dans l'urgence : "C'était comme des opérations commando", se souvient-elle, n'ayant eu que deux semaines pour préparer le film entre l'annonce du démontage des œuvres et leur envol pour le Bénin. Le Quai Branly ne lui a accordé l'accès qu'après l'intervention des officiels béninois, qui souhaitaient documenter le transfert pour la postérité.
Une nouvelle voix pour l'Afrique
"Elle a déjà eu un effet", souligne au New Yorker Felwine Sarr, intellectuel sénégalais et co-auteur du rapport Sarr-Savoy de 2018 qui a guidé la restitution du patrimoine culturel, de la France aux pays africains. "Cette question était encadrée en termes de débat occidental. 'Avez-vous des musées ? Êtes-vous capables de prendre soin des objets ? Êtes-vous en train de vider les musées occidentaux ?' Maintenant, avec le film, nous entendons les voix des personnes qui sont censées être principalement concernées."
Le film donne notamment la parole aux étudiants de l'Université d'Abomey-Calavi, près de Cotonou. Leurs discussions animées abordent des questions de classe, de religion, de langue et de géopolitique. "J'ai grandi avec Disney, j'ai grandi en regardant Avatar", témoigne l'un d'eux, "mais jamais un film d'animation sur Béhanzin", le dernier souverain du Dahomey exilé par la France aux Caraïbes.
"Nous savons tous qu'un ancêtre de notre président, Patrice Talon, était l'un des interprètes qui ont facilité le pillage", affirme un étudiant. D'autres voient le retour de si peu d'œuvres comme du clientélisme politique ou même une "insulte sauvage", et s'interrogent sur les concessions économiques ou militaires que leur propre gouvernement a pu offrir en échange.
Une cinéaste engagée
Comme le rapporte The New Yorker, Diop a créé une société de production au Sénégal, baptisée avec humour Fanta Sy (Fanta et Sy étant des noms sénégalais courants). La restitution est devenue sa synecdoque pour l'autonomisation créative de la jeunesse africaine. "Je voulais faire un film qui restaurerait notre désir de nous-mêmes", explique-t-elle.
Son œuvre arrive dans les salles américaines portée par son succès critique en Europe. En février, elle a remporté l'Ours d'Or à la Berlinale, dans la foulée de la décision de l'Allemagne de transférer la propriété de ses Bronzes du Bénin au Nigeria.
Comme l'observe Julian Lucas dans The New Yorker, aujourd'hui, les 26 trésors du Dahomey sont de retour dans des caisses, la construction des nouveaux musées censés les abriter ayant pris du retard. Le film de Diop reconnaît subtilement que la restitution n'est pas tout à fait une libération, mais suggère qu'elle n'a pas besoin d'effacer le passé pour être juste dans un avenir nécessairement imparfait.
L'une des scènes les plus éloquentes montre deux jeunes ouvriers admirant silencieusement les trésors nouvellement retournés dans une galerie autrement vide. "Leur fascination silencieuse est plus persuasive qu'un millier de rapports Sarr-Savoy", conclut le journaliste du New Yorker.
LA RECHERCHE BÂILLONNÉE
Ibrahima Thioub réagit à la polémique déclenchée par le livre sur la Casamance, dont la séance de dédicaces a été annulée sous la pression politique. Il dénonce une tentative de "manipulation" et de "mise en discipline" de la recherche universitaire
(SenePlus) - "Les projets d'autonomie ont existé et alimenté des imaginaires un peu partout en Afrique. Ces projets qui ne sont pas advenus ont laissé des traces dans les mémoires et les historiens doivent y travailler", déclare l'éminent historien Ibrahima Thioub au micro de RFI. Ces propos rapprortés par RFI, interviennent dans un contexte de vive polémique autour d'un ouvrage sur la Casamance.
La controverse a éclaté suite à la parution du livre de l'historienne française Séverine Awenengo Dalberto, "L'idée de la Casamance autonome - Possibles et dettes morales de la situation coloniale au Sénégal", publié aux éditions Karthala. Une séance de dédicaces prévue samedi a dû être annulée face aux protestations de l'Alliance pour la République (APR), l'ex-parti au pouvoir.
L'APR considère l'ouvrage comme "dangereux" pour l'unité nationale et estime qu'il "remet en question les acquis" sur la paix en Casamance. Face à ces accusations, Ibrahima Thioub, interrogé par Welly Diallo de la rédaction Afrique de RFI, dénonce vigoureusement l'attitude des autorités envers la recherche universitaire : "Ce rapport que nos autorités politiques ont avec l'université, un rapport instrumental, de manipulation, de mise en discipline, ça ne sert à rien, ça ne sert pas nos pays."
Cette ingérence du politique dans le travail universitaire fait écho à un précédent : en 2010, les autorités avaient interdit la diffusion d'un autre ouvrage sur la Casamance, "Le conflit de Casamance - Ce que disent les armes" de Jean-Claude Marut, également publié chez Karthala.
La question de l'autonomie reste un sujet épineux pour l'État sénégalais. La Casamance, séparée géographiquement du reste du pays par la Gambie, porte encore les séquelles économiques des conflits séparatistes des années 1990.
Dans ce contexte délicat, le Premier ministre Ousmane Sonko, ancien maire de la capitale régionale, a récemment annoncé un plan national de relance visant à faciliter le retour des personnes déplacées par les conflits.
SÉVERINE AWENENGO DALBERTO DANS LA TOURMENTE
"Je crains pour ma sécurité" : le cri d'alarme de l'historienne française dont le livre sur la Casamance déchaîne les passions au Sénégal. La chercheuse du CNRS dénonce une campagne de dénigrement basée sur des intentions qu'elle n'a jamais eues
(SenePlus) - Face à la vive polémique au Sénégal, Séverine Awenengo Dalberto, chercheuse au CNRS, défend fermement la nature scientifique de son ouvrage sur la Casamance. D'après l'AFP, l'auteure de "L'idée de la Casamance autonome - Possibles et dettes morales de la situation coloniale au Sénégal" fait l'objet de virulentes critiques qui l'ont contrainte à annuler une séance de dédicace prévue à Dakar.
Dans un communiqué transmis à l'AFP, l'historienne dénonce des "commentaires malveillants et infondés" sur "son soi-disant contenu" et ses intentions. Elle assure que son livre "ne vise aucunement à rouvrir les fractures comme certains pourraient le craindre", évoquant même un "climat potentiellement dangereux" pour sa sécurité.
La présentation de l'ouvrage, publiée aux éditions Karthala, devait se tenir ce samedi à la librairie "Aux quatre vents" de Dakar. L'établissement a finalement annulé l'événement mercredi, la maison d'édition évoquant "le risque de voir son déroulement perturbé".
L'ancien parti au pouvoir, l'Alliance pour la République, s'est montré particulièrement virulent, qualifiant la publication de "dangereuse" pour l'unité nationale et l'accusant de remettre "en question les acquis" sur la paix en Casamance. Les éditions Karthala ont riposté en dénonçant "une instrumentalisation politique d'un ouvrage scientifique par des personnes qui n'ont, manifestement, pas pris connaissance de son contenu".
Cette controverse n'est pas sans rappeler celle de 2010, lorsqu'un autre livre sur le conflit casamançais, "Le conflit de Casamance - Ce que disent les armes" de Jean-Claude Marut, également publié chez Karthala, avait été interdit.
La Casamance, région du sud séparée du reste du pays par la Gambie, est marquée par un des plus anciens conflits d'Afrique. Depuis le soulèvement indépendantiste de décembre 1982, ce conflit a fait des milliers de victimes et dévasté l'économie régionale. Bien que moins intense aujourd'hui, il persiste toujours, l'État maintenant son refus catégorique de toute autonomie.
"LA PAROLE AUX NÉGRESSES", UNE ŒUVRE FONDATRICE DU MILITANTISME FÉMININ AFRICAIN
Ce livre audacieux, récemment réédité au Sénégal, continue de dénoncer les violences faites aux femmes et de revendiquer une voix féminine africaine puissante et indépendante.
Dakar, 24 oct (APS) – L’essai de l’anthropologue sénégalaise Awa Thiam, intitulée “La parole aux Négresses” et réédité en juin dernier au Sénégal par “Saaraba éditions”, a permis d’ancrer le militantisme féminin en Afrique, auquel il a servi de livre fondateur, a affirmé sa préfacière, Ndèye Fatou Kane.
“Avec la publication en 1978 de +La parole aux négresses+, 18 ans après les indépendances”, à une époque “où les États africains étaient en train d’être construits, édifiés, où le féminisme n’était pas encore une idéologie politique, ce livre est fondateur du militantisme féminin en Afrique, il a vraiment ancré le féminisme en Afrique”, a-t-elle déclaré dans un entretien avec l’APS.
L’ouvrage signé par l’ancienne chercheuse à l’Institut fondamental d’Afrique noire de l’université Cheikh Anta Diop, “vient à point nommé pour dire que les critiques ou autres accusations faites sur les violences que subissent les femmes ne sont pas gratuites, elles sont documentées”, selon sa préfacière, également écrivaine.
Pour Ndèye Fatou Kane, cet essai “est important pour l’originalité de son approche, parce qu’il a permis pour la première fois à une Africaine, de faire parler des Africaines qui racontent leurs souffrances et de ce qui les maintenait en marge de la société”.
Le contexte de la parution du livre est aussi relevé par la préfacière qui indique que “La parole aux négresses” est paru près de deux décennies après les indépendances des pays africains.
“Malgré les promesses d’autonomie que pouvait laisser entrevoir cette nouvelle ère des indépendances africaines, les femmes africaines peinent encore à sortir du joug du patriarcat”, affirme celle qui découvre cet ouvrage en 2018 dans le cadre de son travail d’écrivain.
“La parole aux Négresses” sonne ainsi comme une réponse à ceux qui disent que les féministes africaines suivent leurs sœurs occidentales, selon l’auteur de “Vous avez dit féministe ?”, livre dans lequel Ndèye Fatou Kane interroge les textes fondateurs du féminisme.
L’essai de Awa Thiam, divisé en trois parties, relate dans son premier chapitre “Des mots de Négresses” et évoque des souffrances quotidiennes de femmes africaines qui s’expriment, pour la plupart dans l’anonymat, afin de permettre à toutes les femmes de s’identifier à leur récit.
Divers sujets liés à la polygamie institutionnalisée, le blanchiment de la peau communément appelé “Xessal”, les mutilations génitales, les mariages forcés, entre autres, sont abordés dans leur histoire.
Le deuxième chapitre s’intéresse à “Des maux de Négro-Africaines”, avant de finir sur un troisième intitulé “Féminisme et révolution”.
Pour l’auteur Awa Thiam qui réside depuis plusieurs années en France, il fallait “prendre la parole pour faire face. Prendre la parole pour dire son refus, sa révolte. Rendre la parole agissante. Parole-action, parole subversive. Agir, agir, agir en liant la pratique théorique à la pratique-pratique”, écrit-elle à la page 30 du livre.
“Pour dénoncer une situation si ancienne qu’elle en parait éternelle, il faudra du courage et de l’obstination”, fait savoir la féministe française Benoîte Groult, signataire de la première préface de la première édition de l’ouvrage, en 1978.
“Awa Thiam se heurtera, comme tous ceux qui ont raison trop tôt, à l’incompréhension, aux préjugés, à la haine”, écrit-elle.
“La parole aux Négresses”, dont la postface a été signée par docteur Kani Diop qui enseigne en Floride, a été réédité aussi en France en 2024 aux éditions “Divergences”.
Il avait disparu des bibliothèques après sa publication, mais avait été traduit en allemand en 1981 et en anglais en 1986.
Selon la préfacière, son auteur est très connu dans les universités américaines où l’ouvrage est enseigné.
L’AMOUR, LA DOULEUR, LA JOIE ET LA TRISTESSE…
Native du village d’Asde Balla, dans le département de Matam, et présidente de l’Association locale pour le maintien des filles à l’école, Hawa Ba a consacré sa vie à la poésie après la perte de sa reine et chère mère.
Native du village d’Asde Balla, dans le département de Matam, et présidente de l’Association locale pour le maintien des filles à l’école, Hawa Ba a consacré sa vie à la poésie après la perte de sa reine et chère mère. « Ma jeunesse entre le chagrin et l’amour » est la première œuvre de l’étudiante en communication à l’université Gaston Berger de Saint-Louis
La jeune Hawa Ba a présenté son recueil intitulé « Ma jeunesse entre le chagrin et l’amour », qui reflète les expériences, les émotions et les aspirations de sa vie. En 2023, elle a brillé en tant qu’« Ambassadrice d’un jour », dans le concours « Ailes pour Elles » mettant en avant son potentiel. « Je suis native d’un village d’Asde Balla, une petite communauté dans le Fouta qui a été mon cocon de paix et de sérénité », a d’emblée soutenu la jeune poétesse. Tout en indiquant que c’est dans ce village qu’elle a appris les valeurs de solidarité et d’amour qui imprègnent chacune des pages de ce livre. « Mon parcours a été marqué par des moments de bonheur intense, mais aussi par des épreuves déchirantes. Orpheline de ma mère, emportée trop tôt par la maladie, j’ai dû trouver en moi la force de continuer et de transformer cette douleur en poésie. Ma mère, qui m’a donné la vie et a veillé sur moi avec tant de tendresse, reste une source inépuisable d’inspiration. Sa perte m’a laissé un vide immense, mais aussi un héritage de résilience et de courage », raconte Hawa Ba. Étudiante engagée, elle a consacré une grande partie de son temps à soutenir sa communauté, particulièrement les femmes et les filles. « Je crois fermement au potentiel et à la capacité des femmes et des filles à changer le monde. C’est pourquoi j’ai œuvré sans relâche pour promouvoir l’éducation, l’égalité des chances et l’émancipation des femmes, espérant ainsi honorer la mémoire de ma mère et de toutes les braves femmes qui ont façonné ma vie », a estimé la jeune écrivaine.
«La poésie est l’écho de l’âme qui raisonne dans le cœur des autres»
« Ma Jeunesse entre le chagrin et l’amour est un miroir de mon âme, une collection de poèmes qui parle d’amour, de douleur, de joie et de tristesse.
«À travers ces vers, je partage avec vous mes pensées les plus intimes, mes rêves et mes espoirs. Chaque poème est une fenêtre ouverte sur mon cœur, une invitation à partager avec moi les moments qui m’ont façonnée », a présenté l’auteure. A travers son recueil poignant, Hawa Ba plonge ses lecteurs dans l’intimité de ses émotions, façonnées par la perte déchirante de sa mère, Mame Hawa Gouro, en 2014. En tant qu’unique fille, elle explore avec une sensibilité exquise la mélancolie résultante de cette absence, entrelaçant ses émotions douloureuses avec une célébration sincère de l’amour sous ses multiples formes. Les vers résonnent comme des liens familiaux profonds, évoquant l’amour du grand-père, de la grand-mère maternelle qui a comblé le vide matériel, et ses oncles, tantes et mentor qui ont tissé le tissu de sa vie. L’auteure chante également l’harmonie des solides amitiés, des amis d’enfance aux compagnons d’école, tous jouant un rôle significatif dans son parcours.
PAR l'éditorialiste de seneplus, Amadou Elimane Kane
ÉTHIQUE, CULTURE, ÉDUCATION ET RENAISSANCE AFRICAINE
EXCLUSIF SENEPLUS - La moralisation politique doit guider tous les projets de changement. C’est un des grands défis du XXIe siècle que de bâtir ensemble les piliers républicains africains qui permettent des gouvernances saines
Amadou Elimane Kane de SenePlus |
Publication 25/10/2024
Quand on considère la dynamique de la renaissance africaine, on voit que les leviers fondamentaux sont multiples. La renaissance africaine est une démarche qui propose un ensemble de valeurs en rupture avec les représentations afro-pessimistes.
Cette démarche de rupture doit s’accompagner d’une unité africaine avec pour pilier plusieurs articulations qui permettent d’œuvrer pour la renaissance :
une unité culturelle avec la réappropriation du patrimoine historique qui soit transmise par le biais de l’école ;
une unité économique et monétaire avec une réelle exploitation des richesses naturelles du continent ;
une unité politique d’où doivent émerger une véritable démocratie, la défense des droits humains fondamentaux et la lutte contre les corruptions.
Mais ce projet panafricain ne pourra s’accomplir sans l’idée forte selon laquelle chaque africain doit recouvrer une image juste de soi, avec l’estime et la confiance nécessaires à la réhabilitation de ses valeurs humaines, sociales, culturelles et éducationnelles. Cette prise de conscience est un élément fondamental pour comprendre la nature plurielle des enjeux majeurs du XXIe siècle pour le continent africain.
L’éthique, valeur de changement
Cependant, il existe un facteur décisif qui peut assurément mener aux valeurs républicaines qui nous préoccupent, je veux parler de l’éthique face à la responsabilité publique, à la conduite des États et à une gouvernance équitable.
Tout d’abord, qu’est-ce que l’on entend par le terme « éthique » ? Observer une éthique est défini comme une « science de la morale » ou un « art de diriger la conduite ». Dans le domaine médical, il existe une éthique professionnelle, ou « bioéthique », qui permet de mettre au premier plan les objectifs de la recherche, de la médecine, au mépris des intérêts financiers et/ou personnels que représentent les divers lobbyings.
Et bien je dirais que l’éthique professionnelle et humaine doit habiter tout l’espace citoyen et républicain du continent africain. C’est une condition nécessaire si l’on veut parvenir au développement, à la croissance réelle, et si l’on souhaite se relever dignement à travers les principes de la renaissance africaine. Ces deux attitudes doivent coexister de manière forte.
L’éthique est une valeur intrinsèque du changement politique, économique, social et culturel que l’on attend. Un professeur possède une éthique face à ses élèves. Il se doit de considérer chaque apprenant en capacité de réfléchir, de progresser, et il doit les respecter dans leur singularité et leur unité. Son principal objectif est d’aider ses élèves à apprendre. Un véritable artiste possède aussi une éthique dans ce qu’il exprime, ce en quoi il croit viscéralement. Il peut faire des compromis, mais pas de compromissions, car il ne doit pas se défaire de sa déontologie au risque de perdre son art, ou son âme. Celui qui céderait, par exemple, à une opération financière où l’art serait secondaire, bafoue la moralité dans laquelle il s’est engagé. Le journaliste possède une éthique qui est celle de transmettre l’information le plus justement possible, et ce au plus grand nombre. S’il s’associe aux puissants des États, s’il accepte de rendre public des évènements maquillés, il viole les valeurs de son métier. Et il en va ainsi naturellement pour tous les domaines professionnels.
De la sorte, on voit bien que la plupart des sociétés sont constituées d’une éthique, qui est un ensemble de codes moraux régis par les institutions qui garantissent l’équité et la justice.
Il en va de même pour l’exercice politique. L’éthique doit être au centre de tous les programmes politiques, au cœur de toutes les organisations qui forment les États africains, nos régions et nos nations. C’est le cadre moral qui doit prévaloir sur tout autre aspect au sein de nos institutions, et ce au plus haut niveau des responsabilités.
L’intégrité politique, pierre angulaire de la renaissance africaine
L’éthique doit s’inscrire dans le code des valeurs républicaines et ne jamais céder aux enjeux financiers et aux réussites matérielles et personnelles. L’intégrité doit être le premier engagement pour les hommes et pour les femmes qui sont destinés aux plus hautes responsabilités.
Au XXIe siècle, il n’est plus acceptable de voir à la tête des États africains, la corruption, le népotisme, l’impunité, et d’agir comme si cela était tout à fait normal. Ces pratiques immorales et injustes sont tellement courantes que l’on n’y prend plus garde ; et cela est grave car elles se banalisent.
Moi, je dis que c’est un fléau qui doit cesser ; c’est une gangrène croissante qui empêche à la fois le développement et la véritable démocratie.
Ce qu’il faut aujourd’hui, c’est bâtir les valeurs républicaines africaines et les garantir durablement. Comment est-il possible que certains hommes politiques des pays en voie de développement soient plus riches que les chefs d’États qui exercent en Occident ? Ceci est inacceptable et conduit assurément à la faillite économique et morale.
Il faut construire un pacte vertueux qui assure que :
celui qui dirige les affaires publiques s’engage à une conduite honnête et une éthique à toute épreuve ;
celui qui a en charge les deniers publics a des comptes à rendre à chaque moment de sa carrière administrative ou politique.
C’est un changement radical qui doit s’opérer dans la conduite des États, et chaque homme, chaque femme, tous les acteurs intègres doivent lutter contre toutes les formes de profits. La moralisation politique doit guider tous les projets de changement. Sans cela, l’échec perdurera et la misère grandira encore.
Chacun doit avoir à l’esprit qu’il faut combattre inlassablement ce qui mène à la « banqueroute » : la corruption, le népotisme, l’impunité. Voici les trois grands coupables des États africains et du continent tout entier qui conduisent à l’immobilisme culturel.
C’est un des grands défis du XXIe siècle que de bâtir ensemble les piliers républicains africains qui permettent des gouvernances saines et de la justice sociale.
Mais les solutions pérennes pour anéantir l’effondrement des nations africaines sont aussi la fraternité, la solidarité, l’intégrité, l’unité et la transmission de ces valeurs par l’éducation et la formation des élites.
Ainsi, si nous partageons ces valeurs éthiques et républicaines, que nous les inscrivons au patrimoine culturel africain et que nous les mettons en place comme un rempart indestructible, nous pourrons contribuer à l’émergence de notre continent et à la renaissance africaine. Nous pourrons enfin entrer sur le grand échiquier économique et politique mondial qui mène assurément à la créativité.
Amadou Elimane Kane est enseignant et chercheur en sciences cognitives, poète écrivain.
par Birane Diop
FACE AUX INJUSTICES ET AUX INÉGALITÉS : LE CINÉMA, UNE ARME POLITIQUE
Les Graines du figuier sauvage est un film beau, tragique, militant, et par-dessus tout politique. Mohammad Rasoulof a réussi, malgré les terribles conditions du tournage, à montrer la soif de liberté des Iraniens
Samedi 19 octobre 2024, dans le quartier de Saint-Germain, au cœur de la rive gauche, je suis allé voir un film au cinéma UGC Danton : Les Graines du figuier sauvage, de Mohammad Rasoulof, tourné clandestinement, loin des regards inquisiteurs des mollahs. D’abord, qui est le réalisateur courageux de ce film ? Mohammad Rasoulof est un cinéaste iranien qui a fui son pays pour éviter une peine de prison et les persécutions d'un régime brutal. Il vit à Hambourg et a à son actif dix films, tous brillants. Je peux citer, entre autres : Les Manuscrits ne brûlent pas (2013), Un homme intègre (2017), Le Diable n’existe pas (2020), Les Graines du figuier sauvage (2024).
Cet exilé, qui a son pays chevillé au corps malgré l’absence, a puisé dans son panthéon personnel et, plus largement, dans l’histoire de l’Iran pour construire un film à la fois politique et militant, qui dénonce les absurdités d'une société patriarcale et fermée, après la mort de Jina Mahsa Amini, une jeune Iranienne kurde tuée par la police des mœurs pour avoir porté son voile de manière incorrecte.
Le film évoque les récents événements traversés par la société iranienne et la violence qui la caractérise. À travers ce film, le réalisateur porte un regard critique sur les monstruosités d’un régime théocratique dont la loi est fondée sur la charia. Rasoulof montre brillamment que les femmes iraniennes sont privées de toute forme de liberté, ainsi que de l’accès à la beauté, dans son sens profond, peut-être la seule véritable essence de l'existence. Ce puissant film, hautement politique, s'inspire du mouvement « Femme, vie, liberté », qui a résonné à travers le monde ces derniers mois, nourrissant le débat ainsi que la volonté de lutte.
Il raconte, à travers une famille de la classe moyenne, l’histoire du mouvement « Femme, vie, liberté », qui incarne la quête de liberté des femmes et la lutte contre les inégalités et les lois répressives en Iran, Téhéran en étant le bastion.
Cette quête de liberté et d’émancipation est incarnée par deux jeunes filles, Rezvan et Sana, ouvertes sur le monde et aux courants progressistes grâce aux smartphones et aux réseaux sociaux – espace de liberté et d’émancipation. Leur père, Iman, a été promu juge au service d’un régime autoritaire et violent, tandis que leur mère, Fatemeh, est nourrie par une culture conservatrice reléguant les femmes au second plan. Le film est centré principalement sur le personnage d’Iman – la Foi. Tout part de lui et y revient. Promu juge au tribunal révolutionnaire de Téhéran grâce à l'appui d’un collègue, il est chargé de jouer les mauvais rôles, voire d'accomplir des missions perfides pour garantir une future ascension sociale. L’objectif est de devenir juge d’instruction, ce qui est le Graal, mais avant d’y arriver, il doit flirter avec les compromissions. Ses valeurs, ses principes et son honorabilité sont échangés contre les privilèges fugaces que lui promet le régime par l’entremise de son collègue.
Quand le mouvement de protestation s'est déclenché dans les écoles et universités de Téhéran contre les dérives du régime, sa fille aînée, Rezvan, a vu sa meilleure amie, Sadaf, perdre littéralement sa beauté et son avenir, car les forces de l’ordre lui ont crevé l’œil gauche. Cette injustice, teintée d’une violence aveugle, a poussé Rezvan et sa petite sœur Sana à contester ouvertement le régime théocratique, dont Iman, leur père, est l’un des fidèles soldats. Elles pointent du doigt l’oppression politique et religieuse exercée par les gardiens de la morale et les représentants de Dieu sur terre. C’est à ce moment-là qu’Iman perd son arme de service chez lui, une arme qui lui permet de se protéger contre les manifestants et les « ennemis d’Allah ».
C’est le début de sa descente aux enfers. Sa fille Rezvan lui assène des vérités qu’il a du mal à admettre, tandis que son collègue lui suggère de trouver une solution très vite. L’arme doit être retrouvée, sans quoi il peut dire adieu à ses ambitions professionnelles de devenir juge d’instruction et d'intégrer l’élite de Téhéran. Iman est tiraillé. Sur les conseils de son collègue au tribunal, il envoie sa femme et ses filles chez un psychologue, un de ses amis, afin de savoir laquelle d’entre elles a volé l’arme tant cherchée. Cette consultation s’est soldée par un échec cuisant. Il convainc alors Fatemeh et les filles d’aller dans son village pour quelques jours afin de se reposer et de fuir l’agitation de la ville. Tout cela était cousu de fil blanc : par ce retrait, Iman cherchait simplement à retrouver son arme. Après avoir passé une nuit dans ce village calme, Iman commence son entreprise détestable : la torture de sa femme Fatemeh et de Rezvan, qu’il soupçonne d’avoir volé l’arme.
Iman a transposé la violence verbale qu’il exerçait sur les détenus du régime à sa famille, mais cette violence n’est pas seulement verbale, elle est aussi physique et psychologique. L’aveuglement qui caractérise le pouvoir théocratique iranien a atteint Iman, ce père jadis taiseux, pudique et aimant. Le drame familial est total. Car Iman est finalement tué par sa fille cadette, Sana, pour libérer sa mère et sa grande sœur Rezvan, son amie et modèle.
Les Graines du figuier sauvage est un film beau, tragique, militant, et par-dessus tout politique. Mohammad Rasoulof a réussi, malgré les terribles conditions du tournage, à montrer la soif de liberté des Iraniens, notamment des femmes, qui sont les principales otages de l’État policier iranien. C’est un long métrage qui peut paraître ennuyeux au regard du déroulement du récit, mais magistralement magnifique. Par ce film, Mohammad Rasoulof dit au monde que le cinéma est une excellente arme contre les injustices et les inégalités qui traversent les sociétés, notamment la sienne : l’Iran.
En regardant Les Graines du figuier sauvage, j’ai pensé au Sénégal et aux gardiens de la morale qui y pullulent comme Jamra et And Samm Jikko Yi. Ces intégristes religieux qui veulent réguler l’espace public selon leurs codes ancestraux en attaquant les libertés fondamentales garanties par la Constitution. J’ai pensé aussi au père du cinéma africain Ousmane Sembène, qui a brillamment exercé son métier d’artiste au service des causes justes. Son vaste œuvre n’a eu de cesse de montrer les inégalités qui traversent la société sénégalaise et les violences infligées aux filles et femmes en devenir au nom de la religion, l’islam. J’ai en mémoire Moolaadé.
Mohammad Rasoulof, tout comme le cinéaste Sembène, sont des tisseurs d’avenir, même si le Sénégalais a rejoint l’autre rive. Le temps n’effacera pas leurs œuvres.
LE CINÉMA FÉMINISTE FAIT SA RÉVOLUTION À TOUBAB DIALAW
Le CINEFEMFEST, qui célèbre sa deuxième édition du 31 octobre au 3 novembre, réunira des figures emblématiques comme Ken Bugul et Kalista Sy pour quatre jours d'échanges et de projections
Le cinéma féministe africain s'apprête à faire vibrer Toubab Dialaw lors de la deuxième édition du CINEFEMFEST. Du 31 octobre au 3 novembre 2024, l'hôtel Iris deviendra l'épicentre d'une réflexion profonde sur la solidarité transnationale et panafricaine dans un contexte de crises multiples. Selon le communiqué des organisateurs ci-après, les plus grandes voix du féminisme africain, de Ken Bugul à Fatou Sow, se réuniront pour quatre jours de projections, d'échanges et de débats.
"2ème édition du CINEFEMFEST : des voix féministes pour construire un avenir basé sur la solidarité et la non-violence
Toubab Dialaw se prépare à accueillir la deuxième édition du Festival Africain du Film et de la Recherche Féministes CINEFEMFEST. Prévu du 31 octobre au 3 novembre 2024 à l’hôtel Iris, le Cinefemfest 2024 a pour thème central « Solidarité transnationale et panafricaine et cultures de non-violence ». Cette année, le festival élargit son horizon pour se concentrer sur la région du Sahel, face aux défis multidimensionnels auxquels les féministes de cette région sont confrontées.
Les crises politiques, environnementales, sécuritaires et économiques actuelles impactent profondément les secteurs de la recherche et de la culture. C’est pourquoi le CINEFEMFESt 2024 aspire à réunir des militantes féministes et des acteurs culturels afin de redynamiser ces secteurs. Le festival se veut un lieu de rencontre et de collaboration pour préparer une réponse féministe aux crises qui affectent le continent.
L’objectif principal du festival est de centrer le thème de la solidarité féministe panafricaine transnationale. CINEFEMFEST qui est une initiative de Njegemaar Associates, vise également à poursuivre l’éducation populaire, en utilisant le cinéma et les arts comme outils de sensibilisation et d’apprentissage. En outre, le CINEFEMFEST se propose de favoriser un sentiment d’appartenance à travers les arts et la culture, en agissant comme une plateforme stratégique pour aborder les dynamiques de pouvoir selon les critères d’ethnicité, de genre, de race, de caste, de génération et de géographie.
L’édition de l'année dernière a été marquée par des moments forts et des échanges enrichissants. Safi Faye et Khady Sylla étaient à l’honneur avec la présence de Mariama Sylla, sœur de la dernière, Fatou Kandé Senghor, Johanna Makabi, Rama Thiaw, Mamyto Nakamura et Khardiata Pouye, entre autres.
Cette année, l’écrivaine Ken Bugul, la documentariste Mame Woury Thioubou, la réalisatrice et scénariste Kalista Sy, la sociologue féministe Professeure Fatou Sow ainsi que la journaliste et chercheuse Codou Bop seront à l’honneur . Seront également montrés des films des sénégalaises Angèle Diabang, Awa Mocta Guèye, Fatou Warkha Samb et Katy Léna Ndiaye, de la cinéaste Laure Malécot, la malienne Rokia Konaté, la gambienne Jama Jack, la burkinabé Leslie Tô, les sud-africaines Lindiqe Dovey et Sandulwla Asanda et les françaises Ramata Toulaye Sy et Pascale Obolo. Les films féministes de Dame Gueye (L’homme Vierge) et de Moussa Sène Absa (Xalé) seront aussi projetés. Durant le festival, des sessions privées auront lieu en journée et les projections publiques le soir.
Le CINEFEMFEST sera suivi d’un atelier d’écriture et de création intitulé « Intersections : Genre(s), Art et Action-Recherche ». Cet atelier d’écriture d’une semaine a pour but de mettre ensemble enseignant.e.s, chercheur.e.s, activistes féministes et artistes pour produire une œuvre collective. Les participants travailleront ensemble pour produire des œuvres artistiques et académiques, basées sur des données empiriques et des créations artistiques. Les thèmes abordés incluront la théorie et la recherche-action en sciences sociales, les féminismes et l’artivisme en Afrique, ainsi que les dynamiques de race, classe et genre au sein du cinéma et de la littérature.
Ken Bugul, le récipiendaire du prix Caine de la littérature africaine 2023 Mame Bougouma Diène, et la chercheuse et enseignante sénégalaise Dr. Rama Salla Dieng et par ailleurs directrice du festival, faciliteront les sessions de l’atelier."
PREMIÈRE ÉDITION DU FESTIVAL DES GRILLADES DE DAKAR, UNE CÉLÉBRATION DES SAVEURS AFRICAINES
Fruit d’une collaboration entre restaurateurs ivoiriens et sénégalais, cet événement culinaire prévu le 9 novembre met à l'honneur l’amitié entre les deux pays. Gastronomie, culture...seront au cœur de cette édition qui réunira près de 5000 participants.
La capitale sénégalaise se prépare à accueillir un événement culinaire de grande envergure avec la première édition du Festival des grillades de Dakar (FGD). Prévu pour le 9 novembre 2024 à l’esplanade du Grand Théâtre, cet événement inédit marque l’arrivée à Dakar d’un festival qui a déjà fait ses preuves en Côte d'Ivoire, avec 17 éditions à son actif.
Lors d’une conférence de presse organisée ce jeudi 24 octobre 2024, M. Ababacar Sadikh Cissé, représentant du ministère sénégalais de l'Agriculture, a souligné l’importance de cet événement dans la promotion du consommer local et des liens de fraternité entre le Sénégal et la Côte d'Ivoire. « Ce genre d'événement à Dakar permet de promouvoir le travail des agriculteurs et les éleveurs qui constituent une véritable chaine de valeur par rapport à la lutte contre les importations, » a-t-il affirmé, tout en magnifiant l’initiative.
Mme Ndack Thiaba Diop, membre du comité d’organisation, a quant à elle rappelé l’objectif principal du festival : créer un pont entre Abidjan et Dakar. « Nous voulons ouvrir une plateforme d’échanges entre restaurateurs des deux pays, tout en offrant une expérience immersive à notre public » a-t-elle déclaré, soulignant l’ambition de renforcer les liens économiques et culturels à travers la gastronomie.
Pour M. Eric Atta, commissaire général du Festival des grillades d'Abidjan, cette édition à Dakar n’est pas un hasard. « Le choix de Dakar s’inscrit dans la continuité de l’amitié profonde qui unit nos deux pays. Après 17 éditions à Abidjan, c’est une nouvelle aventure qui commence ici, » a-t-il souligné avec enthousiasme. Il a également exprimé l’espoir que ce festival trouve un écho chaleureux à Dakar, tout en rendant hommage à la richesse de la cuisine africaine.
Coorganisé par Thelma et le cabinet ivoirien Advantages Conseil, le Festival des Grillades de Dakar promet d’être un moment mémorable, avec la participation d’une vingtaine de restaurateurs renommés de Dakar et d’Abidjan. Le public aura l’occasion de découvrir et déguster une grande variété de grillades allant de la viande (bovins, ovins, caprins) aux fruits de mer (poissons, coquillages, huîtres) en passant par la volaille (pigeons, cailles, perdrix).
Avec une capacité d’accueil de 5000 festivaliers, le festival « sera non seulement une célébration de la gastronomie africaine, mais aussi un véritable espace de convivialité », soulignent les organisateurs.
KARTHALA DÉNONCE L'INSTRUMENTALISATION DU LIVRE DE SÉVÉRINE AWENENGO DALBERTO SUR LA CASAMANCE
La présentation de l'ouvrage "L'idée de la Casamance autonome. Possibles et dettes morales de la situation coloniale au Sénégal" a été annulée. L'éditeur défend un travail purement scientifique face accusations de "séparatisme" de l'APR
(SenePlus) - Une polémique secoue le monde éditorial et politique sénégalais. La séance de dédicace de l'ouvrage "L'Idée de la Casamance autonome. Possibles et dettes morales de la situation coloniale au Sénégal", prévue le samedi 26 octobre 2024 à la librairie Aux 4 Vents à Dakar-Mermoz, a été annulée face aux risques de perturbations.
Au cœur de la controverse, un livre scientifique signé par Séverine Awenengo Dalberto, historienne et chargée de recherches au CNRS à l'Institut des mondes africains (Imaf). L'ouvrage, fruit de vingt ans de recherches, examine la période 1875-1970 à travers une vaste documentation d'archives publiques et privées, ainsi que des entretiens.
L'ancien parti au pouvoir, l'Alliance pour la République (APR), s'est fermement opposé à cette publication, qualifiant l'ouvrage de "pamphlet irrédentiste". Dans un communiqué virulent, l'APR accuse le livre de défendre "des thèses dangereusement révisionnistes qui n'ont d'autre objectif que d'exacerber les tensions déjà existantes dans la région de la Casamance".
Face à cette polémique, les éditions Karthala ont tenu à réaffirmer leur position dans un communiqué officiel ce mercredi 23 octobre. La maison d'édition "regrette profondément l'instrumentalisation politique d'un ouvrage scientifique par des personnes qui n'ont, manifestement, pas pris connaissance de son contenu". Elle souligne que le livre, loin de défendre des thèses séparatistes, vise à « restituer les origines historiques complexes » de la situation casamançaise.
L'éditeur rappelle son engagement historique dans "la diffusion des savoirs, notamment sur l'Afrique" et insiste sur le caractère strictement académique de l'ouvrage. Karthala précise que la publication, prévue depuis plusieurs mois, "est totalement indépendante de la situation politique actuelle au Sénégal" et invite chacun à lire l'ouvrage "afin de se forger une opinion éclairée sur le sujet".