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27 novembre 2024
Culture
LE FOND DU FILM ATLANTIQUE
Le pillage des œuvres d’art en Afrique est un ‘’fait incontestablement historique’’ que le cinéma devait documenter, a estimé la réalisatrice franco-sénégalaise Mati Diop dont le film ‘’Dahomey’’ est consacré à la restitution des œuvres pillées au Bénin.
Dakar, 17 mai (APS) – Le pillage des œuvres d’art en Afrique est un ‘’fait incontestablement historique’’ que le cinéma devait documenter, a estimé la réalisatrice franco-sénégalaise Mati Diop dont le film ‘’Dahomey’’ est consacré à la restitution des œuvres pillées au Bénin.
‘’Il me semblait fondamental que le cinéma s’empare et documente un fait aussi incontestablement historique’’, a-t-elle dit, jeudi, lors de la projection en avant-première de son film au Seanema Dakar, dans le cadre d’une sortie sénégalaise du film.
La cérémonie a été présidée par le secrétaire d’Etat à la Culture, aux Industries créatives et au Patrimoine historique, Bacary Sarr.
‘’Ce sujet de la restitution, estime Mati Diop, avait aussi besoin de toute cette dimension que le cinéma peut permettre à ce sujet.’’
Son film, ”imminement politique”, une docu-fiction d’une heure, met en exergue le point de vue de celles et ceux qui n’avaient pas été en réalité entendus sur ce sujet et qui sont, selon elle, pourtant les premiers acteurs et destinataires de la restitution.
Il s’agit, précise la réalisatrice de ‘’Dahomey’’, de deux protagonistes du film à savoir ces statues et cette jeune génération héritière de ce patrimoine culturel pillé du temps de la colonisation par des troupes françaises, allemandes, belges, entre autres.
Sacré Ours d’or à la Berlinale (Festival international du film de Berlin), en février dernier, un trophée présenté au public dakarois, le film raconte le voyage retour des vingt-six trésors royaux du Dahomey rapatriés depuis Paris (France) vers leur terre d’origine, devenue le Bénin.
La voix des aphones
Mati Diop donne la voix à ceux qui étaient aphones jusque-là sur la question de la restitution, à l’image de ces ‘’trésors’’ volés depuis 1892 par des troupes coloniales françaises et qui sont en exil au musée Quai Branly.
Dans une voix off, en langue Fon du Bénin, elle fait parler ces statues qui n’ont plus de nom, mais des numéros, à l’image du roi Ghézo avec le n°26 qui se plaint de sa vie en exil, loin de la terre natale à laquelle il a été arraché.
Dans une solennité et une atmosphère de requiem, les 26 œuvres d’art sont rapatriées au Bénin où la question de leur emplacement intrigue avec un lieu où elles ne se retrouvent toujours pas.
Le débat sur l’appropriation de cet héritage postcolonial et du patrimoine culturel, un moment fort du film, soulève de nombreuses questions sur les relations des Africains avec leur patrimoine, la place des langues nationales, les politiques de sauvegarde de ces œuvres d’art, et surtout, le discours à développer pour reconnecter ce patrimoine à ses héritiers.
”Comment redonner la vie à ces oeuvres d’arts ?”. Là est la question qui interpelle tous, estime-t-elle.
C’est un défilé de personnalités, de gens anonyme venus de tous le Bénin et d’ailleurs pour célébrer le retour de ces ”trésors”
Les étudiants insistent sur les seules 26 œuvres d’art rendues sur les 7000 pillées au Bénin du temps de la colonisation très peu à leurs yeux du fait de l’ampleur des dégats
Son film ayant bénéficié du Fopica, Mati Diop encourage les autorités à accompagner et à soutenir les artistes.
Pour le secrétaire d’Etat à la Culture, Bacary Sarr, qui a transmis les félicitations du président de la République, Bassirou Diomaoye Faye, et du Premier ministre, Ousmane Sonko, à Mati Diop, ce film traite d’une question ‘’cruciale’’, qui est la restitution des œuvres d’art dont l’Afrique a été spolié.
‘’Ce sujet de haute portée symbolique a été traité selon une démarche qui allie réalisme narrative et liberté de formulation, donnant une dimension plus touchante, sensible et productive. Là se trouve le génie de la réalisatrice’’, a dit M. Sarr.
Il ajoute : ‘’+Dahomey+ est un signe d’engagement, de prise de conscience et une direction d’action pour la souveraineté et la liberté. C’est aussi le sens du projet que porte le chef de l’Etat Bassirou Diomaye Faye, pour que soit recouvré la dignité’’.
Il a par ailleurs salué ‘’les qualités professionnelles, d’excellence, de rigueur et de succès’’ de la réalisatrice Mati Diop, ‘’une véritable lumière’’, selon lui.
L’idée du film ”Dahomey” tourné entre la France et le Bénin, est née en 2021, selon la réalisatrice.
SAINT-LOUIS SE REMET AU DIAPASON DU JAZZ
Du rythme, du blues, du folk, du jazz, la musique résonne de nouveau à Saint-Louis. C’est pour la 32eme édition du festival international de jazz qui a débuté hier, jeudi 16 mai dans la ville.
Le coup d’envoi de la32eme édition du festival international de jazz de Saint-Louis a été donné hier, jeudi 16 mai au sein du mythique navire de croisière Bou El Mogdad. Comme chaque année, le rendez-vous culturel met un point d'honneur à offrir une programmation variée qui met en lumière différents genres et époques du jazz. De l’américaine Denise King en passant par l’espagnol Chano Dominguez et le français Raphael Pannier, entre autres têtes d’affiche : cette nouvelle édition a tout d’une grande. Un événement rendu possible grâce au concours de la BICIS.
(SAINT-LOUIS) - Du rythme, du blues, du folk, du jazz, la musique résonne de nouveau à Saint-Louis. C’est pour la 32eme édition du festival international de jazz qui a débuté hier, jeudi 16 mai dans la ville. A l’honneur pour ce premier jour, il y a Sophie Lukacs de la Hongrie, Ben Aylon de l’Israel et le batteur sénégalais de « Sabar » Aly Ndiaye Rose et Rosettes. Jusqu’au 20 mai prochain, de grands noms de jazz se succéderont sur la scène de la Place Baya Ndar tous les jours à partir de 21 heures. A l’occasion de la cérémonie d’ouverture qui a eu lieu dans le bateau Bou El Mogdad, en présence des autorités de la ville, le président du Comité d’organisation Idrissa Bengeloun est revenu sur la programmation de l’évènement.
« On va démarrer ce festival avec des sonorités sénégalaises et puis on va clôturer avec du jazz américain. On a eu vraiment le soutien de beaucoup de partenaires qui sont présents ici aujourd’hui (hier) et donc, je dis tout le temps que le premier partenaire du festival, c’est la commune de Saint-Louis. C’est sur ce territoire que se passe le festival. Cette année encore, on a eu l’accompagnement de la mairie de Saint-Louis à travers ses services et ses démembrements », a-t-il fait savoir.
Il faut dire que le festival international de jazz de Saint-Louis se déroule pour le plus grand plaisir des festivaliers venus du monde entier, mais aussi des commerçants et hôteliers qui affichent complet. Outre le côté culture, Saint-Louis jazz est aussi un rendez-vous économique. Il contribue fortement à la promotion de la destination Saint-Louis. C’est pourquoi, le maire de la ville de Saint-Louis, Mansour Faye a appelé à une mobilisation de tous pour la réussite de l’évènement annuel. «C’est un festival important qui a un rayonnement international pour la ville de Saint-Louis et cela demande la mobilisation de l’ensemble de la population saint-louisienne d’ici et d’ailleurs au tour du Comité d’organisation pour la réussite de ce séjour culturel avec des programmes variés », a dit Mansour Faye.
Une fois de plus diverses générations brilleront sous le feu des projecteurs, créant une fusion électrisante de styles, entre découvertes et nostalgie. Parmi ces talentueux artistes de renommée mondiale qui se produiront tous les soirs à la Place Baya Ndar, on découvre la chanteuse de jazz américaine Denise King, la chanteuse, compositrice et joueuse de kora, Sophie Lukacs née en Hongrie et élevée au Canada, le maestro incontournable du flamenco jazz, Chano Dominguez, la chanteuse portugaise d’origine capverdienne Carmen Souza, le musicien, batteur, compositeur et pédagogue Raphael Pannier. Mais d’autres artistes déjà forts célèbres sont également perceptibles dans le programme. Il s’agit du musicien et percussionniste révolutionnaire, Ben Aylon, le maître batteur du Sabar, Aly N’diaye Rose et Rosettes, le groupe sénégalais Findifeer, The Rainmakers (Afrique du Sud), Bänz Oester de la Suisse. A cette programmation musicale, s’ajoute un concert public de restitution de la masterclass de l’orchestre Prytanée militaire de Saint-Louis. Pendant quatre jours donc, Saint-Louis a de quoi séduire un grand public.
par vieux savané
VIE ET MORT D’OMAR BLONDIN DIOP
Tel un journaliste ou plutôt un historien, Florian Bobin exhume les traces de vie de ce brillant intellectuel sénégalais, politiquement engagé, « rouge et expert » comme s’exprimait l’idéal de l’époque
Editions Jimsaan Dakar, 2024 286 pages Préface de Boubacar Boris Diop
«Omar est mort »! « Ils ont tué Omar »! Ces cris de rage et d’horreur échappent de la poitrine de ses deux frères cadets, Cheikh et Auguste, venus lui apporter ses affaires après que les visites ont été à nouveau autorisées. Dès que la nouvelle a pu trouer la chape de silence dans laquelle ses geôliers voulaient la contenir, parents, amis, anonymes, ont convergé vers la maison familiale de la Sicap Darabis. La jeunesse urbaine s’insurge devant l’infamie, occupe le macadam par vagues successives, érige des barricades de fortune, brûle des pneus, s’oppose violemment à la police qui riposte avec la lancée de grenades lacrymogènes. La tension est à son paroxysme. Tel un journaliste ou plutôt un historien, Florian Bobin exhume les traces de vie de Omar Blondin Diop, brillant intellectuel sénégalais, politiquement engagé, « rouge et expert » comme s’exprimait l’idéal de l’époque.
Nous replongeant dans cette atmosphère, l’auteur, jeune étudiant chercheur en histoire à l’Université Cheikh Anta Diop, déroule dans un style flamboyant, vivace, vivant, l’itinérance d’un « Enfant du siècle ». Personnage central de l’ouvrage, Omar Blondin, brillant élève promu à un bel avenir, aîné devant protéger ses frères et donner l’exemple, suivant les recommandations du « paterfamilias », aura fréquenté en France des lycées prestigieux : Montaigne. Louis-leGrand. Il réussit au prestigieux concours de l’Ecole Normale de Saint-Cloud en dépit des exclusions temporaires pour avoir récidivé des sorties sans autorisations. Il avait 19 ans.
La militance s’éveille, avec ses impondérables qui s’expriment dans la conflictualité. « Le voilà » lance-t-il à son père, de retour au Sénégal, en lui « confiant un chiffon logé dans sa poche, plié en quatre : son certificat d’admission à Normale Sup’ ». Amoureux des livres qu’il dévorait avec gourmandise, lui qui essayait de se frayer un chemin à travers la musique, le cinéma, se sentait en déphasage avec la France, pays dans lequel il avait grandement vécu. Il éprouvait le besoin d’étreindre fortement ses terres dakaroises, de s’enraciner dans sa culture locale. Mais cela rencontre le difficile métier de parents, beaucoup plus préoccupés par le devenir de leur progéniture. Et le voilà de nouveau à Paris, pour la rentrée universitaire. En même temps que les cours assez prenants, il refait le monde aux sons des Rolling Stones, Miles Davis, Pink Floyd, etc. « Gouailleur, dont le rire explosif secoue les murs, tournant tout le monde en dérision à commencer par lui-même, il joue avec les codes, s’en imprègne, les détourne ». Anti autoritaire, allergique à l’embrigadement, Omar se révèle un militant atypique qui « choisit les moments et les formes de sa présence ». Au cœur de la révolte estudiantine de Mai 68 à la Sorbonne, il avait conscience de « vivre une belle illusion, l’illusion de la révolution ». S’est posé ensuite l’impératif du retour au bercail où il débarque par bateau. Fini les chemises à fleurs, les pantalons à pattes d’éléphant. Bienvenue au col Mao, au Blue Jean, à l’Anango. Attiré par les Etats-unis, il va devoir retourner à Paris. Au moment des formalités de police à l’aéroport Bordeaux Mérignac, il apprend son expulsion du territoire français par le ministre de l’Intérieur, Raymond Marcellin.
« Une écharde dans la blessure »
Son père qui ne se fait pas à l’idée de voir son fils arrêter si brutalement ses études va jouer de ses relations pour faire annuler l’ordre d’expulsion. Et l’histoire va s’emballer, empruntant des chemins tortueux, suite à l’arrestation de ses deux frères, Diallo et Mohamed, qui se retrouvent dans les geôles senghoriennes au début de l’année 1971, pour avoir incendié le CCF (Centre culturel français). En vue de libérer « le groupe des incendiaires », avec des camarades, ils nourrissent le projet de prendre en otage l’Ambassadeur de France au Sénégal. Après la Syrie pour se former à la lutte armée auprès des combattants palestiniens du Fattah, l’Algérie pour nouer des contacts avec l’aile internationale du Black Panther Party que dirigeait Eldridge Cleaver, ils cherchent ensuite à se procurer des armes au Libéria et avec Paloma, ils seront arrêtés à Bamako et jugés à Dakar par un Tribunal Spécial.
Soumis à un régime d’isolement total à Gorée, au cachot disciplinaire, Omar entame plusieurs grèves de la faim pour faire respecter ses droits et protester contre les brimades et les sévices dont il était victime. Mohamed qui se trouvait dans une autre cellule raconte les râles de son frère qui lui parvenaient alors qu’il agonisait à même le sol froid et humide de sa cellule après un violent coup à la nuque. Une exécution dénonce les parents. Un suicide réagit le gouvernement avec la publication d’un Livre Blanc. Certainement, un pan d’une histoire tragique qui dévoile une facette du régime de Senghor faite de brutalité, de cynisme. A l’image de Kédougou et Gorée. Deux lieux qui évoquent la torture morale et physique ainsi exercées.
« En vérité », comme le relève dans sa préface, l’immense écrivain Boubacar Boris Diop, « Omar survit dans nos mémoires comme cette « écharde dans la blessure » dont parle, à propos de l’Afrique, le poète David Diop, parti lui aussi à la fleur de l’âge ». Et « Cette si longue quête » rappelle que dans l’histoire politique du Sénégal, comme le souligne le préfacier , « Omar est bien la seule individualité qui ait, en elle-même, sans qu’on ne puisse jamais le relier à une structure formelle, une telle puissance d’évocation».
Porté par un éblouissant travail de documentation, d’entretiens compilés dans différents lieux, d’anecdotes inédites, le livre de Floran Bobin nous replonge dans une période insouciante, rebelle, généreuse et tragique, visitée par une irrépressible envie de transformer le monde, faire sauter les digues, déconstruire les traditions, les manières de faire et d’être, et tels des Dieux, façonner un homme et une femme nouveaux. Un monde nouveau.
LA 32E EDITION DU FESTIVAL INTERNATIONAL DE JAZZ OFFICIELLEMENT LANCEE
Une cérémonie consacrée à l’ouverture de la 32e édition du festival international de Jazz de Saint-Louis (nord), s’est déroulée jeudi après-midi, sur le mythique bateau ”Bou El Mogdad”, en présence de plusieurs personnalités dont le maire de la ville...
Saint-Louis, 16 mai (APS) – Une cérémonie consacrée à l’ouverture de la 32e édition du festival international de Jazz de Saint-Louis (nord), s’est déroulée jeudi après-midi, sur le mythique bateau ”Bou El Mogdad”, en présence de plusieurs personnalités dont le maire de la ville Mansour Faye.
Ce festival international est organisé à l’initiative de l’Association Saint-Louis Jazz, laquelle a été créée en 1992.
”En ma qualité de premier magistrat de la ville, je souhaite la bienvenue à tous les festivaliers venus d’horizons divers”, a déclaré l’édile de la ville au cours de cette cérémonie.
”Ce festival, a-t-il dit, crée un impact pour l’économie de la ville. Il y va de l’avenir de la commune. Saint-Louis Jazz doit rester et je suis davantage disponible à l’accompagner. Il faut garder l’âme du festival, surtout le +in+”.
Driss Benjelloun, secrétaire général de l’Association Saint-Louis Jazz est revenu sur le programme de cet évènement, rappelant que ce festival figure depuis 2016 dans le catalogue des plus importants festivals de jazz du monde.
Venu présider la cérémonie d’ouverture officielle de la 32e édition du Festival international de Jazz, l’adjoint au préfet du département Abdou Khadre Dieylani Bâ, a assuré que tout le nécessaire sera fait pour garantir la sécurité de ce grand rendez-vous culturel.
La directrice déléguée de l’institut français à Saint-Louis, Isabelle Boiro-Gruet, des représentants des différents partenaires entre autres, ont pris part à cette cérémonie.
Des artistes talentueux de renommée internationale à l’image de Carmen Souza (Portugal), Raphaël Pannier (France) vont également prendre part à ce grand rendez-vous inscrit dans l’agenda culturel national voire international, selon le comité d’organisation.
Pour cette année également, des artistes et talents locaux seront mis en lumière pour l’animation de la scène +Off+.
Évènement de dimension mondiale, le festival international de Jazz de Saint-Louis célèbre sa 32e édition à partir de ce jeudi jusqu’au lundi 20 mai 2024.
LE PROJET «BEHIND THE SCENES SENEGAL » LANCÉ À DAKAR
Le projet «Behind the scenes Senegal» a été lancé officiellement par les acteurs culturels et économiques. Le but est de favoriser une industrie créative plus équitable et inclusive
Bés Bi le Jour |
Adama Aïdara KANTE |
Publication 16/05/2024
Le projet «Behind the scenes Senegal» a été lancé officiellement par les acteurs culturels et économiques. Le but est de favoriser une industrie créative plus équitable et inclusive.
Les acteurs culturels et économiques ont procédé au lancement officiel du projet «Behind the scenes Senegal». «Cette initiative permet de catalyser le changement et de favoriser une industrie créative plus équitable et inclusive», a déclaré le représentant du Laboratoire de recherches économiques et monétaires (Larem), Ousmane Faye, selon Aps. Axée sur le thème «Les jeunes femmes et l’inégalité entre les sexes dans le secteur créatif africain», la rencontre a enregistré la présence de la directrice des Arts et de plusieurs acteurs œuvrant dans ce domaine. «Ce projet favorise la diversité culturelle et l’autonomisation de la jeune femme dans le secteur de la culture. L’industrie créative africaine est en plein essor avec une richesse des talents, des innovations dans les domaines notamment de la mode, de la musique, du cinéma, des arts visuels, etc.», a fait savoir Ousmane Faye.
Malgré cet immense potentiel, il a toutefois regretté que les jeunes femmes créatrices en Afrique soient souvent confrontées à des obstacles limitant leur accès aux opportunités et entravant leur succès. «Nous cherchons à explorer ces obstacles et à changer cette situation avec le projet Behind the scenes», a indiqué M. Faye. Avant de préciser qu’il s’agira aussi de cartographier le secteur créatif du pays pour, non seulement connaître l’infrastructure, mais également les systèmes permettant d’avoir un bon outil de travail. Il a exprimé sa détermination à faire en sorte que les voix et les talents des jeunes femmes ne soient plus jamais ignorés, mais célébrés et mis en valeur. «Ce projet est mis en place pour renforcer la capacité des chercheurs femmes dans l’industrie créative. Il est mis en œuvre dans 7 pays africains dont le Sénégal, le seul pays francophone», a dit M. Faye.
Le directeur de l’Institut des arts et de la culture (Isac) de l’Université Cheikh Anta Diop de Dakar (Ucad), Babacar Mbaye Diop, a noté que le projet permettra d’avoir une base de données créatives de qualité en Afrique. «Treize jeunes ont été recrutés, dont 10 femmes, pour une durée de 3 ans. Nous avons reçu plus de 100 dossiers et après délibération, seuls treize ont réussi», indique le directeur de l’Isac
OMAR SY VEUT PRODUIRE DES FILMS AFRICAINS AU SENEGAL
Festival de Cannes, L’acteur franco-sénégalais a monté une entreprise de production filmographique pour aider au développement du cinéma sur le continent.
L’acteur franco-sénégalais a monté une entreprise de production filmographique pour aider au développement du cinéma sur le continent.
Omar Sy veut s’investir davantage dans le développement du cinéma au Sénégal. L’acteur et producteur franco-sénégalais a évoqué mardi 14 mai son projet de production d’histoires africaines dans son pays d’origine à travers sa structure Carroussel Studios. Il l’a fait savoir à la 77e édition du Festival de Cannes, qui s’est ouverte le même jour en France. « Produire des films au Sénégal n’est pas un devoir pour moi, mais c’est une envie que je pratique maintenant depuis des années. Je travaille avec des jeunes metteurs en scènes làbas. Le cinéma africain m’intéresse depuis tout le temps, ça fait bêtement partie de ma culture, j’ai grandi avec aussi », a indiqué sur le site de RFI le célèbre comédien, en marge de cette grande fête internationale de film organisée chaque année.
En tant que membre du jury du festival, il a accepté de parler parallèlement, au cours d’une conférence de presse, de sa carrière de producteur. L’acteur préféré des Français a monté en effet Carroussel Studios, sa propre structure, pour soutenir en partie la production africaine de films à partir du Sénégal. Ce projet tient à cœur l’acteur principal de « Tirailleurs », un film sorti en salles en janvier 2023 et tourné en grande partie en langue pulaar, un des principaux dialectes du Sénégal. Il se dit « content » lorsqu’il voit des films africains arriver à Cannes.
« Les histoires du continent africain m’intéressent, elles entrent dans le cadre des choses que j’ai envie de raconter. Il se trouve que c’est aussi là-bas que ça se passe. Cet intérêt se voit déjà dans ma filmographie. On le voit aussi dans mon petit parcours », affirme Omar Sy, affichant de plus en plus son attachement à son pays d’origine et à sa culture peule.
par Youssouf Mbargane Guissé
LA RÉVOLUTION CONCEPTUELLE AFRICAINE EN MARCHE
EXCLUSIF SENEPLUS - Desserrer l’hégémonie conceptuelle de l’Occident impérialiste sur nos sociétés nécessite l’officialisation profonde des langues africaines et leur pratique généralisée
« Leur dépendance caractéristique a toujours empêché l’oligarchie et la bourgeoisie de se constituer une doctrine propre… Et, sur le plan idéologique, elles n’ont jamais produit un « corps d’idées » qui légitiment leur action politique. Elles étaient (et sont encore) des bourgeoisies incomplètes, doctrinairement castrées. Il n’est donc pas étonnant qu’elles aient toujours été à l’avant de la docilité dans le domaine de la pensée. Car comme elles ne produisent pas leurs propres concepts, elles reprennent à leur compte les concepts élaborés par les intellectuels (bourgeois) étrangers » - Edgar Monteil, philosophe et sociologue péruvien.
Depuis ces dernières années, des changements importants sont apparus dans le champ intellectuel africain au moment où la géopolitique mondiale est en train de basculer vers une nouvelle reconfiguration des rapports de forces. On assiste à une remise en cause de la volonté de l’occident impérialiste de soumettre son modèle aux Etats et nations de la planète. Ces changements marquent une étape majeure dans le processus de libération de l’étau conceptuel du monde occidental sur nos sociétés. Cette question capitale de la souveraineté de la pensée, condition de la libération définitive de l’aliénation, de la dépersonnalisation et de la dépendance a été la préoccupation de nombreux intellectuels de toutes disciplines sur le continent. C’est particulièrement à la fin de la première guerre mondiale, dans le contexte de ce qu’on a appelé « La question nègre », que s’est développe le réveil des colonies à l’indépendance, de même que les mouvements d’affirmation noirs aux Etats Unis d’Amérique et dans les Caraïbes.
Alors que se déroulaient sur le terrain révoltes, résistances et mouvements de libération, des intellectuels de ces communautés exploraient autour de la Revue « Présence Africaine » en France, les voies et moyens intellectuels de la souveraineté culturelle et politique dont témoignent les deux grands Congrès des Intellectuels, écrivains et artistes noirs, tenus à Paris en 1956, puis à Rome en 1959. Parmi les fortes productions intellectuelles alternatives de l’époque et celles après les indépendances, on peut en citer quatre fort marquantes : « Nations nègres et culture » de Cheikh Anta Diop,[1]« Les damnés de la terre » de Frantz Fanon,[2] « L’Afrique doit s’unir » de Kwame Nkrumah,[3]« L’accumulation à l’échelle mondiale » de Samir Amin,[4]« L’arme de la théorie » et « La pratique des armes » de Amilcar Cabral.[5]
Mais la consolidation des régimes répressifs dans les nouveaux Etats sous domination néocoloniale a vu le reflux de la résistance intellectuelle et culturelle qui cependant, n’a jamais cessé ni dans les académies, ni sur le terrain de par les luttes nationales et sociales des syndicats, de la jeunesse et des masses.
Cette période d’opacité de la réalité néocoloniale est en train de s’estomper progressivement, d’une part du fait de l’échec patent des politiques économiques libérales et de l’immense désastre causé sur le continent dont la pauvreté, l’insécurité et le désarroi,[6] d’autre part du fait de l’éveil de conscience et des affirmations identitaires nés de la pluralité culturelle ouverte par la mondialisation. Mais surtout le contexte est celui de l’émergence d’une nouvelle génération de chercheurs et savants « armés de sciences jusqu’aux dents » ainsi que d’artistes et créateurs de talent ayant repris le flambeau. Cette nouvelle période ouverte offre désormais l’opportunité de « la remise en cause des anciennes hégémonies et d’émergences de nouvelles légitimités ». En effet se dessine une reconfiguration dans l’armature intellectuelle jusqu’ici dominée par les traditions académiques universalistes occidentales dans leurs objets, méthodes et finalités. La pensée et les savoirs endogènes interviennent désormais avec une approche holistique des réalités vues sous leurs connexions multiples. La production des connaissances sur les dynamiques de transformations sociales, politiques et culturelles, doit désormais intégrer les dimensions des écologies, des héritages, de la symbolique et des pratiques anthropologiques. Une telle nouveauté introduit un renversement des paradigmes, visions et interprétations et met en scène l’intervention d’autres acteurs intellectuels de la tradition que le mode colonial de production des sciences avait jusqu’ici mis à l’écart de façon délibérée.
La rupture épistémologique qui s’enclenche porte sur la question essentielle de la souveraineté culturelle car les Africains doivent reconceptualiser de manière autonome et en toute responsabilité leur destin existentiel par la sélection des éléments constitutifs de leur propre futur.[7]La déconstruction de l’appareil idéologique d’hégémonie conceptuelle du capitalisme libéral a été menée de manière vigoureuse et savante par la première génération d’intellectuels africains dans les différentes disciplines académiques, mais aussi antérieurement dans la puissante littérature arabo islamique de résistance anti coloniale au 19e siècle, au sein des confréries soufi et aussi par des penseurs libres. Cette remise en cause se poursuit en de nouveaux termes au sein des générations actuelles qui se donnent la main dans les réseaux et nouvelles plateformes scientifiques, artistiques et culturelles.[8]Il s’agit dans ces nouveaux espaces de solidarité et de coopération intellectuelle et esthétique, d’inventer de nouveaux paradigmes d’un développement endogène intégral. Une nouvelle vision critique, prospective, opérationnelle se fortifie, fondée sur le potentiel créateur et subversif des héritages politiques et intellectuels africains et des enseignements des luttes des peuples pour la démocratisation et l’humanisation du monde encore si tardives.
En effet cette rupture épistémologique est une remise en cause du modèle universaliste de développement capitaliste imposé. Elle oblige de sortir définitivement du courant hégémoniste de la modernisation occidentale, de ses chiffres, mythes et falsifications. La rupture bouscule certaines traditions académiques figées et remet en cause le formatage intellectuel dû aux formations reçues. Elle implique un renouvèlement nécessaire des problématiques, des méthodes et approches, nécessitant la réévaluation des académies de recherche, d’enseignement et de formation et leur réadaptation conforme aux besoins du projet essentiel de la modernité africaine. La rupture trouve ses ressorts dans l’appropriation des multiples avancées artistiques, écologiques, philosophiques réalisées par les générations successives d’Africains de sources culturelles et de traditions intellectuelles diverses. Elle s’enrichit particulièrement des résultats probants issus de la coopération fructueuse entre disciplines au sein des équipes, réseaux et plateformes africains et internationaux. Mais ce processus d’élaboration conceptuelle trouve sa substance historique, sa force et sa légitimité politique lorsqu’il puise sa sève nourricière de l’expérience sociale et culturelle des masses et contribue de manière décisive à la rénovation de la pensée sociale.
L’approche totalisante fournie par l’économie politique et l’anthropologie culturelle permet alors aux chercheurs des différentes disciplines fragmentées de se rejoindre au carrefour de la transdisciplinarité et d’appréhender la dimension globale et intégrée des dynamiques au sein des sociétés. Elle doit mettre en lumière au sein de celles-ci, l’exploitation sociale fondamentale de classe, la base économique et les intérêts financiers qui fondent les alliances avec le capitalisme international dominant. Elle édifie sur l’existence d’un bloc hégémonique d’Etat compradore et sur les idéologies justificatrices de la domination et de la servitude.
Mais desserrer l’hégémonie conceptuelle de l’Occident impérialiste sur nos sociétés nécessite l’officialisation profonde des langues africaines et leur pratique généralisée dans l’éducation, les académies, l’administration, la vie économique et politique. Il s’agit de consacrer de manière irréversible et féconde la liaison de l’école à la vie, de la science et des innovations technologiques aux systèmes productifs, de fonder la gouvernance sur l’éthique. Seul en effet, ce nouveau paradigme de l’usage des langues africaines peut assurer la participation populaire libre, faisant désormais de l’espace politique, le foyer pacifié et véridique de la délibération, de la transparence, de la redevabilité. En réalité, la question linguistique, au-delà de son caractère pédagogique et de communication, constitue le cœur existentiel de l’identité, des appartenances sociales, des liens avec la nature et la Transcendance. La langue est en réalité le carrefour des temps et des espaces. Elle reproduit l’individu et les communautés en tant qu’histoire, mémoire, réponses et possibilités. La langue est donc le terreau fertile d’où germe l’esprit sacré d’insoumission et de révolte pour la reprise collective de l’initiative historique. La révolution conceptuelle repose ainsi sur les trois piliers suivants : la langue, la pratique sociale et l’esprit critique. Ces trois éléments sont porteurs de la rupture. Ils constituent le processus dialectique par lequel la pensée se régénère et l’homme s’affirme debout et résolu face aux défis.
C’est donc à travers les luttes sociales patriotiques et révolutionnaires que les individus et les communautés actent la désaliénation, valorisent leurs cultures et affirment leur identité africaine. C’est le « retour de soi à soi à un niveau supérieur », selon la belle formule de Joseph Ki Zerbo. Une telle perspective historique est déjà ouverte sur le continent et dans la Diaspora par l’action des intellectuels, savants et artistes, des partis politiques révolutionnaires et par les mobilisations des mouvements des jeunes, des femmes et des organisations citoyennes de veille. Désormais ces forces organisées prennent place sur l’échiquier politique africain tandis qu’émergent de nouveaux « dirigeants spirituels de la révolution », incarnation pour la jeunesse et les masses des modèles de courage et d’abnégation que furent les héros et les martyrs de la libération du continent. La tâche historique sans précédent est à présent de réveiller le génie culturel africain et de manière irréversible, « faire basculer l’Afrique sur la pente de son destin fédéral ».[9]
Les productions intellectuelles doivent pour cela éclairer le difficile chemin des luttes de classe anticapitalistes et des combats anti-impérialistes, démocratiques et citoyens en cours, mais aussi analyser les transitions complexes qui se dessinent dans la géopolitique mondiale, dans l’économie, la politique et la culture dans nos pays. Les avant-gardes révolutionnaires sur le continent devront à partir de là, élaborer et coordonner les stratégies unitaires libératrices qui s’imposent pour mettre fin définitivement à l’abject « néocolonialisme vivant »[10] qui ronge encore l’Afrique et ses enfants. Les prochaines saisons historiques verront alors s’ouvrir pour les peuples réunis, le vaste horizon de la paix, de la prospérité et du renouveau.
[1] Cheikh Anta Diop (1965). Nation nègre et culture. Paris : Présence Africaine
[2] Frantz Fanon (1975). Les Damnés de la terre. Paris : éd. Maspero.
[3] Kwame Nkrumah (1964). L’Afrique doit s’unir. Paris, Payot.
[4] Samir Amin (1971). L’Accumulation à l’échelle mondiale. Paris : éd. Anthropos.
[5] Amilcar Cabral (1975). I. L’arme de la Théorie, II. La pratique des armes. Paris : éd. Maspero.
[6] Voir Samir Amin (1989). La faillite du développement en Afrique. Paris : éd. L’Harmattan.
[7] Ndongo Samba Sylla (2014). (dir.) Pour une autre Afrique. Eléments de réflexion pour sortir de l’impasse. Paris : L’Harmattan. Felwine Sarr (2016.). Afrotopia. Paris, éditions Philippe Rey
[8] Voir parmi les nombreuses initiatives, les travaux et publications remarquables du groupe des samedis de l’économie : Déconstruire le discours néolibéral T1 (2014) - T2 (2015). (Sous la direction) Demba Moussa Dembélé, Ndongo Samba Sylla, Henriette Faye). Dakar : éditions Arcade-Fondation Luxembourg. Voir également les travaux, publications de l’Institut Panafricain de Stratégies sur les questions importantes de la sécurité et de la Paix sur le continent
[10] Abdoulaye Ly. (1981). L’émergence du néocolonialisme au Sénégal. Dakar : éd. Xamlé.<
par le chroniqueur de seneplus, Jean Pierre Corréa
MULTIPLE PHOTOS
UN MERVEILLEUX BOUILLON DE CULTURE…S
EXCLUSIF SENEPLUS - Du 16 mai au 16 juin, Blaise Senghor est au faîte de la Culture urbaine et surtout…en fêtes. Parce que Dakar, avec ou sans Biennale mérite "Encounters" avec un éventail impressionnant d'œuvres au programme
Le monde des Arts du Sénégal est encore tout abasourdi du report de la Biennale de Dakar, du fait des lacunes du régime sortant qui avait jugé plus important de classer Monument Historique l’école primaire où Macky Sall avait fait ses classes, que de maintenir cette prestigieuse manifestation au niveau où des hommes et des femmes de notre pays, pétris de qualités humaines et artistiques, l’avaient élevée dans l’agenda mondial de la culture et des arts plastiques et visuels. Heureusement, aujourd’hui, des initiatives tendent à prouver qu’il ne serait pas si stupide de privatiser la culture, tant le milieu artistique sénégalais démontre à l’envi, sa turbulente vitalité et son joyeux bouillonnement.
Mais heureusement, pendant que certains avaient de « la fuite dans les Idées », d’autres s’amusaient à montrer qu’ils avaient de la suite dans les leurs, et ont pu à travers un collectif dynamique et inventif, nommé avec toute la fierté requise « Black Rock Sénégal », mettre en œuvre leur deuxième exposition de groupe au Sénégal, au nom évocateur d’Encounters, organisée par le Dr Jareh Das. Cette exposition sera présentée au Centre culturel Blaise Senghor du 16 mai au 16 juin 2024, dans un Centre culturel bellement rénové par Black Rock Sénégal.
Du 16 mai au 16 juin Encounters présente un éventail impressionnant de médias artistiques, comprenant la peinture, la sculpture, les installations, la photographie, la gravure, le dessin, le cinéma et le multimédia.
Chaque artiste participant à cette exposition a effectué une résidence à Black Rock Sénégal de 2022 à 2024.
Les œuvres exposées expriment l'engagement profond des artistes envers les grandes questions culturelles et sociales, illustrant des ères où pensées et actions entrent en collision, se contrastent, convergent et s'entremêlent.
L’exposition explore le travail d'artistes de différentes générations qui opèrent à l'échelle internationale et proviennent de divers horizons sociaux et culturels. Ils sont unis par leur passage au Sénégal, un lieu où chacun a pu évoluer et repousser les limites de sa pratique artistique hors de son contexte habituel. Nos intersections actuelles avec les arts visuels et les cultures—tant historiques que contemporaines—ainsi que les diverses théories et méthodologies, positionnent cette exposition comme une plateforme propice à de nouvelles collaborations dans les arts visuels. Elle favorise le croisement des différentes manières de penser, de créer et de réaliser dans le domaine artistique.
À propos de Black rock Sénégal
La résidence rassemble des artistes internationaux qui viennent vivre et travailler à Dakar, au Sénégal, pour des séjours de 1 à 3 mois. La mission de ce collectif ardent est de soutenir la nouvelle création artistique par le biais d'échanges collaboratifs et d'inciter au changement dans le discours mondial sur l'Afrique.
Le design composé de la Résidence Black Rock a été conçu par l'architecte Sénégalais Abib Diène avec une collaboration pour la décoration intérieure entre Wiley, Fatiya Diène, architecte et Aissa Dione.
Cette aventure est une invitation pour les artistes à s'engager avec les artistes sénégalais.
Venez découvrir ce résultat, saisissant de créativité enthousiaste et de générosité artistique, et promenez-vous sous de surprenantes cimaises et autres installations d’une étonnante diversité.
Ce 16 mai, la musique sera aussi en fêtes avec une scène où de célèbres DJ se produiront dès 20 heures dans un Centre Blaise Senghor, rénové et offert à l’esprit festif que seuls des arts visuels et plastiques savent encore offrir à nos émotions en quête de curiosités créatives.
À propos de Kehinde Wiley
Kehinde Wiley est un artiste visuel de renommée mondiale, surtout connu pour ses représentations dynamiques d'individus afro-américains et afro-diasporiques contemporains qui renversent les hiérarchies et les conventions du portrait européen et américain. Travaillant dans les médiums de la peinture, de la sculpture et de la vidéo, les portraits de Wiley défient et réorientent les récits de l'histoire de l'art, réveillant des problèmes sociopolitiques complexes que beaucoup préféreraient rester en sourdine. En 2018, Wiley est devenu le premier artiste afro-américain à peindre un portrait présidentiel américain officiel pour La Smithsonian National Portrait Gallery. L'ancien président américain Barack Obama a choisi Wiley pour cet honneur.
En 2019, l'artiste a lancé sa première sculpture publique à grande échelle à Times Square, New York, un monument équestre en bronze honorant l'héroïsme des jeunes hommes noirs en Amérique. Wiley est le fondateur et président de Black Rock Sénégal. Il vit et travaille à Pékin, Dakar et New York.
Du 16 mai au 16 juin, Blaise Senghor est au faîte de la Culture urbaine et surtout…en fêtes. Parce que Dakar, avec ou sans Biennale des Arts mérite ENCOUNTERS. Ne vous le faites pas raconter.
SITUATION DES ARTISTES, LA PROMESSE DES AUTORITÉS EN CHARGE DE LA CULTURE
Elles ont donné des gages sur un délai de 3 mois pour, enfin, rendre effectif le statut de l’artiste et de la rémunération de la copie privée, une vieille doléance du secteur.
Rendre et donner les artistes leur dignité. Tel est le vœu pieux des nouvelles autorités en charge de la Culture. Ce mardi matin, le ministre de la Culture Khady Diène et le secrétaire d’État à la Culture, aux Industries créatives et du Patrimoine historique, Bacary Sarr étaient dans les locaux de la SODAV. Ils ont fait d’une pierre deux coups, car cette visite leur a permis de s’enquérir de la situation de la boîte qui gère les intérêts des artistes et des acteurs culturels, mais également une séance de travail avec les gestionnaires.
Après avoir écouté religieusement les présentations de la présidente du Conseil d’administration Ngoné Ndour et du directeur gérant Ali Bathily sur la situation sur les avancées et les perspectives, les deux ministres se félicitent du chemin parcouru avant de donner des gages sur un délai de 3 mois pour, enfin, rendre effectif le statut de l’artiste et de la rémunération de la copie privée, une vieille doléance du secteur.
Est-ce un effet d’annonce ou une stratégie de communication pour faire les yeux doux au monde de l’art et de la Culture ? Nous donnons notre langue au chat. Rendez-vous est pris pour 3 mois. Le chrono tourne pour le Pr Bassirou Diomaye Diakhar Faye et son premier ministre Ousmane Sonko.
par Ousmane Sy
BOUBACAR BORIS DIOP ET LES LANGUES : TOUT N’EST PAS FICTION
EXCLUSIF SENEPLUS - La lettre ouverte co-écrite avec Ngugi Wa Thiong'o laisse entrevoir une tendance sous-jacente à la hiérarchisation des langues sénégalaises, avec une mise en avant du wolof
Il est très difficile pour un passionné de lecture de résister à la plume et au style ô combien soignés de Boubacar Boris Diop. Lire cet homme procure un plaisir immense tant son cocktail est savamment bien dosé. Au-delà de ce style soigné et très souvent hautement intellectuel, il est naturel qu’on ne partage pas des fois ses positions, ses angles d’attaque et conséquemment ses conclusions.
Si la première partie de cette lettre a été dithyrambique à l’égard du destinataire, ce qui en fait peut relever d’un engagement politique, la seconde partie, par contre pose problème. Cette partie qui traite de questions et de planification linguistiques est à approfondir et à améliorer du fait qu’elle comporte en certains endroits des légèretés.
Au paraitre, elle serait bien teintée de subjectivités qui altèrent la rigueur scientifique et linguistique requise pour un tel sujet. Faire un plaidoyer pour les langues en soi est déjà une bonne chose mais la conception de l’organigramme des langues est malheureusement trahie par l’envie manifeste d’imposer le wolof comme langue officielle à la place du français.
La réflexion réfute sans ambages « toute hiérarchisation des langues » mais retombe aussitôt dans le même panneau. Le décret de 1971 avait élevé six langues (joola, mandinka,pulaar, serere, Soninke et wolof) au rang de langues nationales et pourtant malgré cette décision, la pratique linguistique aura plutôt penché pour une wolofisation tacite.
Une politique de laissez-faire qui permet sans décision administrative de donner tacitement tous les statuts à cette langue. Pour illustration, l’utilisation de nos langues dans nos médias officiels est éloquente à plus d’un titre quant à la volonté de faire du wolof la langue du travail. De fait, comme le montrent les articles de (D. C O’Brien) « the shadow-politics of wolofisation et de (Fiona Mc Laughin), Haalpulaar identity as a response to wolofisation, cette tendance à la hiérarchisation des langues entrainent des réponses communautaires. On est bien dans la hiérarchisation des langues depuis des décennies et la réflexion aurait pu relever cet état de fait, attirant ainsi l’attention du destinataire et décideur.
Le wolof est bien une lingua franca au Sénégal mais, selon les ères géographiques, nous avons encore d’autres lingua franca. Au Sud, le joola et un manding peuvent échanger en créole. Au nord, un soninke et wolof peuvent échanger en pulaar. On ne peut pas faire fi de toutes ses richesses.
Pour rappel, les recommandations du CNRF de 1983 parlaient déjà de la langue de la communauté dans un organigramme des langues à l’école qui faisait ni plus ni moins que le bilinguisme soustractif qui au fait ne promeut qu’une seule langue. La conception est bien celle-là : « la langue maternelle, d’abord. Et ensuite, disons le wolof. Ensuite, disons le swahili, le français, etc. ». On note bien la subtile et volontaire gradation vers le dessein caché. Ainsi, la réflexion part de la base des langues sénégalaises, (ce que nous partageons fort bien) mais dérive doucement vers un parti pris. A y voir de près, les autres langues ne seraient là que pour le décor. Cette conception pas loin de celle de 1983 rappelle le bilinguisme soustractif qui se résume à l’équation : L1 + L2 – L1 = ?
En effet, le wolof étant une langue maternelle, viendrait d’abord en tant que langue maternelle et ensuite reviendrait en vertu de quel statut ? Et pour quelle fonction ? Et que deviendront les autres langues nationales étant toutes celles codifiées avec les nouvelles dispositions constitutionnelles de 2001 ? Promouvoir les langues ne peut se limiter à les nommer et à les présenter pour un faire-valoir. Les promouvoir revient à les moderniser et à introduire au moins les six d’entre elles qui ont connu des études soutenues (Dr Sylla Yero 1991) dans divers domaines dont la linguistique et la production à l’école comme langues d’instruction. Le principe est d’introduire ces langues à l’école et de les y maintenir. Ce qui nous aiderait à avoir des enfants sénégalais aptes à parler au moins trois langues nationales. Cet effort qui serait renforcé de voyages d’immersion de petits locuteurs joola en pays serere et de petits locuteurs soninke en pays wolof, renforçant ainsi ce brassage culturel qui fait que le Sénégal est un havre de paix.
On voit apparaitre en filigrane dans la perception, le Sénégal (wolof) l’Afrique (le swahili) et le monde par d’abord le français. Thiong’o est Gikiyu voisin des luwo dans une région où le swahili est presque la grande langue de communication avec environ trente et soixante millions de locuteurs dont quinze pour langue première. Elle a un statut officiel dans quatre pays et au moins dans deux organisations. Le gikiyu ne s’est pas contenté de sa langue maternelle mais a suivi des principes autres que l’émotion et la subjectivité. Si nous parlons de l’Afrique, il est difficile que le mot langue soit au singulier d’une part. Et d’autre part, nous devons parler des langues africaines et point de nos langues maternelles. Même si la planification linguistique a des aspects politiques, il n’en demeure pas moins que l’arbitraire ne peut prévaloir dans ce contexte précis. Elle obéit tout au moins à une logique linguistique et sociolinguistique donc à des études soutenues sur lesquels se fondent un décideur sérieux. L’honnêteté intellectuelle de reconnaitre que le wolof est une lingua franca au Sénégal est celle-là qui nous met devant l’évidence de reconnaitre que, dans le cadre africain, le wolof n’est pas répandu. Force est de reconnaitre qu’en dehors des frontières de la Sénégambie et de la Mauritanie, le wolof reste une langue étrangère qui n’est parlée que par les ressortissants de la Sénégambie et de la Mauritanie dans une moindre mesure. Toutefois, le Sénégal a cette grande opportunité de compter parmi ses langues le mandinka et surtout le pulaar plus connu sous le vocable fulfude. On estimait déjà en 2010 le nombre de locuteurs à vingt-cinq millions de locuteurs (M. Barro 2010)[1] dans plus d’une vingtaine de pays avec des variétés dialectales mutuellement intelligibles. Ce n’est pas un hasard si nous avons aujourd’hui RFI mandenkan et RFI fulfulde. La toute nouvelle chaine Pulaagu sur le bouquet Canal+ passe des productions de plusieurs pays africains où le fulfulde est bien présent.
En Afrique de l’ouest, elles sont de loin les deux langues les plus transfrontalières et peuvent servir de moyens de communications dans tous les pays de cette région. En Afrique centrale, le fulfulde est très présent et constitue la langue véhiculaire dans le nord du Cameroun. Compte tenu de cette situation, le mandinka et le fulfulde occupent une place de choix pour figurer dans le cercle des langues de communication dans nos pays, notre sous-région et notre continent. Elles allient deux principes fondamentaux à savoir, le nombre de locuteurs et la répartition géographique. Ignorer ces données, c’est négligé un outil linguistique très important dans l’unification culturelle de l’Afrique si chère à Cheikh Anta Diop.
Ousmane Sy, ès-didactiques des langues, enseignant au lycée de Donaye Taredji.