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24 avril 2025
Culture
MAÎTRESSE D'UN HOMME MARIÉ, LES RAISONS D'UN SUCCÈS
Polygamie, viol, violences conjugales, dépression, maladie, Kalista Sy a su, dans une écriture évolutive, s’emparer des thèmes très actuels. Une nécessité pour Thierno Diagne Bâ
Nul n’est Prophète chez soi. C’était difficile, voire impossible, de passer à côté de ce dicton cette semaine sur les réseaux sociaux sénégalais. Ecrit, le plus souvent, en commentaire pour accompagner les photos et vidéos de l’accueil monstre reçu par le casting de la série «Maîtresse d’un homme marié» en Côte d’Ivoire. En tournée promotionnelle, Marème Dial, Lala, Cheikh, Dialika, Birame et autres ont reçu beaucoup d’amour et de ferveur de milliers de fans Ivoirien(e)s. «Là où au Sénégal, diront quelques internautes, les esprits chagrins ont préféré les vouer aux gémonies.» Une belle revanche pour la productrice Kalista Sy, dont les acteurs ont enchaîné, dans un rythme effréné, invitations, interviews, séances de dédicace… Cerise sur le gâteau, quelques acteurs de l’ancienne série ivoirienne à succès «Ma famille» ont même fait partie de l’accueil triomphal. On voit dans une vidéo la principale actrice Akissi Delta dire toute son admiration à Cheikh Babou Gaye qui incarne à l’écran Cheikh Diagne, un rôle principal. Une belle revanche de la filmographie sénégalaise sur celle ivoirienne.
Saut dans le temps. En 2002, les séries sénégalaises qui sont déjà présentes dans la petite lucarne, voient leurs efforts pour s’exporter être réduits à néant par l’arrivée du téléfilm ivoirien «Ma famille». Il met aux prises un couple dont le mari, incarné par Michel Bohiri, est un redoutable dragueur. Des intrigues amoureuses racontées avec beaucoup d’humour : le scénario n’est pas révolutionnaire mais, il ravit le cœur des téléspectateurs sénégalais qui n’hésitent pas, quelques années après, à réserver un accueil triomphal aux acteurs en tournée d’exhibition au Théâtre Daniel Sorano de Dakar. La prestation payante n’empêche pas les fans sénégalais de se bousculer aux portes pour entrevoir (en vain) Akissi Delta, la principale actrice. Treize ans après l’arrêt de cette série, la situation se renverse. Cette fois-ci, les stars sont les fans et les fans, les stars. «Je ne m’attendais pas à ce succès», dit l’acteur Cheikh, coincé dans un fauteuil avec comme intervieweuse, Akissi. Pour Bigué Bob, Rédactrice en chef du journal «EnQuête» et spécialiste culturelle, le succès de l’un n’a rien à envier au succès de l’autre. «La première saison de ‘’Ma famille’’ avait pulvérisé les records en Côte d’Ivoire et conquis les téléspectateurs de l’Afrique de l’Ouest, et même Centrale. ‘’Maîtresse d’un homme marié’’ a le même aura», analyse-t-elle. Dans une interview accordée à la journaliste en 2013, Akissi Delta, elle-même, accordait le succès de sa série, non au thème, mais à l’effort technique linguistique. Ce qui est indéniable pourtant pour certains professionnels du milieu, MDHM est, dans le scénario, un cran au-dessus de «Ma famille».
«Des thèmes qui parlent aux pays de l’Afrique de l’Ouest»
Avec sa collaboration et diffusion sur la chaîne A+ des bouquets Canal, la série MDHM a pu procéder à la suppression de la barrière linguistique dans laquelle s’enferment encore plusieurs séries sénégalaises. Une version en français qui permet de gagner des téléspectateurs un peu partout en Afrique francophone. Fatou Kiné Sène est journaliste critique cinéma et présidente de la Fédération des critiques de cinéma. Elle donne une note positive à cet effort technique : «Avec le doublage, les autres nationalités peuvent désormais suivre et avoir accès aux thèmes et codes de la série.» Bien que plus relatée, la Côte d’Ivoire n’est, en effet, pas le seul pays à avoir réservé un accueil chaleureux à MDHM. Avant, il y a eu le Mali, la Guinée, le Burkina, le Congo… «Et même la diaspora africaine», ajoute Thierno Diagne Bâ. En séjour à Paris, l’expert audiovisuel et gestionnaire des industries culturelles avoue recevoir beaucoup de retours d’autres nationalités sur la série. Cependant, même si le déverrouillage linguistique a contribué à la réussite, ce serait réducteur de lui attribuer tout le mérite. D’autant plus que le téléfilm, alors en diffusion en version wolof sur la plateforme YouTube, recevait déjà beaucoup de commentaires positifs d’autres nationalités qui réclamaient le sous-titrage. Et puis il y a eu des exemples précurseurs. Bigué Bob : «MDHM n’est pas la seule série sénégalaise diffusée sur A+. Avant elle, il y a eu ‘’Tundu Wundu’’ qui a eu du succès en Afrique. Il y a eu ‘’Pod et Marichou’’ qui n’a malheureusement pas été bien appréciée par les téléspectateurs.» Pour la journaliste comme pour ses collègues critiques, le principal ingrédient du succès africain réside dans l’écriture.
Polygamie, viol, violences conjugales, dépression, maladie, Kalista Sy a su, dans une écriture évolutive, s’emparer des thèmes très actuels. Une nécessité pour Thierno Diagne Bâ. «Le récit parle aux Sénégalais, aux Africains et en général à la diaspora. Contrairement au cinéma d’auteur qui s’adresse aux amateurs, les thèmes traités ici sont partagés par les pays africains en général et ouest-africains en particulier. En clair, les raisons qui ont fait de ce téléfilm un succès au Sénégal sont les mêmes ailleurs.» Bigué Bob : «Beaucoup d’Africaines peuvent se voir, voir leur vécu à travers Marème, Dialika ou Lala. On a des Cheikh, Birame et autres dans notre entourage. A bien des moments, différents téléspectateurs peuvent avoir l’impression de voir leur vie ou partie de leur vie à l’écran à travers cette série. Aujourd’hui, seuls les noms des pays diffèrent mais, on trouve presque les mêmes réalités en Afrique.» A commencer par le thème central porté par le titre du téléfilm. Au Sénégal, s’il n’y a pas un terme spécifique pour nommer une maîtresse, au Bénin, en Côte d’Ivoire, au Congo ou au Burkina, l’expression utilisée tourne autour du deuxième, voire du troisième bureau. Alors qu’au Mali, la maîtresse de passage est souvent qualifiée de «porte» pouvant déboucher sur «un bureau». Mais pour Fatou Kiné Sène, c’est moins le thème central que la manière osée et inédite de mettre en scène les idées. «Dans ‘’Ma famille’’, Bohiri et Akissi jouaient à cache-cache. Dans MDHM, les rôles se montrent. Marème assume sa position et va même jusqu’à affronter l’épouse légitime. Ce sont des rôles plus osés que ce qui se fait d’habitude.» Cheikh et Marème en roucoulades dans un lit drapé de pétales de rose, l’on se rappelle encore d’une des scènes qui a valu à la production du téléfilm, une plainte devant le Conseil national de régulation de l’audiovisuel (Cnra). Et qui, ailleurs, a surtout contribué à hisser le personnage de Marème Dial en héroïne.
«En osant incarner un rôle tabou, Marème Dial porte la série»
Alima Gadji qui joue le rôle de Marème Dial a été en Côte d’Ivoire, celle qui a été le plus acclamée et invitée par des stars locales. Son personnage a soulevé le même engouement au Sénégal grâce d’abord à son apparence. A l’écran, elle rayonne dans ses coiffures et tenues traditionnelles. Thierno Diagne Bâ : «La diaspora a d’abord été attiré par ce qu’elle découvrait. En dehors des belles fresques de la ville dakaroise, elle est attirée par la manière dont les acteurs s’habillent, se coiffent. Il n’est pas rare de croiser une fille avec les tresses portées à l’écran par Marème.» Mais ce qui est intéressant avec ce rôle, c’est encore la manière dont son personnage s’étoffe et d’anti-héroïne devient une héroïne. Alors que les téléfilms ont souvent tendance à opérer une nette distinction entre les deux protagonistes, MDHM joue très souvent à effacer les caractéristiques atypiques. Résultat, l’héroïne se fait parfois détester et l’anti-héroïne aimer. Rien n’est figé. «Ce n’est pas fréquent dans les séries sénégalaises ou la séparation est nette en général. Et c’est la même chose avec le personnage de Birame qui est un anti-héros, mais avec sa façon de jouer, contribue à porter le film», continue Thierno Diagne Bâ. Héroïne aussi parce qu’avec son jeu, Alima est parvenue à être la figure dominante de la série. «Elle est célébrée en Côte d’Ivoire comme à Ouagadougou parce qu’elle ose incarner un rôle tabou que son personnage l’assume et aussi parce qu’elle pousse les femmes à s’identifier à elle et les hommes à l’admirer», analyse Fatou Kiné Sène. Une particularité qui devrait encore pousser la série à se hisser au-delà du marché francophone. Et peut-être alors qu’une rencontre avec la fanbase sénégalaise pourrait être triomphalement envisagée.
ELY MANEL FALL, SYMBOLE DU ROYAUME DU BAOL
Descendant d’une lignée de Damel par son père et de Buur Sine par sa mère, ce fils de Manel Codou Ngoye et de Ngoné Diogop Kaïré a marqué son époque et l’histoire de l’actuelle commune de Diourbel, ancien canton dont il fût le chef
Encore appelé Ely Manel Codou Ngoye Fall, le stade polyvalent de Diourbel a pris le nom de ce chef de cercle du Baol en avril 1977. Descendant d’une lignée de Damel par son père et de Buur Sine par sa mère, ce fils de Manel Codou Ngoye et de Ngoné Diogop Kaïré a marqué son époque et l’histoire de l’actuelle commune de Diourbel, ancien canton dont il fût le chef. La preuve, dans la capitale de son terroir, il est parrain de l’école primaire du sous-quartier qui porte aussi son nom, Keur Yelly (diminutif et prononciation de la maison d’Ely Manel en wolof), où vivent actuellement ses descendants et le reste de son imposant palais.
Choisi pour intégrer l’école française, Ely Manel Fall a fait ses premières humanités à l’école de Sambe, un village de la commune de Patar, à 10 km de Diourbel, sur la route de Touba, avant d’atterrir successivement à l’école des fils de chefs de Saint-Louis et William Ponty de Gorée. Interprète du commandant de cercle de Diourbel, il a aussi enseigné à l’école Berthe Maubert de Dakar avant de se consacrer à une prestigieuse carrière de dirigeant. Ainsi, il a occupé de hauts postes de responsabilité dans l’administration coloniale, à savoir président du Tribunal du premier degré de Baol, chef de canton de Mbayar et de Thiédar et membre de l’Assemblée consultative provisoire de l’Afrique occidentale française (Aof).
Rappelé à Dieu en 1950, il est aussi parrain de deux rues dans deux régions du Sénégal : Dakar et son Diourbel natal.
ALIOU SANÉ, KILIFEU ET CINQ MEMBRES DE Y-EN-A-MARRE ARRÊTÉS
Les membres de « Y en a marre » ont passé à l’acte. Après avoir lancé le mouvement de contestation "Talatay Orange" pour dénoncer les nouvelles offres, jugées chères, de l’opérateur de téléphonie mobile
Les membres de « Y en a marre » ont passé à l’acte. Après avoir lancé le mouvement de contestation "Talatay Orange" (les mardis d’Orange) pour dénoncer les nouvelles offres, jugées chères, de l’opérateur de téléphonie mobile, ils ont été au siège de ladite société sis sur la VDN pour déposer leur lettre de protestation. Mais, ils ont fait face à un cordon de sécurité qui leur a empêché d’accéder à l’intérieur du siège.
Finalement, sept manifestants, parmi lesquels le coordonnateur Aliou Sané et le rappeur Kilifeu, ont été interpellés.
Le combat engagé par le mouvement depuis la hausse du prix des forfaits avait pour seul objectif : le retour aux anciens prix appliqués avant le 22 juillet 2020 à défaut de procéder à une réelle baisse. Mais, selon « Y en a marre », Orange, dans sa quête de bénéfice, « continue de narguer les consommateurs, en faisant semblant de diminuer les prix des forfaits ».
Dernièrement, l’ARTP a convoqué la presse pour révéler qu’un accord a été trouvé avec l’opérateur afin de proposer un élargissement de la grille, avec de nouvelles offres "pour compléter".
par l'éditorialiste de seneplus, Emmanuel Desfourneaux
POUR UNE HISTOIRE GAGNANTE-GAGNANTE (2/3)
EXCLUSIF SENEPLUS - Alors que Macky Sall a soutenu l’édification salutaire d’une histoire Générale du Sénégal, il est plus hésitant voire passif face au débat sur le déboulonnement. Mieux vaut-il protéger Faidherbe pour sauver le TER
Emmanuel Desfourneaux de SenePlus |
Publication 01/09/2020
En quête de nouvelles forces mentales sénégalaises
Rappelez-vous, dans la première partie, j’avais décrit la construction nationale du Sénégal autour des connexions intra-africaines et extra-africaines. Il en était résulté un syncrétisme historique et un modèle de cogestion démocratique original. Le concept d’histoire gagnante-gagnante invitait alors à ne mettre en marge aucune composante historique du Sénégal dans la réécriture par le vaincu devenu vainqueur. Aujourd’hui, je m’intéresse au même concept, cette fois-ci dans la relation franco-sénégalaise et sous l’angle d’une nouvelle mémoire, qui se déclinera en deux parties : présentement le Sénégal, et ultérieurement la France.
Pour un rapport gagnant-gagnant avec la France, le Sénégal devrait replacer son histoire au cœur de la reconstruction nationale. C’est à cette condition sine qua non que la relation historique se rééquilibrera ou s’équilibrera. Le déboulonnement de Faidherbe dont on parle tant, est loin d’être anecdotique : il contribuerait en partie à effacer une histoire refabriquée par les anciens colons et à ériger en martyrs les anciennes victimes de la résistance au colonialisme. Tous les pays ont eu recours à la réécriture de la défaite, à l’exemple de Vercingétorix, un « loser » (il était en surnombre !) devenu sur le tard une gloire nationale. Je me répète ; la proposition d’une statue de Ndaté Yalla en lieu et place de Faidherbe me parait la plus pertinente.
Grâce à la création d'une mémoire collective contre la colonisation, l’enjeu de la reformulation de l’histoire pour le Sénégal est bel et bien de tenir tête à son ancien « maître » et d’acquérir une force mentale réelle pour rendre le Sénégal plus robuste dans les négociations et dans la défense de ses intérêts. C’est dire si l’écriture de l’histoire n’est pas la seule affaire des spécialistes mais bien plus, celle d’un peuple pour sa place dans le monde et le développement de son pays. C’est dire si l’histoire n’est pas une perte de temps en période de récession mondiale, bien au contraire c’est un levier mental pour l’économie. Toutes les puissances régionales font appel à leur histoire afin de se repositionner dans le cadre de la nouvelle géopolitique du XXIème siècle qui se dessine sous nos yeux : La Turquie et l’Empire Ottoman (Libye, méditerranée), la Russie et l’époque des tsars (la Crimée), l’Iran et la Perse, etc.
Alors que Macky Sall a soutenu l’édification salutaire d’une histoire Générale du Sénégal, il est plus hésitant voire passif face au débat sur le déboulonnement surgi à la suite de la mort de George Floyd et en pleine crise de la Covid-19. A première vue, il est compréhensible que le président sénégalais prioritise la reprise économique et prêche l’annulation de la dette africaine. Mieux vaut-il dans ce contexte protéger Faidherbe pour sauver ainsi le TER long de 37 km et la rallonge du PSE, murmure-t-il sûrement dans le salon du palais de Faubourg-Saint-Honoré, vêtu de son costume bleuté assorti aux couleurs du mobilier élyséen ! Ce faisant, il peut compter sur la fidélité et complicité de son beau-frère, maire de Saint-Louis : Mansour Faye opposa une fin de non-recevoir au déboulonnement de l’ancien gouverneur. Bingo ! Le Sénégal vient d’obtenir de la France 17,6 milliards de francs pour faire démarrer le TER en fin d’année.
A Paris, le 27 août, devant un parterre de chefs d’entreprise français, Macky Sall livre un discours somme toute conformiste. Les entreprises françaises ne goûtent guère aux leçons de l’histoire. L’influent Institut de Montaigne, think tank français à tendance libérale, avait déjà préconisé la théorie du Restart (remettre les compteurs à zéro), à savoir écarter le passé qui est un boulet pour les entreprises françaises dès lors que celles-ci font du business dans le ressort des anciennes colonies de la France. Le MEDEF a donc consciemment ou inconsciemment dicté le discours de Macky Sall. Ce dernier n’a pas eu la force mentale d’intégrer la dimension politico-historique et patriotique du Sénégal. Une occasion ratée de gagner un peu de sympathie auprès de ses concitoyens au moment où les bacheliers ont les pieds dans l’eau !
Quelles que soient les résistances actuelles au déboulonnement de Faidherbe, ce processus de décolonisation, long à se profiler depuis l’indépendance, est irréversible. L’effervescence des intellectuels et de la jeunesse autour de cette question aura tôt ou tard gain de cause sur les politiques épouvantés d’être déplaisants à l’égard de la France. Il n’est pas impossible qu’une crise du pouvoir au Sénégal sur le 3ème mandat entraîne des colères populaires avec la perspective de s’en prendre à la statue de Faidherbe, liée à tort ou à raison au régime de Macky Sall.
Les dirigeants sénégalais se méprennent d’ailleurs : la nouvelle mémoire franco-sénégalaise a besoin d’une confrontation des visions de l’histoire. Il ne s’agit pas de blesser dans son orgueil la France mais de « forger une mosaïque de savoirs, soucieux de coller au réel du passé », selon l’un des concepteurs de l’histoire globale, Howard Zinn.
Jusqu’alors, l’ère de l’assimilation culturelle et son pendant le déni culturel envers l’Afrique s'imposaient dans les relations franco-sénégalaises. C’est ainsi que le discours de Dakar a été rendu possible. C’est ainsi que le premier voyage officiel d’Emmanuel Macron en terre africaine fût consacré aux militaires de la force d’intervention Serval à Gao tandis qu’en Chine son premier acte fût d’ordre culturel avec la visite de l’armée enterrée de l’empereur Qinshi Huangdi. C’est ainsi que les ambassadeurs français en poste au Sénégal font depuis la nuit des temps des sorties discourtoises en termes diplomatiques. La liste est loin d’être exhaustive.
C’est en partie la faute du Sénégal. La France se serait accommodée d’un rapport de force historique si les chefs d’Etat sénégalais avaient affiché une relation plus patriotique et culturelle. Rien ne les empêchait si ce n’est ce sentiment de docilité hérité de la pensée coloniale ! L’Algérie est le contre-modèle du Sénégal : ce pays a acquis son indépendance à l’issue d’une guerre et il eût été impensable qu’un chef d’Etat algérien parlât d’un traitement de faveur pour ses tirailleurs ! Ce pays n’a jamais marchandé une once de dignité historique. A telle enseigne que c’est à Alger où le candidat Macron assimila la colonisation à un crime contre l’humanité. Cet été, le président français missionna l’historien franco-algérien Benjamin Stora pour réfléchir sur la mémoire franco-algérienne et de fait sur la colonisation.
La France a besoin de l’Algérie pour la Libye et le Mali entre autres. Elle ne peut s’en rapprocher qu’en lâchant du lest sur les « bienfaits » de la colonisation si chers à Nicolas Sarkozy. Bien que le Sénégal, aux côtés de la Côte d’Ivoire, est la citadelle vaubanienne de la France-Afrique, il semblerait que l’histoire soit sacrifiée sur l’autel des intérêts commerciaux. Souvenez-vous de la remise d’un sabre contre 7 contrats commerciaux ! Pour Emmanuel Macron, la restitution des biens culturels devient une arme d’échange contre le silence sur la période coloniale en Afrique subsaharienne. La récente discussion à l’Elysée au sujet du Musée de la civilisation noire en est une parfaite illustration.
Dans la relation franco-sénégalaise, le pays de la Terranga accuse un déficit historique certain. La balance soft power (influence culturelle) tourne largement à l’avantage de la France. Me diriez-vous, il y a déjà tant à faire au Sénégal avec l’histoire que cela pourrait attendre ! Les ancêtres des manuels d’histoire de la France remontent au XVIème siècle. Le Sénégal ne fait qu’amorcer sa réécriture de l’histoire. L’entreprise ressemble aux douze travaux d’Hercule.
La période est, convenons-en, pourtant stimulante. Jean Jaurès, exalté, nous l’avait formulé en ces termes : « L’histoire humaine n’est qu’un effort incessant d’invention, et la perpétuelle évolution est une perpétuelle création ». La créativité (nouveaux projets en particulier dans le tourisme culturel), le courage (nouvelle force mentale) et la mémoire (« L’homme de l’avenir est celui qui aura la mémoire la plus longue » Nietzsche) sont les constituantes du futur du Sénégal. Autant commencer le plus rapidement possible par le déboulonnement de Faidherbe pour entamer ce chantier titanesque de la réécriture de l’histoire, pour donner une nouvelle force mentale indispensable face aux défis qui attendent le Sénégal et pour faire émerger une réelle doctrine politique de l’histoire du Sénégal ayant pour effet d’influencer à son tour la France et le monde !
Baba Zoumanigui fait une analyse approfondie de l'attitude de ces enfants d'hommes politiques qui croient trop souvent tout se permettre car enivrés par les effluves de la célébrité
Invités de l'emission Niaccar de ITV, Baba Zoumanigui, Yaye Fatou Diagne ont fait une analyse très approfondie des comportements des fils de... devant Lala Ndiaye et le professeur Songué suite à l'article publié par l'écrivain Zoumanigui sur SenePlus.
Ci-dessous l'article
TRAGÉDIE DES FILS DE….
Ils n’ont pas de prénom
Ils usent du Nom de leur père ou grand-père
Qui, vaillant travailleur ou érudit de renommée
Vénéré pour son œuvre ou adulé pour sa fortune
Offre à des enfants indignes successeurs
Un Nom qu’ils portent fièrement « Fils de…... »
Les Fils de… souvent absents au forum du savoir
Introuvables au carrefour de l’action
Perdus dans un monde qui leur est étranger
Ouvrent les portes au seul Nom de leur père
La société africaine reconnaissante du Nom
Leur tend les bras par fidélité ou par respect
Et se montre généreuse et tolérante
En ouvrant ses mains et son cœur à des fils indignes
Au nom d’une continuité par le sang de vertus paternelles
Que des usurpateurs de Nom n’ont point hérité
On leur tolère tous les excès
Ils bravent tous les interdits
Autour d’eux se rallient naïfs profiteurs et jouisseurs
Que le Nom attire et leur sert de cotte de mailles
Pour s’affranchir du devoir et de la responsabilité
Les Fils de…. sont putrescents
Ils sentent l’argent des autres
Ils sentent la chair fraîche de leurs nuits charnelles
Ils sentent les effluves de l’alcool et des herbes nocives
Qui noient leur esprit dans un bain de chloroforme
Ils sont tout ce que l’Afrique de nos pères et de nos Dieux exècre
L’argent hérité ou volé instrument de jouissance
Un air impur qui pollue leur esprit
Et crée un nuage opaque
Dans lequel ils perdent toute lucidité
Leurs parents présents ou disparus
Souvent effrayés par l’horreur du film que joue leur progéniture
Souffrent en silence les sachant coupables
Mais pleurent leur innocence et invoquent la fatalité
Ils souffrent de leur Nom bafoué
Jeté aux orties par une presse et des réseaux déchaînés
Ils souffrent du sang indigne qui nourrit leurs veines
Et jette un doute sur la pureté de leur lignage
Ils souffrent des compromissions et des indignités
Qui les force à venir à genoux implorer une faveur ou un pardon
Ils souffrent d’un au-delà où il n’y a ni Roi ni Riche ni Élu
Et où seuls comptent les actes de chacun
Ils souffrent de se voir quitter cette terre
Laissant derrière eux des fils sans Nom
Ils souffrent du temps et de l’oubli
Qui auront effacé leur œuvre sur cette terre d’Afrique
Pendant que leurs descendants sans repères errent anonymes dans la cité
Les Fils de… vivent l’instant présent
Ils ne se reconnaissent ni dans le passé ni dans le futur
Ne connaissent ni leur histoire ni celle de leurs parents
Qui, partis de rien sont arrivés très loin très haut
Par le travail les sacrifices et les vertus
Imposent le respect par leur vécu et leur œuvre humaine ou sociale
Les Fils de…. sont ces prédateurs des palaces d’Afrique et d’Occident
Mais aussi les hôtes privilégiés des cours d’Orient
Pour y vivre les contes des mille et une nuits
Et forgent malgré eux tous les clichés négatifs
Qui nous mettent en colère
Ils ont le verbe haut
L’allure négligée débonnaire ou sophistiquée jusqu’au ridicule
Drapés d’une sensibilité à fleur de peau
Ils dépensent sans compter une fortune mal acquise
Et se nourrissent des verbes Avoir et Être le Fils de…
Ils entraînent dans leur descente aux enfers
Les fils et les filles d’honnêtes gens
Qui le temps d’une ultime soirée d’une tragédie programmée
Ont manqué de discernement et de caractère
Et finissent tous en faits divers
Comme le peuple des Fils de…personne
Afrique des valeurs de l’Homme et de la Dignité
Retiens tes enfants
Ils sont devenus fous
Réveille de leur mutisme leur cécité et leur surdité
Des parents égarés dans le tourbillon de la vie
Et donne aux Fils de….
Un Prénom dont ils seront dignes et Fiers
QUELS SONT LES ROMANS AFRICAINS A SUIVRE?
La rentrée littéraire d'automne 2020 est lancée, avec un total de 511 titres à retrouver chez vos libraires.
La rentrée littéraire d'automne 2020 est lancée, avec un total de 511 titres à retrouver chez vos libraires. Parmi eux, France 24 vous propose une sélection des auteurs africains ou d'origine africaine les plus en vue.
Avec 511 nouveaux romans disponibles pour cette rentrée littéraire, il n'est pas toujours facile de s'y retrouver. Pour vous guider dans les rayons des librairies, France 24 met en lumière les auteurs africains ou d'origine africaine à ne pas manquer. Entre valeurs sûres et petits nouveaux, le continent est exploré sous toutes ses coutures à travers ces livres.
Ceux qui ont l'habitude
- Alain Mabanckou, "Rumeurs d'Amérique" (Plon)
Dans son treizième roman, l'écrivain franco-congolais raconte les États-Unis, où il enseigne depuis le début des années 2000. Professeur titulaire de littérature francophone à UCLA, il ausculte ce nouveau monde qui l'entoure. Entre l'opulence de Santa Monica, l'âpre condition des minorités de Los Angeles, le désespoir des agglomérations environnantes, mais également l'enthousiasme d'une population qui porte encore en elle le rêve américain, il dessine le portrait d'une autre Amérique.
- Yasmina Khadra, "Le sel de tous les oublis" (Julliard)
Auteur à succès traduit dans le monde entier, ancien officier de l'armée algérienne au parcours hors norme, l'écrivain Yasmina Khadra explore cette fois-ci l'après guerre d'Algérie. Dans son nouveau roman, il raconte la vie d'Adem Naït-Gacem, un instituteur sans histoires dans un village de la région de Blida en 1963. L'univers de cet homme s'écroule le jour où sa femme claque la porte. Il quitte alors tout pour partir sur les chemins.
- Faïza Guene, "La discrétion" (Plon)
Entrée en littérature à l'âge de 19 ans, Faïza Guène ne cesse depuis de confirmer son talent. À 35 ans, elle signe déjà son sixième roman. Dans "La discrétion", elle retrace le destin de trois générations d'immigrés nord-africains, entre l'Algérie et la France. L'histoire suit Yamina, une femme algérienne, depuis son petit village situé près de la frontière marocaine jusqu'à la Seine-Saint-Denis: "Quarante ans plus tard, à Aubervilliers, elle vit dans la discrétion. Pour cette mère, n'est-ce pas une autre façon de résister ? Mais la colère, même réprimée, se transmet l'air de rien".
- Sindiwe Magona, "Mère à mère" (Mémoire d'encrier)
Grand roman de l’apartheid publié en 1998, il est pour la première fois traduit en français. Sindiwe Magona signe un récit bouleversant sous forme de lettre. L’Afrique du Sud y est racontée toute en nuances, complexité et passion. L'auteur se met dans la peau de sa voisine, une femme dont le fils a tué une jeune Américaine venue travailler bénévolement pour les premières élections libres en Afrique du Sud. La mère du meurtrier s'adresse directement à la mère de la victime : "Mon fils a tué votre fille".
Première lauréate du Prix Orange du livre en Afrique pour son roman "Munyal, les larmes de la patience", cet ouvrage paraît en France dans une nouvelle édition et sous un nouveau titre. L'écrivaine camerounaise brise les tabous et mêle le destin de trois femmes : celui de Ramla, 17 ans, arrachée à son amour pour être mariée de force avec Alhadji Issa, un homme riche et déjà marié. Hindou, sa sœur du même âge, est contrainte d'épouser Moubarak, son cousin, alcoolique, drogué et violent. Quant à Safira, 35 ans, la première épouse d'Alhadji Issa, elle voit d'un très mauvais œil l'arrivée dans son foyer de la jeune Ramla, qu'elle veut voir répudiée.
- Marc Alexandre Oho Bambe, "Les lumières d'Oujda" (Calmann Levy)
Autant poète, écrivain, slameur que voyageur, le Camerounais sort un second roman. Ce passionné des mots, lauréat du prix Paul Verlaine de l'Académie française, s'intéresse au sort d'un migrant rapatrié après avoir tenté de rejoindre l'Italie. Le narrateur s’engage au sein d’une association qui lutte pour éviter les départs "vers les cimetières de sable et d’eau". Il rencontre, à Oujda, au Maroc, le père Antoine et Imane, nouant avec eux un lien indéfectible.
- Fiston Mwanza Mujila, "La danse du Vilain" (Métailié)
Avec son premier roman, "Tram 83", l'auteur congolais a connu le succès et récolté de nombreux prix. Il revient avec une nouvelle histoire entre trafic de pierres précieuses et boîtes de nuit frénétiques, entre l'Angola, en pleine guerre civile, et un Zaïre au bord de l'explosion. Sanza, exaspéré par la vie familiale, quitte ses parents et rejoint le Parvis de la Poste, où vivent d’autres gamins de la rue. Commence la "dolce vita", larcins petits et grands, ciné avec Ngungi, l’enfant-sorcier, et voyages en avion vers l’infra-monde.
Ceux qui débutent
- Fatima Daas, "La petite dernière" (Notabilia)
À 25 ans, elle frappe fort avec son premier livre. Elle est la mazoziya, la petite dernière. Celle à laquelle on ne s’est pas préparé. Française d’origine algérienne. Musulmane pratiquante. Clichoise qui passe plus de trois heures par jour dans les transports. Une touriste. Une banlieusarde qui observe les comportements parisiens. "Je suis une menteuse, une pécheresse. Adolescente, je suis une élève instable. Adulte, je suis hyper-inadaptée. J’écris des histoires pour éviter de vivre la mienne. J’ai fait quatre ans de thérapie. C’est ma plus longue relation. L’amour, c’était tabou à la maison, les marques de tendresse, la sexualité aussi", écrit-elle.
- Roukiata Ouedraogo, "Du miel sous les galettes" (Slatikine & Cie)
Comédienne et humoriste d'origine burkinabè, elle se dévoile sous une nouvelle étiquette. Ce premier récit se veut avant tout personnel. L'artiste tient la chronique douce du drame qui a bouleversé son enfance. Elle raconte sa famille, sa fratrie, ses parents, l'injustice qui les frappe avec l'arrestation de son père. Mais, surtout, elle raconte sa mère, une femme restée seule pour élever ses sept enfants, bataillant pour joindre les deux bouts, en vendant sur le pas de sa porte ses délicieuses galettes.
- Hella Feki, "Noces de jasmin" (Lattes)
Professeure de lettres et formatrice, elle a grandi en Tunisie. Dans son premier roman, elle revient sur la révolution de 2011. Les journaux sont censurés, les informations se diffusent sur Internet et un murmure parcourt la Tunisie : la rue gronde. Mehdi, un jeune journaliste, tourne en rond dans sa cellule, sans savoir ce qu’il va devenir. Dehors, Essia s’inquiète de la disparition de Mehdi, son nouvel amour. Elle part à Sfax, sa ville d’origine, pour tenter de le retrouver.
L'ART NÈGRE, DU MUSÉE AU COFFRE-FORT
Alors qu’en Afrique la grande misère des musées reflète la profondeur de la crise économique, les plus belles pièces trouvent les chemins des pays riches où elles risquent de terminer dans les coffre-forts des spéculateurs les plus offrants
Le Monde Diplomatique |
Odile Felgine |
Publication 30/08/2020
Plus de 3 millions de francs pour une figure africaine d’ancêtre vendue à l’Hôtel Drouot au début de cette année... On est loin encore des cotes qu’atteignent certaines œuvres européennes, mais la spéculation a déjà bouleversé le marché de l’art nègre. Alors qu’en Afrique la grande misère des musées reflète la profondeur de la crise économique, les plus belles pièces trouvent les chemins des pays riches où elles risquent de terminer dans les coffre-forts des spéculateurs les plus offrants.
Longtemps tenu à l’écart des folies spéculatives internationales, le marché de l’art africain paraît désormais guetté par la fièvre inflationniste. En l’espace d’un an, deux reliquaires Kota ont ainsi atteint, dans les ventes aux enchères, des prix astronomiques par rapport à leur cote antérieure. Alors que, dans les années 70, ces pièces ne dépassaient pas 10 000 F (1), l’une d’elles, certes de facture exceptionnelle, et provenant de la collection Tristan Tzara, a été adjugée à l’Hôtel Drouot, le 16 juin 1988, 1 600 000 F. Le 27 février dernier, dans le même lieu, une autre de ces figures d’ancêtres, pourtant de moindre qualité, a été arrachée par une grande maison londonienne pour la coquette somme de 3 100 000 F (2). Seules quelques pièces de la collection Rasmussen avaient, en 1980, frôlé de tels sommets. Et la tendance ne semble pas devoir se renverser, bien au contraire, les prix étant encore très inférieurs à ceux des œuvres contemporaines.
Si cette revalorisation spectaculaire de l’art nègre ne faisait que corriger l’indigne sous-évaluation marchande qui le frappait dans le passé, elle ne pourrait que réjouir les admirateurs de cet art « à la pluralité cohérente » et féconde (3). Mais elle intervient, hélas, dans le contexte perturbé d’un marché général de l’art où se multiplient les « ventes du siècle » à caractère essentiellement spéculatif, rabaissant l’œuvre d’art au rang de vulgaire refuge financier (4) et de figuration emblématique du pouvoir.
Comme le remarquait récemment Jacques Attali, les œuvres d’art vont, dans nos sociétés, se substituer de plus en plus aux étalons monétaires défaillants (5). A l’attraction du beau et de l’unique s’ajoutent des enjeux de pouvoir et des besoins d’éternité qui rendent enchères et ventes féroces et fermées. Le flux circulatoire traditionnel de l’art africain ne risque-t-il pas alors d’être bouleversé par l’arrivée d’une clientèle plus préoccupée de profit que d’esthétique ? La raréfaction d’objets sans cesse plus coûteux ne poussera-t-elle pas certains à développer leurs pratiques douteuses de collectage et de vente, au détriment d’un patrimoine africain traditionnel déjà bien affaibli ?
DANS les revendications formulées lors de l’accession de l’Afrique à l’indépendance, dans les années 60, la dimension culturelle avait été « très présente (6) », l’Occident étant notamment accusé d’avoir pillé les richesses artistiques africaines. Aux marchands, on reprochait, pour le moins, leur complicité dans la « mise à l’encan de l’Afrique ». Les élites africaines oubliaient, dans le feu des passions, que certains membres de cette corporation contestée avaient joué un rôle notable et courageux, malgré tout, dans la diffusion de l’art nègre et la propagation de ses postulats esthétiques. Tels les commerçants nord-africains qui vendaient aux artistes de la fin du dix-neuvième siècle les masques que ceux-ci accrochaient, à titre de souvenirs ou d’accessoires insolites, dans leurs ateliers (7), et surtout les premiers marchands d’art africain, E. Heyman, le Tchèque J. Brummer, puis Paul Guillaume et Charles Ratton — pour ne citer que les plus fameux.
C’est à eux, ainsi qu’aux coloniaux de passage, que quelques artistes plasticiens révolutionnaires (Braque, Matisse, Picasso, Derain) achetèrent des objets d’art nègre. Vlaminck, dès 1905, découvrit la beauté de « deux statuettes du Dahomey, peinturlurées d’ocre rouge, d’ocre jaune et de blanc » dans un bistro d’Argenteuil (8).
Picasso, « chasseur passionné de masques africains, s’en servit passionnément, “comme d’une béquille”, avant de passer à autre chose » (Gertrude Stein). Vlaminck et Derain se constituèrent, eux, des collections importantes où ils puisèrent aussi pour leurs recherches esthétiques. Marchands, artistes et poètes (C. Einstein, Tristan Tzara, Blaise Cendrars, André Salmon) furent conjointement, en ce début du vingtième siècle, les grands découvreurs de l’art nègre. En 1917, Guillaume Apollinaire préfaça même l’ouvrage de P. Guillaume, Sculptures nègres, y louant la « véritable et simple beauté » de réalisations esthétiques encore peu connues. L’impulsion, confortée par l’avènement du cubisme puis par le dadaïsme, le surréalisme et les progrès de la science ethnologique, est donnée : l’art nègre se constitue un public, et une clientèle de collectionneurs, malgré la fluctuation des prix.
Pacifiste, panafricain, l’un des chanteurs les plus respectés du Sénégal est aussi antiraciste. Il le prouve dans une magnifique reprise de Guy Béart qui vient de paraître sur un double album hommage
Le Temps Afrique |
Elisabeth Stoudmann |
Publication 29/08/2020
Depuis quelques semaines, les mélodies de Guy Béart se sont parées de nouveaux atours. Les deux filles du maestro, Emmanuelle et Eve, ont convié des chanteurs, rappeurs et artistes africains à revisiter classiques et titres moins connus. Thomas Dutronc, Brigitte, Carla Bruni, Vincent Delerm, Laurent Voulzy, Akhenaton, Yael Naim et Emmanuelle Béart jonglent avec les mots du chansonnier et animateur TV dans un double CD, De Béart à Béart(s). Du côté des Africains, ce sont deux personnalités incontournables, la Béninoise Angélique Kidjo et le Sénégalais Ismaël Lô, qui ont été conviés.
«Elle est en couleur mon histoire, il était blanc elle était noire/La foule est grise grise alors, il y aura peut-être un mort/Couleurs vous êtes des larmes, couleurs vous êtes des pleurs» chantait Guy Béart en 1968. Un demi-siècle plus tard, celui que l’on surnomme le Bob Dylan africain lui répond, armé de son harmonica et de sa guitare magiques. Sans imaginer un instant que la parution de cet hymne antiraciste coïnciderait au mouvement Black Lives Matter.
«Nous devons nous rendre compte aujourd’hui que nous sommes tous des étrangers sur cette terre. Sur mon album Jammu, paru en 1991, j’avais déjà enregistré un morceau, intitulé Raciste, dans lequel je disais que se considérer supérieur à l’autre était de l’inconscience. Le sang n’a jamais été blanc, noir ou jaune. Le sang est rouge et il restera toujours rouge. C’est ce qui fait de nous la race humaine. Comme tout le monde, je suis outré par l’acte de ce policier américain. Aujourd’hui nous combattons le racisme avec des masques. Nous devons tous porter des masques pour lutter contre le Covid-19, c’est bien la preuve que nous sommes tous des êtres semblables, non?»
«Je ne démissionne pas»
Arrangée en toute simplicité, cette chanson permet de réentendre enfin le chant d’Ismaël Lô, devenu trop rare ces dernières années. Rencontré en décembre dernier dans sa maison dakaroise, on comprend vite que l’artiste n’ait plus envie de sortir de chez lui. La terrasse sous les toits a été transformée en jardin de plantes aromatiques, ses peintures ornent les murs et son studio, à l’étage, est depuis longtemps son antre nocturne où il ne cesse de composer. «C’est vrai, je n’ai pas senti le temps passer, pourtant il a bien filé…» avoue notre hôte.
Le Sénégal se trouve plus que par le passé dans l’obligation de diversifier sa coopération en vue notamment de profiter des opportunités d’investissement et de coopération commerciale et technologique estime Souleymane Astou Diagne.
Dakar, 28 août (APS) - Le Sénégal, compte tenu des effets du coronavirus, se trouve plus que par le passé dans l’obligation de diversifier sa coopération en vue notamment de profiter des opportunités d’investissement et de coopération commerciale et technologique offertes par les (BRICS), par exemple, estime l’universitaire sénégalais Souleymane Astou Diagne.
"Avec la crise sanitaire liée à la COVID19, il est impératif pour le Sénégal, de diversifier la coopération qui se faisait naturellement avec les puissances traditionnelles (USA, UE, etc.)’’, a constaté M. Diagne, économiste et maître de conférences à l’Université Alioune Diop de Bambey (centre).
Le groupe BRICS (Brésil, Russie, Inde, Chine et Afrique du Sud), "représente aujourd’hui une nouvelle opportunité en termes d’investissements, en termes de coopération commerciale et technologique", a-t-il indiqué dans un entretien avec l’APS.
Selon l’universitaire, cela "doit pousser les décideurs publics sénégalais à voir dans quelle mesure, il est probable, possible de nouer des contrats commerciaux économiques, financiers avec ces pays qui ont aujourd’hui suffisamment de poids".
Les BRICS constituent désormais un groupe "extrêmement important" dans l’économie mondiale, les pays concernés représentant "un quart du Produit intérieur brut (PIB) mondial et 42% de la population mondiale", a fait valoir Souleymane Astou Diagne.
"Aujourd’hui, rien ne peut se décider dans la gouvernance de la mondialisation sans leur appui. Le rapprochement des pays pauvres du groupe BRICS est plus qu’important, pour préserver leurs intérêts dans les instances de décision des enjeux économiques du monde, dans un contexte de COVID19", a-t-il estimé.
"Nous devons nous inspirer de ce modèle parce que dans la mondialisation, il faut que les pays puissent se regrouper dans de grands ensembles parce que si vous êtes individuels dans cette guerre économique, vous serez largement battus, ni vos positions ni vos intérêts ne seront préservés", a-t-il dit.
La pandémie de la COVID-19 a prouvé que le poids et la présence des BRICS dans cette crise économique, a dit l’économiste sénégalais. Souleymane Astou Diagne de signaler qu’en juin dernier, les BRICS, à travers leur nouvelle banque, "New Development Bank", a octroyé 1 milliard de dollars US à l’Afrique du Sud, pour permettre à ce pays membre fortement touché par la COVID19 de faire face aux besoins urgents de son économie mais aussi au coronavirus.
Selon lui, la crise sanitaire mondiale liée à la COVID19 "a montré effectivement" que les BRICS sont certes "touchés, mais ont réaffirmé leur engagement à peser davantage sur les règles économiques internationales".
"Nous Tiers-monde, étant des pays de la périphérie au niveau mondial, avons tout intérêt à nous approcher de ce modèle parce que nous sommes marginalisés. L’essentiel des décisions qui se prennent au niveau international sont faites sur la base des intérêts des Occidentaux’’, lesquels selon lui "ne prennent pas suffisamment compte des besoins réels des économies du Tiers monde".
"C’est la raison pour laquelle dans le Tiers-monde, il doit y avoir de nouveaux ensembles qui doivent naître pour peser davantage sur la définition des règles de la mondialisation", a estimé Souleymane Astou Diagne.
DÉFIS ÉCONOMIQUES POST-COVID19
Souleymane Astou Diagne, dit attendre de son livre ’’Sénégal : les défis économiques post-COVID19’’ qu’il contribue à stimuler la réflexion sur les perspectives qui naîtront de la fin de la pandémie
Dakar, 28 aout (APS) - L’universitaire sénégalais Souleymane Astou Diagne, dit attendre de son livre ’’Sénégal : les défis économiques post-COVID19’’ qu’il contribue à stimuler la réflexion sur les perspectives qui naîtront de la fin de la pandémie, notamment en termes de densification de la croissance, en partant de ce que le coronavirus a montré "un réel besoin de recentrer la politique économique sur l’humain".
L’objectif de cet ouvrage de 254 pages (Presses universitaires du Sahel), sorti le 20 août dernier, est "de stimuler la réflexion au niveau national, des décideurs publics, des universitaires, des étudiants, des académiciens, des journalistes et de la classe politique, sur les possibilités que nous offre la reprise post-covid19, en terme de densification de la croissance qui est aujourd’hui en berne", a expliqué l’auteur.
Souleymane Astou Diagne, docteur en économie et maitre de conférences à l’Université de Bambey (centre), a dit avoir essayé de "retracer les défis" qui se présentent au Sénégal dans cet ouvrage, en termes d’accès à l’eau et à l’électricité, après avoir constaté que la COVID19 a montré "un réel besoin de recentrer la politique économique sur l’humain, sur l’homme".
"L’accès à l’eau, à l’électricité, à la santé et à l’éducation sont aujourd’hui les principaux indicateurs de la santé d’une économie en dehors des indicateurs classiques qu’on a l’habitude de citer", a-t-il avancé.
"Il faut dire que l’efficacité d’une économie se mesure à sa capacité à créer des emplois et à améliorer le bien-être social. Si une économie n’arrive pas à renforcer le bien-être social, alors se poser la question de son inefficacité", a ajouté l’universitaire.
Dans cette perspective, "Sénégal : les défis économiques post-Covid19" revient sur tous les aspects économiques du Sénégal, sa politique monétaire et budgétaire, la place de son administration dans les politiques publiques, la question de dette, l’ouverture internationale, les PME, le Tourisme.
"Au tour de trois chapitres, j’ai essayé du mieux que j’ai pu, de concentrer toute ma réflexion sur les acteurs stratégiques de notre économie nationale", a-t-il indiqué.